Info Euskal Herria

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INFO EUSKAL HERRIA 1er trimestre 2009 CSPB Comité de Solidarité avec le Peuple Basque 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris comite_basque@yahoo.fr

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Solides et solidaires Depuis plusieurs décennies, parallèlement à la remise en cause des conquêtes sociales, à la destruction progressive des services publics et des dispositifs fiscaux de redistribution, et à l’accroissement spectaculaire des inégalités, nous faisons face à une entreprise généralisée de discrédit de toute alternative politique et de dénigrement de tout mouvement de libération. Le but est évident : obtenir une population malléable, désabusée, soumise à l’autorité, acceptant les injustices, personnellement et collectivement fragilisée, et n’ayant plus pour seul horizon que la survie individuelle. A cet égard, le peuple basque est doublement exemplaire. C’est sur lui que s’est abattu l’arsenal politique, policier et juridique le plus violent en Europe : interdiction des partis indépendantistes et des associations de solidarité, fermeture des médias et bars associatifs, usage répandu de la torture, législation de plus en plus liberticide et politique pénitentiaire toujours plus cruelle, avec aujourd’hui plus de militants basques en prison qu’à la mort de Franco. Mais c’est aussi lui qui a montré durant toutes ces années la plus forte résistance à l’anéantissement : la revendication indépendantiste, portée par un mouvement populaire et social multiformes, est plus que jamais au cœur de la vie politique et culturelle du pays basque, et reste la question principale pour son avenir démocratique. Aujourd’hui, alors que le capitalisme en crise veut nous entraîner dans de nouveaux renoncements, nous voyons réapparaître, en France comme ailleurs, les signes d’une volonté de faire face à cette entreprise, et de poser en termes nouveaux

la question de l’alternative politique. C’est le moment de rappeler que l’attitude vis-àvis de la cause basque reste un point de clivage déterminant : ceux qui acceptent de participer au renforcement des puissances impérialistes et à l’affaiblissement des luttes en Europe laisseront s’accomplir en silence les attaques de l’État français contre ce mouvement de libération. Les autres auront la force de dire Non. Non, nous n’acceptons pas que le gouvernement français arrête des militants basques, qu’il les emprisonne à 1 000 kilomètres de chez eux pour pénaliser leur famille et leurs proches, qu’il les remette à la police tortionnaire espagnole malgré tous les cas signalés par les O.N.G. Nous n’acceptons pas que les dirigeants de Batasuna, principal mouvement de la gauche indépendantiste basque, soient arrêtés par la police française, leurs salaires confisqués, le siège de leur parti perquisitionné, et que des menaces de dissolution soit portées par des représentants du pouvoir. Nous n’acceptons pas, d’une façon générale, que le peuple basque soit nié dans son existence, et que la République française collabore activement avec la Monarchie espagnole pour lui ôter toute possibilité d’autodétermination. Nous ne l’acceptons pas, non seulement parce qu’il y a là un déni flagrant de démocratie, mais aussi parce qu’en soutenant la lutte basque, nous soutenons notre propre capacité à relever la tête, à affirmer nos droits et nos aspirations, et à construire notre propre avenir. C’est là le sens de notre solidarité.


SEMAINE INTERNATIONALE DE SOLIDARITE AVEC LE PAYS BASQUE Le Pays basque ne marche pas seul. Démocratie et autodétermination A toutes les personnes solidaires avec le Pays basque A toutes les organisations politiques et sociales, aux mouvements populaires révolutionnaires A Toutes les PLATEFORMES D’AMIES ET AMIS DU PAYS BASQUE DANS LE MONDE La solidarité internationaliste avec le Pays basque ne date pas d’hier. Le soutien en provenance de différents lieux et peuples du monde envers, la lutte des femmes et hommes de la Gauche Indépendantiste basque pour l’obtention d’un Pays basque indépendant et socialiste vient de loin. Presque autant que la nouvelle genèse de cette dernière étape qui, après des siècles de lutte dans d’autres coordonnées historiques face aux États espagnol et français, commencera en plein franquisme dans les années soixante. Comment oublier la vague de manifestations de 19691970, solidaires, populaires et universitaires, dans l’État espagnol et dans toute l’Europe, qui poussèrent les gouvernements d’Autriche, Suède, Norvège, Allemagne Fédérale, Italie, France, Belgique, etc., à protester face au dictateur Franco pour les neuf demandes de peine de mort et les 752 anées de prison contre des militants de l’ETA? Comment pourrions-nous oublier cette grande victoire de la solidarité internationale et de la lutte du Pays basque contre le procès de Burgos? Autres exemples de solidarité furent les mobilisations pour sauver la vie de Txiki et d’Otaegi, pour empêcher qu’ils soient fusillés en septembre 1975. Détentions d’intélectuels français à Madrid suivies par leur expulsion de l’État espagnol, protestations solidaires partout en Europe dirigées par des syndicats et des organisations solidaires. Mise en évidence, cette haine déchaînée contre la dictature franquiste et la solidarité en faveur des deux derniers militants basques, avec trois espagnols, fusilllés par le dictateur. Ambassades et intérêts espagnols subirent de sérieux dégâts dans toute l’Europe, Lisbonne, Stokolm, La Haye, Bruxelles, Rome et même à Manhattan. Nous ne pouvons pas oublier les Journées Internationales contre la Centrale Nucléaire de Lemoiz de l’été 1981, quand des personnes qui luttaient contre l’énergie nucléaire venues de tous les recoins du continent confluèrent à Algorta, répondant à l’appel des Comités Antinucléaires Basques. Ils nous montrèrent les connivences du nucléaire avec l’industrie de l’armement, avec le développement capitaliste, en plus de nous aider à créer une immense vague populaire qui enterra ce monstre d’imposition et folie capitaliste qu’était Lemoiz. Que de douleur souleva ce mois d’août 94 à l’hôpital Filtro de Montevideo, la Grève Générale contre l’extradition de trois Basques, contre leur remise entre les mains de tortionnaires espagnols, des centaines de personnes blessées, deux personnes assassinées parmis la foule solidaire réunie, Morroni et Facal, des chiens, des gaz,

batons et sabres utilisés contre l’IMMENSE solidarité avec le Pays basque. Nous portons profondément ce “Lacalle fascista, vos sos el terrorista” (“Lacalle fasciste, c’est vous le terroriste”). Et les Comités de Solidarité avec le Pays basque et les plateformes des Amies et amis du Pays basque organisées depuis peu, démontrent et confirment à nouveau que la volonté d’un Pays basque libre et socialiste ne marche pas seule, mais qu’elle est très bien accompagnée. Ce sont nos meilleurs hauts-parleurs, leurs dénonciations des tortures, des illégalisations, du refus d’une logique démocratique… Ils sont aussi une de nos nécessités. Les États espagnol et français se sont unis pour en terminer avec le peuple basque par tout moyen, utilisant la répression à fond contre n’importe quel mouvement ou organisation représentant le moindre secteur du peuple basque. Ils ne se gènent pas pour changer les lois, les codes pénals, tout est bon pour maintenir le maximum d’années possibles les prisonnières et prisonniers politiques basques en prison, tout est bon pour incarcérer la jeunesse, les personnes qui luttent pour une Pays basque libre. Le motif de cette déraison nous le connaissons par la bouche du collectif incarcéré dans le macro-procès 18/ 98: “Pour rendre impossible la démocratie basque, celle qui rendrait possible la création d’un État basque si ainsi en décidait la majorité en Pays basque. Envers cela et l’indépendance, ils font preuve d’une véritable panique. Ainsi qu’envers la possibilité que l’égalité, le respect et la solidarité remplacent l’imposition, la négation et la guerre qui sont les principes guidant les relations entre les peuples prisonniers dans les États espagnol et français”. Et notre objectif est également clair, comme l’avait dit Juan Paredes Manot “Txiki”, un jour avant d’être fusillé: “Nous ne devons pas oublier notre objectif: la création d’un État Socialiste Basque, objectif pour lequel sont tombés et ont donné la vie beaucoup de militants révolutionnaires, alors aura été atteint notre objectif et vous pourrez construire une société nouvelle, sans classes, où n’existe pas l’exploitation de l’homme par l’homme”.

Pour atteindre ces objectifs nous avons besoin de la solidarité internationale, nous avons besoin d’avancer ensemble avec toutes les personnes qui comprennent notre désir de liberté et qui veulent nous accompagner sur notre chemin. Nous espérons que cette semaine soit une nouvelle rencontre dans la lutte, une nouvelle avancée de la solidarité internationaliste.

DÉMOCRATIE ET AUTODÉTERMINATION POUR LE PAYS BASQUE


Le Trib unal Suprême espa gnol ffait ait une g af ribunal espagnol gaf afffe : il conf ond le par ti Aska tasuna confond parti Askatasuna avec l’or ganisme pour l’amnistie l’org 12 02 2009 Le 1er mars, des élections auront lieu au Pays basque, des élections pour le parlement basque. L’État espagnol poursuivant sa politique d’interdire à la gauche indépendantiste basque toute possibilité d’être présente dans les institutions basques, a rapidement ouvert la chasse aux sorcières. Tout d’abord, la police espagnole a arrêté, le 23 janvier, huit militants de la gauche abertzale, parmi lesquels un représentant de la plateforme électorale Demokrazia 3 Milioi (D3M) et a perquisitionné plusieurs domiciles et locaux. Toutes ces personnes ont été incarcérées, accusées d’appartenance à bande armée. Le juge Baltasar Garzon a pris la suite en convoquant treize personnes liées au parti Askatasuna et à Demokrazia3Milioi, organisations candidates aux élections, à se présenter au Tribunal National espagnol de Madrid, le vendredi 6 février, pour y déclarer en tant qu’accusés. Et dernièrement, le Tribunal Suprême « a étudié » le parti Askatasuna et la plateforme D3M pour établir s’ils étaient contaminés (c’est à dire si dans les listes de ces deux organisations il y avait des militants de la gauche indépendantiste ou des personnes ayant eu une quelconque relation, si petite soit-elle, avec la gauche indépendantiste). Hier, 9 février, le Tribunal Suprême a rendu publique sa décision, qui ne pouvait être autre chose que l’interdiction des deux listes électorales. Le Tribunal Suprême commet une erreur manifeste dans la décision qui annule les candidatures d’Askatasuna : dans un de ces « faits concrets » il confond le parti avec l’organisme pour l’amnistie du même nom, dont les activités ont déjà été suspendues par Garzón en 2002. Et c’est là un des indices utilisés pour parler « de la transversalité du complexe ETA/Batasuna ». Il suffit au Tribunal Suprême espagnol, à défaut de preuves, d’une « conviction juridique » et de toute une série « de faits indicateurs » pour émettre des

résolutions qui ont comme conséquence la grave annulation des candidatures électorales d’Askatasuna et D3M. Une analyse attentive de la centaine de pages dont est composé chaque document montre que leur rédaction a été faite en ordre inverse de la pagination. C’est-à-dire que les magistrats ont d’abord adopté la décision et ensuite, dans le peu de temps disponible et avec le peu de preuves existantes, ils ont tissé l’argumentation juridique. Ainsi que GARA le dévoile aujourd’hui, à la page 54 de la décision, il est fait mention « d’une série de documents pris, le 23 janvier 2009, au siège de Gasteiz, d’Izan Herri Ekimena ». Parmi ces documents, qui grossissent le listing de « faits concrets » que le Tribunal a pris en compte pour sa décision, on parle des « affiches d’Askatasuna contre le PNB, les traitant de traîtres », « des affiches d’Askatasuna avec photographies du collectif des prisonniers », « d’un document d’Askatasuna sur les prisonniers malades »… Mais ce que démontrent ces documents, ce n’est pas le « caractère transversal du complexe ETA/Batasuna », mais que le Tribunal Suprême confond le parti Askatasuna, dont il veut annuler les candidatures, avec une autre Askatasuna très connue au Pays basque : l’organisation qui lutte contre la répression et dont l’illégalité a été édictée par le juge Garzón le 5 janvier 2002. Cette gaffe et d’autres, telle que celle de faire dire à Arnaldo Otegi des déclarations que la Garde Civile attribue à Jokin Aranalde - arrêté en mars 2002, et qui a dénoncé des tortures devant Garzón - sont les preuves du gouffre profond dans lequel le Tribunal s’est précipité dans son effort pour doter d’un certain revêtement juridique une décision politique de profonde inspiration antidémocratique. Ce qui est « raisonnable » pour le Tribunal Suprême Le « fait concret » de la page 9 de la décision détaille qu’Askatasuna n’a effectué aucun type d’activité depuis


2001, sauf la présentation devant l’Assemblée électorale de ses actuelles candidatures. Les forces de sécurité, dans leurs rapports, certifient cette « inactivité organique totale » avant les dates préélectorales actuelles. La seule activité détectée est que certains des candidats d’Askatasuna ont signé avec 47.337 personnes en faveur de la plateforme D3M. Comment le Tribunal Suprême explique-t-il tout ceci ? Il écrit à la page 98 de sa décision qui annule les candidatures, « qu’il est raisonnable de penser que cette décision de ne rien faire pendant toutes ces années est la consigne qu’Askatasuna a reçue de l’ETA et que celle-là il l’a transmise à ses candidats. Ce qui, à son tour, indique le lien de l’ETA avec ASKATASUNA et D3M ». Il convient d’attirer l’attention sur le fait qu’à aucun moment le Tribunal n’explique ni comment, ni quand, ni qui a transmis cette consigne de l’ETA à Askatasuna et à D3M. Tout se réduit au fait « qu’il est raisonnable de penser » selon l’optique du Tribunal Suprême, celui-là même qui confond les organisations. Les avocats du parti Askatasuna et de D3M disposent de cette journée (le 10 janvier) pour présenter leurs recours devant le Tribunal Constitutionnel, qui devra adopter une décision avant minuit du vendredi 13 février, qui est le moment où la campagne électorale commence. Unanimité, fermeté et rapidité dans la rédaction de la décision La Salle 61 du Tribunal Suprême considère « sans l’ ombre d’un doute » que le projet que le groupement électoral Demokrazia Hiru Milloi (D3M) prétendait

présenter aux élections basques du 1er mars « a été dirigé, préparé, organisé, dynamisé, contrôlé et encouragé par Batasuna ». Et, en même temps, il estime fondée l’annulation des candidatures présentées par Askatasuna aux élections de la communauté autonome, évoquant parmid’autres indices, les « intenses relations » de 9 des 12 promoteurs du parti avec « ETA-Batasuna », qui en 1998 ont été les personnes responsables de l’inscription du parti Askatasuna dans le Registre des partis du Ministère de l’Intérieur. La force des termes utilisés dans la rédaction de la décision contre D3M et de celle qui annule les listes électorales d’Askatasuna contraste avec le caractère des preuves présentées : « relations intenses », avec « ETA-Batasuna » qui sont les promoteurs d’Askatasuna. Ces preuves ne montrent pas autre chose que les activités normales de personnes jouissant de leurs droits civiques dans des formations légales ; activités telles qu’avoir été candidat d’une liste légale ou avoir été contrôleur dans le comptage des voix, par exemple. Les décisions ont été adoptées à l’unanimité des membres de la Salle 61, bien que la veille un journal très proche d’une partie des magistrats ait expliqué que ceux-ci éprouvaient de sérieuses difficultés à justifier la décision d’annuler les listes du parti Askatasuna. Le principal motif allégué pour interdire les listes électorales de D3M est l’identité des membres des candidatures et la similitude entre l’iconographie de D3M et celle utilisée par la gauche indépendantiste dernièrement. Dans le cas du parti Askatasuna, les juges indiquent que depuis 1998 existait la décision de maintenir gelées ses activités en attente de le réactiver au moment où les organisations officielles de la gauche indépendantiste soient interdites. On souligne que les statuts de ce parti sont semblables à ceux d’Euskal Herritarrok et de Batasuna.


L’internationalisme à l’origine du nationalisme basque Un mariage confus et conflictuel À la fin du XIXe siècle, la société basque tente d’assimiler la rupture profonde provoquée par la perte de ses droits historiques. Pour sa part, le courant foraliste, réaffirme son identité et clame pour la restitution des fors ou lois abolies par l’État espagnol. En revanche, le courant nationaliste rompt avec les foralistes et va plus loin. Il réaffirme également l’identité basque mais, loin de se contenter de la restitution des fors, exige la reconnaissance de l’Euskadi en tant que nation indépendante et souveraine. Les ambiguïtés de Sabino Arana Né en 1865, Sabino Arana élabore la pensée politique du nationalisme et fonde le Parti Nationaliste Basque le 31 juillet 1895. Son idéologie est le fruit de différents facteurs qu’il combat : le centralisme d’État responsable de l’abolition des fors basques, l’expansion industrielle en Bizkaia mettant en péril le mode de vie traditionnel, l’afflux massif de main-d’oeuvre venue d’autres régions et qui menace l’identité, la langue et les coutumes autochtones, l’émergence de la pensée socialiste et de lutte des classes radicalement opposée à la soi-disant harmonie d’une société patriarcale. La pensée politique d’Arana est réactionnaire et cléricale. Il réaffirme les signes d’identité basques, en plaçant la religiosité en bonne place. Le mouvement qu’il fonde est qualifié de jelkide , abréviation issue des éléments fondateurs de son projet : Jainkoa eta Lagi Zaharrak (Dieu et anciennes lois). Il ne peut pourtant pas ignorer la dure réalité d’un capitalisme local exploitant sauvagement un prolétariat d’origine majoritairement espagnole. Sabino Arana cherche une réponse à une telle tragédie sur la base de la pensée réactionnaire qui est la sienne : conseillant une plus grande magnanimité aux exploiteurs basques, il met en place des actions caritatives pour soulager les souffrances des exploités espagnols. Ni les résidents en Euskal Herria ni les nouveaux arrivants ne cherchent de points de rencontre sur une base internationaliste. Au contraire, les deux communautés se témoignent de l’hostilité et se combattent mutuellement. Chacune possède un sentiment d’appartenance nationale différenciée qui les éloigne et les pousse à l’affrontement. Les premières relations internationales L’attitude de Sabino Arana change radicalement lorsqu’il aborde les événements internationaux de l’époque survenant sur d’autres continents. Les mambises cubains ont pris les armes contre la Couronne espagnole, et les Philippines sont le théâtre de mouvements d’agitation indépendantiste. Voici les dernières colonies d’un empire sur le déclin réclamant leur souveraineté. Sabino Arana témoigne d’une évidente sympathie envers le mouvement émergent en formation dans les deux colonies. En effet, ses aspirations sont en consonance avec celles de ces pays. Ce qu’il souhaite pour les Basques est en marche à Cuba et aux Philippines. En cas de défaite de l’Espagne, il s’agirait d’un précédent et l’impérialisme espagnol contre lequel se dresse Arana se verrait affaibli au profit du sentiment national basque. À cet égard, l’idéologie et la pratique d’Arana attestent d’un

anti-impérialisme fervent et peu analytique. Comme chacun sait, Cuba et les Philippines accédèrent à l’indépendance après avoir vaincu l’Armée espagnole. Sabino, cohérent avec ses idées, défendit publiquement le plein droit des deux îles de ne plus dépendre de Madrid sur le plan administratif. Mais l’État espagnol dans son ensemble avait subi un traumatisme et ne pouvait se résoudre à accepter la tragédie de la perte de ses deux dernières colonies ; il ne pouvait pas non plus tolérer l’enthousiasme affiché par Arana. Une grande part de la population de Bizkaia, se considérant patriote espagnole, réagit violemment aux manifestations prosouveraineté du fondateur du nationalisme : la maison de la famille Arana devant laquelle on avait organisé une manifestation fut la cible des mécontents qui lancèrent des pierres contre la façade. Après l’expulsion des espagnols, l’Amérique du Nord reconnut l’indépendance de Cuba. Et malgré le statut de puissance impérialiste émergente des États-Unis, Sabino Arana fit l’éloge des yankees libertadores. En mai 1902, il envoya un télégramme au Président Roosevelt le félicitant d’avoir concédé l’indépendance au peuple cubain. Les différentes classes de l’Espagne impérialiste réagirent avec la même agressivité et chacun selon son rôle. Ce télégramme représentait un attentat contre l’unité de la patrie et le préposé des postes refusa de l’envoyer. Il le détourna pour le remettre à ses supérieurs. Ceux-ci le transmirent aux autorités qui, voyant un délit dans la rédaction du message, le remirent à leur tour à la justice. C’est ainsi que Sabino Arana fut condamné à plusieurs mois derrière les barreaux. Classe politique, intellectuels et journalistes espagnols unirent leurs voix pour soutenir l’action punitive de la justice. Au nombre des secteurs les plus belligérants contre le prisonnier, les dirigeants du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, lesquels qualifièrent de délit de lèsepatrie le comportement d’Arana. Pour les socialistes de l’époque, déjà, l’unité espagnole prévalait sur le droit des peuples et des nations à disposer d’eux-mêmes. Les institutions politiques de l’État entrèrent dans la ronde pour s’acharner contre un prisonnier qui, ses idées mises à part, était d’une santé précaire. Segismundo Moret, Président de la Chambre des Députés, libéral et espagnol convaincu, déclara, méprisant : « Il serait plus intéressant qu’il meure en prison, car la tranquillité de l’Espagne vaut bien la vie d’un homme. » Il est donc évident que l’intolérance de l’empire hispanique vient de loin et n’a pas varié au fil des années. La réaction espagnole était empreinte d’une si grande violence qu’elle en détermina la vie d’Arana. À sa sortie de prison, il choisit de se réfugier quelques temps à Donibane Lohizune (Saint Jean de Luz, nord du Pays basque). Il ressentait en effet un besoin de protection et de calme après avoir commis deux graves délits de lèse-patrie (espagnole) : avoir célébré l’indépendance des deux dernières colonies de l’empire et avoir rédigé un télégramme de félicitation. www.askapena.org


LA PRISON TUE L’EFFRAYANTE LISTE DES « SUICIDÉS » DANS LES PRISONS FRANÇAISES DEPUIS LE DÉBUT DE CETTE ANNÉE. 1er suicide, à Laon, le jeudi 1er janvier. 2ème suicide, à Rouen, le vendredi 2 janvier. 3ème suicide, à Rennes, dans la nuit du 2/3 janvier. 4ème suicide, à Marseille (Baumettes), le samedi 3 janvier. 5ème suicide, à Lyon, le dimanche 4 janvier. 6ème suicide, à Villepinte, dans la nuit du 5/6 janvier. 7ème suicide, à Aiton, le mardi 6 janvier. 8ème suicide, à Toulouse (Muret), le vendredi 9 janvier. 9ème suicide, à Mulhouse, le dimanche 11 janvier. 10ème suicide, à Auxerre, dans la nuit du 12/13 janvier. 11ème suicide, à Ecrouves, dans la nuit du 12/13 janvier. 12ème suicide, à Douai, le mardi 13 janvier. 13ème suicide, à Aiton, le mercredi 14 janvier. 14ème suicide à Longuenesse dans la nuit du 17/18 janvier. L’OIP demande qu’une commission parlementaire se saisisse de la question de la sursuicidité dans les établissements pénitentiaires français. Pour l’Observatoire international des prisons il apparaît urgent que les parlementaires évaluent et réorientent la politique de prévention du suicide en prison mise en oeuvre depuis 2004 et établissent les raisons pour lesquelles la France demeure le pays d’Europe marqué par le taux de suicide en détention le plus élevé. La représentation nationale doit se saisir de cette question grave, indique l’OIP, précisant que la définition et le pilotage de la politique publique mise en oeuvre en matière de prévention du suicide en milieu carcéral ne sauraient être laissés à la seule appréciation de l’administration pénitentiaire. Toute commission mise en place en son sein ou placée sous l’égide du seul ministère de la Justice se trouverait inévitablement dans l’impossibilité de s’abstraire des contingences pénitentiaires, d’ordres sécuritaires ou gestionnaires. Plus largement, l’OIP appelle les parlementaires à examiner l’impact sur l’augmentation de la mortalité et des phénomènes de violences intramuros des conditions matérielles et psychologiques dans lesquelles s’effectuent les peines privatives de liberté, de l’organisation et du fonctionnement des établissements pénitentiaires, et des politiques pénale et pénitentiaire mises en oeuvre. Il apparaît que 56 décès par mort naturelle ont été constatés lors du premier trimestre 2008 dans les prisons françaises, contre 103 pour l’ensemble de l’année 2007. Les chiffres officiels concernant les phénomènes de violences entre détenus et entre détenus et surveillants sont contestés par les organisations professionnelles de personnels. L’opacité de l’administration pénitentiaire sur ces sujets témoigne de son incapacité à admettre et mettre en oeuvre les réformes décisives que ces phénomènes

Oihane Errazkin, militante basque, avait 31 ans. Elle a été retrouvée pendue le 8 juillet 2004 dans sa cellule de la prison de Fleury-Mérogis. appellent. Pour toutes ces raisons, l’OIP demande à l’Assemblée nationale et au Sénat de décider sans délai de la création de commissions d’enquête. L’OIP attend notamment des parlementaires qu’ils tirent toutes les conséquences du diagnostic posé par le contrôleur général des lieux de privation de liberté sur la question du suicide. « Privé du droit de recours, de rencontre avec un travailleur social, enfermé sans lumière, apeuré à l’idée d’aller en promenade ou à la douche, un détenu peut avoir les idées noires, ce sont là quelques-uns des ingrédients du suicide en prison », a estimé Jean-Marie Delarue en marge de la publication de sa première recommandation. L’OIP s’adresse solennellement à l’ensemble des parlementaires pour qu’ils refusent que la discussion sur le projet de loi pénitentiaire du gouvernement soit engagée avant que leurs travaux et conclusions soient rendus publics. Nous avons rencontré un membre de l’OIP pour lui poser


Oihane Errazkin, militante basque, avait 31 ans. Elle a été retrouvée pendue le 8 juillet 2004 dans sa cellule de la prison de Fleury-Mérogis. Arrêtée depuis le 23 septembre 2001, elle se trouvait toujours, trois ans plus tard, en préventive. Elle avait dénoncé à plusieurs reprises les dures conditions de détention, l’isolement et le «régime militaire» auquel elle était soumise, comme ses camarades. Evoquant Oihane Errazkin à laquelle il a dédié ses premiers instants de liberté, le militant breton Alain Solé, libéré le 6 août dernier, déclarait : «Il faut que l’on sache qu’en prison, vous n’avez pas accès aux soins. Il n’y a pas de suivi réel et il y a un manque de coordination entre l’administration pénitentiaire et les services de santé. Si vous avez mal aux dents, il faut attendre deux mois avant d’avoir un rendez-vous. Je suis sûr qu’Oihane Errazkin, qui s’est suicidée le 8 juillet à Fleury-Mérogis, a mis fin à ses jours parce qu’elle était malade et n’avait pas accès aux soins. Elle n’en pouvait plus.»

Maite zaitut Oh toi, partie sans mot dire, à la voile vers cet immense espace indépendante, tu restes avec nous, vivante, car tu ouvres l’horizon de la liberté pour ton peuple et de son indépendance enfin reconquise. Sa liberté désormais acquise ! Camarade en rouge vert et blanc je te salue humblement je le vois clairement petite flamme dans les yeux de tes camarades et de ton peuple. Chant immortel dans les paroles de ton peuple en lutte. Petite soeur, camarade, tu m’as conquise. A tes côtés je marche, assurée par ta main

A Oihane

qui fermement me tient

Oihane, camarade hier méconnue,

sur le chemin révolutionnaire

je ressens ta vie, ton nom couler

dEuzkadi Ta Askatasuna

dans mes veines et faire battre mon coeur,

Jo Ta Ke

de tes nobles sentiments de femme et de militante.

Euskal Presoak Askatu Orain

Oh ! Fille du vent.

Su Ta Gar

Tu m’emportes avec toi

Maite zaitut

sur les rouleaux de la mer par dessus les nuages d’ici et de là-bas... tu m’emportes avec ta détermination en amie et en camarade Maite zaitut, Petite soeur, une soeur que j’aurais tant désiré avoir. Oihane, chercheuse d étoiles, de montagnes et de plaines libérées. Maite zaitut camarade, et en toi, ta force et ta générosité.

Nathalie Ménigon, prisonnière révolutionnaire d Action Directe


154 + 610 = 764 prisonnières et prisonniers politiques basques ETAT FRANCAIS AVIGNON PONTET 1.Arzalluz Goñi, Asier (7 527 G ) BAPAUME 2.Orkolaga Etxaniz, Miren Aintzane (4 085) BOIS D’ARCY 3.Fernandez Iradi, Ibon (70 493) 4.Garate Galarza, Enrike (71 315) 5.Iparragirre Galarraga, Iker (72 281) 6.Iriondo Yarza, Aitzol (74 735) 7.Saavedra Martinez, Alberto (67 294) BORDEAUX-GRADIGNAN 8.Alcantarilla Mozota, Peio (61 041) 9.Eizagirre Uranga, Julen (61 581) 10.Esparza Luri, Iñaki (66 379) 11.Sagarzazu Gaztelumendi, Ramon (59579) 12.Aramendi Landa, Marian (61 580) 13.Gimon, Lorentxa (66 380) CHÂTEAUROUX (CP) 14.Negrete Ortega, Mikel (6 960) 15.Saint Pee, Jean Marie (6 995) 16.Zubiaga Bravo, Manex (7 540) CLAIRVAUX 17.Figal Arranz, Agustin (10 249) 18.Kortazar Garcia, Aitor (10 320) 19.Otxoantesana Badiola, Jon (10 089) DRAGUIGNAN 20.Lopez Anta, Angel (22 146) 21.Saez Totorikaguena, Gabriel (22 066) FLEURY MEROGIS 22.Aginako Etxenagusia, Asier (331 355 U-D1) 23.Agirre Goñi, Ekaitz (359 054 B D3) 24.Alkalde Etxeandia, Gotzon (347 264 M-D5) 25.Almandoz Erbiti, Mikel (348 629 VD3) 26.Aranibar Almandoz, Joseba (359 055 C D5) 27.Arozena Eizagirre, Haimar (355 661P-D5) 28.Astiz Arangoa, Ugaitz (369 790 W D3) 29.Bengoa Lpz Armentia, Asier (366 959 U D5) 30.Berasategi Eskudero,Ismael (369 861 X D1) 31.Bilbao Aresti, Eneko (353 998 F D5) 32.Campo Barandiaran, J Luis (369 860 X D3) 33.Cardaño Reoyo, Aingeru (359 053 A D1) 34.Estevez Paz, Juan Carlos (331 354 T-D3) 35.Garcia Gonzalez, Juan (359 242 F D3) 36.Igartua Etxebarria, Igor (358 542V D1) 37.Karasatorre Aldaz, Juan (350 749 Z D3) 38.Lopez de Lacalle, Alberto (366 502 X D1) 39.Lopez Peña, Xabier (366 077 K D1) 40.Lorente Bilbao, Aitor (360 507F D3) 41.Otegi Unanue, Mikel (344 088 D1) 42.Palacios Aldai, Gorka (325 327 SD1) 43.Rubenach Roiz, Jon (326 926 ED5) 44.Salaberria Sansinea, Jon (366 076 J D3) 45.Sansebastian, Beñat (355 143 A D1) 46.Soria Valderrama,Inocencio (369 709 H D5) 47.Suberbiola Zumalde, Igor (366 075 H D5) 48.Zabalo Bilbao, Armando (331 357W-D5) 49.Zeberio Aierbe, Josetxo (329 423U-D3) 50.Aramendi Jaunarena, Alaitz (360 225 Z 4E) 51.Areitio Azpiri, Alaitz (358 367E 6E) 52.Bernadó Bonada, Marina (353 922 Y 6E) 53.Beyrie, Lorentxa (339 586 4E) 54.Coello Onaindia, Aitziber (331 358 X 6E) 55.Comes Arranbillet, Olga (367 529 P 6E) 56.Cornago Arnaez, Galder (359 557 Y 6E) 57.Chivite Berango, Mercedes (329 018 D 4E) 58.Etxebarria Simarro, Leire (353 837 F 4E) 59.Gallastegi Sodupe, Lexuri (36 284 Q 4E) 60.Garcia Montero, Ainhoa (355 084M 4E) 61. Ozaeta Mendikute, Ainhoa (366 074 G 6E) 62.Somoza Chamizo. Lorena (339 546 6E) FRESNES 63.Abad Urkijo, Patxi (911 846 D2) 64.Albisu Iriarte, Mikel (929 159 D3) 65.Elizegi Erbiti, Iñigo (913 228 D2) 66.Ezeiza Aierra, Asier (D3) 67.Gainza Salinas, Urtzi (923 022 D2) 68.Garro Perez, Zigor (928 123 D2) 69.Gonzalez Gonzalez, Jon (912 051 D2) 70.Iruretagoiena Lanz, Luis (933 266-D3) 71.Mendizabal Mujika, Ekain (928 122 D3) 72.Merodio Larraona, Zigor (925 110 D1) 73.Olza Puñal, Mikel (940 707 D1) 74.Rodriguez Aretxabaleta, Liher (932 189 D2) 75.Salsamendi Abad, Zorion (935 755 D1) 76.Troitiño Ciria, Jon (920 169 D1-143) 77.Aranalde Ijurko, Maite (918 269) 78.Gil de San Vicente ,Kizkitza (925 109) 79.Iparragirre Genetxea, Marixol (929 121) 80.Lopez Zurutuza, Leire (940 789) 81.Mendizabal Mujika, Idoia (921 125) 82.Zaldua Iriberri, Miren Itxaso (936 417) JOUX LA VILLE 83.Castillo Alarcon, Abelardo (9252) 84.Heredia de Elu, Iker (9135) LA SANTE 85.Aspiazu Rubina, Garikoitz (290 191) 86.Garcia Justo, Aitor (280 234 D1) 87.Gutierrez Elordui, Borja (289 244 bloc A) 88.Letona Biteri, Igor (290 244) 89.Lopez de Bergara , Iñaki (282 995 D2) 90.Maiza Artola, Jan Cruz(288 704 J Bloc A) 91.Mendizabal Cubas, Iker (288 666 D1) 92.Preciado Izarra, Jon Kepa (282 097 D2) 93.Sagarzazu Gomez, Candido(280 723 D1 214) 94.Subijana Izquierdo, Juan(289 968-D1-123) 95.Ugartemendia Isasa, Manu (285 039 D2) 96.Uzkudun Lizaur, Mikel (281 461 D2)

LANNEMEZAN 97.Agerre, Didier (1 993) 98.Aranburu, Frederic (1 594) 99.Lete Alberdi, Jose Ramon (2 030) MEAUX-CHAUCONIN-NEUFMONTIERS 100.Beristain Gutierrez, Iker (5 246) 101.Goitia Abadia, Oier (4 744) 102.Zubizarreta Lizundia, Urtzi (1187 MAD) MOULINS-YZEURE KONDENATUAK (M.C) 103.Bienzobas Arretxe, Jon (12 241) 104.Geresta Azurmendi, Ander (10 258) 105.Illarramendi Zabaleta, Mikel (12 702) 106.Oiarzabal Txapartegi, Asier (11 927) MURET CD 107.Etxeberria Jauregi, Xabier (8283) 108.Parot, Ion (8613) 109.Rego Sebastian, Iñaki (8739) MURET-SEYSSES 110.Murillo Zubiri, Esteban (12 493 E) NANTERRE 111.Agirre Garcia, Harriet (25 379) 112.Aranguren Urroz, Asier (28 447) 113.Barandalla Goñi, Oihan (28 894) 114.Elorrieta Sanz, Ibon (22 291) OSNY 115.Arietaleaniz Telleria, Iñaki (42 305) 116.Gisasola Olaeta, Arnaltz (42 130) 117.Iurrebaso Atutxa, Jon (44 136) 118.Martinez Bergara, Fermin (42 956) 119.Segurola Kerejeta, Joseba (42 769) 120.Suarez Ugarte, Kepa (44 137) 121.Zarrabeitia Salterain, Eneko (46 553) PERPIGNAN 122.Aizpurua Aizpuru, Joxe Domingo (28 741) POISSY 123.Gogorza Otaegi, Aitzol (11 165) 124.Segurola Maioz, Patxi (11 410) 125.Vicario Setien, Gregorio (11 498) RENNES 126.Alberdi Zubirrementeria, Ane(6 994) 127.Perurena Pascual, Argi (6 411) SAINT MARTIN DE RE 128.Esnal, Jakes (14 207) 129.Otegi Arrugaeta, Josetxo (14 041) 130.Saez de Egilaz Murgiondo,Carlos (14 231) SAINT MAUR 131.Atxurra Egurrola, Julen (4 116) 132.Guimon, Patxiku (3 931) 133.Ilundain Iriarte, Alberto (4 262) SALON DE PROVENCE 134.Altuna Ijurko, Haimar (9 078 T) 135.Ginea Sagasti, Josu (8 176) TARASCON 136.Kintana Zorrozua, Asier (8 934) 137.Martin Hernando, Txus (7 807) 138.Saenz Olarra, Balbino (8 410) TARBES 139.Arano Urbiola, Jose Ramon (10 256) TOULON 140.Lizarribar Lasarte, Jon (5 502) 141.Orbe Sevillano, Zigor (5 902R) VAL DE REUIL 142.Agirrebarrena, Aitor (5884-D2 G305) 143.Esparza Ortega, Joseba (6 300) VERSAILLES 144.Juarros Ruiz de Gordejuela,Maite (9 532) 145.Sanchez Iturregi, Saioa (10 070) VILLEFRANCHE-SUR-SAÔNE 146.Eskisabel Urtuzaga, Peio (15 647) 147.Vallejo Franco, Iñigo (17 439) VILLENEUVE LES MAGUELONNE 148.Gonzalez Bilbatua, Oier (30 759) 149.Santesteban Goikoetxea,(29 644 A1-114) VILLEPINTE 150.Artetxe Rodriguez, Aitor (21 524) 151.Garmendia Lakuntza, Alberto (15 274) 152.Larrañaga Altuna, Mikel (15 754) 153.Mujika Andonegi, Ander (19 015) 154.Ripoll Estarta, Iñigo (20 544)

ETAT ESPAGNOL A LAMA 1.Alonso Alvarez, Raul 2.Barrios Martin, Jose Luis 3.Errazti Elorza, Jokin 4.Etxeberria Arbelaitz, Jose Antonio 5.Etxeberria Goikoetxea, Garikoitz

6.Etxeberria Sagarzazu, Kepa 7.Etxezarreta Manzisidor, Joseba 8.Garces Beitia, Iñaki 9.Garcia Corporales, Josu 10.Garcia Gaztelu, Xabier 11.Larrinaga Martin, Gaizka 12.Mariñelarena Garziandia, Luis 13.Martinez de Osaba Arregi, Igor 14.Ormazabal Lizeaga, Asier 15.Perez Zorriketa, Ugaitz 16.Petralanda Mugarra, Aner 17.S Sebastian Gaztelumendi, Mikel 18.Ugarte Billar, Xabier 19.Dañobeitia Ceballos, Olatz 20.Gonzalez Peñalva, Belen 21.Manrike Arbeo, Aiala ALACANT Foncalent 22.Abad San Pedro, Endika 23.Alaña Arrinda, Koldo 24.Apaolaza Sancho, Iban 25.Ariz Lizaso, Eder 26.Arregi Imaz, Xabier 27.Badillo Borde, Irkus 28.Bilbao Moro, Jon 29.Elizaran Agilar, Ugaitz 30.Fagoaga Igantzi, Iñaki 31.Campos Alonso, Mirian 32.Garro Perez, Nerea 33.Izarza Hernandez, Agurtzane ALBACETE 34.Goikoetxea Garralda, Txus 35.Larredonda Muñoz, Zigor ALBOLOTE (Granada) 36.Aginagalde Urrestarazu, Jon 37.Beaumont Etxebarria, Iñaki 38.Guridi Lasa, Iñigo 39.Legaz Irureta, Armando 40.Lopez de Okariz, Unai 41.Miner Villanueva, Imanol 42.Olarra Agiriano, Joxe Mari 43.Pardo Segovia, Mikel 44.Uribarri Benito, Asier 45.Delgado Iriondo, Agurtzane 46.Jauregi Amundarain,Oskarbi + umea 47.Lopez Riaño, Idoia 48.Perez Aristizabal, Eider + Garikoitz 49.Uzkudun Etxenagusia, Maritxu ALCALA MECO (M-II) PREVENTIVO 50.Boado Espoz, Sergio 51.Garcia Rivera, Felix 52.Gutierrez Jimenez, Xabier 53.Murillo Etxeberria, Gorka 54.Olarra Guridi, Juan Antonio 55.Sueskun Gonzalez, Gorka 56.Tejedor Bilbao, Bittor 57.Urbe Irazusta, Egoitz 58.Zelarain Ortiz, Oskar CUMPLIMIENTO 59.Agirre Bernadal, Iker 60.Alberdi, Egoi 61.Aristu Etxeberria, Iker 62.Arruabarrena Luz, Josu 63.Artola Diaz, Jon 64.Azkona Dominguez, Aritz 65.Bizente Ugalde, Imanol 66.De Ibero, Ekaitz 67.Etxaburu Osa, Mikel 68.Franco Gonzalez, Aitor 69.Gandiaga Ibarzabal, Estebe 70.Lamarka, Peio 71.Lezkano Bernal, Sergio 72.Lorente Aspiazu, Oier 73.Marin Irurozki, Mikel 74.Velasco Lareki, Gorka ALCALA EMAKUMEAK 75.Caminos Miranda, Maider 76.Zenarrutzabeitia Iruguenpagate, Zaloa ALCAZAR DE SAN JUAN 77.Elkano Etxebeste, Anjel Mari 78.Garcia Razkin, Sergio 79.Gundin Maguregi, Patxi 80.Lazkano Perez, Xabier ALMERIA 81.Aldasoro Magunazelaia,Ramon 82.Arruarte Santacruz, Garikoitz 83.Azurmendi Peñagarikano, Mikel 84.Balerdi Iturralde, Juankar 85.Benaito Villagarcia, Mig. Angel 86.Carrasco Aseginolaza, Koldo 87.Erro Zazu, Iñaki 88.Krutxaga Elezkano, Iñaki 89.Lasa Mendiaraz, Sebas 90.Markes Zelaia, Patxi 91.Olaitz Rodriguez, Jorge 92.Piriz Lopez, Juan Manuel 93.Urizar de Paz, German 94.Viedma Morillas, Alberto 95.Amatria Jimenez, Araitz 96.Egiguren Enbeita, Olatz 97.Oña Ispizua, Josune

ARANJUEZ (M-VI) 98.Alberdi Elejalde, Ernesto 99.Arbelaitz Sarasti, Oinatz 100.Arginzoniz Zubiaurre, Haritz 101.Azkona Dominguez, Ibai 102.Fernandez Arratibel, Adur 103.Galvez, Peio Xabier 104.Gomez de Salazar Rguez, Asier 105.Igal Iribarren, Jon Imanol 106.Jareño Ugarriza, Gaizka 107.Labajo Laraudogoitia, Lander 108.Labaka Larrea, Urko

109.Perez Quintanz, Unai 110.Ruiz Jaso, Zigor 111.Sagardoi Lana, Xabier 112.Urdin Perez, David 113.Zinkunegi Garmendia, Joseba 114.Pedrosa Barrenetxea, Maite BADAJOZ 115.Arizmendi Oiartzabal, Joseba 116.Del Hoyo Hernandez, Kepa 117.Etxezarreta Etxaniz, Ibon 118.Gabiola Goiogana, Andoni 119.Izpura Garcia, Mikel 120.San Argimiro Isasa, Mikel 121.Sebastian Iriarte, Alfontso 122.Usandizaga Galarraga, Xabin 123.Zubiaurre Agirre, Jon 124.Zugadi Garcia, Iñaki 125.Garaizar San Martin, Nerea 126.Ioldi Mujika, Mila 127.Onaindia Susaeta, Josune BONXE 128.Etxebarria Uria, Garikoitz 129.Troitiño Arranz, Txomin BOTAFUEGO (Algeciras) 130.Abaunza Martinez, Javier 131.Bellon Blanco, Arkaitz 132.Cañas Carton, Iñaki 133.Egibar Mitxelena, Mikel 134.Etxeberria Pascual, Josetxo 135.Gonzalez Endemaño, Jorge 136.Jurado Garcia, Sendoa 137.Larrinaga Rodriguez, Asier 138.Lauzirika Oribe, Karmelo 139.Makazaga Azurmendi, Xabier 140.Sanpedro Larrañaga, Premin 141.Sola Campillo, Aurken 142.Tapia Zulaika, Asier 143.Garbaio Ruiz, Arantza 144.Noble Goikoetxea, Inma 145.Pacho Martin, Inma BRIEVA 146.Bakedano Maidagan, Oihane 147.Linazasoro Lopez, Maitane 148.Lopez Barrio, Ana 149.Lopez Resina, Maria Dolores 150.Moreno Macuso, Julia 151.Mujika Lazkano, Oihana 152.Otaegi Tena, Nahikari 153.Prieto Plaza, M. Isabel 154.Urrutia Barakaldo, Leire 155.Zuazo Aurrekoetxea, Maialen BURGOS 156.Alkain Zulaika, Egoitz 157.Altza Hernandez, Andoni 158.Arnaiz Laskurain, Aritz 159.Etxenike Ugarte, Asier 160.Fahkri Delgado, Ismael 161.Fdez Prz de Nanclares, Txetxu 162.Garai Vales, Jon 163.Lizarralde Izagirre, Luis Mari 164.Mtnez de Albeniz, Arkaitz 165.Murga Luzuriaga, Isidro 166.Murga Luzuriaga, Patxo 167.Perez Diaz, Jose Mari 168.Virumbrales Amenabar Asier CACERES II 169.Andueza Antxia, Oier 170.Balanzategi Agirre, Xabier 171.Fraile Iturralde, Gorka 172.Landa Mendibe, Karmelo 173.Lima Sagarna, Iker 174.Maurtua Eguren, Aitzol 175.Mimenza Bilbatua, Aner 176.Olabarrieta Colorado, Iker 177.Olaizola Baseta, Aitor 178.Otegi Eraso, Andoni CAN BRIANS - BARCELONA 179.Sanchez Burria, Diego CASTELLO 180.Altable Etxarte, Txuma 181.Barreras Diaz, Oskar 182.Beristain Urizarbarrena, Iker 183.Cabello Perez, Andoni 184.Cano Hernandez, Pedro Maria 185.Etxeberria Lete, Peio 186.Fernandez Castañares, Elias 187.Gallastegi Sodupe, Orkatz 188.Lopez Agiriano, Estanis 189.Otxoa de Eribe Landa, J. Angel 190.Ramada Estevez, Fco Jose 191.Rodriguez Gotxikoa, Ekain 192.Igarriz Izeta, Marta 193.Prieto Furundarena, Ana Isabel CORDOBA (Alcolea) 194.Balda Kalonge, Iñigo 195.Calabozo Casado, Oskar 196.Casanova Alonso, Iker 197.Etxeberrria Garaikoetxea, JMari 198.Fdez de Gamarra Alutiz, Jabi 199.Gallaga Ruiz, Xabier 200.Garcia Jodra, Fernando 201.Inxausti Etxarri, Tomas 202.Iragi Gurrutxaga, Harriet 203.Portu Juanena, Igor 204.Sasiain Rodriguez, Antxon 205.Vidal Alvaro, Gorka 206.Bengoa Ziarsolo, Nerea 207.Urizar de Paz, Amaia CURTIS (Teixeiro) 208.Blanco Santisteban, Zigor 209.Caride Simon, Rafa 210.Cebrian Mayayo, David


(soit environ 15000 à l’échelle de l’Etat français)… 211.Eskudero Balerdi, Gregorio 212.Gomez Ezkerro, Jesus Mari 213.Ijurko Iroz, Hodei 214.Lupiañez Mintegi, Gorka 215.Meñika Oruetxeb., Ibon 216.Palacios Capitan, Pako 217.Peña Gonzalez, Iñaki 218.Petrikorena Leunda, Juan Jose 219.Plazaola Anduaga, Alberto 220.Polo Escobes, Sergio 221.Rodriguez Cordero, Gonzalo 222.Salaberria Etxebeste, Emilio 223.Epelde Agirre, Aiora 224.Fernandez Larrazabal, Ziortza 225.Landa Hervias, Natale

LOGROÑO 317.Lpez de Aberasturi Rgez, Ieltxu 318.Sola Torres, Txomin 319.Basabe Gutierrez, Inmmaculada 320.Saez de la Cuesta, Alicia

DAROCA 226.Arriaga Ibarra, Jesus Felipe 227.Codo Callejo, Jagoba 228.Etxeberria Arbelaitz, Rufi 229.Gramont, David 230.Redin Sanchez, Unai 231.Zarrabe Elkoroiribe, Mikel 232.Zubimendi Berasategi, Mikel

MANSILLA (Leon) 327.Arraiz Barbadillo, Asier 328.Artola Ibarretxe, Joseba 329.Betolaza Villagrasa, Gorka 330.Bollada Alvarez, Jesus 331.Borde Gaztelumendi, Joseba 332.Chillon Barbadillo, Igor 333.Igarataundi Peñagarikano, J Mª 334.Imaz Telleria, Asier 335.Juaristi Arrieta, Xabin 336.Korta Carrion, Mikel 337.Barrena Arza, Pernando 338.Orbegozo Etxarri, Mikel 339.Rego Vidal, Juan Jose 340.Salegi Garcia, Oroitz 341.Tobalina Rodriguez, Juantxu 342.Garcia Rodriguez, Paula 343.Majarenas Ibarreta, Sara 344.Regueiro Martinez, Joana

DUEÑAS 233.Arbulu Renteria, Ibon 234.Artola Medibe, Mario 235.Aspiazu Alzelai, Andoni 236.Diaz Martin, Gorka 237.Foruria Zubialde, Jose Ramon 238.Gomez Lopez, Patxi 239.Gonzalo Casal, Iñaki 240.Gorostiaga Gonzalez, Pablo 241.Ibañez Diez, Raul 242.Maruri Basagoitia, Lander 243.Ortega Sunsundegi, Igor 244.O’Shea Artiñano, Iñaki 245.Oviedo Casado, Oskar 246.Urain Larrañaga, Jokin 247.Uruñuela Molliedo, Jorge 248.Zalakain Garaikoetxea, Jesus Mari 249.Arrieta Gonzalez, Amaia (+umea) 250.Fresneda Etxeberria, Ainara 251.Marin Vesga, Sonia 252.Martinez Sustatxa, Itziar (+ umea) 253.Santesteban Perez, Arantza EL DUESO 254.Amaro Lopez, Gotzon 255.Arrieta Prez de Mendiola, Ismael HERRERA DE LA MANCHA 256.Alonso Rubio, Iñaki 257.Aranburu Muguruza, Xabier 258.Armendariz Izagirre, Iñaki 259.Askasibar Garitano, Mikel 260.Balerdi ibarguren, Xabier 261.Biguri Camino, Jose Angel 262.Castro Sarriegi, Alfonso 263.Cristobal Martinez, Carlos 264.Del Hierro Upategi, Agustin 265.Erostegi Bidaguren, Joseba 266.Errandonea Arruti, Ander 267.Etxeandia Meabe, Jose Miguel 268.Francisco Rodriguez, Niko 269.Fresnedo Gerrikabeitia, Aitor 270.Lerin Sanchez, Jose Angel 271.Lopez Gomez, Jon 272.Lujanbio Galdeano, Pakito 273.Martinez Arkarazo, Gorka 274.Orotegi Otxandorena, Ignacio 275.Turrientes Ramirez, Mitxel HUELVA - II 276.Agote Cillero, Arkaitz 277.Aldana Zelaia, Jon 278.Apeztegia Jaka, Carlos 279.Garcia Sertutxa, Gorka 280.Karrera Arenzana, Asier 281.Loran Lafourcade, Gorka 282.Matanzas Gorostizaga, Jose Mª 283.Moreno Fernandez, Koldo 284.Oses Carrasco, Jabi 285.San Epifanio San Pedro, Felipe 286.Solana Matarran, Jon Igor 287.Troitiño Arranz, Antton 288.Zabarte Arregi, Jesus Mari 289.Zelarain Errazti, Julen 290.Armendariz G. Langarika, Lierni 291.Egues Gurrutxaga, Ana Belen 292.Txurruka Madinabeitia, Lurdes IRUÑEA 293.Barandaila Iriarte, Bautista JAEN - II 294.Aginaga Ginea, Ibai 295.Arregi Erostarbe, Joseba 296.Arrieta Llopis, Mikel 297.Arronategi Azurmendi, Kepa 298.Diaz de Heredia Ruiz de Arb.,Josu 299.Garcia Aliaga, Aitor 300.Garcia Justo, Asier 301.Lebrero Panizo, Roberto 302.Sagardui Moja, Jose Mari 303.Sarasola Iazabal, Mattin 304.Urberuaga Arano, Borxa 305.Ernaga Esnoz, Joxepa 306.Lizarralde Palacios, Ana 307.Lpz de Luzuriaga Fdez,Gotzone LANGRAITZ 308.Agirre Agiriano, Jon 309.De Luis Astarloa, Fernando 310.Galarraga Arrona, Jose Antonio 311.Gordo Castro, Xabier 312.Hernandez Velasco, Jose Antonio 313.Muñoz de Vivar Berrio, Andoni 314.Perez Ojuel, Carlos 315.Uribe Navarro, Ramon 316.Uribetxeberria Bolinaga, Josu

MALAGA 321.Del Olmo Vega, Fernando 322.Delgado Goñi, Juani 323.Gabirondo Agote, Juan Mari 324.Gonzalez Rodriguez, Manu 325.Martin Carmona, Koldo 326.Mendinueta Flores, Jesus Mª

MARTUTENE 345.Agirre Lete,Juan Luis 346.Iparragirre Arretxea, Imanol 347.Azkarate Badiola, Miren 348.Sagastume Arrieta, Maitane MONTERROXO 349.Aiensa Laborda, Ibai 350.Aiensa Laborda, Mikel 351.Frade Bilbao, Iker 352.Ibarra Izurieta, Bigarren 353.Larrea Azpiri, Zunbeltz 354.Lejarzegi Olabarrieta,Endika 355.Manzisidor Torrontegi, Urko 356.Rezabal Zurutuza, Kepa 357.Zearreta Garai, Igor 358.Zubieta Zubeldia, Juan Jose 359.Zubizarreta Balboa, Kepa MURCIA 360.Bores Gutierrez, Aitor 361.Nieto Torio, Ruben 362.Novoa Arroniz, Jose Mari 363.Segurola Beobide, Joseba 364.Ugalde Zubiri, Andoni 365.D Andres Urrutikoetxea,Arritxu 366.Del Rio Prada, Ines NAVALCARNERO (M-IV) 367.Albisu Hernandez, Iñigo 368.Amorrotu Lizeranzu, Oier 369.Aranzabal Altuna, Aitor 370.Arretxe, Mikel 371.Bravo Saez de Urabain, Zigor 372.Elorriaga Larrea, Joseba 373.Gomez Gonzalez, Alberto 374.Gonzalez Sola, Igor 375.Gulina Tirapu, Iñigo 376.Lasa Altuna, Eusebio 377.Oiartzabal Ubierna, Anartz 378.Pascual Muneta, Garikoitz 379.Villanueva Patin, Jon 380.Zabala Torregarai, Iker 381.Zurutuza Sarasola, Jose Antonio OCAÑA - I 382.Aranburu Berriozabalgoitia, Peru 383.Gaztañaga Bidaurreta, J Ignazi 384.Goldaraz Aldaia, Xabier 385.Gomez Larrañaga, Aratz 386.Hermosa Urra, Koldo 387.Herrador Pouso, Juan Carlos 388.Lopez Iborra, Alberto 389.Ormazabal Gaztañaga, J Markel 390.Pujana Alberdi, Iñaki 391.Urrutia Jauregi, Patxi OCAÑA - II 392.Etxebarri Garro, Juan Mª 393.Galarraga Godoi, Eneko 394.Garaio Atxurra, Gartzen 395.Garcia Mijangos, Jose 396.Goienetxe Alonso, Iñaki 397.Gurtubai Sanchez, Sebas 398.Herrera Vieites, Aitor 399.Lopez Gonzalez, Jesus Maria 400.Markez del Fresno, Kepa 401.Zabala Erasun, Gabriel PUERTO - I 402.Amantes Arnaiz, Josu 403.Arriaga Arruabarrena, Rufino 404.Arrozpide Sarasola, Santi 405.Arruti Azpitarte, Juan Carlos 406.Elejalde Tapia, Fernando 407.Etxeberria Martin, Iñaki 408.Fdez de Larrinoa Prez de L,Iñaki 409.Garalde Bedialauneta, Isidro 410.Gaztelu Otxandorena, J. Miguel 411.Gracia Arregi, Iñaki 412.Gutierrez Carrillo, Iñigo 413.Iturbide Otxoteko, Joseba 414.Marañon Uriarte, Guillermo 415.Martinez Izagirre, Jabi 416.Muñoa Arizmendiarrieta, Ibon 417.Ordoñez Fernandez, Josu 418.Ruiz Romero, Patxi 419.Saez Arrieta, Arkaitz

420.Trenor Dicenta, Karlos 421.Urra Guridi, Kepa 422.Zabalo Beitia, Xabier 423.Ziganda Sarratea, Josu PUERTO - II 424.Almaraz Larrañaga, Agustin 425.Bilbao Goikoetxea, Iñaki 426.Bilbao Solaetxe, Unai 427.Franco Martinez, Bittor 428.Martinez Ahedo, Gorka 429.Perez Aldunate, Xabier 430.Prieto Jurado, Sebastian 431.San Pedro Blanco, Jon Mirena 432.Ugarte Lpez de Arkaute, Diego 433.Urizar Murgoitio, Xabier PUERTO - III 434.Alegria Loinaz, Xabier 435.Aragon Iroz, Santi 436.Arizkuren Ruiz, Josetxo 437.Arkauz Arana, Josu 438.Beristain Urbieta, Joxe Mari 439.Cotano Sinde, Aitor 440.Diez Torre, Fernando 441.Dorronsoro Malaxetxebarria, J.M 442.Enbeita Ortuondo, Joseba 443.Lasa Mitxelena, Juan Lorenzo 444.Lopez Ruiz, Antxon 445.Parot, Unai 446.Rubenach Roiz, German 447.Zabaleta Elosegi, Jose Jabier SEGOVIA 448.Goikoetxea Basabe, Zigor 449.Olano Olano, Juan Mari SORIA 450.Diaz Urrutia, Andoni 451.Fernandez Aznar, Egoitz 452.Gañan, Gaizka 453.Gojenola Goitia, Xabier 454.HIdalgo Lertxundi, Aimar 455.Loizaga Arnaiz, Iñaki 456.Zengotitabengoa Laka, Joseba SOTO DEL REAL (M-V) 457.Agirre Odriozola, Jabi 458.Antza Illarreta, Harkaitz 459.Araguas Jusue, Iker 460.Ataun Rojo, Oihan Unai 461.Beunza Oroz, Mikel 462.Egurrola San Andres, Ibai 463.Etxaniz Garcia, Julen 464.Etxebarria Barinagarrem., Iban 465.Fano Aldasoro, Unai 466.Frias de la Red, Unai 467.Hernandez Sistiaga, Unai 468.Jimenez Martin, Mikel 469.Jurado Torvisco, Jose Manuel 470.Landaberea Torremotxa, Arkaitz 471.Lomas Pz de Obanos, Federico 472.Lujanbio Galparsoro, Xabier 473.Oregi Urrutia, Borja 474.Ostotolaza Ikaran, Eneko 475.Pagoaga Leturiondo, Urko 476.Aierbe Mujika, Karmele 477.Alzugarai Garcia, Nuria 478.Gallastegi Sodupe,Irantzu+Arane 479.Goirizelaia Gonzalez, Kristina 480.Intxaurraga Uribarri, Maitane 481.Ladislao Gonzalez, Amets 482.Lizarraga Merino, Maria 483.Lopez Monge, Ana 484.Martinez Garcia, Idoia +Ametsa 485.Morcillo Torres, Grazia 486.Mujika Goñi, Ainhoa 487.Mujika Larreta, Irati 488.Muñoa Ordozgoiti, Aloña TERUEL 489.Abasolo Uribe, Adolfo 490.Barrondo Olabarri, Beñat 491.Etxebarrieta Urrutxua, Jorge 492.Gonzalez Azua, Unai 493.Intxauspe Bergara, Manu 494.Lezama Markoartu, Josu 495.Lizarribar Maillo, Mikel TOPAS 496.Abad Palacios, Oskar 497.Akaiturri Irazabal, Iñigo 498.Alvarez Forcada, Joseba 499.Aristi Etxaide, Patxi 500.Askasibar Barrutia, Bixente 501.Bravo Maestrojuan, Josu 502.Crespo Ortega, Jon (1) 503.Jauregi Agirrezabala, Mikel 504.Labeaga Garcia, Urko 505.Legina Aurre, Kepa 506.Mallabia Sanchez, Unai 507.Otazua Urresti, Iñigo 508.Otxoa de Retana Simon, Asier 509.Permach Martin, Joseba 510.Rey Urmeneta, Xabier 511.Txokarro Zoko, Jorge 512.Alcocer Gabaldon, Mari Mertxe 513.Diaz Hrdia Ruiz de Arblu, Maite 514.Toda Iglesia, Teresa VALDEMORO (M-III) 515.Apalategi Mora, Beñat 516.Garaiondo, Mikel 517.Goñi Lara, Luis 518.Lizundia Alvarez, Iñaki 519.Luna, Alain 520.Marin Mercero, Iñaki 521.Olaizola Urien, Aitor 522.Urain Etxeberria, Hodeiertz VALENCIA - II 523.Cadenas Lorente, Oskar 524.Esnal, Juantxo

525.Galarza Quirce, Luis Angel 526.Iñigo Egizurain, Asier 527.Merino Bilbao, Guillermo 528.Olza Puñal, Eneko 529.Tximeno Inza, Xabier 530.Urretabizkaia Sahukillo, Jon VALENCIA - III 531.Arzelus Angiozar, Iker 532.Coto Etxeandia, Egoitz 533.Garcia Montero, Urtzi 534.Iglesias Chouza, Juankar 535.Jugo Alvarez, Aitor 536.Legorburu Gerediaga,Juanjose 537.Lonbide Lorente, Josu 538.Mardones Esteban, Asier 539.Perez de Anuzita Urkijo, Eduardo 540.Rojo Gonzalez, Juan Ramon 541.Urdiain Ziriza, Iñaki 542.Biteri Izagirre, Garazi (+ umea) 543.Gete Etxeberria, Kristina VALLADOLID Villanubla 544.Aldasoro Jauregi, Juan Cruz 545.Aretxaga Llona, Xabier 546.Fernandez Bernales, Julen 547.Lizarralde Palacios, David 548.Murga Zenarruzabeitia, Andoni 549.Tejerina Urkia, Arkaitz 550.Vecino Sta Maria, Roberto 551.Velasco Armendariz, Alex 552.Alejandro Gordaliza, Marisa 553.Aranzubia Couceiro, Janire 554.Fernandez de Labastida, Maite 555.Karro Boado, Olatz VILLABONA 556.Abasolo Osinaga, Xabier 557.Arri Pascual, Alvaro 558.Bilbao Beaskoetxea, Iñaki 559.Diez de Ulzurrun, Gorka 560.Fernandez Terceño, Aitor 561.IriartePerez, Juan Carlos 562.Lasarte Oliden, Balentin 563.Lopez de Abetxuko Liki., Jose R. 564.Mtz de Lafuente Intxaurregi, JR 565.Olabarrieta Olabarrieta, Txema 566.Rekarte Ibarra, Iñaki 567.Sadaba Merino, Javier 568.Totorika Eskandon, Haritz 569.Solana Arrondo, Kepa Mirena 570.Zabarte Jainaga, Felix 571.Zubiaga Lazkano, Xeber 572.Casares Etxeberria, Aiboa 573.Fullaondo Lacruz, Marije 574.Mallabia Sanchez, Naiara 575.Sagarminaga Abad, Aitziber VILLENA (Alicante) 576.Alonso Abad, Fernando 577.Aranburu Sudupe, Gotzon 578.Asensio Millan, Paul 579.Berganza Zendegi, Santos 580.Etxaniz Alkorta, Sebas 581.Goikoetxea Basabe, Arkaitz 582.Jurado Garcia, Andeka 583.Lavega Tarrega, Harkaitz 584.Mujika Pikabea, Jose Mª 585.Zabala Etxegarai, Patxo 586.Zelarain Oiarzabal, Peio 587.Zubikarai Badiola, Kandido 588.Barbarin Iurrebaso, Ainhoa 589.Esteran Cruz, Ainara WAD RAS 590.Riera Valenciano de M, Laura + Didac ZUERA (Zaragoza) 591.Aparicio Benito, Koldo 592.Arakama Mendia, Iñaki 593.Azkargorta Belategi, Luis Mari 594.Bilbao Gaubeka, Iñaki 595.Etxegarai Mendiguren, Martin 596.Gil Cervera, Mikel 597.Larrañaga Alberdi, Imanol 598.Lesende Aldekoa, Txomin 599.Martinez Garcia, Txerra 600.Moreno Ramajo, Txabi 601.Mujika Garmendia, Pakito 602.Odriozola Agirre, Peio 603.Sancho Biurrun, Jokin 604.Urkizu Ormazabal, Jon Ander 605.Frade Bilbao, Ainara 606.Martinez Perez, Leire 607.Sanz Martin, Olga ETXEAN PRESO 608.Figueroa Fernandez, Angel 609.Gorostiaga Retuerto, Marilo 610.Ibañez Oteiza, Mikel


13 FEVRIER 2009 JOURNEe CONTRE LA TORTURE

Le 13 Février-jour anniversaire de la mort de Joxe Arregi sous la torture aux mains des forces de police espagnole-est une journée de grandes mobilisations contre la torture. 28 ans après ces pratiques barbares sont encore la réalité sanglante de ce pays. Le mouvement pour l'Amnistie recense plus de 7000 cas de torture ces 40 dernières années.

GORKA LUPIAÑEZ arreté le 6/12/2007

4/01/2009

Plus de 37.000 personnes soutiennent les prisonniers politiques dans les rues de Bilbo

GORKA LUPIAÑEZ MINTEGI Date de l’arrestation : 6 décembre 2007 Lieu de l’arrestation : Berriz Corps de police : Garde Civile Jours de mise au secret : 10 jours au commissariat et 5 en prison Le 6 décembre, vers 18h30, comme je descendais du Miota (quartier de Berriz, village de Biscaye), deux Patrols (voitures tout terrain) de la Garde Civile sont arrivées par la route. Elles se sont arrêtées à côté de moi, les gardes civils sont descendus des voitures et m’ont demandé mes papiers. Comme ils font toujours, tandis qu’ils vérifiaient mes données, ils ont « occupé » toute la zone. Bien qu’il y ait eu plus de trois gardes civils, je ne me souviens que de trois. Deux devaient mesurer environ 1,70-1,80m et ils étaient de forte corpulence. L’autre, plus grand, devait mesurer 1,90m. C’est ce dernier qui m’a passé à tabac à l’intérieur de la Patrol durant le voyage pour Bilbao (c’est là qu’ils m’ont dit qu’on allait, moi, je ne voyais rien puisque j’avais les yeux fermés), c’est aussi celui-là qui pointait sur moi son CETME (mitrailleuse), qui voulait tirer sur moi au moment de mon interpellation et qui m’a déshabillé quand j’étais par terre. Son attitude était très violente et il faisait peur. Après environ une heure, et après avoir répondu à toutes leurs questions (qui es-tu ?, d’où tu viens ?, où tu vas ?…) et alors que je croyais qu’ils allaient me laisser partir, ils ont demandé à fouiller ma sacoche. Il faisait déjà nuit, et même si d’autres voitures passaient, ils n’ont arrêté personne d’autre. Il ne restait que les voitures banalisées de la Garde Civile. Ils ont ouvert ma sacoche et trouvé le révolver. À partir de ce moment-là, mon calvaire a commencé, cet enfer a duré neuf jours. D’une façon très violente et en me visant avec le CETME, ils m’ont jeté par terre. Ils m’ont enlevé mon pantalon et m’ont laissé le caleçon que je portais dessous. Ils m’ont attaché les mains dans le dos, très fort et ils m’ont emmené quelque part qu’ils ont dit être Bilbao où j’ai dû signer des documents. J’avais des marques assez profondes sur les poignets et les mains gonflées et toutes violacées. Au moment de l’interpellation, alors que j’étais par terre, ils m’ont donné des coups de pieds et des coups de poing partout sur le corps. Quand nous sommes arrivés à « la Salve » (la caserne de la Garde Civile à Bilbao), des gardes civils ont dit que j’avais des marques dans le dos dues à l’arrestation. Ils m’ont mis une pommade sur les marques, c’était une pommade qui faisait disparaître les marques en 24 heures. En fait, après une séance d’Acuapark (j’expliquerai plus tard en quoi cela consiste), j’avais une grosse égratignure sur l’estomac à cause de la violence avec laquelle ils m’ont immobilisé. Si je me souviens bien, la femme médecin légiste a appliqué dessus une crème et 24 heures après je n’avais plus rien. Le médecin légiste a été aussi très surprise de cet effet parce que l’égratignure était assez profonde. J’ai entendu un des gardes civils qui disait à un autre : « laissez-le, qu’il parte en courant et alors je tire !! Comme ça on aura un résultat de deux à un (c’était une allusion claire à ce qui était arrivé à Capbreton). J’ai éprouvé peur et panique. J’ai pensé qu’ils allaient me tuer. Mais, ils m’ont fait lever et m’ont fait monter dans la partie arrière de la Patrol.


J’étais pieds nus, sans pantalon, avec les mains attachées dans le dos, la mitrailleuse contre moi à ma gauche et à ma droite il y avait la vitre. Nous avons commencé le voyage de cette façon vers la caserne. Au péage de Durango, ils m’ont très violemment menacé. J’ai dû baisser la tête au maximum, jusqu’à la mettre entre mes jambes et ils m’ont dit de ne pas faire de mouvements bizarres. Je ne comprenais pas pourquoi tout cela, mais après la levée du régime de mise au secret, j’ai compris qu’ils avaient donné l’information de mon arrestation avec un jour de retard. Ils voulaient gagner du temps pour profiter de toutes les atrocités qu’ils m’ont fait subir. Il me semble incroyable que cela soit possible, qu’une personne soit arrêtée et que le Ministère de l’intérieur, le gouvernement… puisse ne le signaler que 24 heures après. Ce sont ces gens-là qui ont donné la permission à la Garde Civile de me torturer. En plus, ils leur donnent des médailles et leur rendent hommage. J’ai aussi découvert qu’ils avaient un bon salaire, mais ils demandent encore plus. Durant le voyage à Bilbao j’ai dû supporter leurs menaces et leurs cris de joie pour mon arrestation. Les cris et les menaces étaient dirigés contre moi, mais je pouvais entendre les poignées de mains qu’ils se donnaient les uns auxautres de joie. Quand on est arrivés à la Salve, ils m’ont fait descendre à toute vitesse et m’ont fait entrer dans une salle. Ils m’ont pris par le bras et m’ont fait entrer dans une petite salle. Là ils m’ont enlevé le masque que je portais sur les yeux et m’ont mis une cagoule à travers laquelle je pouvais un peu voir. Il y avait deux gardes civils en civil et deux en uniforme. Je suis resté 30-40 minutes. Pendant ce temps, les gardes civils m’ont donné beaucoup de coups aux testicules, avec la main ouverte. Une des fois, je suis tombé par terre et alors un des gardes civils en uniforme a pris son pistolet et l’a mis contre ma tête. Les cris durant l’interrogatoire étaient très impressionnants et les coups aux testicules aussi. L’enfer ne faisait que commencer ! Juste après m’avoir dit qu’on m’appliquait le régime de mise au secret, ils m’ont fait aller en courant jusqu’à une voiture. Nous avons monté et descendu des marches et ils m’ont fait entrer dans une voiture. Il me semble que c’était une petite voiture parce que dans la partie arrière nous étions très à l’étroit. Ils m’ont dit que nous partions pour Madrid. Dans la voiture, il y avait deux gardes civils aux places de devant, et à l’arrière, moi avec deux autres gardes civils. Le garde civil qui se trouvait à ma gauche m’interrogeait et me donnait des coups sur la tête avec la main ouverte. Celui qui se trouvait à ma droite m’a mis un sac en plastique sur la tête, il l’a fermé en serrant ses mains autour de mon cou, ce qui m’asphyxiait. Il me l’a fait cinq ou dix fois avant d’arriver à Madrid. C’était la première fois qu’on me torturait avec cette méthode et j’ai eu très peur. L’air me manquait et ma tête tournait. J’avais peur, surtout en pensant au nombre de jours où j’allais rester entre leurs mains. Je les croyais capables de tout. Au péage de Burgos, je pense que c’était ça, ils ont arrêté la voiture. Celui à ma gauche est descendu pour uriner. À son retour, il m’a pris par le bras et il a voulu me faire descendre de la voiture en me menaçant de tirer sur moi, Il me disait que personne ne savait que j’avais été arrêté et que s’ils me tuaient personne ne le saurait. Je ne l’ai pas cru, parce que je pensais qu’une fois le document de mise au secret signé, ils devaient rendre publique mon arrestation. De toute façon tout est resté comme c’était et on a continué le voyage vers Madrid. Les menaces, les cris, les coups, le sac en plastique, tout a continué comme avant cet arrêt. Le pilote et le copilote n’ont presque rien dit de tout le voyage, mais à Madrid, l’un deux m’a fait entrer dans une salle et alors il m’a dit : « Durant le voyage je n’ai rien dit, j’ai écouté tous les mensonges que tu as dits, mais maintenant je suis ici et de gré ou de force tu vas dire ce que je veux entendre » et ils ont commencé à me frapper sur la tête et à me faire subir le supplice du sac en plastique. Je pense que nous sommes arrivés à Madrid vers 11h ou 12h. Ils m’ont fait descendre de la voiture, m’ont fait signer des documents (je ne me souviens pas desquels) et m’ont fait entrer dans une salle, l’enfer de cinq jours allait commencer. Les interrogatoires ont commencé tout de suite. J’étais tout nu avec un masque sur les yeux et ils ont commencé à me poser des questions : « D’où venais-tu ?, où allais-tu ?, avec qui avais-tu rendez-vous ?, où se trouvent les armes ?, où habites-tu ?... » Toutes ces questions au milieu des « fils de pute, on va te tuer, nous sommes la Garde Civile et nous allons te massacrer ; ta mère, quand elle a su qu’on t’avait arrêté a eu une attaque et elle est morte ; nous ne sommes ni la police basque ni la police espagnole, nous sommes la Garde Civile, nous allons te tuer ; tu as deux options pour sortir d’ici, ou sur une civière ou idiot parce qu’avec toutes les baffes qu’on va te donner tu resteras idiot pour la vie, sans neurones ; tu verras comme tu seras après tous ces jours entre nos mains, imbécile, tu préféreras alors être mort, imbécile !!!! ». J’avais peur. À cause du froid, de la peur… j’ai passé ces jours-la à grelotter, à pleurer. J’avais mal, peur et le temps n’avançait pas. Il me semblait qu’il s’était arrêté. Ils me donnaient des coups aux testicules, ils m’obligeaient à faire des pompes, mettaient ma tête dans un sac en plastique, une fois puis une autre fois et en plus quelquefois ils remplissaient le sac avec de la fumée et de l’eau, alors la sensation d’asphyxie était indescriptible. J’ai dû faire des milliers des pompes. Mes jambes ne me tenaient plus, je ne pouvais plus marcher, je tombais tout le temps. Pour m’emmener de la salle des interrogatoires à la salle où se trouvait le médecin, ils ont dû me prendre par les bras et me soulever. J’avais les muscles des jambes complètement durcis, je ne pouvais plus marcher. J’étais complètement cassé, détruit. Mais avant d’aller voir le médecin, on passait par les toilettes, ils me lavaient la figure, m’habillaient et c’est seulement après m’avoir rendu un peu plus présentable, qu’ils me faisaient entrer dans la salle du médecin. Ils m’ont frappé un nombre infini de fois avec une matraque. Ils me donnaient des coups sur la tête, sur le dessus et sur les côtés. Les coups étaient si forts qu’ après chacun d’eux je voyais comme des lumières. Je n’avais jamais été tabassé de la sorte et j’étais terrifié, mort de peur. Je ne savais pas combien de temps ma tête pourrait endurer ce traitement. Je ne pourrais pas dire en quoi était faite la matraque, mais ils frappaient de toutes leurs forces. Ils étaient fous, complètement fous et en plus l’un deux était saoul. Le 6 décembre c’était le jour de la Constitution et le garde civil saoul devait être en train de le fêter quand les autres ont fait appel à lui pour me torturer. C’était un des gardes civils qui, à Bilbao, était habillé en civil. Son haleine sentait terriblement l’alcool. Il m’a expliqué que les gardes civils qui torturaient étaient toujours les mêmes. Ils se relayaient tous les quatre mois. Les gardes civils de chaque équipe devaient être présents dans toutes les gardes à vue au secret durant ces quatre mois. Après c’étaient les autres qui assuraient la permanence. Je l’ai aussi entendu dire qu’il avait des problèmes d’argent. Je me souviens parfaitement du premier coup de matraque, même si après j’en ai reçu des milliers. Chaque fois que j’y pense, j’ai des frissons partout dans le corps. J’étais assis sur une chaise, tout en sueur et avec de fortes douleurs à cause des coups et du supplice du sac en plastique. Le coup de matraque a été donné du haut vers le bas. J’avais les yeux fermés, mais j’ai vu une espèce de lumière. J’étais terrorisé… ils étaient fous ! Je ne pouvais pas comprendre comment il était possible que quelqu’un puisse donner de tels coups, ils étaient complètement fous ! Je ne sais pas lequel m’a donné ce premier coup de matraque à la tête, mais cela ne fait rien, par la suite tous m’ont frappé. Si l’un des gardes civils avait mal au bras, il passait la matraque à un autre. Les coups étaient terribles. Quand nous sommes arrivés à Madrid, au début des interrogatoires, ils m’ont fait trois piqûres, une au cou, une autre dans la colonne


vertébrale et la dernière entre les omoplates ou un peu plus haut. Les deux premières piqûres je ne les ai pas senties, mais la troisième piqûre m’a provoqué une douleur très forte qui est descendue tout le long de la colonne vertébrale et je suis tombé par terre. Les tortionnaires se sont moqués de moi : « C’est une poulette, nous ne lui avons rien fait et il est déjà par terre. Lève-toi, merde ! » Je savais qu’ils m’avaient fait quelque chose, mais je ne savais pas quoi, mais cette douleur n’était pas normale, Je sentais que tout mon intérieur brûlait et que j’étais sur le point d’exploser. Tout à coup j’ai senti que mes genoux ne me tenaient plus et je suis tombé. Qu’est-ce qu’ils m’ont fait ? qu’est-ce qu’ils m’ont injecté ? je n’en sais rien. C’était le premier jour, il n’y avait même pas 24 heures que j’avais été arrêté. J’ai eu peur. Je ne sais pas ce qu’ils m’ont fait, mais je me souviens de leurs rires. Je l’ai dit au médecin légiste et elle m’a dit que j’avais quelques points rouges sur ces zones. Elle a vu les marques sur mon dos et l’égratignure sur mon ventre, je me souviens qu’elle était surprise de voir que le lendemain je n’avais plus rien. Les tortionnaires m’ont appliqué une pommade là où j’avais des marques. J’avais toujours les yeux masqués et je me sentais comme une marionnette. Ils pouvaient faire tout ce qu’ils voulaient de moi et en plus je ne pouvais rien voir. En vérité les personnes qui n’ont pas été torturées ne peuvent pas s’imaginer la souffrance et la peur par lesquelles on passe. Douleur, peur, sacrifice… tout est si terrible qu’on préfère mourir plutôt que de continuer à subir cette énorme souffrance, cette douleur, cette peur, douleur, peur… ce sont des mots qui se repètent sans cesse. Même si je remplissais toutes ces pages avec les mots douleur et peur, je n’arriverais pas à expliquer ce que j’ai ressenti pendant tous ces jours au secret. Ce ne sont pas des êtres humains, ce sont des tortionnaires et je suis sûr qu’ils jouissaient en faisant cela. Le troisième ou quatrième jour, je ne me souviens plus bien quel jour c’était, j’étais déjà complètement cassé, ils m’ont laissé dans une espèce de couloir. Nu, avec les yeux masqués, plein de coups, mouillé… ils ont commencé à me prendre en photo comme si j’étais leur trophée. Je sentais comme ils prenaient la pose entre les ricanements et en me frappant en même temps sur la tête. J’avais la tête comme une citrouille. Le sac en plastique, des cris, des coups avec la main, le supplice de la baignoire, le tuyau d’arrosage, le bâton par l’anus… c’était trop. Il faut ajouter que je ne dormais pas, alors vous pourrez imaginer quelle tête j’avais. Je n’étais pas capable de dire quelque chose de cohérent, je pensais que ma tête était arrivée à son point-limite et que je resterais handicapé mental à vie. C’est difficile d’expliquer cette sensation. Je pense que toutes les personnes sont capables de créer des images dans leur tête et en même temps de parler et d’expliquer ce qu’elle a dans la tête. Je ne pouvais pas. Je disais la première chose qui me passait par la tête. Ils me posaient une question, je répondais et tout à coup une autre idée me passait par la tête et j’en parlais. Je ne pouvais plus contrôler ma tête. Par exemple : « D’où venais-tu ? je marchais par le Miota parce qu’Udalaitz c’est très joli et le triathlon… est un sport très chouette ». Je parlais de toutes les images qui defilaient dans ma tête. J’avais peur à l’idée que j’allais rester comme ça pour le restant de ma vie. Et le deuxième jour n’était pas encore arrivé. Je comptais les jours en fonction des visites au médecin légiste. C’était la deuxième fois que j’étais arrêté et qu’on m’appliquait le régime de mise au secret et je savais que le temps passe très lentement, mais la première fois que j’ai vu le médecin légiste, je pensais qu’on était déjà la nuit du samedi et il m’a dit que non, qu’on était que le vendredi à midi. Il ne s’était pas encore passé 24 heures depuis mon arrestation. Je pense que pendant les interrogatoires, il y avait trois ou quatre personnes. Je le pense à cause du nombre de voix, mais peut-être qu’il y en avait plus qui ne disaient rien. Ils me disaient que toutes les heures l’équipe changeait et cela me désorientait, je me reprenais un peu lors de la visite chez le médecin légiste. Après le samedi les choses se sont encore plus compliquées. Ils m’ont dit qu’ils avaient arrêté d’autres personnes. Je ne savais pas qui, mais j’entendais qu’ils torturaient quelqu’un d’autre. J’entendais des cris, des bruits de porte, des cris et des coups de matraque. Peutêtre que c’est difficile à comprendre ce que je vais dire, mais le fait de savoir qu’il y avait une autre personne arrêtée m’a soulagé, parce que je pensais que pendant qu’ils seraient avec elle, ils me laisseraient tranquille. J’ai honte de le dire, mais, à ce moment-là, c’est cela que j’ai ressenti. J’avais besoin de me reposer, je n’en pouvais plus. J’avais mal partout, j’étais terrorisé… c’était trop. Mais à mesure que les heures passaient, ils devenaient plus violents : « Il faut frapper jusqu’à ce qu’il parle ou qu’il meure ». Ils me disaient que les gardes civils étaient des militaires et que comme leurs supérieurs leur avaient dit de me torturer, ils le faisaient avec plaisir. Que s’ils ne me tuaient pas à ce moment précis c’était parce qu’ils voulaient me faire souffrir. Et ils ont continué à le faire. Une fois, alors que j’étais tout nu, ils ont commencé à me verser de l’eau très très froide, gelée, sur la tête. Ils m’ont dit qu’ils allaient m’appliquer des électrodes et que si j’étais bien mouillé, je sentirais la décharge beaucoup plus fort. Les tortures augmentaient à mesure que le temps passait. Pompes, cris, hurlements, coups, le sac en plastique, les coups de matraque… tout cela sans arrêt. Ils m’ont fait sortir de la salle où nous étions pour me faire entrer dans une autre. J’avais les yeux masqués, j’étais nu et les bras en croix, alors ils ont commencé à verser sur moi des seaux d’eau glacée. Ils appelaient cela « l’ange nerveux ». En plus de crever de froid, je n’arrêtais pas de trembler, j’ai eu une crise de panique. Ma tête et mes mâchoires se sont bloquées. Il me semblait que ma tête allait exploser et que mes mâchoires étaient complètement paralysées. Je pensais qu’après tous les coups, le supplice du sac en plastique… ma tête devait être à une température assez élevée et qu’avec le contraste entre cette température et celle de l’eau, elle allait éclater à l’intérieur. Quand ils ont vu que je tremblais tellement, ils m’ont dit en rigolant : « Tranquille, maintenant on va te couvrir et tu vas être super bien ». Je savais que les choses allaient empirer, mais je ne pensais pas que ce serait à ce point. Ils me disaient tout le temps que je payerais pour ce qui s’était passé à Capbreton, qu’il fallait payer pour cela et que j’étais là pour ça. Ils ont pris un matelas et avec coups, cris et menaces, ils m’ont enveloppé dedans. Ils l’ont attaché avec de l’adhésif ou quelque chose comme ça. Ils m’ont mis par terre, m’ont attaché un câble au gros doigt de la main gauche et un autre à la droite, mais celui-ci attaché avec du ruban adhésif. Ils m’ont menacé de m’appliquer de l’électricité, j’ai entendu le bruit d’un fort courant électrique, mais je n’ai rien senti. J’avais très très peur. Ils continuaient à avoir une attitude très violente envers moi. C’est alors qu’ils m’ont fait subir la torture qu’ils appelaient « le tuyau d’arrosage » ou « Acuapark ». Personne ne peut comprendre ce qu’on ressent quand on te fait subir ce supplice. Ils m’ont fait sortir du matelas, m’ont jeté par terre dessus. Ils m’ont immobilisé les bras, les jambes et la tête, en même temps ils jetaient de l’eau sous pression sur la bouche et le nez (à la hauteur de la moustache). J’essayais de maintenir la bouche et le nez fermés, mais il arrive un moment où on doit ouvrir la bouche pour prendre de l’air, alors ils profitaient de ce moment-là pour me jeter des seaux d’eau sur la figure. J’ai avalé beaucoup d’eau, mais le pire de tout est la sensation d’étouffement, la sensation de la mort. Un exemple, quand on est en train de boire de l’eau et qu’on s’étrangle, on étouffe et on commence à tousser, donc imaginez qu’alors on vous mette encore plus d’eau dans la bouche. C’est terrible. Ces séances furent terribles. Chaque fois que j’y pense, j’ai encore peur. Cette première séance s’est finie par des bousculades. Je n’en pouvais plus et j’ai commencé à résister. J’ai pu libérer mes bras et


mes jambes. Je pense que j’ai dû griffer un des gardes civils. Je suis devenu comme fou, je n’arrivais plus à contrôler mon corps ni ma tête. C’était une lutte provoquée par le désespoir et il me semble que j’ai griffé un des gardes civils à la figure. Aux séances suivantes, ils m’ont attaché les bras et les jambes en utilisant des morceaux du matelas. Comme j’étais complètement immobilisé, j’ai souffert beaucoup plus que la première fois. Il y a eu au total 6-7 séances. Une des fois, j’ai eu une crise de panique ou quelque chose comme ça. Je ne connais pas trop tout cela, mais je sais très bien ce que j’ai ressenti. Mon cœur battait très fort et très vite, il me faisait physiquement mal. J’ai commencé à crier, je ne pouvais plus m’arrêter de le faire, je ressemblais à un fou, je m’agitais, je luttais contre tout ce qui se trouvait à ma portée. Chaque fois que j’y pense, je tremble encore en me souvenant de l’écho de mes cris entre les murs de la salle. J’ai l’impression que mes cris sont restés collés aux murs. Une séance d’Acupark est terrible et je pense qu’une personne qui n’est pas passée par là, ne peut pas se faire une idée de la souffrance que cela représente. Je ne trouve pas les mots pour l’expliquer. Je tremble encore rien qu’en y pensant. Je n’en étais encore qu’à la moitié de la période de mise au secret. Je me souviens qu’ils m’ont emmené à la cellule. Avant d’y entrer, ils m’ont habillé. J’ai pleuré. J’ai explosé. Je n’en pouvais plus. J’étais complètement brisé. Qu’est-ce qu’ils pouvaient me faire de plus? Les choses ne se sont pas améliorées. Cris, menaces, pompes, sac en plastique, coups de matraque, tuyau d’arrosage… dans un des interrogatoires, ils m’ont fait prendre un bâton. Ils ont commencé par dire qu’ils allaient me le mettre dans l’anus et qu’il fallait que je commence par me familiariser avec lui, qu’il fallait que je le prenne entre mes mains. A ce moment-là, j’avais la tête complètement vide, j’entendais à peine leurs menaces, leurs cris et je ne disais que « Eh ? ». Ils s’en moquaient tout le temps, sans s’arrêter de me frapper ; ils disaient que j’étais déjà devenu idiot. Durant les interrogatoires, si je ne disais pas ce qu’ils voulaient entendre, ils me disaient qu’il y avait deux options : « la porte de gauche ou celle de droite ». Il semblait qu’il y avait deux autres salles qui côtoyaient la salle où nous nous trouvions. Tout au long de ces jours, j’ai choisi une fois celle de droite et d’autres fois celle de gauche, mais les deux portes donnaient au même endroit ou du moins au même supplice : le tuyau d’arrosage ou l’Acuapark. Chaque fois que je devais choisir une porte, je devenais fou. J’étais conscient de ce qui m’attendait. Je commençais à résister, à lutter, à m’agripper à tout, aux portes, à l’encadrement de la porte… mais, c’était impossible. Ils étaient plus forts et plus nombreux. L’eau était très froide. Le niveau de stress très élevé. Je me souviens qu’ils rigolaient et disaient que je serais le détenu le plus propre qui serait jamais passé devant un juge. À partir d’un moment, j’ai complètement perdu la notion du temps. Je ne sais pas quand ils m’ont fait telle chose et quand telle autre, mais je sais très bien ce qu’ils m’ont fait. Je suis sûr que si quelqu’un pouvait entrer dans ces salles, il entendrait mes hurlements. Une fois, ils m’ont dit que je devais manger, mais je ne voulais pas, parce que je n’avais pas confiance en eux. Ils auraient pu mettre quelque chose dans la nourriture. En plus, je pensais que si je mangeais et qu’après ils me faisaient une séance du supplice avec le tuyau d’arrosage, le plus sûr est que je vomirais… je ne voulais pas y penser. Ils m’ont mis dans la bouche un petit gâteau de façon très violente et après ils m’ont obligé à boire un coca-cola. Je dû me mettre à quatre pattes et lécher le coca directement du verre. Rapidement, ils m’ont enveloppé avec le matelas, m’ont soulevé, m’ont emmené dans une autre salle et m’ont fait subir le supplice de la baignoire. Ils me tenaient, me plongeaient dans la baignoire et me ressortaient. J’ai avalé beaucoup d’eau. Depuis le début, ils me menaçaient de me faire subir ce supplice. Ils me disaient qu’ils étaient en train de remplir la baignoire, qu’ils pissaient dedans, mais je crois que l’eau était propre, mais très froide. Je haïssais l’eau. Je ne voulais plus entendre le mot « eau ». Je me suis promis à moi-même de ne plus boire d’eau. Ensuite, encore plus de séances de cris, menaces, pompes, coups, le sac en plastique, les coups de matraques, le tuyau d’arrosage, la baignoire… Une fois, ils m’ont obligé à ouvrir la bouche et ils m’ont introduit quelque chose en fer dedans. Je sais que c’était en fer parce que, quand j’ai fermé la bouche, je l’ai senti au contact de mes dents. Ils ont commencé à me pousser. J’ai compris quand ils me l’ont mis dans la main que ce qu’ils m’avaient introduit dans la bouche c’était un pistolet. A ce moment-là, ils ont pointé cette arme contre la poitrine d’un de mes tortionnaires et m’ont dit de tirer. J’ai eu encore une autre séance du supplice de la baignoire et quatre du tuyau d’arrosage. Je ne me souviens pas trop dans laquelle ils m’ont introduit un bâton dans l’anus. Ils m’ont obligé à me mettre à quatre pattes, en me disant qu’ils allaient me faire la même chose qu’à Agote1. Ils l’ont dit et et ils l’ont fait. Ils m’ont mis le bâton dans le cul. La première fois qu’ils ont essayé, ils ne sont pas arrivés à le mettre et à la fin ils m’ont mis sur le dos, avec les jambes vers le haut et à ce moment-là, ils me l’ont mis. J’ai ressenti de la douleur, de l’hystérie, de la panique. Ils étaient fous. Cet enfer n’allait jamais finir. Vraiment ces jours ont été très durs. J’ai pleuré. J’étais complètement brisé. Je voulais que tout cela finisse et si pour cela je devais accuser les personnes que j’aimais le plus, j’étais prêt à le faire. C’était un enfer sans fin. Je me souviens de mes cris de terreur. C’est bien que maintenant tout cela soit fini. J’étais physiquement brisé et psychologiquement pire encore. Je n’avais plus de voix. J’avais crié tellement fort que je suis resté sans voix. Finalement, nous en sommes arrivés à la déclaration du lundi. Je dois expliquer que nous avons préparé les déclarations une heure avant de les faire. Ils me disaient ce que je devais dire, si je me trompais, l’instructeur me corrigeait. Je n’ai pas vu l’avocat nommé d’office, les gardes civils m’avaient interdit de le regarder. Ils m’ont dit que si je ne faisais pas la déclaration, je le payerais très cher. Je pense que l’avocat était assis derrière moi. La nuit du lundi, après avoir fait la dernière déclaration, ils m’ont ramené à la cellule. J’ai entendu qu’un garde civil disait à un autre : « Laissez-le se coucher, qu’il dorme, s’il veut. Nous n’allons plus rien à lui faire ! ». Je ne crois pas en Dieu, mais s’il y a quelqu’un là-haut, j’aurais voulu le remercier. C’était fini. L’enfer était fini. Mais, ce n’était pas vrai. Il ne s’était même pas écoulé 30 minutes-1 heure, qu’ils venaient me chercher pour m’emmener dans une salle. Finalement, il allait se passer ce qu’ils m’avaient dit le premier jour : j’allais passer les 120 heures de régime au secret sous la torture. Je suis sorti de la cellule habillé, alors ils m’ont fait me déshabiller et un garde civil que je ne connaissais pas a parlé. Il a commencé par me donner des baffes tellement fortes que le masque a un peu bougé et j’ai vu qu’il portait des gants en laine de couleur verte. Il m’a frappé si fort qu’il m’a blessé la bouche à l’intérieur. Il me tirait aussi les cheveux. En prison, je me suis rendu compte qu’il me manquait des cheveux au-dessus de l’oreille gauche. Ma bouche s’est remplie de blessures. Mais la nuit ne faisait que commencer. Ils ont continué comme toujours, avec le sac en plstique, les coups de matraque, les pompes, les tiraillements de cheveux… et alors ils m’ont fait quelque chose de nouveau. Ils m’ont attaché très fort les testicules et le pénis avec une corde et ils ont tiré dessus. Quand j’ai commencé à saigner du pénis, ils ont arrèté. La douleur était terrible, parce qu’en plus, ils me donnaient des coups sur les testicules. Ils m’ont fait « l’ange nerveux » et m’ont menacé des électrodes et du tuyau d’arrosage. Je n’en pouvais plus. J’ai passé toute la nuit comme ça. Ils m’ont laissé avec la bouche toute blessée à l’intérieur, la tête toute gonflée à cause des coups, les testicules violacés, tout me faisait mal, j’étais terrifié… abattu, brisé !!!


Une heure avant de sortir de la caserne, l’instructeur est venu pour me dire que tout était fini, que je devais dire devant le juge les mêmes choses que j’avais déclarées au commissariat, que sinon, il me le ferait payer très cher. Je me souviens que j’étais assis sur une chaise, il a mis son bras autour de mes épaules et m’a dit à l’oreille : « Bon, comment est-ce que nous t’avons traité ? ». Je ne pouvais pas croire qu’il avait le culot de me demander ça. « Tranquille, dis-moi la vérité, je ne vais plus te frapper !! ». J’ai déchargé toute ma bile. Je l’ai insulté. Je lui ai reproché toutes les tortures qu’ils m’avaient fait subir, sa réponse a été un gros éclat de rire. Il m’a demandé si je voulais prendre une douche, je lui ai répondu que non, que je voulais que le juge puisse voir dans quel état ils m’avaient laissé. J’étais sûr que le juge ne ferait rien, mais je pense, j’en suis sûr, qu’un jour mon image lui apparaîtra devant les yeux et qu’alors il aura honte de lui-même. Néanmoins, les gardes civils m’ont lavé la tête pour que je sois un peu plus présentable et ils m’ont donné des vêtements propres. Le mardi, vers 9h (je sais l’heure parce qu’après avoir signé, un des gardes civils l’a dite), ils m’ont fait sortir du commissariat. J’ai laissé là mes cris, les menaces, les coups, les coups de matraque, le supplice de la baignoire, du tuyau d’arrosage, le bâton, les tiraillements des cheveux… et pas mal de choses m’appartenant : vêtements, lunettes, livres, ordinateur… Ils m’ont conduit au Tribunal dans un fourgon. j’avais les mains attachées dans le dos. Au Tribunal, on m’a emmené voir le médecin. Cette fois, je lui ai raconté toutes les tortures que j’avais subies. Le médecin m’a avoué qu’il avait pensé que les gardes civils me torturaient en voyant l’aspect que j’avais au commissariat. Quand j’ai fait l’audition devant le juge, j’étais complètement zombie. Il faut dire que deux heures avant, les gardes civils étaient encore en train de me torturer. Comme je me trouvais tout vidé de ma substance, sans volonté, sans rien, que je ne pouvais pas parler, alors je n’ai rien voulu dire devant le juge. Je n’étais pas en condition pour répondre à ses questions. J’ai dénoncé la torture que j’avais subie et j’ai compris qu’il m’envoyait en prison en régime de mise au secret. L’avocat commis d’office a demandé au juge la possibilité de me voir dans la cellule du Tribunal, mais le juge lui a dit que ce n’était pas possible parce que je restais au secret. L’avocat commis d’office, après avoir entendu mon témoignage, a demandé ma liberté sans caution, a dit que j’avais été torturé, a exigé qu’on en finisse une fois pour toutes avec la torture et la garde à vue au secret. Du Tribunal, ils m’ont conduit à la prison de Soto del Real, à Madrid, en régime de mise au secret. J’étais tout endolori, détruit, cassé. En prison, on m’a mis dans une cellule sans que je puisse voir personne. Avant d’entrer dans la cellule, j’ai demandé à voir un médecin. Je ne me sentais pas bien du tout, j’avais la tête endolorie, gonflée, la bouche toute blessée à l’intérieur, les testicules violacés… La seule chose que le médecin a faite, sans même se lever de la chaise, a été de me donner quelques pilules d’ « Ibuprophène » pour que le gonflement de la tête s’atténue un peu. Rien d’autre. Le lendemain, le mal de tête a augmenté et un médecin ou une infirmière (je ne sais pas qui c’était parce que j’étais dans la cellule et qu’on a seulement ouvert l’oeilleton de la porte) m’a donné du « paracétamol ». Je suis resté dans la cellule sans sortir du mardi jusqu’au vendredi. J’ai dit aux foncionnaires que même si j’étais au secret, j’avais droit à la promenade, mais ils m’ont répondu que dans le quartier où je me trouvais il n’y avait pas d’endroit où se promener. Je sais qu’ils mentaient, parce que je sais que je me trouvais dans le quartier d’admissions. J’ai utilisé ces jours-là pour me remettre un peu, pas complètement, pour cela il a fallu plus de temps. Si j’entends un bruit quelconque quand je dors, je me réveille et je me mets rapidement debout. La garde à vue au secret a été très longue et je souhaite que ce régime et la torture disparaissent à jamais. Dans la prison, les premiers jours, j’ai eu de la diarrhée, je ne sais pas si cela a une relation quelconque avec le bâton que mes tortionnaires m’ont introduit dans le cul. Les gardes civils me disaient que dans l’eau des seaux il y avait du « pentotal ». En réalité l’eau avait un goût bizarre. Je ne sais pas ce qu’est le « pentotal » ni à quoi ça sert, et encore moins l’odeur ou le goût qu’il a, mais si je pouvais le sentir ou le goûter, je saurais dire avec certitude s’il a la même odeur et le même goût que l’eau des seaux. La dernière chose que je voudrais ajouter à ce témoignage est que quand les détenus arrivent en prison, ils ont la possibilité, s’ils le veulent, de faire une prise de sang. Hier, 28 décembre, comme personne ne m’en disait rien, je suis allé voir le médecin pour lui demander pourquoi ils ne me l’avaient pas faite. Après avoir regardé le jour de mon arrivée en prison il m’a répondu : « Comment, on ne te l’a pas encore faite ? Je ne comprends pas ». Après cette réponse, mes doutes ont augmenté, mes tortionnaires m’ont injecté quelque chose avec les piqûres qu’ils m’ont faites dans le dos et on veut cacher cela ? Je ne sais pas si durant ma garde à vue les gardes civils m’ont injecté quelque chose ou non, et il y a déjà un mois de passé, il n’y a aucune possibilité de le savoir. J’ai un peu peur et je suis inquiet, je pense que toute personne dans cette même situation le serait aussi. Je me souviens que pendant la garde à vue au secret mon urine était d’une couleur rougeâtre. Je pense que c’était à cause des coups que j’ai reçus sur les testicules. Une des fois, ils m’ont fait uriner sans m’enlever le masque. Ils m’ont dit que le WC était juste devant moi, mais ce n’était pas vrai, parce que quand j’ai commencé à uriner, je me suis mouillé les pieds (j’étais pieds nus). Finalement, je vais dénoncer une autre chose : au moment de mon interpellation je portais un grand sac à dos avec des vêtements, baskets, lunettes, lentilles cornéennes, livres, sac de couchage et beaucoup d’autres choses. Mais à la sortie du commissariat je n’avais plus qu’un pantalon, un imperméable, ma montre, un bracelet, les vêtements que je portais lors de l’arrestation et rien d’autre. Ils ont gardé tout le reste et j’ai peur de l’usage qu’ils peuvent faire de ces affaires. 1er janvier 2008 Maison d’arrêt de Soto del Real

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askatasuna.eh@free.fr www.askatu.org Déjà plus de 80 personnes interrogées dans la procédure sur les bars abertzales, plus de 180 toutes procédures confondues depuis septembre 2007 en Ipar Euskal Herria. ASKI DA! ERREPRESIOA EZ DA BIDEA! Manifestation à Ziburu le 21 février 2009 à 16h Ces dernières années, en plus d’intensifier encore la répression menée depuis des décennies contre les prisonniers et réfugiés politiques basques et leurs proches, le gouvernement français a décidé de s’attaquer de front à toute un pan de la société d’Ipar Euskal Herria, celle qui se montre solidaire des premiers et qui porte et construit jour après jour les projets de la gauche abertzale. Nous avons affaire à une multiplication de procédures qui visent à criminaliser un projet politique et ceux qui le mènent, à les détourner de ce travail de construction en les obligeant à se défendre et à se justifier sans cesse et à diviser la société basque. Tous les moyens sont bons pour cela et les juges en charge de cette attaque politique ne se donnent même plus la peine de rendre les prétextes crédibles. C’est du harcèlement. La procédure visant les bars abertzale en est un exemple important, et particulièrement d’actualité puisque cette semaine encore, 25 policiers et un Procureur sont venus de Paris pour une énième opération lors de laquelle au moins 10 personnes ont été longuement interrogées (dont 3 arrêtées avec perquisition de leur domicile) dans un contexte de fortes pressions sur le soutien ou le travail qu’elles ont fourni à l’un ou l’autre de ces bars et, encore et toujours, sur toute la militance basque. Le prétexte du blanchiment permet au passage, en plus de la criminalisation déjà citée, de s’en prendre une fois de plus à un projet euskaldun, populaire, en l’occurence des lieux de vie, de réunion, d’information, d’organisation des mobilisations et de la solidarité... le contraire absolu du modèle social défendu à coups de matraque par le pouvoir en place du « chacun chez soi et chacun pour soi ». Or, tout ce qui a été construit en Euskal Herria l’a été de cette façon, qu’il s’agisse d’éducation, d’agriculture,

de culture, de travail social ou politique: par le soutien financier et le travail quotidien d’un grand nombre de personnes. Et ce travail continuera. Ces jours-ci, le nombre de personnes convoquées ou arrêtées dans ce dossier a dépassé les 80. Ce chiffre ne tient compte que des personnes directement visées par cette procédure (gérants, salariés, comptables, personnes ayant soutenu les projets par un don financier ou ayant participé à leur création). Si on y ajoute les personnes arrêtées ou convoquées autour de l’affaire dite de Ducasse (16 arrestations plus des dizaines et des dizaines de convocations notamment dans l’entourage de chaque prisonnier), les personnes arrêtées ou convoquées dans le dossier d’EHAK (rafle des responsables de Batasuna), les personnes arrêtées ou convoquées autour des diverses mobilisations de soutien aux premiers (personnes ayant participé à des manifs (voir affaire des mineurs) ou ayant collé des affiches ou fait des graffitis), les personnes interrogées à l’occasion de contrôle routiers, nous arrivons à 180 et nous ne pouvons bien sûr tenir compte que des cas qui nous ont été signalés. Tout cela sur la base ou en conséquence de montages policiers et judiciaires poursuivant tous, une fois encore, le même but politique: écraser la gauche abertzale. Nous refusons cette situation et nous la refuserons toujours. Nous exigeons l’arrêt immédiat de cette répression imbécile, l’abandon de toutes les procédures en cours et le respect des droits de chacun à construire son présent et son avenir. Pour cela, nous appelons à une manifestation qui partira de la place de Ziburu samedi 21 février prochain à 16h sous le slogan ASKI DA! ERREPRESIOA EZ DA BIDEA! Euskal Herria, le 12 février 2009



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