Decroly flash avril 2009

04/09

Le journal de l’Association des amis de l’école publique Decroly 49, avenue Daumesnil – 94160 Saint-Mandé

T é l . : 0 1 4 3 6 5 9 9 1 7 – E m a i l : a s s o @ e c o l e d e c r o l y. c o m – w w w. e c o l e d e c r o l y. c o m

Evaluer : Pourquoi ?

Pour qui ?

Comment ?

Dossier p.5

Retour sur ...

“L’individu & le collectif”

Des nouvelles du Conseil Général du Val-de-Marne

Résumé et réflexions autour de la réunion à thème du 6 février. Lire p.10

Petit résumé des derniers échanges et actions à venir. Lire p.2

Edito

Le mot de la présidente Decroly Flash change de format et s'étoffe !

Pour densifier son contenu et faciliter sa lisibilité, nous avons décidé de changer le format du Decroly Flash. Il prendra dorénavant l'aspect de ces petits journaux gratuits : léger, pratique à lire et riche en lectures.

Au menu de ce nouveau numéro :le thème de l'évaluation nous a paru être un dossier important suite aux polémiques sur les évaluations du CM2 qui ont animé l'espace public et interne et pour lesquelles nous avons souhaité apporter des éclaircissements et contribuer aux débats. Vous retrouverez également les rubriques : l'écho des archives, le billet d'humeur, le point reconstruction et l'agenda. Il nous manque encore des contributions des élèves et des parents. N'oubliez pas que ce journal est le vôtre.

Nous comptons sur vous.

Le prochain numéro sera en couleur, car il aura pour thème "Les Ateliers". Nous avons souhaité l'illustrer des travaux et ouvrages réalisés par nos enfants. Nous faisons d'ores et déjà un appel à vos contributions.

Une reconstruction ajournée ?

Le Conseil Général nous a manifestement relégué au fond d'un tiroir et notre reconstruction ou même simplement notre rénovation semble fortement compromise. La crise aidant, les budgets sont restreints et l'effort financier du Conseil Général vise à l'unique entretien des collèges… Un dossier à lire ci-après et à suivre encore et toujours …

Bonne lecture !

Des nouvelles du Conseil Général ( d e c . 0 8 - m a r. 0 9 ) Les membres de l’association assurent des contacts réguliers avec le Conseil Général du Val-de-Marne pour faire avancer le dossier de la reconstruction de l’école... Pas facile tous les jours... Petit journal de nos derniers échanges.

Par Ruth Herzberg 11 décembre 2008 Depuis notre rencontre avec M. Hervy le 11 décembre dernier, nous avons tenté de prendre contact avec M. Desmarest, sans succès.

petit agenda decrolyen Journées de circulation les samedi 20 & dimanche 21 juin Prochain Decroly Flash “Bilan des ateliers”, sortie le mi-juin

Comité de rédaction de ce numéro : Ruth Herzberg, Emmanuelle Car, Claudine Watigny, Pierre Barougier, Yann Geffriaud, Sylvain Wagnon, Dominique Labays Mise en page :Alice Simonet-Nkouka Photos : Alain Bachellier et Gaston Bergeret.

Pour toute remarque,pour participer, pour proposer des articles :asso@ecoledecroly.com Le Decroly Flash estaussi en ligne (et en couleur !):www.ecoledecroly.com/Decroly Flash

Decroly Flash 04/09

11 février 2009 Après insistance, nous avons eu un entretien téléphonique avec M. Hervy. Aux termes de cet entretien qui fut cordial, mais vif, nous n'apprenions pas grand-chose de nouveau.

En résumé : Ni lui, ni M. Desmarest ne sont disponibles pour nous voir. Non par volonté délibérée, mais par indisponibilité et parce qu'ils n'ont rien de plus à nous dire que lors du rendez vous de décembre.

Tout d'abord, M. Hervy m'a assurée que la rumeur qui court sur la vente du terrain pour une opération immobilière à St-Mandé est fausse.

La vérité, dit il, c'est ce qui sera issu du vote du budget.

Il me reprécise que le Conseil Général continue de travailler sur les perspectives qu'il avait déjà évoqué avec nous - recherche des subventions de l'Etat pour la maternelle et le 1er degré - recherche d'une réhabilitation avec maintien sur site M. HERVY réaffirme le soutien du Conseil Général à l'école et précise que l'établisse-

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ment fait partie de leur préoccupation, qu'ils recherchent des solutions. Néanmoins, Decroly n'est pas le centre du monde (sic).

Ce qu'il sait c'est que Decroly est inscrite au Plan Pluri-annuel d'Investissements (PPI), c'est-à-dire que l'école fait partie des quelques établissements qui vont nécessiter des investissements de reconstruction ou réhabilitation, qu'il y aura une solution trouvée et proposée. Que ce qui sera décidé, le sera avec nous. Mais rien sur ce qui va se voter au niveau du budget en mars.

Ce qu'il prétend ne pas savoir, c'est quelle sera l'enveloppe globale attribuée aux collèges et donc à Decroly.

Il esquive quand je parle de demande prévisionnelle : il ne dit pas si ce qu'ils vont demander dans le PPI c'est une petite enveloppe de fonctionnement ou une somme permettant ne serait ce qu'un début de travaux de réhabilitation.

M. Hervy dit qu'il veut rester prudent. Compte tenu non seulement de la crise financière qui a fait baisser le budget, mais également du fait qu'à chaque fois que le Président de la République prend la parole, c'est pour priver les collectivités territoriales de revenus ou alourdir leur domaine de compétence.

Il dit ne pas vouloir promettre quelque chose qu'il ne sait pas lui même et dont il ne maîtrise pas l'avenir.

Je me suis défendue lorsqu'il a insinué que nous avions, lors de la réunion d'avril 2007, décidé nous même de ne pas nous déplacer pour faire les travaux (sous entendu : vous avez signé votre propre mort).

Je lui ai rappelé que cette réunion suivait l'arrêt du projet de reconstruction (suite au vote du budget en mars 2007) et qu'il s'agissait de de prendre la décision de déménager ou non durant les travaux du plomb. Que nous avions évoqué le risque de "mort" de l'école si nous étions déplacés 5 ans. Je lui ai même dit que compte tenu de la crise et de leur report incessant de reconstruction, ce n'est pas 5 ans que nous serions restés à St-Maur, mais plus et que cela aurait totalement signé la mort de l'école. J'ai souligné l'impression qu'il refaisait l'histoire. J'ai défendu la position de relégation toujours servie à l'encontre de Decroly, et les conditions de travail, ainsi que la responsabilité du Conseil Général dans le bon fonctionnement et les bonnes conditions de travail des élèves.

Il a redit que pour lui tout reste possible : une reconstruction, mais avec déplacement temporaire des élèves, une réhabilitation et m'a redit l'inscription au PPI. Il nous reproche néanmoins que l'association ne soutienne pas les demandes du Conseil Général auprès de l'Etat pour l'obtention d'un statut et de subventions.

Il dit même que si le Conseil Général avait obtenu (ou obtenait) un rendez-vous avec M. Darcos pour Decroly, qu'il nous associerait au rendez-vous.

Il nous recommande de ne pas nous inquiéter et que les responsables du Conseil Général nous reverrons après le vote du budget pour avancer ensemble. Qu'ils ne feront rien sans partenariat avec nous.

14 février 2009 Nous réunissons un Conseil d’Administration d'urgence avant les vacances d'hiver. Nous décidons d'aller voir et/ou d'écrire aux élus du Conseil Général faisant partie de la 6è Commission chargée de l'enseignement et des collèges. Nous souhaitons alerter les élus sur la nécessité de s'intéresser à l'école et leur donner des informations sur l'établissement et son historique "reconstruction" notamment.

Au cours des vacances, nous voyons ou parlons à trois élus : Mme Pierre, Mme Catherine Procacia, M. Capitanio.

Mme Liliane Pierre, Présidente de la Commission Enseignement, élue PC à Fontenay-sous-bois vue par Pierre Barougier et Saïd Lakel Résumé de l'entretien Elle pense qu'il n'y a pas de budget prévu pour Decroly. Elle va néanmoins vérifier et doit revenir vers nous pour nous le confirmer et nous donner des informations plus précises.

Elle nous a également laissé son numéro de téléphone au Conseil Général ainsi que son numéro de portable au cas où nous n'aurions pas de ses nouvelles rapidement.

La 6è commission "Education" s'est déjà

réunie, mais le document de synthèse n'est communicable que le jour du vote du budget (c'est donc étonnant qu'elle ne puisse pas nous dire avec plus de certitudes ce qu'ils ont prévu de voter le 16 pour l'école. Elle explique cela par le fait que c'est M. Desmarest qui est en charge des collèges et pas elle).

Nous lui avons remis les documents (lettre, plaquette, présentation de l'école et historique) et présenté oralement l'école. Elle nous a consacré près d'une heure et a lu l'historique devant nous. Elle connaissait l'école par M. Bayeurte, l'ancien Maire de Fontenay, avec qui elle avait souvent eu l'occasion d'en parler.

Mais elle avait l'air de manquer d'informations depuis. Nous lui avons proposé de venir visiter l'école, ce qu'elle nous a promis de faire dès qu'elle trouverait le temps.

Après avoir passé un coup de fil au bureau de M. Hervy, elle nous a dit que c'était M. Eroukhmanoff qui était sensé siéger au CA d'établissement et que Gilles Saint-Gal était son suppléant. Liliane Pierre siège déjà à d'autres CA d'établissements et n'a pas beaucoup de temps, mais serait néanmoins

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prête à demander à être chargée de Decroly à la place de M. Eroukhmanoff (qui n'y assiste jamais !), sous réserve que ce dernier accepte.

Mme Catherine Procacia, membre de ladite commission, élue UMP à Vincennes, qui a parlé avec Floriane Buvat Dans un premier entretien téléphonique du 9 Mars, Catherine Procaccia affirme qu'elle connaît le dossier DECROLY depuis longtemps même si elle n'a pas mis les pieds à l'école depuis plusieurs années.

Son constat, c'est que depuis plusieurs années le Conseil Général ne soutient plus l'école, la considérant comme une école pour enfants de riches, sur un territoire de riches (St Mandé).

Donc, selon elle, Decroly ne fait pas partie des priorités du CG et elle met sur le même plan l'annulation de la rénovation du collège ST EX à Vincennes. En d'autres termes, le Conseil Général ne s'intéresse pas aux villes de droite, d'après elle, et, Decroly serait mis dans

le même sac, d'autant plus qu'ils ne seraient pas convaincus de l'intérêt ou de l'efficacité de la pédagogie Decroly.

Son conseil : faire ressortir au niveau du Conseil Général 1) l'intégration des enfants différents et 2) le nombre de familles modestes ; et que chaque famille d'enfant différent puisse rencontrer le conseiller général de sa ville afin de défendre le projet Decroly.

numéro de téléphone. Emmanuelle Car a aussi joint l'élu de son canton, Luc Carvounas, élu PS d'Alfortville. Il s'est engagé à suivre le dossier de près, au-delà du vote du budget.

Nous écrivons aux autres, à savoir : - M. Janodet (Orly), - M. Bridet (Fresnes - PS), - M. Desmaret (Kremlin-Bicêtre - PC), - M. Lavigne (Chennevières).

Elle précise qu'elle nous contacte s'il y a du nouveau ... et elle le fait le lendemain (le 10 mars) pour confirmer qu'effectivement Decroly ne figure pas au budget.

En effet, le Conseil Général ne voudrait pas payer pour le primaire qui n'est pas dans ses compétences et qu'il cherche d'autres sources de financement.

Elle dit qu'il est hors de question, vu l'état de l'école, de laisser les enfants à l'école pendant une éventuelle rénovation/reconstruction et que donc la délocalisation est toujours d'actualité.

Elle confirme sa stratégie de prendre contact avec les villes, familles par familles (pour celles qui ont des enfants différents ou sont modestes). En effet, le contact avec Liliane Pierre a du poids, car c'est Fontenay, c'est-àdire une ville populaire (et non riche comme St-Mandé ou Vincennes).

Il a confirmé par mail avoir pris connaissance des documents transmis (lettre, plaquette et historique de la rénovation). Il assure être intervenu lors de la réunion de la commission Enseignement et Collèges, et, se tient à notre disposition pour nous donner des informations sur les suites du dossier. Pour que nous puissions le joindre, il nous a laissé son

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En clair, nous n'avons pas de budget pour quelque rénovation que ce soit dans l'immédiat.

Néanmoins, les portes ne sont pas fermées.

C'est pourquoi, nous allons reprendre contact avec M. Desmarest pour qu'il nous informe directement du résultat du vote du budget.

Les perspectives à court terme - Rencontrer M. Desmarest - Se mobiliser en vue d'obtenir une éventuelle modification du budget (DBM). Nous envisageons de mobiliser les parents pour que chaque famille envoie un courrier-type au Conseil Général s'étonnant du défaut de budget pour une rénovation et les interrogeant sur l'avenir de l'entretien des locaux.

Il faut continuer à œuvrer dans ce sens même après le vote du budget car il peut y avoir des modifications (DBM).

Faire venir les conseillers sur place, dans l'école, c'est bien, mais les inviter quand les enfants sont à l'école, en action... c'est mieux que pendant la Circulation...

M. Capitanio, Membre de la commission, élu UMP à Maisons-Alfort, contacté par Emmanuelle Car

Conseil Général.

En conclusion Ce n'est pas la joie, mais ne perdons pas espoir !

Tout d'abord, la rencontre avec les élus nous a fait prendre conscience de la nécessité d'entretenir très régulièrement des relations avec les membres de la commission enseignement du Conseil Général. Il apparait que les élus sont peu ou mal informés de ce qu'est l'école Decroly. Les élus se sont montrés accueillant et à l'écoute. Il nous semble important de construire des relations de proximité avec eux.

Pour cela, nous souhaiterions essayer de mettre en place une commission ad' hoc de “lobbying” chargée de cette veille politique et relationnelle. Par ailleurs, nous comptons inviter les élus avant la fin de l'année (notamment pour la circulation).

16 mars 2009 Nous assistons au vote du budget qui est interminable et a pour débat principal les restrictions budgétaires et l'avenir des collectivités territoriales. Sur le vote du budget relatif à la commission chargée de l'enseignement, nous comprenons que l'effort est mis sur l'entretien et les grosses réparations des collèges. Tout autre programme est reporté ou annulé. Le CG adopte le budget qui a été préalablement approuvé par la commission et dont il est impossible d'avoir le contenu.

Vraissemblablement, il s'agit de la liste des établissements qui bénéficient de budget du

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Par ailleurs, il apparaît clairement que l'école a “loupé le coche” il y a trois ans. Le “non” du Conseil Général au budget 2007 a signé l'arrêt du projet de reconstruction de l'école pour un bon moment, la crise étant passée par dessus.

La crise aidant, le projet semble relégué au second plan. Il faut néanmoins restés actifs pour maintenir l'école dans le PPI (Plan Pluri annuel d'Investissements). C'est ce que nous allons essayer d'obtenir de M. Desmarest dès que nous le rencontrerons.

De nombreuses écoles, soutenues par des fédérations de parents d'élèves, ont réagi à la décision de l'Education Nationale de faire passer des tests d'évaluation aux élèves de CM2 dans le courant du mois de Janvier dernier, et ont dénoncé des évaluations trop difficiles ,ne pouvant conduire qu'à mettre les élèves en situation d'échec et un mode de correction ne renseignant pas sur les acquis mais pointant essentiellement les manques.Elles ont aussi exprimé des inquiétudes, fondées, sur les finalités de ces évaluations,telles qu'une mise en concurrence des écoles, un tri des élèves avant l'entrée au collège, un nouveau " coup de patte " à l'Ecole publique pour montrer qu'elle ne remplit pas son rôle et qu'il faut la réformer.

Le silence de l'école Decroly sur ce sujet a de quoi étonner, autant que les évaluations de " savoir lire en fin de CP " passées en 2005 (alors qu'il a toujours été affirmé que l'apprentissage de la lecture se faisait sur 2 ans).

En leur temps, les évaluations imposées en début de CE2 et 6ème avaient fait l'objet de discussions en équipe enseignante ; il avait alors paru acceptable de s'y soumettre, dans la mesure où elles permettaient aux enseignants chargés de ces deux niveaux ( et parce qu'ils les corrigeaient eux-mêmes) de faire un état des lieux à la rentrée, de connaître leur " public " et ainsi mieux ajuster leurs propositions de travail. De plus, l'analyse des résultats semblait également intéressante pour l'ensemble de l'équipe enseignante, en l'alertant éventuellement sur des manques ou des faiblesses constatées.

Ces objectifs hélas vite pervertis,ont conduit à la mise en concurrence des écoles, parfois à un bachotage au long de l'année de CE1 ou pendant les vacances !,bénéfice perdu aussi pour les équipes quand, au fil du temps, la correction (qui était certes une lourde charge) a été partagée entre plusieurs personnes, voir même confiée à une personne extérieure. Ces remarques pourraient laisser penser qu'il faut se garder de toute évaluation, ce qui, bien évidemment, est faux.

Evaluer est une nécessité parce que l'évaluation est profondément liée à la

démarche pédagogique.

Pour l'enseignant, elle s'appuie sur une observation attentive et constante (Observation, maître mot de Decroly !) de chacun des enfants et du déroulement de tout ce qui se passe dans la classe.

C'est grâce à elle qu'il peut bâtir un processus de différenciation prenant en compte les potentiels et besoins de chacun, qu'il peut réorienter, ajuster ses propositions, s'arrêter, prendre un autre chemin….en bref “prendre le pouls” pour intervenir dès que nécessaire et ne pas laisser le déroulement aux seuls bons élèves qui ne rencontreront pas d'obstacles.

Ainsi, il ressource, motive, épaule, s'attache à faire vivre une classe centrée sur l'activité des élèves.

Dans cette dynamique, la mesure des acquis prend un sens positif : si elle est critériée, si elle débouche sur de nouvelles propositions visant à faire progresser et à améliorer, et, au minimum, si elle permet d'analyser sereinement ce qui a pu conduire à l'échec.

L'évaluation est donc un levier essentiel pour accompagner au mieux le cheminement de chaque enfant dans ses apprentissages.

Comment alors évalue-ton les enfants à Decroly ?

Il n'y a ni premier, ni dernier, pas de notes, pas de classement ou de comparaison.

Comme le dit joliment l'équipe de Decroly Bruxelles dans son livre du centenaire : “On fait le point, on ne met pas de points”.

Ce qui importe, ce n'est pas le seul produit fini mais le travail de tous les jours, la manière de s'y prendre ou de s'investir, la capacité à travailler avec d'autres ( c'est pourquoi, lors de la “circulation” de fin d'année à l'école ,il faut surtout s'attacher à comprendre la démarche qui a conduit à ce qui est montré).

Observés et évalués par rapport à eux-mêmes, les élèves sont valorisés pour ce qu'ils sont et aussi encouragés à développer de nouvelles compétences.

Ainsi peut-on espérer accompagner les élèves sur le chemin de l'apprendre mais aussi développer leur confiance en eux, leur capacité à s'adapter et à se remettre en question.

Quel retour de cette évaluation est donné aux familles ?

Pendant longtemps, chaque responsable de classe devait à la fin de l'année scolaire “remplir” une fiche de fin d'année en se référant au cadre proposé, constituant peu à peu un dossier qu'on peut retrouver dans les archives de l'école.

Chaque trimestre, il rédigeait aussi, pour chaque élève, un bulletin écrit destiné aux familles, ce qui n'excluait pas les rendez-vous. Bien entendu, les “items” de ces bulletins variaient en fonction des niveaux de classe (voir cicontre et p.6).

La “fièvre” de 1968 emporta les bulletins pour la partie maternelle et primaire et la fin des années 70 vit celles des fiches de fin d'année pour tous !

On peut ensuite parler d'une

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Dossier spécial : l’évaluation

Evaluer, pourquoi ? pour qui ? comment ?

longue période de “vide” (sauf pour le collège qui a toujours donné des bulletins trimestriels en les remaniant peu à peu).

Cependant, le fait de ne rester que dans le mode oral a fini par montrer ses limites et ses manques.

Plusieurs tentatives de mise en cohérence d'un mode d'évaluation ont vu le jour, sans vraiment trouver de point d'accord sur la façon de concrétiser l'évaluation, la nécessité d'y inclure les enfants ou les modalités de “retour aux familles”.

A minima fut décidé de donner après chaque entretien, un écrit en relatant le contenu.

On ne pourra donc que se réjouir de voir l'équipe enseignante s'emparer une nouvelle fois de ce sujet, pour parvenir à élaborer des modalités qui

conviennent à tous et servent l'école dans sa reconquête d'une identité reconnue hors les murs.

Claudine Watigny

Evaluer à Decroly C

omme vous le savez, l'école Decroly défend le fait de ne pas utiliser un système d'évaluation par notation chiffrée. Nous pensons que celui-ci accentue la compétition et le sentiment d'échec. Il est, de ce fait, contre productif dans un acte éducatif qui cherche à inciter au progrès, à l'effort et à la construction de la confiance en soi. Dès lors l'apprentissage ne tient plus sa mission émancipatrice. Un système de notation chiffrée donne en effet, davantage de valeur aux savoirs scolaires qu'aux façons d'être. Dans cette école, nous considérons l'enfant globalement et un chiffre est inadapté pour rendre compte de ce qu'est un individu ou de comment il vit.

Enfin, à mon sens, la notation chiffrée est un système qui n'existe que parce qu'il donne une illusion de certitude dans les évaluations.

L

'absence de notation chiffrée ne signifie pas pour autant une absence d'évaluation. Pour que ce choix soit légitime, il faut par ailleurs, que l'enseignant observe les enfants dans de multiples situations. En analysant ces observations, il peut alors avoir une idée globale de chaque enfant et de comment l'aider dans ses apprentissages.

Les évaluations nationales en cours d'année au CM2 ont suscite des réactions dans notre école pour des raisons politiques et une certaine vision de l'éducation. Celles-ci peuvent être perçues comme une illustration des valeurs mises en avant par le gouvernement actuel comme le mérite, le rendement, l'efficacité. D'un point du vue personnel, j'adhère à cette méfiance. Je suis opposé au fait de penser qu'évaluer d'avantage de façon normée soit une réponse pour améliorer l'éducation des enfants, le travail des enseignants ou des équipes.

N

éanmoins, la polémique autour des évaluations de CM2 a eu pour mérite de renvoyer à l'équipe enseignante du primaire de l'école Decroly la question de comment concevoir l'évaluation. Si je pense que le travail d'observation tel que je l'évoquais précédemment est réel et fait avec une certaine cohérence, je me pose, en revanche, la question de savoir si la manière d'en rendre compte et d'en garder trace est fait avec autant de cohérence.

Le collège avec ses bulletins trimestriels conserve une certaine discipline pour communiquer régulièrement une évaluation de chaque enfant et ainsi une certaine cohérence d'ensemble. En revanche, à l'école primaire, l'absence d'échéance fixée semble avoir comme dérive potentielle d'être plus flou sur la manière de communiquer les observations et évaluations.

Je serais donc favorable à la mise en chantier d'un travail d'équipe pour se redéfinir une base commune sur l'évaluation à l'école Decroly : de ce qui est évalué, comment ainsi que des manières de le communiquer de façon adaptée aux enfants, aux parents et à l'équipe. L'objectif serait alors véritablement d'améliorer l'éducation des enfants.

Yann Geffriaud

à méditer... " Face à une copie, à un exposé oral, ou à un candidat, l'examinateur réagit en fonction d'une multitude de points de vue ; en lui-même, il répond à mille questions et se forge une opinion qui ne peut s'exprimer qu'en décrivant ses multiples facettes.

Hélas, bien souvent notre société impose à l'examinateur un objectif tout autre : il doit établir une hiérarchie entre les prestations. Pour cela il est contraint de passer du domaine multidimensionnel de son opinion au domaine unidimensionnel de la note ; ce remplacement du langage subtil des mots par le langage chiffré des nombres, ne peut être réalisé sans une perte dramatique de sens. La note est à l'objet jugé ce qu'est le nombre "1515" au mot "Marignan", une association n'ayant de signification qu'au prix d'un commentaire ".

Albert Jacquard, généticien

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Cette année les évaluations nationales en CM2 ont donné lieu à de vives réactions. Les résultats globaux de chaque école devaient en effet être publiés et accessibles à tous via Internet, mettant donc les établissements en concurrence.

De plus le risque demeurait que les résultats de chaque élève soient intégrés dans une base de donnée existante appelée “base élève”.

Rien de banal puisque des écoles sont allées jusqu'à refuser de faire passer ces évaluations ou d'en transmettre les résultats malgré les pressions de la hiérarchie. Aujourd'hui encore 25% des résultats ne sont pas remontés. Ces écoles réfractaires ont refusé soit de pénaliser les enfants, soit d'entrer dans une logique privée de mise en concurrence entre les établissements, soit de donner pièce à une vision statistique et gestionnaire qui a eu des effets désastreux dans d'autres secteurs publics.

Les évaluations ont donc été passées à l'école et elles ont généré aussitôt de nombreuses questions, certaines à propos des enfants, d'autres à propos de l'école, et les dernières à propos du principe même d'évaluation à Decroly, notamment en Primaire.

à méditer " Étrangement, s'il est un domaine où les "sciences de l'éducation" ont élaboré quelques savoirs solides, c'est bien la docimologie : impossible aujourd'hui d'imaginer qu'une note puisse refléter objectivement la "valeur" d'un travail ! À peine plus fiable qu'un jeu de hasard, la notation installe l'aléatoire et l'injustice au cœur du fonctionnement scolaire. Mais plus encore, et contrairement aux idées reçues, elle entretient la médiocrité : un mauvais devoir est " payé " d'une mauvaise note et tout le monde est quitte ! Quand il faudrait, au contraire, accompagner l'exigence et favoriser le dépassement. Et puis, la note fonctionne comme "le lit de Procuste" : en classe, tout ce qui n'est pas noté, tout ce qui n'est pas notable n'a pas de valeur : l'école devient une simple machine à distribuer des notes, oubliant de multiples dimensions de la formation du citoyen.

En réalité, à terme, la note, c'est le triomphe du marché scolaire, la réduction des savoirs à des marchandises, de la relation pédagogique à une transaction boursière. Nos enfants valent mieux que cela ! " Philippe Meirieu, professeur en Sciences de l'Education

A propos des enfants : Les résultats seront-ils inscrits individuellement dans une base de donnée quelconque ? Quels sont les items retenus et saisis dans “base élèves” ? Quels sont les garanties d'usage et de confidentialité de cette base ? Un enfant peut-il être pénalisé par son dossier ? Quels sont les objectifs de cette nouvelle forme de traçabilité ? Est-elle à mettre en rapport avec le “dépistage”, dès leur plus jeune âge, d'enfants présentant ce que l'on nomme des “troubles du comportement” ? L'existence de ce dossier a-t-elle à voir avec une logique de sélection qui laisserait peu de place à l'enfant dès lors qu'il ne correspond pas à une “norme” ?

A propos de l'école : Quelle est, dans le contexte actuel, sa position quant aux évaluations ? Comment l'école peut-elle protéger les enfants de tout usage des dossiers autre que bienveillant ? Comment Decroly se situe-t-elle par rapport aux écoles réfractaires ?

A t-elle établi des liens avec elles ? L'école Decroly a-t-elle un rôle d'exemplarité ? En quoi la publication des résultats servirait-elle l'école ? Quel serait son intérêt d'entrer dans une démarche d'excellence ? Qu'en est-il de la singularité de l'école dans un contexte social où des acteurs se fédèrent collectivement ? Quelle sera sa position si les évaluations s'avèrent être une sélection ? Le primaire et le collège ont-ils sur ce sujet une position commune ? Pourrait-il y avoir des discussions préalables, notamment avec les parents ? Peut-on penser les évaluations en interne sans tenir compte du contexte social ?

Peut-on limiter le débat à ses aspects pédagogiques ?

A propos de l'évaluation en primaire, sachant qu'au collège des évaluations sont communiquées trimestriellement aux familles sous forme de bulletins : Au-delà des évaluations nationales et des questions qu'elles nous posent, qu'en est-il des évaluations internes aujourd'hui à l'école Decroly ? Comment mesure t'on l'évolution de l'enfant face à ses apprentissages jusqu'au collège ? Comment les acquis ou difficultés des enfants sont-ils évalués ? Existe-t-il une base commune à l'équipe pédagogique ? Comment les enseignants se passent-ils le relais d'une année à l'autre, d'une classe à l'autre ? Quelle concertation y a t il entre le primaire et le secondaire ? Quelles traces écrites garde l'école, l'enfant et ses parents, de son passage à l'école ? Existe-t-il un dossier concernant chaque enfant, que contient-il et à qui peut-il être communiqué ?

Dossier spécial : l’évaluation

Les évaluations : Questions de parents, paroles.

Telles sont les questions qui ont pu se poser, se dire et s'écrire, à propos de ces évaluations, questions qui pourront aussi se poser à l'avenir et dont certaines ont sans doute déjà trouvé réponse. Peut-être une réunion à thème pourrait-elle reprendre certaines de ces questions avec les enseignants et parents que cela préoccupe ?

A suivre donc...

Dominique Labays & Christine Lacoin Liste non exhaustive des sites consultés : - Sauvons l'école publique. : site sur l'école et les réformes actuelles.

- Collectif des parents du 20è : blog de parents et d'enseignants qui se sont mobilisés contre les évaluations.

- Sud éducation : site syndical.

- Le Café pédagogique : site concernant l'actualité pédagogique sur internet.

- http://www.rue89.com/2009/03/24/reponse-a-darcos-quiminimise-la-desobeissance-des-profs - http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/03/27/baseeleves-traine-devant-l-onu_1173266_3224.html

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J'évalue, tu évalues,

il évalue, nous évaluons, vous évaluez, ils évaluent. L'évaluation est partout, elle nous encercle, elle est même, pour certains, une science avec la docimologie ! Mais pourquoi est-elle devenue un sujet d'actualité et de polémiques à travers les évaluations nationales de CM2 ?

Dans sa définition, " évaluer " signifie confronter un ensemble d'informations à un ensemble de critères en vue de prendre une décision. C'est donc bien un moment de la relation pédagogique.

L'évaluation en tant que telle reste l'action de mesurer avec des critères les plus objectifs possibles la valeur d'un enseignement, d'un programme, d'un apprentissage ou la qualité d'une recherche.

Ainsi se pose la question de la détermination claire des objectifs évalués et de prévoir les critères de l'évaluation. Autrement dit qu'évalue-t-on et pourquoi ?

Sur ces deux points, en ce qui concerne les évaluations nationales de CM2, le ministère n'a pas su ou voulu être clair ni dans le but affiché ni de ses finalités. S'agissait-il d'évaluer chaque élève à un temps T pour permettre aux enseignants de mieux connaître ses élèves et de pouvoir individualiser autant que possible son enseignement ? On peut non seulement en douter et en même temps s'inquiéter si un enseignant attend cette évaluation pour connaître sa classe mais également réfléchir aux conditions dans lesquelles elles ont été proposées et finalement de leurs réels intérêts.

S'agissait-il non seulement de contrôler des connaissances mais aussi de préparer à la fois un plus pressant contrôle des pratiques enseignantes et une hiérarchisation accrue des établissements scolaires ? De nombreux syndicats enseignants, associations de parents et associations périscolaires se sont inquiétés de ce double risque et ont contesté sur le fond et la forme ces évaluations nationales. La volonté du ministère de publier l'ensemble des résultats par établissement ne

Evaluations en CM2 : le grand contrôle… ?

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Decroly comme dans le reste de la France, ce sont 700 000 élèves des classes de CM2 qui ont expérimenté au mois de janvier dernier toute une série d'évaluations - 100 questions en français et maths- destinées à “faire le point sur leurs compétences en français et en mathématiques pour mesurer les acquis avant le passage en 6e”. On sait que les critiques ont fusé de toutes parts, les syndicats d'enseignants ayant, dans leur immense majorité, dénoncé une opération précipitée et mal pensée, redoutant que l'exploitation des résultats ne conduise à une mise en concurrence des établissements scolaires. La FCPE, première fédération de parents d'élèves, s'était quant à elle interrogée sur le moment choisi dans l'année, qu'elle jugeait particulièrement mal trouvé pour une telle évaluation, où les élèves seraient sensés avoir étudié et assimilé, quatre mois à peine après la rentrée scolaire, toutes les questions du programme, (certaines questions ont en effet porté sur des points du programme qui n'avaient pas encore été étudiés en classe, comme les divisions à virgule ou la règle de trois, généralement abordées en fin d'année dans la plupart des établissements et pas du tout abordées à Decroly avant la 6ème). Idem pour le Français : le texte d'Ernest Hemingway qu'on leur a proposé était bien trop long et compliqué, à leur niveau.

Quant à la notation binaire (soit l'enfant a tout juste, soit tout faux) il s'agit vraiment d'un système de notation à l'ancienne, pas franchement pédagogique. Un exemple : il était

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pouvait que renforcer cette idée. Le simple report de cette publication illustre bien que la légitimité de telles évaluations, déjà discutables en soi, se réclament d'objectifs pas toujours avouables du moins publiquement et jusqu'à présent.

Enfin, le choix d'une décision ministérielle unilatérale, sans concertation ni débat puis le jeu de zig-zag permettant de ne pas prendre en compte la totalité des questions accentue encore, s'il en était vraiment besoin, le sentiment que ces évaluations étaient placées dans un système de valeurs économiques, de pseudorentabilité économique et de hiérarchisation exacerbée du système éducatif.

Mais l'évaluation est aussi partie prenante du processus pédagogique. Au sein même des enseignements, plusieurs évaluations existent. Evaluation initiale, diagnostique, formative, sommative, auto-évaluation, tout un verbiage pédagogique qui a toutefois une réalité. Autant de moyens pour l'enseignant pour faire apparaître les compétences de élèves au départ, pendant ou à la fin d'un apprentissage. Dans les pédagogies actives, l'accent est mis sur les progrès de l'enfant, sa socialisation, son intérêt et sa manière de travailler seul ou avec d'autres et pas uniquement sur les résultats.

Si l'évaluation n'est pas chiffrée, elle doit surtout être un outil, précise le projet de Saint-Mandé " qui nous permet de mieux adapter l'école à l'enfant ". Ainsi, l'évaluation est bien, dans tous ses aspects, une interaction et un échange entre l'enseignant, l'enfant et les parents et dans tous les cas, elle reste un sujet de réflexion et de vigilance permanent.

Sylvain Wagnon

demandé aux élèves de conjuguer dix verbes à l'impératif. Et bien, si l'enfant avait neuf bonnes réponses et une faute, il écopait d'un zéro! “Si l'objectif est de décourager les élèves, c'est réussi”, ironisait dans Libé une enseignante en ZEP du Nord de Paris. Enfin, un grand nombre d'enseignants redoutaient d'être jugés sur les résultats de leur classe. Du coup, certains enseignants n'ont pas caché, après coup, avoir “soufflé” quelques réponses, histoire d'améliorer le niveau général…

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es craintes et ces critiques légitimes ont été reprises, d'ailleurs, par les principaux syndicats de l'enseignement primaire, qui ont demandé au Ministre de suspendre une telle opération qui, derrière sa forme, son calendrier et la publication “comparée” des résultats, pouvait s'avérer n'être qu'une immense mise en concurrence entre les enseignants et entre les établissements scolaires, générant un climat détestable dans l'Education nationale, déjà mise à mal par une série de réformes “à la hussarde” ces dernières années, alors que les élèves ont besoin pour réussir d'un climat de sérénité, de confiance, d'écoute et de dialogue !

Pour balayer ces craintes, Xavier Darcos s'est engagé à “ne pas publier de classement des écoles”… Mais reste à savoir alors sous quelle forme seront finalement restitués ces résultats et s'ils seront bons…

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malgré les promesses du Ministre de l'Education Nationale, des témoignages parviennent de toute la France, d'après le syndicat des inspecteurs, faisant état de pressions directes ou indirectes pour gonfler les statistiques des remontées des évaluations CM2. La plupart des instructions données l'ont été oralement. Ces instructions consistent à demander aux IEN CCPD de transformer les fichiers des résultats renseignés par les directeurs d'école, notamment ceux qui ont intégré un code 2 validant des compétences partielles, ou bien à transformer les codes A en 0 ou en 1 pour faire remonter les scores.

Si de tels soupçons étaient avérés, les inspecteurs compromettraient sérieusement leur légitimité professionnelle au sein de leur circonscription, ainsi que la valeur de leur expertise institutionnelle nationale, dans des opérations de manipulation des informations qu'ils ont à valider et à transmettre. Ce genre de pratique déroge à l'évidence à la déontologie la plus élémentaire.

Elle met à mal la neutralité du service public et la confiance de chacun envers la fonction publique.

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es instructions s'apparenteraient purement et simplement à une demande de production de faux en écriture publique dénoncée par le Code de procédure publique et le Code pénal… Dans d'autres cas, les instructions sont

savoir la mise en œuvre concrète de l'évaluation (distribution des cahiers d'épreuves, des consignes, fourniture de logiciels informatiques aux établissements et aux rectorats etc.), l'encodage et l'exploitation statistique des données.

Dans de telles conditions, on peut compter sur une certaine objectivité. C'est donc bien la précipitation avec laquelle les évaluations de CM2 de 2009 ont été réalisées qui a provoqué l'inquiétude. En effet, elles ont eu lieu juste

Cette information doit être croisée avec les témoignages de plus en plus nombreux sur la gestion autoritaire et ouvertement menaçante par le Ministère et l'administration centrale à l'encontre des recteurs et des IA-DSDEN. Le limogeage spectaculaire de l'IA-DSDEN du Rhône a été à cet égard l'élément de trop dans cette gestion archaïque, irrespectueuse et contraire aux valeurs de notre république et de la démocratie. Désormais, tous les IA-DSDEN craignent de se voir renvoyés à tout moment. Une rumeur, plus ou moins fondée, est très récemment parvenue faisant état d'une “prochaine charrette” (sic). Dès lors, on ne peut s'étonner qu'à tous les niveaux hiérarchiques de L'Education nationale, y compris les plus élevés, certains perdent leur sang-froid et se livrent à des pratiques inadmissibles.

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out cela est le fruit d'une politique éducative inspirée par le culte absurde du résultat avec des chiffres manipulés, par l'autoritarisme et la personnalisation dans la gestion de la fonction publique, une politique qui vise à l'atomisation du service public national dont les relais territoriaux sont mis en concurrence sur le modèle des entreprises privées à but lucratif.

Cette évaluation, fortement contestée, est donc apparue complètement perturbante pour tout le monde, autant pour les enfants que pour les enseignants et bien sûr les parents.

On pourrait accuser les membres de l'Education Nationale d'être un bloc monolithique, fermé à toutes tentatives de réforme et particulièrement frileux devant l'évaluation quelle qu'en soit sa forme. C'est la position qu'a exprimé la PEEP, une fédération de parents proche du pouvoir actuel.

Or, c'est la première fois qu'un mode d'évaluation est si fortement contesté . Il est important de revenir sur le fonctionnement des évaluations en France pour comprendre ce tollé.

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ans le système français, qui construit ces évaluations ? Depuis la première expérience de 1975, ces évaluations sont construites par des groupes pluralistes de 10 à 15 personnes environ qui rassemblent des enseignants, des inspecteurs territoriaux et généraux, des membres de la DEPP et, de façon plus ou moins régulière selon les époques, des chercheurs. Les statisticiens sont supposés assurer le volet technique, à

son comportement, son travail au cours du projet ainsi que toutes les autres compétences qui ne sont pas du français et des maths : le rapport de l'enfant aux autres, ses talents autres que strictement scolaires. Ainsi, les résultats des évaluations nationales sont aussi interprétés à la lumière de ce que nous savons déjà de l'enfant et de sa manière de travailler (certains enfants ont besoin de plus de temps, ou n'ont pas confiance en eux, ou ont besoin d'être un peu plus encouragés). Les résultats obtenus n'ont de sens qu'en prennant compte de toutes ces variables qui ne sont pas évaluables dans une situation d'”examen”. Et puis ces capacités strictement scolaires ne sont pas les seules dont nous tenons compte, c'est pourquoi les évaluations nationales sont très limitées et incomplètes.” our les évaluations de janvier, comme nous l'a confirmé Maria, les résultats n'ont pas été transmis à l'IEN de circonscription, c'est un choix de l'équipe enseignante pris après concertation. Ils ne seront donc pas publiés officiellement. Les parents qui désirent être informés sur les résultats de leur enfant en font la demande auprès de l'enseignant, qui leur explique au cours d'un entretien personnalisé les difficultés ou les compétences de leur enfant. Mais, précise Maria : “cet entretien ne porte pas que sur les évaluations, nous élargissons à tout ce qui nous semble important à dire, les résultats des évaluations sont toujours nuancées et un compte rendu rédigé incluant le travail en projet est remis aux parents à l'issue de cet entretien”.

En ce qui concerne les enfants, Maria précise que “nous avons conçu un petit tableau d'autoévaluation, différent en fonction des enfants, pour que les enfants puissent faire eux mêmes un bilan de ces évaluations, et qu'ils puissent nous dire ce qu'ils ont pensé réussir et ce qu'ils ont trouvé difficile. Bien sûr ce qui est attendu de chaque enfant est différent. Nos critères de réussite sont différents pour chacun. Car le but recherché est qu'ils prennent concience de ce qu'ils ont appris et qu'ils se rendent compte de leurs progrès.

Enfin, il faut savoir que ce n'est qu'une évaluation parmi d'autres. Nous avons évalué de la même manière leurs fabrications d'arbres imaginaires, leur capacité de coopérations avec les autres et le plaisir à recevoir les autres classes pour leur montrer leur travail”.

Il n'y a donc pas de comparaison entre enfant, ni de classement, ce qui serait une ineptie à Decroly !

Emmanuelle CAR

après la mise en place des nouveaux programmes (à la rentrée 2008) et se présentaient sous forme d'évaluations-bilan.

Dans ces conditions, quelle pouvait être la position de l'école Decroly ? C'est la question que le CA a posé aux enseignants, sachant que certains établissements s'étaient opposés à faire passer ces évaluations.

Decroly, les enseignants ont toujours fait passer les évaluations nationales, mais leur exploitation n'a pas toujours été faite en suivant les ordres " d'en haut " !

En effet, comme me l'a précisé Maria, enseignante en CM2 cette année, ces évaluations, ainsi que d'autres propres à l'école, conçues par chaque enseignant, sont utilisées en interne : il s'agit de jalons utiles pour les enseignants, qui peuvent ainsi repérer les difficultés des uns et des autres, puis, mettre en place une pédagogie adaptée à chacun.

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Pour Maria, les évaluations nationales ne font souvent que confirmer ce que les enseignants savent déjà des capacités de chaque enfant, sauf que : “nous, en plus, nous évaluons aussi

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Dossier spécial : l’évaluation

accompagnées de menaces sur la carrière, voire sur la réussite au prochain oral d'un concours national de recrutement. Là encore, ce genre de pratique est dénoncé par la morale et les lois et il est susceptible de poursuites judiciaires… Dans la plupart des cas, la même légitimation de l'opération revient, comme l'expression d'une manipulation grossière : “l'académie (ou le département, selon les cas) est classée dernière dans la remontée des résultats des évaluations; il faut absolument atteindre le niveau national, sinon les sanctions vont tomber (sous-entendu pour le recteur, l'IA-DSDEN, voire les IEN CCPD) “Stupéfiante” course à l'échalote” !

Du cĂ´tĂŠ des archives

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Du cĂ´tĂŠ des archives

Réunion à thème du 6/02 " L'individu et le collectif " Résumé - Réflexions Le 6 février 2009, s'est déroulée la réunion sur le thème L'individu et le collectif à laquelle 35 parents et enseignants ont participé.

Tous ont montré un vif intérêt pour le sujet et contribué activement au débat.

Le sujet avait été choisi par les enseignants à la suite d'un débat auquel ils avaient assisté à la FESPI et d'une difficulté rencontrée par les enseignants avec un groupe classe cette année.

Ce qui se passe dans notre établissement est le reflet du mouvement sociétal ambiant. La société est bien passée d'un collectivisme et d'un statut fonctionnel de l'individu à l'individualité exacerbée dans une structure qui se mondialise. Nous sommes passés du JE SUIS au J'AI comme base identitaire. Aujourd'hui on voit les individus être ce qu'ils ont et non ce qu'ils font. On passe de je veux à j'exige et du je peux à j'ai le droit.

A Decroly, la prise en compte de l'individualité s'inscrit dans une collectivité. C'est un des fondements de la pédagogie d'Ovide DECROLY. Cependant, la dialectique Individu/Collectivité est parfois difficile à articuler.

Il s'agit, en effet, de trouver l'équilibre entre Individu/Collectivité, intérêt particulier/intérêt général, droit/devoir, pulsion/frustration, toute puissance/négociation, soi/l'autre.

La collectivité doit être entendue comme étant une entité propre d'un ensemble d'individus et non un espace créé pour modéliser l'individu sur une norme. C'est bien l'homme qui fait la loi et non la loi qui fait l'homme. Là-dessus, l'ensemble des participants est d'accord.

Cependant, les enseignants ont rapporté leur questionnements sur la capacité de certains enfants à intégrer/traverser une frustration, à contenir le besoin d'agir immédiatement, de retenir leur désir. Ils décrivent une attitude parfois individualiste qui fait agir l'enfant spontanément, pour répondre à son besoin particulier, sans conscience de l'incidence de son mouvement sur le groupe et du retour dont il pourrait bénéficier dudit groupe.

Il semble que l'enfant ait du mal à comprendre, sentir le “bénéfice” à contenir une impulsion individuelle face au groupe.

Un débat s'engage sur le sens du cadre comme tremplin structurant à l'intérieur duquel l'individu bénéficie d'un espace de liberté. La question de la transmission des règles de vie est abordée ainsi que la nécessité aujourd'hui d'expliciter les règles, le cadre étant apparemment plus difficile à intégré implicitement par l'accumulation de l'expérience de la vie de groupe.

A mes yeux, deux axes de réflexions ont émergé du débat autour d'un thème central : celui de la Loi. Il est question, selon moi, de deux problématiques : L'intégration de la loi. Le sens de la loi.

Pour les enseignements, il s'agit du travail en équipe dans la préparation des cours, dans la transmission du savoir, dans l'élaboration de projets communs et transversaux. Par ailleurs, ils prennent en charge de tâches habituellement dévolues aux “surveillants” et personnels de service. Les enseignements accompagnent les enfants à chaque moment de leur présence à l'école.

La présence des parents, offre soutien à l'école. D'une part l'association des parents d'élèves qui sert notamment d'organe de représentation auprès des collectivités publiques. Elle est aussi partenaire des enseignants et des enfants par l'organisation de manifestations (offrant ainsi des moyens supplémentaires à l'établissement). D'autre part, le bénévolat des parents apporté lors des ateliers du primaire et du collège. Les évènements collectifs sont des lieux de rencontres indispensables à la vie de l'école. De même, la participation des parents dans la transmission du savoir est fondamentale et participe à la réalisation des principes fondamentaux de la pédagogie Decroly.

On voit bien comment l'organisation même de la collectivité scolaire permet la transversalité des groupes et des activités, permettant ainsi une intégration de valeurs fondatrices, dont celle de la notion de l'autre et des limites constructives, donc du collectif et de la loi.

Sur le sens de la loi : Qu'en dise les enfants ?

Comment faire en sorte que la consigne ne soit pas seulement vécue comme une force de frustration mais comme une force d'élan ?

Comment rester quelqu'un dans un groupe quand je fais “comme tout le monde” ? Quel sens a la loi, la consigne, le cadre, la limite pour nous les adultes, mais aussi et surtout pour les enfants ?

C'est la question que j'aurais aimé posé aux enfants qui étaient les absents de ce débat.

Loi / Frustration, Loi / Construction, Loi / Protection… Ce thème peut se décliner sous bien des formes. Pourquoi pas un thème de Projet sur la loi ?

Mais aussi inviter tous les participants de la communauté scolaire à se poser la question du sens de la loi et de la façon de la transmettre de manière à préserver l'individu et le sens du collectif.

Sur l'intégration de la loi : L'émergence d'un minimum commun pour vivre ensemble.

L'apprentissage de la vie en collectivité passe par l'intégration d'un minimum de règles communes de fonctionnement reposant sur la notion d'un intérêt général. C'est l'objet des règles de vie distribuées chaque année à la rentrée scolaire. L'école Decroly mise sur l'intégration de ces règles : aucun personnel de surveillance ni dans la cour, ni à l'entrée de l'établissement par exemple. Les enseignements assurent ses fonctions ensembles et à tour de rôle et les enfants intègrent la règle par une auto surveillance d'eux-mêmes et des autres enfants.

La vie de l'école est organisée autour de cette centralité et dialectique Individu/Collectif. Tout les intervenants de l'école illustrent de part leur modalité de fonctionnement cette intégration par le “faire ensemble”.

Pour les élèves, cette notion de collectivité est transmise notamment dans les règles de vie, au travers des transmissions de savoir, des classes vertes, des classes mélangées.

Ruth HERZBERG

RENDEZ-VOUS Plusieurs enseignants de l’école se sont rendu à l’ecole Decroly Bruxelles très récemment.

Ils vous proposeront leurs retours sur cette rencontre dans notre prochain numéro...

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