Exposition virtuelle
L’animalité de l’Homme Humains et Bêtes Galerie Les Atamanes
Animaux et Hommes se côtoient depuis le début des temps. Leur relation se réinvente au cours des âges et comporte de multiples facettes. Cette exposition rassemble des œuvres qui s’inscrivent dans cette riche interaction : L’animal, ami et confident intime de l’Homme Compagnon du foyer, soutien ou parfois souffredouleur, l’animal est indispensable à l’être humain.
Un travail en duo au quotidien L’homme mobilise la force ou la grâce de l’animal pour exercer sa profession, du moissonneur à l’artiste du cirque.
La fascination pour la puissance animale Face à la beauté ou la férocité toute naturelle de l’animal, l’Homme éprouve admiration et envie. Il est parfois poussé à s’approprier ces caractéristiques.
L’animal est un Homme comme les autres Animaux aux têtes d’Hommes, Hommes aux visages d’animaux… chacun revêt l’habit de l’autre. Quand l’Homme rêve d’avoir encore les qualités de l’animal. L’animal : allégorie, symbole et rêve L’Homme fait appel à l’animal pour caractériser une émotion, un ressenti, une interrogation. En incluant l’animal dans ses représentations, l’Homme trouve un nouveau langage.
L’animal, ami et confident intime de l’Homme Compagnon du foyer, soutien ou parfois souffredouleur, l’animal est indispensable à l’être humain.
Les Animaux et leurs hommes
Pour ne poser qu’un doigt dessus Le chat est bien trop grosse bête. Sa queue rejoint sa tête, Il tourne dans ce cercle Et se répond à la caresse. Mais, la nuit l’homme voit ses yeux dont la pâleur est le seul don. Ils sont trop gros pour qu’il les cache Et trop lourds pour le vent perdu du rêve. Quand le chat danse C’est pour isoler sa prison Et quand il pense C’est jusqu’aux murs de ses yeux. Paul ÉLUARD, Recueil : "Les Animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux"
Zizi le petit chat de Gilbert VIARDOT
Huile sur carton https://www.lesatamanes.com/oeuvres/zizi-le-petit-chat-de-gilbert-viardot
Les souhaits Si quelque jeune fée à l'aile de saphir, Sous une sombre et fraîche arcade, Blanche comme un reflet de la perle d'Ophir, Surgissait à mes yeux, au doux bruit du zéphyr, De l'écume de la cascade, Me disant : « Que veuxtu ? larges coffres pleins d'or, Palais immenses, pierreries ? Parle ; mon art est grand. Te fautil plus encor ? Je te le donnerai ; je puis faire un trésor D'un vil monceau d'herbes flétries ! » Je lui dirais : « Je veux un ciel riant et pur Réfléchi par un lac limpide, Je veux un beau soleil qui luise dans l'azur, Sans que jamais brouillard, vapeur, nuage obscur Ne voile son orbe splendide ; « Et pour bondir sous moi je veux un cheval blanc, Enfant léger de l'Arabie, À la crinière longue, à l'œil étincelant, Et, comme l'hippogriffe, en une heure volant De la Norwège à la Nubie ; (…) Théophile gautier, Recueil : Premières poésies (1830).
Dressage sur la plage d’André GROZDANOVITCH
Aquarelle https://www.lesatamanes.com/oeuvres/dressage-sur-la-plage-de-andre-grozdanovitch
Enfant, j’ai quelquefois passé des jours entiers Enfant, j’ai quelquefois passé des jours entiers Au jardin, dans les prés, dans quelques verts sentiers Creusés sur les coteaux par les boeufs du village, Tout voilés d’aubépine et de mûre sauvage, Mon chien auprès de moi, mon livre dans la main, M’arrêtant sans fatigue et marchant sans chemin, TantÔt lisant, tantôt écorçant quelque tige, Suivant d’un oeil distrait l’insecte qui voltige, L’eau qui coule au soleil en petits diamants, Ou l’oreille clouée à des bourdonnements; Puis, choisissant un gîte à l’abri d’une haie, Comme un lièvre tapi qu’un aboiement effraie, Ou couché dans le pré, dont les gramens en fleurs Me noyaient dans un lit de mystère et d’odeurs, Et recourbaient sur moi des rideaux d’ombre obscure, Je reprenais de l’oeil et du coeur ma lecture. Alphonse de LAMARTINE, Recueil : "Jocelyn", (extrait, 4ème époque)
Gosse et chien de Victor VIKO
Huile sur carton https://www.lesatamanes.com/oeuvres/gosse-et-chien-de-viko
Le Thé Miss Ellen, versezmoi le Thé Dans la belle tasse chinoise, Où des poissons d’or cherchent noise Au monstre rose épouvanté.
J’aime la folle cruauté Des chimères qu’on apprivoise : Miss Ellen, versezmoi le Thé Dans la belle tasse chinoise.
Là, sous un ciel rouge irrité, Une dame fière et sournoise Montre en ses longs yeux de turquoise L’extase et la naïveté : Miss Ellen, versezmoi le Thé.
Théodore de BANVILLE, Recueil : "Rondels"
Les chatons et la théière de E. Perretton
Huile sur panneau h https://www.lesatamanes.com/oeuvres/les-chatons-et-la-theiere-de-e-perretton
Animal rit
Le monde rit, Le monde est heureux, content et joyeux La bouche s’ouvre, ouvre ses ailes et retombe. Les bouches jeunes retombent, Les bouches vieilles retombent. Un animal rit aussi, Étendant la joie de ses contorsions. Dans tous les endroits de la terre Le poil remue, la laine danse Et les oiseaux perdent leurs plumes. Un animal rit aussi Et saute loin de luimême. Le monde rit, Un animal rit aussi, Un animal s’enfuit. Paul ÉLUARD, Recueil : "Les Animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux"
La baigneuse et le chien d’Edouard PIGNON
Pastel gras https://www.lesatamanes.com/oeuvres/la-baigneuse-et-le-chien-de-edouard-pignon
Un travail en duo au quotidien L’homme mobilise la force ou la grâce de l’animal pour exercer sa profession, du moissonneur à l’artiste du cirque.
Comme le champ semé en verdure foisonne Comme le champ semé en verdure foisonne, De verdure se hausse en tuyau verdissant, Du tuyau se hérisse en épi florissant, D’épi jaunit en grain, que le chaud assaisonne : Et comme en la saison le rustique moissonne Les ondoyants cheveux du sillon blondissant, Les met d’ordre en javelle, et du blé jaunissant Sur le champ dépouillé mille gerbes façonne : Ainsi de peu à peu crût l’empire romain, Tant qu’il fut dépouillé par la barbare main, Qui ne laissa de lui que ces marques antiques Que chacun va pillant : comme on voit le glaneur Cheminant pas à pas recueillir les reliques De ce qui va tombant après le moissonneur. Joachim DU BELLAY, Recueil : "Les antiquités de Rome"
La moisson de Gena PECHAUBES
Huile sur carton https://www.lesatamanes.com/oeuvres/la-moisson-de-gena-pechaubes
Le Cavalier poursuivi (…) C’est un fort beau cheval : une large poitrine, Des jambes de gazelle, et dans chaque narine Une fauve lueur, La queue échevelée, une crinière folle Qui se déroule au vent comme une banderole Sur le col en sueur ; Des yeux fiers, pleins de vie, ardents comme la braise, Qu’on prendrait pour deux trous au mur d’une fournaise Ou pour deux diamants, Des yeux illuminés d’une lumière rouge Comme un soleil dans l’eau, qui frissonne et qui bouge À tous les mouvements ; Une croupe arrondie où des glands dorés pendent, Et de souples jarrets dont les muscles se tendent Comme des arcs d’acier ; Un ongle plus poli que le jaspe ou l’écaille. Quel roi dans son haras eut jamais qui te vaille, Ô mon noble coursier ! Tu danses sur les blés comme une sauterelle, À chacun de tes pieds est attachée une aile, Ton galop, c’est un vol, Et, quand à bonds pressés tu dévores la plaine, L’oiseau reste en arrière, et l’ombre peut à peine Te suivre sur le sol. (...) Théophile GAUTIER, Recueil : "Premières poésies", 1826 – 1832.
L’écuyère de cirque d’André MARGAT
Aquarelle https://www.lesatamanes.com/oeuvres/l-ecuyere-de-cirque-de-andre-margat
Idylle de pauvres Ô gueux, enivrezvous de l’amour printanière ! Allez, sous le buisson qui vous sert de tanière, Personne ne vous voit que le bois et le ciel. L’abeille, qui bourdonne en butinant son miel, Ne racontera pas les choses que vous faites. Le papillon, joyeux de voir les champs en fêtes, Vole sans bruit parmi la plaine aux cent couleurs, Et pour vous imiter conte fleurette aux fleurs. Seul, un oiseau, perché sur la plus haute feuille, Entend les mots qu’on dit et les baisers qu’on cueille, Et semble se moquer de vous, le polisson ! Mais tout ce qu’il raconte en l’air n’est que chanson. Aimezvous ! Savourez, loin du monde et des hommes, Ce qu’on a de meilleur sur la terre où nous sommes ! Pâmezvous dans les bras l’un de l’autre sans fin ! Abreuvez votre soif d’aimer ! A votre faim Repaissesvous longtemps de caresses trop brèves ! Vivez cette minute ainsi qu’on vit en rêves ! Dans le débordement de ce fleuve vermeil Noyez les jours sans pain, et les nuits sans sommeil, Et tout ce qui vous reste à vivre dans la dure ! Ô gueux, soyez heureux ! L’amour vous transfigure. Malgré vos pauvretés, vous êtes riches, beaux. De l’amour éternel vous portez les flambeaux. Oui, l’amour qui fait battre à l’instant votre artère, C’est celui qui féconde autour de vous la terre C’est celui dont la brise apporte les senteurs, C’est celui des bois verts et des oiseaux chanteurs, Celui qui fait gonfler les seins comme des voiles, Celui qui dans les cieux fait rouler les étoiles, C’est l’amour éternel que tout veut apaiser Et par qui l’univers n’est qu’un vaste baiser. Jean RICHEPIN, Recueil : "La chanson des gueux"
Pauvre chèvre d’Albertine MILLET
Huile sur toile https://www.lesatamanes.com/oeuvres/pauvre-chevre-de-albertine-millet
Histoire d’un taureau
Taureau cornu, arqué, braqué sur la surface ensoleillée de l’arène où la lumière est si éblouissante que l’on distingue à peine de leurs ombres le torero, le picador et les banderillos, Taureau on n’attend plus que ton bon plaisir pour animer ce désert, Et, ce désert animé, que ton animation pour manifester l’homme. Mais il existe des taureaux de nuit, Avec la lune sur leur front, Des taureaux noirs, des taureaux blancs Qui galopent à fond de train dans le sommeil des enfants, Et dont les mugissements ébranlent les villes, Et qui meurent dans les étoiles, lentement, En répandant leur sang dans l’immensité du temps. Robert DESNOS, Recueil : "État de veille"
Scènes de corrida d’Antonio URIA MONZON
Technique mixte https://www.lesatamanes.com/oeuvres/scenes-de-corrida-de-antonio-uria-monzon
Chien Les Animaux et leurs hommes Chien chaud, Tout entier dans la voix, dans les gestes De ton maître, Prends la vie comme le vent, Avec ton nez. Reste tranquille. Paul ÉLUARD, Recueil : "Les Animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux"
Chien de garde, de Charles VALTON
Sculpture https://www.lesatamanes.com/oeuvres/chien-de-garde-de-charles-valton
La fascination pour la puissance animale Face à la beauté ou la férocité toute naturelle de l’animal, l’Homme éprouve admiration et envie. Il est parfois poussé à s’approprier ces caractéristiques.
Scène d’atelier À Louis Montégut. Exquis musicien, devant son chevalet, Le peintre aux cheveux d’or, à la barbe fleurie Chantonne. Et cependant il brosse avec furie La toile, car, vraiment, ce sujetlà lui plaît Le modèle est un tigre, un vrai tigre, complet, Vivant et miaulant comme dans. sa patrie ; Ce tigre pose mal, son mouvement varie, Ce n’est plus le profil que le peintre voulait. Il faut voir de la griffe, et de la jalousie… Et le peintre, chantant des chants de rossignol, Pousse la bête, qui rugit. Lui s’extasie. Et de sa brosse au noir, qui court d’un léger vol, Sème parmi le poil rayé « La Fantaisie », Doublecroche, et soupir et dièze et bémol. —– Je suis un homme mort depuis plusieurs années ; Mes os sont recouverts par les roses fanées. —– Tant pis pour la vertu ! Polichinelle ivrogne, Et doublement bossu, se moque des procès, Du diable, de la mort ; après tant de forfaits ! Et nous l’adorons tous. Pourquoi ? Parce qu’il cogne ! Charles CROS, Recueil : "Le collier de griffes"
Tigres d’Edouard EVENO
Huile sur toile https://www.lesatamanes.com/oeuvres/tigres-de-edouard-eveno
La Rivière D’un bord à l’autre bord j’ai passé la rivière, Suivant à pied le pont qui la franchit d’un jet Et mêle dans les eaux son ombre et son reflet Au fil bleui par le savon des lavandières. J’ai marché dans le gué qui chante à sa manière. Étoiles et cailloux sous mes pas le jonchaient. J’allais vers le gazon, j’allais vers la forêt Où le vent frissonnait dans sa robe légère. J’ai nagé. J’ai passé, mieux vêtu par cette eau Que par ma propre chair et par ma propre peau. C’était hier. Déjà l’aube et le ciel s’épousent. Et voici que mes yeux et mon corps sont pesants, Il fait clair et j’ai soif et je cherche à présent La fontaine qui chante au cœur d’une pelouse. Robert DESNOS, Recueil : "Contrée"
Phoque de François GALLETTI
Photographie https://www.lesatamanes.com/oeuvres/phoque-de-francois-galletti-mig
Amazone
L’Amazone sourit au dessus des ruines, Tandis que le soleil, las de luttes, s’endort. La volupté du meurtre a gonflé ses narines : Elle exulte, amoureuse étrange de la mort. Elle aime les amants qui lui donnent l’ivresse De leur fauve agonie et de leur fier trépas, Et, méprisant le miel de la mièvre caresse, Les coupes sans horreur ne la contentent pas. Son désir, défaillant sur quelque bouche blême Dont il sait arracher le baiser sans retour, Se penche avec ardeur sur le spasme suprême, Plus terrible et plus beau que le spasme d’amour. Renée VIVIEN, Recueil : "Études et préludes"
L’amazone au cheval cabré de JeanDidier TOURNÉ
Huile sur toile https://www.lesatamanes.com/oeuvres/l-amazone-au-cheval-cabre-de-jean-didier-tourne
Mon destrier Pendant que l’oiseau dort encore dans son nid, Sur mon destrier, plus vite que le fauve, Tel un roc déboulant d’un sommet, sans répit, Je surgis, je virvolvote et je bats ou me sauve. Quand il flue et reflue, tout le corps frémissant, Dans le rang ennemi, quel ardent tourbillon ! Sur son dos, le jockey s’en vole en papillon, Le lourdaud perd son froc, criant et gémissant. Aussi prompt que l’éclair, sans même faire un pas, L’ennemi décroche, quand il va et galope. Ses jambes d’autruche et ses flancs d’antilope, Au trop, il prend le loup, le renardeau au pas. Comme un corps inerte, sur mon feutre je glisse, Tel qui tombe de haut sur un bloc de roc lisse. Sous nos coups qui portent, tout ennemi s’efface, Couvert de poussière, laissant au sol sa trace. Ses épaules brillent comme la coloquinte, Ou la pierre à parfum des jeunes mariés, Quand il vient au repos, vainqueur et sans contrainte, Toujours sellé la nuit, nous sommes alliés ! Amr AlQays, 5ème s.traduit par Brahim OULD
Le fier destrier de Jacques PECNARD
Huile sur carton https://www.lesatamanes.com/oeuvres/le-fier-destrier-de-jacques-pecnard
Ses sabots, comme des marteaux, battaient l’herbe de la prairie ; voilà qu’il galopait maintenant ! Félicité se retourna et elle arrachait à deux mains des plaques de terre qu’elle lui jetait dans les yeux. Il baissait le mufle, secouait les cornes et tremblait de fureur en beuglant horriblement. MmeAubain, au bout de l’herbage avec ses deux petits, cherchait éperdue comment franchir le haut bord. Félicité reculait toujours devant le taureau, et continuellement lançait des mottes de gazon qui l’aveuglaient, tandis qu’elle criait : — Dépêchezvous ! dépêchezvous ! Mme Aubain descendit le fossé, poussa Virginie, Paul ensuite, tomba plusieurs fois en tâchant de gravir le talus, et à force de courage y parvint. Le taureau avait acculé Félicité contre une clairevoie ; sa bave lui rejaillissait à la figure, une seconde de plus il l’éventrait. Elle eut le temps de se couler entre deux barreaux, et la grosse bête, toute surprise, s’arrêta. Cet événement, pendant bien des années, fut un sujet de conversation à Pontl’Évêque. Félicité n’en tira aucun orgueil, ne se doutant même pas qu’elle eût rien fait d’héroïque. Gustave Flaubert, Trois Contes
Félicité luttant contre le taureau d’Auguste LEROUX
Technique mixte https://www.lesatamanes.com/oeuvres/felicite-luttant-contre-le-taureau-de-auguste-leroux
L’animal est un Homme comme les autres Animaux aux têtes d’Hommes, Hommes aux visages d’animaux… chacun revêt l’habit de l’autre. Quand l’Homme rêve d’avoir encore les qualités de l’animal.
Aux femmes Quand tout se fait petit, femmes, vous restez grandes. En vain, aux murs sanglants accrochant des guirlandes, Ils ont ouvert le bal et la danse ; ô nos soeurs, Devant ces scélérats transformés en valseurs Vous haussez, – châtiment ! – vos charmantes épaules. Votre divin sourire extermine ces drôles. En vain leur frac brodé scintille ; en vain, brigands, Pour vous plaire ils ont mis à leurs griffes des gants, Et de leur vil tricorne ils ont doré les ganses ; Vous bafouez ces gants, ces fracs, ces élégances, Cet empire tout neuf et déjà vermoulu. Dieu vous a tout donné, femmes ; il a voulu Que les seuls alcyons tinssent tête à l’orage, Et qu’étant la beauté, vous fussiez le courage. Victor HUGO, Recueil : "Les Châtiments
Séduction de JeanBaptiste VALADIÉ
Huile sur toile https://www.lesatamanes.com/oeuvres/seduction-de-jean-baptiste-valadie
Violon Couple amoureux aux accents méconnus Le violon et son joueur me plaisent. Ah ! j’aime ces gémissements tendus Sur la corde des malaises. Aux accords sur les cordes des pendus À l’heure où les Lois se taisent Le cœur en forme de fraise S’offre à l’amour comme un fruit inconnu.
Louise de VILMORIN, Recueil : "Fiançailles pour rire", 1939
Le printemps d’après Marc CHAGALL
Lithographie https://www.lesatamanes.com/oeuvres/le-printemps-dapres-marc-chagall
Aux femmes
Quand tout se fait petit, femmes, vous restez grandes. En vain, aux murs sanglants accrochant des guirlandes, Ils ont ouvert le bal et la danse ; ô nos sœurs, Devant ces scélérats transformés en valseurs Vous haussez, – châtiment ! – vos charmantes épaules. Votre divin sourire extermine ces drôles. En vain leur frac brodé scintille ; en vain, brigands, Pour vous plaire ils ont mis à leurs griffes des gants, Et de leur vil tricorne ils ont doré les ganses ; Vous bafouez ces gants, ces fracs, ces élégances, Cet empire tout neuf et déjà vermoulu. Dieu vous a tout donné, femmes ; il a voulu Que les seuls alcyons tinssent tête à l’orage, Et qu’étant la beauté, vous fussiez le courage. Victor HUGO, Recueil : "Les Châtiments"
Le grand reflet de Franz PRIKING
Lithographie https://www.lesatamanes.com/oeuvres/le-grand-reflet-de-franz-priking
Scène d’atelier A Edouard Manet. Sachant qu’Elle est futile, et pour surprendre à l’aise Ses poses, vous parliez des théâtres, des soirs Joyeux, de vous, marin, stoppant près des comptoirs, De la mer bleue et lourde attaquant la falaise. Autour du cou, papier d’un bouquet, cette fraise, Le velours entourant les souples nonchaloirs, Ces boucles sur le front, hiéroglyphes noirs, Ces yeux dont vos récits calmaient l’ardeur mauvaise, Ces traits, cet abandon opulent et ces tons (Vous en étiez, je crois, au club des Mirlitons) Ont passé sur la toile en quelques coups de brosse. Et la Parisienne, à regret, du sofa Se soulevant, dit: «C’est charmant!» puis étouffa Ce soupir: «Il ne m’a pas faite assez féroce!» Charles CROS, Recueil : "Le coffret de santal"
Costumes d’été de Carle Vernet
Lithographie https://www.lesatamanes.com/oeuvres/costumes-d-ete-de-carle-vernet
L’animal : allégorie, symbole et rêve L’Homme fait appel à l’animal pour caractériser une émotion, un ressenti, une interrogation. En incluant l’animal dans ses représentations, l’Homme trouve un nouveau langage.
J’arrive où je suis étranger Louis ARAGON, Recueil : "Le Voyage de Hollande et autres poèmes"
Rien n’est précaire comme vivre
Tomber la poussière du temps C’est long vieillir au bout du Rien comme être n’est passager compte C’est un peu fondre pour le givre Le sable en fuit entre nos doigts Et pour le vent être léger C’est comme une eau froide qui J’arrive où je suis étranger monte Un jour tu passes la frontière C’est comme une honte qui croît D’où vienstu mais où vastu donc Demain qu’importe et qu’importe hier Un cuir à crier qu’on corroie C’est long d’être un homme une Le coeur change avec le chardon chose Tout est sans rime ni pardon C’est long de renoncer à tout Passe ton doigt là sur ta tempe Et senstu les métamorphoses Touche l’enfance de tes yeux Mieux vaut laisser basses les lampes Qui se font audedans de nous La nuit plus longtemps nous va mieux Lentement plier nos genoux Ô mer amère ô mer profonde C’est le grand jour qui se fait vieux Quelle est l’heure de tes marées Les arbres sont beaux en automne Combien fautil d’années Mais l’enfant qu’estil devenu secondes Je me regarde et je m’étonne À l’homme pour l’homme abjurer De ce voyageur inconnu Pourquoi pourquoi ces simagrées De son visage et ses pieds nus Rien n’est précaire comme vivre Peu a peu tu te fais silence Rien comme être n’est passager Mais pas assez vite pourtant C’est un peu fondre pour le givre Pour ne sentir ta dissemblance Et pour le vent être léger Et sur le toimême d’antan J’arrive où je suis étranger
L’homme au singe de PierreYves Trémois
Gravure https://www.lesatamanes.com/oeuvres/l-homme-au-singe-i-de-pierre-yves-tremois
Le bestiaire
Le Chat Je souhaite dans ma maison : Une femme ayant sa raison, Un chat passant parmi les livres, Des amis en toute saison Sans lesquels je ne peux pas vivre. Le Lion Ô lion, malheureuse image Des rois chus lamentablement, Tu ne nais maintenant qu’en cage À Hambourg, chez les Allemands. L’Éléphant Comme un éléphant son ivoire, J’ai en bouche un bien précieux. Pourpre mort !… J’achète ma gloire Au prix des mots mélodieux. Apollinaire
Un lion, un chat, un éléphant de Hugh WEISS
Lithographie https://www.lesatamanes.com/oeuvres/un-lion-un-chat-un-elephant-de-hugh-weis
L’Oiseau bleu J’ai dans mon cœur un oiseau bleu, Une charmante créature, Si mignonne que sa ceinture N’a pas l’épaisseur d’un cheveu Il lui faut du sang pour pâture. Bien longtemps, je me fis un jeu De lui donner sa nourriture : Les petits oiseaux mangent peu. Mais, sans en rien laisser paraître, Dans mon cœur il a fait, le traître, Un trou large comme la main, Et son bec, fin comme une lame, En continuant son chemin, M’est entré jusqu’au fond de l’âme ! Alphonse DAUDET, Recueil : "Les Amoureuses"
Un oiseau sur l’épaule de Michel CIRY
Fusain https://www.lesatamanes.com/oeuvres/un-oiseau-sur-l-epaule-de-michel-ciry
Pégase Le poëte qui dans l’extase, O Muse, fait ce que tu veux, Est monté sur le blanc Pégase, En l’empoignant par les cheveux. Audessus d’eux le ciel flamboie, Et le cheval fier et subtil Dit au poëte plein de joie: Où doisje aller? Que te fautil? Veuxtu le trône au dais de moire Que l’homme regarde en rêvant, Ou ce vain murmure, la gloire, Qui s’éparpille dans le vent? (…) Théodore de BANVILLE, Recueil : "Sonnailles et Clochettes", 3 septembre 1889.
Volons à la victoire. Ecole du XXème siècle
Huile sur toile https://www.lesatamanes.com/oeuvres/volons-la-victoire-de-ecole-du-xxeme-siecle
Le Sphinx Seul, sur l’horizon bleu vibrant d’incandescence, L’antique sphinx s’allonge, énorme et féminin. Dix mille ans ont poussé ; fidèle à son destin, Sa lèvre aux coins serrés garde l’énigme immense. De tout ce qui vivait au jour de sa naissance, Rien ne reste que lui. Dans le passé lointain, Son âge fait trembler le songeur incertain ; Et l’ombre de l’histoire à son ombre commence. Accroupi sur l’amas des siècles révolus, Immobile au soleil, dardant ses seins aigus, Sans jamais abaisser sa rigide paupière, Il songe, et semble attendre avec sérénité L’ordre de se lever sur ses pattes de pierre, Pour rentrer à pas lents dans son éternité. Albert SAMAIN, 1858 – 1900
Sphinx de Paul Maurice CHEVALIER
Huile sur toile https://www.lesatamanes.com/oeuvres/sphinx-de-paul-maurice-chevalier
La terre est bleue
La terre est bleue comme une orange Jamais une erreur les mots ne mentent pas Ils ne vous donnent plus à chanter Au tour des baisers de s’entendre Les fous et les amours Elle sa bouche d’alliance Tous les secrets tous les sourires Et quels vêtements d’indulgence À la croire toute nue. Les guêpes fleurissent vert L’aube se passe autour du cou Un collier de fenêtres Des ailes couvrent les feuilles Tu as toutes les joies solaires Tout le soleil sur la terre Sur les chemins de ta beauté. Paul ÉLUARD, Recueil : "L'Amour la poésie"
L’an 2000 de Hervé Di Rosa
Lithographie https://www.lesatamanes.com/oeuvres/l-2000-de-herve-di-rosa