Exposition virtuelle
Madi : l’abstraction affranchie Autour de Roger Neyrat Galerie Les Atamanes
Qu’estceque le mouvement Madi ?
Madi, c’est la joie, la liberté, le mouvement. Madi, c’est la libération des carcans, Madi, c’est le plaisir de regarder autrement
Histoire d’un taureau
Taureau cornu, arqué, braqué sur la surface ensoleillée de l’arène où la lumière est si éblouissante que l’on distingue à peine de leurs ombres le torero, le picador et les banderillos,
Taureau, on n’attend plus que ton bon plaisir pour animer ce désert, Et, ce désert animé, que ton animation pour manifester l’homme.
Mais il existe des taureaux de nuit, Avec la lune sur leur front, Des taureaux noirs, des taureaux blancs Qui galopent à fond de train dans le sommeil des enfants, Et dont les mugissements ébranlent les villes, Et qui meurent dans les étoiles, lentement, En répandant leur sang dans l’immensité du temps.
Robert DESNOS, Recueil : "État de veille"
GÉOMÉTRIE MENTALE DE L'ARÈNE de Roger Neyrat
Technique mixte sur bois https://www.lesatamanes.com/oeuvres/geometrie-mentale-de-l-arene-de-roger-neyrat
Mathématiques Quarante enfants dans une salle, Un tableau noir et son triangle. Un grand cercle hésitant et sourd Son centre bat comme un tambour. Des lettres sans mots ni patrie Dans une attente endolorie. Le parapet dur d'un trapèze, Une voix qui s'élève et s'apaise Et le problème furieux Se tortille et se mord la queue. La mâchoire d'un angle s'ouvre. Estce une chienne ? Estce une louve ? Et tous les chiffres de la terre, Tous ces insectes qui défont Et qui refont leur fourmilière Sous les yeux fixes des garçons.
Jules Supervielle
COMPOSITION MADI SUR FOND ORANGE de Jose "Pepe" Cacéres
Technique mixte sur carton https://www.lesatamanes.com/oeuvres/composition-madi-sur-fond-orange-de-pepe-caceres
Droite Au moins pour toi, Pas de problème. Tu crois t'engendrer de toimême À chaque endroit qui est de toi, Au risque d'oublier Que tu as dû passer, Probablement au même endroit. Ne sachant même pas Que tu fais deux parties De ce que tu traverses, Tu vas sans rien apprendre Et sans jamais donner.
Carré Chacun de tes côtés S'admire dans les autres. Où va sa préférence ? Vers celui qui le touche Ou vers celui d'en face ? Mais j'oubliais les angles Où le dehors s'irrite Au point de t'enlever Les doutes qui renaissent.
Eugène Guillevic
COMPOSITION SANS TITRE de Roger Neyrat
Acrylique sur bois https://www.lesatamanes.com/oeuvres/composition-sans-titre-de-roger-neyrat
Le quart d'heure de bon temps L’homme, dont la vie entière Est de quatrevingtseize ans, Dort le tiers de sa carrière, C'est juste trentedeux ans. Ajoutons pour maladies, Procès, voyages, accidents Au moins un quart de la vie, C'est encore deux fois douze ans. Par jour deux heures d'études Ou de travaux font huit ans, Noirs chagrins, inquiétudes Pour le double font seize ans. Pour affaires qu'on projette Demiheure, encore deux ans. Cinq quarts d'heures de toilette Barbe et caetera cinq ans. Par jour pour manger et boire Deux heures font bien huit ans. Cela porte le mémoire Jusqu'à quatrevingtquinze ans. Reste encore un an pour faire Ce qu'oiseaux font au printemps. Par jour l'homme a donc sur terre Un quart d'heure de bon temps. Nicolas Boileau (16361711)
ECLIPSE DE SEXE de Roger Neyrat
Acrylique sur bois contreplaqué https://www.lesatamanes.com/oeuvres/eclipse-de-sexe-de-roger-neyrat
La liberté prend le chemin bleu Qui conduit vers Toi L'or de mon coeur s'envole
Trois cercles magiques chargés d'Amour montent lentement
le premier s'échappe enfin de ma prison il se dilate et s'affirme dans l'extraquadrangulaire
l'Art est une prière permanente chaque message s'égrène au rythme des signes donnés et relie l'Homme à l'Univers
Roger Neyrat 14/05/1992
LIBERATION JAUNE de de Roger Neyrat
Technique mixte sur carton https://www.lesatamanes.com/oeuvres/liberation-jaune-de-roger-neyrat
Le coucher du soleil romantique
Que le soleil est beau quand tout frais il se lève, Comme une explosion nous lançant son bonjour ! Bienheureux celuilà qui peut avec amour Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve ! Je me souviens ! J'ai vu tout, fleur, source, sillon, Se pâmer sous son oeil comme un coeur qui palpite... Courons vers l'horizon, il est tard, courons vite, Pour attraper au moins un oblique rayon ! Mais je poursuis en vain le Dieu qui se retire ; L'irrésistible Nuit établit son empire, Noire, humide, funeste et pleine de frissons ; Une odeur de tombeau dans les ténèbres nage, Et mon pied peureux froisse, au bord du marécage, Des crapauds imprévus et de froids limaçons.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
COMPOSITION AUX TROIS ORS de Jose "Pepe" Cacéres
Technique mixte sur carton https://www.lesatamanes.com/oeuvres/composition-oblique-aux-trois-ors-de-jose-pepe-caceres
Être ange Être ange C'est étrange Dit l'ange Être âne C'est étrâne Dit l'âne Cela ne veut rien dire Dit l'ange en haussant les ailes Pourtant Si étrange veut dire quelque chose Étrâne est plus étrange qu'étrange Dit l'âne Étrange est Dit l'ange en tapant des pieds Étranger vousmême Dit l'âne Et il s'envole
Jacques Prévert
tiré du recueil “Fatras” paru aux éditions Gallimard © Fatras/ Succession Jacques Prévert, pour les droits audiovisuels et numériques
FANTAISIE NÉOPLASTICIENNE N°1 de Roger Neyrat
Acrylique sur bois https://www.lesatamanes.com/oeuvres/fantaisie-neoplasticienne-ndeg1-de-roger-neyrat
Les carrés de l’hypoténuse
Si a et b sont au carré si la neige s’additionne avec la pluie et que mon ombre m’accompagne dans la nuit alors je me ressemble comme deux gouttes d’homme la Terre est plus légère que la sphère des géomètres si le temps n’est qu’une mesure et l’espace sans mesure alors il nous reste le chose à chose le présent dans sa dextérité il nous reste les cadavres exquis je n’ai pas demandé à passer au prud’homme je ne recherche pas la douce quiétude des hommes si Trois multiplie Dieu et qu’on expose les deux ça ne donne qu’une formule impropre à la circulation ça ne fait qu’un battant pour fermer la fenêtre si les angles sont morts comme le temps le permet une pierre pour ton jardin une pierre pour le mien sachant que cinq carottes plus trois navets font huit légumes vingtdeux morts soixante blessés font quel type de weekend? trois famines et deux guerres forment quelle figure humaine?
Jacques Rancourt, « Les carrés de l’hypoténuse », Veilleur sans sommeil, Montréal, Éditions du Noroît, 2010.
ERA SPAZIALE de JeanPierre Faucon
Huile sur toile https://www.lesatamanes.com/oeuvres/era-spaziale-de-jean-claude-faucon
Après l’hiver (…) La nuit meurt, l’hiver fuit ; maintenant la lumière, Dans les champs, dans les bois, est partout la première. Je suis par le printemps vaguement attendri. Avril est un enfant, frêle, charmant, fleuri ; Je sens devant l’enfance et devant le zéphyre Je ne sais quel besoin de pleurer et de rire ; Mai complète ma joie et s’ajoute à mes pleurs. Jeanne, George, accourez, puisque voilà des fleurs. Accourez, la forêt chante, l’azur se dore, Vous n’avez pas le droit d’être absents de l’aurore. Je suis un vieux songeur et j’ai besoin de vous, Venez, je veux aimer, être juste, être doux, Croire, remercier confusément les choses, Vivre sans reprocher les épines aux roses, Être enfin un bonhomme acceptant le bon Dieu. Ô printemps ! bois sacrés ! ciel profondément bleu ! On sent un souffle d’air vivant qui vous pénètre, Et l’ouverture au loin d’une blanche fenêtre ; On mêle sa pensée au clairobscur des eaux ; On a le doux bonheur d’être avec les oiseaux Et de voir, sous l’abri des branches printanières, Ces messieurs faire avec ces dames des manières. 26 juin 1878 Victor Hugo, Recueil : Toute la lyre (1888 et 1893).
PRINTEMPS TRISTE de Roger Neyrat
Acrylique sur bois https://www.lesatamanes.com/oeuvres/printemps-triste-de-roger-neyrat
Éloge de la volupté Ô douce Volupté, sans qui, dès notre enfance, Le vivre et le mourir nous deviendraient égaux ; Aimant universel de tous les animaux, Que tu sais attirer avecque violence ! Par toi tout se meut icibas. C'est pour toi, c'est pour tes appâts, Que nous courons après la peine : Il n'est soldat, ni capitaine, Ni ministre d'État, ni prince, ni sujet, Qui ne t'ait pour unique objet.(…) Volupté, Volupté, qui fus jadis maîtresse Du plus bel esprit de la Grèce, Ne me dédaigne pas, vienst'en loger chez moi ; Tu n'y seras pas sans emploi. J'aime le jeu, l'amour, les livres, la musique, La ville et la campagne, enfin tout ; il n'est rien Qui ne me soit souverain bien, Jusqu'au sombre plaisir d'un coeur mélancolique. Viens donc ; et de ce bien, ô douce Volupté, Veuxtu savoir au vrai la mesure certaine ? Il m'en faut tout au moins un siècle bien compté ; Car trente ans, ce n'est pas la peine. Jean de La Fontaine (16211695), in Les Amours de Psyché (1669)
ELEMENTS ET SECTIONS DE CERCLE EN VOLUPTE de Roger Neyrat
Technique mixte sur bois https://www.lesatamanes.com/oeuvres/elements-et-sections-de-cercle-en-volupte-de-roger-neyrat
Le Chant du départ La victoire en chantant Nous ouvre la barrière La liberté guide nos pas Et du Nord au Midi La trompette guerrière A sonné l'heure des combats Tremblez ennemis de la France, Rois ivres de sang et d’orgueil ! Le peuple souverain s'avance, Tyrans, descendez au cercueil. La République nous appelle, Sachons vaincre ou sachons périr ! Un Français doit vivre pour elle, Pour elle un Français doit mourir. Un Français doit vivre pour elle, Pour elle un Français doit mourir. MarieJoseph Chénier (frère d’André Chénier, guillotiné en 1794)
Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre (…) Quoi ! nul ne restera pour attendrir l’histoire Sur tant de justes massacrés ; Pour consoler leurs fils, leurs veuves, leur mémoire ; Pour que des brigands abhorrés Frémissent aux portraits noirs de leur ressemblance ; Pour descendre jusqu’aux enfers Chercher le triple fouet, le fouet de la vengeance, Déjà levé sur ces pervers ; Pour cracher sur leurs noms, pour chanter leur supplice ! Allons, étouffe tes clameurs ; Souffre, ô coeur gros de haine, affamé de justice. Toi, Vertu, pleure si je meurs. André Chénier, Recueil : "Dernières poésies"
HOMMAGE À LA RÉVOLUTION FRANÇAISE de Roger Neyrat
Acrylique sur bois https://www.lesatamanes.com/oeuvres/hommage-la-revolution-francaise-de-roger-neyrat
Hymne au soleil Je t'adore, Soleil ! ô toi dont la lumière, Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel, Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière, Se divise et demeure entière Ainsi que l'amour maternel ! Je te chante, et tu peux m'accepter pour ton prêtre, Toi qui viens dans la cuve où trempe un savon bleu Et qui choisis, souvent, quand tu veux disparaître, L'humble vitre d'une fenêtre Pour lancer ton dernier adieu ! Tu fais tourner les tournesols du presbytère, Luire le frère d'or que j'ai sur le clocher, Et quand, par les tilleuls, tu viens avec mystère, Tu fais bouger des ronds par terre Si beaux qu'on n'ose plus marcher ! Gloire à toi sur les prés! Gloire à toi dans les vignes ! Sois béni parmi l'herbe et contre les portails ! Dans les yeux des lézards et sur l'aile des cygnes ! Ô toi qui fais les grandes lignes Et qui fais les petits détails ! C'est toi qui, découpant la soeur jumelle et sombre Qui se couche et s'allonge au pied de ce qui luit, De tout ce qui nous charme as su doubler le nombre, A chaque objet donnant une ombre Souvent plus charmante que lui ! Je t'adore, Soleil ! Tu mets dans l'air des roses, Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson ! Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses ! Ô Soleil ! toi sans qui les choses Ne seraient que ce qu'elles sont ! Edmond Rostand, Chantecler
JÉSUSSOLEIL de Roger Neyrat
Sculpture sur bois https://www.lesatamanes.com/oeuvres/jesus-soleil-de-roger-neyrat
Le Carré pointu
Le carré a quatre côtés Mais il est quatre fois pointu Comme le Monde. On dit pourtant que la terre est ronde Comme ma tête Ronde et monde et mappemonde : Un anticyclone se dirigeant vers le nord ouest… Le monde est rond, la terre est ronde Mais elle est, mais il est Quatre fois pointu Est Nord Sud Ouest Le monde est pointu La terre est pointue L’espace est carré.
Robert DESNOS, 1939. Recueil : "La Géométrie de Daniel"
EQUILIBRE PRÉCAIRE DES CINQ SIGNES de Roger Neyrat
Acrylique sur bois aggloméré https://www.lesatamanes.com/oeuvres/equilibre-precaire-des-cinq-signes-de-roger-neyrat
Poème récité par Jean Dieudonné, en septembre 1988, pour une émission diffusée sur France Culture.
Soit une multiplicité vectorielle Un corps opère, seul, abstrait, commutatif Le dual reste loin, solitaire et plaintif Cherchant l'isomorphie et la trouvant rebelle. Soudain bilinéaire a jailli l'étincelle D'ou naît l'opérateur deux fois distributif. Dans les rets du produit tous les vecteurs captifs Ont célébré sans fin la structure plus belle. Mais la base a troublé cet hymne aérien Les vecteurs éperdus ont des coordonnées Cartan ne sait que faire et n'y comprend plus rien Et c'est la fin. Vecteurs, opérateurs foutus Une matrice immonde expire. Le corps nu Fuit en luimême, au sein de lois qu'il s'est donné.
VERS L'ÉQUILIBRE DES SIGNES? de Roger Neyrat
Acrylique sur bois https://www.lesatamanes.com/oeuvres/vers-l-equilibre-des-signes-de-roger-neyrat
Et le singe devint con
Par un point Tsoin, tsoin Pris hors d'une droite Moite, moite, On peut Poil aux yeux Faire passer une Blonde ou brune Parallèle Belle belle Et on ne peut Repoil aux yeux En faire passer C'est forcé Qu'une Voilà. C'est mon postulat à moi. Tra la la.
François Cavanna (19232014)
ACCORD DIFFICILE de Roger Neyrat
Technique mixte sur bois https://www.lesatamanes.com/oeuvres/accord-difficile-de-roger-neyrat