22. couleurs de l'Inde, la mystique du voyage

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Couleurs

de l ’Inde ...vu de l ’atelier



L’inspiration

L’aspiration

Carnet de voyage au pays de la couleur Rarement un pays aura été aussi spontanément associé à la couleur dans l’inconscient collectif ou l’imagination des hommes. En Inde, la couleur est partout. Son usage et son expérience sont naturels, évidents, quotidiens, au point où l’Inde est devenu culturellement le pays de la couleur. Contrairement aux Occidentaux, les Indiens ont toujours vu et maitrisé la couleur de manière intuitive. La lumière aveuglante du soleil indien autorise et valorise un emploi démesuré, joyeux et tapageur de la couleur dont les significations apportent aux yeux des Indiens des messages bien particuliers. Pour eux, jouer avec la couleur est un plaisir auquel il convient de s’adonner en commun. Toutes les nuances et les chatoiements de la palette indienne dévoilent une civilisation, déclenchent des signaux sociaux, religieux, symboliques. La couleur est porteuse de messages que ce carnet tente de déchiffrer, à cheval entre un décryptage culturel et l’album de photos, souvenir d’un fabuleux voyage... Pour les hindous, toute la vie est un rituel. Les couleurs ont donc, dans l’hindouisme, une signification particulière, entre codes sociaux et univers fantastique où se mêlent le magique, le merveilleux, le mystique et le religieux. Ce contexte dont la couleur fait totalement partie, a toujours enflammé l’esprit indien, son inventivité, sa richesse. Ce petit carnet des couleurs indiennes est le recueil d’impressions visuelles et de chocs culturels reçus en octobre 2011, lors d’un périple de 2 semaines au Rajasthan. On gardera en tête que l’Inde, pays au cloisonnement social imperturbable, utilise le même mot varna pour “couleur” et “caste” et que l’une symbolise visuellement l’autre. Plus la caste est inférieure, plus la couleur est affirmée....



«L’Inde est le pays des couleurs, d’une variété et d’une richesse de couleurs aussi séduisantes qu’émouvantes, aussi terrifiantes que repoussantes... Davantage qu’en Occident, l’univers indien reflète les moments de la journée, les étapes de la vie, le cycle de la naissance à la mort. Malheureusement aussi, force est de le constater, ce mode de vie très organisé est guidé, voire imposé, par les dictats de la religion. A travers les photos de ce carnet de voyage ont été mises en avant les émotions vécues et ressenties à travers et grâce aux couleurs. Grâce aussi à cette population qui renvoie sans cesse à une gentillesse qui touche l’âme et le coeur du voyageur.» [Perrine Balleux, coloriste chez A3DC]



Le marbre blanc du Taj Mahal

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LANC INDIEN Aucun teinturier ne peut teindre en blanc. Le blanc existe avant et après toutes les autres couleurs. De nature du divin, le blanc est en Inde la base de toute couleur, représentant la paix, la pureté et la connaissance. Ainsi, Saraswatî, l’épouse de Brahmâ, déesse de la connaissance et de la sagesse, est-elle assise, vêtue d’un sari blanc, sur un lotus blanc, accompagnée d’un cygne blanc. Elle révéla aux hommes l’alphabet, l’écriture et le langage. Sa place dans le panthéon indien est de tout premier ordre. Il n’est donc pas étonnant que la couleur blanche soit associée à la caste la plus élevée de la société indienne, celle des brahmanes. Shiva est l’autre dieu blanc. Puisque tout coexiste en Shiva, sa couleur ne peut être que le blanc. De la couronne que forment ses cheveux en broussaille coule le Gange, blanc comme le lait, symbole de pureté. Si Shiva apparaît assis sur Nandi, son taureau blanc, blanc comme les sommets de l’Himalaya, c’est qu’il est le souverain des esprits de lumière. En Inde, le blanc est la couleur du deuil et de la tristesse. Si la famille et les amis du défunt s’habillent de blanc lors la crémation, les veuves porteront un sari blanc en attendant la mort. Ultime mémorial d’une épouse adorée, le Taj Mahal est le mausolée de marbre blanc élevé à jamais, en témoignage d’une peine infinie…



J Le saree jaune élatant d’une porteuse d’eau à Jaisalmer

AUNE INDIEN En Inde, plus que n’importe où, la palette des couleurs situées entre le rouge et le jaune est particulièrement riche, l’Orient accordant une grande valeur à la couleur jaune. Disparu désormais, le jaune indien ou monghir piuri, provenait de l’urine de vaches qui, nourries avec des feuilles de manguier, étaient sujettes à des troubles du métabolisme. Cette pratique a été interdite par les Anglais. Depuis 1921, le jaune indien n’est plus disponible. En Inde, au premier jour du printemps ou Vasant Panchami, une tradition ancestrale et ambiguë veut que l’on porte des vêtements jaunes, le jaune symbolisant aussi bien la chaleur de la lumière du soleil que la froideur du soufre et de la bile. Le foie et la bile dont la fonction compromise par la colère générant la jaunisse, le jaune est en Inde le symbole de la jalousie. Le jaune d’or est l’esprit de la Sagesse, il pousse à la réflexion, à la méditation, à la raison et à la prudence. On ne peut dissocier le jaune de l’or. L’or, le métal le plus pur et le plus précieux depuis l’Antiquité, a l’éclat de la lumière et du soleil, donc de Dieu. En Inde, on dit que l’or est la lumière minérale et l’on représente Bouddha en or, parce que l’or est la couleur de l’illumination, de la perfection absolue, de l’immortalité.



J Le jaune du curcuma et le paprika orange d’un vendeur d’épices à Udaipur

AUNE INDIEN En Inde, le jaune est omniprésent lors des noces car sa couleur est considérée comme une promesse de bonheur conjugal, de santé, de richesse et de descendance nombreuse. La veille du mariage, les futurs époux hindous sont rituellement enduits de poudre de curcuma. D’un ton jaune soutenu et très colorant, le curcuma ou safran des Indes est tiré d’un rhizome aux multiples talents. Plante tinctoriale, elle fournit le colorant jaune orangé pour la teinture safran des tenues des moines bouddhistes. La couleur des tuniques des bonzes symbolise ainsi l’illumination, cette couleur orange servant à identifier l’autorité terrestre et la suprématie spirituelle. En pharmacopée, le curcuma est utilisé comme médicament traditionnel pour le traitement des maladies de peau, en tout particulièrement, en Inde, dans le traitement de la gale. Le curcuma en poudre entre couramment dans les mélanges d’épices de la cuisine indienne, en particulier dans le curry mais aussi dans le mukhavas, ce mélange indien de graines pris en fin de repas pour favoriser la digestion.



A gauche, le temple d’Agra. A droite, un temple hindouiste à Jaisalmer



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Le grès jaune de la ville de Jaisalmer

AUNE INDIEN Jaisalmer a longtemps été une étape importante sur la route des épices, de la soie et de l’opium, entre la vallée de l’Indus, au Pakistan et l’Asie centrale. Protégée par les hauts murs de grès jaune de la citadelle, la ville est une forteresse de couleur sable, isolée en plein désert du Thar, riche d’anciennes demeures bâties au XVIIIe siècle. Ces havelis décorés de balcons sculptés et de façades à colonnes de marbre jaune appartenaient aux riches marchands de la route de la soie. Ils présentent un travail de sculpture de grès jaune et de marbre qui les fait ressembler à de fines dentelles de pierre. Toutes les constructions de Jaisalmer ont la couleur du sable du désert qui entoure la ville et dont la formidable forteresse ressemble à un impressionnant château de sable, en haut de sa colline. La citadelle aux 99 tours et aux 4 portes renferme le magnifique palais du Rajmahal. La vieille ville est parcourue par un labyrinthe de ruelles sinueuses et étroites que l’on doit traverser successivement pour atteindre la place principale. Cinq jolis temples jaïns sont bâtis au centre de la place forte. Ils sont reconnaissables à leurs stupas qui dominent les ruelles. La terrasse au sommet offre un panorama imprenable sur le désert à l’entour, avec toujours, ce jaune omniprésent, minéral et sec de cette ville de sable.


Agra


Le portique orange d’un lieu de recueillement en plein coeur de ville

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RANGE INDIEN

L’orange représente l’esprit de Sainteté. Il apporte la foi et la renforce. A ce titre, il est la couleur sacrée de l’hindouisme. Cette touche de couleur sacrée est déposée dans les temples en offrande aux dieux ou sur la dépouille des morts, au moment de la crémation, en de longues guirlandes de fleurs de tagètes, ces roses et œillets d’Inde éclatant d’orange. L’orange tranche alors sur la tenue blanche du défunt, comme un ornement funéraire propitiatoire. Pour l’orange des plantes tinctoriales, le safran et le carthame des teinturiers sont encore utilisés de nos jours pour teindre les vêtements, comme jadis en Europe. Le carthame contient un colorant orangé, la carthamine, à la fois dans ses fleurs et dans ses fruits, riches en graines oléagineuses. Le pistil rouge orangé de la carthame sert parfois de remplaçant au safran, puisque la carthamine, plante tinctoriale, fournit le colorant orange pour la teinture safran des tenues des sâdhus, ces hommes de bien, ces saints hommes ayant renoncé à la société pour rechercher la fusion avec le divin. Les Indiens utilisent par ailleurs le mot safran pour signifier au quotidien la couleur orange, à l’instar du drapeau de la République de l’Inde, constitué depuis 1947 et son indépendance, de trois bandes horizontales de largeur égale, avec celle safran au-dessus de tout.



La façade orangée d’un pavillon du fort de

Junagarth

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RANGE INDIEN

Pour les hindous, l’orange est sacré et sa couleur représente le feu purificateur du corps et des passions, ce feu exterminateur final qui apportera la libération de l’âme et des tourments. Loin de l’idée de mort, l’orange du feu de la crémation apporte à l’homme le salut final et sa troisième naissance. Car en effet, «l’homme naît trois fois. La première fois, il naît de son père et de sa mère. Puis celui dont le sacrifice devient le lot par le mariage naît pour la seconde fois. Enfin, quand il meurt et qu’on le dépose sur le bûcher, il renaît au ciel pour la troisième fois». L’orange est la couleur du feu allumé lors de la cérémonie du mariage, le même feu qui devient le feu domestique du nouveau maître de maison, le même feu qui allume le bûcher funéraire du défunt qui aura gardé toute sa vie son feu pour ses propres funérailles. L’orange, couleur du feu, est sacré. On dit alors que, lors de la crémation du corps, l’âme entre dans la flamme, puis dans le jour, puis dans le soleil... jusqu’à devenir Brahman. La symbolique de cet orange sacrificiel est le voyage de l’âme vers des régions toujours plus lumineuses. C’est le chemin des dieux, le devayâna…


livres de prières dans une niche à …


L’ocre rouge et le grès rose du fort de Junagarth

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CRE INDIEN

C’est la couleur de la terre, symbole de l’humilité. Dans beaucoup de villages indiens, les statuettes sont rehaussées d’une couleur ocre rouge que l’on trouve déjà sur les peintures rupestres les plus anciennes. Une des destinations touristiques les plus fréquentées dans Agra Sikandra est le mausolée de Mughal Akbar, le plus grand des empereurs. Construit avec l’ocre rouge et en grès, ce beau tombeau est situé à 4 kilomètres d’Agra. Construit dans l’architecture Islamique Indo, ce tombeau a été construit par Akbar lui-même. L’ocre indien est un oxyde rouge bien connu de la palette occidentale, en provenance des mines des hauts plateaux du Mahrate. En plein Bombay, une usine traite les ocres et les oxydes de fer naturels provenant de plus de dix carrières de la région, riche en latérite rouge teintée de fer oxydé. Tous les pigments sont broyés et conditionnés en sacs avant de partir aux quatre coins du monde. Une particularité en Inde est que les ocres ne sont pas calcinées car le pays dispose d’importantes quantités d’ocre rouge naturelle.



R Livres de prières dans une niche rose de la mosquée Jamma Masjid à Delhi

OSE INDIEN

A Jaipur, capitale du Rajasthan, les murs ont été peints en rose en 1853, lors de la visite du Prince Albert, époux de la Reine Victoria, elle-même Impératrice des Indes. Le rose étant la couleur traditionnelle de bienvenue chez les Indiens, la tradition d’hospitalité a perduré et est aujourd’hui la norme colorielle de la ville, le grès clair des constructions étant rehaussé et repeint régulièrement de rose primaire. C’est donc quelques années après l’incorporation formelle de l’Inde dans l’Empire britannique que Jaipur est depuis surnommée la ville rose. Comme un peu partout dans le monde, le rose exprime la nuance de l’amour altruiste et de la tendresse, de l’affection, du lien et de l’interaction. Le rose agit sur l’intellect en sublimant les soucis et les pensées sombres de l’existence. Mais c’est très précisément une nuance de rose qui apparaît avec le rose indien. Ce rouge primaire d’impression est appelé magenta, souvent dénommé rose magenta. Il est proche d’un fuchsia, d’un rose tyrien ou dit aussi de Tyr. Un rose exotique qui fait voyager, rend heureux, apaise et positive. Du Nirvana en couleur !



A gauche, le palais des vents Ă Jaipur. A droite, la porte du fort de Junagarth



R Le rouge des sarees des femmes, un jour de marché à Jodhpur

OUGE INDIEN

L’univers quotidien de l’Inde déploie une diversité infinie de tons rouges, depuis celui des uniformes des por teurs en gares à celui du henné qui colore barbes, mains et pieds. Du rouge éclatant des fleurs de l’arbre appelé gulmohar (victoire rouge) au rouge de la poudre répandue lors de la fête des couleurs Holi. Ou comme le rouge du pan, ce mélange de noix de bétel, chaux, noix d’arec et épices qui rougeoie les dents et la salive, à l’instar du rouge de la langue qu’exhibe la déesse Kali. Ces chiques de pan sont à l’origine des taches rouges sur les trottoirs qui font par tie du décor de l’Inde et que l’on remarque autour de la bouche de nombreux Indiens après l’heure des repas. Rouge est Amitabha, le “Bouddha de la lumière éternelle”. Rouge est le postérieur des singes qui envahissent les villes. Rouges sont les empreintes de mains sur les murs des maisons, qui, comme au Mexique, en Turquie ou en Irlande, protègent les habitants du mauvais œil.



A gauche, le rouge d’un char de fête. A droite, un surveillant Jaïniste de temple d’Adinath



R Le rouge de la poudre kum-kum pour le «bindi»

OUGE INDIEN

Rouge est la couleur dont les femmes peignent les murs de leurs maisons, revêtus de bouse de vache ou gobar-mitti, avec un mélange de cinabre, de minerai de plomb, d’ocre, de terre rouge ou de tuiles broyées. Rouge est le saree réservé à la cérémonie de mariage des femmes indiennes. Rouge, le sindur, cette poudre cinabre qui teinte la raie des cheveux des épouses hindoues, parce que sindura ou sindoor signifie rouge et symbolise Shakti, la déesse de la force. Rouge, le bindi, cette signature frontale devenue le symbole le plus marquant de l’Inde, fait traditionnellement d’un point de poudre kum-kum rouge. La couleur rouge apporte la prospérité à la nouvelle maison et ce point rouge de safran ou de curcuma au milieu du front fait de l’épouse la gardienne du bien-être domestique. Tout naturellement, il signale aussi à l’environnement qu’une femme n’est plus libre... Le rouge symbolise le flux menstruel des divinités protectrices. Il favorise la fertilité et établit un lien direct avec Lakshmi, la déesse rouge de la Fécondité.



Le vert lumineux du saree d’une vendeuse de légumes

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ERT INDIEN Le vert est une des trois couleurs nationales puisque qu’il est présent dans le drapeau de l’état indien, au même titre que le blanc et le safran. Le vert est donc d’importance en Inde par culture, par tradition, voire également par religion, l’islam représentant 20 % des croyants. Le vert est l’esprit d’Éternité et d’Évolution. C’est la couleur de la croissance, du développement, du magnétisme, mais aussi de la richesse. Le vert donne l’espérance et la possibilité d’évolution. En Inde, les eaux primordiales vertes donnèrent la vie et Vishnou, porteur du monde à l’instar d’Atlas, est représenté sous la forme d’une tortue au visage vert. Naissant d’une mer de lait comme Aphrodite, Vishnou a un corps humain vert et une tête de cheval. Le vert est donc le symbole de tout ce qui a trait à l’eau et à la mer. Enfin, le vert est la couleur du dieu Ganesha, cousin de l’Hermès grec, rattaché à la sphère de la création. Le jade, la tourmaline, les perles d’émeraude sont les pierres vertes indiennes par excellence.Verte et translucide, l’émeraude est la pierre de la lumière verte, ce qui lui confère à la fois une signification ésotérique et un pouvoir régénérateur. L’émeraude du Grand Moghol de 217 carats est l’emblématique joyau du trésor des empereurs des Indes, un talisman mythique de l’Inde des maharadjahs, assurant l’immortalité.



Le bleu des murs des façades de Jodhpur, ville bleue

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LEU INDIEN Il existe une couleur entre le bleu pur et le violet dont le nom seul renvoie à l’Inde : l’indigo dont le terme indien est nil. L’indigo fut l’un des premiers colorants introduits en Europe. En provenance d’Inde, avec la pourpre et le safran, il a été associé à ce pays. En Inde, le nil s’utilise toujours, notamment pour azurer les vêtements des hommes, afin qu’ils paraissaient d’un blanc plus éclatant. L’indigo connaît son apothéose à Jodhpur, la ville bleue qui surgit dans le paysage désertique du Rajasthan. Vue depuis la fortification de Mehrangarth, la ville est une véritable mosaïque de tons bleus. Personne ne saurait dire pour quelle raison les habitants l’ont jadis peint en bleu. Certains affirment que ce fut un moyen d’identifier les maisons appartenant aux Brahmanes, la caste la plus haute, religieuse et lettrée, qui vénère le dieu Krishna au visage bleu. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement le quartier des Brahmanes de Brahmapuri mais la ville ancienne toute entière qui apparaît d’un bleu éclatant, façades et intérieurs des maisons. Peut-être avait-on aussi découvert que la couleur bleue éloigne les moustiques ? En tous cas, le bleu permet d’adoucir les températures de cette cité du soleil. 5° de moins sont constatés dans la vieille ville peinte en bleu que dans le reste de la cité…



Le bleu des enseignes, des enduits et de la façade de l ’Acharya Guesthouse

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LEU INDIEN Evitée par les castes élevées, le procédé d’obtention de l’indigo étant considéré comme particulièrement impur, la couleur bleue était réservée à la caste des Shûdra, celle des agriculteurs, des artisans et des tisserands. Dans la vie quotidienne, le bleu est en Inde une couleur méprisable. Le bleu attire le malheur et s’associe au deuil : aucune femme n’osera porter un saree bleu si son mari est encore en vie. Du point de vue religieux, le bleu, dans ses nuances les plus foncées, représente l’esprit de vérité. Il est lié à la religion, à la paix et à la musique. Symbole de vérité, l’indigo est l’esprit de la force, l’esprit de royauté, et les divinités sont souvent représentées, dans l’imaginaire populaire, avec la peau bleue. Du même bleu que la couleur des océans, des rivières et du ciel. Le bleu indien symbolise le courage, la capacité à lutter contre le mal, la force des sentiments purs. Rama et Krishna, Kali ou Shiva (dont l’un des 1008 noms, Nila kantha signifie “le dieu à la gorge bleue”) protègent le monde et combattent le mal, ainsi leurs visages et leurs mains sont-ils de couleur bleue.



Le noir de la poudre diluée à l ’eau sur le visage d’un enfant, le jour de la fête des couleurs

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OIR INDIEN

Vishnou, dieu conservateur de l’univers fait de lumière, est toujours de couleur noire, couleur de l’éther, la substance informelle du monde. Garant de l’équilibre de l’univers et de sa cohésion, il descend sur terre parmi les hommes pour rétablir l’ordre cosmique et contrebalancer les effets de Shiva, le dieu blanc et destructeur de la dispersion et de la non-existence. L’existence appelle la destruction et comme il ne peut y avoir de vie sans mort et mort sans vie, Vishnou et Shiva sont des principes interdépendants, une sorte de gémellité indissociable au même titre que le couple fondamental blanc/noir ou yin/yang. Chez les hindous, le noir a toujours été tabou. La crainte inspirée par la couleur noire est beaucoup plus grande en Inde qu’en Europe. Le noir est peu porté, et une écharpe noire sera rehaussée de broderies dorées ou argentées, évoquant le ciel nocturne, éclairant le vide et l’absence d’une trace de lumière et de vie. Le noir indien est devenu une référence de couleur de la palette occidentale, un pigment naturel dense, un oxyde donnant de beaux gris profonds dont déjà, au Ier siècle, Pline faisait l’éloge.



Diversité de couleurs des habits de marionnettes sur les marches d’une Haveli à Mandawa

Couleur et représentation Pour chacune des grandes civilisations, par un long cheminement culturel, la couleur acquiert une dimension symbolique dans le message qu’elle véhicule, sciemment ou inconsciemment. C’est la mission de l’Atelier de connaître, identifier, comprendre les couleurs dans toutes leurs dimensions symboliques, cachées, afin d’identifier l’information qu’elles portent en elles lorsqu’elles sont proposées à un marché. C’est la mission de l’Atelier de recenser les couleurs culturelles et leur usage, celles liées aux différentes civilisations, aux habitudes socioculturelles, à l’histoire des pays et à leurs croyances, leurs religions et leurs mythes.

Chaque époque a sa couleur…

Cap sur la couleur

Pour toutes les couleurs, l’Atelier 3D couleur se passionne pour leur symbolique, leur dimension souterraine, enfouie dans l’inconscient d’une culture ou d’une nation. La couleur est un vecteur sans pareil, un messager immédiat : savoir l’utiliser est un acquis précieux. Depuis plus de 30 ans, l’Atelier 3D couleur qui a le sens et la culture de la couleur, note leur apparition, leur évolution, le changement de leur contenu et de leurs valeurs, par secteur, par saison, par cible. Il enregistre leur succès, leur demande, leur rencontre avec un marché… leur estimé gagnée dans l’opinion. Ce design de la couleur répond à un marketing de la couleur, une intervention nouvelle et sensible de décodage des envies, au service de l’entreprise, du produit industriel, de l’architecture et du cadre de vie.



Le bleu du soubassement et de la chemise d’un écolier répond à l ’orange d’un Sadhu amical...


Plus de trente ans d’expérience dans le domaine de la couleur appliquée à l’architecture et au produit industriel ont permis de mettre au point une méthodologie précise, pointilleuse qui alimente une banque de données inestimable et incomparable sur les habitudes socioculturelles de l’usage de la couleur dans le monde. Pays par pays, région par région, marché par marché… Pour conquérir de nouveaux consommateurs, éviter les faux-pas, connaître ses gammes de couleurs sur le bout des doigts, correspondre aux attentes des acheteurs où qu’ils se trouvent, les anticiper et y répondre, et assurer le succès du produit sur son marché, la couleur doit être conçue au plus juste. C’est fort de toutes les dimensions culturelles de la couleur, son histoire, sa géographie, ses connotations, ses valeurs d’usage, ses habitudes sociologiques, avec un œil aiguisé sur tous les continents et toutes les époques que l’Atelier 3D couleur travaille, en connaissance de cause, ses projets de colorations, préconisant des recommandations affûtées et durables, parfaitement adaptées à un lieu et à une époque. Principauté de Monaco, Opéra Garnier, Villa Médicis-Académie de France à Rome, La Samaritaine, Les Grands Magasins du Printemps, Ministère de la Culture-Direction du Patrimoine, Musée du Louvre, Villes de Nîmes, Viviers-en-Vivarais, Saint-Germain-en-Laye, Châlons-en-Champagne, Joigny, ArkemaRésinoPlast-PSA, cuisines Lapeyre, Saint-Gobain, Verrerie Aurys, Tollens, Zolpan, IQAP, Aéroports de Paris-Roissy-Charles-De-Gaulle, Groupe Seb, Tefal, Rowenta, Krups, Calor, S.N.C.F., R.A.T.P., Fresh Architecture-UNIFA, Züber-Rieder, Beiersdorf-Nivea Beauté, Matra-Alcatel, Hanty Corée, Hino Motors, Aga, Solmer, Sommer, Gerflex, Régie des Transports Marseillais, Oberflex, Skinplate, Emalit, Mira X, Akzo-Nobel Powder Coatings Polydrox, Selles-Céramiques de Touraine, Cycles Gitane, Taylormade, Facom, Toutlemonde-Bochart, Packard-Bell, Bianchini-Férier, Samsung… nous ont déjà fait confiance.

sensiblement différent

61, rue de Lancry 75010 Paris www.atelier3dcouleur.com contact@atelier3dcouleur.com Tél 01 42 02 34 86 Fax 01 42 03 27 73

les couleurs de l’Inde... voyage & graphisme vus par perrine Balleux

La méthodologie


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