couleur & AUTOMOBILE … vu de l’atelier
L’INSPIRATION Dès l’invention de la voiture, la compétition se joue entre pays pour affirmer sur les autres une avance technologique, un progrès automobile, une guerre commerciale. Les records de vitesse s’enchaînent aux avancées techniques. Et dans cette guerre d’influence, les industries nationales décident toutes de porter LA couleur identitaire de leur pays. Jusqu’aux années 60, la couleur est donc le drapeau d’une nation, d’une industrie. Jamais couleur & automobile n’ont eu de liens aussi serrés… LA RESPIRATION Comment de couleurs automobiles nationales en est-on arrivé à des couleurs commerciales, des couleurs de marques ? Comment la concurrence féroce entre constructeurs les a-t-elle incités à utiliser la couleur pour la lier à l’image d’une entreprise ? Mission passionnante du coloriste, retrouver, ranimer, faire revivre des couleurs automobiles restées dans une culture commune, liée à l’amour de la voiture. Chaque page de ce cahier présente l’étalon d’une couleur automobile, telle qu’A3DC l’a retrouvée, mémorisée ou à dû la reconcevoir. On vous embarque ?
ÉTATS - UNIS D’AMÉRIQUE
ITALIE ALLEMAGNE FRANCE ANGLETERRE
L’origine de l’automobile s’écrit en couleur. Non pas une couleur par marque mais une couleur par nation. Au même titre que l’aviation, l’automobile est un sujet de concurrence et de rivalité industrielle entre les pays eux-mêmes. Si bien que chaque nation, selon la suggestion du comte Eliot Zborowski, revendique une couleur particulière par écurie nationale. Sous cette couleur, chaque élément de la voiture – pilote y compris – doit être originaire du pays pour lequel l’automobile court. L’Italie, la France et l’Allemagne choisissent respectivement le rouge, le bleu et le blanc. La Belgique courra en jaune, les écuries écossaises, dans le bleu foncé de leur drapeau, et la GrandeBretagne, en vert. En vert, parce que l’Automobile Club of Great-Britain & Ireland organise la course de 1903 en Irlande et y engage une voiture peinte en vert irlandais (shamrock green). Quand Lotus revient en Formule 1, après 16 ans d’interruption, les nouveaux propriétaires malais choisissent une livrée vert foncé surlignée de jaune, car l’écurie Lotus est originellement britannique. L’écurie australienne Brahbam, Common Wealth oblige, mixe l’identité verte et un surlignage de couleur or, reprenant les couleurs de l’Australie. En 1968, sous la pression des équipes (Lotus pour utiliser la livrée Gold Leaf (or, rouge, blanc) d’Imperial Tobacco, Ferrari pour celle de Marlboro…), le règlement en F1 est assoupli, jusqu’à ce qu’en 1970, les sponsors et la pub parviennent à mettre définitivement un terme à l’usage des couleurs nationales dans la discipline.
J AUNE RENAULT 4CV
Les ateliers de l’usine Renault sont durement bombardés par la Royal Air Force en mars 1942. 461 tonnes de bombes sont larguées sur le site de l’ile Seguin et la ville de Boulogne- Billancourt. A la fin de la guerre, Renault a perdu l’intégralité de sa capacité de production. Réfléchissant à un modèle de voiture destinée au plus grand nombre, sur le modèle de la Volkswagen imaginée par Hitler, Renault dévoile en 1946 son prototype de 4 CV, signe de la résurrection de l’entreprise. Or, la peinture donnée à Renault à titre de dommages de guerre et hâtivement utilisée pour les premiers modèles provient des surplus de l’armée allemande. Ces stocks de peinture avaient servi au camouflage dans le désert des chars de l’Afrika Korps de Rommel. Ce jaune sable et la forme de la voiture lui confèrent le surnom de « la motte de beurre » mais la couleur jaune, emblème du renouveau et de la vitalité de Renault, restera la couleur distinctive de la marque dont le Salon de l’Auto de 1946 signe le redémarrage.
J AUNE L AMBORGHINI
Lamborghini est une entreprise jeune au regard de l’histoire de l’automobile, puisque ce n’est qu’en 1963 qu’est officiellement fondé Automobili Lamborghini. Jeune, indépendant et libre, Lamborghini n’a pas non plus d’attaches ni à la compétition ni à la tradition. Pas de code-couleur en référence au rossa Corsa, juste la volonté de défendre l’art automobile, se hisser aux côtés des automobiles d’exception, voire dépasser les plus grands. Fort du génie du carrossier Bertone et du talent de l’artiste Gandini, les Lamborghini ont toujours fait preuve d’un esprit avant-gardiste, d’une grande capacité d’innovation et d’un design d’exception. Faire toujours mieux. Cette liberté de ton s’exprime dans la gamme des couleurs de carrosseries, où tout est désormais possible selon le souhait du client-roi. Une Lamborghini est une voiture faite sur-mesure, à la demande. De cet arc-en-ciel disponible, les passionnés de belles voitures retiendront l’orange et le jaune, devenu le mythique jaune Lamborghini.
ORANGE MASERATI
Maserati est une marque fondée à Bologne par 7 frères en 1914, tous pilotes de courses, ingénieurs et industriels. Leurs voitures de sport et de compétition, rouges pour représenter l’Italie, sont les grandes rivales des bleues Bugatti. Mais l’entreprise n’aura jamais vraiment eu de chance : problèmes mécaniques en courses, mort de l’un des frères, gestion hasardeuse de la fratrie dans le management de l’entreprise, pertes financières. Maserati vend la marque à la famille Orsi en 1937, jusqu’en 1958 où de nouvelles difficultés financières obligent Adolfo Orsi à stopper toute activité sportive. En 1968, Maserati passe sous le contrôle de Citroën qui l’abandonne, lors de sa faillite en 1975. Tombant sous la houlette du GEPI, une société d’État italienne chargée de la relance d’entreprises en difficulté, Maserati est reprise consécutivement par Alejandro de Tomaso, puis Chrysler en 1983, puis Fiat et Ferrari en 1987. En 1997, le groupe Fiat décide définitivement de fusionner Maserati et Ferrari, les adversaires d’autrefois. Déclassée comme un sous-Ferrari, la marque arbore désormais l’orange Maserati, qui peut être lui-même considéré comme un sous-rouge. Cette hiérarchisation par la couleur essaie dans un premier temps de faire fonctionner les équipes Ferrari et Maserati ensemble, chose hasardeuse attendu que les deux marques ont toujours été de sérieuses concurrentes.
ROUGE FERRARI
Le Rosso Corsa, littéralement, le rouge course, est la livrée nationale des italiennes en compétition internationale depuis le début du XXe siècle. L’effet terrifiant ou intimidant des bolides rouges tenait les spectateurs à l’écart de la route, le rouge devenant le symbole universel de la vitesse et de la sportivité. De cette tradition, Enzo Ferrari retiendra le rouge pour ses voitures, aimant lui-même à décider du nom donné aux 40 teintes de rouge des différents millésimes depuis la création de la marque: scuderia, alfa romeo, amaranto, roma, bordeaux, cherry, monza, vivo, chiaro, cina, corsa, fioramo, toreador, maya, cordoba, satinato, scuro, marrone... Le dernier nuancier du Commandatore comprend 3 teintes, rosso corsa, rosso scuderia et rosso rubino. Le seul élément stable de la couleur Ferrari est l’emblème, un cheval noir sur fond jaune. D’où la méprise selon laquelle le jaune serait la couleur officielle. Le jaune est la couleur de Modena, ville de naissance d’Enzo Ferrari, couleur qu’il a reprise en fond de blason. Aujourd’hui, 85% des modèles sortis de l’usine de Maranello le sont en rouge Ferrari, la couleur historique et emblématique de la marque.
ROUGE ALFA ROMÉO
Le Rosso Corsa, code-couleur national des voitures de courses italiennes s’impose naturellement à l’Anonima Lombarda Fabbrica Automobili, installée en 1910 à Milan, ville dont ALFA s’inspire des couleurs du blason, la croix blanche sur fond rouge héritée de la famille de Savoie, le rouge et le vert du dragon des Visconti, anciens seigneurs de Milan. Il s’agit à l’époque de promouvoir la supériorité de l’automobile italienne sur les autres nations, en défendant le sacro-saint rouge italien. Après la faillite de 1918 due à la guerre, Nicola Romeo reprend l’entreprise et cherche à la distinguer par l’excellence. Au fil des décennies, la tonalité du rouge s’éloigne du rouge fruité lumineux pour graduellement passer à un rouge foncé, surnommé rouge Alfa, un rouge grenat élégant devenu une des couleurs mythiques de l’excellence automobile. Alfa Romeo passe dans le giron de Fiat en 1986, sauvant ainsi l’honneur de l’état italien, Ford ayant pourtant engagé un rapprochement pour racheter la marque au trèfle à 4 feuilles.
BLEU SIMC A
L’histoire de Simca débute avec Ernest Loste, coureur cycliste reconverti garagiste automobile à Paris. Distributeur exclusif des automobiles Fiat pour la France en 1907, ses affaires sont si florissantes que la maison-mère italienne ne le laissera pas seul distribuer ses voitures. La Société Industrielle de Mécanique et de Carrosserie Automobile est créée par Fiat, pour fabriquer et vendre en France des véhicules sous la marque Simca-Fiat, de 1935 à 1938, puis sous la seule marque Simca. Rachetant Talbot en 1958, Simca lance des voitures à l’esthétique nouvelle (Versailles, Trianon, Régence, Marly, Beaulieu, Chambord, Ariane, Présidence). La Simca 1000, bon marché, est la réussite qui suscitera le rachat par Chrysler, puis par Peugeot. En 1980, rebaptisant Simca en Talbot, Peugeot brouille l’image Simca et tue la marque qui disparaît en 1986, laissant le souvenir vivace du bleu ciel Simca, un incontournable au puissant charme rétro, entre yéyé fifties et dolce vita vintage… l’esprit d’une époque.
BLEU GORDINI
La «Gorde» a laissé le souvenir impérissable de sa peinture bleue et ses deux bandes blanches. C’est Amédée Gordini que la Régie sollicita pour préparer cette petite bombe de Billancourt reprenant le 4 cylindres de 956 cm3 déjà monté sur les Estafette et les Caravelle. Il lui greffa une culasse redessinée, une cylindrée portée à 1255 cm3. Renault a fabriqué moins de 12.000 R8 Gordini contre 200.000 R8. Autant dire quasiment rien par rapport à l’empreinte qu’a laissée cette voiture bleue dans le coeur des passionnés d’automobile. Et pourtant, il y a 40 ans, des R8 Gordini, on en voyait partout, car il était facile de transformer esthétiquement une vraie R8 en fausse Gordini, en la repeignant du fameux bleu France, référencé 418 chez Renault, et en la chaussant de jantes larges. Trente ans plus tard, la firme au losange ressuscitera la Twingo Gordini RS arborant un bleu Malte un peu différent et les fameuses bandes blanches. Au printemps 2010, la version Gordini fut également déclinée aux modèles Clio et Mégane.
BLEU BUGATTI
Traditionnellement, les voitures de course ont toujours été peintes en noir et portaient de simples chiffres, souvent accompagnés d’une lettre, afin d’identifier chaque pilote. Lorsque le Grand Prix de Grande-Bretagne eut lieu en Irlande en 1903, les Anglais, pour honorer leurs hôtes, peignirent leurs voitures en vert. De cette initiative sont nées les différentes couleurs des pays dotés d’un grand constructeur automobile, exprimant ainsi leur fierté nationale : l’Allemagne choisit le blanc, l’Italie le rouge, la Belgique le jaune et la France opta pour le bleu. Les origines du bleu français en course automobile remontent donc à l’année 1904, et Bugatti n’ y échappe. Mais quel bleu ? Heureusement, la réponse à cette question est simple : il n’existe pas de teinte attitrée pour le bleu Bugatti car au fil des années, Ettore et Jean ont peint leurs voitures avec différentes nuances de bleu, proclamant la couleur nationale couleur de la marque Bugatti avec ses différents tons et ses différentes teintes. D’après la légende, l’épouse d’Ettore Bugatti aimait fumer les cigarettes d’une marque française dont les paquets étaient également bleus. Elle posait un paquet sur chaque nouvelle voiture produite pour établir une comparaison. Si les deux teintes n’étaient pas exactement identiques, elle exigeait que la voiture soit repeinte. Un vrai esprit Gitane ?...
VER T ASTON MARTIN
Dans la compétition qui anime les nations au début de l’histoire de l’automobile, les constructeurs anglais s’attribuent dès 1903 l’emblématique vert. Le British Racing Green (BRG), le vert de course britannique, est la livrée nationale, proche du vert anglais. Même si cette teinte exacte fait débat, le terme pouvant désigner une large gamme de vert, Napier et Aston Martin choisissent des nuances claires de ce vert pour refléter leur long patrimoine en compétition automobile. Bien qu’abandonnée en 1970, l’histoire de la livrée British Racing Green reprend en 2000 lorsque Jaguar Racing l’utilise pour ses monoplaces en Formule 1. D’autres constructeurs automobiles britanniques lui emboîtent le pas. Bentley revient brièvement aux 24 Heures du Mans, en 2002 et 2003, avec la victorieuse Speed 8 peinte dans un ton très sombre du BRG. Plus récemment, Aston Martin s’est engagé en endurance avec des DBR9, peintes dans une version très claire du BRG12, le vert Aston…
GRIS MERCEDES
On a tout à fait oublié que Mercedes est une vraie histoire de famille. Emil Jellinek, pilote des premières voitures de la maison Daimler, remporte en 1900 une course triomphale à Nice avec, en porte-bonheur, le prénom de sa fille aînée accroché à son radiateur : Mercedes. La marque Mercedes-Daimler est lancée. Mercedes inscrit en 1934 son modèle W25 au Nürburgring, une formule réservée aux voitures de moins de 750 kilos. Selon la tradition, la voiture est peinte en blanc, couleur réservée aux automobiles allemandes. Or, la W25 est pesée à 751 kilos la veille de la course. Pendant la nuit, les mécaniciens poncent la voiture qui passe l’épreuve de la pesée avec sa carrosserie nue, laissant apparentes les plaques d’aluminium frappées à la main. Les mécaniciens de Mercedes en apprécièrent beaucoup la couleur. Désormais courant en gris, Mercedes a participé à la création de la légende des flèches d’argent, les modèles F1 de la marque.
GRIS PORSCHE
Pas de s u r pr i s e. Qu a n d Fe rd in a n d Porsche, ingénieur tchèque, devient directeur technique chez Austro-Daimler, le constructeur de Mercedes, et qu’il collabore avec Hitler pour donner naissance à la «voiture du peuple», sa première Coccinelle est grise, comme toutes les voitures allemandes de l’avantguerre. Et quand en 1948, il conçoit enfin en son nom propre sa première voiture de course, la 356, c’est en gris qu’elle arbore sa robe puisque la fabrication est allemande. La tradition sera ainsi ancrée dans ce code-couleur, Porsche établissant sa qualité et son expertise par une palette de gris techniques, technologiques, métalliques et foncés, au fil des années et des modèles. Au point où la marque est intimement lié avec cette couleur technicienne. Gris acier, gris Kerguelen, gris argent, gris pierre, gris météore, gris poisson d’argent, gris phoque… les acheteurs, pour près de 30% d’entre eux, ne conçoivent pas autrement qu’en gris leurs achats d’une nouvelle Porsche, couleur d’une marque alliant prestige, sportivité et excellence.
N OIR FORD
«Tout le monde peut avoir une Ford T de la couleur qu’il souhaite, à condition que ce soit le noir...». La petite phrase d’Henry Ford, restée célèbre, résume la standardisation de l’offre, concentrée sur l’essentiel pour une simplicité basique favorisant la dimension économique. Ford sent que les Américains n’ont que faire des raffinements esthétiques ou des mécaniques sophistiquées. D’une grande simplicité, fiable, peu chère à l’achat comme à l’usage, la Ford T va répondre au plus juste et au bon moment à cette demande. L’euphorie va durer dix ans, après lesquels, en dépit de quelques retouches esthétiques, la Ford T reste dans l’âme une voiture de 1908 qui se vend de plus en plus mal. Aveuglé par son succès, Henry croyait sa Ford T éternelle. En 1927, lorsque la vénérable dame en noir tire sa révérence, il est déjà trop tard. Ford n’est plus le numéro 1 mondial. Inaugurant les méthodes de production à la chaîne, le génie d’Henry Ford aurait dû intégrer une part d’innovation, un renouvellement de l’offre, plus de choix pour le consommateur. Le noir ne fait pas tout…
cap sur la couleur chaque époque a sa couleur… Tout comme les autres couleurs, A3DC recense les couleurs automobiles, cherche à retrouver les couleurs historiques de cette industrie qui a toujours été le fer de lance d’un pays, s’inspire du passé, des affiches, des peintures, des catalogues… pour tenter de ranimer les teintes de carrosseries oubliées ou disparues. La plupart de ces appellations anciennes sont cependant tellement ancrées dans la mémoire que les constructeurs n’hésitent plus à les ressusciter, l’histoire prestigieuse de ces couleurs servant à enrichir l’avenir de l’automobile d’une dimension culturelle. Depuis 30 ans, A3DC qui a le sens et la culture de la couleur, note leur apparition, leur résurgence, leur fréquence, l’évolution de leurs qualités chromatiques, par secteur, par saison, par cible. Il enregistre leur succès, leur demande, leur rencontre avec un marché… parfois, leur échec, leur refus. Ce design de la couleur répond à un marketing de la couleur, une intervention nouvelle et sensible de décodage des envies, au service de l’entreprise, du produit industriel, de l’architecture et du cadre de vie.
Simca, Aronde, Goélette, Prairie, Renault 4, mythiques américaines… l’engouement de l’automobile pour le bleu a connu un bel antécédent, dans les années 50/60, dans toutes les version pastel du bleu. Grand retour en arrière et feu sur la couleur désormais ! Finis le gris, le noir, le blanc… place aux bleus ! Selon le rapport annuel des bureaux de tendances-couleur de BASF Coatings, fabricant de pigments pour peintures automobiles, les nouveaux clients vont vouloir des voitures bleues. Bleu marine foncé ou turquoise grisé, peu importe, mais du bleu, une couleur dans l’air du temps. BASF lie cette future appétence aux nouvelles technologies, et à l’individualisme. Egalement, à la volonté d’exprimer sa personnalité via des objets connectés, hi-tech, futuristes, le bleu étant souvent associé à la voiture électrique ou hybride, rechargeable. A3DC relierait plus volontiers cette nouvelle envie à un contexte politique, économique, européen à nouveau plus porteur…
La couleur de l’automobile est symptomatique de l’avancement d’une société. Elle permet assez surement de dater une époque, un lieu, un état d’esprit, un marché ou une industrie. Des économies en voie de développement ou des industries automobiles nationalisées ont favorisé, à l’instar des Ford T ou des Trabant d’Europe communiste, des voitures massives et uniformes proposées dans un nombre de couleurs limitées. L’intention est autant productiviste qu’égalitaire, favorisant rapidité et facilité de production, accessibilité et attractivité du prix, uniformisation et indistinction de l’offre. Autres temps, autres mœurs, les périodes fastes et euphoriques favorisent l’éclosion de voitures aux carrosseries osées, originales, créatives. Les bi-tons y sont un genre recherché, comme au temps des Combi Volkswagen et des années pop. En période actuelle de crise sociétale, quand l’automobile devient investissement et valeur de revente, l’achat du bien automobile est mûrement réfléchi. Le choix des teintes se porte alors sur des couleurs sérieuses, indémodables, statutaires et facilement revendables. Cette valeur sûre aujourd’hui, c’est le gris qui en porte la réassurance, un gris argent, gris caisse, gris coffre-fort, gris métallique. Comme de l’argent circulant, le gris automobile est la première vendue des couleurs de carrosseries en France depuis plusieurs années, garantissant la monotonie et la sagesse des parkings, l’anonymat de nos véhicules.
La couleur a un rôle à jouer dans les qualités visuelles d’une carrosserie. Un rôle de prévention, d’information, de protection… Si le rouge porte les valeurs de vitesse (une voiture rouge paraîtra toujours plus véloce, plus agressive, plus sportive qu’une bleue), il trimballe aussi d’autres casseroles : les voitures rouges provoquent plus d’accidents que les autres, tout simplement parce que le rouge provoque plus de crispation au volant. En revanche, les pays nordiques n’hésitent pas à utiliser la couleur, celle des carrosseries assurant un meilleur repérage des voitures par temps gris ou jours de neige. Le blanc des carrosseries est prisé dans les pays ensoleillés pour sa capacité à ne pas emmagasiner la chaleur, tout en assurant, de nuit, une meilleure visibilité du véhicule. On notera en passant la montée en gamme récente du blanc, passant de la couleur basique des véhicules utilitaires, il y a 20 ans, au nec plus ultra de la couleur haut-degamme, voire sportive, de nos jours. Et la couleur sert toujours à transmettre l’image de marque des services ou des entreprises que les véhicules représentent (jaune Poste, bleu EDF, rouge Pompier, vert Eaux et Forêts…), renforçant le rôle culturel de la couleur dans l’automobile.
la méthodologie Plus de trente ans d’expérience dans le domaine de la couleur appliquée à l’architecture et au produit industriel ont permis de mettre au point une méthodologie précise, pointilleuse qui alimente une banque de données inestimable et incomparable sur les habitudes socioculturelles de l’usage de la couleur dans le monde. Pays par pays, région par région, marché par marché… Pour conquérir de nouveaux consommateurs, éviter les faux-pas, connaître ses gammes de couleurs sur le bout des doigts, correspondre aux attentes des acheteurs où qu’ils se trouvent, les anticiper et y répondre, et assurer le succès du produit sur son marché, la couleur doit être conçue au plus juste. C’est fort de toutes les dimensions culturelles de la couleur, son histoire, sa géographie, ses connotations, ses valeurs d’usage, ses habitudes sociologiques, avec un œil aiguisé sur tous les continents et toutes les époques qu’A3DC travaille, en connaissance de cause, ses projets de colorations, préconisant des recommandations affûtées et durables, parfaitement adaptées à un lieu et à une époque.
sensiblement différent
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graphisme vu par etienne lemière
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