...vu de l’atelier
couleur & bayadère...
Couverture : L’ Africaine, Félix Vallotton, Musée d’Art Moderne de Troyes Page intérieure: Danseuse bayadère, Collection du Musée des Arts Décoratifs
l’inspiration Les navigateurs portugais découvrent la route des Indes dès le XVe siècle. Dérivé du verbe portugais bailar qui signifie danser, bayadère vient de bailadeira qui désigne, en Inde, une danseuse sacrée ou toute femme dont la profession est de danser pour les dieux devant les temples. Bayadère a d’ailleurs conservé sa variante orthographique balliadère, certes vieillie mais plus proche de son origine lusitanophone. Dès 1638, le mot a été rapporté par les marins portugais dans l’Histoire de la Navigation aux Indes Orientales. Souvent considérée comme un délice exotique, entre danse voluptueuse, luxuriance romantique et sensualité lascive, la bayadère a inspiré fin XIXe siècle un célèbre ballet du répertoire chorégraphique classique, narrant les amours d’un guerrier et d’une esclave bayadère...
la respiration De ce goût du voyage, entre envie d ’ a i l l e u r s e t e x o t i s m e , e n t re assujettissement physique et liberté de ton, bayadère est devenu adjectif, celui qui désigne des rayures de couleurs différentes, voire le tissu lui-même, quand il est à larges rayures. Une façon créative et esthétique de sublimer la rayure, la contrainte, de faire oublier barreau et grille, d’ouvrir la porte et de braver l’interdit. Une coloration bayadère suit donc son chemin parallèle, un chemin large, divergent, libre, surpassant les contraintes, ouvert à la nouveauté et à la créativité, infini et transgressif. D’où l’idée d’un voyage partagé le temps d’un livret avec Bayadères, belle et proche agence de communication design parisienne, aux missions complémentaires de celles de l’atelier, un rapprochement et des affinités électives entre canal Saint-Martin et Bastille. Si A3DC fait chanter les couleurs, Bayadères les fait danser…
CO N S E I L D E S I G N CO M M U N I C AT I O N
Villa Medicis, Rome A partir de 1990 est lancé, à l’initiative de la Direction du Patrimoine, la restauration de la Villa Médicis, considérée comme Monument de caractère historique. Un Comité Scientifique est créé, afin de sérier les propositions de teintes pour les façades de la villa proposées par l’étude menée en 1992 par Jean-Philippe Lenclos et A3DC. L’option d’une restauration historiciste sera retenue. Elle aura le privilège de focaliser l’attention sur un aspect incontournable, celui des matériaux, préliminaire à toute réflexion sur la couleur. A l’idée d’une recherche sur la couleur se substitue le choix du stucco romano ou marmorino, mélange de chaux et de poudre de marbre appliqué sur un enduit frais. Cette technique très raffinée et onéreuse déjà au XVIe siècle, donne à lui seul l’épiderme et la tonalité qui convient à la Rome de l’époque classique, donc à la villa Medici. On n’oubliera cependant pas une recherche de Jean-Philippe Lenclos vers une vision bayadère du bâtiment imaginée, à l’instar de son maître Balthus qui en avait choisi les couleurs intérieures, pour marquer les esprits.
Etude de site, relevés des couleurs de façades, prélèvements, étude de coloration historique et stylistique, palette d’application couleur, matière, texture pour la Villa Médicis-Académie de France à Rome (1990-1994)
plein & vide, zèbré, barre, barreau, store, chaise longue, bandeau,
transat, petit marin, navire, transatlantique, pergola, canopĂŠe, basquaise,
O.P.M. des H.L.M. Auxerre Plus de 10 ans de travail avec l’Office Public Municipal des H.L.M. d‘Auxerre ont permis de créer une politique de rénovation du patrimoine social de la ville, en concertation avec les habitants, et de réfléchir à un déploiement de la couleur selon les différents secteurs et quartiers de la ville. Sainte-Geneviève, Brichères, Résidence du Parc… l’un après l’autre, les programmes de rénovation, tranches de travaux, projets de ravalement ont permis une cohérence douce de la couleur, soucieuse des locataires, respectueuse des espaces urbains et garante d’une meilleure qualité du cadre de vie. Pour la cité Brichères, le parti-pris de lignes horizontales traitées en bayadère structure et casse la modénature vieillissante des bâtiments, enrichissant les lieux d’une rythmique trouvée dans certains appareillages de murs anciens, à l’instar d’un jeu de pierres taillées, de couleurs et de natures différentes.
Planches de concept, études de colorations, planches d’échantillons, élévations colorées et guides d’application pour les applicateurs des programmes de ravalement de l’OPM des HLM d’Auxerre (1988-1998)
rayure basque, toile du soleil, tissage catalan, chilienne, méridienne,
centre de stockage gazier Aga Living Couleur généralement considérée comme industrielle, l’orange est une des couleurs primaires souvent liées à l’identité de l’activité pétrolière pour sa force de caractère et son impact de communication. La coloration du site industriel est conçue par l’A3DC selon les couleurs de l’entreprise suédoise de gaz, Aga. Son centre de fabrication, de stockage et de surpression de gaz, à Porcheville près de Paris, a opté pour un parti-pris très fort d’affirmation dans le paysage de l’identité d’entreprise de la marque, avec un système de bandes horizontales en fort contraste, une organisation systématique de larges rayures bayadère blanc/beige/orange/rouge très graphiques. Le contexte industriel de ce dépôt gazier justifie l’utilisation de l’orange comme couleur signal. Ce projet industriel ancien qui a aujourd’hui de près de 50 ans a été revu et modernisé, en ne gardant qu’une bande orange simplifiée, utilisée sur fond blanc. Il est toujours en cours dans l’entreprise qui s’est désormais davantage orientée vers l’art de vivre et ses fameux pianos de cuisson, poêles, fourneaux, bouilleurs, cuisinières professionnelles…
Analyse de site et conception d’animation graphique pour le projet de coloration du centre gazier d’Aga à Porcheville, en vallée de Seine (1969-1972)
parasol, pliant, camping, fou, nain, ludion, ménestrel, jongleur,
baladin, prostitué, interné, illuminé, dément, clown, sorcière,
parking-silo Lyon-La Confluence La couleur, utilisée en bayadère discontinue, est une animation ponctuelle et de fort bon caractère. Cent cinquante mètres de long sur 14 de haut, la monumentalité de la façade de ce parking-silo à animer et à unifier par la couleur ne permet pas de décoration narrative ou illustrative. Sous une seconde peau de lames verticales en polycarbonate choisie par les architectes, l’Atelier 3D couleur préconise une animation par touches de couleurs chaudes, sous forme d’une pixellisation aléatoire. Le rythme et l’importance de la couleur sont décroissants, plus s’éloigne l’hôtel, destiné à rester dans une zone calme. La seconde peau permettant une perception opaque, translucide et transparente de la couleur, l’animation graphique y gagne en richesse et en profondeur… d’autant plus qu’un éclairage sophistiqué anime sa perception nocturne.
Planches de concept, analyse de site, étude des couleurs et animation graphique par la couleur de la façade du Multipôle de 60000 m2 mixant commerces et loisirs : Complexe UGC, Centre commercial, Hôtel Accor, Confluence de la Saône à Lyon (2009-2011)
requin-tigre, okapi, poisson-ange, marcassin, bécasse, frelon,
Analyse de site dans un contexte industriel et maritime, animation par la couleur et le graphisme des façades des chantiers navals Gondolys à Port-Barcarès (1969)
poisson-clown, guêpe, zèbre, serpent-corail, tigre, rascasse,
marché couvert, Villiers-s/Marne Le marché couvert de Villiers-s/Marne est un bâtiment moderniste des années 70, implanté en plein cœur de ville. Sa position est aussi centrale que son importance dans le quotidien des habitants, puisqu’il est un lieu privilégié d’approvisionnement en denrées alimentaires fraîches et maraîchères. En dehors des jours de marché, le bâtiment montrait des signes d’essoufflement, de vieillissement et ses couleurs criardes en pénalisaient la perception. Une nouvelle volonté municipale intègre désormais le bâtiment dans son environnement. Tonalités de brique, tons de pierre meulière, fer galvanisé des rideaux de commerce, carreaux de parement de faïence, orange fluo du distributeur bancaire mitoyen..., le bâtiment circulaire est désormais conçu comme un panorama sur son voisinage dont il aspire toutes les couleurs immédiatement en contact avec ses façades, pour inspirer au marché une nouvelle tenue pleine de légitimité, d’allure et de cohérence urbaine. Le rythme régulier des bardages métalliques laqués en 5 tons n’est pas sans rappeler une bayadère colorée qui festonne le bâtiment sur toute sa périphérie.
Analyse de site, palette et design-couleur du projet de réhabilitation du marché couvert de Villiers-s/Marne, en collaboration avec l’agence LDRP Architecture & Design (2013-2015)
madras, créole, indienne, Daltons, Bécassine, capitaine Haddock,
gammes de papiers de création et de papiers fins Toutes les gammes de papiers de création sont des bayadère en puissance, du fait de leurs systèmes d’organisation par pas successifs, les nuanciers organisant leur offrecouleur en cascades harmonisées. Et l’A3DC, très marqué par une expérience inégalée en matière de création d’innombrables gammes de couleurs pour l’industrie papetière, a d’innombrables références en matières de papiers auprès de tous les acteurs majeurs du marché des papiers de création et papiers fins. Arches, Canson, ArjoMari devenu ArjoWiggins, ZRC devenu Züber-Rieder, Thibierge & Comar, Guérimand Voiron, HahnemühleMoulin du Co q, Pa pe t e r i e s de Gascogne… toutes les gammes originelles de l’histoire du papier ont été accompagnées depuis 40 ans par les différentes équipes de l’A3DC. Un accompagnement aussi bien auprès des distributeurs que des agences, design, graphisme, publicité, presse… Le papier est partout.
Planches de concepts, thématiques & inspirations, création de gammes colorées et de nuanciers pour l’industrie papetière, de 1985 à 2015 : Rives (ArjoWiggins), Esprit de Nature (Papeteries Züber-Rieder), Evanescent, Skin (Thibierge & Comar)…
capitaine Crochet, Coluche, mime Marceau, James Dean,
PlacoPlâtre Ikebana, panneaux décoratifs Quand PlacoPlâtre, leader incontesté des enduits et des solutions de rebouchage, au point d’être devenu le nom commun générique de tout un secteur du bricolage, franchit le pas des solutions décoratives prêtes-à-poser, il missionne l’A3DC pour établir la collection 2015 des couleurs de lancement de ses panneaux décoratifs muraux à clipser. Une réponse courte de 42 couleurs, en réponse à un besoin industriel de gamme limitée, établit le panorama des besoins de l’architecture d’intérieur, de la décoration et de l’aménagement des espaces privés, après un observatoire des tendances dominantes et l’intégration des couleurs essentielles où les teintes saisonnières plus spectaculaires ne sont pas oubliées. Une approche complémentaire des décors et des graphismes, des rythmes et des associations de panneaux, sous forme de bayadère colorée, parachève une première collection sur un marché neuf où la prise de risque a été conçue comme limitée au maximum.
huppe fasciée, geai moqueur, punaise rayée, serpent de mer,
Analyse des tendances dominantes de l’architecture intérieure, conception d’une gamme fondamentale de présentation couvrant les besoins coloriels majeurs, enrichie de 3 solutions graphiques (2013-2015)
bouffon, saltimbanque, acrobate, bateleur, comédien, mille-raies,
château d’eau du Mât de Ricca Fos-s/Mer Sur le paysage sans reliefs du grand delta du Rhône, près de Port-Saint-Louis, le Port Autonome de Marseille a interrogé l’A3DC pour la mise en valeur du château d’eau situé au carrefour du Mât de Ricca, véritable nœud routier régional. Une occasion propice pour faire de cette seule proéminence dans le paysage un véritable emblème architectural et traiter le réservoir comme un monument-signal, repérable à la fois par la couleur et par son décor. La présence proche des vasières favorables à l’accueil des migrations d’oiseaux a inspiré le graphisme ailé appliqué sur le réservoir, tandis que l’horizon infini, les marécages, les marais salants et les strates vibrionnant d’air chaud en ont inspiré les couleurs et le rythme de bandes parallèles du mât, créant une bayadère horizontale, rayée de ciel et de sable.
Coloration, valorisation et animation graphique d’un monument emblématique, vecteur d’image dans le paysage périphérique de l’étang de Berre (2010)
Obelix, comédien, bateleur, saltimbanque, bouffon, trouvère, fée,
troll, djinn, lutin, jongleur, gobelin, elfe, garde suisse, jockey,
Philips International rasoirs Ladyshave Une coloration entièrement froide du rasoir féminin pour retirer toute idée de douleur au travail d’épilation, un jeu de rayures bayadère sous la forme d’un dégradé de deux qualités de bleus, passant au turquoise puis au vert anis, pepsé par le jaune tonique de l’interrupteur, pour affirmer un produit dédouané des contraintes de la discrétion. La large rayure accentue l’audace d’une époque où il était possible d’affirmer un produit industriel en couleur... et même en 5 couleurs, revendiquant ainsi insouciance et joie de vivre, visibilité et nouveauté. Très loin des produits aujourd’hui relativement aseptisés, neutralisés, passe-partout pour ne pas dire banals… que l’internationalisation des marchés rend aujourd’hui presque obligatoires, non-clivants et transnationaux, comme histoire de plaire au plus grand nombre...
Planches de concept, planches de style, étude de coloration des gammes de rasoirs féminins Ladyshave Woman in Blues pour Philips International (1989-1997)
majordome, domestique, maître d’hôtel, garçon de café, gilet,
danseuse, striptease, saloon, croupier, arbitre, serviteur, prisonnier,
chantiers navals Gondolys Port-Barcarès La couleur a souvent une mission induite de repérage, de signalisation et de visibilité. L’affaire paraît particulièrement entendue lorsqu’il s’agit de la visibilité d’une architecture vue depuis la mer, dans un contexte industriel, puisqu’il s’agit d’une zone d’activités artisanales. Et comment mieux signaler depuis un horizon littoral sans relief les bâtiments des chantiers navals Gondolys, de façon ludique et repérable, spectaculaire et technique à la fois ? Une bayadère démesurée et destructurée, un superlettrage disproportionné, jouant de la typographie et de la couleur dans un mélange joyeux et libre, une enseigne explosant les dimensions habituelles sont utilisés comme animations graphiques sur les façades d’un bâtiment industriel aux proportions plus qu’étirées.Telle fut l’option choisie par l’A3DC dans les années 60, pour signaler l’endroit où était produit une sorte d’ancêtre de la planche à voile, une planche à tête de gondole manœuvrée à la rame et que l’on nomme aujourd’hui paddle… Une solution très vintage qu’on adore à nouveau aujourd’hui !
bagnard, exilé, déporté, marin, corsaire, flibustier, loup de mer,
Analyse de site dans un contexte industriel et maritime, animation par la couleur et le graphisme des façades des chantiers navals Gondolys à Port-Barcarès (1969)
capitaine, gondolier, mousse, incroyable, muscadin, merveilleuse,
Peintures Gauthier gamme Textone Un projet novateur d’animations graphiques décliné sur les pots de peinture de la gamme Textone a permis en linéaire, de créer des facings surprenants, simplement en organisant les sinuosités géométriques des lignes bayadère prévues pour se combiner en donnant différents motifs de courbes. Le jaune est utilisé ici comme couleur signal, couleur d’appel visuel. Cette solution très vintage est aujourd’hui adulée par la jeune génération de graphistes, fascinée par la liberté de tons et la créativité émanant des années 70. Profitant de ce retour en grâce, et saluant l’excellence et la cohérence d’une carrière entièrement consacrée à la promotion de la couleur, le travail de Jean-Philippe Lenclos, à l’instar de l’entrée de ses créations dans les collections permanentes du Centre Beaubourg Georges Pompidou, profite désormais d’une reconnaissance officielle, permettant que le design-couleur et le design industriel aient une part intégrante dans la création contemporaine.
Charte graphique de Sigma Coatings-Peintures Gauthier, étude du conditionnement de la gamme Textone (1965-1975)
tramé, égratignure, griffure, hachure, pyjama, chaîne, jacquard,
Mapa Division Babycare Nuk-Tigex
Après avoir travaillé l’organisation de la couleur dans ses gammes d’articles de puériculture,Tigex confie à l’Atelier 3D couleur la recherche et la conception des motifs textiles de la collection 2013, déclinés en porte-bébés, linge de puériculture, sucettes 1er âge. Rythmes de pois, lignes de points, fines rayures bayadère, le registre des animations est coloré et pourtant simple et reposant à la fois. Les bayadères sont conçues pour plaire à l’œil des parents, rendre le produit séduisant et attractif, ne pas nuire au repos de l’enfant qui s’endort, derrière les lignages rayés rassurants des porte-bébés, sur le ventre de sa mère, dans un corps-à-corps au plus serré.
rayure, cabine, code-barre, zébrure, rythme, bande, Buren,
Planches de tendances graphiques, panorama de la création textile en puériculture, étude et création des cartons textiles des animations graphiques, avec mise en couleur de la gamme des porte-bébés Tigex (2004-2015)
diagonale, ligne, ride, strie, sillon, trait, veine, ligné, trame, raie,
Couverture : Nu à sa toilette, Jean-Frédéric Bazille, 1870
couleur + le goût du voyage, l’exotisme Rarement un graphisme aussi simple n’aura inspiré aussi largement la vision des artistes… Si l’étymologie du mot évoque la dimension du voyage et ouvre sur l’ailleurs, l’imaginaire des peintres, qu’ils aient ou non réellement fait l’expédition jusqu’en Orient, a fait le reste. S’ouvrant aux cultures d’Afrique du Nord, turque et arabe, ce goût oriental est profondément animé d’une vénération pour l’Empire ottoman dont les frontières s’étendent jusqu’au Moyen-Orient. Cet attrait pour l’ailleurs est une recherche de l’exotisme. Et la rayure est l’emblème de cet orientalisme, nouvelle passion d’un occident fasciné par des thèmes parfaitement fantasmés. Tout comme le désert et ses tentes rayées, le harem et la nudité des femmes, irrecevable en Europe, sont l’expression d’un ailleurs inconnu, fortement érotisé. La promiscuité des corps, la richesse des étoffes, la moiteur des ambiances, la beauté des odalisques, esclaves et épouses mélangées dans les bains, les groupes de femmes sont des tableaux vivants où ottomanes, châles, soieries, caftans, tissus précieux déploient des trésors bayadère et séducteurs. La rayure bayadère est en ce sens une license au plaisir, une invitation à une liberté de tons et de mœurs, la transcription graphique d’une ouverture sur d’autres styles de vie, d’autres usages, d’autres plaisirs… La bayadère est bien plus qu’une license poétique, elle est un art de vivre.
couleur ++ la sublimation de la contrainte, une vision d’artiste Musiques, jeux, plaisirs, sexualités, couleurs et rayures ont toujours eu partie liée. Si les rayures collent à la peau de ceux qui ont des choses à cacher, l’usage plus large du textile pour le décor et l’ameublement fait éclore, du XVIe au XIXe siècle, la bonne rayure, la rayure domestique. Les gens de maison portent des vêtements rayés, tout comme les esclaves maures, les serviteurs noirs... D’où le gilet rayé du maître d’hôtel. Sans doute la mécanisation dans la fabrication des étoffes joue-t-elle aussi un rôle. Deux systèmes de valeurs coexistent : les rayures du prisonnier ou du bagnard sont infamantes, tandis que les rayures sont protectrices et éloignent le Malin. Aux XIXe et XXe siècles, tout le domaine de l’hygiène met à l’honneur le rayé. Les sous-vêtements blancs ou écrus, les draps blancs ou non teints que l’on pouvait faire bouillir auparavant passent discrètement à la couleur par le relais de la rayure. Celle-ci égaie le blanc et purifie la couleur. La rayure se retrouve partout, dans la cuisine ou la salle de bain, sur les matelas, le pyjama, le dentifrice. Pour le vêtement, les codes sont mixtes : la chemise finement rayée d’un ton pâle, de bon goût, se porte plutôt au masculin, tandis que les femmes peuvent oser les rayures larges. Mais attention ! Trop voyantes, elles restent considérées comme vulgaires. Tenue privilégié des créateurs, du pull marin de Picasso à celui de Gauthier ou de Brando, des bandes de Buren à celles de Soulages, la rayure attire l’œil. Et comme une ligne d’horizon sans fin, elle signe la tenue des assoiffés de grands espaces et de liberté : marins, matelots, fous, poètes, musiciens, artistes…
couleur + l’instabilité d’un monde qui bouge On connaît la fine rayure tennis, marquant d’un fil blanc de liberté les costumes les plus stricts, et la large rayure bayadère décontractée des transats, draps et costumes de bain, tenues de sport. La rayure exprime mieux que tout autre graphisme l’idée de lignes de fond qui bougent et qui basculent les codes. La force de la rayure est de bousculer les valeurs, faire évoluer le cadre, casser la rigidité d’un aplat. Les choses bougent avec la rayure, sous les coups de la créativité, de l’imagination, des chemins parallèles, des visions divergentes. Ainsi le zèbre que sa robe a fait classer d’abord dans le bestiaire de Satan, ne doit-il sa réhabilitation équidée qu’à Buffon, tandis que son nom continue à désigner les drôles de types, les branquignols, voire les vilains cocos. Les Muscadins, Incroyables et Merveilleuses, sous le Directoire, dès la fin du XVIIIe, en réaction à la censure de la révolution, décident pour eux-mêmes visibilité et provocation, via des costumes arborant de grosses rayures colorées. Un genre d’entre-deux, entre ancien régime et république, monarchie et empire, juste pour trouver une voie discordante, différente, dérangeante. C’est aussi du sens de l’humour qui entre dans le vestiaire, un signe nouveau d’originalité, un pied-de-nez au bon goût. Toutefois, à partir de l’époque romantique, ces rayures dégradantes s’atténuent et sont concurrencées par des rayures d’une autre nature, porteuses d’idées nouvelles que la Révolution américaine fait souffler sur les tissus. Ce vent de liberté apporte avec lui des idées nouvelles de jeunesse, de plaisir, d’humour et de fraîcheur : les rayures fines, verticales et claires, sont désormais élégantes. La Révolution française lance la cocarde tricolore, le bonnet, le drapeau à trois bandes… une bayadère en puissance.
couleur la parallèle du fou, l’étoffe du Diable Depuis le Moyen-Âge en Occident, la rayure a mauvaise réputation. Costume du fou du roi, tenue de l’excentricité, prémices du costume d’arlequin, habit du lépreux…, le costume rayé est mis à l’index car les rayures sont des traits d’infamie, de transgression ou d’exclusion. Du Moyen Age à la Renaissance, la rayure scandalise. Lorsqu’en 1254, Saint Louis ramène à Paris des frères de l’ordre du Mont-Carmel en Palestine, ceux-ci portent un manteau rayé et s’attirent, outre les moqueries, le surnom injurieux de frères «barrés». On les dit cupides, hypocrites, félons. Le pape finit par leur imposer un manteau uni en 1287. La représentation des figures bibliques participe de cette codification infâmante. Si Caïn, Dalila, Saül, Salomé, Caïphe, Judas… portent les rayures des traîtres, le roi David porte un vêtement rayé de par son statut ambivalent d’oriental et de musicien. Qui portaient les rayures autrefois ? Tous ceux qui, encadrés par un vêtement rayé se trouvaient en marge de la société, hors cadre : esclaves, bouffons, jongleurs, baladins, bourreaux, ménestrels, artistes, condamnés, hérétiques, prostituées... sans oublier le Diable et ses créatures. Tous vont être représentés en costume rayé, celui qui est condamné et réprouvé car il symbolise le désordre, montre la servilité domestique ou souligne le maléfique. Et dans l’histoire du costume, parmi les habits de pirates et flibustiers, bagnards et prisonniers, fous et lunatiques, matelots et gondoliers, marins et capitaines, domestiques et majordomes, serveurs et serviteurs, clowns et bécassines, déportés et renégats, internés et malades mentaux, mafieux et brigands, parrains et autres tontons flingueurs…, la liste est longue de ces tenues que la seule rayure, y compris le costume noir à fines raies, rend infâmantes, décalées ou divergentes des codes sociaux normatifs.
tendance gĂŠomĂŠtrie chromatique
Les marques de luxe, soucieuses de séduire de nouvelles générations de consommateurs, dessinent une géométrie audacieuse et colorée. Une fusion téméraire des tendances «Color Block» & «Black&White optique» observées ces dernières saisons, un clin d’œil assumé aux artistes de l’Op Art. L’optimisme coloré est, après tout, le meilleur des remèdes pour se jouer de la crise. Ce retour en grâce de la bayadère est l’occasion d’un retour en arrière sur l’usage de la rayure en design-couleur. Pour 2016, A3DC et Bayadères sont décidément sur la même ligne, deux visions d’une même prospective…
LUXPOSÉ Un regard 360°, analytique et synthétique, sur l’actualité et les tendances du luxe. 1
LUXPOSÉ, C’EST :
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UNE ANALYSE DES ACTIVITÉS UNE VISION 360° DES MARQUES DU MARCHÉ PARTAGEABLE EN ÉQUIPE, INTERNATIONAL COMME SUPPORT DU LUXE DE CRÉATION UN FOCUS EN UN CLIN LES CHIFFRES ET D’INNOVATION SUR LES GRANDES D’ŒIL CLÉS DU LUXE TENDANCES INTERNATIONAL, INTERNATIONALES POUR APPRÉHENDER POUR MIEUX LES CONSOMMATEURS ANTICIPER ET L’ÉVOLUTION DES MARCHÉS
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cap sur la rayure vers quelles rayures ? chaque époque a sa rayure… La rayure n’existe pas dans la nature. Elle est donc une vraie marque culturelle, un vrai marqueur de culture, disparaissant et réapparaissant selon les rythmes de maturité de la société, ses basculements, ses dérèglements. L’époque se cherche, l’époque se trouve… Les informations tendancielles, portées par l’étendard de la mode, annoncent toutes le retour joyeux et ordonné, déluré et strict, foutraque et structuré, libre et encadré de la rayure large et colorée. Or, l’année 2016 va s’intéresser à l’ordre et au désordre de la rayure dans les vêtements et le textile. La mode saisonnière remet régulièrement à l’honneur le tissu rayé et 2016 annonce ce retour en grâce. L’Atelier 3D couleur observe les rayures depuis plus de 30 ans, note leur apparition, leur résurgence, leur fréquence, l’évolution de leurs qualités et de leurs contrastes chromatiques, par secteur, par saison, par cible. Les rayures bayadère à venir joueront encore davantage de leur ambiguïté entre étroitesse d’esprit et recadrage, et épanouiront leur liberté de ton, leur faculté à casser les codes, faire bouger les frontières, évoluer les mentalités. Question de volonté, question d’envie, question d’air du temps !
la rayure bayadère, la marque d’une époque à la recherche de sa liberté…
A3DC est la seconde génération de l’Atelier 3D couleur, fondé en 1978 par Jean-Philippe Lenclos. Aujourd’hui animée par Marie Fournier, Philippe Roaldès et Eric Guillouard, l’agence est le premier cabinet de design entièrement consacré à la couleur. A3DC est constitué en 3 pôles d’expertise, à destination de l’architecture et de la décoration d’intérieur, du produit industriel et du design d’objet, du graphisme et de l’édition. Pour tous ces pôles d’excellence, plus de trente ans d’expérience dans le domaine de la couleur appliquée en 2 et 3D ont permis de mettre au point une méthodologie précise, pointilleuse alimentant sans cesse une banque de données inestimable et incomparable sur les habitudes socioculturelles de l’usage de la couleur dans le monde. Pays par pays, région par région, marché par marché… Pour conquérir de nouveaux consommateurs, éviter les faux-pas, connaître ses gammes de couleurs sur le bout des doigts, correspondre aux attentes des acheteurs où qu’ils se trouvent, les anticiper et y répondre, et assurer ainsi le succès de la rencontre d’un produit et de son marché, la couleur doit être conçue au plus juste. Pour les problématiques spécifiques liées à l’identité des marques, A3DC fait appel à son partenaire Bayadères. Références-clients * Architecture-Patrimoine : Principauté de Monaco, Parc Naturel Régional de l’Oise-Pays de France, LDRP Design & Architecture, Cabinet Dominique Coulon, Sagim-Logis Familial, Musée du Louvre, Le Printemps-Haussmann, Ministère de la Culture-Direction du Patrimoine, Mairies de Colombes, Alençon, Luzarches, Chaumontel, Villiers-s/Marne, Groupe Dadoun Pères & Fils * Architecture d’intérieur : Léa Architectes, LeGuyader Engineering, SNC-Lavallin, EPS Charcot-Plaisir, Artelia, Setrhi-Sétaé, Fresh Architectures * Design couleur : Bic Technologies, Allègre-Tigex Puériculture, Nuk, Nuk Excellence, BabySun, Sulky-Burel Arkema-RésinoPlast-PSA * Image de marque : Bouwfonds Marignan Immobilier, OCDE-Organisation de Coopération et de Développement Economique, Samsung, Peintures Zolpan * Recherche expérimentale : Arrdhor-Critt de Rochefort, Couleurs de Plantes, IQAP masterbatch * Second-oeuvre et produits du bâtiment : Akzo-Nobel Powder Coatings Polydrox, PlacoPlâtre, Rockwool International, Fast-Poland, Heck Wall Systems Deutschland, Weber Saint-Gobain, SGGS-Saint-GobainGlass Solutions, Verrerie Aurys, VMZ-Vieille Montagne Zinc, Peintures Zolpan, Vicat-VPI, Axalta … nous ont fait confiance en 2014.
Bayadères est une agence multi-expertises créée par Chantale Coussaud et Philippe Roblin, avec une approche originale 360°. Bayadères est constitué en départements experts de secteurs ou de problématiques spécifiques : Bayadères Etoile (Luxe et Premium), Bayadères Global Identity (Services, enseignes, communication corporate...), Kids Now® (Marché des 0/25 ans). Pour tous ces départements, Bayadères : - étudie et détermine, en amont, les stratégies des marques, des entreprises et des institutions - imagine et déploie leur politique identitaire - crée leur communication quels que soient leurs supports. Pour les problématiques spécifiques liées au design-couleur, Bayadères fait appel à son partenaire Atelier 3D couleur. Références-clients * Agro-Alimentaire : Diana Food * Architecture-Décoration : Concrete (LCDA) * Assurances : Gan, Groupe Prévoir * Beauté, parfums, luxe : Agent de Luxe, Art of Nose, Clarins Fragrance, Group/Swarovski, Egofacto, IOMA - Groupe, INTUISKIN, Jean Hwang-Carrant, Noreve,Victorinox et d’autres marques de parfums. * Culture, loisirs : Libella (Edition), Moulin Rouge, Skertzó * Immobilier : Bouwfonds Marignan Immobilier * Mode : Aster, Converse, Jean Bourget, Kickers, La Boutique Officielle, MySenses, Natalys, Noukie’s (en collaboration avec White Sky), Paris by Lili, Sergent Major * Organismes, institutions, collectivités, associations : Adelis, ANGDM, La Monnaie de Paris, Nogent Présence * Outillage : Fiskars/Leborgne * Services : Anne Marian Jardin Bio, Atalian, Chronopost, École de la Bourse, Groupe Argus, Humani Vectis (Formation), INIT (Études Quantitatives), L’Argus du Mobile, Noïma Consultants (Cabinet Conseil) * Transport : APRR * Vins & Spiritueux : Cognac Louis Royer, DIAGEO Reserve, DIAGEO, China, La Route des vins, Le Muselet Valentin, Calvados Père Magloire, Rhum Clément, Sparflex, Tin Capsule Committee, Wines Overland et d’autres marques de champagne, rhum, vodka...
sensiblement différent 61, rue de Lancry 75010 Paris www.atelier3dcouleur.com contact@atelier3dcouleur.com Tél 01 42 02 34 86 Fax 01 42 03 27 73
16, passage Thiéré 75011 Paris www.bayadères.fr info@bayadères.fr Tél 01 55 28 96 60 Fax 01 43 57 09 41
Couleurs et bayadères... graphisme vu par Marie Fournier et Eric Guillouard
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