Atlas des Ouvrages de Fortification - Vallée Pellice

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ATLAS D ES OUVRAGES DE FORTIFICATION VOLUME II VALLÉE PELLICE

Sous la direction de: Luca Grande et Simona Pons- Association Culturelle “Vivere le Alpi” Traduction par: Roberto Ardrizzo – Association Culturelle “La Valaddo” Valentina Ardrizzo – Association Culturelle “La Valaddo” Pag. 0


Index 1. LA VALLÉE PELLICE.................................................................................................................. 1 2. LES FORTIFICATIONS MÉDIÉVALES........................................................................................16 2.1. Le Château des Bigliori (Bobbio Pellice).....................................................................19 2.2. Le Château de Luserna - puis Forte de Saint Michel (Luserna San Giovanni)………....20 2.3. Le Château de Famolasco (Bibiana)...........................................................................25 2.4. Le Castelvecchio (Bricherasio) ...................................................................................28 3. LES FORTERESSES EN STYLE MODERNE ................................................................................30 3.1. La Forteresse de Mirabouc (Bobbio Pellice)...................................................31 3.2. La Forteresse Sainte Marie de Lucerna (Torre Pellice)...................................38 3.3. La Forteresse de Bricherasio..........................................................................44 4. LES PALAIS FORTIFIÉS............................................................................................................51 4.1. Le Palais des Manfredi (Luserna San Giovanni)..............................................52 4.2. Le Palais des Rorenghi (Torre Pellice).............................................................53 4.3. Le Palais de Bibiana ou de Rorà ou des Rorenghi (Bibiana)...........................54 4.4. Le Palais des Cacherano de Bricherasio (Bricherasio)....................................56 4.5. Le Palais des Ricca di Castelvecchio (Bricherasio)..........................................57 5. LE MUR ALPIN........................................................................................................................59 5.1 Le Barrage reculé Villar Pellice (Villar Pellice)................................................61 5.2. Le Point d’appui Ferrera (Bobbio Pellice).......................................................62 5.3. Le Point d’appui Villanova (Bobbio Pellice)….................................................65 5.4. Le Point d’appui Barant (Bobbio Pellice)........................................................67 5.5. Le Point d’appui Carbonieri (Bobbio Pellice)..................................................68 5.6. Le Point d’appui Col Content (Bobbio Pellice)................................................70


LA VALLÉE PELLICE La Vallée Pellice se constitue, en fait, d’un ensemble de vallées qui convergent autour de l’écoulement du fleuve Pellice et de ses affluents, dansant autour des sommets qui constituent le massif montagneux des Alpes Cottiennes qui se répand au nord du Monviso. En particulier, en analysant la frontière avec la voisine France, la Vallée Pellice se développe vers Est, en partant de la zone montagneuse délimitée par le mont Granero au Sud et par le Bucìe au Nord et ayant une pluralité de cols aptes à dépasser la frontière: sur tous le col de la Croix, accessible à travers la carrossable qui à partir de la Haute Vallée Pellice arrive au splendide plateau de la Conque del Pra, à partir de laquelle repart le sentier qui se gravit jusqu’à atteindre la frontière. À partir de l’extrême frontière à l’Ouest, la Vallée Pellice s’achemine à la plaine flanquée par les vallées secondaires limitrophes d’Angrogna et de Luserna, dont les torrents homonymes confluent dans le Pellice, en le rendant l’un des majeurs affluents du Po. Ces vallées secondaires Mont Vandalino - Photo: Luca Grande descendent également vers la plaine contournées par les sommets voisins. D’une part le sommet Fiounira, le Cournour et les différents cols historiquement utilisés par les populations pour descendre et remonter la Vallée Germanasca, en particulier le Giulian et la Vaccera. D’autre part, dans la Vallée Luserna, le Frioland et le sommet Rumella, entrecoupés par les cols qui permettent de franchir la frontière dans la Vallée Po, qui convoient le tortueux écoulement des eaux du torrent à côté des plus douces hauteurs de Pian Pra et Roca Bërra. La Vallée Pellice, la plus brève des vallées alpines occidentales, est, toutefois, caractérisée par le massif montagneux du Vandalino, qui se dresse au milieu de ce dernier, déterminant la bifurcation entre la haute vallée et la Vallée d’Angrogna. La Vallée Pellice est peuplée depuis des temps lointains et exactement sur le Vandalino se retrouve une pluralité de signes référés à une présence humaine de Carte postale du Mont Bucie Archive Luca Grande l’époque préhistorique, surtout coupelles et gravures dans la roche. Siècle après siècle, très probablement il s’agit des tribus celto-liguriennes, sous le royaume de Cottius1, à peupler la partie la plus fertile de la vallée, comme semblent remarquablement le 1

ème

Lors du II siècle a.C. dans les Alpes occidentales il se forma le royaume celto-ligurien des Cottiiens qui à travers une série d’accords avec Rome, réussit à conserver la propre indépendance jusqu’à l’âge d’Auguste, lorsque la population était désormais romanisée. Le royaume comprenait les Vallées de Susa, Chisone, Pellice, la Savoie, les

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souligner les suffixes -ogna, propres de l’eau courante des torrents Angrogna et Chiamogna2 et le suffixe -asco dans Famolasco. Il semble que les Vioelli (ou Vibelli) y furent les anciens habitants et qu’ils allouèrent leur centre principal dans celle qui aujourd’hui est Bibiana (Forum Vibii), à l’entrée de la vallée, dans la zone la plus fertile. Les Vioelli furent aussi, lors du IIème siècle après Jésus Christ, englobés dans l’empire romain, en perdant toute individualité et en se conformant aux usages et aux mœurs italiques, mais en commençant aussi une considérable activité commerciale avec le Queyras à travers les cols alpins, fort probablement le Col de la Croix. Pour ce qui concerne les siècles du haut Moyen Âge l’on sait très peu, même si fort probablement dans la Vallée Pellice aussi les sarrasins opérèrent quelques de leurs incursions, en laissant dans la mémoire historique quelques toponymes à eux liés, comme Sarzenà et Payant, noms de deux bourgades de Bobbio Pellice3, ainsi que, autour de l’an mille, l’édification, telle qu’ observatoire sur la plaine, de la tour qui par la suite deviendra le château de Famolasco, à Bibiana, premier véritable centre peuplé de la vallée, déjà cité dans le Papetier de Cavour du 1037. Autre donnée certaine lors de ces siècles d’oubli, est la présence du Prieuré de Saint Jean du Perno sur la colline qui La Vallée Pellice - fragment de la charte des vallées de Valère Gros (1640), trait de A.Coisson, Guide des Vallées Vaudoises du Piémont (1911) aujourd’hui surplombe les Airali de Luserna San Giovanni. La présence de la paroisse était déjà connue dès la fin du premier millénaire4 et il n’est pas phénomène si inhabituel de voir s’affirmer des prieurés et des paroisses rurales de telle sorte dans des zones où le paganisme n’avait pas encore complètement disparu.

Hautes-Alpes et le Dauphiné et les sites principaux étaient Segusio (Suse), très probablement la capitale du royaume, ainsi que Ocelum (à côté de celle qui aujourd’hui est Avigliana), point d’ échange auprès du limes qui séparait le royaume des territoires directement subordonnés à l’administration de Rome. Les Cottiens réussirent à maintenir un status de semi-autonomie grâce à une alliance qui si d’un côté était consciente du pouvoir militaire de l’empire, de l’autre côté voyait les romains préférer des alliés qui connaissaient bien le territoire et qui permettaient d’instaurer des voies de communication vers la Gaule, bientôt conquise. Telle alliance, entre le Roi Cottius, fils de Donno et César Auguste, reste inoubliable grâce à l’arc de triomphe encore visible aujourd’hui à Susa et réalisé lors du 9 a.C. pour rendre hommage à Auguste. Afin de rendre aussi hommage à Cottius, les montagnes de la région furent appelées Alpes Cottiennes. 2 Ils y auraient aussi des théories pour lesquelles le terme même « Pellice » verrait ses propres origines étymologiques dans le « Pelex », qui dans le langage des populations Liguriennes signifiait « inonder » ; cft. PEYRON G., Cavour, rocca e popolo, 1985, p. 57. 3 En vérité, le mont Vandalino paraîtrait traire son nom non pas de la population barbare des Vandales, mais plutôt des incursions sarrasines. 4 CAFFARO P., Notizie e documenti della Chiesa Pinerolese, Pinerolo, 1893, p. 21 - suppose des origines Lombardes.

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C’est lors de l’an mille que, toutefois, la Vallée Pellice connu le début d’une période qui portera ses terres à devenir parmi les plus importantes de ce qui sera le duché de Savoie, sous le pouvoir des feudataires, Seigneurs de Luserna. Un document du 1096, en fait, cite le don d’un manso in Roletto en faveur du monastère de Sainte Marie de Pinerolo de la part de Marie, fille d’Ugone (ou Eugone) « et uxor Gosuini qui Merulus dicitur », déjà de loi allemande, mais maintenant de loi salique comme le mari. Tel don résulte compilé « in castro quod Lucerna vocatur » et tel Gosvino appelé Merlo, qui du château semblerait être propriétaire ou possesseur et qui paraîtrait être l’ancêtre des seigneurs de Luserna5. Cela, bien qu’il y ait un saut de quelques décennies avant de rencontrer, dans un document du 1131, un tel « Henricus de Lucerna », dont l’existence sera aussi confirmée par son fils, Guillaume de Lucerne, qui le 12 avril 1159, démontrant les pleins pouvoirs sur le fief, donnait à l’Abbaye de Staffarde l’emploi de riches pâturages de la Vallée Guicciarda (Combe des Carbonieri ou des Charbonniers) pour un patrimoine annuel de 40 fromages et à travers le payement de 25 deniers «secusini». À la mort de Guillaume, au début du XIIème siècle6, descendront, dans de circonstances peu précises7, Armoiries nobiliaire de la maison des Luserna - dessiné par Silvano Barale - Archive Carla Michialino les trois branches de l’illustre famille: les Manfredi, les Bigliori et les Rorengo, desquels descendront par la suite les différentes branches nobiliaires qui s’établiront dans les principaux centres de la Vallée Pellice8. La noble famille des Luserna, d’ailleurs essentiellement indépendante des vasselages, sinon de l’empereur, au moins jusqu’à la

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BARBERO A., Il dominio dei signori di Luserna sulla Val Pellice (secoli XI-XIII), in Peire Guilhem de Luserna e lo tems dals trobaires, atti del convegno storico internazionale di Luserna San Giovanni, 4-5 marzo 1991, p. 101 ss., en citand un extrait tiré du Papetier de l’Abbaye de Sainte Marie de Pinerolo. Par ailleurs, il y a d’autres versions pour ce qui concerne l’origine de la famille; la plus fantaisiste, dérivant d’une théorie du Gabotto (Avant-propos au Regesto dei marchesi di Saluzzo, 13, in vol. XVI de la Bibliothèque Soc. Études Subalpins) qui montre les Souverains du Kent (du 563-616 d.C.) en tant qu’ascendants des Arduinici, de Manfredo et donc d’Adelaïde de Suse, épouse d’Oddone et souche des Savoie, voudrait un certain Manfredo, appartenant à la lignée des conquérants germaniques descendus en Italie avec les Ottons, se marier en 964 avec la fille d’Azzo, seigneur de Modène et Reggio et faire donc naître une riche descendance de maisons régnantes, faisant descendre, entre autres, Amédée II père fondateur de la Maison de Savoie et pour ce qui concerne la lignée féminine les souches des Marquis de Saluces, des Marquis de Busca et Henri, Seigneur de Luserna. (cfr. “Notizie storiche sulla valle di Lucerna” in Avis, Sez. di Luserna San Giovanni, XV° anno di fondazione, 1986, p. 27). 6 Vraisemblablement en 1222. 7 Pour un essai louable de reconstruction généalogique voir BARBERO A., Oe. Cit., pp. 105 ss. 8 Des trois branches Manfredi, Bigliori et Rorengo dérivèrent « lors de descendances successives de nombreuses autres familles qui s’établirent dans de divers endroits du territoire...pullulèrent pour la vallée et pour la plaine, établis dans de petits châteaux, petits palais, fermes, et où dérivèrent leurs dénominations particulières: ainsi fleurirent dans la plaine les Rorenghi de Campiglione, où descendirent les marquis de Rorà; les Rorenghi de Mombrone, les Rorenghi de Bibiana; et dans la vallée, les Rorenghi de la Tour, d’abord établis dans la forteresse de Torre Pellice, puis dans des petits palais au pied de la colline; les Rorenghi de Casapiana résidents au Villar; les Bigliori de San Giorgio qui avaient leur siège à mi-route entre S. Giovanni et Torre Pellice, les Bigliori de Sibaud. Les Manfredi, desquels dérivèrent les Marquis d’ Angrogna, eurent, outre à un petit château dans la vallée d’Angrogna, le solennel palais central de Luserna”, JALLÀ A., Luserna, vicende e tradizioni nel quadro della storia valdese, Claudiana, p. 15.

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moitié du 12009, sera toujours particulièrement considérée d’abord par les Acaja (auxquels ils firent serment d’allégeance en 1295 à Bricherasio, mettant fin à plus d’un siècle d’indépendance et d’autonomie substantielles) et puis par les Savoie (auxquels ils firent serment d’allégeance en 1496, en obtenant le titre de Comtes). Les Luserna, avec les Piossasco, les Valperga et les San Martino étaient les quatre familles de la cour restreinte des Savoie et, lors d’occasions solennelles, où chaque feudataire était appelé à faire serment personnellement, pour ces quatre familles il suffisait qu’un seul membre d’entre elles le fasse, valable pour toutes les autres. Après le XIIIème siècle, le territoire assujetti à la seigneurie des Luserna, malgré les concessions faites aux différents organismes ecclésiastiques, restera particulièrement riche, surtout pour ce qui concerne la Vallée Pellice, l’un des majeurs pôles commerciaux des Alpes Cottiennes. La géographie, qui en favorisait les échanges fréquents avec le Queyras, et le bon gouvernement de la seigneurie, déterminera pendant des siècles une richesse commerciale et économique remarquables: le 19 octobre 1182 une Bulle du Pape Lucius III qui mentionne la confirmation d’un don aux chanoines de Vezzolano, desquels dépendaient les prieurs de Luserna, des dîmes recueillies dans son marché, qui, n’était donc pas du tout secondaire. En 1256 l’on assiste à une sorte de traité commercial international, souscrit entre les Luserna et les sujets du Dauphin de Vienne, Seigneur du Queyras, apte à établir que les marchands au-delà des Alpes fussent sujets à des péages et gabelles en faveur des Luserna. De plus, la seigneurie des Luserna, lors des siècles, fournira au duché et puis au royaume de Savoie influents hommes d’armes, juristes, évêques et jusqu’au dernier Maire de Turin Capitale, en 1860. Toutefois, le partage en La « voie des orfèvres » dans le bourg de Luserna - Photo: Luca Grande trois branches de la seigneurie eut de sensibles répercussions sur la gestion du territoire de la Maison, qui cependant su s’organiser, en établissant que chaque année, suivant un processus de rotation, un seigneur de l’une des trois branches fût dénommé podestat, avec le devoir de représenter la famille entière des Luserna. En outre, en 1276, la seigneurie, avec la participation de toute la population (cas particulier et significatif pour l’époque), promulgua, dans l’église de Saint Jacques, les Statuts de Luserna: « 28 articles, qui indiquaient peines et amendes (imparties par le Seigneur) envers assassins, parjures, adultérins et voleurs, mais aussi envers ceux qui chassaient et pêchaient sans l’autorisation des feudataires. »10. Tel évènement, d’ailleurs, détermina une sorte de restriction au caractère arbitraire, jusqu’ici indiscutable dans chaque partie d’Europe, des feudataires locaux. 9

À ce point Rivoire nous dit que les territoires des Lucerna, au début du 1200, étaient tellement vastes jusqu’à s’imposer sur les terres comprises entre le Dauphiné, les Marquisats de Saluzzo et de Busca, la Comté de Savoia et la Commune de Asti, en s’imposant en outre sur Frossasco, Roletto, Sommariva Bosco et Caramagna, “tanto da formare uno Stato del tutto indipendente, salvo le poche relazioni di vassallaggio”, cfr. RIVOIRE P., Storia dei Signori di Luserna, p. II, en Bulletin de la Société d'Histoire Vaudoise n. 11, et puis ARGHITTU D., Quattro passi a Luserna San Giovanni, Torino, 2001, p. 12. 10 ARGHITTU, Op. cit., p. 12.

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Cela, bien évidemment, n’empêchera pas complètement d’avoir des luttes acharnées entre les différentes branches de la Maison, qui de temps en temps au cours de l’histoire de la Vallée devinrent particulièrement sanglantes11. Près de la seigneurie des Luserna, un autre aspect qui caractérisera et caractérise toujours la Vallée Pellice, sera, au début du 1200, l’établissement de la population de religion vaudoise. Après les croisades contre les albigeois (1207), en fait, les disciples de Pierre Valdo, dénommés « Pauvres de Lyon », furent obligés à s’échapper de la France méridionale, en s’établissant dans celles qui sont encore aujourd’hui définies les « vallées vaudoises ». Leur présence est documentée dès un ordre écrit du 1210 avec lequel l’Empereur Othon IV intima à l’Évêque de Turin d’expulser « les hérétiques vaudois et tous ceux qui sèment zizanie de mensonge »12 des territoires occupés. Néanmoins, les populations vaudoises furent accueillies bénévolement par les différentes seigneuries locales, qui voyaient s’accroître la population et la richesse économique du territoire, ainsi que les diverses taxes et gabelles perçues. En particulier, au cours des siècles, la famille des Manfredi en particulier, adoptera des politiques du gouvernement impliquant une cohabitation paisible avec les populations vaudoises, accueillies plusieurs fois afin de discuter de questions particulières concernant leurs propres droits religieux. Cependant une telle situation ne perdura pas longtemps et sous l’imposition papale, les Ducs de Savoie permirent aux enquêteurs de réaliser leur projet dès le XIVème siècle, tout en voyant aussi promues des véritables croisades (par exemple celle de 1488 organisée par Innocent VIII). Malgré les nombreux massacres religieux, accompagnés par une grande mortalité causée par la peste (en particulier les Restants du Château de Luserna - Photo: Alessandro Boaglio épidémies des années 146713, 1486 e 1523), les vaudois résistèrent dans leurs vallées et paradoxalement augmentèrent leur nombre lorsque, suite à la Réforme de 1517, y adhérèrent avec le Synode de Chanforan14 de 1532, jouissant, pendant quelques années, d’une importante liberté de culte. Il nous faut souligner que, surtout grâce à la branche des Manfredi, les vaudois trouvèrent toujours, dans la Vallée Pellice, un territoire où vivre et professer leurs cultes de façon à pouvoir

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Par exemple, le Comte Jean, né en 1471 et devenu président du Conseil Cismontain et ambassadeur du Duc Carlo de Savoie, réussit à travers d’adroites politiques expansionnistes à acquérir la plus grande partie de la Vallée d’Angrogna aux Rorenghi, laissant un considérable héritage au fils Giovan Francesco qui sut accroître de telles possessions, jusqu’à quand « Jean-François fut assassiné à la maison, et à Luserna, de la part de Checco Castellani, et des deux frères Guglielmo et Bartolomeo Rorenghi, accompagnés par 8 autres armés de lances », cfr. GAROLA D. L., Documenti Istorici di Luserna e dei luoghi di sua valle compilati da Domenico Lorenzo Garola, 1832. 12 BALMA T., Il martirio di un popolo - i valdesi, Milano, 1933, p. 165. 13 La peste de l’ an 1467, en particulier, fut funeste pour Bibiana qui fut complètement dépeuplée: cfr. COLOMBO A., Bibiana e l’anno 1706, Torino, 1906, p. 16. 14 Endroit se trouvant amont du hameau Serre d’Angrogna.

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cohabiter avec la population environnante et les feudataires, qui, d’ailleurs, dans plusieurs occasions eurent à intercéder auprès des Ducs de Savoie afin d’arrêter des abus bien précis envers des propres populaires. En fait, bien que les Luserna devaient supporter l’œuvre des très catholiques Acaja et puis des Savoie sous la pression papale, il nous faut dire qu’un tel appui n’eut jamais un grand activisme, surtout si l’on considère qu’encore en 1475 il y eut la notice d’un rappel à accomplir ses propres devoirs envers l’église afin de ne pas encourir des amendes. En général, par la suite, la situation en Vallée Pellice, même si dans un contexte feudal de pouvoir dei feudataires locaux envers le peuple, vit une sorte de limite progressive à son exercice. Suite aux statuts de 1276, en fait, il se peut de rencontrer, au cours des siècles, d’actes successifs d’affranchissement. Dès le 13 mars 1469, les communes, en particulier celle de Lucerna, suite à de considérables négociations afin de représenter l’intolérance des populaires à la pression fiscale et aux servitudes des seigneurs, obtinrent le droit de s’affranchir de beaucoup de pouvoirs des seigneurs pour ce qui concerne le versement d’une redevance annuelle. À travers un tel acte d’affranchissement, en particulier, les Manfredi, pour ce qui concernait le cens annuel de 92 florins et une série de dixièmes naturels (sur seigle, froment, vin et abattage d’animaux), renonçaient à presque toutes leurs servitudes et gardaient pour eux-mêmes seulement le château et le palais de leur propriété, conférant à la gestion communale les bois et les pâturages. À l’affranchissement de Lucerna suivirent Angrogna (1478), Bibiana (1478), Campiglione (1485), Torre (1528), Villar (1529) e Bobbio (1529). Au contraire, les événements concernant de près Bricherasio sont différents, en étant donné qu’elle ne rentrait pas dans les fiefs des Luserna mais fut d’abord seigneurie de diverses maisons locales dont, cependant, l’on a très peu d’informations15. Un tel Guglielmo de Bricherasio est cité dans l’acte de donation dont nous avons parlé auparavant, qui date de 1159, avec lequel Guglielmo de Luserna donnait la Vallée Guicciarda à l’Abbaye de Staffarde. Toutefois, l’on ne peut rien évincer d’une telle donation, sauf que Bricherasio devait déjà être un bourg suffisamment développé pour prêter son propre prénom et qu’un tel Guglielmo n’était pas un vassal, mais simplement un bonus homo digne de confiance. Le premier acte dénotant une seigneurie à Bricherasio remonte au 1243, lorsque Giovanni, Andrea, Peronino et Nicola de Bricherasio firent serment à Tommaso II de Savoie. À partir de cela, Bollea trait la théorie que Bricherasio, en fait, aurait été inféodée à quatre différentes Restes du Castelvecchio de Bricherasio - Photo: Luca Grande branches (les Di Castelvecchio, les Di Santa Caterina, les Del Castelnuovo et les Del Castellaccio)16. Bien que de telles anciennes familles l’on ne relève que quelques traces, le déroulement historique des événements de la population de Bricherasio lors de ces années ne semble pas être si clair. 15 16

BOLLEA L. C., Storia di Bricherasio, Torino, 1928. BALBO A., Bricherasio - storia, civiltà e tradizioni dalle origini fino al 1945, Alzani, Pinerolo, 2000.

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L’on sait, de toute manière, qu’avec l’écouler du temps la présence des Savoie-Acaja fut toujours plus importante et qu’elle détermina la nomination de chaque châtelain de Bricherasio. Autre donnée certaine est qu’en 1324 Philippe d’Acaja reconfirma les privilèges et les franchises à la Commune de Bricherasio à travers des Statuts; la commune devait donc absolument s’être déjà constituée et affranchie, bien que cela ne soit pas véritablement connu, à l’exception de quelques accords pour la gestion de quelques facultés et prérogatives typiquement communales datant de 1291. Il en suivit, pour Bricherasio, une période tourmentée par les conflits entre Acaja et Savoie, jusqu’à quand ces derniers, désormais prévalant sur les cousins, inféodèrent en tant que seigneurs de Bricherasio, Giorgio, Perrino et Franceschino Cacherano de Bricherasio, famille avec origines d’Asti qui s’était enrichie avec les premières transactions bancaires et financières, en particulier en finançant les guerres de Filippo d’Acaja, en obtenant en échange de considérables terrains. Nous sommes en 1360 et à partir de cette année la famille Cacherano, successivement divisée en trois branches (de Bricherasio, d’Osasco et d’Envie), deviendra une des plus importantes familles du Piémont de la maison de Savoie, aussi bien que les voisins Luserna17. Comme ces derniers, en fait, les Cacherano surent exploiter l’une des principales ressources que le territoire limitrophe favorisait: le commerce. Le document de concession pour le marché et pour deux foires annuelles, au mois d’avril et au mois de septembre (cette dernière, entre autres, existant encore aujourd’hui) date de la fin de 1452. À Bricherasio, toutefois, le domaine des Cacherano subit une première, dévastatrice, interruption, en 1537, lorsque les mercenaires des français, commandés par le Comte de Pontremoli, assiégèrent la ville, qui tomba, après 22 jours d’héroïque résistance contre l’artillerie des 5000 assiégeants, devenant française. Les Cacherano rentreront à Bricherasio prêtant serment aux français (ce dernier redeviendra territoire de la maison de Savoie seulement en 1575). Toutefois, ce qui restait du château (le Castelnuovo) fut détruit, en même temps que toutes les autres fortifications de la vallée, en 1549, suite à un ordre du roi de France au prince Giovanni Caracciolo, qui gouvernait le Piémont de la part du Bourbon. Entre temps, la seigneurie des Luserna demeurait dans son propre prestige, jusqu’à voir Carlo Francesco Manfredi (fils de Giovan Francesco), devenir époux en 1549 de Béatrice de Savoie, en présence de l’Empereur Charles V, « qui personnellement et avec une très grande amabilité prit, et conduit lui-même monseigneur de Luserna par la main devant le révérend Évêque d’Araz, où toujours le tenant par la main avec mille mots, et paroles courtoises, plaisanteries, jusqu’à quand ne furent accomplis les serments. »18 Carlo Manfredi, grâce à sa position puissante puissantes et ses connaissances, fut gouverneur de Coni, qu’il défendit vaillamment en 1556 contre le siège mis par le général français Brissac. Toutefois de tels gestes épiques, ne poursuivirent pas avec le fils de Carlo, Carlo Giò Francesco, qui gaspilla une fortune, en ouvrant la voie à la nomination tel que gouverneur de la Vallée Pellice de Sebastiano Grazioli di Castrocaro de la part des Savoie, rentrés dans leurs propres pouvoirs avec le 17

Il nous faut sans aucun doute citer le Comte Gian Battista Cacherano de Bricherasio, commandant des troupes qui défirent les français lors de l’épique bataille de l’Assietta de 1747 ou, encore, Emanuele Cacherano de Bricherasio, l’un des membres fondateurs de Fiat en 1899. 18 GAROLA D. L., Oe. cit.

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traité de Cateau-Cambresis. Castrocaro, en tramant avec les Bigliori au détriment des Manfredi, fera de la Vallée le terrain pour satisfaire son avidité de pouvoir et de rançonner la population, en laissant donc un très mauvais souvenir de soi dans la mémoire de la population et de l’histoire. Cela jusqu’au 1582, lorsque le comte Carlo Emanuele Manfredi, sur mandat du Duc de Savoie, s’emparera d’abord du château de la Tour (apparemment les seules résistances furent portées par les trois filles du Castrocaro et par ses chiens), arrêtant le Castrocaro19 qui y résidait, prenant donc la Forteresse Mirabouc, contrôlée par le capitaine Carlo Pagliazza di Busca. Du point de vue religieux, au contraire, la situation de faible équilibre persista jusqu’au 1559, lorsque, à la suite du traité de CateauCambrésis et du Concile de Trente, les Savoie, une fois obtenue de nouveau une bonne partie des leurs domaines précédents, voulurent, avec Emanuele Filiberto, rétablir l’unité religieuse menacée par le vaste suivi des protestants. En vérité, le Duc de Savoie fut fortement induit à accomplir de telles répressions de la part du puissant voisin français, qui après une sympathie initiale envers les vaudois20, lui imposera Restes du Château de la « rocca de Cavour » - Photo: Luca Grande l’accomplissement de violentes répressions en 1560-1561, conclues avec une sorte de suspension, dans le cadre du traité de Cavour21. La trêve dura environ un siècle, mais seulement pour ce qui concerne les luttes religieuses. En fait, les conflits entre français et les membres de la Maison de Savoie continuaient et les bourboniens permanaient avec leurs sorties aussi dans la Vallée Pellice, jusqu’au 25 juillet 1593, lorsque, suite à l’occupation de trois précédentes années de toute la vallée par Lesdiguières et la reddition avec l’honneur des arme d’ Emanuele Filiberto Manfredi après vingt jours de siège subis roqué dans le château de la « rocca de Cavour », le comte Carlo Francesco Manfredi de Luserna reconquerra sa ville à la tête de 2000 fantassins, un bon nombre de troupes vaudoises, 500 chevaliers et quelques cannons. La reconquête verra la visite de Carlo Emanuele I de Savoie, qui se trouvait à Bibiana: celle-ci fut la première visite d’un Savoie àLuserna. La guerre en Val Pellice dura encore un an et verra le célèbre siège de Bricherasio, perpétré par les troupes de la maison de Savoie, avec les alliés allemands et espagnols, aux dépens des troupes françaises guidées par Scipion de Villeneuve, Seigneur d’Espinouse. Dans les mains de Lesdiguières, Bricherasio était en fait devenus une puissante place forte qui bloquait la Vallée Pellice, mais après plus d’un mois de siège, le 23 octobre 1594, les français se rendirent et se replièrent au-delà des Alpes, en laissant, cependant, désolation et misère. Non seulement: les différentes troupes de mercenaires constamment présentes dans la vallée lors de ces années belliqueuses, laissèrent aussi la peste. En particulier, en 1630, la maladie, 19

Après avoir été arrêté il fut emprisonné dans le château de Turin, où il mourra après quinze ans de captivité. Jusqu’à faire participer le Duc à un culte au temple du Ciabas, entre Torre Pellice et Angrogna. 21 Traité de Cavour du 5 juin 1561. 20

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apportée vraisemblablement par les troupes françaises établies à Pinerolo22, déterminera l’extermination littérale de la population. À cause de cette maladie tous les 17 pasteurs vaudois de la vallée périrent et furent remplacés par des ministres suisses et français qui, de fait, importèrent le Français comme langue de culte officielle. La même année et pour les mêmes causes, les pères franciscains arrivèrent à Luserna, en s’installant dans la structure qui depuis quelques années deviendra le Couvent de San Francesco, toujours bien visible, mais dont la tour résulterait être préexistante, bien qu’il soit invraisemblable que cette dernière ait été partie de l’ancien mur d’enceinte23. De toute façon, l’équilibre et la tolérance pour le culte vaudois perdura jusqu’au 1655, lorsque les troupes de la Maison de Savoie et celles piémontaises, guidées par le Marquis de Pianezza, se laissèrent aller à toute sorte de cruauté, avec incursions et répressions qui furent historiquement connues en tant que « Pâques piémontaises ». C’est dans le cadre de tels évènements et de tel contexte historique, entre autres, que les guérillero vaudois, chassés Tour du Couvent de Saint François à Luserna Photo: Luca Grande de Bricherasio, y retournèrent en la mettant à feu et à sang en 1655, en déterminant la disparition définitive des restes des forteresses qui avaient résisté à deux ans de siège français perpétré par Lesdiguières entre 1592 et 1594. Cependant, lors de telles actions, les vaudois se dispersèrent dans les vallées environnantes entre le Queyras et le Val Chisone, sauf se réorganiser et se hasarder dans de durs combats contre les oppresseurs à Rorà, à la Vaccera, à Angrogna, San Secondo et Osasco, jusqu’à induire Carlo Emanuele de Savoie à signer à Pignerol une permission afin de rétablir la tolérance en faveur du culte vaudois. Entre autres, c’est exactement avec de telles permissions que le duc de Savoie concéda Le Château d’Osasco - Photo: Luca Grande aux citoyens de Luserna, afin d’apaiser les différentes luttes intestines, la possibilité de séparer en trois parties le territoire de Luserna: le vieux bourg de Luserna pour la plupart catholique, nouvelle Luserna, constituée par des possessions de la seigneurie et Saint Jean de Luserne, à majorité vaudoise24. 22

CARUTTI D., Storia della città di Pinerolo, 1897, pp. 410-413. ARGHITTU D., Oe. cit., p. 30. 24 ARGHITTU D., Oe. cit., pp. 3-4. 23

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Il est inutile de souligner que telle trêve aussi ne dura pas longtemps et lorsque Louis XIV, le Roi Soleil, monta sur le trône de France, après avoir révoqué l’édit de Nantes en 1685, il opéra de fortes pressions envers Vittorio Amedeo II de Savoie afin qu’il agisse avec force contre les vaudois. C’est ainsi que commencèrent des années de luttes dures pour les populations protestantes, qui combattirent aux Barricate, à la Vaccera, dans le Vallon de Subiasco (par la suite dénommé Vallon des Invincibles pour son inexpugnabilité), contre les soldats du maréchal Catinat. En 1686 les différentes vallées, y compris la Vallée Pellice, résultait presque dépeuplée suite aux milliers d’arrêts, alors que les vaudois rescapés se retirèrent à Genève. Ici l’on assiste à celle qui est peut-être la page la plus connue de l’histoire des peuples vaudois, c’est-à-dire celle concernant la Glorieuse Rentrée, soit la longue marche de 972 vaudois guidés par Henry Arnaud qui en dix jours, à travers les cols de l’Iseran, du Moncenisio et de Costapiana retournèrent dans leurs vallées pour soutenir de longs mois de luttes (très probablement l’épisode le plus connu est le siège de la Balziglia, dans la vallée Germanasca) et reconquérant leurs terres. Cela fut possible aussi grâce au déclenchement de la guerre de la Ligue d’Auguste. En effet, les français, après avoir vainement poursuivi les vaudois tout au long des vallées alpines piémontaises, envoyèrent quelques troupes dans la Vallée Pellice pour leur barrer le chemin. Mais les ducaux, jusqu’alors formellement alliés des français dans les guerres de religion contre les vaudois, s’alignèrent subitement contre les puissants voisins dans le domaine de la guerre de la Ligue d’Auguste. Très significatif, dans ce sens, fut l’épisode du mois de mai 1690 ayant eu lieu au Chiot de Pradeltorno (Angrogna), lorsqu’ « aux 367 Vaudois miraculeusement échappés de la Balsiglia, où ils avaient été assiégés pendant de longs mois par les Français et les Piémontais, se présenta en tant que messager de la part de Vittorio Amedeo II, duc de Savoie, le chev. Vercellis, commandant de la Forteresse de Torre Pellice; ce dernier leur apportait la nouvelle agréable que le Duc avait déclaré guerre à la France et que dorénavant il aurait considéré les Vaudois en tant que sujets fidèles; il les exhortait à combattre, unis aux Piémontais, contre les ennemis d’au-delà des Alpes »25. La réaction des bourboniens fut immédiate et une colonne de soldats guidée par le général Feuquières remonta le Val Pellice, alors que ceux de la maison de Savoie se retirèrent à l’intérieur de la mieux défendue Forteresse Saint Michel de Luserna, en minant et en détruisant en partie la Le Temple Vaudois de Pra del Torno (Angrogna) - Photo: Luca Grande Forteresse Sainte Marie. Cette dernière fut occupée par les troupes françaises qui, toutefois, dans l’impossibilité d’attaquer concrètement le Saint Michel, optèrent pour se replier sur Pinerolo et minèrent à leur tour ce qui restait de la forteresse de Torre Pellice, en la détruisant définitivement le 7 août 1690. Luserna, par contre, fut pillée et endommagée avant d’être libérée par Vittorio Amedeo II avec l’aide des troupes vaudoises, mais l’année suivante, le 6 septembre 1691, les troupes françaises 25

ARMAND HUGON A., Le milizie valdesi al XVIII secolo, Torre Pellice, 1947.

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retournèrent en force et mirent à feu et à sang Luserna, en démolissant totalement le murs et le château qui ne furent plus jamais reconstruits. La destruction définitive de ce qui fut le prieuré de Saint Jean du Perno, dont aucune trace n’est relevable aujourd’hui, est reconductible à la même période. En effet, déjà depuis un siècle la résidence du prieur fut déplacée à San Giacomo à la suite de sa destruction par les vaudois. Sans aucune chance de pouvoir s’habituer à la paix, lors des années suivantes, la Vallée Pellice fut aussi protagoniste des événements de la Ligue de Succession Espagnole qui vît les troupes francohispaniques assiéger Turin en 1706. Dans de telles années, Vittorio Amedeo II, poursuivi par les français, trouva exactement abri Bourg de Luserna et Forteresse de Saint Michel selon une dans la Vallée Pellice, protégé par les reconstruction graphique artistique - Dessin de Silvano Barale Archive Carla Michialino troupes vaudoises de son armée, formidables connaisseuses du territoire et très adroites dans la guérilla. Avant de s’installer à Rorà auprès de la maison Durand-Canton26, pendant deux fois, en fait, le Duc fut hébergé à Bibiana, dans le couvent des Pères Réformés de San Francesco, sur le col Castelfiore qui domine le village27, ainsi que par le Palais de Luserna. En outre, ce fut exactement du col de Saint Bernard de Bibiana qu’il fît le vœu solennel d’ériger la Basilique de Superga au cas où ses armées fussent été victorieuses. Le Duc arriva à Bibiana le 7 juillet, mais « Les français s’acharnèrent dans la poursuite. Le généralissime La Feuillade même, en abandonnant temporairement le siège de Turin, arriva pour en prendre la direction, comprenant quelle importance aurait eu la capture du Duc pour l’issue de la guerre. Le 12 (juillet, n.d.l.r.), à travers de forces prépondérantes, il se pressa de Cavour, aux portes de Bibiana. Le Duc, afin de fuir le péril extrême, ne pouvait que se jeter dans la vallée du Pellice. Le 14, une fois dépassé le coteau boisé de Saint Bernard, il entrait à Luserna. »28. Vittorio Amedeo II, protégé par 34 compagnies de la milice vaudoise aux ordres du major Giovanni Malanot, fut accueilli par Carlo Amedeo Giuseppe d’Angrogna. Les français, en même temps, bien que le La Feuillade fût si optimiste sur la capture du duc jusqu’à écrire à Louis XIV de l’imminent arrêt, tentèrent une manœuvre d’encerclement montant par Roccapiatta pour tomber sur Luserna par le coteau de San Giovanni. Comme nous l’avions précisé auparavant, le Duc trouva refuge à Rorà, alors que les français se rendaient effectivement compte de l’habileté des milices vaudoises en termes de défense de leur propre territoire: « le duc pût retourner à Luserna le lendemain, et de là, monté sur le coteau des Barriole, qui dominait l’embouquement du vallon d’Angrogna, assister par le haut au furieux combat du jour 17, où l’assaut des français, en s’étant déroulé avec 26

Du nom du Maire de Rorà qui hébergea le Duc, Antonio Durand-Canton. Aujourd’hui le couvent n’existe plus et suite à la Révolution française et la suppression de l’Ordre, ce dernier fut acquit par les Luserna de Rorà qui y édifièrent, en 1832, dans le soi-disant Château de Bibiana ou de Rorà, dont l’on parlera à p. 54. 28 JALLÀ A., Luserna: Vicende e tradizioni nel quadro della storia valdese, Torre Pellice, 1940, p. 48 ss. 27

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violence à travers les châtaigneraies et les champs et les vignes de la colline, fut repoussé, renversé, mis en déroute par la fougue des troupes vaudoises. »29. Pour plus d’une semaine des combats sévirent en Val Pellice, au point que Luserna fut dénommée par le Jallà comme « une petite capitale de guerre »30. Ceci jusqu’au 25 juillet 1706, lorsqu’avec l’arrivée imminente du Prince Eugenio, cousin de Vittorio Amedeo II, les français renonceront à assiéger la Vallée Pellice pour se replier vers l’attaque à la capitale, Turin. Comme chacun sait, avec l’intervention du Prince Eugène en tant que commandant des troupes autrichiennes, Vittorio Amedeo II, entre-temps descendu à Bibiana et en s’étant successivement rejoint avec le cousin à Carmagnola, réussit à libérer Turin et reconquérir le Piémont qui, avec le traité d’Utrecht, de Duché devint un Royaume. Suite à de tels événements, les vaudois, cimentée la fidélité envers les Savoie, purent professer leur culte et l’historiographie de la religion rejoignit finalement la stabilité avec l’édit d’émancipation du 17 février 1848 émané par Charles Albert. Ces événements sont encore aujourd’hui rappelés et célébrés avec l’allumage de feux de bois (bûches de bois) dans de nombreux endroits des vallées vaudoises le soir du 16 février de chaque année. Lors de ces années, l’Italie faisait face à son unification à travers les événements liés à la Renaissance, auxquels la Vallée Pellice contribua remarquablement, en fournissant d’hommes valeureux aux différentes guerres d’indépendance. En particulier il nous faut rappeler Filippo Brignone, véritable héros de la Renaissance, de Bricherasio, officier de l’Armée Royale dans toutes les principales batailles et campagnes indiscutablement liées à l’unification de la péninsule. Entre-temps, la Vallée Pellice était devenue un pôle extractif du très précieux gneiss lamellaire, encore connu aujourd’hui en tant que « pierre de Luserna », ainsi que comme siège des premières industries, surtout filatures textiles31, qui se seraient développées au cours des décennies suivantes, en particulier celle dénommée Mazzonis. Cette dernière naquit dans les années ’70 du XIXème siècle, lorsque les frères Mazzonis relevèrent une petite cotonnerie remontant au début du siècle et lui donnèrent une telle impulsion jusqu’à en faire naître une grande industrie, Caves de Pierre de Luserna - Archive Luca Grande successivement aussi douée d’un pensionnat où loger les environ 200 ouvrières, devenues un millier en 1915. Tels événements, par ailleurs, déterminèrent le surgir de nombreuses Sociétés de Secours Mutuel et de Coopératives Ouvrières, qui furent parmi les premières de tout le Piémont et d’Italie. De plus, la Vallée s’apprêtait à devenir un pôle touristique pour la bourgeoisie et l’aristocratie turinoise et étrangère (anglais et suisses surtout), jusqu’à être dénommée la Genève italienne, 29

JALLÀ A., Oe. cit., pp. 48 ss. JALLÀ A., Oe. cit., pp. 48 ss. 31 En particulier à partir de 1760 l’économie agro-pastorale, grâce à l’obtention de patents royaux spécifiques pour la manufacture, pour le filage et le cardage, se flanqua de petits pôles productifs, successivement devenus de véritables industries au bout d’un siècle. 30

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avec des villas et des hôtels équipés de tout les conforts et services possibles et avec la création d’une ligne de chemin de fer qui de Turin arrivait, en passant par Pinerolo, jusqu’à Torre Pellice. C’est en 1854 que Pinerolo réussit en fin, après plusieurs projets et lenteurs, à se doter de la liaison ferroviaire avec Turin, à l’époque capitale du royaume. Déjà lors de ces années, par contre, l’on supposait que le terminus de Pinerolo serait bientôt devenue le point de départ d’autres lignes, vers le Val Chisone et ses industries naissantes, ou bien vers la Vallée Pellice et ses caves, mais en tout cas avec un objectif commun: atteindre la France (Briançon, Gap). La ligne Pinerolo-Torre Pellice fut donc achevée en 1882 et peu d’années après, en 1885, la branche secondaire BricherasioBarge fut aussi réalisée. Du reste, lors de plusieurs occasions (encore jusqu’aux années ’60 du siècle dernier) le prolongement de la ligne jusqu’en France fut Carte postale de l’époque de la gare de Torre Pellice Archive Gian Vittorio Avondo idéalisé, avec un train qui aurait remonté la vallée jusqu’à Villanova, où un tunnel creusé sous le mont Palavas aurait permis de dépasser la frontière et se rattacher aux lignes françaises, en créant une connexion Turin-Marseille32. La Vallée, entre-temps, avait changé sa géographie administrative e les différentes communes de la haute vallée s’étaient représentés et rendus autonomes d’une manière stable. Puis, en 1871, il naissait ce qui au fond est le centre principal, pour ses dimension, population et économie, de la Vallée Pellice, Luserna San Giovanni, suite à la fusion de Luserna et San Giovanni. En particulier, les deux bourgs se relièrent à celle qui dès la moitié du XVIIème siècle était définie nouvelle Luserna, comprenant les propriétés de la seigneurie des Manfredi. Avec la fusion, la commune acquérait les terrains de l’actuelle Airali du Comte Emanuele Manfredi Luserna d’Angrogna33. Sur de tels terrains serait surgi dans peux d’années le palais communal projeté par l’Eng. Angelo Bottiglia, ainsi que les palais de la place d’en face avec ses arcades, financés par les bénéfices des caves en pierre et par les péages payés pour la route d’accès. Comme nous l’avons cité, la prospérité ne fut pas purement économique et industrielle, mais plutôt touristique et l’exemple le plus admirable en ce sens fut Villa Olanda, à Luserna. Construite au cours du XVIIIème siècle sur commission du Comte Cacherano di Bricherasio, à partir du 1790 elle appartenu à un riche marchand vaudois émigré en Hollande, Jean Daniel Peyrot et puis, suite à la mise en vente par les héritiers, au cousin du Peyrot, David Jean Jacques. Dès le début Villa Olanda fut au centre de plusieurs visites prestigieuses: à partir de celle du pasteur anglican William Gilly au major Charles Beckwith, bienfaiteurs vaudois, ainsi que, en époque napoléonienne, du préfet de Turin, ce dernier en remontant la vallée avec le but de recueillir le

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ème

En effet, un rapport joint de la fin du XIX siècle entre les Chambres de commerce de Turin et Marseille adressé au gouvernement italien soutenait fortement cette œuvre. 33 Contrat d’achat approuvé par le Conseil Municipal du 6 février 1872, pour lire 42.840,00.

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serment des vaudois selon les canons des églises protestantes de France 34. Au début du ‘900 il devint puis un prestigieux hôtel, le Bel-Air, sous la direction de la famille Albarin-Bleynat (voir l’affiche ici à côté afin de se rendre compte des nombreux et luxueux services offerts), au point d’arborer la présence de Giovanni Giolitti, mais pas seulement: on évoque, même en l’absence d’épreuve, qu’en 1922 quelques jours avant la marche sur Rome, De Vecchi, "gerarca" fasciste de la première heure, fuisse client de Villa Olanda en compagnie d’un anonyme "commandant en chef". D’ici naît la légende selon laquelle les deux, exactement à Torre Pellice, écriraient le règlement de discipline des milices fascistes, tout en planifiant la prise de la capitale et du pouvoir35. La langue période de paix et de prospérité, interrompue seulement par les crises économiques et par les grèves durant la première ûaprès-guerre36, vit par contre une brusque interruption à cause des événements tragiques de la Seconde Guerre Mondiale et Réclame de l’Hôtel Bel-Air (Villa Olanda) - extraite d’A.Coisson, Guide des Vallées Vaudoises du de la Guerre de Libération du 1943-45. Piémont (1911) Dèjà à partir des années ’30 à Torre Pellice et à Luserna San Giovanni se constituèrent des formations d’antifascistes qui en 1942 rejoignirent le Partito d’Azione. Après le 8 septembre se formèrent les premières bandes de partisans, en particulier les G.L., dans les différents lieux de la vallée: au Bagnou, à Pra del Torno, à Bobbio, à Serre Sarsenà, à la Sea, aux Ivert, tandis que les Garibaldini guidés par les officiers du Nizza Cavalleria de Pinerolo, Pompeo Colajanni “Barbato” et Vincenzo Modica “Petralia”, s’installèrent en Val Luserna. Le premier affrontement entre les forces des partisans et les forces nazi-fascistes eu lieu dans la localité de Chabriols et vit le premier mort partisan du Val Pellice : le jeune Sergio Diena. Pendant la période de l’occupation il y eurent deux grands ratissages nazi-fascistes: l’un au mois de Mars et l’autre au mois d’Octobre 1944; jusqu’à ce dernier moment, pourtant, le territoire fut pratiquement contrôlé, au moins dans l’haute vallée, par les forces des partisans, capables en tout cas de recevoir l’aide des alliés a travers le largage de matériel parachuté. Ces contactes avec les alliés furent favorisés, entre autre, par l’activité de Guglielmo “Willy” Jervis, ouvrier de la Olivetti résident à Torre Pellice, capturé auprès du pont de Bibiana et exécuté à Villar Pellice par les nazi-fascistes dans la place qui aujourd’hui porte son nom. Nombreux furent les valeureux qui tombèrent dans la lutte contre l’oppresseur, à partir de Sergio Toja jusqu’à Dino 34

JAHIER D., Bulletin de la Société d'Histoire Vaudoise n. 65, 1936. Cfr. ARGHITTU D., Oe. cit., p. 40. 36 Du reste, la Vallée Pellice eu un rôle de premier plan en ce qui concerne les protestations, grâce aussi à la forte industrialisation de la Mazzonis, qui à l’époque comptait plus de mille ouvriers. À mentionner furent les grèves du 1901, de 1906 – lorsque la jeune fille de dix-sept ans Olimpia Depetris fut piétinée par un cheval de la garde nationale durant le tentative d’une charge d’allègement – et puis les émeutes de 1920 lorsque, après plus de cinquante jours de grève, les ouvriers s’emparèrent de l’usine. 35

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Buffa, à Jacopo Lombardini et Emanuele Artom. De même, multiples furent les actions de guerre en Val Pellice, comme les sièges amenés par les partisans aux casernes de Bobbio Pellice, Bibiana et Bricherasio. Le contrôle de l’haute vallée, même si discontinu et bien rarement mis en danger par les envahisseurs, suffit, en tout cas, à permettre à l’haute vallée d’arborer le nom de “Italia Libera”. Après le ratissage du mois d’Aout 1944, les partisans entamèrent la “pianurizzazione” (descente vers la plaine) et la Val Pellice ne fut plus protagoniste d’actions importantes de guérilla même si Bande du Bagnou en Juillet 1944 - Archivio Centro di Documentazione di Storia Contemporanea e della Resistenza di Luserna San Giovanni le poids de l’oppression nazi-fasciste ne manquait pas d’être présent jusqu’à la libération du 27 Avril 1945. Après la fin de la guerre le Val Pellice suivi les événements nationaux en vivant les années de la reconstruction et un véritable boom industriel avec le développement de la Mazzonis, de la Filatura Turati, de la Caffarel, de la Microtecnica et de la Corcos. Ce développement pourtant vit un brusque bouleversement avec la fermeture de l’établissement Mazzonis di Pralafera, le vrai cœur industriel de la vallée, et qui, au cours du 1965, vécut une terrible situation de grèves et même la tentative d’occuper l’usine par l’administration communale, laquelle en tout cas ne put pas changer le sort inexorable de l’entreprise. Afin de faire face à cette grave perte économique, au cours de la même année l’on mettra en place des importantes facilitations pour la création de nouvelles entreprises, tandis que la Helca de Turin, en suivant les empreintes d’un autre prestigieux producteur de chocolat (la Saica, déjà installé à Luserna dès le début du siècle)37, transféra son activité dans les nouveaux bâtiments des Airali de Luserna San Giovanni, en prenant ensuite une nouvelle dénomination commerciale: Caffarel. À côté de ces événements de l’après-guerre, le Val Pellice vit le développement d’une autre réalité qui même aujourd’hui est partie intégrante de la vallée: l’Hockey Club Valpellice. Créé au cours des années ’30 auprès du Laghetto Match de première division de hockey sur glace du H.C. Valpellice Blancio de Luserna San Giovanni, à Photo: Luca Grande

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Società Anonima Italiana Cioccolato e Affini, fondée le 1900 à Luserna San Giovanni et fermée en 1923.

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la limite de Torre Pellice, grâce à l’enthousiasme de quelques-uns des jeunes de la vallée et avec le dévouement et la constance de Maître Giorgio Cotta Morandini, l’équipe contribua à la reconstruction de l’après-guerre, en créant et en consolidant une forte identité “des gens de la vallée” et ceci grâce à une équipe capable de sillonner les meilleures pistes italiennes et de catalyser la passion d’ entières générations de citoyens.

LES FORTIFICATIONS MÉDIÉVALES Bien que le passé de la Vallée Pellice soit particulièrement riche et plein de nuances, très peu reste aujourd’hui des fastes de l’époque médiévale, des temps donc quand les Seigneurs de Luserna étaient parmi les plus importants du Duché de Savoie. Pourtant et bien que presque inconnus, ils sont encore visibles les restes des deux châteaux qui appartenaient à deux branches différentes de la Seigneurie: le château qui fut des Bigliori, à Bobbio Pellice et le château qui fut des Manfredi, à Luserna. De ce dernier, en manière particulière, documenté à partir de 1096 (puis devenu la forteresse de Saint Michel), l’on voit encore des restes magnifiques qui se cachent dans l’oubli des gens qui aujourd’hui habitent la vallée, au sommet de la montagne qui domine Luserna. A côté des vestiges de ces deux châteaux nous avons très peu de restes du Castelvecchio qui domina Bricherasio et logea l’homonyme noble famille des Bricherasio. Probablement la structure du château fut d’abord intégrée dans les fortifications du Lesdiguières et puis rasée et détruite avec le siège de 1594 dans une première phase, et de puis en 1628 avec la conquête par les français de Richelieu. Aujourd’hui l’on reste qu’avec très peu de traces de la structure qui par contre doit être rappelée et valorisée en considération de son passé de protagoniste. Le château de Famolasco (Bibiana) Finalement il nous reste, entier et parfaitement conservé, Photo: Luca Grande l’un des plus importants témoins de l’histoire de la Vallée Pellice: le château de Famolasco. Ce dernier, inclus dans l’homonyme hameau de Bibiana, domine du coteau de la colline toute la plaine qui se profile devant lui avec un admirable coup d’œil qui s’étale du Val Po à Saluzzo pour couvrir tout l’horizon jusqu’aux collines de Turin et aux montagnes des Vallées de Suse, Sangone et Chisone. Il est absolument vraisemblable que d’autres fortifications dominaient la vallée à l’époque et en particulier (l’on le mentionne à mantes reprises) où aujourd’hui surgie le Fort Santa Maria di Lucerna à Torre Pellice, la Torre di Lucerna de laquelle le lieu pris son nom. Plusieurs sources font remonter l’origine de la structure aux incursions des sarrasins. Grâce à la typologie très spécifique de la construction, la tour était utilisée afin de prévenir les incursions: il suffit de penser à la vaste toponomastique qui est en relation avec ces événements.

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En tout cas de la tour il nous reste la mémoire, ainsi que celle du château de Luserna qui se dressait devant la ville qui fut demeure des Rorengo di Luserna. Du château dont les origines sont inconnues, mais qui probablement fut érigé dans une phase successive à la construction de la tour, l’on connait ne que l’épisode de sa prise par le compte Carlo Emanuele Manfredi di Luserna afin d’arrêter le Castrocaro en 1582. L’on sait, en outre, que la construction du Fort Santa Maria, en 1655, eu lieu juste par le biais de la démolition des restes de la tour et du château et puis les Rorenghi se déplacèrent dans le palais qui aujourd’hui se trouve dans la Piazza della Libertà à Torre Pellice et dont l’on parlera avec plus de détails dans la suite de cet étude. De la même manière, il nous reste la mémoire d’autres deux châteaux à Bricherasio, le Castelnuovo, puis intégré dans les fortifications du Lesdiguières et complètement détruit et le Château de Santa Caterina, ainsi qu’une trace de ce qui parait être un château dans la localité de Sibaud, à Bobbio Pellice et d’un château ou palais-forteresse à Villar Pellice. Les premiers furent demeure de familles nobles de Bricherasio et le Castelnuovo fut résidence et centre de pouvoir de la famille homonyme de feudataires qui gouvernèrent Bricherasio avant l’inféodation des Cacherano. Le château du Sibaud, par contre, est mentionné seulement lorsque l’on a la certitude que, après 1549, les Bigliori se déplacèrent dans un autre château (ou palais?) dans l’homonyme village de Bobbio Pellice. En tant que témoignage partiel de ce dernier événement Monument vaudois auprès du Sibaud (Bobbio Pellice) Photo: Carlo Grande il y a la toponomastique locale, qui signale un “chemin au château”; d’autre part, de cette structure il n’y a apparemment aucun reste, et probablement elle a été englobée dans le réseau urbain de Bobbio Pellice. En ce qui concerne Villar Pellice, par contre, Garola nous dit que “sulla piazza (di Villar Pellice o Villaro della Valle di Luserna, n.d.r.) anticamente eravi un castelletto, detto casa piana, ridotta a fortezza dai Valdesi, distrutto nel 1560. Locché diede poi materia, ed occasione al duca Emanuel Filiberto d’eriger altro fortino a levante od in fronte al villaggio, che dal rivo Rospardo fu tutto atterrato, come si vede, che il Pelice egualmente corrose il vasto giardino del castello”38. En tout cas il est l’auteur lui même qui affirme que l’origine de ce château pourrait rémonter “all’epoca dei marchesi di Susa, oltre che le scritture de conti della Valle fan di quel menzione già nel XII secolo.”39. Une autre structure dont il nous en reste que le souvenir, est le château d’Angrogna, que Garola place “ove ora è l’attual chiesa parrocchia”. D’autre part, l’auteur lui même nous dit de n’avoir pas repéré aucune information à propos du castrum hengroniae.

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GAROLA D. L., Oe. cit., p. 214. GAROLA D. L., Oe. cit., p. 180.

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De telles constructions, donc, rien nous reste dans le Val Pellice d’aujourd’hui; par conséquent, tout en essayant de garder le souvenir de leur existence, nous irons nous concentrer sur l’approfondissement sur ce qui, même si oublié par la majorité, est encore présent sur le territoire.

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1) Le château des Bigliori (Bobbio Pellice) Les ruines du château des Bigliori di Luserna, se situent pas loin du centre ville de Bobbio Pellice, juste après avoir traversé le vallon du Crϋel, dans une bourgade nommée Cestel (ou Ciëstel, selon certaines anciennes sources), et qui encore aujourd’hui porte le nom de Ciastel. Ce nom, en effet, rappelle le mot “castello” et se refère à l’ancien manoir des comptes Bigliori, une branche cadette des encore plus puissants Manfredi di Luserna. Garola, en écrivant de Bobbio Pellice, explique que “eravi da antichissimo tempo sù di un poggio a ponente il suo castello, detto ancor oggidì region del Ciastel, riguardava sull’erta la strada e sul poggio in basso la vila di Bobbio, nel 1549 da Francesi dominanti la Valle atterrato. Era abitato dai conti Bigliori, che vi edificaron poi altre dimore loro a Sibaud o Sinibaldo dal nome d’un dei feudatari.”40. La structure dont l’emplacement est encore bien visible , était protégée des deux côtés par le Cruello et par le Pellice, qui coulent au pied du promontoire rocheux. Tout en suivant Garola41, si d’un côté l’on ne connaît pas des sources sur l’origine de la structure (probablement antérieure à l’année 1159), de l’autre côté il y aurait des sources historiques documentaires42 qui nous informent que le château subit sa destruction en 1549 par ordre du Gouverneur Caracciolo di Melfi. Pourtant, des légendes survivent selon lesquelles la destruction du bâtiment eu lieu à cause d’autres événements: l’on dit, en effet, que jadis le propriétaire du château (selon la légende, le Compte Billour) se convertisse à la fois protestante, au contraire du reste de la famille qui resta fidèle à l’Eglise catholique et à Rome. L’on raconte que dans les cachots du château le compte se mélangeait avec les gens du peuple pour écouter l’Evangile prêché par les "barba" vaudois, selon les cultes y pratiqués en secret. Mais la famille du compte commença à avoir des soupçons et un jour envoya des soldats à Bobbio Pellice dans le but de l’arrêter et de détruire son manoir. La triste fin du Compte Billour fut l’emprisonnement dans les tours du château de Luserna, où il soufra la faim, le soif, le froid et d’où il ne sorti plus. La famille du compte décida ainsi d’effacer la honte d’un parent hérétique: de même furent nommés par l’Eglise de Rome ces qui ne suivaient pas la religion catholique et, au Piémont, ainsi ils étaient nommés les Vaudois43. Ruines des murs du Ciastel – Photo: Luca Grande et Simona Pons

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GAROLA D.L., Oe. cit., p. 217. En effet l’origine du nom du Sibaud est fortement contestée par Rivoire, cfr. RIVOIRE P., Oe. cit., n. 11, p. 17. 41 GAROLA D.L., Oe. cit., p. 14. 42 GAROLA D.L., Oe. cit., p. 125. 43 Source: http://valdesina.babacio.it/2013/11/08/cestel-bobbio-pellice/ et legende déjà inclue dans GENRE A.-BERT O., Leggende e tradizioni popolari delle valli valdesi, 1982, Claudiana, pp. 166 ss.

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Ainsi, au jour d’aujourd’hui nous n’avons que la légende du compte Billour, tandis que du château des Bigliori très peu de restes ont survécu sur le sommet rocheux qui de la bourgade Cestel domine Bobbio Pellice. En vérité il semble que la légende en question ne fût rien d’autre qu’un conte raconté par les gens du lieu pour parler de l’oppression de l’inquisition de Rome et des seigneurs catholiques. Par contre, la destruction du château eut lieu en apparence exactement comme raconté par Garola et également par Bollea44, lorsque il reconstruit l’histoire de Bricherasio, tout en spécifiant comme le prince napolitain Giovanni Galeazzo Caracciolo di Melfi, gouverneur du Piémont pour compte du Roi de Restes des murs du Ciastel – France, ordonna, le 9 janvier 1549, au Capitaine Photo: Luca Grande et Simona Pons Angelo de Pedemonte, la destruction du reste du château de Bricherasio et en outre des forteresses de la Torre, de Bobbio et de Lucerna; et vu qu’apparemment à Bobbio Pellice n’existaient pas d’autres châteaux à part celui du Ciastel, il est inévitable de conclure que le château détruit en 1549 fût exactement ce des Bigliori. En effet un autre château aurait existé à Bobbio Pellice, aux alentours de Sibaud, mais Garola lui même nous dit que cette dernière fût la demeure des Bigliori à partir de 1549. D’autre part, de cette structure l’on ne trouve aucune trace au Sibaud, sauf l’indication d’un “chemin au château” qui encore aujourd’hui mène de la route principale du village au monument du Sibaud.

2) Le château de Lucerna - puis Forte di San Michele (Luserna San Giovanni) “Avea Luserna muraglie (le ville e città di Lombardia ed Italia furon fasciate di mura e fosse, dopo l’invasione dei Teutoni od Ongari nel anno 899), e un antichissimo castello sull’adiacente monte, or rovinati dopo l’antiche guerre di Piemonte tra Carlo V imperatore, e Francesco I re di Francia nel 1549 [...]. La villa avea 4 porte. La prima di Bibiana, la seconda del Pontetto verso il Pelice, la terza di Francia sul canapale, la quarta di San Marco verso Rorata. [...] nel 1663 d’ordine del duca di Savoia fatta di nuovo cinger di nuove mura con varie torri, fattovi ristorar il castello sul monte Ombroso opposto alla villa, dinomandolo il forte di San Michele, od il torrazzo di San Michele, or Vue des restes du Château des Luserna - Photo: Alessandro Boaglio parimenti tutto è atterrato per egual 44

BOLLEA L.C., Oe. Cit., p. 525.

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fortuna e vicende delle susseguenti guerre.”45. Garola, dans sa description de Luserna, nous fait le résumé des origines et des vicissitudes des fortifications et du château de Luserna selon les informations dont il avait connaissance. Du reste, dans la continuation des ses écrits d’histoire, l’auteur se lance bien plus en avant, au point de supposer une origine romaine des fortifications de Luserna tout en soutenant que “Luserna aveva già sin al tempo della venuta dei Teutoni in Piemonte ... muraglie di cinta, e sul monte il castello, anche ben prima, e fin da romani tempi, probabilmente, come nota Ammiano Marcellino, che a fronte dei popoli Galli usarono gli antichi romani di fortificar tutti gli aditi de monti, e delle valli, che davano il passo a Galli nemici, per loro fermar il passo, e fargli pronta difesa, e tal sistema nacque nel secondo secol dopo la venuta di Cristo, e già v’eran più castelli nella catena dell’Alpi al tempo d’Annibale, come narrano Tito Livio e Polibio.”46. En réalité, malgré les suggestives spéculations sur l’origine haut-médiévale ou directement romaine des murs du château, la première trace du castrum de Luserna remonte au 28 mars 1096, lorsque Maria, fille du feu Ugone “et uxor Gosuini qui Merulus dicitur”, déjà de droit alémanique, mais puis devenue de droit salique comme son époux, fait donation d’une ferme en Roletto au monastère de Santa Maria de Pinerolo. Cet acte résulte, en effet, être rédigé “in castro quod Lucerna vocatur” et tel Gosvino nommé Merlo, lequel serait apparemment le propriétaire ou le possesseur du château, pourrait être l’ancêtre des seigneurs de Luserna47. La première citation donc de la Maison des Luserna coïncide avec la première notice concernant l’existence d’un château, et davantage la stricte corrélation entre les deux choses. L’origine des seigneurs de Luserna a déjà été traitée dans l’introduction de ce volume et en ce sens l’homme d’études Barbero a précisément illustré le sujet dans ses recherches48. En ce qui nous concerne, nous devons préciser que déjà à partir du XI siècle l’on a notice du fait que Luserna fût entourée par des murs espacés entre eux et renforcés par un certain nombre de donjons, tandis qu’à l’intérieur se trouvaient le palais des comtes, la chapelle de San Michele et les constructions militaires. Comme déjà dit auparavant, celui qui mieux nous décrit Détail des restes de murs du Château de Luserna. Á noter les pierres placées “à arête de poisson”, le castrum de Lucerna est Garola, qui en 1832 redige ses typiques de la période autour de l’année 1000 Photo: Alessandro Boaglio études sur les documents historiques de Luserna et de sa Vallée tout en confirmant comme, déjà en 1832, l’ancien château git en ruines sur le mont audessus de Luserna: 45

GAROLA D. L., Oe. cit., p. 51. GAROLA D. L., Oe. cit., p. 124. 47 BARBERO A., Oe. Cit., p. 101. 48 BARBERO A., Oe. Cit. 46

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“Era esso castello la sede degli antichi conti di Luserna e sua Valle, era egli una mole rappresentante un corpo di fabbrica quadrata con dongione detto poi il Torrazzo di San Michele da sua capella di tal nome. Alcune torri laterali, ed altra ben eminente risguardava Luserna, alcun’altra laterale, parapetti di cortina tutt’all’intorno con suoi merli chiudevano il passo a chi avesse voluto forzarlo per introdurvisi massime a ponente, ove la rocca è tagliata e forma il fosso. Su quella vetta, che sta imposta alla villa eravi un terrapieno tutto al lungo con specula fortificata a guisa di bastione. Un torrion ben alto a Luserna imposto formava il dongione, come si vede sull’antico muro d’Ellena Caciayna verso l’Annunziata, ov’è desso castello antico designato 49. Esso castello, che ultimamente dicevasi non il castello di Luserna, ma il Forte o Torrazzo di San Michele chiudeva nella sua importante posizione il passo a chi avesse tentato d’impossessarsene. I suoi primordi il manifestano opera degli antichi romani, e tanto più la mole informe con la torre, detta il Torrazzo di San Michele. Francesco I se n’impossessò con gli altri castelli della Valle, ed il tenne sino al 1549, che, come si disse dal prencipe di Melfi, governator generale del Piemonte, fu fatto con gli altri della Valle demolire. Del 1663 fu ristorato dal duca di Savoia e detto il Forte, o Torrazzo di San Michele. Nel 1690 il francese generale Feuquiéres il prese e vi praticò alcuni trincieramenti, il signor de Loches con alcuni rifugiti, e con le milizie del marchese di Parella discacciarono da quello e da Luserna i francesi numerosi tra cavalli e fanti più di quattromila. Rivenne Feuquiéres nel 1690 da Pinerolo notte tempo a Luserna, fece passar a fil di spada in Luserna il battaglion di Loches, ed un’altra fiata diede il paese alle fiamme, abbattendone le mura, e fortificazioni, e poi si ritirò per la Valle a Pinerolo con perdita de suoi più di mille tra cavalli e fanti e massimamente in Bricherasio, ove il marchese di Parella con più di seimila milizie e banditi del Mondovì e Ceva gli diede sulla lor ritirata alla coda, uccidendovi più di mille d’essi tra cavalli e fanti e sgombrò la Valle d’essi, che ritiraronsi a Pinerolo. Ciò nel 1690.”50.

Restes des murs d’enceinte du Château Photo: Alessandro Boaglio

En réalité il nous faut au moins une précision. Suite à la destruction de 1549, ordonnée par Caracciolo et qui, comme déjà mentionné, concerna aussi le château de Bobbio Pellice (et comme l’on verra, elle concernera également les châteaux de Torre Pellice et de Bricherasio), les murs évidemment, existaient encore partiellement ou, au moins, furent restaurés. En effet, encore avant 1663 (et de ces événements Garola nous fait mentionne), les

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Malheureusement l’on ne sait rien sur l’édifice qui parait être la maison de telle Ellena Caciayna, en direction de l’Annunziata, où, selon Garola, apparemment se trouvait le dessin du château sur l’un des murs. 50 GAROLA D.L., Oe. cit., pp. 127-128.

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français de Lesdiguières51 conquirent Luserna et reconstruisirent les restes du château et des anciennes fortifications, qui furent puis regagnées par Carlo Emanuele de Savoie de la main du comte Carlo Manfredi di Luserna. Ce dernier fit puis rebâtir et fortifier de nouveau la structure défensive en 1663, exactement comme spécifié par Garola, avec le soutien du gouverneur De Brichanteu, en créant le Fort de San Michele “o Torrazzo di San Michele dalla capella di quello esistente più in basso in fondo a detto forte.”52. D’ailleurs, déjà avant qu’il fût reconstruis et renommé Fort de San Michele (à partir de ceci l’on voit encore aujourd’hui la rue homonyme en montant vers le bourg de Luserna), il est vraisemblable que l’ancien château et l’enceinte murale aient, en réalité, été progressivement munis d’ultérieures di fortifications, tel qui devinrent un complexe fortifié et donc non un simple château. Il est certes que le Fort de San Michele fut une sorte de petite citadelle fortifiée, au point de contenir au moins neuf tours (l’on soupçonne cela à partir des comptesrendus mentionnés par Garola et tirés de l’Archive Communale de Luserna), une enceinte murale très consistante qui put abriter 4.000 soldats envoyés en 1664 par le dal Duc de Savoie afin de limiter les incursions des rebelles vaudois Les événements de 1690 sont bien connus: les français prirent le Val Pellice au début de Julliet, mais furent bien tôt repoussés, puis, une fois fortifiés et conduits par Coupure artificielle dans la colline, celle définie par Catinat, à la suite de la bataille de Staffarda du 18 Août Garola roche coupée afin de former le fossé à ouest 1690, pillèrent Barge, Bibiana et Luserna. Ensuite les - Photo: Alessandro Boaglio français retournèrent deux fois, la première fois à novembre et puis entre Décembre 1690 et 1691. Garola nous explique comment: “Alessandro Saluzzo conte di Monesilio nel suo ‘Piemonte militare’ tom 5 pagina 26 -dice ‘Anno 1690 2 novembre i Francesi arsero Luserna e Bibiana, accamparono a Miradolo, quindi sen girono ad comando di Pinerolo, e ne partì la notte dei sedici dicembre, andò dritto a Luserna, le di cui muraglie eran state atterrate, un battaglione del reggimento di Loches, che non credevasi d’esser 51

Garola, sans trop s’arrêter sur le sujet, fait allusion à des reconstructions lorsque, en racontant des vicissitudes de 1592-1593, mentionne Gillio "historico" vaudois (Gilly) “che in questo mentre Lesdiguières faceva fortificar Bricherasio sulla costiera, ov’era la chiesa principale del luogo, ed il sontuoso palazzo del signor feudatare conte d’Envie e ciò con gran fretta. Fece nello stesso tempo riedificar il castello di Luserna, che nelle vecchie guerre di Piemonte era stato atterrato” (cfr. GAROLA D. L., Op. cit., p. 205). En outre, toujours Garola (Oe. cit., p. 146), expose comme “Dice Daniele Bianchis ragionando della presa del forte di Luserna fatta da sua Altezza, quando furon scacciati li Francesi, il che fu del 1593 in circa sua Altezza rimise per tal presa tre compagnie di soldati, cioè quella del capitano Merlasso, altra del capitano Giorgio Chiavazza, e l’altra del capitano Giorgio Solere. Dopo tal presa del castello di Luserna, e circa sette otto a dieci giorni dopo fu messo il fuoco alla capanna d’esso forte, e per tal occasione si prese l’allarme, come anche giunge il nemico, non sapendosi ove correre per estinguer l’incendio, ed a far forza al nemico, sicché in quel duro istante ed occasione esso signor capitan Solere si partì da esso forte, ed andò a Cavorre, ove sua Altezza era coll’armata accampata, e la sua compagnia si smarrì fuori d’esso forte”. 52 GAROLA D. L., Oe. cit., p. 153.

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attaccato in una stagione si rigorosa, negligentava le misure necessarie alla sua sicurezza. Il signor di Feuquiéres lo sorprese dal sito, di dove non pensavansi già d’esser attaccati, e non fu fatto ad alcun quartiere’”53. Cette dernière action, en particulier, fut perpétrée “in maniera così grave che per un anno e mezzo il borgo rimase disabitato: era stato quasi tutto distrutto ed i suoi difensori, dei rifugiati protestanti, erano stati tutti passati a fil di spada.”54. En présence de tels événements, l’enceinte murale et les fortifications furent rasées et malheureusement nous n’avons aucune source pour décrire ce qui devint le château de Lucerna et le Fort. Pourtant, aujourd’hui du château de Luserna il nous reste des murs de grande valeur qui encore bien montrent la forme du bastion plus élevé, celui-ci au sommet de la colline qui domine le bourg de Luserna. L’on y arrive par le chemin au Château, qui grimpe jusqu’au sommet de la colline. Celui-ci est malheureusement propriété privée (se trouvant sur le terrain où il y avait le château, l’on y voit une construction, probablement bâtie au cours Restes du Château de Luserna - Photo: Alessandro Boaglio des années ‘60). D’autre part, ils sont parfaitement visibles les glacis qui donnaient sur Luserna, ainsi que la parfaite distinction des pierres placées “à arrête de poisson”, très typiques des constructions médiévales. Particularité en outre qui saute aux yeux en visitant le site, est la vaste coupure de la colline qui fut effectuée avec le but de séparer le château du reste de la colline, tout en créant une sorte de fossé que l’on peut bien distinguer encore aujourd’hui. En ce qui concerne les autres possibles restes du fort ou, au moins, des murs d’enceinte, il faut encore mentionner la présence des nombreuses théories qui se sont développées à ce propos au cours des siècles. Á Luserna, l’une des constructions parmi les plus anciennes et qui plus des autres se détache pour sa valeur et sa beauté est l’église paroissiale de San Giacomo. En particulier sa tour est ainsi décrite par Garola: “campanile in pietra di tagli con fregi teutonici da a dinotar la sua struttura nanti l’anno millesimo. L’aguglia antica fu cangiata nel 1774 e ridotta alla presente forma”. Du reste, tandis que Garola affirme la possible origine de la tour aux environs de l’an mille, en considérant que sa fonction aurait pu être celle d’une Cloché de l’église paroissiale de San Giacomo à Luserna - Photo: Luca Grande tour municipale ou d’une tour de défense dans le 53 54

GAROLA D. L., Op. cit., p. 173. ARMAND HUGON A., Oe. cit.

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complexe murale55, il faut aussi signaler que, au cours des travaux de restructuration menés en 1966 par le Prieur Giovanni Priolo, apparut la base d’un ancien pilier en style complètement différent par rapport au reste de l’église dont l’origine pourrait remonter directement à une tour fortifiée romaine 56. Au cours des années quelqu’un a affirmé qu’également la tour du Couvent de San Francesco, qui résulte préexistante à la construction et à la fondation du couvent en 1636 après l’épidémie de peste de 1630 et l’arrivée des religieux, pourrait avoir été part de l’enceinte défensive. Toutefois des études récentes affirmeraient que telle hypothèse serait à écarter. En tous cas les théories en question n’ont que la valeur de pures théories puisque rien de concret nous reste des murs d’enceinte qui défendirent ce bourg qui donna le nom à la maison et qui fut capitale des feuds des Luserna. Ils nous restent par contre les ruines du Château que l’on souhaite de ne les pas voir dispersées, mais plus tôt mises en évidence et valorisées au nom d’un passé glorieux arrivé jusqu’au jour d’aujourd’hui. Vis-à-vis de la période de vie du Fort de San Michele, entre les travaux de 1663 et la destruction de 1690, Garola nous a fait parvenir une brève liste des “Governatori o comandanti del presidio in Luserna.  1663 monsieur de Brichanteau, Savoiardo, che fé cinger di mura il luogo  1687 il conte Francesco de la Roche Savoiardo di Sciambery  1690 per i francesi monsieur de la Barthe, colonnello  1690 per il duca di Savoia, monsieur de Loches, irlandese.”57.

3) Le Château de Famolasco (Bibiana) Par rapport à ce qui précède, l’histoire est très différente en ce qui concerne le château de Famolasco encore existant auprès de la bourgade homonyme située sur la colline de Bibiana. Famolasco fut probablement l’agglomération urbaine la plus ancienne de la vallée, comme bien indiqué par le suffixe de claire origine ligurienne, se trouve effectivement dans une position idéale en fonctionnant comme vedette et comme premier emplacement de défense, en étant placée celui-ci sur un col juste devant la plaine et à la Rocca di Cavour, à la débouché du Val Pellice. Probablement la structure primordiale était une typique “tour sarrasine”, idéale pour s’apercevoir même de la lointaine plaine, des incursions éventuelles des sarrasins. 55

Château de Famolasco - Photo: Luca Grande

L’auteur, en parlant du Prioré de San Giovanni del Perno, mentionne que: “Monsignor della Chiesa nella serie dei vescovi di Torino nota, come nell’anno 1142 al 1150, che fu vescovo Umberto: “ecclesiam sanctorum Ioannis et Iacobi de Lucerna praeposito Vesulano concessit”. Dunque la chiesa del Priorato decevasi di San Giovanni e Giacomo: ne viene in conseguenza, che non eravi ancora la parochia di Luserna, bensì il campanile, che forse prima serviva di torre pubblica, e di queste tal era l’uso ne’ luoghi” (cfr. GAROLA D. L., Oe. cit., p. 57). 56 Luserna “79”, Ass. Amici di Luserna, 1979, p. 5. 57 GAROLA D. L., Oe. cit., p. 291.

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Le Château fut construit à plusieurs reprises entre le X et le XIII siècles et encore aujourd’hui l’intérieur, pour la partie restante, n’a pas subi de modifications, avec seulement trois salons sur autant d’étages, à témoignage qu’il fut utilisé uniquement en tant que forteresse; ceci, aussi en considération que l’on accède aux trois étages par un escalier à limaçon à l’intérieur de la tour, tandis qu’à l’ origine il est vraisemblable qu’il y avait seulement une échelle rétractile juste en cas de siège. D’abord la fortification appartenait à la marque de Turin, puis passa aux bénédictins, aux Acaja, aux Savoie, aux Rorenghi di Luserna, aux Castelvecchio di Bricherasio, aux Della Riva di Vigone, aux Obertenghi di Bagnolo, aux Opezzi di Vigone et finalement, pour des siècles, aux comtes Ferrero di Buriasco. Le premier document qui mentionne la tour de Famolasco remonte au 8 septembre 1064: il s’agit de l’acte de donation avec lequel Adelaide, Marquise de Turin, fait cadeau à l’Abbaye bénédictine de S. Maria di Pinerolo des terres de Famolasco, la tour inclue, l’église et les terrains dépendants. A l’époque elle n’était qu’une maison-tour, c’est à dire un édifice en pierre de 4 étages à conformation quadrangulaire: le premier étage avec un grand cheminer, avait la fonction de cuisine et de réfectoire et on y accédait par une échelle mobile rétractile; le deuxième et le troisième étages (maintenant disparus) étaient auparavant le dortoir pour les moines et ensuite pour les milices. Les étages en question étaient également reliés par des échelles rétractiles. Il est vraisemblable en outre que le quatrième étage fût affecté à bibliothèque par les moines, lesquels, l’on sait bien, s’adonnaient à l’activité de copistes. De même il est très probable que la structure fût entièrement contournée par un fossé ou au moins par une palissade en bois. Même si l’édifice restait toujours plein propriété de l’Abbaye de Pinerolo, comme indiqué par un document de 1123 avec lequel le Pape Callisto II Détail de la tour - Photo: Luca Grande confirmait les donations à l’Abbaye, et en outre par une bulle similaire de 1139 issue par le Pape Innocenzo III, en 1152 l’Empereur Frédéric Barberousse, en intervenant dans une querelle parmi ses vassales, signa l’acte de possession des terres de Bibiana et de Famolasco en faveur de Manfredo, lequel donna en dot à sa fille, épouse de l’un des Rorengo di Luserna, aussi Bibiana avec une partie du Val Pellice et de Fenile. Ainsi les Luserna devinrent feudataires également des terres de Famolasco, bien que la tour reste toujours en possession des bénédictins. La tour fut employée en tant qu’internat jusqu’au 1272, lorsque les bénédictins inféodaient, en leur qualité des Coseigneurs de Famolasco, les Rorenghi di Luserna. Dans le document l’on fait

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mentionne du petit château avec un pont-levis à côté de l’église de San Biagio58, signe ceci d’autres modernisations de l’ancienne maison-tour, qui devint puis un château à tous les effets. L’on remarque cet aspect si l’on regarde l’ancienne tour englobée dans une structure rectangulaire en briques, encore bien visible, bien que couverte par des "lose" (planches en ardoise de Luserna). Ce vasselage des Rorenghi fut ultérieurement reconfirmé en 1295, lorsque les Luserna firent serment d’allégeance à Filippo I d’Acaja et furent investis du titre de feudataires de leurs terres. Le domaine des Luserna dura pendant des siècles et fut confirmé à maintes reprises avec plusieurs investitures et avec l’attribution de pouvoirs administratifs ou tributaires. L’on peut faire mentionne, à titre d’exemple, de l’investiture de Giacomo feu Ajmone di Luserna, Gioanni feu Bonifacio, Ludovico Aluetto et Ajmonetto della Torre, en 1363, ainsi que de celle de Brunone Rorengo en 1465 ou encore de l’investiture de Bartholomeo Rorengo en 148559. Ceci jusqu’à la fin du siècle, lorsque le château passa aux Castelvecchio di Bricherasio pour être puis cédé le 29 décembre 1517 aux Ferrero di Buriasco60. Seulement quelques années plus tard, par contre, le même abbé de Pinerolo nomma Antonio Della Riva di Vigone feudataire de Famolasco, malgré que plusieurs documents montrent que les Ferrero di Buriasco habitaient le château et ceci au moins jusqu’au 1615, lorsqu’ils se déplacèrent dans le Château de Buriasco. Entretemps, encore en 1538 l’on a notice du pouvoir feudal des Della Riva sur Famolasco, tandis que le même serait retourné aux Ferrero en 155061. La seule information certe Armoiries de la maison de Savoie avec son mot “FERT”placées nous vient d’un document de 1562, qui atteste sur la tour du château dans une période successive à sa construction - Photo: Luca Grande comme, à la suite des différentes guerres de religion, auxquelles Famolasco ne participa pas, “nel giorno del Signore 9 ottobre 1562 per atto Gerolamo Robini di Pinerolo, i sigg.ri Ferrero vi fanno l’acquisizione in toto di Famolasco, dai conti Della Riva di Vigone, per la somma di 1045 scudi, divenendo così gli unici feudatari.” 62. Il est pendant cette période, vers la moitié de 1500, que l’on peut faire remonter les travaux de modernisation qui transformèrent le château d’une structure purement défensive à une structure plus résidentielle apte aussi à des fonctions administratives. Il est puis avec les travaux de

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Ceci l’on déduit aussi à travers de Garola, lequel vraisemblablement obtint des informations par les mêmes documents: “I signori di Luserna vi avevan dalla parrochiale di San Biaggio un picciolo castello col ponte levatoio. Superiormente ad esso castello v’è la chiesa ed abitacolo del prevosto che officia. San Biaggio patrono di Famolasco è nominato sin dal mille nel cartulario d’Oulx, ed altri autori, Famulasca forse perché ivi eran le fornaci di mattoni e terraglia di cui in più siti vi sono i rimasugli.”. (cfr. GAROLA D.L., Op. cit., p. 218). 59 CERRI S., Famolasco - La storia-la gente, Alzani, Pinerolo, 2002. 60 Ciò, peraltrCeci avec la clause apposée par les notaires Giovanni Agnaxi di Bibiana et Simondo Filippi di Bricherasio, selon lequel l’acte aurait été efficace seulement avec le consentement de l’Abbé Prieur du Monastère de S. Maria di Pinerolo, tout en confirmant l’influence encore existante auprès du clergé (cfr. CAFFARO P., Notizie e documenti della Chiesa Pinerolese, Pinerolo, 1893/1903. 61 CERRI S., Op. cit., p. 20. 62 CERRI S., Op. cit., p. 23.

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restructuration du XIX et du XX siècle que l’édifice fut amené au niveau actuel au point de le transformer en une structure privée d’hébergement. L’on a notice, comme l’on le dira avec plus de précision dans la suite de ce volume, quand l’on parlera du Château de Bibiana, d’une enceinte murale et d’un fortin construits à l’intérieur des murs. Bibiana, en effet, avec des origines très anciennes, était propriété des Arduinici, une branche collatérale des Savoie, même s’elle fut attribuée en partie aux Manfredi di Luserna qui érigèrent un château sur la colline de Castelfiore, et où ensuite se dressa le monastère qui hébergea Vittorio Amedeo II de Savoie durant le siège de Turin en 1706 et où, finalement, se trouva l’actuel Palais de Bibiana. L’on sait, en outre, que les les murs sont originaires de 1335, lorsque les Luserna attribuèrent aux habitants de Bibiana un permis spécifique pour la construction d’un mur d’enceinte englobant aussi le château. Château de Famolasco - Photo: Luca Grande Pourtant de ces murs et du fortin rien nous reste suite à leur destruction par les français en 1593 et à des nombreuses disputes religieuses, particulièrement avec les représailles organisées par la résistance vaudoise conduite par Josué Janavel en 1655 comme rétorsion contre les massacres perpétrés par les franco-savoyards. Mais les événements en question, bien qu’arrivés à proximité de Famolasco, furent toujours bien distincts, car il ne s’agissait pas seulement de deux feuds séparés, mais également, jusqu’au 1830, de deux communes différentes. Le château de Famolasco, qui resta propriété des Ferrero di Buriasco jusqu’à la mort du dernier descendant de la famille, le Comte Maurizio Antonio Ferrero di Buriasco, surnommé par la presse “Il Conte Codino”, et mort à Turin en 1928 après avoir dispersé tout le patrimoine de la famille63. Aujourd’hui celle qui aux yeux de la majorité est considérée comme une structure destinée à l’hébergement, est en réalité la plus ancienne structure fortifiée encore existante et parfaitement conservée tandis que ses murs peuvent se vanter d’avoir vécu plus d’un millénaire d’histoire de Famolasco et de la Vallée Pellice.

4) Le Castelvecchio de Bricherasio A Bricherasio, entre le XI et le XII siècle, comme l’on l’a bien mentionné64, l’on pouvait retrouver plusieurs châteaux. Il faut souligner que le bourg originaire de Bricherasio se trouvait plus en haut par rapport au centre urbain actuel, érigé autour du Castelnuovo, ensuite détruit et conglobé dans les structures du Fort de 1592 construit par Lesdiguières et ducl l’on aura l’occasion de parler plus en détail.

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Pour un beau portrait du “Conte Codino di Famolasco”, il faut lire CERRI S., Oe. cit., pp. 110 sv. Cfr. p. 6 de ce volume.

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Outre au Castelnuovo il y avait, sur la colline au nord de l’actuelle bourgade de San Michele, qui domine le vallon de Chiamogna, le Castellaccio et le Château de Santa Caterina. Chacun d’eux appartenait aux familles nobles de Bricherasio. A moins d’un kilomètre à l’ouest de San Michele, sur la colline homonyme, se trouvait le Castelvecchio, probablement le plus saillant des manoirs dont l’on a parlé et qui remontait vraisemblablement au XI siècle. La structure était placée en position stratégique, Restes du Castelvecchio de Bricherasio - Photo: Luca Grande au sommet de la petite colline située exactement à la confluence entre le Chiamogna et le Rio Tiramale, sur les premières pentes de la Val d’Angrogna. Encore aujourd’hui s’y trouvent des restes partiels de la structure. Ceci est confirmé, en outre, par les auteurs Bolla et Pellice, lesquels décrivent en détail que ”ancora oggi è possibile scorgere, sulla cima della collina di Castelvecchio, tutta una serie di muri e muretti che vengono a recingere completamente la sommità ellittica dell’altura. quest’area era poi divisa in due corti poste su livelli differenti, nel cui punto di giunzione si trovava il castello vero e proprio, difeso nei pressi delle mura da una torre quadrata a guardia della valle; nella corte inferiore, posta ad est, dove confluiva la strada di accesso, sono ancora visibili i resti di una piccola costruzione su due piani, formata di una sola stanza, davanti alla quale era scavata una cisterna per l’acqua piovana dal diametro di un metro e mezzo e profonda 11; nella corte superiore, più piccola, altre due piccole stanze si collegavano direttamente all’edificio citato.”65. Le terrain sur lequel se trouvent les restes est situé sur une propriété privée et la mémoire du Castelvecchio est conservée par l’Association historico-culturelle Reggimento La Reine G.B. Cacherano de Bricherasio66.

Détail d’un arc à contrefort - Photo: Luca Grande

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BOLLA P. - PELLICE G., Bricherasio dalle origini ad oggi, 1986, p. 24. Associazione Culturale Reggimento La Reine G.B. Cacherano di Bricherasio, sede in Bricherasio (TO), Strada Circonvallazione n. 103. 66

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Restes du Castelvecchio dans une image en blanc et noir - Photo: Luca Grande

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LES FORTIFICATIONS EN STYLE MODERNE L’époque entre le XVI et le XVIII siècle fut celle où, en Val Pellice, l’on érigea les forts les plus puissants et qui furent protagonistes de tous les événements de guerre du territoire. Pourtant chacune des structures fortifiées “en style moderne” de la vallée garde origines, buts et histoires totalement différentes. La plus saillante est le Fort de Mirabouc, en haute Vallée, érigé par le Duché de Savoie afin de contrôler le transit des populations vaudoises entre le Val Pellice et le Queyras, et également avec la fonction de pénitentiaire. Situé dans un endroit joli mais inaccessible, remplit au cours des siècles la tâche qui fut plus tard du Fort de Fenestrelle. Différente fut, par contre, la fonction du Fort Santa Maria di Lucerna, érigé un siècle après le Mirabouc et affecté de manière spécifique au contrôle des populations vaudoises habitantes la vallée et qui fut un symbole du pouvoir d’imposition (et aussi fiscal) des feudataires et des gouverneurs savoyardes sur la population locale. En outre, particulière est l’histoire de la forteresse de Bricherasio. Au contraire des autres, celle-ci fut érigée par les français et Fort Santa Maria di Lucerna à Torre Pellice - Photo: Luca Grande assiégée par les soldats du Duché de Savoie... pour bien deux fois ! Lesdiguières, en effet , en 1592, fit construire les bastions, les demi-lunes et les terre-pleins, en englobant le Castelnuovo et les palais des Cacherano di Bricherasio et des Cacherano di Envie dans une forteresse qui fut capable de résister pour plus d’un mois au siège des Savoie de 1594 avant de tomber et de causer la retraite des français. Ceci se répétera en 1628, avec la prise de la ville par les soldats de Richelieu et la réédification des murs, ensuite reconquis par les piémontaise et rasés une fois pour toutes. Bien plus complexes (ceci aussi en considération de sa plus longue histoire) furent les vicissitudes du Fort San Michele di Luserna duquel rien nous reste à part quelques ruines de l’ancien château qui en fut partie intégrante. Le Fort San Michele fut construit tout en développant le réseau défensif de Lucerna, déjà doté d’une enceinte et du castrum dont nous avons parlé dans le Fort San Michele di Luserna en une reconstruction imaginaire de chapitre précédent. Ceci afin de défendre le Silvano Barale - Archive Carla Michialino centre principal des domaines des Seigneurs Luserna contre les incursions militaires très fréquentes par les ennemis et pour la doter de murs puissants, symbole du pouvoir de la seigneurie. Les murs virent les sièges des français contre les Luserna, les assauts des troupes ducales contre les occupants français, les incursions des vaudois en tant que vengeance vers les Pag. 32


"pasque piemontesi", et finalement furent rasés par les sièges et les pillages perpétrés en 1690 et en 1691 par les français de Catinat. Mais de ceci il nous reste rien sauf que la mémoire, tandis que des ruines encore consistantes demeurent en Val Pellice à témoignage des événements dont ils furent protagonistes.

1) Le Fort de Mirabouc (Bobbio Pellice) En Val Pellice, avant la construction des “bunkers” du Mur Alpin au Col Content et au Col Barant, la structure fortifiée la plus proche à la frontière avec la France était le Fort Mirabouc, ducl malheureusement aujourd’hui il nous reste très peu de traces et qui normalement passent inobservées aux yeux des excursionnistes. Une fois franchie la ville de Villanova, en remontant vers la Conca del Pra, l’on arrive à l’endroit du Mirabouc67, dans le point exacte où la route carrossable croise le sentier qui amène directement à Villanova. Un observateur attentif peut encore apercevoir, sur le roché plus en haut, l’inscription désormais fanée qui indiquait l’existence du Fort Mirabouc et ducl, en levant les yeux, l’on peut distinguer les restes du bastion situé plus en bas. Malgré la proximité de la frontière La Conca del Pra en haute Val Pellice - Photo: Luca Grande avec la France et que le Val Pellice fut toujours une vallée de frontière, il faut souligner que presque jamais les français ont parcouru les cols du Val Pellice durant leurs incursions militaires, tout en préférant de loin la Val Chisone et la Vallée de Suse. Juste pour cette raison l’on trouve relativement très peu de fortifications dans l’haut de la vallée par rapport à celles placées sur les cols de la moyenne et de la basse vallée beaucoup plus aptes à la défence du front de Pinerolo. Le Mirabouc n’échappe pas du tout à cette considération: il fut construit à 1420 mètres a.n.m., probablement autour de l’année 1565 sur commande du Duc Emanuele Filiberto de Savoie et de Sebastiano Grazioli di Castrocaro, gouverneur du Val Pellice Restes de l’inscription indiquant – sur la parois rocheuse en face de la pour compte du Duc et ceci pas tellement carrossable - la présence du Fort Mirabouc - Photo: Luca Grande afin d’empêcher une invasion française, 67

Le nom pourrait dériver de la forme dialectale “meira” – afin d’indiquer le chalet en pierre typique des alps occidentales où l’on émigre pendant l’été à la suite des troupeaux - et “bouc”, bouc. Pour plus de détails voir PONS T., Vicende del forte Mirabuc, Tipografia Subalpina, Torre Pellice, pp. 7-8.

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mais plutôt avec le but de flanquer le Fort Santa Maria pour prévenir les contactes parmi les vaudois des vallées Pellice, Angrogna et Germanasca avec les coreligionnaires du Queyras68. Rivoire nous raconte qu’aussi Guglielmo Rorengo, dans ses “Memorie historiche”, en parlant de la construction du fort , souligna comme “Per contener meglio in ubbidienza il popolo, si fè edificare il forte di Miraboc vicino al confine del Delfinato, che serra il passaggio a valle”69. La construction du fort, donc, implique toute une série de raisons. Après le traité de paix entre la France et l’Espagne de 1559 à Cateau-Cambrésis, le Resti del bastione basso del Forte Mirabouc - Foto: Luca Grande Duc de Savoie rentrait en possession d’une bonne partie des territoires qui appartenaient à ses ancêtres et en outre il avait le besoin pressant de “construire un Ėtat”. Pour cela l’exigence primaire était celle d’ériger un système de fortifications qui en permettaient la défense de l’extérieur et le contrôle de l’ordre à l’intérieur. En décrivant le fort, Teofilo Pons, dans l’un de ses études, soulignait que “l’aspetto del fortino era d’una certa imponenza e la sua pianta era di forma geometrica poco regolare, con l’angolo sporgente più marcato in direzione nord, verso il selvaggio dirupo roccioso incombente”70. Le fort, en effet, était constitué par une structure pentagonale un peu irrégulière à cause de la conformation du sommet rocheux sur lequel elle était située. Les deux portes d’accès quadrangulaires et munies de tours - Porte de France et Porte de Piémont - étaient placées aux deux coins du fort, avec les deux tours mentionnées auparavant qui dominaient et protégeaient les ponts-levis d’accès et sur lesquels se trouvait la route qui passait à l’intérieur du fort.71 Le premier aspect qui aurait pu sauter aux yeux, était la forme pentagonale, absolument innovatrice par rapport aux châteaux médiévaux. Dans les dix ans à venir, les structures fortifiées seront planifiées et réalisées selon une forme polygonale et avec des sommets et des arêtes ayant le but de frapper l’action des assaillants et d’améliorer les tirs de l’artillerie sur l’ennemi. Dans le Mirabouc l’on voit clairement comme le sommet anguleux du pentagone fut placé vers le côté montagne. Ceci, pourtant, avait vraisemblablement la tâche de protéger la structure des avalanches éventuelles qui étaient très fréquentes à cette hauteur sur les rochés en surplomb sur le fort. 68

Il semble qu’au début le fort fût construit auprès de la bourgade Villanova, de manière de pouvoir contrôler aussi le vallon de la Crosenna, mais Castrocaro se fit corrompre par les habitants de la bourgade, hostiles au fait d’avoir leurs maisons proches de la structure fortifiée (employée en outre en tant que prison) - Cfr. Guida storico turistica della Val Pellice, 1978. 69 RIVOIRE P., Storia dei Signori di Luserna, p. II, en “Bulletin de la Société d'Histoire Vaudoise” n. 13, p. 85. 70 PONS T., Oe cit., p. 19. 71 MINOLA M., Napoleone in Piemonte, Editrice il Punto, 2014, p. 175: “L’opera era costituita da una cinta pentagonale irregolare, delimitata agli angoli superiori, verso le pendici della montagna, da due torri rotonde e da un saliente forgiato a paravalanghe per proteggere le strutture dai frequenti distacchi nevosi. Due porte sul lato inferiore, dotate di ponti levatoi e di corpi di guardia, permettevano alla mulattiera di entrare direttamente nel cortile interno della fortezza.”

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Pour le reste, la structure, comme l’on le déduit par le dessin tiré du volume de Teofilo Pons et retrouvé par Giorgio Ponzio dans les Archives d’Etat72, reprend encore la physionomie d’un château médiéval avec des systèmes de défense ayant l’air de mâchicoulis, particulièrement efficaces dans un contexte étroit et austère où l’assiégeant avait très peu d’espace disponible pour attaquer.

Plan et projection verticale reprises par Teofilo Pons, disponibles auprès de l’Archive d’Etat, Section Corte, Carte Segrete, 24 A II rouge. Dans l’inscription à gauche l’on lit “costruito da Castro Caio Governatore delle Vali nel 1561 tempo di Emanuele Filiberto fu preso da francesi e ripreso in tempo dal duca di Carlo Ema nel 1594 con 1 sparo di cannone”. - cfr. PONZIO G., “Appunti di Storia sul Forte di Mirabocco”, in “Pietra e Acciaio”, 1999, p. 20, ainsi que PONS T., Vicende del forte di Mirabuc, Op.Cit., p. 21. Pour une analyse importante et complete des sources bibliographiques et des dessins du fort Mirabouc, voir PEYRONEL E. – USSEGLIO B., Di qui non si passa…forse – Forti, fortificazioni minori e fatti d’arme nelle valli Pragelato, Perosa, Pellice e San Martino fra XVI e XVIII secolo, 2015, Alzani, pp. 50 ss.

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PONS T., Oe. cit., pp. 19 ss.

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En ce qui concerne le ravitaillement d’eau, il semble que le fort fût relié au fleuve à travers un escalier couvert. Á l’intérieur des murs se trouvaient les cantonnements, une chapelle et les prisons, tandis qu’à l’extérieur il y avait le cimetière et des baraquements. En réalité, la liaison avec le fleuve par le biais d’un escalier couvert est soupçonnée par Pons sur la base de certains dessins. D’autre part, en considération de la pente du surplomb rocheux, il semble plus probable que la connexion par l’escalier fût en référence à la présence d’une citerne à l’intérieur du fort, celle-ci construite et modifiée à plusieurs reprises au cours des ans, comme bien illustré par Giorgio Ponzio dans l’un de ses études73. Ici, en effet, l’on mentionne des documents dans lesquels il résulte souvent la présence de financements et/ou d’œuvres d’entretien concernant la citerne du fort. Et encore, même si les dessins représentassent une sorte d’aqueduc, Ponzio a brillamment conclus, à travers l’analyse de la documentation d’archive, que seulement en 1680 il y fut l’attribution des travaux pour la construction d’un puits. Le puits en question firent en sorte à ce que “dopo un non realizzato progetto d’acquedotto, attraverso l’uso provvisorio di una cisterna, a 111 anni dal probabile inizio dei lavori di costruzione e ad 88 anni dal primo progetto del Soldati, finalmente il Mirabocco poteva disporre di un sicuro rifornimento d’acqua.” 74. Comme déjà dit, la fonction principale de la structure n’était pas celle de la défense de la frontière, pour laquelle le fort était inapte, vue sa position au-dessous des hauteurs d’où un assiégeant éventuel aurait pu facilement tirer, mais plutôt son rôle était ce de vedette et d’avertissement contre les populations vaudoises habitantes au-dessous du fort. Mais, comme l’on aura l’occasion d’expliquer, le rôle qui plus Cartographie des vallées vaudoises aux temps de la Guerre de la Ligue d'Augusta, d’autres marquera la mémoire de la “Nouvelle carte des Vallees de Piemont etc, vaillamment defendues contre collective du Mirabouc sera son toute la violenge des Francoise par les Vaudois Reformes etc, A Amsterdam chez I. Ottens” (cfr. PONZIO G., "Appunti di Storia sul Forte di Mirabocco", in "Pietra e utilisation en tant que prison. Acciaio", 1999, p. 12). Après sa construction, pourtant, l’on enregistra la première vraie action de guerre du Mirabouc, assiégé ... exactement par les comtes de Luserna qui le firent ériger! En 1582, en effet, le gouverneur de la Vallée Pellice, Sebastiano Grazioli di Castrocaro, devint un don Rodrigo local, violent et incontrôlable à cause de son activité de rançonneur de la population. Carlo Emanuele I de Savoie, vue l’impossibilité de gérer Castrocaro, lequel se réfugia dans le château de la Torre di Lucerna, commanda au comte Emanuele Filiberto Manfredi di Luserna de s’emparer du château et de destituer Castrocaro; ceci, tandis que son frère Carlo Francesco Manfredi reconquérait aussi le Mirabouc, sous le commandement de tel Carlo Pagliazza di

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PONZIO G., Appunti di storia sul forte di Mirabocco, in “Pietra e Acciaio”, pp. 12 ss., 1999. PONZIO G., Oe. cit., pp. 14.

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Cuneo75. Curieux est l’épisode de la reconquête: Manfredi, pris acte de l’impossibilité d’ attaquer le fort sans le support de l’artillerie, emmena avec soi très peu d’hommes tout en faisant semblant de vouloir seulement conférer avec le capitaine pour lui annoncer l’ordre des Savoie de livrer le fort; le capitaine, obtenu un sauf-conduit, sorti pour parler avec Luserna et “questi, accarezzandolo e tenendolo sempre con la sinistra, mentre nella destra aveva il pugnale, riuscì, a dispetto delle minacce dei soldati, a penetrare nel forte che subito occupò senza difficoltà a nome di Carlo Emanuele I di Savoia”76. Les français, dix ans plus tard, s’emparèrent du Mirabouc, lorsque, à la suite de la descente de Lesdiguières du Montgenèvre et de la conquête de la vallée Chisone, du Fort de Perosa, du Val Pellice et du Fort Santa Maria, aussi le Mirabouc, présidé par le comandant Giacomo Soldati, tomba, le 4 octobre, pour manque de ravitaillements et d’eau.77. Le fort resta dans les mains des français du capitaine Bermond et puis du capitaine Herbert jusqu’au moment où, après l’attaque de diversion des savoyards sur Grenoble et le replie au-delà des Alpes des troupes françaises, les forts de la vallée furent rapidement reconquis par les forces ducales qui s’emparèrent du Mirabouc le 6 juillet 1595, ceci grâce aussi à l’aide très important de la population locale et à l’emploi des trois cannons qui furent transportés jusqu’à Villanova par les vaudois de Bobbio Pellice et qui induisirent les français, bien que forts de 300 fusiliers et de 5 chevaliers, à se rendre78. Le fort demeura encore pour 35 ans sous le Plan du Mirabouc repris par Morello - cfr. MORELLO C., “Avvertimenti sopra le fortezze di S.R.A. del capitano Carlo contrôle du Duché de Savoie et devint, entre Morello primo ingegniere et logotenente generale di sua arteglieria: 1656” (Manoscritto Militari 178), Bibliothèque royale, autre, une station de péage constituée par les 2001, dis. 39, et puis PONZIO G., "Appunti di Storia sul Forte di Luserna vis-à-vis des passages entre le Val Mirabocco", en "Pietra e Acciaio", 1999, p. 17. Pellice et le Queyras. Ceci résulta exorbitant pour les populations au-delà des Alpes lesquelles envoyèrent deux représentants, en 1612, à Luserna et à Turin. Un autre épisode à noter fut la concertation entre le prieur de Luserna, Marco 75

PONS T., Op. cit., p. 23. Des autres sources indiquent, en réalité, que tel Carlo Pagliazza fuisse originaraire de Busca. JOURDAN W., Rievocazione storica: frammenti di storia di Luserna e del suo casato - Luserna San Giovanni, 26-27 luglio 2002, en “La Beidana” n. 45, Centro Culturale Valdese, Torre Pellice, 2002, p. 17. 77 En réalité il semble que la resistance du comandant Soldati ne fut pas trop convaincue. Pour un aperçu sur l’épisode voire PONZIO G., Oe. cit, p. 10. Garola également en fait signe, en décrivant comme, après que Lesdiguères s’empara du château de la Torre, “recossi ad assalir il forte di Mirabocco in cima della Valle, che al primo colpo di cannone si rese.” (Cfr. GAROLA, Op. cit., p. 205). En tout cas, ceci montre comment à l’époque l’eau devait être encore puisée à l’extérieur des murs du fort, qui n’avait à son intérieur qu’une simple citerne pour l’eau de pluie. 78 PONS T., Oe. cit., p. 26, en outre JALLÀ G., La riforma in Piemonte negli anni 1595-1596, en “Bulletin de la Société d'Histoire Vaudoise” n. 46, p. 31. 76

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Aurelio Rorengo, et le gouverneur du fort, Guglielmo Salvai, afin d’obtenir un local à Bobbio Pellice destiné à héberger des moines que l’on voulait introduire dans l’haute vallée. Salvai s’accorda avec un villageois en affirmant qu’il avait besoin d’une chambre où se reposer durant ses voyages assez fréquents entre Luserna et le Mirabouc. Pourtant, l’excès de formalités et le payement en avance du locataire, éveillèrent le soupçon du bailleur, lequel en s’apercevant que l’immeuble était occupé par des moines “si manifestò nel centro di Bobbio con una così grande agitazione, che il proprietario della casa rinviò al Governatore la somma che gli era stata versata e che quest’ultimo non volle riprendere”79. L’affaire continua pendant plusieurs semaines avec des rassemblements de la population de Bobbio, à majorité vaudoise, des menaces du gouverneur et jusqu’au point que Vittorio Amedeo I de Savoie écrit une lettre dans laquelle l’on fit promesse à Bobbio d’envoyer davantage des denrées alimentaires. Mais rien n’induisait la population vaudoise à se plier, et donc, après les énièmes menaces d’une occupation militaire de Bobbio Pellice, les autorités optèrent pour le remplacement du gouverneur du Mirabouc par un personnage moins mal vu par la population locale.

Plan et vue du Fort Mirabouc dans un dessin réalisé par Soldati et repris par A. SCOTTI, “Ascanio Vittozzi ingegnere ducale a Torino”, La nuova Italia Editrice, Firenze, 1969, ainsi que PONZIO G., “Appunti di Storia sul Forte di Mirabocco”, en “Pietra e Acciaio”, 1999, p. 17.

Un nouveau passage de main aux transalpins eut lieu en 1630 avec les guerres pour la succession du Duché de Mantoue, lorsque Richelieu, après la conquête du Fort de Bricherasio assiégé en partant de Pinerolo, commanda aux troupes du Queyras de descendre du col de la Croce et de s’emparer du Mirabouc; ceci eut lieu lors du printemps de la même année, mais déjà avec l’armistice de Cherasco du 6 avril 1631, le Val Pellice retourna aux Savoie et de même le Mirabouc. D’ici en avant, pour plus d’un siècle, le Fort servira en tant que prison et cantonnement des garnisons envoyées pour combattre la guérilla vaudoise de Janavel. Á noter, en outre, la visite de Vittorio Amedeo II en 1686, invité du comandant Emanuele Cacherano d’Osasco, ainsi que la gestion du fort attribuée successivement en 1690 aux troupes vaudoises, après la réconciliation

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PONS T., Oe. cit., pp. 27-28.

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entre le duché et les "barbetti", lesquels gardèrent la fonction de pénitentiaire de la structure pour les criminels ordinaires et les déserteurs. Á noter un aperçu sur le Mirabouc lorsque, dans le cadre de la guerre de succession espagnole qui vit les franco-hispaniques assiéger Turin en 1706, les français n’arrivaient pas à assiéger avec succès le fort de la Vallée Pellice. En effet, après une tentative au cours de 1704, les envahisseurs, guidés par le général La Para, furent obligés à désister, vue l’impossibilité de transporter l’artillerie nécessaire au siège à la suite de la résistance vaillante de la guérilla des troupes locales. Avec le rétablissement du domaine des Savoie à la suite du traité d’Utrecht, le fort reprendra sa normale fonction de prison. Ceci jusqu’au moment où, le 8 mai 1794, des troupes révolutionnaires françaises, 600 hommes environs, guidées par Vittorio Balthazar Caire-Morand di Briançon, descendirent en Val Pellice du col de la Croce Deuxième projet de modification du Fort Mirabouc disponibile auprès de la Bibliothèque Royale de Turin, - cfr. PONZIO G., et de la Comba dell’Urina, en s’emparant du “Appunti di Storia sul Forte di Mirabocco”,en Pietra e Acciaio, 1999, p. 18. Fort80 et en se poussant jusqu’à Bobbio et à Villar Pellice, pour être successivement arrêtées par les piémontais à l’hauteur du rio Rospart et repoussées vers le Mirabouc et le col Barant. Celle-ci fut la dernière action de guerre du Fort, qui fut puis démolis et abandonné en ruine par les révolutionnaires français au cours de leur retraite. Il était le 11 septembre 179481.

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Il semble que le fort tomba après un seul coup de canon, à la suite duquel le comandant, le suisse Mesmer, livra le préside, et, quelques années plus tard, sera poursuivis et e fusillé dans la citadelle de Turin à cause de cet événement Cfr. PONS T., Oe. cit. e GAROLA D. L., Oe. cit., p. 177, qui mentionne de “vil resa di Mesmer Svizzero, che fu poi focilato in Torino”. En effet semble-t-il que les assiégés utilisèrent un stratagème: un informateur vaudois de Bobbio, qui avait déjà indiqué aux français les sentiers pour arriver au fort sans être dérangés, se rendit aux sentinelles en demandant d’entrer pour livrer un message. “Una volta aperta la porta non fu difficile per i cacciatori di Caire forzare i pochi uomini di guardia e penetrare nel cortile. Suonò l’allarme e i difensori reagirono: un capitano valdese tentò di opporsi mettenso subito in posizione i due cannoni di cui disponeva. Tirati alcuni colpi sugli invasori, uno dei due pezzi scoppiò, uccidendo il capitano e gli artiglieri valdesi. A questo punto il colonnello Mesmer scelse di parlamentare con le forze nemiche e, dopo aver ottenuto alcune concessioni, consegnò il forte ai francesi.”. La livraison du fort fut compensée par le fait d’avoir obtenu la reddition avec l’honneur des armes, et, probablement, aussi par l’admiration des français pour la défense vaillante des très exiguës forces piémontaises. Pourtant Mesmer subi un procès pour lâcheté en ayant, quelque mois avant, cédé, sans combattre, aussi la forteresse de Saorge (cfr. MINOLA M., Op. cit., pp. 176-177). 81 A noter en ce regard l’acte de capitulation du Fort, conservé auprès de la Bibliothèque Royale de Turin (Manoscritti Militari, 152) et intégralement repris par PEYRONEL E. – USSEGLIO B., Oe. cit., p. 69.

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Une petite curiosité: dans une période où la forteresse de Fenestrelle n’existait pas encore, se créait la légende du sombre et agréable fort Mirabouc, situé aux limites du royaume. “Dal romanzo storico <<Monssù Pingon>> di Luigi Gramegna stralciamo: <<...la gioventù ha diritto a molta indulgenza - proseguì Emanuele Filiberto - ma quando sono in gioco l’onore di una damigella di Corte e quello di un ufficiale della guardia, l’indulgenza sarebbe delitto. Hai qualche scusa a tua discolpa? Il Signor Ternavasio allargò le braccia senza rispondere. - In conseguenza domani sarai condotto nel forte di Mirabocco dove rimarrai finché piacerà a me ed al padre di madamigella Susanna. A queste parole il giovane ebbe un brivido di terrore, e senza dubbio anche il lettore rabbrividirebbe se conoscesse che razza di prigione era quella a cui il Duca destinava lo sventurato. Quattro anni prima, col pretesto di sorvegliare i Valdesi ma col reale intendimento di opporre un insuperabile ostacolo alle invasioni francesi, Emanuele Lithographie du XIX siècle de Brockedon - Beattie W., The waldenses, Virtue, Londres, 1836.

Filiberto aveva fatto costruire nell’alta valle

del Pellice e a cavallo del sentiero, una fortezza che da un lato formava corpo con la rupe soprastante e dall’altra scendeva a picco nel torrente. Da soli quattro anni, diciamo, esisteva la fortezza di Mirabuc eppure in tutto il ducato già se ne parlava con superstizioso terrore, si bisbigliava di prigionieri fatti morir di fame dal Colonnello Castrocaro, governatore delle valli; si mormorava di altri precipitati in un pozzo che s’apriva nel mezzo del forte e si perdeva nei vortici del Pellice...Parto immaginario della fantasia popolare, giacché se il Castrocaro non era uomo da pensarci due volte a disfarsi d’un prigioniero, tuttavia da quattr’anni la tranquillità era tornata nelle valli ed il forte di Mirabouc non conteneva altri abitanti all’infuori di un sergente e di dodici arcieri.>>.”82. Restes d’une tour du Fort Mirabouc - Photo: Luca Grande Comme déjà dit, aujourd’hui il n’y a que très peu de restes de la structure, mais ils sont encore visibles deux petits murs et la base d’une des tours circulaires qui faisaient partie du bastion le plus bas du fort. Ces-là, outre que bien

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Cfr. AVANZINI L. (a cura di), Guida storico turistica della Val Pellice, Torre Pellice, Tip. Subalpina, 1978, p. 167.

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conservés, devraient certainement être valorisés et faire objet de publicité avec une signalisation routière et des panneaux aptes à les indiquer aux excursionnistes qui remontent la vallée. Pour rejoindre le lieu où dominait le fort, il faut remonter la vallée jusqu’au bout de la route, à Villanova. Ici, une fois garée la voiture, l’on peut prendre le sentier qui part des maisons de l’agglomération, ou bien parcourir la carrossable qui monte au-dessus de Villanova. Après environs une demi heure de chemin, au croisement entre le sentier et la route, l’on se retrouve en localité Mirabouc. Ici, en regardant le rocher à côté de la route, l’on pourra noter l’inscription qui signale la présence du fort et avec un peu d’attention l’on pourra également distinguer les restes de la fortification qui fut protagoniste des événements que l’on vient d’évoquer.

2) Le Fort Santa Maria di Lucerna (Torre Pellice) Des événements similaires à ces du Fort Mirabouc virent protagoniste le Fort Santa Maria di Lucerna, visible encore aujourd’hui sur la colline limitrophe au torrent Angrogna et qui domine de nord-est la ville de Torre Pellice. Le fort fut construit en 1655 sur les ruines de l’ancienne tour médiévale83 qui donna le nom à La Torre de Lucerna et du château des Rorengo di Luserna, édifié plus tard au pied de la tour même. Toujours Garola, dans son exposition des événements de La Torre, nous dit comme “S’ignora il nome primiero del paese giaché la Torre trasse il nome dalla torre, o dongion elevato, che serviva di specula ad esso castello, ed invero tutti i castelli antichi de Romani avean una torre alta nel mezzo d’essi, che serviva di specula, e difesa. Sotto qual epoca siisi edificato il moderno luogo della Torre, io crederei che sia stato dopo l’irruzione e venuta dei Teutoni, od Ongari in Piemonte, che devastarono più città, rovinarono Vercelli in Lombardia, e finalmente dai Lombardi, e Saraceni furono domati, ed estinti sulla catena dell’Alpi nostre.”84. Le Château, comme également ces de Bobbio Pellice, Luserna et Bricherasio, fut détruit en 1549 sur ordre du Prince Vu edu Fort Santa Maria de Torre Pellice - Photo: Lilly Chiavia de Melfi au nom du roi de France. Effectivement , “trovo scritto negli archivi di Luserna e nelle storie che il conte della Trinità generale dell’armata del duca Emanuel Filiberto nella guerra da lui mossa contro i valdesi della Valle nel 1560 fece alloggiar sue truppe nel borgo della Torre, che fece immantinenti baricadare e fece riparar le breccie del castello, da cui quella torre sì eminente e rinomata le serviva di dongione e da Francesco I re di Francia nel 1549 era stata fatta demolire, ma i membri d’alloggio dei signori

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La Tour de Lucerna était déjà mentionnée en 1186 et vraisemblablement elle était une ainsi dit “torre saracena” construite autour de l’année 1000 a.C. 84 GAROLA D. L., Oe. cit., p. 198.

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conti, ove abitavano già, eran stati conservati con le muraglie attorno a guisa di fortezza eccettuate le breccie fatte dalla rovina della torre demolita”85. L’événement qui marqua le plus les vicissitudes du Château de la Tour, fut, pourtant, l’arrestation de Castrocaro, déjà mentionné à plusieurs reprises dans ce volume. Nous ne voulons pas ici amoindrir l’œuvre Garola dans laquelle il nous transmet une reconstruction de valeur, lorsqu’ il rappelle que “S.A. (duca di Savoia, n.d.r.) aveva dato il governo delle Valli di Luserna ed Angrogna, San Martino e fatto colonnello delle milizie Sebastiano Grazioli detto Castrocaro da un castello di tal nome in Toscana, dandogli in mano il castello della Torre, dove teneva presidio, come pur il castello di Mirabocco, da lui stato fabbricato nel 1561, costui accordatosi coi nemici di casa Manfredi, massime della Communità di Luserna, contro cui il padre conte Carlo ebbe lite per via de molini, e per taglie, aggiuntivi anche alcuni signori consortili, in specie i Bigliori, facevano al conte Carlo Giò Francesco mille spregi intollerabili, e ciò pur imitavano gli uomini delle Valli, essendo stati due servitori d’esso Carlo ammazzati da quei del Castrocaro, ed egli stesso non era sicuro in casa, essendogli notte tempo sparata un’archibugiata, siché portavano invidia a suoi, s’egli era debitore, bisognava pazientare, non poteva esser pagato, e se doveva, aveva l’esecuzioni. *...+ essendosi ribellato il Castrocaro a S.A. la qual tentava con l’armi d’aver Geneva, il Castrocaro, ch’era della stessa religione, erasi assunto l’impegno di far ribellar quelle valli, con l’aiuto di quattromila francesi far diversione in Piemonte, acciò S.A. lasciasse l’impresa di Ginevra. Saputosi ciò dal serenissimo signor duca, procurò egli d’aver prigione il Castrocaro, locché non riuscendogli, perché stava con buona guardia, né S.A. voleva muover gli animi di quei popoli, commise al conte Carlo Giò Francesco ed al suo fratello di farlo prigione, e le riuscì nella seguente guisa. Finse il fratello di Carlo di voler andar alla guerra di Fiandra, di comprar armi, e cavalli, fece venir alquanti uomini valorosi, ed avendo essi fratelli uniti intelligenza con un cugino della moglie del Castrocaro, un bel mattino ad L’entréee du Fort Santa Maria Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto. una ora di sole il fratello accompagnato da diciotto uomini a cavallo, e parte a piedi andò alla volta del castello della Torre dove il Castrocaro stavasi ancora in letto, ed anche Andrea suo figlio. Fu combattuta la porta, e morto il cugino del Castrocaro, si ebbe a far assai con ventiquattro mastini, e levrieri, entrò il fratello, fece legar il Castrocaro, ed i figliuoli, che legati furon condotti a Torino con buona scorta, ed una figliuola per nome Giulia fece molta difesa.”86. Après l’arrestation de Castrocaro, l’événement les plus important fut la chute par la main des français du château de la Torre, qui, comme tout le Val Pellice et le Mirabouc, fut enlevé par Lesdiguières, ceci grâce aussi au fait que le comandant Comazzolo di Vercelli “vilmente si rese”87. 85

GAROLA D. L., Oe. cit., p. 203-204. GAROLA D. L., Oe. cit., pp. 25-26. 87 GAROLA D. L., Oe. cit., p. 131, et aussi PONS T., Op. cit., p. 25. 86

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Mais il fut détruit et ceci nous est raconté par Garola, lequel, en mentionnant Gilly, esplique comme, en 1592, année de la descente de Lesdiguières dans les vallées de Pinerolo, le gouverneur Claude de L’Olivier, nommé par Lesdiguières lui même, “<<fece altresì sbozzar alcuni baloardi al castello della torre ma poiché alquanto tempo vi si travagliò, avendo Lesdiguières fatto da un ingegniere, ed altri periti nell’arte, essi giudicarono non poter esso mantenersi contra l’artiglieria, perché dominato dall’eminenza convicine, in vista del che se ne ordinò la demolizione, che seguì nell’anno 1593 del mese d’aprile.>> altri autori dicono che il castello della torre fu fatto demolire a suggestione de valdesi presso Lesdiguières protestante, perché amavan di torsi quella spina fuori dagli occhi.”88. Après ces événements, en 1655, en plein combat avec les vaudois, le Duc de Savoie fit entourer la ville de Torre de murs et édifier un fortin que fut pris d’assaut presque immediatement par les protestants, lesquels en pretendirent, dans les Dessin de Simone Formento, 1663, du fort de S. Maria à Torre Pellice, avangarde sovoyarde destinée au contrôle des vallées des "érétiques", (Theatrum Sabaudiae I, 1682) - Viglino Davico traités de paix, la M., “Fortezze sulle Alpi - difese dei Savoia nella valle Stura di Demonte”, L’Arciere, Cuneo, démolition. Pourtant, le 1989, p. 70. fortin ne fut pas seulement démolit, mais par contre une forteresse fut érigée “a guisa di cittadella sul poggio, che sta a cavallere del borgo e nel sito dell’antico castello ... era questa fortezza quella di Santa Maria un pentagono con fosse, baloardi e garitole negli angoli, che non sol potea tener in briglia il luogo della Torre ma batter a rovina”89. La construction fut oeuvre de “Francesco d’Havard, marchese di Senantes, Rifredo e Gambasca de signori di Villanuova Solara ecc. gentiluomo di camera di S.A.R. cavaliere dell’Annunciata, marescial general di campo, fece edificar esso forte e messovi governatore 1656 il conte Bartolomeo Malingri di Bagnuolo, che fu quindi deposto.”. Du reste, dès qu’il entra en fonction, le fort fut doté par le Duc de Savoie de trois pièces d’artillerie pour sa défence, en devenant donc une forteresse mirable au fond de la vallée bien et destinée au contrôle de l’état d’âme de la population.

88 89

GAROLA D. L., Oe. cit., pp. 205-206. GAROLA D. L., Oe. cit., p. 206, avec mentionne de Leger, Histoire des Vallèes.

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Le Santa Maria était constituée d’une structure pentagonale avec 5 bastions: Livorno, San Michele, Torre, Pianezza, Senantes; la fortification était entourée d’un fossé et l’accès était possible à travers d’un pont-levis, qui conduisait - à l’intérieur d’une palissade en bois – aux deux casernes, au logement du comandant, à la citerne et à la chapelle. Il sera au cours des années le rempart savoyard en Val Pellice, puissant contrôleur et oppresseur de la population vaudoise de la vallée. Ses vicissitudes, faites des sièges, conquêtes et reconquêtes, sont absolument similaires à celles mentionnées à propos du Fort Mirabouc; par contre, différentes sont les raisons qui l’amenèrent à la destruction. Celle-ci eu lieu à l’ occasion de la guerre de la Ligue d’Augusta et de la Glorieuse Rentréee des vaudois guidés par Henry Arnaud. Les français, après avoir poursuivi en vain les vaudois le long des vallées alpines piémontaises, envoyèrent des troupes en Val Pellice afin de leur barrer la route. Le Duché, en effet, même si formellement allié des français dans les guerres de religion contre les vaudois, se rangea subitement contre les puissants voisins dans le cadre de la guerre de la Ligue d’Augusta. La réaction des bourboniens fut immédiate et, comme décrit dans l’extrait de Garola que l’on vient de vous lire, une colonne de soldats guidée par le général Feuquières, remonta le Val Pellice. Le savoyards se retraitèrent à l’intérieur du Fort San Michele di Luserna, en étant Bastion du Fort Santa Maria Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto. ce dernier mieux défendable, et durant leur retraite minèrent et détruisirent partiellement le Santa Maria. Le fort fut donc occupé par les troupes françaises lesquelles, vue l’impossibilité de porter une attaque concrète au San Michele, optèrent pour se replier sur Pinerolo et minèrent à leur tour les restes du fort de la Torre, en le détruisant définitivement le 7 août 1690. Encore aujourd’hui sont visibles les glacis puissants qui se dressent du fossé herbeux en formant la structure pentagonale, ainsi que le poste de garde et la sortie de l’accès souterrain originaire. En parcourant le fossé du côté montagne, en direction de la vallée d’Angrogna, l’on peut noter une maisonnette en béton adossé au mur de levant, apparemment une construction additionnelle érigée par les nazi-fascistes90. Finalement l’on fait la liste, toujours en mentionnant Garola, des divers gouverneurs qui se succédèrent au commandement du château et puis du fort: “Tabella dei governatori dell’antico castello de signori conti della Torre indi della nuova fortezza di Santa Maria della Torre:  1535 Guglielmo di Wirtemberg per S.M. cristianissima Francesco I re di Francia, indi per quello Guglielmo Farello  1560 Sino al 1561 il capitano Battista Provana per il Duca di Savoia Emanuel Filiberto 90

Guida storico turistica della Val Pellice, Oe. cit., p. 152.

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1561 Sebastiano Grazioli detto Castrocaro da un castello di tal nome in Toscana fu prima colonnello delle milizie valdesi, nel 1561 fece edificar il forte di Mirabocco in cima della Valle. Quindi finalmente fu arrestato per sua ribellione e vi subintrò in sua vece 1582 13 giugno il conte Carlo Giovanni Francesco Manfredi di Luserna, colonnello delle milizie delle Valli. 1583 conte Emanuel Filiberto di Luserna col colonnellato delle Valli 1592 Luigi Comazzolo vercellese che nel 1592 vilmente si rese al signor di Lesdiguières general francese Claude de l’Olivier pour Henri IV roi de France 1603-1615 il capitano [...] Gallina di Sommariva del Bosco e vi stette sino alla demolizione d’esso castello in detto anno seguita. 1656 Francesco d’Havard, marchese di Senantes, Rifredo e Gambasca de signori di Villanuova Solara ecc. gentiluomo di camera di S.A.R. cavaliere dell’Annunciata, marescial general di campo, fece edificar esso forte e messovi governatore Côté du Fort Santa Maria dont les bastions à forme poligonale sont encore 1656 il conte Bartolomeo visibles - Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto. Malingri di Bagnuolo, che fu quindi deposto. 1659 il signor marchese di Coudray, Savoiardo 1664 il signor conte Giuseppe Ricca d’Olcenengo di Bricherasio 1673 il signor Francesco Stoker, colonnel svizzero morto nel 1680 1690 il signor cavaliere Vercelli sino alla sua occupazione da francesi, che lo demolirono in esso anno”91.

Vue sur l’entréee du Fort Santa Maria di Lucerna - Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto. 91

GAROLA D. L., Oe. cit., p. 290.

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3) Le Fort San Michele de Bricherasio En ce qui concerne Bricherasio, l’on a déjà parlé du Castelvecchio, ducl aujourd’ui il y a encore quelques restes. Rien ne nous reste, par contre, de l’autre château qui dominait le bourg de Bricherasio, le Castelnuovo, construit sur la colline nommée encore aujourd’hui “du château”. Il était, probablement, originaire du XII siècle, selon l’Hypothèse de Bolla et Pellice, lesquels nous en transmettent une reconstruction précieuse, et donc “a lavori ultimati il nuovo castello si presentava caratterizzato, a pianterreno, dalla grande sala di rappresentanza del Signore (grande al punto da essere riscaldata da due camini), in cui attraverso varie sale convergevano tutti gli ambienti del maniero, pavimentata e soffittata con l’impiego di 6000 mattoni acquistati nella fornace di Miradolo. Allo stesso piano vi erano poi le carceri, che furono provviste di catene e cippi per i prigionieri, e la stalla per le cavalcature e le bestie da soma. Al piano superiore un’altra grande sala ripeteva il motivo di quella del pianterreno, sempre provvista di due camini, ma soffittata con travi decorate ed inchiavardate con ferri, mentre diverse altre stanze servivano di residenza a chi dimorasse il castello. All’interno del suo recinto, formato da un muro a secco alla cui erezione avevano lavorato 55 muratori (parte dei quali come corvée) e 70 manovali, vi erano poi altre case per l’alloggio dei servi e della guarnigione, e vari depositi.”92. Du reste, “ai piedi del castrum medievale era stato costruito un borgonuovo per volere dei SavoiaAcaja, insediamento anch’esso fortificato e in molti documenti ricordato come ricetto”93. Celle-ci est la situation de Bricherasio jusqu’au 1592. En effet, au cours de cette année, les français de Lesdiguierès s’emparèrent du bourg de Bricherasio et remanièrent drastiquement les murs et le château, qui fut déjà objet de destruction à la suite de l’ordre du 1549 du Gouverneur Caracciolo déjà mentionné. Pourtant, la position stratégique du bourg induisait le général bourbonien à rester sur place en le transformant en un rempart français. Par La montée au château qui commence du palais communal et remonte vers la colline du château Photo: Luca Grande et Simona Pons.

conséquent l’armée occupante et une bonne

Colline du Castelnuovo - Photo: Luca Grande et Simona Pons.

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BOLLA P. - PELLICE G., Oe. cit., p. 38. VIGLINO DAVICO M., Fortezze sulle Alpi - difese dei Savoia nella valle Stura di Demonte, L’Arciere, Cuneo, 1989, pp. 24-25. 93

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part de la population vaudoise en appuyant les coreligionnaires huguenots de Lesdiguières94, érigèrent en seul deux mois “diece baluardi di terra con casematte e gagliardi fianchi: oltre di che per la loro vicinità potevano le fronti di esse servire per fianchi e furono cavate lunghe fosse, alzate le contrascarpe e i rivellini secondo che si mostrò necessario negli angoli, e poi nella cima del colle per sicura ritirata fu resa anche fortissima la rocca con fosso cavato per lo più nel sasso ed in ogni parte corrispondente al restante della fortificazione“95.

La prise du fort de Bricherasio, en 1594, à laquelle participèrent les ingénieurs Ascanio Vitozzi et Ercole Negro. Le fort fut érigé par Lesdiguières, chef huguenot du Dauphiné, deux auparavant, en englobant le borgo-nuovo et le castrum médiévaux (AST, Architettura Militare I) - VIGLINO DAVICO M., Oe. cit., 59.

À confirmation de ce que l’on vient de mentionner, l’on peut remarquer la structure typique des fortifications du ‘500, comme Lesdiguierès la fit réaliser, c’est-à-dire une forme polygonale qui rappelle approximativement un pentagone, avec des composants détachés comme demi-lunes et casemates à protection des murs, positionnés avec des découpages et de manière proéminente afin de tenir sous tir les assiégeants de tous coins. Ils utilisèrent aussi des terrepleins relativement bas, mais très molto solides et résistants aux coups de canon. En outre, les français renforcèrent

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BOLLEA L., Assedio di Bricherasio dato da Carlo Emanuele I duca di Savoia, Torino, 1906. Ottavio Pescha, Breve ragguaglio della maggior parte delle guerre fatte dal Serenissimo Duca Carlo Emanuele I di Savoia dall’anno 1588 all’anno 1613, manuscrit du 1631 conservé dans l’Archive d’Etat de Turin (Storie della Real Casa, Storie particolari, cat. 3, mazzo 11, 7), cité par Bollea et par BALBO A. - GIAIMO A. en “Un assedio dipinto: guerra e pace a Bricherasio nel 1594”. Du reste une autre description précieuse est fournie par l’ingénieur militaire Gabriele (Gabrio) Busca, qui décrit le fort avec la vision d’un stratège dont la tâche est celle de prédisposer le siège des savoyards. La source est reprise par PEYRONEL E. – USSEGLIO B., Oe. cit., pp. 28 ss. 95

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ultérieurement les défenses en déplaçant “tre cannoni e due colubrine96 che aveva fatto trasportare da Exilles attraverso Sestriere, Pragelato, la val Germanasca e la val d’Angrogna” 97. Une autre description de la forteresse nous arrive par la spécialiste Viglino Davico, laquelle nous raconte comme: “la consistenza fisica del forte di Bricherasio è attestata da un disegno redatto a scopo di riconoscimento militare strategico durante l’azione che vede impegnati più di ottomila uomini - piemontesi, spagnoli, svizzeri - alla sua riconquista, nell’ottobre del ’94. *...+ Il disegno d’insieme, di mano del Negro (Ercole, Signore di Sanfront, n.d.r.), ma non sottoscritto, mostra il forte inquadrato in un’ampia fascia territoriale coinvolta nelle operazioni di guerra. Mentre di là del Pellice sono schierate tre armate ugonotte, gli eserciti alleati e ducali sono attestati tutto all’intorno della fortezza, fruendo di un sistema complesso di forti e di trincieramenti in appoggio alle postazioni avanzate delle batterie. La fortezza è costituita da due livelli di cinte con bastioni ad orecchione: l’una circonda le rovine dell’antico castrum sul livello superiore, l’altra racchiude il ricetto - di cui permangono tratti di mura e torri - e il borgo al piano di campagna. La cinta inferiore ha i parapetti “a palizada”, a protezione di uomini e cannoniere. Sul fronte meridionale, logo dove dederno la salto li spagnoli, la struttura era integrata da un’opera esterna, all’accesso. Entro la fortezza vi era un bel palazzo “commodo e ben fabbricato” che durante le operazioni viene demolito a cannonate.”98. De plus, pour mieux comprendre la structure de la forteresse, nous reprenons le volume concernant le siège du 1594 et dans lequel Balbo et Giaimo développent l’idée à partir de la peinture du siège de Bricherasio de Giovanni Caracca (vraisemblablement le vraie nom fut Johan Kraeck, peintre flamand de la court de Carlo Emanuele I de Savoie) et du volume de Bollea: “La parte senz’altro più robusta era il castello, dotato di mura, bastioni e spalti su cui le truppe potevano manovrare; le cinte più possenti si trovavano intorno all’attuale chiesa, dietro il Belvedere e lungo l’antica strada di Cappella Moreri; al posto dell’attuale piazza S. Maria e della chiesa si trovava il cosiddetto “ricetto”, un gruppo di case con uno spiazzo separate dalla zona dell’odierno palazzo comunale da un muro: esse costituivano una specie di trinceramento avanzato della rocca verso il paese. Mura, palizzate e solidi terrapieni difendevano invece la collina dalla parte della valletta del Chiamogna, dove per altro la natura del terreno rendeva difficoltoso un assalto. Le difese del paese erano senz’altro meno robuste: in due punti, nel parco della casa Bessone in via del Portone ed all’estremità della proprietà Daneo all’angolo con 96

Bouches à feux de calibre moyen (apr. 14cm), de poids de quelques quintaux avec portée variable entre 400m et 2,5 km et cadence de tir de 60 coups par jour. Les cannons étaient plus grands et plus puissants, mais moins manœuvrables. 97 BALBO A. - GIAIMO A., Oe. cit., p. 35. 98 VIGLINO DAVICO M., Oe. cit., p. 25, en mentionnant Cambiano di Ruffia, Historico discorso, et aussi en décrivant le dessin conservé dans les Archives d’Etat. (DISEGNO IN AST, BIBLIOTECA ANTICA, J b I, 3, f. 10).

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via Calleri di Sala, si possono ancora osservare i resti dei bastioni angolari che costituivano verosimilmente i rivellini. Le mura di collegamento erano forse in pietra ma ancora più probabilmente formate da palizzate robuste: esse passavano lungo l’attuale via Campiglione correvano parallelamente all’odierna via del Portone, piegavano a destra lungo un piccolo tratto di via Molarosso e di via Carlo Emanuele fino al ricongiungersi alle mura sotto il Belvedere; dall’altra parte da via Calleri di Sala piegavano attraverso i terreni agricoli fin verso palazzo Cacherano (Palazzo Cacherano d’Envie, n.d.r.), dove si univano al resto della cinta.”99. Garola aussi, sur la base de ses études, confirme ces événements, en racontant que “Lesdiguières erasi annidato in Bricherasio, che faceva grandemente fortificar specialmente sulla costiera, ove giaceva il castello, e nel suo recinto la chiesa parrochiale di Santa Maria, con il sontuoso palazzo del signor conte feudataro del luogo Caquerano signor d’Envie, abbruciandovi i detti edifici nel recinto travagliavano i lavorieri con un’estrema diligenza, e premura.”100. L’événement le plus important dont la forteresse fut protagoniste, fut le siège savoyard de 1594: à l’intérieur du fort étaient Montée vers la colline du Castelnuovo Photo: Luca Grande et Simona Pons. de garnison environs 900 hommes (en réalité au début il y avait 1500 soldats, ensuite tourmentés par les fièvres récurrentes), tandis qu’un corps d’armée composé par d’autres 1000 hommes occupait les territoires aux alentours de Pinerolo. Á diriger les défenses fut nommé le comandant Scipion de Villeneuve, qui comptait sur l’appui des capitaines italiens Cavazza, di Morra et Masserano, et en plus du colonel protestant Briquemaut. En outre, les troupes françaises présentes sur place étaient rangées en position de défense temporaire, en comptant, au moins dans les intentions, sur la possibilité d’être rejointes par Lesdiguière, tout à fait occupé en ce moment à rassembler des troupes au Dauphiné. Les forces des Savoie, par contre, étaient La petite église de la Madonna della Pace, érigée au cours du XVII décidément supérieures, même s’il y a une siècle au sommet du château, où jadis était le Fort San Michele Photo: Luca Grande et Simona Pons. énorme imprécision sur leur nombre: Bollea indique comment les chiffres disponibles dans les documents et fournis par les historiens 99

BALBO A. - GIAIMO A., Op. cit., pp. 36-37. GAROLA D. L., Op. cit., p. 148.

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représentent une variable entre 7000 fantassins et 1500 cavaliers et 15700 fantassins et 1900 cavaliers et vraisemblablement il soupçonne qu’il faut s’attenir à une position intermédiaire parmi les valeurs mentionnées. En effet, déjà à partir de l’été de 1594, une fois échue la trêve concordée entre français et savoyards, ces derniers se allièrent avec les espagnols afin d’obliger les transalpins à se replier au-delà des Alpes et libérer les vallées de Pinerolo. Le 14 septembre, donc, les troupes commandées par Carlo Emanuele I Savoia se dirigèrent vers Turin et Carignano, pour gagner finalement Pinerolo le 17. Déjà durant la nuit entre le 17 et le 18, le Duc en personne, à la tête de quelques centaines de soldats piémontais et bourguignons, essaya une sortie à surprise en escaladant les murs d’enceinte de Restes des murs du fort du 1592, réajustés en 1630 et encore bien Bricherasio. Pourtant la tentative, visibles en Via Roma - Photo: Luca Grande et Simona Pons. commencée à 5 heures du matin échoua soit pour la pénurie d’hommes, soit pour le lever du soleil101. Le matin suivant par contre arriva à Bricherasio la cavalerie espagnole et toute l’armée campa dans le vallon de Chiamogna. “Come si può osservare dal «vero dissegno» di Johan Kraeck, le truppe si sistemano dividendosi per corpi e nazionalità seguendo un orientamento in direzione SW-NE: a Ovest, dove ora sorge la borgata di San Michele, si stabiliscono i Milanesi; procedendo verso Est si trovano gli accampamenti delle truppe piemontesi, quindi di fronte alla fortezza, nella zona PedaggioAccampamento (un toponimo che ricorda ancora l’evento) c’era il campo con i comandanti, le salmerie e i depositi dell’artiglieria, le truppe svizzere, la cavalleria savoiarda e i Borgognoni; leggermente discosti, nella zona tra Donio e Corbarano sono gli Spagnoli e sulle pendici della collina, le milizie paesane di Barge e Bagnolo che occupano il forte della Collina; più a Sud-Ovest, in direzione della cascina Mollar, il marchese della Piovera si attesta con truppe spagnole.”102. En réalité pendant plusieurs jours l’afflux de troupes continua vers Bricherasio, avec l’arrivée d’autres centaines de soldats espagnols et suisses plus 4 cannons. Cette disposition bariolée pourtant fut la cause de Restes des murs du fort à l’intérieur du parc du Palazzo Brignone multiples désaccords parmi les assiégeants et aggravée Photo: Luca Grande et Simona Pons.

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En réalité Garola mentionne aussi que “trovandosi i baloardi del castello più erti di quei della villa, per mancanza di scale più alte, che per obblio eran restate dietro, i Piemontesi non poterono giunger allo scopo bramato di montarvi in cima” (cfr. GAROLA D. L., Oe. cit., p. 148). 102 BALBO A. - GIAIMO A., Oe. cit., p. 45.

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par les manœuvres de diversion en raison anti-française surtout du côté espagnol. En particulier, Carlo Emanuele n’apprécia pas l’incursion espagnole en Val Pellice et l’incendie de la Torre di Luserna, qui fut l’une des nombreuses actions finalisées à engager les troupes françaises en mouvement et les différentes milices vaudoises prêtes à secourir les assiégés. Ces milices se déployèrent à partir de la Vallée Chisone en Val Sangone et dans la basse Vallée de Suse. Avec l’arrivée de l’artillerie, pourtant, le siège devint un pur bombardement sans interruption qui, sous la pluie battante de fin septembre, permit d’ouvrir une brèche dans les murs de Bricherasio, en ouvrant le chemin vers la première victoire des assiégeants. Le premier octobre, en effet, la brèche permet aux troupes de l’infanterie de s’approcher aux fortifications. Tandis que bourguignons et piémontais essayaient d’escalader les murs avec des échelles, les espagnols tentèrent de s’enfoncer dans la brèche. En particulier, les cavaliers de Salinas y Villandrado, rentrées des incursions en Val Pellice, en considérant que la plupart des troupes françaises était engagée à contenir les espagnols et les soldats du Duché du côté de la Tagliarea, firent descendre les hommes de cheval et avec 500 fantassins piémontais forcèrent les palissades du côté de Cavour, en frappant sur les flancs les défenseurs, qui, dans la plus grande confusion, abandonnèrent les murs en se refugiant dans le "ricetto". Dans le délai de deux jours, les assiégés abandonnèrent aussi le "ricetto" sous les coups de l’artillerie, pour puis se refugier sur la roque du Castelnuovo. Entretemps, Lesdiguières gagna la plaine entre Pinerolo et Turin, mais l’exigüité de ses troupes par rapport aux hispanopiémontais l’induisit à désister de tenter des sorties à l’exclusion de quelques incursions dans les bourgs environnants. Ceci en conséquence aussi du fait que Carlo Emanuele I fit ériger une sorte de fortin à défense du Val Pellice, pour protéger la formation assiégeante durant la préparation des tranchées et des tunnels de mine du côté de la citadelle française. Également les renforts arrivés de Briançon et de Perosa ne furent pas tels d’induire Lesdiguières à tenter l’assaut contre les forces alliées, bien plus consistantes et mieux positionnées, ainsi que bien défendues par les fortins temporaires érigés par le Duc de Savoie. Ceci induisit le comandant D’Espinouse le 23 octobre à se rendre avec les 500 hommes encore restés sur place, mais avec l’honneur des armes pour avoir résisté à une force très supérieure pour plus d’un mois de siège. Le siège était vaincu, mais le Duc de Savoie, après avoir quitté Bricherasio en laissant Scipione Cacherano et le colonel Ponte avec une milice de 1500 hommes, ordonna la démolition de tout reste des fortifications, en craignant que les positions acquises puissent retomber dans les mains des ennemis. Ceci, du reste, fut exactement ce qui se passa après. Avec l’ascension rapide au pouvoir du Cardinal Richelieu, la France retourna sur ses visées belliqueuses dans l’Europe entière et en 1625 Restes des murs au- delà de la Via Molarosso, sur les pentes de la Colline du Château - Photo: Luca Grande et Simona Pons.

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le Duc de Lesdiguières descendit de nouveau en Italie comme trente auparavant. Au même temps, Carlo Emanuele I de Savoie donna aux français un très bon prétexte pour envahir l’Italie, en s’engageant dans un conflit dans le Monferrato. En 1628 Bricherasio devint de nouveau française: “la presa di Bricherasio fu condotta dal maresciallo Schomberg con un esercito relativamente numeroso (9 reggimenti di fanteria e 22 cornette di cavalleria) e tale, comunque, da incutere terrore nella guarnigione, che si arrese senza combattere.”103. Les envahisseurs reconstruisirent rapidement une fortification sur la base des structures précédentes et encore une fois les soldats du Duché essayèrent de le reconquérir avec l’assaut du 27 juin 1628. La tentative, pourtant, n’eut pas de succès et seulement avec le traité de Cherasco de 1630, Bricherasio retourna aux Savoie: l’on établit en effet la passation définitive de Pinerolo à la France et avec elle de tout le Val Chisone, contre la restitution du Val Pellice au Duché savoyard de Vittorio Amedeo I. Ceci impliqua la destruction définitive de toutes les fortifications par les français, lesquels, avant le 17 septembre, date de la mise en exécution du traité, rasèrent les murs, les bastions et la tour, qui ne furent plus réédifiés, malgré les incursions et le banditisme des vaudois (ceci, comme l’on a vu, de manière différente par rapport à ce qui passa avec le Fort San Michele di Luserna). À cela il faut aussi rajouter l’épidémie de peste (notamment bien racontée par Manzoni) diffusée par les troupes françaises et qui décima la population de Bricherasio. L’on voit donc une apparence de fortification de la ville seulement en 1706, quand les troupes ducales résistèrent fermement aux français, sauf puis succomber de nouveau dans quelques semaines lorsque durant le siège de Turin, Vittorio Amedeo II se réfugia en Val Pellice.

Le Belvedere, structure de 1800 édifiée sur la colline du Château parmi les restes des murs de 1500 - Photo: Simona Pons.

4) Œuvres mineures Dans les cartes topographiques de ‘700, en particulier dans celle rédigée par Paisina en 1795 et dans la “Carta delle Valli di Luserna, di S.Martino, di Rodoretto e di Masset”105, nous retrouvons des nombreuses références graphiques à des petites œuvres défensives (redoutes, 104

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BALBO A., Oe. cit., p. 54. Carte topographique des trois vallées de Lusèrne, de Pérouse et de S.Martin, dressée d’ordre de S.A.R. le Duc d’Aoste. Sous la direction de Marauda, Colonel de Milices Vaudoises en 1795 par Paisina, AST Corte, Carte topografiche segrete, Luserna, 20 A II Rosso. 105 AST Corte, Carte topografiche per A e per B, Lucerna, mazzo 2. 104

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retranchements, camps retranchés) relatives à l’haute Val Pellice, réalisées avec le but principal de ralentir les offensives en provenance de la France. Ceci est bien visible en considérant les deux “Linee di diffesa” mises en évidence dans la deuxième carte mentionnée: la ligne première départ de la Conca del Prà et inclue nombreuses redoutes, retranchements et corps de garde situés dans la zone entre le Colle Barant et la Fionera, descend à Villanova (où des retranchements mis en évidence) et remonte puis sur le versant opposé dans le vallon du Rio Pissoi jusqu’à la Punta Fiunira, en passant par les emplacements de la Colletta Blancet (Col Bancet). La deuxième ligne de défense au contraire suivait la Comba dei Carbonieri (Valghichard) pour arriver aux emplacements du Pont de Subiasc, au-dessous de Bobbio Pellice, et ensuite pour continuer dans le vallon du Torrent Cruello jusqu’au Col Giulian, défendu par des retranchements auprès du col et localité Colletta delle Faure (Campo di Faule). Au moment où cette carte fut rédigée les français réussirent à pénétrer dans la première ligne de défense et à arriver à l’hauteur de la bourgade Lauset (un des très peu endroits où il est encore possible voire des traces des retranchements du 1700), en installant deux “Grandi Corpi di Guardia” auprès de la Punta Garin et du Bric Bariount. Ils sont indiqués aussi un camp retranché auprès du Gias Superiore (en localité Pian delle Marmotte, au pied du Colle Barant), outre à une grande quantité d’emplacements mineurs: au Col Porsel, aux Barricate et à la Maddalena (au-dessus du Prà), au Castellus (au-dessus de Villanova), en localité Santa Maria (auprès du Col Content), à la Barma (sur l’arête qui descend de la Punta Fiunira), au Giussarant (dans le vallon du Cruello), et d’autres encore dont il est plus difficile identifier la position exacte. La carte du Paisina montre de même les grands camps du Gias d’amont et de la Faula, les nombreuses œuvres sur le Col Barant, les emplacements du Castellus, du Cotes de Sante Marie, du Lauset et du Col Giulian; l’on a aussi des dessins d’un certain nombre d’emplacements et de retranchements tout au long de l’arête qui de la Barma rejoint la Punta Bruna, en passant par la dalla zone du Col Bancet (exactement ici il est possible encore voire les restes d’un retranchement en pierre à sec). En outre, l’on fait mentionne d’autres nombreux retranchements faisant part de la deuxième ligne de défense indiquée dans la carte dont l’on a parlé auparavant. Ces-ci sont placés dans plusieurs endroits de la Comba dei Carbonieri (chaine Fionira – Sea Bessa, Sapechiot, Rami, Mamauro d’en haut, du milieu et d’en bas, Forestet, ligne Piatta Brusà – Bouissona) et, sur le Restes des retranchements au Col Bancet – Photo: Davide Bianco versant opposé de la vallée, le long de la ligne entre la bourgade de Serre Cruel et la Punta Pisset. L’importance des emplacements susmentionnés nous est confirmée par un document de 1777 rédigé par le Cavaliere di Bernezzo, comandant savoyard, dans lequel l’on propose deux lignes défensives en appui au fort Mirabouc et en ayant le but d’en éviter l’encerclement par le haut Pag. 53


(comme effectivement arrivé ensuite par les troupes révolutionnaires françaises en 1794). La première ligne avait des points d’appui auprès de la Coccia et aux Barricate, au-dessus du Prà, avec la possibilité de se replier, en cas de besoin, vers la Serra di Corbarant située derrière; la deuxième était placée au niveau du petit col des Faure, entre le Col Bancet et le Col Giulian: “Per difendere i colli della Croce e dell'Urina bisogna accampare le truppe ai baracconi e trincerarsi al cocuzzolo detto la Cocia, che difende la strada del colle della Croce, ed alle Barricate che bloccano quella dell'Urina ed impediscono al nemico di scendere per il vallone delle Traversette all'Alpe Crosenna *…+. In caso si fosse obbligati ad abbandonare Cocia e le Barricate nonché la Bergeria del Pra ci si attesterebbe sulla Serra di Corbarant, serie di cocuzzoli che dominano dalla destra del Pellice il Vallone del Mirabouc e da dove si può impedire al nemico di scendere ad assediare il forte. E’ importante anche presidiare il colletto della Favria [Faure], che è sulla sinistra del Pellice, ed il cui sentiero scende alle grange Bongiornet evitando il Mirabouc *…+. Dal colletto della Favria è opportuno spingere delle truppe per la Costa di Santa Maria alle Alpi di Banquet [Bancet] che si trovano direttamente sopra le Alpi di Crosenna, sul cammino che il nemico può utilizzare per scendere a Bongiornet. Il colletto della Favria presenta anche il vantaggio di coprire il Colle di Giulian e con esso i collegamenti con la Valle di San Martino.” 106 De toutes ces structures malheureusement il nous reste presque rien de visible. L’activité humaine, les intempéries, la fragilité du matériel utilisé pour leur réalisation (terre, bois, pierre à sec) et, dans quelques cas la réutilisation de ces emplacements pour la construction d’œuvres militaires successives (il s’agissait de points stratégiques – voir La Colletta des Faure – Photo: Davide Bianco le chapitre n. 5), ont rendu difficile l’identification de traces évidentes sur le terrain. D’origine plus ancienne sont les structures auprès de la localité “Barricate” de Bobbio Pellice, ainsi nommée car aux alentours furent construites des œuvres de défense contre les troupes en provenance de la France a travers le col de l'Urina (ceci à la suite de la révocation de l’Edit de Nantes en 1685 et à la reprise des persécutions contre les Vaudois). Pour atteindre la zone en question, il faut remonter à la Conca del Prà en direction du Colle dell’Urina, le long du chemin muletier qui traverse le plateau des Grange del Pis degli Uvert, pour arriver ensuite sur le contrefort qui sépare le petit vallon de la Combalassa du Vallon de l’Urina. L’endroit des Barricate fut pour long temps lieu de retranchements: nous les retrouvons représentés, par exemple, dans la Cartographie des vallées vaudoises à l’époque de la Guerre de la Ligue d'Augusta107, indiqués 106

Relation de la Vallée de Luserne - Donnée au Boureau de la Guerre par Mr le Chev-r de Bernez Colonel Commandam de la Legion des Campemens, le 28 o 29 7bre 1777 - Biblioteca Reale di Torino - Manuscrites Mil 153.198 (voire. PONZIO G., "Appunti di Storia sul Forte di Mirabocco", en "Pietra e Acciaio", 1999, p. 12). 107 “Nouvelle carte des Vallees de Piemont etc, vaillamment defendues contre toute la violenge des Francoise par les Vaudois Reformes etc, A Amsterdam chez I. Ottens” (cfr. PONZIO G., "Appunti di Storia sul Forte di Mirabocco", en "Pietra e Acciaio", 1999, p. 12).

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comme “Baricada deta Madalena” (voir image au paragraphe 1), ou bien dans la déjà mentionnée “Carta delle Valli di Luserna, di S.Martino, di Rodoretto e di Masset”108. Dans un document de fin ‘700 celles que nous appelons Barricate sont en réalité très peu visibles “Dopo il forte del Mirabocco fino al colle della Croce si continua a salire per un sentiero molto difficile e si arriva a delle alpi dette il Pra, molto estese, e poco lontano di là si vedono le tracce dei trinceramenti fatti durante l'ultima guerra”109. En ce moment les seules traces existantes sur place peuvent être identifiées dans un perron, le long d’une arête au-dessous du sentier. Peut-être que les derniers restes furent utilisés pour la construction d’un petit abri des gardes de la Brigade Financière, déjà présente au début du ‘900 et mentionné par Ferreri110, tout en confirmant l’importance "stratégique" de ce site. Des “Barricate” similaires à celles de Bobbio Pellice sont reprises sur la “Carta delle Valli del Piemonte abitate dai Valdesi ossia Protestanti" du 1690 du Nolin111, et ainsi par la déjà mentionnée Cartographie des vallées vaudoises aux temps de la Guerre de la Ligue d'Augusta, dans le territoire de Angrogna, dans la zone au-dessus de Pra del Torno. Il s’agit probablement de structures réalisées en fin ‘600, durant la période des guerres entre vaudois et savoyards. Même dans ce cas le toponyme n’a pas survécu.

Les ”Barricate” de Angrogna dans la carte de Nolin (à gauche) e t dans la Cartographie des vallées vaudoises aux tempis de la Guerre de la igue de Augusta (à droite).

108

AST Corte, Carte topografiche per A e per B, Lucerna, mazzo 2. Spirito Benedetto Nicolis di Robillant, "Memoires Militaires sur le Piémont", 1788 (cfr. PONZIO G., "Appunti di Storia sul Forte di Mirabocco", en "Pietra e Acciaio", 1999, p. 12). 110 FERRERl E., Alpi Cozie Settentrionali, O.P.E.S., Torino 1923, part 1° pag. 146. 111 Jean-Baptiste Nolin, "LES VALLÉES / du PIEMONT / Habitees par / les VAUDOIS ou BARBETS / dressées sur les Memoires de / Valerius Crassus / et de Iean Leger Ministre des Vaudois / et sur plusieurs Relations Nouvelles" http://archiviodistatotorino.beniculturali.it/work/visuares.php?uad=145276&cart_id=5860. 109

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Des extraits de la “Carta delle Valli di Luserna, di S.Martino, di Rodoretto e di Masset� (AST Corte, Cartes topographiques pour A et pour B, Lucerna, mazzo 2).

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Au-dessus un extrait de la “Carta delle Valli di Luserna, di S.Martino, di Rodoretto e di Masset”. Á côté et au-dessous, extraits de la "Carte topographique des trois vallées de Lusèrne, de Pérouse et de S.Martin, dressée d’ordre de S.A.R. le Duc d’Aoste. Sous la direction de Marauda, Colonel de Milices Vaudoises en 1795 par Paisina" (AST Corte, Carte topografiche segrete, Luserna, 20 A II Rosso).

Des extraits de la mentionnée “Carta delle Valli del Piemonte abitate dai Valdesi ossia Protestanti" du 1690 de Nolin, dans laquelle sont reconnaisables le “Fort de Mirabouc”, le “Fort de la Tour” e les “Chateau Ruiné” de Bobbio et Luserna. Par le même symbole utilisé pour les structures fortifiées sont indiquées les autres deux œuvres dont l’identification n’a pas été possible : un “Brun C.” auprès de Villanova (probablement dans l’endroit des Case Brun actuelles) et un “Pui Castel” sur les pentes du Mont Vandalino (peut-être sur le Castellus?); quest’ultima indicazione si ritrova anche nella “Cartografia delle valli valdesi ai tempi della Guerra della Lega d'Augusta” (vedi immagine nella pagina precedente).

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L’ÉPOQUE DES PALAIS FORTIFIÉS Ce chapitre est, en réalité, les plus indéfinis soit du point de vue chronologique soit du point de vue de l’architecture. Comme illustré dans le volume d’introduction de l’Atlante delle Opere Fortificate, les phases évolutives des structures fortifiées furent nombreuses et toutes facilement identifiables au cours des siècles. La catégorie des palais fortifiés, pourtant, échappe à cette considération, également et surtout parce-que ces structures eurent (et ont) une fonction résidentielle. En effet, même si certains d’eux gardent la dénomination de “castello” et malgré qu’aient des éléments architectoniques typiques de la “fortification” d’une résidence, le vrai but des palais fortifiés était ce de Palais de Bibiana ou Castello di Bibiana ou Castello di Rorà Photo: Luca Grande consentir le séjour aux nobles locales tout en montrant au peuple leur pouvoir et leur prestige. Ceci, en saisissant l’héritage des anciens châteaux, desquels par contre l’on perdait la fonction défensive, typique d’une époque plus tumultueuse et plus fragmentée du point de vue géopolitique. Il est par contre difficile saisir d’autres éléments typiques: en Val Pellice en effet l’on retrouve des exemples totalement difformes et loin l’un de l’autre du point de vue chronologique. Probablement le palais fortifié le plus ancien est le Palais des Manfredi de Luserna, dont les origines sont perdues dans un passé très éloigné (vraisemblablement au cours du XIII siècle); originaire du 1600 est par contre le Palais des Cacherano di Bricherasio, construit à Bricherasio après le siège de Richelieu du 1628 et la pestilence du 1630; plus récents sont enfin le Palais des Rorenghi à Torre Pellice et le Palais des Rorenghi à Bibiana, ce dernier édifié en1832. En principe ces structures furent construites dans une période tourmentée pour la famille commettante, laquelle donc, pour une raison au l’autre se retrouve obligée à se défendre dans l’immédiat et même dans le future en cas de changement des équilibres politiques très précaires. Comme l’on le peut remarquer dans le chapitre sur l’évolution historico-politique de la Vallée Pellice ainsi que, plus en général, des vallées de Pinerolo, ces périodes tourmentées étaient bien fréquentes, et il est à la suite de ce dernier qui encore aujourd’hui nous avons la possibilité de voir ces structures que nous avons décidé d’identifier avec le nom de “palais fortifiés”. Il s’agit de constructions puissantes, souvent avec un plan quadrangulaire, et qui, même vus de l’extérieur, donnent une image de puissance et d’une solidité massive, avec des murs épais, très peu de fenêtres et par fois avec un petit mur d’enceinte qu’en contourne le périmètre externe au-delà du jardin, tout en créant une sorte d’ornement permanent. Comme l’on l’à déjà dit, par contre, la fonction typique de ces structures était la résidence, l’on peut donc retrouver des portails d’accès très précieux, des murs crépis et décorés, des structures Pag. 58


ornementales prestigieuses, qui n’ont rien à voir avec les autres dont l’on parlé jusqu’à présent: à partir de ces considérations nous avons la conscience que ces constructions méritent un discours à part (et l’on y fait signe dans ce chapitre), et en outre qu’elles doivent être objet aussi d’études et de recherches spécifiques qui puissent mieux les comprendre et valoriser, même si encore aujourd’hui en grand part ces constructions sont de propriétés privées destinées à la résidence.

1) Le Palais des Manfredi di Luserna (Luserna San Giovanni) “La piazza di Luserna, ancorché angusta fa una avvenente figura. V’è il palazzo del signor marchese d’Angrogna, e in faccia all’ala pubblica quello del signor conte Bigliore, che la casa d’Angrogna farà radobbar alla moderna, come si fece della manica risguaradante la parochia.”112. Inoltre, “la famiglia Manfredi d’Angrogna abitava in castello sul monte a Luserna imposto, ed un altro, come si disse, la casa inferiormente a questo. [...] Un ramo dei conti Rorenghi abitò sempre il lor palazzo, ch’era quasi laterale alla parocchia.”113. Ainsi Garola demarre en décrivant le bourg de Luserna et en parlant de la présence des palais des Manfredi di Luserna Angrogna et des Rorenghi. Il nous raconte, en effet, comme “i rorenghi vi avevano un palazzo, ora distrutto, presso la piazza, con le proprie prigioni di gotica struttura or rovinate. I bigliori avevan due case, una al di qua e l’altra al di la dell’ala Palais des comtes de Luserna avec son entréee originaire pubblica [...] i manfredi lor palazzo e la Archive Luca Grande missione e la casa mustone; era pure di lor spettanza quella antica del parroco.”114 Les palais des Rorenghi, comme illustré par le chercheur de Luserna et qui fut ensuite détruit, se dressait dans la place paroissiale, sur le côté gauche, où maintenant se trouve la paroisse, à l’entrée de la rue Tolosano; le style était roman, typique du XIII siècle, période où il fut probablement édifié. Par contre, sur le côté droit de la place paroissiale de S. Giacomo l’on retrouve encore le Palais des Palais des comtes de Luserna après la la démolition de l’entrée originairePhoto: Luca Grande

112

GAROLA D. L., Op. cit., p. 64. GAROLA D. L., Oe. cit., p. 124. 114 GAROLA D. L., Oe. cit., p. 291. 113

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Manfredi di Luserna. La structure actuelle remonte à 1808, n’y ayant presque plus rien de la construction précédente de 1300, complètement rasée avec l’église paroissiale par le tremblement de terre qui en ravagea l’endroit. Malheureusement rien nous reste de l’entrée monumentale constituée par une grille en fer et aujourd’hui se trouvant sur un côté du palais communal de Luserna San Giovanni, en localité Airali En origine elle était surmontée par une poutre en pierre représentant les anciennes armoiries de la maison avec une lampe à huile ainsi que l’inscription “Verbum tuum, Domine, Lucerna pedum meorum” sur un côté et le mot “lux lucet in tenebris” sur l’autre côté. La poutre en question malheureusement fut enlevée en 1931, lorsque l’édifice fut cédé aux sœurs de St. Vincent qui en firent une Maison de retraite de l’Immaculée. Aujourd’hui la poutre se trouve sur le monument aux Morts de la première Guerre Mondiale, situé au coin entre Via Roma et Viale De Amicis et dont seulement l’un des deux côtés est visible en étant l’autre muré. Avec l’entrée furent détruits également les deux piliers aux côtés de la grille, surmontés par un bouclier au fond rouge intersecté par trois bandes argentées: les armories de la maison. En ce qui concerne le reste, la structure du château fut modifiée au cours des années et intégrée afin de l’adapter aux besoins de plus d’une centaine de sœurs, vieilles ou infirmes, y logées. De cela il s’ensuite que l’intérieur fut aussi dénaturé et tous les éléments ornementaux, à part les plafonds, furent modifiés ou détruits. Dans le magnifique jardin, pourtant, se trouvent la statue du guerrier qui auparavant était dans la grille d’entrée, ainsi qu’une plaque commémorative du séjour, une nuit de 1844, du Roi Carlo Alberto de Savoie. En tout cas ici naquirent, vécurent, murirent et Monument aux morts de la première guerre mondiale dans la surtout commandèrent les Comtes de Luserna à bourgade de Airali, entre Via Roma te Viale De Amicis. La poutre partir du ‘300 et jusqu’aux dernières en pierre sur laquelle sont placés les pots de fleurs est celle de la grille originaire et porte encore l’inscription “verbum tuum, descendantes de la maison: les comtesses Domine, Lucerna pedum meorum”. Malheureusement le derrière avec l’inscription “lux lucet in tenebris” n’est pas visible Camilla et Teresa Manfredi Luserna d’Angrogna, Photo: Luca Grande filles du Comte Emanuele Carlo Vittorio Manfredi Luserna d’Angrogna, dernier maire de la Commune de Luserna, mort en 1894. Teresa resta célibataire, tandis que Beatrice se maria avec Massimo Demichelis, fils d’un couturier très fameux, mais elle n’eut pas d’enfants. Les dernières représentantes de la maison Manfredi di Luserna reposent maintenant dans le cimetière de Luserna115.

2) Le Palais des Rorenghi (Torre Pellice) Il est encore visible en outre à Torre Pellice le Palais des Rorenghi, situé auprès de l’actuelle Piazza della Libertà. Là se déplaça la famille à la suite de la destruction du palais qui se trouvait

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ARGHITTU D., Oe. cit., p. 26.

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auprès de l’ancien château Torre, démolit afin de permettre l’édification du Fort Santa Maria116. Dans le palais, d’origine fin 1600, (vraisemblablement restructuré à cause du tremblement de terre de 1808), les Rorenghi vécurent jusqu’à la mort, en 1807, du dernier représentant de la maison, Comte Marco Aurelio Rorengo. Ce dernier, en effet, mourait sans héritiers tandis que des deux héritières l’une devint sœur et l’autre, Rosa, épouse d’un descendant de la maison Cacherano di Bricherasio. Entretemps le palais et les terrains passèrent aux familles Vertù et Muston. Durant les dernières années au cours desquelles le palais fut propriété des Rorenghi, il faut mettre en évidence certains événements à considérer dans un contexte politique fortement hostile à la noblesse. En conséquence de la Révolution Française, qui, comme déjà vu, poussa les troupes Le Palais des Rorenghi dans sa vue actuellerévolutionnaires françaises à franchir Photo: Luca Grande et Simona Pons la frontière en direction du Val 117 Pellice , une bonne partie des idéaux de liberté et notamment anti-noblesse commença donc à se diffuser en Italie à la suite des conquêtes napoléoniennes. En effet, en 1798 devant le palais de Torre Pellice, fut planté l’arbre de la liberté et l’année suivante fut expropriée (formellement il s’agit d’une cession volontaire à la commune) une partie du terrain afin d’agrandir la rue et créer une place (l’actuelle Piazza della Libertà). Pourtant, en 1814, après la chute de Napoléon à Lipse, Rosa Cacherano réclama auprès de la commune la placette contre le paiement de 1500 lire. La Commune céda aux insistances de la dernière des Rorenghi à cause aussi de l’absence de documents d’attestation relatifs à la cession/expropriation précédente. Ainsi la propriété fut réintégrée contre le versement de 900 lire, dont 250 couvert par une suscription des citoyens.118. Par contre et comme déjà dit, à la mort de Rosa Rorengo-Cacherano, le palais passa aux familles Vertù et Muston pour nous arriver jusqu’à aujourd’hui, tout en se pavanant sur la Piazza della Libertà et en abritant l’un des fleurons du Val Pellice: la Libreria Claudiana.

3) Le Palais de Bibiana, ou Castello di Rorà (Bibiana) À Bibiana il se pavane le palais résidentiel édifié en 1832 sur le col Castelfiore qui domine le centre urbain. Sur le site auparavant se trouvait le Château des Manfredi di Luserna, qui fut détruit au cours du XVI siècle. Le territoire de Bibiana, en effet, était divisé entre le feud des Luserna et le pouvoir de 116

En ce qui concerne les événements relatifs à la construction du palais et la démolition des structures préexistantes, voir le volume présent à p. 38. 117 Voir cet aspect dans le paragraphe dédié au Fort Mirabouc, a p. 31. 118 ARMAND-HUGON A., Torre Pellice, 10 secoli di storia e vicende, 1958.

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l’Eglise de Turin (nous en avons attestation par un diplôme du 26 janvier 1159 à travers lequel l’empereur Fréderic I confirme à Carlo, évêque de Turin, les donations dans la curtem de bibianiga119). Comme déjà dit120, des autres feudataires furent les Ferrero di Buriasco, Seigneurs de Famolasco, et en effet un des membres de la famille obtint, le 25 novembre 1560, par Emanuele Filiberto de Savoie, les territoires limitrophes de Bibiana limitrophes au sud ouest de Famolasco. Le domaine des Luserna, même si limité, fut particulièrement incisif, au point que l’on retrouve une autorisation du 24 septembre 1335, conférée aux habitants de Bibiana afin qu’ils puissent contourner leur territoire par des murs et d’y englober le château situé sur Castelfiore. Ceci puisque l’on craignait des sièges par les Château de Bibiana - Photo: Carlo Grande et Luca Grande Seigneurs de Bagnolo et par les 121 marquis de Saluzzo . Cet événement est raconté par Garola, lequel nous explique comme “Nel 1335 24 settembre Uvetto e Benentino de signori di Luserna feudatari di Bibiana permisero agli abitanti di Bibiana di cinger di mura il borgo e castello sull’eminenza, ove si è poi fabbricata la missione de padri Minori osservanti francescani riformati sulle rovine d’esso castello.”122. Du point de vue religieux, en outre, l’on déduit par une missive de 1584 rédigée par Monseigneur Angelo Peruzzi di Mondolfo, dans son compte-rendu de la visite à Bibiana sur mandat du Pape Grégoire XIII, comme l’oppidum Bubianae fût un feud des Luserna assujettit, du point de vue spirituel, au monastère de Vezzolano123. Le Château des Luserna fut détruit et rasé, ainsi que presque la totalité des murs, durant les nombreuses incursions françaises entre 1592 et 1595, et desquelles nous avons déjà eu l’occasion de parler amplement. En 1628, puis, Bibiana accueillit les Reformés franciscains en les abritant dans la ville. Néanmoins, avec l’augmentation du nombre des Murs du Château de Bibiana - Photo: Carlo Grande et Luca Grande

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religieux l’on opta pour leur per

COLOMBO A., Oe. cit., p. 14. Voir le paragraphe de ce volume concernant le Château de Famolasco, p. 25. 121 COLOMBO A., Oe. cit., p. 15. 122 GAROLA D. L., Op. cit., p. 192. 123 COLOMBO A., Op. cit., p. 16. 120

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conférer les ruines du château qui furent ensuite transformées en un couvent très modeste dans lequel ils s’établirent en 1660. Le 10 août 1663, le couvent fut objet, comme du reste toute la ville de Bibiana, des incursions de Janavel, qui, à la tête de 500 vaudois, “si avventò su di esso con tanta rabbia, che fu miracolo che non v’abbiano appiccato il fuoco per incenerirlo.” 124. Pourtant le couvent des Padri Riformati di San Francesco resta intacte et là y trouva réfuge Vittorio Amedeo II en 1706, durant le siège de Turin. Comme déjà évoqué, le Piémont et le Val Pellice furent au centre des événements de la Ligue de la Succession Espagnole qui vit les troupes francohispaniques assiéger Turin en 1706. Echappé de la capitale du duché, Vittorio Amedeo II, poursuivit par les français, trouva abri exactement en Val Pellice, protégé par les troupes vaudoises de son armée qui bien connaissaient le territoire et qui étaient formidables pour leurs incursions à courte distance. Comme raconté dans le chapitre historique d’introduction125, le Duc fut logé pour deux fois à Bibiana, dans le couvent des Padri Riformati di San Francesco, sur le col Castelfiore. Le Duc arriva à Bibiana le 7 juillet et la quitta une première fois le 14, lorsque de San Bernardo se déplaça à Luserna protégé par les milices vaudoises du major Giovanni Malanot. Après une semaine d’âpres combats entre les français poursuiveurs et les soldats du Duc qui défendaient Vittorio Amedeo II, à l’abri à Rorà, ce dernier réussit à sortir de la poche et à rentrer à Bibiana pour y rester jusqu’au 25 juillet 1706, lorsqu’avec l’imminente arrivée du Prince Eugenio, cousin de Vittorio Amedeo II, les français renoncèrent à assiéger le Val Pellice en se repliant pour un attaque sur la capitale, Turin. Garola126 nous raconte, avant la démolition de l’édifice de la confrérie en 1832 pour y construire le Palais des Rorenghi, de l’existance d’une plaque avec l’inscription suivante: Victorius Amedeus II Cypri rex, dein Sardiniae rex Augusta Taurinorum a Gallis obsessa huc venit mense augusti MDCCVI hic quindecim noctes militariter quievit hic construendi templi votum amisit quod apud Taurinum Superga nomine conspicitur augustissimum. Tanto hospite ornati fratres strictioris observantiae Sancti Francisci, aede reparata, aeternum momumenta posuere MDCCLXXXIII Une fois abolit l’ordre monastique à la suite de la révolution française, le couvent fut acheté par les Luserna di Rorà, lesquels édifièrent le palais. Encore aujourd’hui le château est proprieté de la Marquise de Bibiana, cousine des Souverains de la Belgique.

4) Le Palais Cacherano di Bricherasio (Bricherasio) Le Palais des Cacherano di Bricherasio fut édifié à Bricherasio afin de remplacer l’ancien palais de résidence des comtes, qui fut détruit avec le Castelnuovo en 1549 et puis englobé dans les fortifications de Lesdiguières en 1592. Néanmoins, l’immense majorité des constructions fut 124

COLOMBO A., Oe. cit., p. 17. Voir p. 10. 126 GAROLA D. L., Oe. cit., p. 193. 125

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rasée d’abord avec le siège du 1594 et puis avec celui du 1628, après l’occupation de Richelieu127. Mais, comme si ceci ne suffisait pas, après la rentrée des soldats du Duc à Bricherasio à la suite de l’accord de Cherasco du 1630, une pestilence détruisit ultérieurement la ville, au point que l’on fut obligés de la reconstruire ex novo. Parmi les premières structures reconstruites, il y eut le palais des Comtes Cacherano di Bricherasio. Ce dernier, encore visisble aujoiurd’hui, est un édifice typique du baroque “composto da due corpi di fabbrica a pianta pseudorettangolare a due piani fuori terra e copertura a falde in coppi, prospettanti a NW su via e a SE su terrazza prospiciente parco. La facciata principale, posta a nord, presenta un ampio portico a tre arcate con accesso al palazzo; al primo piano si aprono quattro finestre rettangolari scandite da lesene ed incorniciate da modanature in stucco. Di esse quella grande Vue de la façade du Palais Cacherano di Bricherasio Photo: Luca Grande et Simona Pons centrale ha un balconcino ed è sormontata da decorazioni in stucco con stemma a fasce a zig-zag orizzontali bianche e nere. Il prospetto sulla via è semplice e privo di decorazioni con due piani scanditi da finestre rettangolari come quello posteriore sul parco; solo la parte W dell’edificio presenta sul fronte posteriore un porticato al piano terreno e l’inserimento di un’ala moderna adibita a casa del custode.” 128. La structure est encore visible aujourd’hui et bien conservée: elle est située en Via Vittorio Emanuele II, même si il n’y a pas d’accès et elle ne peut pas être visitée car il s’agit d’une propriété privée.

5) Il Palazzo Ricca di Castelvecchio (Bricherasio) Suite à ce que l’on a dit à propos du Palais des Cacherano di Bricherasio, édifice qui fut construit rapidement après les déchirants événements entre fin ‘500 et la première moitié du ‘600, ceci fut le Palais de la famille Ricca di Castelvecchio, qui logea auparavant dans le Castelvecchio129, et puis dans un palais englobé successivement dans les fortifications130 de Lesdiguières. Le Palais Ricca di Castelvecchio est un “edificio a due piani fuori terra con pianta ad L, 127

Palais Ricca di Castelvecchio - Détail des décorations Photo: Luca Grande et Simona Pons

Pour une description détaillée des événements, voir leparagraphe dédié au Fort de Bricherasio, pp. 46 ss. Informations disponibles en détail sur le site de la Commune de Bricherasio: www.comune.bricherasio.to.it 129 Voir le chapitre sur le Castelvecchio, pp. 29 ss. 130 Voir le chapitre sur le Fort de Bricherasio, pp. 46 ss. 128

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copertura semplice a falde e giardino. Il prospetto principale sulla via è contraddistinto da un ingresso pedonale con cornice in pietra che sorregge due colonnine ed è scandito dalla sequenza delle finestre del primo piano, decorate alternativamente da cornici semplici e a timpano. Il prospetto posteriore si affaccia sul giardino ed ha un profilo disomogeneo; l'estremità E, più curata, è costituita da una terrazza con portico al piano terra, un loggiato chiuso al primo piano con affresco raffigurante lo stemma del casato e un sottotetto illuminato da finestrelle polilobate inserite in una cornice decorativa bicroma.”131. Ce palais aussi est encore existant et bien conservé: il se trouve en Via Vittorio Emanuele II, en proximité du Palazzo Cacherano di Bricherasio, mais ce dernier également n’est pas accessibile ni visitable en tant que propriété privée.

Armoiries des Cacherano di Bricherasio - Photo: Luca Grande et Simona Pons

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Extrait du site de la Commune de Bricherasio www.comune.bricherasio.to.it

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LE MUR ALPIN Des châteaux médiévaux nous sommes passés aux fortifications en style moderne et puis aux palais résidentiels fortifiés, pour arriver, maintenant, à la typologie plus récente de structures fortifiées présentes sur notre territoire: les œuvres de l’ainsi dit Vallo Alpino del Littorio. Comme déjà évoqué dans le volume d’introduction de l’Atlas132, le Mur Alpin tir son nom par le projet fasciste de défense de la frontière le long de l’arc alpin, de Ventimiglia à Trieste. A côté des fortifications déjà existantes et remontantes à l’époque du 1700 ou à celle de la tripartite (fin ’800), une myriade d’œuvres grandes ou petites fut édifiée: elle était constituée par des placements, centres de feu, casernes et refuges, tous avec la particularité d’être étalés sur des territoires inaccessibles d’haute montagne. Celles-ci, tout en étant les plus récentes, sont aussi les moins connues ou éloignées de la mémoire collective, probablement à cause du contexte historique dont elles sont témoignage. Vue sur la Conca del Pra - Photo: Carlo Grande Le Mur Alpin fut subdivisé en plusieurs secteurs, en conformité aux centres opérationnels de la Guardia alla Frontiera (G.a.F.). Le Val Pellice était inclus dans le VI Settore Pellice-Germanasca, et comprenait un barrage reculé (Villar Pellice) et 5 points d’appui (Carbonieri, Villanova, Barant, Col Content, Croce), où il se trouve toute une série d’œuvres presque inconnues à la majorité des personnes mais qui, pourtant, représentaient des exemples admirables d’architecture militaire et, au même temps, des destinations de randonnées très importantes et tout à fait méritantes d’être valorisées. Le Val Pellice se présentait, aux seuils du conflit avec la France, avec un système défensif unique par rapport à tous les autres secteurs de l’arc alpin occidental. À un 1er système faible, avec de nombreuses brèches, s’opposaient les barrages reculés du 2ème système défensif, complet et prêt à assumer les tâches assignées. Dans un rapport secret du 13 mars 1940, rédigé pour l’Haut Commandement par le général en chef du 4ème Corps d' Armée de Turin, Alfredo Guzzoni, en ce qui concerne l’axe du Val Pellice l’on retrouve la description suivante: ”I lavori del settore Pellice sono molto arretrati. La maggior parte delle opere facenti parte del I sistema difensivo sono appena iniziati. E' necessario dare il via con urgenza, ad un programma di lavoro che tenda ad adeguare le opere in costruzione ai criteri della circolare 15.000 realizzando opere che siano in grado di resistere all' azione delle artiglierie di medio calibro delle quali l'avversario può disporre fin dall'inizio delle operazioni. Bisogna potenziare le posizioni di particolare importanza e gli sbarramenti creando opere robuste, opportunamente scaglionate in profondità che diano 132

GRANDE L. - PONS S., Atlante delle Opere Fortificate - introduzione e guida alla lettura, http://atlanteoperefortificate.blogspot.it/p/latlante.html, pp. 19 ss.

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sufficiente garanzia di impenetrabilità.” Le rapport, après une analyse de toutes les zones de la vallée encore à mettre en bon état, terminait avec una note positive et une négative: “La rete stradale è stata adeguata alle esigenze del settore sia per la necessità dello schieramento di artiglieria, sia per quanto si riferisce ai rifornimenti ed agli sgomberi. Le questioni relative ai collegamenti, impianti vari nelle opere, etc. non sono ancora definite. Esse faranno parte del lavoro di completamento da compiersi mano a mano che perverranno i dati necessari.”133 En partant de la basse vallée et en remontant vers la frontière, à part les ex-casernes édifiées au cours des années ’30 "Luigi Pettinati" de Luserna (qui abrita des instituts d’instruction supérieure et actuellement est démantelée et abandonnée) et "Giovanni Ribet" de Torre Pellice (siège de la Croix Rouge et d’autres associations), l’on retrouve d’abord le barrage reculé de Villar Pellice, constitué par quatre œuvres (201, 202, 203 e 204) édifiées sur les bords du Rio Rospart, jusqu’à la confluence avec le Torrent Pellice. En continuant, si l’on tourne à gauche avant le centre ville de Bobbio Pellice, l’on arrive à Caserne Monte Granero (à droite), à l’entréee du centre ville de Villanova (Bobbio Pellice) - Photo: Luca Grande la Comba dei Carbonieri et au point d’appui homonyme, constitué par trois œuvres (23, 24 e 25) et par la station de départ de la téléphérique. Par contre, si l’on continue en direction de Bobbio Pellice, à l’intérieur du centre ville, nous trouvons les petits palais des Officiers et des Sous-officiers (malheureusement dans un état avancé de délabrement) et l’ex-caserne Monte Granero; cette dernière abrita d’abord le 3me Régiment Alpini, et puis la Police de Frontière jusqu’en 1944, lorsqu’elle fut attaquée par les Partisans; ensuite elle fut utilisée pour les manœuvres militaires et puis abandonnée, jusqu’en 2002, lorsque elle fut récupérée et transformée en station de vacances et centre de congrès “Forterocca”. Aux alentours du torrent Pellice l’on retrouve deux groupes de petites ex-casernes, transformées elles aussi, d’une part en une structure d’accueil, et d’autre part en maisons privées. Franchi Bobbio Pellice, l’on passe à côté des trois œuvres du Point d’appui Ferrera (26, 27 e 28) et au refuge d’artillerie, pour rejoindre Villanova, où, juste après la bourgade où est située la Caserne Monte Granero, l’on retrouve les cinq œuvres (1, 2, 3, 7 e 8) du Point d’appui homonyme. Plus en haut l’on rencontre l’œuvre 35 et la caserne VIII, situées à proximité du Col Barant; la station en amont de la téléphérique du Fautet et les placements de 150ème batterie GaF; les restes de l’entrepôt munitions pour la 340ème batterie du Culubrusà; les deux œuvres (31, 32), avec leur refuge, du Point d’appui Col Content, dans le vallon de la Crosenna; et les restes des placements du Point d’appui Croce à proximité de la frontière française, à l’ouest de la Conca del Prà, audessus de Villanova. En outre nous pouvons encore retrouver de nombreuses ruines de refuges et de baraquements militaires, situés dans des points stratégiques pour le contrôle des passages: le refuge II au Col Bucie (structure récupérée au cours des années ’70 par le CAI et aujourd’hui transformée en 133

Extrait de “FESTUNG - Enciclopedia multimediale del Vallo Alpino”, par Marco et Paolo Boglione.

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bivouac “N. Soardi”), le III au Colle Malaura, le IV au Col dell’Urina, le V au Col della Croce, le VI au Col Coccia, outre à ces du Col Bancet, au Col Porsel, à la Colletta delle Faure et aux alentours du Col Giulian.

Désormais délavés, les symboles de la couronne savoyarde et les armoiries de la Guardia alla Frontiera (GaF) sur un édifice de l’hameau de Villanova (Bobbio Pellice) - Photo: Luca Grande

1) Le Barrage reculé Villar Pellice (Villar Pellice) Le 2ème système de défense reculée du Val Pellice fut planifié au-dessous de Villar Pellice et il était constitué par 4 œuvres type 7000134, numérotées 201, 202, 203 e 204, arme dans leur ensemble de 2 cannons antichar et de 6 mitrailleuses, d’un mur antichar, construit afin de barrer la descente de véhicules armés en provenance de l’haute vallée. La vallée était d’environ 250 mètres de longueur, commençait à partir de l’œuvre 203 et terminait sur la route nationale en proximité du pont sur le Rio Rospart. A complètement de l’obstacle furent prédisposées deux chambres de la mine afin d’effectuer des interruptions de la route en cas de besoin: la première était conçue pour faire crouler le pont de Villar Pellice (interruption XVIII/13) et donc bloquer les nombreuses routes qui descendnt vers le fond de la vallée entre Villar Pellice et Chabriols. La deuxième (interruption XVIII/14) fut construite dans la haute muraille de soutien routier entre le centre ville de Villar et le pont, en tant queobstacle contre un éventuel encerclement en arrivant du Ciarmis. Les travaux, considérés "très urgents", démarrèrent au début de 1939 et terminèrent fin novembre de la même année. La solution adoptée, par contre, n’était pas totalement satisfaisante pour l’État Major, mais, vu qu’en bas Val Pellice n’existait aucun passage étroit entre les parois à 134

Pour une description de ce type d’architecture voir GRANDE L. - PONS S., Oe. cit., p. 27. Il est curieux de noter comme, même si toutes les œuvres relatives aux Points d’appui en Val Pellice fuissent terminées entre 1940 et 1941, elles sont conformes à la circulaire 7000 et non pas à la circulaire plus récente 15000 de 1939.

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pic et donc défendable avec ps plus que deux ou trois armes seulement, il fut nécessaire arranger un système de défense capable de couvrir une largeur totale de plus de 500 mètres, avec une inévitable augmentation des coûts et moins de sécurité135. L’œuvre 201 se trouve à proximité du lit du torrent Rospart et pour la rejoindre il faut marcher à pied par le sentier qui monte vers la bourgade du Ciarmis à partir du pont de la route départementale qui traverse Rospart, avant l’entrée du centre ville de Villar Pellice. Après la montée initiale l’on arrive à un gazon derrière le mur d’enceinte de la maison à votre droite. Montez encore pour quelques dizaines de mètres par la petite route et puis au niveau du plateau herbeux qui suit, vous pouvez Œuvre 201 – Petite casemate pour mitrailleuse orientée vers le apercevoir à l’extrême gauche, vers le torrent, Rio Rospart les cheminées de ventilation en fer qui sortent Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto du terrain. Adressez-vous dans cette direction en traversant le gazon et descendz par le petit sentier vers le torrent. D’ici vous devriez apercevoir facilement l’entréee de l’œuvre, malheureusement comble d’ordures. La structure est constituée d’un petit couloir qui amène aux deux centres de feux pour mitrailleuses pointées vers le torrent et vers le pont de la route départementale plus en bas. L’œuvre 202, par contre, se trouve exactement à côté de la route départementale, en remontant le Val Pellice. En effet, avant d’arriver à Villar Pellice, il y a un virage à droite qui permet à la route de tourner vers le pont sur le torrent Rospart. Au centre du virage l’on peut voir l’œuvre 202 située sur le gazon au-dessus du côté gauche de la route. Celle-ci est située sur un terrain privé et l’entrée donne exactement sur les cours des maisons, même si la mitrailleuse pointée vers la route est encore visible et indiquée avec un panneau mal Œuvre 202 – Petite casemate pour mitrailleuse orientée vers la accroché qui signale le danger. L’œuvre, route - Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto constituée d’une structure très simple, consiste d’un couloir très court qui amène rapidement à une bouche à feux pour mitrailleuse et à une pour mortier pointées vers le fleuve Pellice et la route en provenance de l’haute vallée. Il y a en outre une préinstallassion pour une liaison photophonique avec les œuvres 203 et 204.

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Tratto da “FESTUNG”, Op. cit.

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Œuvre 203 - Petite casemate pour mitrailleuse orientée vers le Fleuve Pellice et appareil photophonique communicant avec l’œuvre 204 sur l’autre côté Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto

L’œuvre 203 se trouve du côté opposé de la route départementale, entre la route et le fleuve Pellice. Avant de gagner le centre ville de Villar Pellice, à peu près devant l’œuvre 202, l’on trouve, sur la gauche, la bourgade de Praferrero, joignable en prenant le détour avant le pylône votif. Parmi les maisons de la bourgade, dans la zone centrale, l’on peut apercevoir en direction du fleuve Pellice, le perron en cément ayant la fonction d’entrée et constituée par un emplacement pour mitrailleuse et un pour mortier orientés vers le fleuve. Ceci aussi est un terrain privé.

L’œuvre 204 couvrait l’autre versant du fleuve Pellice et donc il faut traverser le fleuve pour trouver, le long des bois près de la rive, toujours à l’hauteur de la confluence avec le Rospart, cette petite œuvre camouflée en meira en "lose". Cette œuvre aussi est dotée de deux mitrailleuses, une pour tirer vers l’haute vallée et l’autre vers le lit du fleuve, en croisant le feu avec l’œuvre 203. Du lit du Pellice, en outre, l’on peut facilement apercevoir les poternes au-dessous de la route qui descend vers la place de Villar Pellice et qui constituaient les chambres de la mine qui furent construites pour faire crouler la route en cas d’invasion par l’ennemi.

Oeuvre 204 – Entrée - Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto

2) Le point d’appui Ferrera (Bobbio Pellice) En remontant la vallée et en dépassant Bobbio Pellice, l’on continue en direction de Villanova et, après avoir franchi la bourgade de Cestel, à côté des restes du Château des Bigliori136, l’on arrive à la bourgade Ferrera, où se trouve le point d’appui homonyme et qui était constitué par trois emplacements type 7000, numérotés respectivement 26-27-28, et par un abri pour pièces d’artillerie. Le Point d’appui, situé à une hauteur moyenne de 1.000 mètres env., fut conçu pour empêcher, avec le feu de ses armes, Refuge d’artillerie de la Ferrera l’utilisation de la route qui descend de Villanova Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto 136

Dont l’on parle dans ce volume à p. 20 ss.

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à Bobbio Pellice et puis à Pinerolo, aux troupes à pied, le cas où celles-ci réussissent à surmonter le Point d’appui Villanova. En effet, vue l'impraticabilité des cols d’accès aux véhicules à moteur, l’on imaginait de se confronter avec des soldats, et même pas trop nombreux, équipés seulement d’armes légères. En remontant la route, juste avant la bourgade Ferrera, l’on pourra voir sur un gazon à gauche, une petite construction en cément appuyée à la pente herbeuse et avec son entrée située vers le bas de la vallée: il s’agit du Refuge d’artillerie qui abritait les pièces de la 180ème batterie campale G.a.F. de Ferrera-Rostagni, située à l’arrière du barrage défensif et armée avec 2 pièces de 210/8. La structure est encore bien conservée et utilisée en tant que entrepôt pour le bois. Dans le petit bois juste derrière la bourgade de Rostagni il est possible voir un autre refuge pour matériaux et munitions de la batterie : de ce dernier il nous reste que de murs de périmètre, tandis que le toit fut démantelé. Si l’on continue, l’on peut garer la voiture au bord de la route, juste après avoir franchi la bourgade Ferrera, mais cela avant de traverser le pont en fer sur le Pellice. En effet, avant le pont il y a un chemin de terre vers la gauche: en le parcourant à pied, après quelques mètres de montée, nous pouvons apercevoir sur la gauche l’emplacement 26, le seul du point d’appui Ferrera situé à la gauche orographique du torrent Pellice et qui, avec le feu de ses armes, aurait pu tirer sur la route et L’emplacement 26 - Photo: Luca Grande, Andrea Panin particulièrement sur le pont sur le torrent et Gabriele Ricotto Pellice. Terminée en 1941, elle était l’œuvre typique de la série 7000, avec une entrée de la tranchée à laquelle l’on accédait par un perron en pierre. Elle était équipée d’une petite pièce utilisée comme refuge et d’une casemate pour la mitrailleuse. Par contre le petit canon n’est pas doté de plaque cuirassée de protection, mais les 4 arêtes de la fente sont protégées par une couverture angulaire en acier. L’on voit en outre la pièce pour un appareil photophonique (jamais installé), qui aurait pu permettre les communications avec l’œuvre 27 située sur le côté opposé de la vallée, de l’autre côté du Pellice. L’emplacement 27, par contre, est bien visible de l’autre côté du pont. Traversé le pont, l’on monte de deux virages, l’on franchit la bourgade Cairus (où il est encore visible une Emplacement 27 parfaitement dissimulé comme une maison de montagne inscription fasciste sur la façade d’une maison) Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto et tout droit devant nous au niveau du virage à gauche l’on voit la mitrailleuse de l’œuvre, à laquelle l’on arrive par un petit sentier de quelques mètres. L’emplacement est situé sur le sommet où il est possible dominer d’un regard la basse Pag. 71


vallée. De la structure, parfaitement camouflée, départ un perron en pierre qui monte jusqu’à un observatoire à ciel ouvert qui domine aisément la basse vallée et la route qui descend de Villanova. Le camouflage de l’œuvre 7000 est vraiment digne d’admiration, tant qui reste encore aujourd’hui bien visible un faux cheminé en pierre érigé sur le toit en "lose", placé comme revêtement du bunker en cément pour le dissimuler comme une chaumière. Á l’intérieur, outre à la mitrailleuse, nous pouvons encore remarquer la présence de deux compartiments qui auraient du abriter les appareils photophoniques pour les communications avec les Emplacements 26 et 28. En regagnant la route, l’on peut parcourir celle-ci pour quelques dizaines de mètres en montant en direction de Villanova et sur la droite, au niveau de l’arête au-dessus de la route, l’on pourra voir, toujours dissimulé en guise de chaumière, l’emplacement 28, situé à la même hauteur du 27. Le centre de feu est pratiquement le jumeau des deux autres œuvres du point d’appui et il est composé par un petit couloir qui amène à la mitrailleuse prête à faire feu sur la route et vers le fond de la vallée. Un aspect curieux de l’œuvre est représenté par les compartiments qui auraient du abriter les appareils photophoniques (même ici jamais installés). Comme l’on a déjà vu, l’emplacement 26 disposait d’un conduit Emplacement 28, entrée - Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto orienté vers l’emplacement 27, tandis que ce dernier avait deux conduits, dont un destiné aux communications avec le 26 et l’autre avec le 28. L’emplacement 28, pourtant, au lieu d’avoir un seul appareil photophonique placé logiquement en direction du 27, se présente avec un autre appareil orienté vers l’emplacement 26, qui, par contre, n’était pas prévu pour recevoir des communications optiques à partir de telle position ! En 1940, afin de renforcer la ligne de défense, démarra le projet pour deux nouvelles œuvres de type 15000, la 26ème (au sud de l'œuvre 26 en localité Ciappelet) et la 27ème (située entre la 27 et la 28)137. De l’œuvre 26ème apparemment il n’y a pas des traces, la seule structure retrouvée est constituée par un point d’observation à côté de la loc. Ciappelet, à partir de laquelle il est possible dominer toute la zone du point d’appui. Pour reconnaitre l’Œuvre 27a il faut monter sur le côté opposé de la vallée, en parcourant la route départementale et d’ici en prenant la bifurcation à droite qui amène à la bourgade Eyssart, et puis en continuant par un sentier long et escarpé, jusqu’à arriver sur un versant où il est possible dominer à la fois l’haute et la basse vallée. Ici l’on trouve les excavations de l’Œuvre 27, du type 15000, entamées probablement en 1941, mais jamais terminées. En tous cas l’on peut explorer deux amples tunnels, situés à hauteurs différentes et identifiables par des tas de matériel ramené à l’extérieur, outre à une excavation juste entamée située un peu plus en bas. Finalement, devant la bourgade Eyssart, sur le versant à la droite orographique du torrent, se trouvent encore les restes des quelques refuges et baraquements en force auprès de la 179 ème

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Informazioni tratte da “FESTUNG”, Op. cit.

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batterie G.a.F., armée avec des pièces 210/8138; les structures en question sont situées au début de la muletière militaire de l’Autagna, en partie encore bien conservée, qui monte jusqu’au Col Barant.

ème

A gauche, l’un des refuges de la 179 batterie G.a.F. au début de la muletière de l’Autagna. A droite, l’une des entrées aux tunnels de l’œuvre 27 - Photo: Davide Bianco

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Informations tirés de “FESTUNG”, Oe. cit.

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3) Le point d’appui Villanova (Bobbio Pellice) La construction du barrage de Villanova fut objet de nombreuses indecisions, retards et repensement de la part de l'Administration Militaire durant la phase de planification des œuvres et des systèmes de défense. L’on commença à parler de “opere difensive da costruirsi nella zona di Villanova Pellice a sbarramento delle provenienze dal colle della Croce e dalla valle Crosenna”, en 1936. Des études furent effectuées sur place pour se transformer ensuite en projets detaillés. Le projet incluait 7 œuvres en caverne de type « circulaire 200 » rangées à demi-cercle sur la crête du Courbarant au niveau des pentes occidentales de la Val Crosenna. L'armement total de ces œuvres était de 12 mitrailleuses139. L’État Major n’accepta pas l’étude en demandant aux faiseurs du projet de se rendre sur place afin de vérifier si l’on courrait le risque de descente de chars de la frontière et de prévoir, le cas échéant, une défense anti-char adéquate. Dès qu’il y eut l’accord général sur le projet originaire, ils s’écoulèrent 2 ans et à ce point l’État Major suspendit les travaux, tout en préférant utiliser le peu d’argent encore disponible pour d’autres territoires considérés plus à risque. Le barrage de Villanova fut donc construit d’urgence en 1940: en considération du grave retard, l’on préférait construire les œuvres selon la typologie 7000 sans prévoir aucune mise à jour de la circulaire 15000, diffusée en fin 1939. Le barrage était constitué - de nord à sud - par 5 œuvres, numérotées respectivement 1, 2, 7, 8 et 3. Au centre ville de Villanova se pavane encore la Caserne Monte Granero, devant le parking au fond de la route goudronnée. Malheureusement l’état de manque de soin de l’édifice, encore propriété du domaine militaire, montre tous les effets du temps qui passe et de la mauvaise gestion de la structure. Une fois traversée la bourgade, sur la dernière maison à la droite, à côté de la fontaine, l’on verra encore le bouclier et l’épée, symboles de la Guardia alla Frontiera, surmontants l’inscription “Resistere ad ogni Detail de la Caserne Monte Granero - Photo: Luca Grande costo”. En continuant l’on peut facilement apercevoir, au milieu d’un gazon sur la gauche, de l’autre côté du Pellice, une petite structure qui apparemment ressemble à une chaumière. Mais, une fois que l’on s’y approche en traversant le pont en bois et le plateau herbeux, celle-ci montre clairement sa fonction de structure de guerre : il s’agit de l’œuvre 8. Située à env. 1250 mètres d’hauteur sur la droite orographique du torrent Pellice, l'œuvre 8-Casa Brunel est la plus basse du point d’appui Villanova. Œuvre typique de la série 7000 fut terminée, comme les autres œuvres de l’haut Val Pellice, en 1941. Parfaitement camouflée en guise de chaumière, eut la tâche de protéger, avec sa mitrailleuse le fond de la vallée et les pentes du Mirabouc140. En très bon état de conservation, 139 140

Informations tirées de “FESTUNG”, Oe. cit. Où se trouvent encore les restes du Fort di Mirabouc, traité dans ce volume aux pp. 31 ss.

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l’œuvre avait son entrée située au derrière, en direction de Villanova et elle était dotée d’une porte étanche et d’un appareil photophonique pour les communications avec le centre ville où, vraisemblablement se trouvait une station photophonique mobile de campagne. Franchie l’entrée, un court couloir amène d’abord à un petit refuge pour le personnel et puis à la casemate de la mitrailleuse où sont encore visibles les guides de métal et des niches pour les munitions. En descendant vers la vallée sur ce côté du Pellice et en parcourant un chemin de terre jusqu’au bout, l’on arrive à un grand plateau de roché juste en face de Villanova. Ici il est possible d’observer deux emplacements en Œuvre 8 - Arme d’artillerie pointée versla frontière française Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto plein air bornés par des petits murs à sec, et juste plus en bas les excavations d’une œuvre en caverne, entamée mais jamais terminée, qui aurait du contrôler tout le Point d’appui. Par contre, le cas où l’on monte du parking situé juste avant le centre ville de Villanova vers la route départementale le long de la Conca del Prà et franchie la bifurcation en direction du Pian della Crosenna, nous pouvons remarquer la présence d’une construction croulée juste au-dessous de la route: celle-ci est l’œuvre 7. L’on déconseille pourtant d’y accéder à cause du parcours très dangereux. En effet l’œuvre 7-Peira Taglià, fut démolie (du moins en considération de l’écroulement de rochers sur la couverture de Œuvre 7 – L’atteindre est très difficile à cause de la chute de nombreux rochers de la route départementale située en hautla structure) à cause de la construction de la Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto route. En tout cas, l’œuvre 7 aussi, même si avec une structure plus similaire aux œuvres du Point d’appui Ferrera qu’à l’œuvre 8 de Villanova, avait la fonction de protéger ce versant en direction du fond de la vallée et avec sa mitrailleuse de faire opposition aux incursions éventuelles en provenance du Mirabouc ou du vallon de la Crosenna. Quelques pas au-de-là de l’œuvre 7, à partir de la route l’on trouve un petit sentier, très raide et très étroit, qui amène aux œuvres 1 et 2, deux vrais petits bijoux fortifiés à Œuvre 1 - La structure représente un admirable exemple de l’intérieur des structures du Mur Alpin camouflage alpin Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto

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occidental. Celles-ci représentent en effet un exemple véritable de parfait camouflage d’une œuvre fortifiée de montagne. L’œuvre 1-Rocca Chiapus, est située sur une arête de roche à 1500 mètres d’hauteur et elle est parfaitement integrée et camouflée dans le territoire environnant au point de ressembler à un chalet alpin. Elle fut, en réalité, la seule œuvre de type 7000 de tout le Mur Alpin ayant 6 mitrailleuses pointées sur le vallon du Rio Crosenna et sur les pentes du Mirabouc, afin de faire opposition à des ennemis Œuvre 1 – Vue frontale du côté français avec six emplacements d’artillerie rangées sur deux niveaux pour pouvoir tirer sur la route éventuels en provenance des vallons latéraux au-dessous et sur le vallon de la Crosenna au Colle della Croce (Cols de la Malaura et de Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto l’Urina). Terminée en 1941, l’œuvre 1 dispose de ses 6 mitrailleuses installées dans des casemates sur deux étages: quatre armes à l’étage supérieur et deux au rez-de-chaussée. Le secteur frontal de l’œuvre, en outre, ne se présente pas avec une surface plate, mais plutôt asymétrique, de manière à permettre aux armes de chaque front d’avoir des angles de tir différents. L’entrée à l’œuvre se trouve du côté italien et se présente sur la gauche avec un conduit pour appareil photophonique qui permettait les communications avec l’Œuvre 3, située sur l’autre versant de la vallée. Franchi un petit refuge, un très court couloir amène aux emplacements des mitrailleuses du rez-de-chaussée, ducl, en passant par deux trappes dotées d’une échelle à crinoline, l’on peut atteindre le premier étage où se trouvent les autres quatre armes. A remarquer, sur un dos entre l‘œuvre 1 et la 2, un emplacement en plein air, probablement destiné à abriter un mortier de 81 mm. L’œuvre 2-Casa Chiot, se trouve en peu plus en bas, à l’entrée du village homonyme à 1485 mètres d‘hauteur, sur le même glacis rocheux de l’œuvre 1, située aux alentours. L’œuvre 2, elle aussi parfaitement camouflée en guise de chalet et totalement intégrée, au moins du point de vue de la visibilité, dans les structures de la bourgade de Case Chiot, est très bien conservée. Elle était dotée de deux mitrailleuses pour tirer vers le fond de la vallée. Même dans ce cas l’entrée est postérieure, du côté italien, et amène à un petit refuge à partir ducl l’on arrive à la casemate où l’on peut apercevoir le conduit pour l’appareil photophonique destiné aux communications avec l’œuvre 3. L’œuvre 3 est constituée par un bloc en béton bien visible Œuvre 2 - Entrée - Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto et situé sur le versant opposé de la vallée. À partir du plateau où est située l’oeuvre 8 il faut remonter la crête, très raide et très ébouleuse, pour Pag. 76


atteindre la petite casemate en béton, jamais recouverte ou camouflée, dotée de deux mitrailleuses et destinée à protéger tout le fond de la vallée et les pentes du Mirabouc, en couvrant également les autres œuvres situées plus en bas. À côté de l’entrée il est possible en outre d’apercevoir de trois conduits pour les appareils photophoniques, destinés aux communications avec les autres œuvres du Point d’appui. L’œuvre en question plutôt détachée et isolée, présente des problèmes pour l’atteindre à cause des conditions du versant côté vallée qui résulte particulièrement escarpé. Œuvre 3: il s’agit de la seule œuvre du point de repère situé sur la droite orographique du Pellice - Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto

4) Le Point d’appui Colle Barant ou Courbarant (Bobbio Pellice) Le Col Barant (2.376 mètres a. n.m.) sépare la Conca del Prà du Vallon dei Carbonieri. Il est connu aussi comme Colle Baracun, à cause d’un refuge militaire construit au début du ‘900 et utilisé pour contrôler les mouvements éventuels des troupes françaises. Utilisé au cours de la 2ème guerre mondiale en tant que caserne VIII de la Guardia alla Frontiera, la structure fut récupérée vers la fin des années ’90 grâce à la Comunità Montana Val Pellice, et aujourd’hui elle est connue par les excursionnistes comme le Rifugio Barant. Comme mentionné auparavant, les travaux de fortification dans le Val Pellice avançaient au ralenti. Le mouchardage de quelques contrebandiers, qui signalèrent aux italiens la présence de troupes françaises dans la Vallée d'Abries, engagées surtout à améliorer et à élargir les routes et les muletières qui amenaient aux cols de la Croce et de la Seilliere, troublèrent fortement L’ex-Caserne VIII, maintenant Rifugio Barant - Photo: Simona Pons les hauts commandements italiens. Les ingénieurs du Génie du Corps d'Armée de Turin préparèrent un nouveau projet d’organisation défensive du Val Pellice, en proposant un barrage gigantesque. Seulement pour la zone du Col Baracun furent étudiées 18 œuvres armées en caverne et 5 refuges, en prévoyant l’utilisation d’environ deux cents soldats. Il s’agissait d’un projet en grand part erroné, rédigé en toute hâte pour récupérer le temps perdu; le ministère de la Guerre à Rome s’en aperçut immédiatement et répondit au commandement de la 4ème Armée en ordonnant, pour la zone du Baracun, de supprimer la moitié des œuvres considérées non indispensables, en confiant la défense du Col Pag. 77


della Croce à la 150ème batterie G.a.F. du Fautet, déjà opérationnelle. Le projet fut révisé, corrigé et enfin approuvé le 31 juillet 1939. Le 10 août 1939 furent entamés les premiers travaux de placement de piquets de grève et d’excavation des œuvres, mais les conditions météorologiques particulièrement inclémentes empêchèrent d’effectuer les coulées de ciment. Le mois d’août 1940, avec la guerre contre la France déjà en cours, l’État Major décida d’abandonner tout projet de défense concernant le Col Baracun: “Com'è noto la zona della Val Pellice è quella dove la sistemazione difensiva è rimasta più arretrata. E' opportuno pertanto che venga terminato almeno lo sbarramento di Villanova e gli sbarramenti del II sistema già in fase di costruzione. Tenute presenti le necessità di ridurre i programmi già concretati si ritiene possibile rinunciare alle opere difensive del Baracun i cui compiti potranno essere affidati - come si è verificato durante le recenti operazioni - a batterie mobili”141. Ainsi la seule œuvre entièrement terminée fut la 35, tandis que seules des excavations de fondations furent entamées pour quelques-unes des autres œuvres planifiées pour le barrage du col. Le Col Barant est aujourd’hui joignable soit par le versant est, par une route militaire qui départ du Rifugio Barbara Lowrie, soit par le versant ouest, par une piste plus récente qui le relie à la Conca del Prà. En descendant de ce côté l’on peut trouver, juste en correspondance du premier lacet, l’œuvre 35, située à 2.300 mètres d’hauteur env. Édifiée à l’abri d’un bloc rocheux, l’œuvre dispose d’une entrée bien visible grâce à la structure en béton. Elle est constituée par un simple emplacement pour deux mitrailleuses Œuvre 35 - Photo: Carlo Grande et Luca Grande orientées à nord, en direction de la Conca del Prà et du Colle della Croce. En continuant à descendre plus en bas, en localité Colletta, la route passe à côté des restes d’un baraquement militaire, désormais totalement détruit. Juste plus en amont de ces ruines, il est possible de prendre la bifurcation de la muletière militaire de l’Autagna, qui, à travers des nombreux lacets, descend, après une dénivellation de 1.200 mètres, au fond principal de la vallée, aux alentours de la bourgade Eyssart. De même pour le Col Porsel, qui se trouve à côté, sur la crête à l’ouest du Barant, les italiens planifièrent la 141

La muletière militaire qui monte au Col et au Mont Fautet, où se trouvent la ème station d’arrivée de la téléphérique et les plateformes de la 150 batterie de campagne GaF - Photo: Simona Pons

Informations tirées de “FESTUNG”, Oe. cit.

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construction de 2 œuvres, la 21 et la 22, qui par contre ne furent même pas entamées. Á leur place, en tant que solution de compromis, furent construits un emplacement pour mitrailleuse en plein air, protégé seulement par un mur en pierre, et un petit refuge d’observation 142. En descendant le long de la route vers le refuge Barbara, en localité Pian delle Marmotte l’on remarque des ruines qui probablement étaient des baraquements d’origine militaire. D’ici l’on peut également apercevoir une petite structure en béton adossée au versant amont du côté opposé: il s’agit de la station d’arrivée de la téléphérique du Fautet. Pour l’atteindre il faut prendre la bifurcation qui descend vers l’alpage de la Roussa et puis, après le dernier lacet, il faut encore prendre sur la gauche une muletière militaire, visiblement en état d’abandon, en passant à côté des ruines d’une construction qui était probablement un autre baraquement militaire. L’édifice de la station de la téléphérique se présente encore en très bon état de conservation, avec son toit et les murs intacts et, à l’intérieur, avec la base qui soutenait l’équipement mécanique avec sa poulie motrice et sa couronne dentée. La téléphérique arrivait de Pralapia (cft. le chapitre successif) et elle était utilisée pour le transport de matériaux en hauteur. En effet, en remontant à l’est jusqu’à rattraper le sommet aplati du Mont Fautet, l’on rencontre les quatre plateformes de la 150ème batterie de campagne G.a.F. de 149/35, qui se trouvent à env. 40 mètres l’une de l’autre. Construites avec de contours irréguliers pour des raisons de camouflage, sur le front se présentaient avec un mur de protection bas et à a sec. Il s’agissait d’une batterie de canons a grande gitée en plein air, ayant le but de tirer sur les cols de frontière.

5) Le Point d’appui Carbonieri (Bobbio Pellice) L’on arrive à la Comba degli Charbonnier (maintenant Carbonieri, en conformité avec l’italianisation en style fasciste143), un vallon latéral qui du Val Pellice départ en direction sud, en virant à gauche à partir de la route départementale qui de Villar Pellice monte vers Bobbio Pellice. Le point d’appui était constitué par trois œuvres, camouflées en guise de chalet et destinées à contrôler le fond de la vallée avec des emplacements de mitrailleuses. Il est difficile de comprendre l’utilité de telles d’œuvres, lesquelles apparemment semblent être destinées à s’opposer à des descentes éventuelles des français par le Col des Traversette, entre Granero et Monviso, le cas où celles-ci auraient eu la possibilité de déboucher en Val Pellice par le Col de la Gianna et la Comba dei Carbonieri. Il s’agit en Œuvre 24 – Entrée camouflée tout cas d’une pure supposition, mais Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto aujourd’hui il est sûre que nous sommes en 142

Informations tirées de “FESTUNG”, Oe. cit. L’on remarque que le nom ancien était Val Guicciarda, c’est-à-dire le vallon traité dans le paragraphe d’introduction de ce volume, lorsque l’on a mentionné la donation de 1159 effectuée par Guglielmo di Luserna en faveur de l’Abbaye de Staffarda. 143

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présence de certaines œuvres dignes d’être valorisées plutôt que de rester abandonnées. Afin de gagner la zone où sont situées les œuvres en question, il faut remonter par la Comba dei Carbonieri pour 4,5 km env., en garant la voiture au bord de la route en localité Ponte Pautas, à l’hauteur d’une bifurcation avec une route asphaltée et en suivant les indications GTA pour arriver au Refuge Valanza. L’œuvre 24 est la première que l’on rencontre: elle est située à la droite orographique de la Vallée, à la gauche pour qui monte. Ce n’est pas facile la retrouver à cause de la végétation et du camouflage de l’œuvre qui nous appariera clairement en tant que construction de guerre seulement en proximité de la mitrailleuse ou de l’entrée en béton. La structure est constituée par une simple entrée qui nous amène au centre de feu pour la mitrailleuse à côté de laquelle est visible le conduit pour l’appareil photophonique conçu pour permettre les communications avec l’œuvre 23, située plus en haut sur le côté opposé du vallon. En restant sur ce versant de la vallée, l’on peut continuer amont tout en gardant la même altitude. En dépassant un vaste gazon avec deux fermes et en guéant un torrent très étroit, l’on continue dans un bois épais jusqu’à retrouver l’œuvre 25. Celle-ci est le centre de feu plus avancé du Point d’appui et est dotée de trois mitrailleuses. En effet par l’entrée située du côté fond de la vallée, l’on arrive, au rez-de-chaussée à la mitrailleuse et puis, par une échelle à crinoline aux emplacements de feu situés plus en haut. À partir de l’œuvre 25 l’on peut descendre aisément le long du versant de val vers le torrent et vers la route qui Œuvre 25 – Mitrailleuses situées sur deux niveaux monte au Refuge Barbara, facile à atteindre en quelques et pointées vers le haut du vallon - Photo: Luca minutes une fois guéé le torrent et contournée une petite Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto centrale électrique. Arrivés sur la route et avant de regagner la voiture garée plus à val, l’on monte encore pour quelques centaines de mètres jusqu’à retrouver, sur la droite, la trace d’une route militaire auprès de la bourgade Pralapia, où se trouve encore la station de départ de la téléphérique du Fautet, réalisée pour la 150ème batterie G.a.F. et reliée à la route principale par une diramation circulaire construite expressément avec ce but. La structure montre très bien la fonction à laquelle fut destinée, en étant Station de départ de la téléphérique du Fautet Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto encore visible le bloc en béton auquel était fixée la téléphérique, l’ample entrepôt des matériaux et la rampe de départ, tous reliés par un plan incliné en béton, ainsi construit afin de faciliter le transport des matériaux. Pag. 80


En regagnant la route, l’on peut descendre vers le fond de la vallée jusqu’à trouver des constructions en pierre adossées à la route sur le côté gauche (en descendant). D’ici, franchies les maisons, l’on peut remonter par la crête très raide pendant une dizaine de minutes, jusqu’à joindre l’œuvre 23, dernière œuvre du point d’appui, située à mi-route entre l’œuvre 24 et la 25, qui se trouvent sur le versant Oeuvre23 – Parfaitement camouflée avec l’entrée sur le côté de la basse vallée - Photo: Luca Grande, Andrea Panin et Gabriele Ricotto opposé de la vallée. L’œuvre 23 dispose d’une entrée qui amène à deux mitrailleuses différentes, dont l’une pointée vers la route au-dessous, l’autre vers la Comba di Tournau.

6) Le Point d’appui Col Content ou Crosenna (Bobbio Pellice) Après avoir réalisé les œuvres du Barrage de Villanova, l’État Major et le Génie de Turin, une fois analysés les systèmes de défense, s’aperçoivent d’une lacune évidente dans les systèmes du Val Pellice. Ils se rendent compte que des agresseurs éventuels en provenance des cols latéraux auraient pu aisément contourner les œuvres de Villanova. Ainsi, en 1941, fut construit le Point d’appui du Col Content (ou Crosenna), constitué par les œuvres 31 et 32, par un refuge et par une muletière de liaison entre Villanova et le Col. Intéressante la reconstruction documentaire effectuée par Marco Boglione, qui nous illustre comme “la costruzione dei due bunker, dell’osservatorio e del ricovero non desta troppe preoccupazioni: le difficoltà maggiori riguardano la mulattiera”144 et qui nous mentionne les difficultés qui dérivent pas tellement de la conformation rocheuse du terrain, mais plutôt du dénivellement: l’ensemble de ces circonstances rende nécessaire la présence du soutien de nombreux murs de renforce le long du parcours. Pour gagner le Col Content (2.108 mètres a. n.m.), une fois arrivés à Villanova, l’on dépasse le parking et l’on continue en voiture par le chemin en terre jusqu’au panneau d’accès interdit. D’ici l’on marche à pied et juste après une centaine de mètres l’on prend le sentier à droite en suivant les indications “Col Content – Alpe Bancet – Colletta Faure”. Muletière militaire Villanova-Col Content Photo: Carlo Grande et Luca Grande Pour toute la première partie du trajet la route militaire est pratiquement invisible à cause d’un éboulement qui en a effacée toute trace, de manière que la monté se présente régulière mais très raide a travers une belle hêtraie dans le vallon du Rio Pissoi. Une fois sortis de la brousse, le sentier continue avec des lacets très raides, de longueur variable,

144

BOGLIONE M., Le strade dei forti - storia ed escursioni in Piemonte, Valle d’Aosta e Liguria, Blu Edizioni, 2010, pp. 139 st.

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Refuge XI - Photo: Carlo Grande et Luca Grande

et toujours faisant part de la route militaire, qui, même si en partie croulée, garde encore des éléments spectaculaires et des murs précieux au soutien des lacets. Ainsi l’on arrive, en deux heures environs, de Villanova jusqu’au Refuge XI, capable d’abriter une trentaine d’hommes. La première structure visible est représentée par les latrines, ceci dans une pièce détachée de la caserne, puis, laissée derrière nous la route militaire qui monte jusqu’à l’Alpe Bancet, l’on fait un détour pour apprecier le bon état du refuge,

construit contre la paroi rocheuse. En continuant en direction du Col Content, l’on arrive rapidement à l’œuvre 31, située à côté du col et constituée par une casemate pour mitrailleuse dont le revêtement en pierre est en grande partie désormais détaché en laissant donc à découvert la structure en béton. En regardant vers l’autre versant du col, l’on peut apercevoir sans aucune difficulté l’œuvre 32, jumelle de la 31: elle aussi est constituée par une casemate pour mitrailleuse, placée pour mieux tirer au- dessous sur tout le Vallon du Crosenna, dont le Col Content représente la ligne de partage avec le Vallon de la Resiassa. L’œuvre en question, en particulier, contient à l’intérieur des graffiti précieux gravés par les soldats qui firent leur service dans la structure. Entre les deux œuvres il y a les restes d’un Œuvre 31: mitrailleuse vue du côté du Vallon Crosenna emplacement-observatoire, tandis que juste Photo: Carlo Grande et Luca Grande amont du col l’on voit les traces de quelques emplacements pour artillerie légère, outre à une excavation, probablement une œuvre jamais réalisée. En effet, dans certains documents des commandements militaires l’on lit que “per le necessità determinate dalle sue funzioni, si ritiene necessario di aumentare la solidità dello sbarramento di Colle Content, integrando le opere già esistenti con un'opera media tipo 15.000 a 4 armi (33/a) ed una piccola a 2 armi (31/a).”145. Si l’on descend le long du sentier qui arrive à l’alpage de la Crosenna, situé plus en bas, l’on 145

Informations tirées de “FESTUNG”, Oe. cit.

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Oeuvre32: mitrailleuse vue du côté du Vallon Crosenna Photo: Carlo Grande et Luca Grande


rencontre, en suivant la ligne de crête un déblaiement de dimensions remarquables probablement destiné à abriter l’œuvre 33ème , jamais terminée. En parcourant la muletière qui relie l’alpage de la Crosenna à la route du fond de la vallée pour Villanova, l’on peut finalement repérer six cheminées pour chambre de la mine, qui servaient à faire crouler le sentier en cas de besoin et de manière à bloquer l’accès au vallon. Chacun d’eux porte encore une plaque, gravée dans la pierre, avec des données de référence. Aux alentours de Col Content se trouvent les restes d’autres nombreuses structures d’origine militaire: par example les ruines de refuges et baraquements militaires, situés aux endroits stratégiques pour le contrôle des passages avec la France, comme le refuge n. II au Col Bucie (structure récupérée au cours des années ’70 par le CAI et aujourd’hui transformée en le bivouac “N. Soardi”) et le n. III au Col Malaura. D’autres structures similaires se trouvent au Col Bancet et à la Restes de l’entrepôt du Col Bancet – Photo: Davide Bianco Colletta delle Faure, endroits à partir desquels il était possible contrôler le fond de la vallée et les sentiers qui mettaient en communication le Val Pellice avec le Val Germanasca. Au Col di Boina, sur le sentier qui monte de l’Alpe Crosenna au Col Bucie, se trouve un rocher avec des symboles gravés dans la pierre, inclue une gravure avec l’indication de l’année “1912”. Finalement, en localité Culubrusa, sur le versant à la gauche orographique entre Villanova et Ferrera, se trouvent les restes de l’entrepôt munitions et des plateformes pour les cannons de la 340ème batterie de campagne G.a.F. de 100/17146.

7) Le Point d’appui Croce (Bobbio Pellice) Le Point d’appui du Col della Croce est celui dont l’on a moins d’informations, et également moins de structures encore visibles. Pour le gagner il faut monter par la Conca del Prà, où se trouve l’ex-petite caserne Mirabores, qui remonte à la fin du ’800, déjà utilisée en tant que bivouac d’hiver du refuge Willy Jervis et transformée en 2014 en un centre polyfonctionnel nommé “Mîzoun Peyrota”. La muletière militaire arrive d’abord au Col Coccia (2.180 mètres), où se trouvent les restes du refuge VI et les excavations de l’œuvre 18, jamais terminée et qui, selon les plans, aurait du être de type 15000, armée de 3 mitrailleuses et d’une pièce anti-char147. Un peu plus amont du sentier il est possible retrouver des aplanissements et d’emplacements lagers. La muletière continue vers le Colle della Croce, en passant à côté des restes du refuge V et à un tas de sacs de ciment, désormais endurcis, adossés à une paroi rocheuse. Auprès du passage se trouve, encore en conditions acceptables, une petite caserne des douaniers, probablement réalisée fin ‘800. 146 147

Informations tirées de “FESTUNG”, Oe. cit. Informations tirées de “FESTUNG”, Oe. cit.

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Juste à la frontière française l’on peut voir une ancienne borne, tandis que sur les sommets qui contournent le col se trouve de nombreux restes de baraquements et positions pour l’artillerie légère, outre aux excavations pour une autre œuvre, peut-être la n. 17. En effet, en 1940 eut lieu un projet, pour le Col della Croce, visant à créer une consolidation défensive très puissante et constituée par 4 œuvres de type 15000: par contre, les travaux furent bientôt interrompus.148.

La petite caserne des douaniers au Col della Croce, dans une image ancienne et dans l’état actuel come – Photo: Gian Vittorio Avondo

148

Informations tirées de “FESTUNG”, Oe. cit.

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