Atlas274

Page 1

nº 274 24 mars au 6 avril 2016

Pour vos annonces dans le journal Atlas.Mtl:

(514) 962-8527 Courriel: admin@atlasmedias.com Site Web: www.atlasmedias.com

Rapport 2016 sur le bonheur dans le monde

158 pays scrutés au fond de l’âme… Page 7

Opinions : Marine Le Pen fait chou blanc… …au «Pays des Bisounours» (sic)

Page 8

Engagements

L’ONU entre espoirs de paix et dérapages

Budgets 2016

Légère détente à Québec Grande générosité à Ottawa

Page 12

Page 11

24e édition du Festival de Musique du Maghreb

Hommage à feu Nazir Bouchareb Page 33

Bruxelles : Que dire et quoi écrire face à l’horreur?

Page 5


2

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

(514) 962-8527 (514) 994-9582 Courriel: admin@atlasmedias. com Site web: www.atlasmedias.com https://www.facebook.com/Nachid. Najahi?ref=hl

Depuis 2002 Groupe Atlas Media Treize ans, c’est… • 273 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plus de 7780 articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 116 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 9.1 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 2500 visiteurs par jour.

Éditorial

Édito

Contre le désespoir

Impliquez- vous ! Au moment d’écrire ces lignes, beaucoup de sujets sur la table. Les budgets fédéral et du Québec et ce qu’ils nous réservent pour l’année 2016; les incursions de représentants d’extrêmes droites européennes – la présidente du FN Français et le chef de Pegida Royaume Uni – qui ne renoncent pas à nous convertir à leurs discutables idéaux xénophobes; la Semaine d’Action Contre le Racisme. Mais aussi des thèmes moins conflictuels, la Journée Internationale du bonheur, l’opération Une heure pour la Terre. Et tous les tenants, aboutissants, intérêts et implications de ces faits et actes. Mais c’est l’actualité, brûlante et brutale qui a fini par s’imposer. Les attentats de Bruxelles, qui, après la Turquie, la Tunisie, le Mali, la Côte d’ivoire, le Kenya, le Nigeria, le Burkina Faso et à peine plus loin dans la mémoire, la France, dans cette litanie de drames injustes ajoute Bruxelles à son sinistre chapelet de sang et de larmes. Et qui ont imposé les questions, désormais récurrentes : Que dire et quoi écrire face à l’horreur? De quels qualificatifs user pour condamner, humainement, des actes inhumains? Comment exprimer le refus du terrorisme, aveugle, sourd à la raison et détonnant qui représente seulement l’horreur, l’horreur absolue? C’est en effet dans la capitale Belge que l’horreur à frappé cette fois. Trois explosions; deux à l’aéroport Zaventeem et

3

une dans une station populeuse du métro, à des heures de pointes pour faire plus de mal; et des centaines de morts et de blessés : 14 tués et 92 blessés à l’aéroport, 20 décès et 106 personnes déchirées dans leur corps dans le métro. Mais surtout une onde de choc qui traverse les esprits et bouleverse les âmes de toute l’humanité.

égarés aux objectifs confus ou inavoués?

Comment dire l’horreur? Aussitôt connue la nouvelle de l’attentat, une vague de condamnation universelle à pris naissance. De Paris à Ottawa en passant par Québec, personne dans la classe politique, ne trouve de mots assez durs pour dire la réprobation – qui est la notre à tous – face à ce cauchemar dont on ne parvient plus à se réveiller.

Un exercice face auquel on a trop souvent et trop systématiquement - attitude stérile plaidé l’impuissance.

Mais jusqu’à quand devronsnous souffrir et nous réfugier dans l’exutoire des mots et des slogans? Jusqu’à quand continuera-t-on, après chaque drame de nous réfugier dans des «Plus jamais ça!», des «Assez!» et des «Basta!» qui ne nous soulagent même plus de nos tourments?

S’impliquer et s’engager Nous en convenons, cela fait beaucoup de questions; beaucoup trop de questions pour des sociétés et des gens qui attendent plutôt des réponses ou à tout le moins une réponse, peutêtre même seulement un début de réponse…

Alors osons; osons avoir des idées; osons parler. À cet effet, nous semble-t-il, rien ne vaut mieux que de plaider pour que nos vies continuent de suivre leur cours, que nous continuions de faire ce que nous faisons tous les jours, des petites tâches sans doute obscures et sans gloire apparente, mais mises en somme, changent une petite chose chaque jour.

Et si, à cela, nous ajoutons un peu de solidarité et d’empathie, un peu d’engagement, d’implication dans notre milieu et un sens utile et éthique de Qu’est-ce qui pourra stopper ce notre citoyenneté et de ses oblicours de violence et de haine? gations; alors peut-être aurontQue faire pour que cela cesse? nous trouvé un début de Quoi faire pour que des gens qui réponse. n’ont pour tort que de chercher à vivre et, par leurs petites tâch- C’est du moins ce que nous es quotidiennes, régulièrement nous plaisons à croire; pour ne effectuées, font plus pour pas céder à la fatalité, pour l’humanité que n’importe quel garder un peu d’espoir au fond grand discours, cessent de souf- de nos âmes. frir et de mourir pour rien, victimes de la folie de quelques Abdelghani Dades

Atlas.Mtl

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016


4

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


À la Une

Bruxelles : Que dire et quoi écrire face à l’horreur? Que dire et quoi écrire face à l’horreur? De quels qualificatifs user pour condamner, humainement, des actes inhumains? Comment exprimer le refus du terrorisme, aveugle, sourd à la raison et détonnant qui représente seulement l’horreur, l’horreur absolue? Ce sont ces questions qui nous hantent au moment d’écrire ces lignes, au moment où après la Turquie, la Tunisie, le Mali, la Côte d’ivoire, le Kenya, le Nigeria, le Burkina Faso et à peine plus loin dans la mémoire, la France – la litanie des drames injustes ajoute Bruxelles à son chapelet. Car, c’est dans la capitale Belge que l’horreur à frappé. Trois explosions; deux à l’aéroport Zaventeem et une dans une station populeuse du métro, à des heures de pointes pour faire plus de mal; et des centaines de morts et de blessés : 14 tués et 92 blessés à l’aéroport, 20 décès et 106 personnes déchirées dans leur corps dans le métro.

Mais surtout une onde de choc qui traverse les esprits et bouleverse les âmes de toute l’humanité. Les faits Une première explosion a été entendue dans le hall des départs de Zaventeem, vers 8 heures (heure locale; 3 heures du matin à Montréal) au niveau du guichet d'enregistrement de la compagnie American Airlines; une deuxième déflagration a eu lieu quelques secondes plus tard, provoquant de nombreux morts et blessés et provoquant la panique. D'après le procureur, l'attentat à «probablement été commis par un kamikaze». Dans le métro, la station Maelbeek, au cœur du quartier des affaires européennes, c’est vers 9 h 11, qu’une explosion à retentit. Avec un bilan encore plus terrible qu’à l’aéroport. Le bilan A 11h50, le procureur fédéral

belge a jugé qu'il était trop tôt pour donner un nombre précis de victimes. Les pompiers ont indiqué à la mi-journée que le bilan était de 34 morts et de 198 blessés. Encore une ville touchée au cœur Un conseil national de sécurité a été convoqué par le Premier ministre belge Charles Michels, il doit se dérouler dans la matinée. Le niveau d'alerte est passé à 4 sur l'ensemble du pays. Tous les transports en commun ont été interrompus à Bruxelles. Les grandes gares ont également été fermées. Une condamnation universelle Aussitôt connue la nouvelle de l’attentat, une vague de

5

Atlas.Mtl

condamnation universelle à pris naissance. De Paris à Ottawa en passant par Québec, personne dans la classe politique, ne trouve de mots assez durs pour dire la réprobation – qui est la notre à tous – face à ce cauchemar dont on ne parvient pas à se réveiller. Jusqu’à quand?

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

Mais jusqu’à quand devronsnous souffrir et nous réfugier dans l’exutoire des mots et des slogans? Jusqu’à quand continuera-t-on, après chaque drame de nous réfugier dans des «Plus jamais ça!», des «Assez!» et des «Basta!» qui ne nous soulagent même plus de nos tourments?


6

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Résistance

Continuer de croire en un bonheur possible… Quarante huit heures avant le drame de Bruxelles, le 20 mars, le concert des Nations célébrait la Journée Internationale du Bonheur, instituée en 2012 dans la louable intention de reconnaître le bonheur comme un objectif fondamental universel et d’impliquer les organismes publics et les individus dans cette quête. Le sujet ne cesse de fasciner les chercheurs. Tous veulent apporter un élément de réponse à la même question : « Qu’est-ce qui fait le bonheur? ». Certains de leurs résultats les plus récents peuvent paraître surprenants.

Qu’est-ce qui fait le bonheur? Certains chercheurs avancent que le bonheur pourrait être une question de gênes. Après avoir étudié plusieurs pays du monde, une équipe de la Varna University of Management (Bulgarie) a observé une corrélation entre un bonheur accru et une haute prévalence

de l’allèle A, variant génétique empêchant la dégradation de l’anandamide, une substance naturelle qui accroît les plaisirs sensoriels et diminue la douleur. Cette forte prévalence a été observée au Mexique, en Colombie, au Venezuela en Équateur, au Ghana et au Nigeria, des pays dans lesquels, en dépit de la violence, les personnes interrogées se déclarent heureuses. En Irak, en Jordanie, à Hong Kong, en Chine, en Thaïlande et à Taïwan, la prévalence de cet allèle A est faible. Les personnes se jugeant heureuses y sont moins nombreuses. Des chercheurs de l’université de Kyoto au Japon ont découvert l’année dernière que ceux qui se sentent plus intensément heureux disposent de plus de matière grise dans la région précunéus du cerveau. Plusieurs études ont démontré qu’on pouvait accroître le volume de cette matière grise en

pratiquant la méditation.

Dépenser du temps et non de l’argent Une étude publiée cette année dans la revue Developmental Psychology a remis en cause l’idée d’une crise de la quarantaine. Menées sur 25 ans par les chercheurs de l’Université d’Alberta (Canada), les recherches ont permis d’observer que le bonheur grandissait avec l’âge et qu’il ne décroissait pas autour de la quarantaine. Par ailleurs, et peut-être sans surprise, une équipe de chercheurs de l’université de Colombie britannique (ÉtatsUnis) a confirmé au mois de janvier que ceux qui accordaient la priorité au temps et non à l’argent déclaraient être plus heureux. Ces personnes utilisent leur temps libre pour entreprendre des activités pleines de sens comme le bénévolat pour des œuvres de charité, et cela augmente leur

bonheur. Les réseaux sociaux, facteurs de mal être ? Une étude de 2015 mené par le Happiness Research Institute danois avance que Facebook pourrait rendre malheureux. Après une semaine passée à l’écart du réseau social, les participants ont rapporté être plus satisfait de leur vie. Selon les chercheurs, les utilisateurs Facebook seraient à 39% plus susceptibles de se

sentir malheureux que les noninscrits. Les voies du bonheur Cela ne sert probablement pas à grand-chose, mais en l’état actuel des savoirs sur le bonheur, on trouvera sans doute agréable à lire le manuel «Happiness Guidebook», et ce d’autant plus qu’on peut le télécharger gratuitement (sur : www.happinessday.org/). Bonne lecture.

Rapport 2016 sur le bonheur dans le monde

158 pays scrutés au fond de l’âme… Ce 20 mars 2016, à l’occasion de la quatrième Journée Internationale, l’ONU publiait son quatrième rapport sur le bonheur dans le monde qui comporte également un classement de 158 pays, classement établi par l’organisme onusien SDSN (Sustainable Development Solutions Network; « Réseau pour des solutions de développement durable »). Rappelons que cette étude réalisée avec les chercheurs John Helliwell de l'université canadienne UBC (University of British Columbia), et Richard Layard, de la London School of Economics est basée sur une série d’indicateurs dont l'espérance de vie en bonne santé, le PIB par habitant, le soutien social, la confiance (mesurée par la perception d'une absence de corruption poli-

tique ou dans les affaires), la perception de liberté dans ses choix de vie, et la générosité. Cette édition est le 4ème rapport sur le bonheur publié par le SDSN après ceux de 2012, 2013 et 2015. Dans le présent document, les auteurs se sont attardés sur les effets de l’inégalité dans la répartition du bien-être des pays et régions. Ils ont découvert que les gens sont plus heureux quand ils vivent dans des sociétés ayant moins d'inégalités de bonheur. Ils ont en outre constaté que l'inégalité de bonheur a augmenté de manière significative ces dix dernières années, surtout en zone MENA (+13%) et en Afrique subsaharienne (+15%). « Le bonheur est le fruit de nombreuses facettes de la société […] et n'y a aucune preuve que la liberté

économique en elle-même est un contributeur majeur direct au bien-être humain », ont indiqué les auteurs, estimant important que tous travaillent davantage à déterminer les sources profondes du bonheur afin de bâtir des sociétés où règne l’épanouissement de l’Homme. Le classement 2016 Cette année, la Suisse perd sa place de n°1 qu’elle cède au Danemark, pour se retrouver au 2ème rang. Viennent ensuite l’Islande et la Norvège, alors que la Finlande clôt le top 5, suivie du Canada (qui perd également une place par rapport à l’année précédente). La France est 32ème, tandis que l’Espagne voisine est 37ème. Au niveau de la zone MENA, Israël (11ème mondial), les Émirats arabes unis

7

Atlas.Mtl

(28ème), l’Arabie Saoudite (34ème), le Qatar (36ème) et l’Algérie (38ème) sont le pays dont les citoyens sont les plus heureux, selon le rapport. Au Maghreb, le Maroc

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

(90ème) est donc n°2 devancé par l’Algérie et suivi de la Tunisie (98ème). Chose qui peut paraître étrange, le Royaume reste devancé par des pays instables comme la Libye ou encore la Somalie.


Opinions

Les Visiteurs 2 Marine Le Pen fait chou blanc… …au «Pays des Bisounours» (sic) Marine Le Pen – oui, oui; celle du Front National – a effectué une visite au Québec ces derniers jours. Mais selon toute vraisemblance, en dépit de quelques contestables appuis au pays, les choses ne se sont pas passées comme elle l’espérait. Au point qu’elle a fini par laisser paraître sa nature profonde en traitant Québécois et Canadiens de «Bisounours», c’est-à-dire de marionnettes niaises et bon enfant au sens le plus péjoratif et méprisant du terme. En une phrase comme en cent disons que sa colère était justifiée : elle n’a pas réussi à nous convertir à la xénophobie. Comme nous ne tirons jamais sur les ambulances, laissons le soin à la presse française dresser le bilan de ce fiasco. Voici à cet effet le compte rendu du journal de droite français Le Figaro : «Poursuivie par des groupes militants hostiles, boycottée par la classe politique canadienne, Marine Le Pen n'a pas pu visiter d'entreprises. Même l'une de ses réservations hôtelières a été annulée devant la pression. Ce devait être une escapade outre-Atlantique loin des médias. Soucieuse de se tenir loin des

médias français, auxquels elle impute une partie de ses difficultés d'image auprès de la presse étrangère, Marine Le Pen ne s'est pas pour autant trouvée bien accueillie au Canada, où elle a prévu de passer six jours pour soigner sa stature internationale. Boudée par les responsables locaux qui n'ont pas souhaité la rencontrer, la présidente du FN s'est attiré les foudres de l'opinion canadienne en attaquant la politique du gouvernement d'Ottawa dans la crise des migrants. Pire: talonnée par des groupes militants hostiles à l'extrême droite, Marine Le Pen a vu ses réservations hôtelières annulées d'office à Québec.

Or, la majorité d'entre eux refuse de la rencontrer», écrivait samedi Radio Canada. Même fin de nonrecevoir exprimé par le cabinet du premier ministre Couillard. La Coalition avenir Québec a elle aussi été approchée par la formation d'extrême droite, mais le parti a lui aussi décliné l'invitation.

Dès l'arrivée de la fille de Jean Marie Le Pen vendredi, un groupe de militants antifascistes et de gauche radicale avaient préparé un comité d'accueil. Une ambiance tendue qui, semble-t-il, donne le ton de l'ensemble de ce séjour mouvementé. Selon plusieurs médias canadiens, aucun représentant politique n'a accepté de s'entretenir avec la candidate à la présidentielle ce week-end, malgré le programme annoncé par le FN. «Elle aurait bien aimé discuter d'immigration avec les politiciens québécois.

Une mise à l'écart commentée par Marine Le Pen sur Radio Canada: «Je suis en quelque sorte le symbole de tout ce à quoi ils se sont soumis, de tout ce qu'ils ont renié dans le combat pour l'identité, pour la souveraineté, alors ils n'aiment pas beaucoup être mis face à ce miroir, à cette réalité. C'est peut-être pour ça qu'ils cherchent à me fuir», a-t-elle ajouté. Cette mauvaise ambiance avait déjà conduit Marine Le Pen à multiplier les critiques à l'encontre de la classe politique canadienne. Après avoir traité

Les «bisounours» vous saluent bien Même lorsque quelques militants du Parti québécois (souverainiste, ndlr) ont souhaité tourner quelques images en compagnie de la présidente du FN, le président de leur parti s'est rapidement désolidarisé.

Marine Le Pen Justin Trudeau et son gouvernement de «faux humanistes» au regard de la politique du Canada vis-à-vis des réfugiés, Marine Le Pen a enfoncé le clou lors d'une interview accordée à Midi Info : «Un certain nombre de gouvernements sont naïfs face aux problématiques de l'immigration. C'est ce que j'appelle le monde des Bisounours». Mais les mésaventures ne s'arrêtent pas là pour Marine Le Pen. Selon l'agence de presse canadienne QMI, l'eurodéputée a eu la mauvaise surprise de découvrir qu'une de ses réservations dans l'hôtel Montréal Marriott Château Champlain, au centreville de Québec, avait été annulée. Elle devait y tenir une conférence de presse. Entre 30 et

50 manifestants se sont déplacés devant l'hôtel pour huer une Marine Le Pen, qui ne s'est finalement pas présentée, contraignant la direction à annuler la réservation de la présidente du FN. Un peu plus tôt dans la soirée, Marine Le Pen avait été aperçue à la sortie d'une réunion militante, sifflée par quelques manifestants, dont trois ont été interpellés par la police. Pour couronner le tout, Marine Le Pen n'a pas pu visiter d'entreprises, comme elle l'avait initialement prévu. Selon l'eurodéputée, le gouvernement Trudeau aurait fait annuler toutes ses visites d'entreprises, dont une chez Bombardier. Elle devait participer à ces rencontres en tant que membre de la délégation du commerce international du Parlement européen.»

En baisse de faveur en Europe

Pegida cherche (encore) à conquérir le Québec Des éléments d’extrême droite des milieux anglophones en seraient à tenter de créer des ponts avec les groupuscules de l’extrême droite québécoise. C’est dans ce contexte que Paul Weston, le leader de Pegida Grande-Bretagne, une organisation islamophobe, se trouvait à Montréal le 10 mars 2016. L’allocution prévue dans un hôtel de l’ouest de l’Île a toutefois été annulée à la dernière minute en raison de la présence de manifestants.

Paul Weston est notamment le leader du UK Liberty Party, un parti politique d'extrême-droit n'ayant aucun député. En 2010, il avait été candidat de l’United Kingdom Independence Party (UKIP), quatrième parti au RoyaumeUni avec 13 % des voix également connu pour ses positions situées très à droite dans l'échiquier politique anglais. En 2012, il avait soutenu «croire que l'Islam causera encore plus de morts et de destruction en Europe au cours du XXIe siècle que le nazisme et le communisme au cours du XXe». Il est à la tête de Pegida UK, une organisation islamophobe dont les racines sont en

Allemagne, depuis le 4 janvier. Weston plaide vigoureusement contre l’immigration et affirme l’échec des politiques multiculturelles. L’invitation à le rencontrer (à montréal, mais également à Toronto) avait été auparavant lancée par un organisme dénommé Act for Canada/Agissons pour le

un groupe terroriste par le FBI.

Selon Francis Boudrias Plouffe, un des membres de l'organisation de la manifestation contre la présence de Paul Weston au Canada, il s’agit en fait d’une occasion de rassemblement pour plusieurs grou-

ments ici apparaissent difficiles à connaître avec précision, puisque l’organisation n’avance pas en plein jour. Elle se méfie apparemment désormais de l’étalage de ses intentions sur les réseaux sociaux.

Les détracteurs de Pegida sem-

avait été placé bien en vue, à l’entrée de l’établissement. Près d’une vingtaine de manifestants antixénophobes et une cinquantaine de policiers étaient présents. M Mais les organisateurs de l’événement et leur invité ne semblaient pas, eux, avoir tenté d’accéder

Incitation à la haine, procès et déclin Le fondateur du mouvement anti-réfugiés et islamophobe Pegida va comparaître en avril et en mai pour «incitation à la haine» indique le tribunal de Dresde (est de l'Allemagne). Lutz Bachmann, 43 ans, va être jugé lors de trois audiences prévues les 19 avril, 3 mai et 10 mai, a indiqué dans un communiqué de presse le tribunal de cette ville berceau du mouvement des «Patriotes européens contre

l'islamisation de l'Occident» (Pegida, en allemand).

Canada. L’annonce de la présence de Weston à Montréal a été relayée notamment par l’organisation Israel Activist Alliance et la Jewish Defense League (JDL). Cette dernière est considérée comme

puscules canadiens et étrangers en vue de fédérer des positions communes. « Ils semblent vouloir créer des liens avec Pegida Québec. »

Incitation à la haine… La justice lui reproche des propos, postés sur sa page Facebook en septembre 2014, visant les «réfugiés de guerre» qu'il qualifie de «bétail» ou de «racaille». Ces termes constituent «un trouble à l'ordre public» et une «atteinte à (leur) dignité», souligne le tribunal.

Les effectifs de ces mouve-

8

Atlas.Mtl

Ces propos remontent à début 2015 et Lutz Bachmann, déjà condamné à des peines de prison pour des braquages et des délits liés à la drogue, avait été inculpé en octobre dernier pour «incitation à la haine». … et baisse d’audience Pegida avait lancé ses rassemblements à l'automne 2014 à Dresde. Après un pic dans le sillage des attentats contre Charlie Hebdo à Paris – blaient avoir une fois de plus réussi à faire fuir le groupe, ou du moins à dissuader la direction de l’hôtel Ruby Foo’s d’accueillir l’événement. Un panneau annonçant l’annulation de l’événement

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

25.000 personnes en janvier 2015 --, le mouvement a ensuite marqué le pas. Et après un sursaut à l'automne dernier, Pegida est retourné à un relatif anonymat, peinant depuis à faire le plein à Dresde, ville d'exRDA et capitale de l'État régional de Saxe, théâtre de nombreux actes de violences visant des foyers de réfugiés. au lieu prévu de la rencontre. Pour mémoire, à quatre reprises cette dernière année, Pegida Québec à tenté de manifester à Montréal; à quatre reprise, le mouvement ;a du renoncer à ses projets…


Engagements

21 mars, Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale

Impliquez-vous!

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, dont l'un des mandats est de lutter contre la discrimination au Québec, profite de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale pour rappeler que chacun d'entre nous peut travailler à l'enrayer.

important à défendre : en s'investissant dans la lutte à la discrimination et pour l'égalité de tous nos concitoyens et concitoyennes, nous visons une société où la discrimination raciale ne serait plus qu'un mauvais souvenir », a déclaré aujourd'hui le président de la Commission, Jacques Frémont.

Les 40 ans de la Charte des droits et libertés En effet, la Charte des droits et libertés de la personne, dont on souligne les 40 ans cette année, protège toutes les personnes qui se trouvent au Québec contre la discrimination, peu importe leur race, couleur, origine ethnique ou nationale. « En cette ère des médias sociaux, alors que certains commentaires dans les médias remettent en question les acquis de la Charte, le droit à l'égalité est plus que jamais

La 17ème Semaine d’action contre le racisme C'est également ce 21 mars 2016 que s'ouvrait au Québec la 17e édition de la Semaine d'actions contre le racisme (SACR) , sous le thème « le Québec libre de racisme ? ». Dans le cadre de la SACR, la Commission, en collaboration avec la Table ronde du Mois de l'histoire des Noirs, présente jusqu'au 31 mars « Confronte tes préjugés », une série de photos de Joel Pares affichées dans des abribus de quatre

arrondissements de la Ville de Montréal. Un peu d’histoire La journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale commémore le massacre de Sharpeville survenu le 21 mars 1960, alors que les forces de l'ordre ont ouvert le feu et tué 69 personnes qui manifestaient pacifiquement contre les passeports internes imposés par les lois de l'apartheid en Afrique du Sud.

En proclamant cette journée en 1966, les Nations Unies ont voulu mobiliser la communauté internationale à redoubler d'efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination raciale. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse assure le respect et la promotion des principes énoncés dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Elle assure aussi la

protection de l'intérêt de l'enfant, ainsi que le respect et la promotion des droits qui lui sont reconnus par la Loi sur la protection de la jeunesse. Elle veille également à l'application de la Loi sur l'accès à l'égalité en emploi dans des organismes publics. Source : Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse

17ème SACR

Une soirée «Entrepreneuriat, genre et appartenance ethnique» Dans le cadre de la Semaine d'Action Contre le Racisme, Espace nodal organise une soirée de 5h30@7h30 réseautage à l'Esplanade (6750, avenue de l'Esplanade, bureau 102) et au lancement de ses activités «Femmes, immigration et entrepreneuriat». Dans un communiqué annon-

çant cet événement, Espace Nodal explique que «L'imbrication des nombreuses réalités que sous-tend l’identité « entrepreneure immigrante » suscite un questionnement et des réponses spécifiques. Les thématiques « entrepreneuriat, genre et appartenance ethnique » requièrent que l'on s'y attarde, autant dans le milieu

des organismes communautaires que de la production de politiques publiques.

Lors de cet évènement de réseautage, organisé dans le cadre de la Semaine d'action contre le racisme, certaines des recommandations de la recher​​ che-action menée par Espace Nodal sur la thématique seront

9

Atlas.Mtl

présentées.

Créé par Bochra Manaï et Daisy Boustany il y a près de deux ans, Espace Nodal offre des services de consultation, de recherche et d'événementiel en matière d'identité et d'immigration. Inscriptions : https://www.

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

eventbrite. ca/e/57-reseautage-femmesimmigration -et-entrepreneuriat-sacr2016-tickets-22517712083 Informations : www. espacenodal.com


10

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Engagements

L’ONU entre espoirs de paix et dérapages

Le samedi 19 mars 2016, sur le parvis du siège de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), principale organisation internationale domiciliée à Montréal, plusieurs centaines de citoyens se sont rassemblés pour protester contre des dérapages récents de hauts cadres de l’Organisation des Nations Unies (ONU), dans une tentative de ramener l’organisme qui porte tous leurs vœux et espoirs de paix à une plus juste appréciation de ses devoirs et responsabilités.

rant son action; tout particulièrement les articles 98, 99 et 100, chapitre 15, lui enjoignant de faire preuve d’impartialité et d’indépendance dans tous ses actes et déclarations, de s’interdire d’agir sous influence ainsi que de s’abstenir dans ses actes de servir les intérêts d’un État, ou de toute entité, de manière particulière;

Cette manifestation prend un relief particulier devant le triste spectacle que nous offre le monde ces dernières années, tant en matière de changements climatiques que de paix et de sécurité. C’est pourquoi nous vous invitons à lire le communiqué distribué par les organisateurs de cette manifestation et à réfléchir aux questions qu’il soulève. Le Communiqué :

De ces faits, les propos tenus par M. Ban Ki-moon constituent un dérapage de nature à provoquer un regain de tension et introduire de nouveaux facteurs d’instabilité dans une région par ailleurs déjà perturbée par de dramatiques événements. Ils sont de nature à attenter à la conservation de la confiance des parties, condition sine qua non du succès de toute médiation pour le règlement politique et pacifique d’un différend.

« Pourquoi nous manifestons M. Ban Ki-moon, Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), organisme international portant les espoirs de paix de l’ensemble de l’humanité, à tenu le 8 mars 2016 lors d’une visite en Algérie, des propos inappropriés et outrageux sur la question du Sahara Marocain. Ignorant les efforts et sacrifices du Royaume du Maroc pour mettre un terme à un conflit qui perdure depuis plus de 40 années et hypothèque grandement les chances de développement de l’ensemble de la région du Maghreb et du Nord-Ouest de l’Afrique et notamment la proposition d’autonomie élargie, seule chance réelle de régler la question; M. Ban Ki-moon a délibérément - Contrevenu aux dispositions de la Charte de l’ONU encad-

- Violé les principes de ladite Charte fixant à l’ONU pour mission première le maintien de la paix et la sécurité internationales.

Manifestation du samedi 19 mars à Montréal

Ce dérapage ne peut laisser personne indifférent ne serait-ce que dans la mesure ou nul ne peut laisser l’ONU ou ses dirigeants, trahir leur mission première en manquant à une indispensable neutralité dans l’approche des dossiers soumis à leur attention et ainsi, favoriser le développement de foyers d’instabilité au lieu d’agir pour la paix. Nous devons donc tous manifester afin de - Rappeler les responsables des organisations internationales à leurs devoirs d’objectivité, de neutralité, de sagesse et de mesure dans l’exercice de leur mission première; - Dénoncer en conséquence, avec fermeté, les propos outrageux et inappropriés tenus par M. Ban Ki-moon.»

Réunion du comité organisateur de la manifestation

11

Atlas.Mtl

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Votre argent

Un budget; à quoi ça sert et comment c’est dépensé… Les gouvernements et les budgets changent, mais les messages clés restent toujours les mêmes: contrôler les dépenses tout en augmentant les investissements. Cette année au Québec, sur la base de ces principes, le gouvernement Couillard se targue par ailleurs d’avoir bouclé un budget équilibré pour la deuxième année consécutive, tout en injectant de nouvelles sommes pour les infrastructures et l’éducation. Mais, cette année, allons-nous dépenser plus ou moins qu’auparavant? Et dans quels secteurs? Pour répondre à cette question, comparer les chiffres d’un budget à l’autre ne suffit pas. Par exemple, 100 $ dépensés en 2000 équivaudraient à 135 $ dépensés aujourd’hui, pour le même achat ou la même dépense. À cause de l’inflation, à peu près tout coûte plus cher, année après année. Par conséquent, il faut comparer les budgets en dollars constants. C’est cet exxercice qui vous est proposé ci-après, dans les principaux secteurs de la vie publique. La santé «La santé, c’est toujours l’éléphant de l’effort budgétaire», rappelle Laura O’Laughlin, économiste pour Analyst Group et fondatrice de l’Institut des générations. La tendance est claire: année après année, le gouvernement injecte de plus en plus d’argent dans le système de santé, bien au-delà de l’inflation. À noter que des compressions nettes ont eu lieu dans les services de santé avec Lucien Bouchard dans les années 90, mais depuis, la tendance de fond à repris son cours. Le vieillissement de la population explique en grande partie les dépenses supplémentaires. L’arrivée des baby-boomers à un âge vénérable s’apprête à causer un choc démographique «qui va frapper fort», selon

Mme O’Laughlin. Les sommes allouées à la santé devraient donc continuer à grimper.

«Le budget 2016 est cependant un peu décevant à cet égard, souligne l’économiste. On dépense comme on a toujours dépensé avant. Il n’y a rien pour s’attaquer au problème du vieillissement.» L’éducation Après une réduction en 2012 sous la gouverne de l’ancien premier ministre Jean Charest, puis une injection de fonds de la part du Parti québécois en 2013, les dépenses en éducation ont été légèrement réduites dans les deux précédents budgets du gouvernement Couillard. À mi-mandat, il délie finalement les cordons de la bourse. L’une des mesures phares du budget 2016-2017 consiste en un réinvestissement dans l’éducation, à hauteur de 500 millions pour les services aux élèves et étudiants. Mais attention, «c’est une augmentation, pas un investissement» affirme Laura O’Laughlin. En faisant abstraction du changement comptable de 2008-2009, les dépenses en éducation semblent simplement suivre l’inflation. Les infrastructures, le soutien à l’économie et l’innovation «Si on veut vraiment une société d’innovation, il faut donner plus, soutient l’économiste. Quand on compare les sommes allouées en fonction de notre PIB, nous sommes en retard par rapport au reste du Canada. Pour l’instant, le gouvernement finance en fonction de sa capacité à payer, pas en fonction des besoins de la société.» Lors de la crise économique de 2008-2009, le gouvernement libéral de Jean Charest avait soutenu l’économie à bout de bras en dépensant dans les infrastructures, avant de finalement diminuer les dépenses jusqu’à son élection perdue de 2012. Le gouvernement Marois avait rehaussé les dépenses dans ce

Les dépenses en santé, année après année, demeurent l’éléphant des exercices budgétaires secteur au niveau de 20102011, avant de perdre lui aussi les élections. Le gouvernement libéral de Philippe Couillard avait alors ramené les dépenses à la baisse dans son premier budget. Cette courbe en montagne russe, de toute évidence sujette aux changements politiques et économiques, illustre très bien les cycles politiques, selon Laura O’Laughlin. «On remet la maison en ordre quand on arrive, ensuite on fait des compressions, puis finalement on remet de l’argent sur la table. C’est un classique du budget de mi-mandat.» Les filets sociaux Les dépenses pour donner un coup de pouce aux Québécois qui en ont besoin stagnent depuis 2009-2010. Le deuxième budget du gouvernement Couillard s’est même traduit par des compressions clairement visibles. Si les dépenses du gouvernement avaient suivi l’inflation depuis 1997, un milliard de dollars constants de plus (soit l’équivalent de 1,4 milliard de

12

Atlas.Mtl

dollars aujourd’hui) devraient être dépensés dans cette mission. Mais que le Québec n’augmente que très légèrement ses dépenses dans ce secteur année après année; Pour l’économiste Laura O’Laughlin, il est aussi possible que le nombre de personnes dans le besoin ait diminué en 20 ans les services de garde publics de garde d’enfants ont aidé à réduire de 60 % le nombre de famille monoparentale sur l’aide sociale, en permettant notamment aux femmes de retourner sur le marché du travail. Une des conséquences, c’est moins d’enfants dans la pauvreté.» À ce chapitre, le gouvernement semble s’en tenir à l’inflation, remarque Mme O’Laughlin. «C’est un sujet quand même sensible. Le gouvernement parle souvent de couper dans l’administration, pourtant, on voit que les dépenses augmentent.» Le «Fonds de suppléance»… Une ligne en particulier dans le budget a fait sourciller

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

l’économiste: le «Fonds de suppléance», dont les coffres sont garnis de 654 millions de dollars pour 2016-2017. Selon le ministère des Finances, cette somme représente un montant disponible laissé à la discrétion du gouvernement pour des transferts rapides, par exemple en cas de catastrophes ou de besoins urgents. La dette Chaque année, le gouvernement du Québec doit payer les intérêts sur sa dette brute, estimée à 189 milliards de dollars en 2016. Évidemment, tout cela dépend des taux d’intérêt ce qui explique la grande variation dans les dépenses du service de la dette. «Oui, notre dette est élevée, estime l’économiste O’Laughlin, mais notre gouvernement y prête tout de même une grande attention. Depuis le milieu des années 90, notre économie croît plus rapidement que notre dette, ce qui est une très bonne chose.»


Votre argent

Budget 2016 du Québec

Un léger mieux…

Le premier ministre Philippe Couillard a fait de l'éducation une « priorité nationale ». Chose promise, chose due : les budgets alloués à cette mission essentielle de l'État augmentent de 3 % cette année, soit une hausse de 500 millions de dollars.

Cette petite bouffée d'air donnera un répit au réseau de l'éducation qui avait vu un contrôle très serré de ses dépenses depuis l'élection du Parti libéral. Ces compressions avaient soulevé l'indignation de la population. Mesures sociales et stabilité fiscale… Au cours des derniers mois, des milliers de parents et d'enseignants s'étaient mobilisé, en faisant notamment des chaînes humaines, pour dénoncer cette situation. Le délabrement de plusieurs écoles de la région de Montréal symbolisait d'ailleurs le désinvestissement de l'État, attisant la grogne de la population. Reculs du gouvernement Le gouvernement lâche du lest également en ce qui concerne la hausse des tarifs pour les familles qui ont recours à un service de garde. Le budget annonce ainsi une baisse de 50 % de la contribution demandée aux parents pour un deuxième enfant en garderie. Cette

mesure, chose rare, est rétroactive pour l'année 2015.

Le gouvernement revient aussi à son plan initial d'abolir la taxe santé d'ici 2018. Cette promesse libérale, remontant à la campagne électorale, avait été reportée d'un an lors du budget de l'an dernier. Les contribuables conserveront ainsi dans leurs poches quelque 750 millions de dollars à terme. Mis à part ces nouveaux investissements, le budget ne présente aucune autre baisse d'impôts ou de taxes – ni de hausse. … mais la rigueur reste de mise La rigueur budgétaire demeure cependant une réalité, puisque la marge de manœuvre du gouvernement finance surtout le réseau de l'éducation. Les budgets de cinq ministères sont encore amputés cette année, dont celui du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, ainsi que celui et de la Famille. «Nous avons remis la maison en ordre», n’a cependant pas manqué de dire Carlos Leitao, ministre des Finances du Québec L'équipe de Philippe Couillard a par ailleurs toujours l'intention de réduire le nombre de fonctionnaires à l'emploi du

gouvernement. Et l'effort pour maintenir l'équilibre n'est pas terminé. Le budget Leitao annonce déjà que les ministères devront faire de nouvelles économies l'an prochain. La fonction publique devra encore se serrer la ceinture. Dans la mire : Réduire la dette! Au-delà du déficit zéro, le budget mise sur une réduction du poids de la dette. Cela est une «priorité», a affirmé le ministre des Finances, Carlos Leitao, lors de la présentation de son budget. En 2016, le gouvernement versera 2 milliards de dollars au Fonds des générations qui a pour mission de rembourser la dette québécoise qui atteint actuellement de 55 % du PIB. Au final, le gouvernement Couillard garde le cap sur la rigueur avec ce budget tout en tentant de ménager les sensibilités du public. Une navigation à vue, dont l'objectif est la campagne électorale de 2018. Il reste donc deux au gouvernement pour remplir sa promesse de réduire les d'impôts des Québécois. Et la réforme fiscale? Le budget du Québec ne dit pas un mot sur l'ambitieuse

M Carlos Leïtao, ministre des finances du Québec réforme fiscale proposée par Luc Godbout. L'an dernier, la Commission d'examen sur la fiscalité québécoise proposait de réduire de 4,4 milliards de dollars l'impôt sur le revenu des contribuables en contrepartie d'une hausse des tarifs et des taxes. Les critiques de l'opposition Le budget du ministre des Finances Carlos Leitao n'impressionne pas les partis d'opposition, qui n’ont pas ménagé leurs critiques. « L'austérité se poursuit », estime le porte-parole en matière de Finances du Parti québécois, Nicolas Marceau, soulignant notamment la croissance « famélique » des dépenses en santé. M. Marceau estime par ailleurs que le gouvernement ne livre pas la marchandise concernant la création d'emplois. En campagne électorale, les libéraux

promettaient d'en créer 50 000 par année, durant cinq ans. « Le 250 000 emploi est porté disparu », a ajouté Nicolas Marceau. « Le gouvernement tolère une économie qui traîne de la patte », a affirmé de son côté le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, soulignant la faible croissance économique. « Un coût de barre était nécessaire pour baisser les impôts », a-t-il dit. Le gouvernement a oublié les contribuables, croit-il. Québec solidaire a pour sa part attaqué de plein fouet le gouvernement libéral en liant l'austérité budgétaire à l'arrestation de l'ex-vice-première ministre Nathalie Normandeau et à la « corruption systémique » du Parti libéral.

Entre austérité et prospérité

Attention, équilibre fragile!... C’est jour de budget: Philippe Couillard promet une vision, les oppositions veulent que le gouvernement stimule l'économie et donne de l'oxygène aux contribuables et le ministre des Finances Carlos Leitao n’aura pas de souliers neufs. Et une publicité du Mouvement Desjardins crée des remous à l'Assemblée nationale. C'est en cette journée mouvementée sur la scène politique que le ministre des Finances Carlos Leitao dépose un bud-

get en équilibre précaire entre austérité et prospérité. JeanSébastien Bernatchez anime une émission spéciale entouré de ses collaborateurs Martine Biron, Hugo Lavallée et Hugues de Roussan, ainsi que l'économiste Sébastien Lavoie et le fiscaliste François Ménard. « Il n'y a pas eu d'austérité », déclare d'emblée Carlos Leitao. « Nous voulions réduire la croissance des dépenses, et nous avons réussi. Nous pouvons maintenant

passer à la prochaine étape où nous pouvons investir et dépenser selon nos propres priorités. » Un budget trait d'union La timide reprise économique ne permet pas de parler d'un budget de la prospérité. « Quand on n'a pas de marge de manoeuvre, on offre une vision, c'est ce qu'on voit dans ce budget », explique notre analyste Martine Biron. Les deux mots-clés qui sont évoqués partout : économie du savoir et innovation. « Les

13

Atlas.Mtl

technologies numériques, c'est la troisième ère après l'électricité, croit Sébastien Lavoie, mais est-ce que quelques centaines de millions ici et là seront suffisants? J'en doute. »

Les universités et la santé sont du côté des perdants, incluant les soins à domicile pourtant étiquetés depuis longtemps comme une priorité.

Les gagnants et les perdants Pas de grands gagnants, mais quelques petites améliorations saupoudrées du côté de l'éducation, des infrastructures, et une baisse de 50 % de la contribution demandée aux parents pour un deuxième enfant en garderie

Priorité : la réduction de la dette Le nouveau budget place un montant de 14 milliards de dollars dans le Fonds des générations destiné à la réduction de la dette. La dette brute atteint 55 % du PIB du Québec.

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Votre argent

Budget 2016 du Québec

Ce qu’on en attendait…

Après deux ans de compressions douloureuses, à qui profitera l'adoucissement de l'austérité? Au système d'éducation? À la fonction publique? Aux contribuables? À la veille du dépôt du budget 2016 du Québec, cinq points en particulier, concentraient les attentes des contribuables. 1. Le Déficit Zéro Le ministre Carlos Leitao équilibrera, encore cette année, les comptes du Québec avec son troisième budget. Mais pas de surplus à l'horizon. Et les cordons du trésor public devaient rester serrés, malgré deux années d'importantes compressions budgétaires imposées à l'appareil de l'État. Si jamais des surplus apparaissaient dans la colonne des revenus, ils serviraient à rembourser la dette, avait d’ailleurs indiqué le ministre des Finances. Certains ministères pourraient cependant souffler un peu en voyant leur budget croître légèrement. Dans le contexte économique actuel, maintenir le cap sur l'équilibre des finances publiques exclut d'emblée des réinvestissements massifs.

2. Une priorité nommée éducation Même si le budget doit rester austère, on attendait du gouvernement qu’il donne un répit au système d'éducation. « Nous nous sommes donné la marge de manœuvre nécessaire pour réinvestir dans les secteurs qui nous tiennent à cœur : l'éducation, la santé et la réduction du fardeau fiscal des entreprises et des particuliers », avait dit le premier ministre Philippe Couillard devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, ajoutant vouloir faire de l'éducation une « priorité nationale ». La vétusté des certaines écoles montréalaises a d'ailleurs fait grand bruit dans les médias au cours des derniers mois, symbolisant le désinvestissement de l'État en éducation. Des milliers de parents, enfants et enseignants ont aussi fait des chaînes humaines devant les écoles pour dénoncer les compressions en éducation. 3. Des nouvelles ressources en santé Comme l'éducation, le coup de frein donné à la croissance des

dépenses du réseau de la santé a été vécu difficilement au cours de la dernière année. Est-ce que les hôpitaux, CLSC et autres offres de soins pouvaient profiter d'un rétablissement des budgets afin de maintenir les services? À en croire le discours du premier ministre Couillard devant la Chambre de commerce il y a quelques semaines, c'était une possibilité.

4. La question de la taxe santé Le gouvernement de Philippe Couillard pourrait annoncer qu'il revient à son plan initial d'abolir la taxe santé d'ici 2018, avaient rapporté des médias durant la semaine précédant le dépôt du budget. Cette promesse électorale avait été repoussée d'une année dans le dernier budget. Lors de la campagne électorale, le Parti libéral promettait d'éliminer cette contribution avant le scrutin de 2018. La taxe santé représente des revenus de plus de 750 millions de dollars pour le gouvernement. Prélevée directement sur le salaire des Québécois (de 0 à

1000 $ selon le revenu), elle sert à financer le système de santé. 5. Le projet de réforme fiscale L'ambitieuse réforme fiscale proposée par Luc Godbout serat-elle mise en application avec le budget? Rien n'est plus incertain. La Commission d'examen sur la fiscalité québécoise, pilotée par M. Godbout, proposait en mars dernier une baisse de 4,4 milliards de dollars de l'impôt sur le revenu des particuliers en contrepartie d'une hausse des

tarifs et des taxes. En bref, il s'agit d'un important changement de culture vers un régime fiscal qui miserait sur l'utilisateur-payeur. L'an dernier, le ministre Leitao avait salué le travail « colossal » de la commission et se disait ouvert à une réforme en profondeur de la fiscalité québécoise. Aujourd'hui, le rapport Godbout n'est plus sur les lèvres du ministre des Finances ni du premier ministre Couillard. Cette réforme sera-t-elle tablettée, reportée ou incluse en partie dans le budget?

… et ce qu’il a apporté Voici les points saillants du budget 2016-2017 déposé par le ministre des Finances, Carlos Leitao: -1- Équilibre budgétaire Québec présente un budget 2016-2017 équilibré, sans hausses de taxes ni d'impôts. -2- l’Éducation et la santé Les dépenses gouvernementales sont en hausse, passant de 1,7 % de croissance, en 2015-2016, à 2,7 %, en 2016-2017. Le financement supplémentaire du réseau de l'éducation passe de 0,9 % cette année à 3 % l'an prochain. La croissance du budget consacré à la santé sera plus

modeste, à 2,4 %, soit bien en deçà de l'augmentation annuelle des coûts de système. Le réinvestissement en éducation, notamment pour la prévention du décrochage scolaire, atteint 500 millions $ répartis sur trois ans. On embauchera du personnel spécialisé pour les élèves en difficulté, particulièrement en milieu défavorisé. Une somme de 150 millions $, répartie sur trois ans, est réservée à cette fin. - 3- La taxe santé La taxe santé devait être éliminée progressivement à compter

de l'an prochain, mais le gouvernement devance d'un an ce projet. Elle sera totalement abolie en 2018. Pour la majorité des citoyens, l'économie sera cependant modeste, soit de 25 $ cette année. -4- Les tarifs de garde d’enfants Le nouveau mode de financement des garderies, modulé en fonction du revenu des parents, a soulevé la controverse. Québec corrige le tir en réduisant de moitié la contribution additionnelle exigée pour le deuxième enfant. Pour un revenu familial de 100 000 $, le tarif quotidien passe de 11,41 $

14

Atlas.Mtl

à 9,36 $. La mesure est rétroactive à 2015. -5- Les infrastructures Les investissements en infrastructures devraient atteindre 88 milliards $ au cours de la prochaine décennie, dont 9,6 milliards $ cette année. En priorité, les rénovations des écoles primaires et secondaires accapareront 700 millions $ de cette somme. - 6- La construction Un nouveau crédit d'impôt de 20 % à la rénovation résidentielle «écoresponsable», Rénovert, remplace le précédent, Logirénov.

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

- 7- La croissance et les revenus de l’État Québec anticipe une croissance économique faible, de 1,5 % en 2016, et de 1,6 $ en 2017. Les revenus anticipés cette année dans les coffres de l'État devraient atteindre 102 milliards $, en hausse de 3 pour cent, tandis que les dépenses consolidées plafonneront à 100 milliards $, en hausse de 2,5 pour cent. - 8- La réduction de la dette Québec réoriente 2 milliards $ de ses surplus actuels vers le Fonds des générations pour diminuer la dette du Québec.


15

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Votre argent

Budget 2016 du Canada

Pour la bonne cause…. … un déficit de 29,4 milliards Malgré une économie moins vigoureuse que prévu, les libéraux ne dérogent pas de leur plan. Des milliards de dollars seront investis dès cette année pour soutenir les familles et les chômeurs, marquant un véritable virage politique à Ottawa. Mais pour respecter leurs engagements, les troupes de Justin Trudeau brisent leur promesse de rétablir l'équilibre budgétaire au cours de leur mandat. Le déficit sera de 29,4 milliards de dollars, a annoncé le ministre des Finances, Bill Morneau, lors du dévoilement de son premier budget à Ottawa, soit une somme trois fois plus importante que promise en campagne électorale. Objectifs : « redonner espoir » et « redynamiser l'économie », a affirmé le ministre lors de son discours à la Chambre des

communes. La taille des déficits diminuera tranquillement au cours des prochaines années pour s'établir à environ 14 milliards de dollars en 2020, année des élections. Grâce à ces déficits, nombreux sont ceux qui profiteront des réinvestissements du gouvernement fédéral. En faites-vous partie? 1. Les familles Ottawa instaure l'Allocation canadienne pour enfants qui remplace le programme conservateur de Prestation universelle pour la garde d'enfants (PUGE). D'après le gouvernement libéral, une majorité de familles recevront plus d'argent, surtout celles qui sont moins fortunées. 2. Les chômeurs Les chômeurs auront accès

plus facilement à l'assuranceemploi et en plus grand nombre. Par exemple, les prestataires ne seront plus forcés à accepter un emploi moins bien payé et loin de leur lieu de résidence. 3. Les municipalités Au cours des 10 prochaines années, Ottawa investira plus de 120 milliards dans les infrastructures. Les grandes villes du pays comment Montréal et Toronto pourront certainement toucher leur part du gâteau. 4. Les travailleurs Le gouvernement Trudeau annule le report de l'âge de la retraite à 67 ans, prévu par les conservateurs. 5. Les étudiants Bonification de 50 % des bourses d'études canadiennes qui passent de 2000 $ à 3000 $

M Bill Morneau, ministre des finances Canada par an, pour les étudiants à faible revenu et de 800 $ à 1200 $ pour les étudiants de famille à revenu moyen.

cours des cinq prochaines années.

6. Les Premières Nations Ottawa fera des investissements « sans précédent » de 8,4 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour améliorer les conditions de vie des Autochtones au pays.

La fin d’une époque Avec ce budget, le gouvernement de Justin Trudeau marque la fin d'une époque et le début d'une autre. Ce changement de garde s'accompagne d'ailleurs de la mise au rancart de plusieurs mesures conservatrices annoncées au cours des dernières années.

7. Radio Canada Ottawa investira 675 millions de dollars supplémentaires dans le diffuseur public au

Le Parti libéral disait avoir un plan clair pour diriger le pays. Le voici maintenant en application.

Immigrants, réfugiés et solidarité internationale Le budget fédéral prévoit une provision additionnelle de 245 millions $ sur cinq ans pour accueillir 10 000 autres Syriens afin d'atteindre la cible libérale de 25 000 réfugiés qui doivent être pris en charge par le gouvernement d'ici la fin de l'année. Réfugiés : + 245 Millions $ Cette somme s'ajoutera aux 678 millions $ prévus sur six ans par les libéraux en novembre dernier lorsqu'ils ont annoncé l'accueil, à la fin du mois dernier, de 25 000 Syriens — parrainés par le privé ou par le gouvernement. Et ces estimations sont aujourd'hui déjà revues à la hausse, à 698 millions $.

En date de dimanche dernier, le Canada avait accueilli 26 202 Syriens depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux, en novembre. Budgets humanitaires : 1,5 Milliards $ Les sommes que le Canada a déjà promises aux Nations unies pour la réinstallation des réfugiés syriens s'ajoutent à une enveloppe de 1,2 milliard $ dévolue à l'effort humanitaire aux pays de cette région, en vertu du réalignement de la politique étrangère canadienne dans la lutte contre l'intégrisme islamique. Le budget prévoit aussi l'ajout de 256 millions $ sur

deux ans à l'aide internationale, pour «renforcer la capacité du Canada d’intervenir face aux priorités». Le gouvernement libéral propose aussi «de consacrer au renouvellement des principaux programmes de paix et de sécurité» dans le monde une somme pouvant atteindre 586,5 millions $ sur trois ans, mais ces sommes devront être tirées «des ressources non affectées de l’enveloppe de l’aide internationale», précise-t-on. Immigration : + 56 M$ Ces nouvelles sommes pour l'accueil des Syriens s'ajoutent à de nouveaux budgets annoncés pour

l'immigration, dont 56 millions $ sur trois ans pour soutenir l'engagement libéral à accueillir davantage d'immigrants en général. Ces sommes serviront notamment à réduire le temps d'attente pour accéder aux programmes d'apprentissage d'une des langues officielles — les nouveaux arrivants doivent attendre parfois plus d'un an. Les libéraux aimeraient que le Canada accueille cette année environ 300 000 résidents permanents, dont 80 000 en vertu du programme de réunification des familles. L'an dernier, l'objectif de ce programme était de 68 000

L'âge de la retraite reste à 65 ans

La semaine dernière, le premier ministre Trudeau avait annoncé dans une entrevue à Bloomberg Television que son gouvernement avait l'intention de maintenir à 65 ans l'âge à laquelle les Canadiens sont admissibles à la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti. Le budget Morneau confirme cette nouvelle approche. Le gouverne-

ment prévoit aussi s'entendre avec les provinces et les territoires pour bonifier le Régime des pensions du Canada. Des consultations publiques sont prévues au cours des prochains mois. La mesure touche particulièrement les Canadiens nés le 1er février 1962 ou après; ils pourront recevoir leurs prestations fédérales à 65 ans.

16

Atlas.Mtl

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

nouveaux arrivants, avec un budget de fonctionnement d'un peu plus de 30 millions $. Les libéraux, qui avaient promis en campagne électorale de pratiquement doubler ce budget, y ajoutent en effet 25 millions $ cette année. «Nous croyons que les membres d’une même famille doivent pouvoir vivre ensemble», a indiqué mardi le ministre des Finances, Bill Morneau. «Le regroupement familial contribue au bienêtre de tous les Canadiens, étant donné qu’il concourt à notre richesse collective tant sur le plan socioculturel que sur le plan économique.»


17

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Impôts

Un paradis fiscal à une heure de Montréal !...

« C'est comme une immense boutique hors-taxe », s'indigne Tom Dragoon, douanier américain à la retraite. « Mets ton bateau d'un demi-million dans le lac Champlain et voilà : c'est hors taxes! C'est comme le Far West. Tout le monde est bien gras et satisfait », rage-t-il, disant se sentir envahi par « un grand camping flottant ».

Sur le lac Champlain, l'immense majorité des bateaux sont immatriculés au Canada, même ceux qui naviguent en territoire américain. Plusieurs valent des centaines de milliers de dollars, voire davantage. Pour un Bénéteau d'une valeur d'un demi-million de dollars, les taxes s'élèveraient normalement à 75 000 $. S'il a été fabriqué en Europe, il faudrait ajouter des droits de douane d'environ 45 000 $. Le bateau de 500 000 $ coûterait donc 620 000 $. Mais pas à Saint-

Paul-de-l'Île-aux-Noix, près de la frontière américaine, où les marinas proposent à leurs clients d'acheter un bateau sans payer la TPS et la TVQ.

En eaux troubles Comment ça fonctionne? Les marinas offrent à leur client de procéder à l'exportation de leur bateau aux États-Unis; ils n'ont donc pas de taxes à payer au Canada. Mais on ne dit jamais aux Américains qu'on a importé un bien. Aucune taxe n'est donc payée ni dans un pays ni dans l'autre. Et les douaniers américains se retrouvent bernés parce qu'il s'agit de résidents canadiens à bord d'un bateau immatriculé au Canada, qui disent venir « passer l'été aux États-Unis ». Pour Me Marwah Rizqy, membre des Barreaux du Québec et de l'État de New York, les marchands et les acheteurs

profitent du fait que les différentes autorités impliquées n'échangent pas leurs informations.

Les trois marinas de Saint-Paul assurent que la pratique est complètement légale et qu'elles ont la bénédiction des autorités. Revenu Québec et l'Agence du revenu du Canada nous confirment qu'il n'y a pas de taxes ni de droits de douane à payer sur un bien au Canada si celui-ci est exporté dans un autre pays. Les douaniers affirment aussi que l'exportation des bateaux respecte les règles. Mais si certains aspects du processus - pris séparément - sont légaux, l'ensemble du processus pourrait être frauduleux. 600 bateaux «hors taxes» Un courriel interne de l'Agence des services frontaliers confirme d'ailleurs l'existence de

cette pratique en la qualifiant de « combine » et avance qu'il y aurait au moins 600 bateaux horstaxes sur le lac Champlain. « Ce problème facilite et perpétue le nonrespect des lois canadiennes et possiblement Mme Marwah Rizqy américaines. Il fait perdre obligations». d'importants revenus au Canada. Il faut mettre fin le Plusieurs d'entre eux pourraient plus tôt possible à cette comtoutefois avoir une très maubine. » vaise surprise au cours des prochains mois, car les douaniers Vingt-quatre personnes sont américains nous ont confié impliquées pour régler le prob- avoir l'intention de procéder à lème de la marina Gosselin. des inspections très serrées Mais l'Agence des services pour s'assurer que les taxes ont frontaliers se refuse à tout été payées, aux États-Unis commentaire et se contente de comme au Canada. dire qu'elle va «sensibiliser les propriétaires de bateaux à leurs

La SQ débusque une fraude de 90 millions $ Une quinzaine de perquisitions étaient menées par la Sûreté du Québec (SQ) et des enquêteurs de Revenu Québec ces derniers jours, en lien avec une fraude estimée à près de 90 millions $. Par l'entremise d'un stratagème, des franchises de

produits informatiques étaient vendues à des investisseurs en échange d'une facture dont le montant était beaucoup plus élevé que celui de la transaction. «Par exemple, un acheteur pouvait payer la franchise informatique 10 000 $ et rece-

voir une facture de 100 000 $, a expliqué une porte-parole de la SQ, Joyce Kemp. Par la suite, les acheteurs se tournaient vers les autorités fiscales et recevaient des déductions pour une compagnie qui n'existait pas.»

et 70 enquêteurs de Revenu Québec participaient aux perquisitions, effectuées principalement dans les régions de Montréal, Québec et Sherbrooke. L'Autorité des marchés financiers collabore également.

Au total, quelque 150 policiers

Jusqu'ici, quelque 1100 fran-

18

Atlas.Mtl

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

chises de produits informatiques auraient été vendues à plus de 450 investisseurs, a expliqué Mme Kemp, au cours d'un entretien téléphonique. L'enquête s'est amorcée il y a environ un an et demi, mais aucune arrestation n’a encore été effectuée.


19

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


20

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


21

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


22

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Environnement

Une heure dans le noir… … pour donner un répit à la planète Des millions de personnes ont éteint les lumières samedi 19 mars écoulé pendant une heure pour montrer leur engagement dans la lutte contre les changements climatiques.

« Les astres sont alignés » Pour les organisateurs, l'humanité vient d'atteindre un tournant décisif dans la lutte contre les changements climatiques.

Le geste se veut symbolique. Le WWF (Fonds mondial pour la nature) organise cet événement depuis 10 ans pour sensibiliser les gens à l'urgence d'une action climatique.

Le WWF fait référence à l'entente sur le climat conclue à Paris l'automne dernier pour freiner le réchauffement planétaire. Pour l'organisation écologique, la « conjoncture est favorable » pour la première fois depuis le début qu'on s'intéresse aux changements climatiques.

Cela a commencé en 2007 à Sidney, en Australie. Plus de 2 millions d'Australiens ont alors éteint les lumières et les appareils électroniques pendant une heure. Dix ans plus tard, des centaines de millions de citoyens dans 7000 villes et plus de 170 pays, à travers six continents et 24 fuseaux horaires, se joignent au mouvement. Le WWF met l'accent en cette année 2016 sur les réseaux sociaux. Il invite notamment les gens à tweeter et partager les messages du WWF.

«Avec la COP21, on sent vraiment une grande préoccupation. Avec les pipelines, Transcanada, les changements climatiques, les gens veulent savoir, les gens veulent poser une action. [...] On sent que le momentum est là. On a une belle opportunité. 21 COP a shaké un peu la planète! » déclare Sophie Paradis, du WWF-Canada Une heure dans le noir, mais

encore? Au-delà de cette heure symbolique, David Miller, président et chef de la direction du WWF-Canada invite, sur le site de l'organisation, les citoyens à prendre des mesures « qui durent toute l'année, qui contribuent à combattre les changements climatiques et qui provoquent une transformation durable ». « La façon la plus simple et la moins contraignante, c'est de revoir ses habitudes, tout simplement », explique Sophie Paradis, qui ajoute «Réduire le chauffage en hiver, recycler, réduire à la source tout ce qu'on fait. C'est là qu'on va changer réellement ses habitudes. Être conscient de ce qu'on achète, de ce qu'on consomme; tout ça a un impact, une empreinte environnementale. [...] Fermer les lumières, oui, mais aussi réduire le chauffage, moins prendre la voiture, réduire notre dépendance aux énergies fossiles et s'informer.»

Des citoyens, des entreprises, des villes En plus des citoyens, les grandes villes canadiennes et des entreprises participent au mouvement. Sophie Paradis observe que de plus en plus de villes font des efforts pour le développement durable. Elle cite notamment Vancouver, Montréal,

Longueuil et Trois-Rivières. Elle croit que les gestes de conscientisation comme Une heure pour la Terre contribuent à ces engagements des villes. «Ça part de la sensibilisation, ça part de citoyens qui vont à leur conseil de ville demander des changements et qui s'informent, de la mobilisation pour le pipeline d'Énergie Est...» ajoute-telle.

Montréal fait sa part Le maire de Montréal, M. Denis Coderre et le responsable du développement durable, de l’environnement, des grands parcs et des espaces verts au comité exécutif, M. Réal Ménard, ont souligné la participation de la Ville de Montréal, en tant que métropole durable, à la dixième édition d’Une heure pour la Terre en annonçant un geste symbolique d’appui à la lutte contre les changements climatiques : l’extinction des lumières des principaux bâtiments municipaux le samedi 19 mars, de 20 h 30 et 21 h 30. « Les changements climatiques sont devenus un enjeu planétaire de premier plan. Dans un esprit de collaboration à l’échelle mondiale, il est

essentiel que chacun contribue localement à adopter et promouvoir les bons comportements. C’est pourquoi j’invite les citoyens, les commerces, les industries et les institutions montréalaises à participer en grand nombre au mouvement international Une heure pour la Terre en éteignant leurs lumières pendant une heure le samedi 19 mars », a déclaré M. Coderre. « Au-delà du geste symbolique qui sera posé samedi, la Ville de Montréal multiplie ses actions afin de faire face aux changements climatiques avec plus de 30 stratégies, politiques, plans et règlements y touchant de près ou de loin. Je suis particulièrement fier du premier plan d’adaptation aux

changements climatiques adopté cette année et de la décision prise à l’effet de mandater l’OCPM pour tenir des consultations sur la réduction de la dépendance des Montréalais aux énergies fossiles. Ces nouveaux leviers de changement contribueront à faire de notre métropole un milieu où il fait bon vivre », a ajouté M. Ménard.

M Denis Coderre, maire de Montréal

Une heure pour la Terre se déroule à travers 6 continents, 24 fuseaux horaires et plus de

23

Atlas.Mtl

170 pays. La participation de la Ville de Montréal s’inscrit dans un esprit de sensibilisation du public aux changements climatiques et de solidarité avec les grandes villes

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

qui se préoccupent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Source : Cabinet du maire et du comité exécutif


24

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Podium

Belgacem Rahmani ou comment «on s’abreuve de la culture les uns des autres»

«J’ai senti tout de suite que cette ville était l’endroit où je devais faire ma vie», déclare à qui veut l’entendre Belgacem Rahmani, professeur à HEC Montréal et président du Conseil Interculturel de Montréal. Ce sentiment, on le sent aussi intense et évident qu’il a été immédiat. Un coup de foudre, qu’il a d’abord eu pour les gens. Il se souvient à quel point tout lui avait alors paru démesuré. La largeur des routes, la taille des véhicules, la gentillesse des Montréalais.

Aux murs de son bureau exigu de HEC Montréal (autrefois celui de Martin Coiteux, ancien collègue devenu ministre), les caricatures mordantes à l’égard de certains politiciens jouxtent un paysage saharien et quelques citations inspirantes. Du sol au plafond, les livres révèlent le champ d’expertise du maître d’enseignement en affaires internationales. Belgacem Rahmani doit beaucoup à ceux qui, «sans le savoir, ont contribué à ce qu’il est devenu». Rencontres - clés Avec des rencontres-clés, des rencontres au hasard, qui donnent le coup de pouce déterminant. Il découvre Montréal à travers la rencontre fortuite d’un couple de jeunes Québécois, dans les années 1970, dans un café de

Casablanca, où il est alors étudiant. Ils sont en attente d’un transfert d’argent après avoir perdu leurs papiers; Belgacem les héberge quelques jours, une amitié se noue qui lui ouvre une fenêtre sur le Canada. Mais à l’époque, c’est la Suède qu’il a dans sa ligne de mire. Il boucle donc ses valises et s’envole vers Stockholm, où il travaille jusqu’à ce que lui vienne l’envie de reprendre des études, ce qui s’avère compliqué. Montréal refait surface, il vient s’y installer avec un visa de touriste. «Les démarches étaient plus simples qu’aujourd’hui. J’ai décroché un contrat d’un an et j’ai pu travailler tout en étudiant à Polytechnique le soir». Il repart en Suède le temps de déposer sa demande d’immigration. Initialement formé en génieconseil dans le secteur des sciences de la Terre, il se laisse convaincre par un collègue de s’orienter vers le commerce. Il décroche un bac en gestion à HEC, puis une maîtrise en administration publique (affaires internationales) à l’ENAP. Poussé par deux professeurs, il se lance dans «ce noble métier, qui consiste à transmettre des connaissances en espérant que nos élèves deviennent de meilleurs citoyens». Rendre à la société… «Une fois que la sphère profes-

sionnelle a été stabilisée, ç’a été mon tour de donner à la société.» Président du Conseil interculturel de Montréal, membre fondateur du Regroupement des universitaires et chercheurs d’origine algérienne, membre de la fondation Club Avenir (qui mise sur l’intégration par l’excellence, en soutenant des Montréalais d’origine algérienne qui excellent dans leur domaine) : les mandats ne manquent pas. L’intégration des membres des communautés culturelles sur le marché du travail est son cheval de bataille. Malgré les efforts faits, il estime qu’il y a place à amélioration.

«Nous passons à côté de talents qui ne demandent qu’à contribuer à l’essor de Montréal. Des personnes hautement qualifiées et compétentes qui ne trouvent pas d’emploi, c’est inquiétant. Il est parfois dit que la première génération d’immigrants est une génération sacrifiée. Elle ne devrait pas l’être, parce qu’elle est le socle de ce qui sera bâti par la suite. Immigrants, citoyens, entreprises, gouvernement : la responsabilité est partagée entre nous tous.» affirme-t-il. Indéniablement ici chez lui, Belgacem Rahmani aime aussi

M Belgacem rahmani Montréal parce que «ce sont les Nations unies; on s’abreuve de la culture les uns des autres. La culture relève de l’acquis, pas de l’inné, elle n’est donc pas immuable, elle évolue. Comme une ville évolue avec les gens qui la font. On n’immigre pas en effaçant qui on était, d’où on venait. On construit par-dessus le socle de nos racines.» Quarante ans après avoir quitté l’Algérie, Belgacem Rahmani est la somme des rencontres déterminantes et des lieux auxquels il s’est attaché, résolument Montréalais.

www.atlasmedias.com 25

Atlas.Mtl

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

Ce portrait a été réalisé par le journal Métro en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Mont­réal (CRÉ), dans le cadre d’une série de portraits inspirants de Montréalais issus de l’immigration qui témoignent de leur parcours et de leurs succès. L’émission de Radio-Canada International Tam-Tam Canada a par ailleurs produit une version radio de ce reportage, disponible sur le site de RCI.


26

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Actes

Forum des compétences canado-marocaines

Faire carrière en finances et comptabilité

Au menu de la seconde édition du «poste du mois»

e Forum des compétences canado-marocaines a organisé, le jeudi 10 mars 2016, son deuxième évènement “Le poste du mois” sous la thématique Finances et comptabilité. Pour l’occasion, cinq panélistes ont été invités à discuter de leur parcours professionnel et à transmettre leurs recommandations et conseils pour la poursuite d’une carrière dans ce domaine au Canada. Plus de cinquante participants étaient présents. Le poste du mois est une création du FCCM et vise le partage de connaissances et d’expériences entre professionnels de haut niveau dans leur métier et domaine d’expertise et immigrants établis ou nouveaux arrivants. Sous forme de 6 à 8, cette rencontre propose aux participants de recueillir des conseils et réponses à leurs interrogations quant aux débouchés professionnels dans un domaine particulier. La finance et la comptabilité à l’honneur Le panel de cette deuxième édition étaient composé de cinq professionnels dans le domaine des finances et de la comptabilité. La première panéliste, Sabah Hajji, possède plus de huit ans d’expérience dans le domaine et est actuellement première directrice au sein du groupe d’audit de PricewaterhouseCoopers. La deuxième panéliste, Pascale Chimi, compte plus de 8 ans d'expérience en audit de sociétés privées et publiques et a récemment été inspectrice à l’Ordre des CPA du Québec. Également membre de ce panel, Nafissa Abarbach, compte plus de 10 ans d’expérience dans le domaine de comptabilité, audit et planification financière et est actu-

ellement contrôleuse financière chez Cartouches certifiées. Le quatrième panéliste, Abdelhaq Elbekkali est CPACGA et professeur titulaire à l'Université de Sherbrooke où il enseigne l’audit financier et l’audit informatique. Il est détenteur d'un doctorat en finance et fiscalité de l’Université de Paris II, et d’un doctorat en administration des affaires (Ph.D), spécialité : audit comptable et financier (Université du Québec à Montréal). En 2005, M. Elbekkali a été couronné Personnalité de l’année en sécurité de l’information par l’Association de la Sécurité de l’Information de Montréal Métropolitain (ASSIM). Finalement, le dernier membre de ce panel, Othmane Rachid Tahri, compte six années d’expérience en finance de marché et est actuellement directeur principal au sein du groupe d’économie, de recherche et de stratégies de marchés d’investissement PSP.

De précieux conseils et recommandations Plusieurs conseils ont été évoqués lors de cette rencontre. Les panélistes, de par leur expérience et leur parcours concluant, ont énoncé des recommandations pour la poursuite d’une carrière dans ce domaine. On y retrouve, notamment, l’importance de travailler en équipe et de faire face à la pression. En effet, lorsque l’on travaille dans un cabinet, les mandats peuvent parfois être ardus et de longue durée. La motivation et l'entregent sont, ainsi, nécessaire à la réussite professionnelle. Également, il est nécessaire, pour nos panélistes, de montrer détermination, passion et engagement lors d’une ent-

revue. Lors d’un parcours migratoire, il a été soulevé qu’il ne faut pas hésiter à changer de carrière et tout recommencer à zéro, si cela est nécessaire. La confiance en soi est primordia-

27

Atlas.Mtl

le lors du réseautage, des activités de recrutement et des entrevues. De plus, la nécessité de créer un réseau est indispensable. Il peut être pertinent de choisir une spécialité peu commune sur le marché afin d’obtenir une spécialisation

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

très prisée par les employeurs. Finalement, il a été conseillé de bien choisir sa formation afin de projeter une image forte et déterminée, et de saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent.


28

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Actes

Association marocaine de Toronto (AMDT)

Des journées culturelles marocaines à Toronto

Faisant suite aux célébrations de la commémoration de la Marche Verte et de l’Indépendance du Maroc qui ont eu lieu le 15 novembre 2015 dans la ville ReineToronto- et dans le cadre de ses célébrations du 15éme anniversaire de son incorporation, l’Association Marocaine de Toronto (AMDT) organise plusieurs activités culturelles avec ses partenaires du 19 mars au 2 Avril 2016.

Ce projet de promotion de la culture marocaine permettra aux citoyens d’origine marocaine et aux Canadiens de voyager à travers le Maroc et à mieux faire connaitre et découvrir ces richesses et ses atouts économiques, culturels, touristiques et culinaires au Canada anglais et plus particulièrement en Ontario. le but de l’Association est de créer un environnement d’échanges et de partage entre les Marocains du Canada et entre les Marocain et les Canadiens dans le triple objectif de - Renforcer les échanges et l’attachement et la contribution des Marocaines et Marocains du Canada à leur pays d’origine sur la base de leur intégration dans le pays d’accueil ; - Faire la promotion et permettre aux jeunes d’origine marocaine qui sont nés au Canada découvrir et de contribuer à la riche histoire du Maroc ; - Promouvoir et renforcer les échanges et la coopération entre le Maroc et le Canada dans les domaines prioritaires et encourager les Canadiens, les jeunes d’origine marocaine

et les membres de la communauté marocaine et des autres communautés à contribuer d’avantage dans ce domaine. Cultures sans frontières

Le programme a commencé le 19 mars écoulé. Ce jour, l’AMDT, en partenariat avec l’Alliance Française organisait un concert de musique «Chaabi» animé par l’artiste Hassan El Hadi et son groupe, qui a proposé une fusion musicale mixant savamment pièces traditionnelles marocaines et québécoises, arabe et berbère, rock, jazz et raï.

Novembre 2014 : Lever du drapeau du Royaume du Maroc au mât principal de l’Hôtel de Ville de Toronto

Hassan El Hadi est un auteur-compositeur-interprète accompli ainsi qu’un impressionnant joueur d’oud (luth oriental). Originaire du Maroc, il a grandi à Marrakech, où se conjuguent les sonorités des musiques arabo-berbères. Il a été inspiré par le festival annuel des Arts Populaires, les rythmes quotidiens de la place Jemaa el Fna et les nombreuses cérémonies et festivités locales. Depuis son arrivée au Québec en 1995, le fondateur et le porte-parole du groupe, Hassan El Hadi a fait un cheminement musical absolument remarquable. Il compose une musique à la fois originale et enracinée dans la tradition, qui possède un soupçon très astucieux de jazz. Il réunit toutes les influences des musiques

marocaines, en conjuguant les rythmes énergiques et enjoués des Berbères à l’expressivité de la musique arabe et au raffinement de la musique andalouse. Gala de clôture La clôture du programme aura lieu au cours d’une soirée Gala le 2 avril prochain, célébrant le quinzième anniversaire de l’incorporation et des 30 ans d’action dans la communauté de l’Association Marocaine de Toronto (AMDT). Cette soirée se tiendra sous le signe de la fraternité et de l’amitié entre les membres ainsi que les amis et les sympathisants de l’AMDT. L’Association qui regroupe des ressortissants d’origine marocaine a pour objectif de

renforcer la coopération entre ses membres pour développer et promouvoir les valeurs marocaines, de trouver des solutions aux questions d’intérêt général, de promouvoir et de défendre les intérêts sociaux, culturels, éducatifs, sportifs et économiques de tous les Marocains du Grand Toronto. La soirée qui aura lieu à Toronto en présence de dignitaires marocains et canadiens ainsi que plusieurs partenaires de l’AMDT, sera animée par des orchestres marocains, africains et arabes. Au-delà de son aspect récréatif, cette activité permettra d’une part de reconnaitre le travail des bénévoles, d’affirmer et de mettre en valeur notre identité et notre

richesse culturelle marocaine et d’autre part, réaffirmera davantage les liens harmonieux transfrontaliers de voisinage et de cousinage avec les communautés. Service consulaire, bancaire et immobilier Pour joindre l’utile à l’agréable, l’Association marocaine de Toronto organisera, en partenariat avec le Consulat du Maroc à Montréal, des services consulaires à Toronto tout au long des journées des 2 et 3 Avril. Un forum Économique est également prévu, auquel participeront toutes les institutions économiques, financières et établissements bancaires marocains représentés au Canada.

Lancement du projet Racines

Soutien aux familles d’origine Marocaine en difficulté Conscient des défis de plusieurs familles d’origine Marocaine du Québec, l’organisme Repère lance son projet Racines. Un projet qui a pour objet de soutenir et outiller les familles d’origine Marocaine en difficulté. Une implication sociale qui est apparue comme nécessaire vu les différentes difficultés que plusieurs intervenants et professionnels ont pu soulever en travaillant directement avec leur communauté. Le projet met en évidence trois

objectifs : • Consolider le noyau familial; • Outiller les familles pour mieux comprendre le fonctionnement de la société québécoise; • Soutenir les parents ayant des jeunes en difficulté. Racines préconise la mise en place d’un modèle de sensibilisation, de conscientisation, de prévention et de d’intervention efficace, qui prend en compte

un ensemble de facteurs. À travers ce modèle et ses différentes approches, les professionnels, impliqués dans le projet Racines, vont travailler, bénévolement, pour éviter les ruptures et l’éclatement de la famille. Le but est d’aider les membres de la famille afin de reconstruire l’identité individuelle et l’identité familiale en intégrant les éléments significatifs de soutien, d’intégration et de développement mis à leur disposition dans la société d’accueil.

29

Atlas.Mtl

Le lancement officiel de projet Racines aura lieu vendredi, le 8 avril 2016 à 18h00 à l’hôtel Espresso au 1005 Rue Guy, Montréal, QC H3H 2K4. Salle St-Laurent. Inscription obliga-

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

toire. Contact: Mbarhone@gmail. com


30

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Cultures

Arts-Visuels

Rallye-Expos : Hadjira Preure et les «Deux cultures» Par Réda Benkoula

Le Rallye-Expos de Vues d’Afrique est sans aucun doute le rendez-vous incontournable des arts-visuels qui s’étend du 1er février au 30 juin 2016, avec comme chaque année de nombreuses expositions dans différents lieux de Montréal, une occasion pour les amoureux de l’art et les curieux de rencontrer les artistes et découvrir leurs œuvres à l’image de l’exposition « Deux cultures » qui est organisée à la Galerie 2456 à Montréal. « Deux Cultures » réunit lors du mois des femmes treize artistes femmes Algériennes et Québécoises qui en profitent pour échanger leurs expériences et se posent les questions sur la position de la femme ici et ailleurs. Ce jumelage des cultures est aussi un jumelage des genres artistiques et des influences qui interpelle les visiteurs à l’image des œuvres de

Madame Hadjira Preure, une artiste Algérienne connu qui partage sa passion en tant qu’artiste mais aussi en tant que Professeur car dit-elle « l’art lui donne beaucoup d’espoir ». En effet, l’artiste présente trois tableaux aux thématiques flamboyantes puisqu’on y découvre la nature ainsi que l’architecture de la Casbah d’Alger, le lieu de naissance de Madame Preure qui tient à représenter ce quartier historique de la capitale Algérienne.

L’artiste confie d’ailleurs qu’elle trouve ses inspirations dans son histoire, son passé et son présent : « Ce sont des tableaux qui font partie d’une série que j’ai commencé à peindre il y a deux ans et ça représente la culture de mon pays où j’essaye de représenter le bon côté. Il y a de belles choses que je veux représenter à mes enfants ainsi qu’à ceux qui ne connaissent pas l’Algérie. Comme ça je garde ce

31

souvenir car je ne veux pas oublier mon pays ». Madame Preure prévoit de faire des expositions car au-delà du temps qu’elle consacre à son art, c’est son amour de la peinture qu’elle veut partager. Le Rallye-Expos se poursuit et il est

Atlas.Mtl

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

aussi l’occasion de faire viser le passeport saison à chaque exposition pour gagner de nombreux cadeaux. Programmation du Rallye-Expos : www.vuesdafrique.org


32

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Cultures

24e édition du Festival de Musique du Maghreb

Le pluriel des musiques

Et un hommage à feu Nazir Bouchareb Les Productions Nuits d’Afrique organisent la 24e édition du Festival de Musique du Maghreb en trois soirées thématiques à travers trois plateaux d’artistes créés spécialement pour l’événement les 31 mars, 1er et 2 avril prochains. - Les « 30 ans du Bled à Montréal », jeudi 31 mars au Club Balattou, marqueront 30 ans de rétrospective de musique du Maghreb et rendront hommage à Nazir Bouchareb avec : Karim Benzaïd (Syncop), Khalil Abouabdelmajid (Bambara Trans), Chakib Kouidri (Nomad’Stones), Fathallah Laghrizmi (Marocouleurs). - « La Nuit du Chaâbi » (Algérie), vendredi 1er avril au Théâtre Fairmount, rassemblera Achour Zanoutene, Nassim Gadouche et Meryem Saci. Au programme, un concert d’anthologie d’un chaâbi pluriel – un plateau aux mille déclinaisons ! - « Mon Frère », samedi 2 avril au Théâtre Fairmount sera présenté par Karim Saada et ses invités hors pair : Berbanya (Algérie), Mohamed Masmoudi (Tunisie), Rachid Tidjani (Maroc). Au fil des rencontres de cette 24e édition du Festival de Musique du Maghreb, des escales s’arrêteront à Alger, Tunis, ou Marrakech pour y découvrir le pluriel des musiques du Maghreb. On voguera sur un tourbillon de rythmes andalous, berbères, chaâbi, raï, fusion, jazz oriental ou encore gnawa.

Les 30 ans du bled à Montréal Jeudi 31 mars à 20h30 Des musiciens chevronnés, dont le Balattou fut aussi la première scène professionnelle dès leur arrivée à Montréal, se rassemblent pour l’occasion des 30 ans du Club Balattou et interprétèrent 30 ans de musique du Maghreb. C’est Karim du groupe Syncop, formation phare de Montréal qui tiendra les rennes de la soirée accompagné de Khalil Abdouabelmajid du groupe Bambara Trans, formation arabisante les plus festives qu’a connues Montréal, qui remontra spécialement pour l’occasion. De la nouvelle génération d’artistes à Montréal, Chakib Kouidri du groupe Nomad’Stones sera aussi de la partie. Tour à tour, ils présenteront leurs compositions et redonneront vie à des grands classiques du répertoire maghrébin. Cette soirée sera aussi marquée par un hommage tout spécial à Nazir Bouchareb, icône de la musique du Maghreb et fier défenseur de la musique gnawa à Montréal ; se joindra ici Fathallah Laghrizmi leader de Salamate Gnawa et ancien de la formation de feu Nazir Bouchareb, Gnawa Dima. La nuit du chaâbi Vendredi 1er avril à 21h « La Nuit du Chaâbi » est un spectacle unique où le chaâbi algérien sera revisité à travers de talentueux artistes, tantôt puristes, tantôt contemporains. Issu de plusieurs influences : berbère, andalouse, flamenco et chants religieux, il est aussi nommé « le blues de

Feu Nazir Bouchareb la Casbah » ou « le jazz de l'Afrique du Nord » pour ses libertés et improvisations. Achour Zanoutene et Nassim Gadouche, chaâbistes hétéroclites nous guideront, au chant et à la mandole, dans cet univers pour un retour aux sources avec escales et fusions. Meryem Saci, icône de la musique hip-hop montréalaise, du collectif Nomadic Massive, s’attaquera à cet univers masculin pour y apporter une touche féminine, audacieuse et underground ! Sous la direction artistique de Rafik Abdeladim, un orchestre composé de 8 musiciens (violon, bendir, percussions, tar, batterie, basse, banjo, mandole) accompagnera ces 3 chanteurs pour une expérience musicale exceptionnelle où rythmes et ambiances se confondent. Mon frère Samedi 2 avril à 21h

33

Atlas.Mtl

Dans son tout dernier album « Mon Frère » (paru en 2015), Karim Saada chante la vie, l’espoir, les nostalgies, la tolérance et rend hommage à son jeune frère Jamel lui aussi banjoïste ; récemment disparu et avec qui il formait un duo en Algérie. Ce spectacle orchestré par Karim Saada fait allusion "aux frères du monde" au sens large et rassemble des invités de marque, qu’ils soient musiciens, danseurs, ou même humoristes. Le groupe Berbanya nous offrira de somptueux rythmes berbères de Kabylie. Rachid Tidjiani de Salamate Gnawa sublimant les cordes de son ghembri, nous envoûtera au son de la musique gnawa, ce « blues ancestral » du Maroc. Autre invité, le maître des cordes Mohamed Masmoudi, d’origine tunisienne performera à son instrument de prédilection, l'oud, aussi le plus

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

important des traditions musicales orientales. L’humoriste Uncle Fofi, l’homme derrière le Couscous Comedy Show introduira chaque artiste invité à travers de minisketch. En plus, on pourra apprécier les performances de la danseuse orientale Houria. Tout au long de cette soirée de clôture, Karim Saada interprétera à la mandole, au banjo ou à la guitare des pièces tirées de ses trois albums ; ses invités de choix nous offriront des pièces de leur propre répertoire. Les 31 mars, 1er et 2 avril prochains, venez célébrer le pluriel des musiques du Maghreb lors du 24e Festival de Musique du Maghreb. Un voyage musical et une myriade de cultures ! Infos : www.festivalnuitsdafrique.com


Cultures

Spectacles : Les 30 ans du Club Balattou

Berceau des musiques du monde au Canada

30 ans déjà ! Il y a 30 ans, le Club Balattou accueillait les premiers artistes de musique du monde au Canada. Endroit culte à Montréal fondé par Lamine Touré, le club s’est très vite démarqué par son côté visionnaire et précurseur : incubateur de créativité dès ses débuts et jusqu’à maintenant, on y met en valeur des artistes tant de la scène locale, nationale, qu’internationale en musique du monde. En constante évolution avec son temps, il est le théâtre de projets novateurs : des talents y naissent, des légendes y passent ou y ont été propulsées…

Véritable berceau des musiques du monde au Canada, cette salle du boulevard Saint-Laurent demeure aujourd’hui une institution culturelle incontournable !

C’est aussi au Club Balattou qu’est né le Festival International Nuits d’Afrique, événement majeur à grand déploiement qui lui aussi soufflera 30 chandelles cet été !

30 années obligent, le second volet de la fête, ce jeudi 24 mars 2016, s’intitule « À la croisée des générations » qui propose un mélange de voix et de genres, orchestré par le légendaire groupe Jab Jab

Trois décennies de musique du monde La célébration de cet anniversaire ont été lancées le 17 mars écoulé, avec un appel à la fête qui prenait nom « Les tambours du monde » avec un véritable festival de percussions mêlant les sonorités de l’Afrique de l’Ouest ou Centrale, Brésil, Haïti ou Cuba…

(soca, calypso), lui même pionnier à avoir foulé les planches du Balattou 30 ans plus tôt.

Jab Jab performe et invite la jeune génération d’artistes montréalais qui a le vent en poupe à le rejoindre ! Dans un style propre à chacun : Veeby (Cameroun), Rookie Rook (France), Élété (Tchad, un des frères de H’Sao), Takeyce-Ti (Jamaïque), et Kali de Kali & Dub (Trinidad) mêleront leur timbre de voix si particuliers et leur talent avec originalité ! Ambiance assurée ! Jeudi 31 mars enfin, ce sera le temps des «30 du bled à Montréal» (voir page précédente) : gnawa, fusion, chaâbi, raï… Un lieu unique Le Club Balattou est une véri-

table institution depuis 30 ans : un lieu unique, multiculturel, rassembleur, artistique, ouvert à tous et dont la réputation dépasse largement les frontières. Souvent nommé, cité, et même chanté à travers le monde, il reste la référence en musique du monde à Montréal et continue de rallier tous les

publics ! CHANTONS et DANSONS TOUS LE BALATTOU les jeudis 17, 24 et 31 mars prochains ! Informations : www.balattou. com

La diversité en musique Appels à candidatures Un événement et une initiative majeurs font appel aux artistes de musiques du monde pour déposer leur dossier : Mundial Montréal et le Prix de la diversité en musique du monde. Une occasion pour les

artistes de mieux se faire connaître et de faire rayonner leur talent. Mundial Montréal, le Rendez-Vous NordAméricain des Musiques du Monde, invite les artistes à soumettre leur candidature pour être

présenté dans le cadre d’une vitrine lors de la 6ème édition du 15 au 18 Novembre 2016. Mundial Montréal constitue un tremplin pour la carrière des artistes du Canada, mais aussi internationaux. Grâce à une programma-

tion de qualité et des activités de réseautage ciblées, Mundial s’est d’ores et déjà établi comme l’évènementcontact à ne pas manquer en Amérique du Nord. Découvertes musicales et opportunités professionnelles assurées.

Formulaire de soumission (date limite: 27 mars 2016): http://mundialmontreal. com/submissions/

Vitrine 2016 des musiques locales métissées La sixième édition est lancée… Vision Diversité lance un appel aux artistes locaux de musiques métissées pour déposer leur dossier de candidature à la 6e édition de la Vitrine des musiques locales métissées et ce, dans le cadre du 10e anniversaire de Vision Diversité. Présentée les 28, 29 et 30 octobre 2016, la Vitrine

offre annuellement aux finalistes du Prix de la diversité ainsi qu’à 15 autres groupes d’artistes montréalais aux créations métissées, une plate-forme professionnelle à L’Astral et au cours de trois soirées destinées à les faire connaître des 20 partenaires de la Vitrine, des diffuseurs, des producteurs, des médias

mais aussi du grand public. Des prix Coup de cœur seront remis lors de la soirée de clôture par chacun des membres du jury formé des partenaires de l'événement. Depuis le 18 mars et jusqu’au 25 avril 2016, date limite d'inscription, les artistes peuvent déposer leur

34

Atlas.Mtl

candidature en remplissant le formulaire d'inscription téléchargeable sur le site de Vision Diversité. La Vitrine 2016 est soutenue par l'UNESCO, le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts de Montréal, la Ville de Montréal et Bell Média.

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

L'annonce des artistes sélectionnés et des Prix Coup de cœur remis par les partenaires à la Vitrine 2016 se fera au moins de juin. Formulaire et conditions de candidature: http://visiondiversite.com/ Vitrine2016.html


35

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Cultures

Cinéma : «Montréal la blanche»

Une sorte de voyage au bout de la nuit…

Montréal la blanche. Tel titre n’aura jamais paru autant d’actualité, avec le débat sur la diversité culturelle qui a agité quantité de tribunes dans les dernières semaines. Or, le premier long-métrage de fiction du réalisateur Bachir Bensaddek, dont la première précédée d’un tapis bleu a eu lieu aux Rendez-Vous du cinéma québécois (RVCQ), n’a rien à voir avec la question de la représentation ethnique dans la métropole.

«C’est un clin d’œil à Alger la blanche, qui est ma ville natale, note Bensaddek, lequel est débarqué au Québec en 1992. En 2004, j’avais écrit une pièce de théâtre sur la communauté algérienne de Montréal, et je cherchais un titre qui pourrait évoquer Alger et Montréal à la fois, et c’a été Montréal la blanche. Le titre n’est pas dans le sens qu’il n’y a que les Blancs qui s’en sortent à Montréal (rires).» À l’époque, Montréal la blanche, présentée au Monument-National, était produite par la compagnie Porte Parole qui, encore aujourd’hui, se spécialise dans le théâtre documentaire. Et, depuis ce temps, Bachir Bensaddek, qui a jusqu’ici surtout bossé sur des documentaires et en télévision, rêvait de transposer son histoire au grand écran. Il lui aura fallu réécrire une quinzaine de fois son scénario pour arriver à ses fins, et c’est maintenant chose faite : Montréal la blanche a été projeté en sélection officielle au Festival international du film de Rotterdam, au début du mois, où il a été applaudi par plus de 4000 cinéphiles. Ici, l’œuvre prendra l’affiche le 18 mars à Montréal, Québec,

Sherbrooke, Trois-Rivières à Ottawa.

Fantômes du passé Rabah Aït Ouyahia et Karina Aktouf incarnent les deux personnages sur lesquels repose la confrontation au cœur de Montréal la blanche. Le soir de Noël, pendant le Ramadan – deux rites qui ne se croisent qu’environ tous les vingt ans -, un chauffeur de taxi, Amokrane, transporte une passagère, Kahina, pressée de se rendre chez son exconjoint, pour aller chercher son enfant. En observant la dame, Amokrane reconnaît une ancienne vedette pop de son pays d’origine, l’Algérie, qu’il croyait pourtant morte assassinée. «Ensemble, ils font une espèce de voyage au bout de la nuit au cours duquel leur rapport à leur société d’accueil va se confronter», résume Bachir Bensaddek. «C’est la rencontre de deux personnes qui n’en sont pas au même stade de leur intégration, ajoute le cinéaste. Elle, elle est complètement arrivée, elle a fait table rase du passé, et essaie de se tourner vers l’avenir, de façon presque maladive. Lui, c’est le contraire. Il ne réussit pas à «couper le cordon», à oublier les malheurs vécus chez lui.» Bachir Bensaddek raconte que Montréal la blanche s’est construit «sous les auspices» de La vie heureuse de Léopold Z, de Gilles Carle, que le réalisateur considère comme «un film d’hiver et un chouette moment dans Montréal», et le Conte de Noël de Charles Dickens. «C’est autour de Noël, il y a les fantômes du passé qui ressurgissent, et c’est ce que

j’ai voulu montrer. Avec le Ramadan autour, ça crée un climat de fête euphorique et de drame, parce qu’il y a des bibittes qui ressortent… Au fur et à mesure qu’ils s’enfoncent dans la nuit et

36

Atlas.Mtl

dans leurs confrontations, les stigmates du passé vont ressurgir. Et ils finiront transformés par ce voyage», conclut Bachir Bensaddek. Le tournage de Montréal la blanche s’est déroulé à Montréal, en janvier 2015,

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

par les nuits de très grand froid. Quelques séquences ont aussi été filmées pendant une semaine en Tunisie. En salle depuis le 18 mars 2016


37

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Idées (folles)

L’«hélicoptère monétaire»… … ou si l’argent tombait du ciel En 1969, l’économiste américain Milton Friedman imaginait une méthode radicale pour lutter contre la déflation : un hélicoptère larguant depuis les airs des montagnes de billets sur les villes, afin de gonfler le porte-monnaie des consommateurs et les inciter à dépenser plus, faisant ainsi remonter les prix. Ainsi était née la notion d’« helicopter money » ou « hélicoptère monétaire ». « C’est un concept très intéressant […] mais nous ne l’avons pas encore vraiment étudié », a déclaré contre toute attente M. Draghi la semaine dernière en conférence de presse. Hétérodoxe et controversé, l’hélicoptère monétaire n’a encore jamais été utilisé à grande échelle dans l’histoire moderne. Les propos de M. Draghi ont suffi à enflammer les spéculations autour de l’usage d’un tel outil, au moment où, partout, les doutes grandissent quant à l’efficacité des politiques monétaires pour faire grimper les prix. « L’hélicoptère monétaire fait actuellement l’objet d’intenses réflexions dans les milieux universitaires et les banques centrales », estime Marcel Fratzscher, président de l’institut économique allemand DIW. « Ce serait toutefois vraiment un instrument de dernier recours, si plus rien d’autre ne fonctionnait. »

Prêts géants gratuits pour les banques, achats massifs de dettes sur les marchés à travers le programme « QE », taux au plus bas, la BCE, comme sa consoeur japonaise d’ailleurs, a multiplié les efforts ces deux dernières années pour tenter de faire remonter les prix. En abreuvant les banques d’argent frais, la BCE espère stimuler l’octroi de prêts aux ménages et entreprises, et relancer la croissance. En Europe, le financement de l’économie passe presque exclusivement par le crédit bancaire. Mais depuis trois ans, l’inflation est systématiquement sous la cible d’un taux « proche mais inférieur à 2 % », définition pour la BCE de la stabilité des prix. Lestés par l’effritement des cours du pétrole, les prix ont même reculé sur un mois en février. L’octroi de prêts ne progressant que très lentement, une grande partie de l’argent déversé par la banque centrale reste coincé dans les tuyaux du circuit financier, sans parvenir aux consommateurs. Le recours à l’hélicoptère monétaire permettrait de contourner les banques pour verser de l’argent directement dans la poche des ménages. Si les sommes actuellement injectées par la BCE « étaient réparties entre tous les habitants de la zone euro, chaque citoyen pourrait recevoir jusqu’à 175

euros chaque mois », fait valoir le collectif « QE for people », un regroupement d’associations et d’économistes favorables à cette mesure. En pratique, l’hélicoptère monétaire peut recouvrir d’innombrables formes : distribution de coupons aux citoyens à dépenser dans les magasins, programme d’investissement, ou baisse d’impôts, le tout financé par la banque centrale. Michaël Malquarti, économiste de la banque helvétique SYZ, plaide quant à lui depuis plusieurs années pour que la Banque nationale suisse puisse verser de l’argent directement aux citoyens grâce au système d’assurance-maladie du pays. « J’aimerais voir la Suisse

38

Atlas.Mtl

comme une pionnière dans ce domaine. Cela pourrait faire tomber une barrière psychologique », déclare à l’AFP M. Malquarti. Mais en zone euro, où cohabitent 19 États et systèmes fiscaux différents, la mise en oeuvre d’une telle mesure se heurte à d’importantes difficultés techniques, logistiques et éthiques. Sans parler des obstacles légaux : si rien n’empêche en principe la BCE de verser de l’argent aux citoyens, les traités européens lui interdisent en revanche formellement de financer directement les gouvernements. « Jusqu’à présent, pour avoir de l’argent, il fallait normale-

nº 274 du 24 mars au 6 avril 2016

ment le gagner. Si la BCE se mettait à distribuer de l’argent sans contrepartie, cela constituerait un énorme bouleversement des habitudes économiques et mettrait l’économie de marché en danger », pointe également Jörg Krämer, économiste de Commerzbank. Mais « si tout le reste échoue, le débat autour de l’hélicoptère monétaire va passer à l’étape supérieure », juge Christophe Rieger. Pour Jonathan Loynes, économiste de Capital Economics, « la leçon des dernières années, c’est que des politiques qui semblaient inimaginables peuvent devenir réalité ».


39

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


40

Atlas.Mtl

nยบ 274 du 24 mars au 6 avril 2016


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.