nº 341 du 13 décembre 2018
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Mise à jour économique
Le gouvernement Legault joue la carte de la prudence
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nº 341 du 13 décembre 2018
Politique provinciale Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Wahid Megherbi, Reda Benkoula Publicité : Pub Smart Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com
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Élection partielle : Roberval passe à la CAQ
Legault renforce son assise parlementaire Le premier ministre François Legault a réussi son premier test électoral depuis le scrutin du 1er octobre en arrachant, lundi 10 décembre 2018, la circonscription de Roberval au Parti libéral du Québec. Les électeurs ont en effet appuyé fortement Nancy Guillemette, qui briguait les suffrages sous la bannière de la Coalition avenir Québec dans une élection partielle qui avait été rendue nécessaire en raison de la démission de l’ex-premier ministre Philippe Couillard, moins de 10 jours après la défaite du Parti libéral du Québec aux élections générales du 1er octobre dernier. Sans tarder!
M. Legault pouvait appeler aux urnes les électeurs de Roberval à tout moment d’ici avril 2019. Il a fait le pari de le faire moins d’un moins et demi après les Site web: www.atlasmedias. élections générales. Pari réussi. La CAQ a obtenu largement com plus de 50 % des votes, comparativement à 24,2 % le 1er octobre dernier.
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Depuis 2002
Comme ils l’ont fait en septembre 2012 et en avril 2014, les électeurs de Roberval ont appuyé, le parti politique au pouvoir. « Le lac est bleu… bleu CAQ ! » s’est réjoui M. Legault moins d’une heure après la fermeture des bureaux de vote. Il a souhaité la « bienvenue dans l’équipe du changement » à Mme Guillemette. « Grâce à cette victoire, on a maintenant 75 députés de la CAQ ! Pas mal pour un nouveau parti », a-t-il ajouté devant des partisans ras-
semblés à hôtel Château Roberval. M. Couillard, un « bleuet blanc », avait été réélu le 1er octobre dernier avec l’appui de 42,5 % de la population. Il avait obtenu quelque 5000 voix de plus que la candidate caquiste, Denise Trudel (24,2 %). Mais le candidat libéral William Laroche a échoué à conserver la circonscription de Roberval dans le giron du PLQ, en dépit de l’appui, filmé, de M. Couillard au cours des derniers jours. M. Laroche a terminé la course au troisième rang. « L’un des arguments qui étaient très présents dans cette campagne [c’est] : “Nous, on veut être du côté du pouvoir”. C’est clairement ce que les électeurs ont choisi », a indiqué le chef intérimaire du PLQ, Pierre Arcand, à Radio-Canada.
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Le Parti libéral est rayé de la carte du Saguenay–Lac-SaintJean. Le Parti québécois, lui, est cantonné à la circonscription de Jonquière. La CAQ détient quatre des cinq circonscriptions. Le candidat péquiste, Thomas Gaudreault, qui briguait les suffrages pour la deuxième fois en deux mois et demi, est passé du troisième au deuxième rang. Ses appuis se sont toutefois légèrement resserrés depuis le scrutin du 1er octobre. Taux de participation : 34,51% Le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, a réagi aux résultats sur Twitter. Il a félicité le candidat du parti pour sa « campagne courageuse dans Roberval », les candidats des autres partis, mais aussi Nancy Guillemette pour son élection comme « première
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femme […] députée de l’histoire de la circonscription de #Roberval ». Le candidat solidaire, LucAntoine Cauchon, a su convaincre environ 11 % des électeurs à voter QS. Il a terminé, comme le 1er octobre, au quatrième rang. Face à un taux de participation que Manon Massé décrit comme faible, la co-porte-parole de Québec solidaire a réagi lundi soir dans un communiqué: «on peut comprendre que si peu de temps après la campagne électorale générale, les gens montrent un désintérêt pour la politique. François Legault a voulu profiter d’un momentum qui lui était favorable au détriment d’un climat favorable à une meilleure participation». Ce sont 34,51 % des électeurs qui ont exercé leur droit de vote.
Politique provinciale
Mise à jour économique
Le gouvernement Legault joue de prudence En attendant « le vrai budget, le gros budget » prévu pour mars, François Legault a présenté lundi 4 décembre 2018, une mise à jour économique qu’il qualifie de « prudente ». Celle-ci remettra tout de même 1,7 milliard de dollars sur cinq ans dans le « portefeuille » d’un million de Québécois. « C’est un début », a insisté le premier ministre à plusieurs reprises, pour signifier que son énoncé économique ne constitue pas une mesure de son programme électoral. Après avoir martelé pendant des années que « les Québécois sont étouffés » financièrement, M. Legault a fait un premier geste pour alléger leur fardeau. Le gouvernement caquiste accordera un répit aux familles d’au moins deux enfants en leur remettant 1,1 milliard de 2018-2019 à 2022-2023. Au passage, il octroiera aux aînés à faible revenu plus de 565 millions durant la même période. Ce sont 423 000 familles québécoises appartenant à la « classe moyenne » qui profiteront de la mesure phare de cette mise à jour, soit la création de l’« allocation famille ». Précisément, les parents de deux enfants gagnant un revenu familial de 108 344 $ ou moins toucheront une « allocation famille » supplémentaire de 500 $ par année, tandis que les parents de trois enfants gagnant 123 194 $ ou moins bénéficieront d’une « alloca-
Grands chiffres
Revenus consolidés pour 20182019 : 112,5 milliards de dollars. Croissance de 3,8 % par rapport à l’année dernière. Dépenses consolidées pour 2018-2019 : 108 milliards de dollars. Croissance de 4,3 % par rapport à l’année dernière. Surplus de 4,5 milliards de dollars pour 2018-2019. Surplus prévus de 2,5 milliards de dollars en 2019-2020. Surplus prévus de 2,8 milliards de dollars en 2020-2021. Versements prévus au Fonds des générations : 2,9 milliards en 2018-2019. Surplus dégagé en 2017-2018 : 2,6 milliards, après les versements au Fonds des générations.
tion famille » de 1000 $. « Il n’y a pas de définition précise de ce qu’est la classe moyenne. Mais c’est autour de ça », a expliqué M. Legault en conférence de presse. Le chef du gouvernement repousse autrement la concrétisation de plusieurs promesses faites par la Coalition avenir Québec en campagne électorale. Ainsi, les Québécois qui espéraient voir le gouvernement amorcer l’uniformisation du taux de taxation scolaire à la grandeur du Québec devront patienter jusqu’au printemps prochain. Le gouvernement ne peut bouger sur ce front avant que l’Assemblée nationale adopte un projet de loi en ce sens, a précisé le ministre des Finances, Eric Girard. « L’idée était d’agir maintenant », a souligné M. Legault, dans une salle d’un hôtel à Québec, lundi midi. Quelques dizaines de sympathisants triés sur le volet et un immense drapeau du Québec avaient été installés pour l’occasion derrière lui. Tarif de garde D’autre part, le gouvernement caquiste effectuera en 2019 un timide « premier pas » vers l’instauration d’un tarif unique pour les services de garde éducatifs à l’enfance en gelant la contribution additionnelle exigée aux parents gagnant un revenu familial net dépassant 51 340 $. Environ 140 000
familles profiteront de ce « répit » d’une valeur totale de 200 000 $ pour 20182019. Le ministère des Finances s’attend à éponger un manque à gagner de 11,4 millions sur cinq ans. M. Girard a convenu qu’il s’agit d’une mesure « symbolique ». « On trouvait que l’indexation des contributions additionnelles dès janvier était contradictoire avec le message que nous avons donné [en campagne] », a affirmé l’élu caquiste. Cela dit, la contribution de François Legault base dans les CPE, en M. Girard. milieu familial et dans les garderies privées subvenMarges de manœuvre tionnées passera comme prévu de 8,05 $ à 8,25 $ par « Le contexte économique jour à compter du 1er janfait en sorte que le Québec a vier prochain, ce qui annulera l’effet de la mesure connu une augmentation plus importante que prévu caquiste sur la contribution de ses revenus fiscaux », additionnelle. « On a tounote Québec dans cette mise jours dit que le montant de base va être indexé, mais [en à jour. fonction de la hausse] du « En particulier, la révision à coût de la vie. Il n’y aura la hausse de la croissance plus de folie de monter ça à économique depuis mars 22 $», a lancé M. Legault. 2018 [le dernier budget Leitão] a contribué à accroîLe gouvernement québécois tre davantage que prévu les créera par ailleurs un nourentrées fiscales de l’État. veau crédit d’impôt rem[…] Cette marge de boursable pour le soutien des aînés à faible revenu. Ce manoeuvre permet au gouvernement de remettre crédit permettra à plus de immédiatement de l’argent 570 000 personnes âgées de 70 ans ou plus de bénéficier, dans le portefeuille des Québécois. » dès 2018, d’une aide pouvant atteindre 200 $ par année (ou 16,66 $ par mois). Mais le gouvernement a voulu jouer de prudence « Je pense que ça compte lorsqu’on est un aîné à faible malgré ce contexte favorable. « Il y a de l’incertitude revenu. C’est un ajout qui est significatif », a fait valoir sur l’ensemble des marges
de manoeuvre que nous avons », a souligné le ministre Girard. « Ça n’aurait pas été prudent de tout dépenser immédiatement. » Tout compte fait (en incluant la valeur des mesures annoncées lundi, soit 229 millions pour 2018-2019), le gouvernement calcule qu’il disposera à la fin de l’année d’un solde budgétaire positif de 1,65 milliard. Le surplus officiel est chiffré à 4,5 milliards, mais il faut y retrancher 2,85 milliards à verser au Fonds des générations. La situation « permet au gouvernement d’éliminer le recours à la réserve de stabilisation et de financer des initiatives, tout en préservant l’équilibre budgétaire », note-t-on. Québec puisera par ailleurs Suite à la page 5
Le Premier ministre accorde une belle augmentation aux directeurs de cabinet Le salaire des directeurs de cabinet a fait un bond après l’arrivée de la Coalition avenir Québec aux commandes de l’État. Plus de la moitié d’entre eux reçoivent la somme maximale prévue par une directive, soit 156 043 $par année, ont relevé les média.
Legault. En effet, le bras droit du chef du gouvernement, Martin Koskinen, gagne 22 890 $ de moins que son prédécesseur, Jean-Pascal Bernier (195 000 $ contre 217 890 $).
Les employés politiques recrutés par la garde rapprochée de François Legault au lendemain du scrutin du 1er octobre dernier gagnent ainsi, en moyenne, 10 000 $ de plus, par année, que leurs prédécesseurs.
Plus payées, moins nombreuses En excluant le salaire du directeur de cabinet du premier ministre de l’équation, les femmes gagnent en moyenne 2420 $ de plus par année que leurs confrères. La différence était de 4300 $ à la fin de la gouverne Couillard, toujours à l’avantage des femmes. Celles-ci avaient bénéficié de hausses salariales significatives après la publication d’une dépêche de La Presse canadienne indiquant que le salaire moyen versé aux directrices de cabinet accusait un retard de 17 203 $ sur celui de leurs collègues cravatés.
Une exception notable : le directeur de cabinet du premier ministre François
Cela dit, les femmes sont nettement moins nombreuses actuellement à la
Le salaire annuel moyen des directeurs de cabinet des membres du gouvernement Legault s’élève à 147 330 $, et ce, comparativement à 136 939 $ pour les directeurs de cabinet des membres du gouvernement Couillard.
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tête de cabinets ministériels (35 % ou 9 sur 26) que durant la dernière ligne droite du gouvernement Couillard (52 % ou 15 sur 29).
Barèmes L’échelle de rémunération des chefs de cabinet du gouvernement de la CAQ compte quatre échelons : 120 000 $, 130 000 $, 140 000 $ et 156 043 $. Les neuf femmes occupent les deux échelons les plus élevés — les directrices de cabinet des ministres délégués ou responsables touchent 140 000 $ par année ; celles des ministres en titre reçoivent 156 000 $. C’est le ministre qui détermine la rémunération du directeur de son cabinet tout en ayant en tête que la rémunération d’un directeur de cabinet de ministre ne peut être supérieure au maximum de l’échelle de traitement prévu pour le personnel d’encadrement
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de la fonction publique, classe I. Celuici est plafonné à 156 043 $ depuis le 1er avril 2018. Cela dit, les directeurs de cabinet peuvent aussi toucher une allocation de dépenses de fonction, et ce, sur présentation de pièces justificatives. Le Devoir a demandé le salaire des directeurs de cabinet de chacun des ministères en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics. Tous ont obtempéré à cette demande de renseignements. Le ministère de la Culture et des Communications s’y était d’abord refusé, invoquant une « absence d’autorisation » de la directrice de cabinet, Manon Gauthier. Il est toutefois revenu sur ses paroles après avoir été avisé que les autres ministères s’étaient pliés à cet exercice de transparence sans rechigner.
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Mise à jour économique
Le gouvernement Legault joue de prudence Suite de la page 4
huit milliards dans le Fonds des générations pour rembourser la dette. Ce montant s’ajoute aux deux milliards annoncés plus tôt cette année par le gouvernement Couillard. Québec prévoit atteindre dès 2020-2021 soit cinq ans plus tôt que prévu - son objectif de ramener le poids de la dette brute à 45 % du PIB. Plus de moyens dès le 1er avril
Le gouvernement de la CAQ ajustera la croissance des dépenses des missions de l’État, à commencer par les priorités que sont l’éducation et la santé, lors de la présentation du budget 2019-2020. Des sommes additionnelles seront allouées pour améliorer la qualité de vie des résidents des CHSLD, pour déployer des maternelles 4 ans ou encore pour accroître le dépistage des problèmes de développement et d’apprentissage chez les tout-petits, à compter du «
1er avril », a précisé M. Legault lundi.
« Aujourd’hui, nous commençons à livrer la marchandise pour les familles et pour les aînés. Mon gouvernement ne va pas regarder de haut le portefeuille des Québécois », a-t-il insisté. Environnement : une mesure à la fois Après avoir déclaré dans son discours d’ouverture que « la survie de la planète est en
jeu », François Legault a annoncé lundi un premier engagement minimaliste en matière environnementale : prolonger de quelques mois le programme d’aide à l’achat d’un véhicule électrique neuf ou d’occasion (un investissement de 20,7 millions en 2018-2019). Et pour la suite ? Le gouvernement se « penchera sur les moyens à prendre afin d’optimiser cette mesure ». Le premier ministre a défendu son approche en disant qu’« il faut être prudent. Les mesures qui ont l’air spec-
taculaires et urgentes à court terme ne sont pas nécessairement les meilleures ». Selon M. Legault, c’est par le transport en commun que l’essentiel de l’effort de réduction des GES viendra. « C’est de ce côté qu’on va faire des gestes qui vont vraiment avoir un impact. » On calcule que la mesure annoncée favorisera l’acquisition de 3350 véhicules, de même que l’installation de 1200 bornes supplémentaires.
L'opposition souligne un «décalage» entre les promesses électorales et les mesures annoncées Les partis d’opposition ont dénoncé la tiédeur d’une mise à jour économique qu’ils espéraient plus généreuse. Les libéraux ont notamment fait valoir qu’il y avait un décalage entre les promesses de François Legault en campagne électorale et les mesures de la mise à jour. « Le premier ministre est complètement à côté de ses promesses », a soutenu Gaétan Barrette, critique pour le Conseil du Trésor. M. Barrette s’est dit inquiet « que les gens, s’ils le comprennent […], vont peutêtre se sentir un peu floués ». « Compte tenu de la situation économique et financière du Québec, les Québécois étaient en droit de s’attendre à ce que le gouvernement respecte ses engagements en matière de diminution du fardeau fiscal et
du réinvestissement dans les services, a souligné le critique libéral en matière de Finances (et ancien ministre) Carlos Leitao. Ce que l’on trouve aujourd’hui, c’est bien pour les entreprises, mais il n’y a absolument rien pour améliorer les services. Quant à nous, la mise à jour d’aujourd’hui est un rendez-vous manqué. » « On ne comprend pas pourquoi il fallait attendre jusqu’au budget » pour annoncer d’autres mesures, a-t-il ajouté. « Les montants sont là, le surplus est là, il est bien réel, bien concret, les marges de manoeuvre sont là, les besoins sont aussi là, très criants, particulièrement en éducation. » Mêmes observations au Parti québécois. « Pendant la campagne électorale, la CAQ nous disait qu’elle voulait réduire le
Gaétan Barrette
fardeau fiscal des gens et réinvestir dans les services, a commenté le leader parlementaire, Martin Ouellet. Rien, dans cette mise à jour, n’apparaît [en matière de] réinvestissement dans les services. En éducation, la priorité des priorités du premier ministre Legault, il n’y a aucun investissement annoncé pour améliorer les services aux enfants.
Martin Ouellet
» Interrogé à savoir s’il n’est pas un peu tôt pour conclure que François Legault renie ses promesses électorales, Martin Ouellet dit que des « millions de Québécois qui s’attendent à de meilleurs services de qualité devront encore attendre. C’est ça, le message de M. Legault : on verra. »
Vincent Marissal
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Québec solidaire a pour sa part relevé l’absence d’engagements en matière environnementale (outre une mesure pour l’achat de véhicules électriques). « Il y avait une occasion là-dedans d’aller beaucoup plus loin, de donner un grand coup », a fait valoir le député Vincent Marissal.
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Politique provinciale
Immigration : 13 000 nouveaux arrivants de moins … Ottawa «déçu» par la décision de Québec Le gouvernement Legault vient de mettre la table pour un premier choc avec Ottawa en confirmant sa volonté de réduire de près de 24 % ses seuils d’immigration. Une décision qui « déçoit » le fédéral, avec qui Québec devra négocier ce dossier. Après avoir martelé pendant deux ans qu’il fallait réduire à 40 000 le nombre d’immigrants admis au Québec, François Legault est passé aux actes mardi 5 décembre 2018. Le Plan d’immigration du Québec pour 2019 confirme l’objectif d’accueillir 40 000 personnes immigrantes, soit environ 13 000 de moins qu’en 2018. Si Ottawa accepte le plan de Québec, les cibles d’accueil seront proportionnellement revues à la baisse dans les trois catégories d’immigration. Cette « réduction se veut temporaire », selon le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette. Les objectifs à plus long terme seront déterminés lors de la consultation sur le prochain plan triennal (2020-2022). Québec espère donc accueillir 23 450 immigrants économiques en 2019 — c’est la seule catégorie sur laquelle la province a le contrôle. Ce serait environ 7000 personnes en moins par rapport à 2018, cela dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre. Pour les deux catégories gérées par le fédéral, les nouveaux seuils seraient de 8900 immigrants pour le programme de réunification familiale et un peu moins de 7000 pour les réfugiés. La proportion de personnes immigrantes connaissant le français au moment de leur
admission s’établira à environ 41 %, souligne le document du gouvernement.
moins de réfugiés ou d’immigrants en réunification familiale.
« Devant les difficultés d’intégration qu’éprouvent un grand nombre de personnes immigrantes, il faut prendre les moyens pour favoriser leur établissement durable au Québec, a justifié le ministre JolinBarrette. Cela implique une réelle volonté de mieux franciser, de mieux accompagner chaque immigrant dans leur intégration […] et de s’assurer de répondre aux besoins du marché du travail. »
En coulisses, on reconnaît toutefois que ce serait une forme « d’option nucléaire ». « La collaboration entre le Québec et le gouvernement du Canada en matière d’immigration est très importante pour nous », a souligné Dominic Leblanc mardi.
En campagne électorale, François Legault résumait l’approche de cette manière : « en prendre moins, en prendre soin ». « Face à la pénurie de main-d’oeuvre », le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, Dominic Leblanc, s’est dit « déçu » de l’annonce des caquistes. Le premier ministre Trudeau avait aussi confié plus tôt ne pas être « sûr que ce soit le meilleur moment pour réduire le nombre » d’immigrants. Simon Jolin-Barrette — qui a affirmé que ce plan a été « écrit à l’encre du courage » — ne cache pas que le gouvernement fédéral est « préoccupé par cette baisse des seuils ». Mais il soutient avoir « senti une réelle ouverture et volonté de collaborer avec le Québec. Je les invite à poursuivre dans cette voie. » Dominic Leblanc a aussi fait état de sa volonté de « continuer la discussion » avec Québec. Mais il est trop tôt pour dire si Ottawa acceptera le changement demandé. Dans les faits, le fédéral pourrait théoriquement refuser d’envoyer
Accord « Les paramètres établis par le plan d’immigration 2019 sont conformes à la volonté des Québécois, qui l’ont clairement exprimée le 1er octobre dernier », a argumenté le ministre Jolin-Barrette. François Legault a souvent dit en campagne qu’un mandat fort forcerait le fédéral à respecter son plan. Mais il n’y a pour le moment aucune garantie en ce sens, a reconnu son ministre mardi. L’Accord Canada-Québec, qui régit le partage des compétences entre les deux paliers en matière d’immigration, indique que le « Canada établit chaque année les niveaux d’immigration pour l’ensemble du pays, en prenant en considération l’avis du Québec sur le nombre d’immigrants que ce dernier désire recevoir ». Mais il mentionne aussi que « le Québec s’engage à poursuivre une politique d’immigration » visant à « recevoir un pourcentage du total des immigrants reçus au Canada égal au pourcentage de sa population par rapport à la population totale du Canada ». Or, avec un seuil d’accueil à 40 000 personnes, le gouvernement Legault recevrait en 2019 quelque 12 %
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Simon Jolin-Barrette des immigrants arrivant au Canada. La cible fédérale pour 2019-2020 est de 330 800 personnes. La population québécoise représente 23 % de la population canadienne. Simon Jolin-Barrette ne pense pas que son gouvernement soit en train de contrevenir à l’Accord. « Il n’est aucunement question de rouvrir l’entente, a-t-il dit mardi. L’entente Canada-Québec demeure et les montants [transferts fédéraux en matière d’immigration] sont garantis dans le cadre de l’entente Canada-Québec. Et d’ailleurs, le gouvernement fédéral m’a écrit une lettre à ce sujet-là, et nous avons une compréhension commune à l’effet que le minimum que nous pouvons avoir, c’est 490 millions pour cette année. » Cruelle décision « Le gouvernement vise à priver des milliers de familles québécoises qui attendaient, parfois depuis plusieurs années, de revoir un parent ou leurs enfants », a dénoncé la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées ou immigrantes. Elle qualifie de « politique cruelle » cet « acte sans précédent dans
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les politiques d’immigration du Québec ». Les libéraux fédéraux craignent aussi qu’une réduction de l’accueil en réunification familiale crée « un système à deux vitesses, où les familles québécoises sont réunies moins vite qu’au NouveauBrunswick ou en Ontario. Ce n’est sûrement pas l’idéal », a fait valoir M. Leblanc. Porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration, Dominique Anglade juge que « la proposition qui est faite va à l’encontre des besoins en pénurie de main-d’oeuvre ». Mme Anglade a notamment relevé que « la réunification familiale fait partie d’un modèle d’intégration ». Le Parti québécois a pour sa part critiqué le « manque d’ambition » du gouvernement en matière d’accueil d’immigrants francophones, alors que Québec solidaire estime que le gouvernement Legault joue avec la « destinée de dizaines de milliers de personnes pour obtenir des gains politiques ».
Politique provinciale
Laïcité et signes religieux
QS se prépare à un épineux débat Même si elle ne sera pas débattue avant le printemps prochain, la question de la laïcité et des signes religieux suscite déjà des discussions au sein des membres de Québec solidaire (QS) et laisse présager un épineux débat. « Je pense que c’est sain et que QS n’est pas le parti dogmatique qu’on tente de dépeindre. Il y a de la vie, de l’échange et de la discussion », a fait valoir la chef parlementaire, Manon Massé. Jusqu’à dimanche 9 décembre, les membres de la formation politique de gauche étaient réunis à Montréal en Conseil national pour dresser le bilan de la campagne. Cette première rencontre depuis la percée historique de QS leur permettra également d’amorcer leur réflexion sur la laïcité de l’État et des individus. Actuellement, la position de QS s’appuie sur le compromis proposé dans le rapport Bouchard-Taylor, soit d’interdire les signes religieux aux fonctionnaires en position d’autorité, notamment les juges, les policiers et les gardiens de prison. Selon plusieurs membres, la posture actuelle du parti ne reflète pas leurs valeurs. Déjà, deux camps
s’affrontent. D’un côté les Solidaires pour un Québec inclusif. Le groupe est contre toute interdiction de port de signes religieux. Il estime d’ailleurs qu’il n’existe pas de crise de la laïcité au Québec. « Ce n’est pas un débat facile à avoir, mais il est temps de le faire », explique Paolo Miriello, qui milite pour les Solidaires pour un Québec inclusif. « On s’attend à ce qu’il y ait de la résistance, on est conscients que les gens ont l’impression qu’il y a un consensus avec la position du rapport BouchardTaylor, mais ultimement on espère que les gens vont comprendre que cette position-là découle historiquement d’une peur de l’islamophobie depuis le 11 septembre 2001, mais qu’on n’est dans les faits pas réellement menacés par des religions quelconques au Québec », ajoute-t-il. De l’autre, le Collectif Laïcité prône quant à lui une laïcité totale, sans obligation d’accommodements raisonnables. « La religion on ne devrait pas l’afficher, surtout pas lorsqu’on est un employé de l’État », dit Louise Archambault, qui a passé une partie de la journée de samedi à distribuer de la documentation pour appuyer la position du Collectif Laïcité.
Si la table a été mise dès vendredi soir, ce n’est qu’en mars prochain que les militants auront à se prononcer sur la question. Dimanche, ils recevront un document de réflexion qui explique la position actuelle de la formation. Ménage dans le programme Le rassemblement de la fin de semaine a permis à QS de revenir sur la dernière campagne électorale au terme de laquelle le parti a connu une importante percée. Le parti a également admis avoir tiré des leçons, notamment sur la présentation de son programme et de sa plateforme électorale. « C’est clair que notre plateforme est touffue, elle va parfois dans des sujets très pointus et parfois dans des idées très larges », a indiqué Mme Massé. « C’est parfois beaucoup et je pense qu’on a nos devoirs à faire et peut-être à préciser, à prioriser certaines idées », a-t-elle ajouté. Mais faire du ménage dans cette plateforme ne signifie pas recentrer les idées du parti s’est empressé de préciser le co porte-parole solidaire, Gabriel NadeauDubois.
Manon Massé
« On veut la rendre moins touffue, plus précise, plus ciblée, parce que c’est un des défis auxquels ont fait face », a-t-il fait valoir. Selon lui, c’est en conservant son « agenda de rupture » que QS a le plus de chances de prendre le pouvoir en 2022. « Penser que la prise du pouvoir pour un parti passe nécessairement par un recentrage, c’est une vieille manière de comprendre la politique », a-t-il soutenu. Code vestimentaire L’attention médiatique accordée cette semaine à l’habillement de certains des nouveaux députés solidaires a également fait parler. Lors d’une plénière en
avant-midi, l’ancien candidat David Touchette a vivement critiqué au micro l’attitude des élus qui ont « posé » pour le Journal de Québec, puis celle du parti qui a ensuite partagé l’article sur les réseaux sociaux « Comment avez-vous pu laisser aller une dérive sur l’histoire des vêtements », a-t-il questionné. Mme Massé a défendu ses élus, assurant qu’ils n’ont franchi aucune ligne. « On n’a pas orchestré ça parce qu’on veut changer les règlements de l’Assemblée nationale. Les journalistes ont posé des questions à nos députés et nos députés ont répondu franchement et honnêtement », a-t-elle répondu.
Un débat sans témoins!... Les membres de Québec solidaire ont tenté de cacher leurs désaccords sur la laïcité lorsqu'ils ont expulsé les médias d'une discussion consacrée à ce sujet.
débats à huis clos pendant des rassemblements. Mais l'expulsion, séance tenante, des journalistes d'une plénière à laquelle ils avaient été invités est un événement rarissime.
Les militants du parti étaient réunis en conseil national à Montréal pour faire le bilan de la campagne électorale et pour lancer une campagne politique sur les changements climatiques. Ils ont également jeté les bases d'un débat sensible sur l'interdiction des signes religieux dans la fonction publique.
Les partisans de la proposition ont dit vouloir préserver l'image d'unité de Québec solidaire.
Avant même que les échanges commencent, les membres ont voté en faveur d'une proposition pour tenir la séance à huis clos. Les médias ont donc dû quitter la salle sur-le-champ. Il arrive souvent que des partis politiques tiennent des ateliers ou des
« À la différence d'autres partis, pour ne pas les nommer, on n'a pas l'étiquette d'un parti divisé, d'un parti qui fait des chicanes, a argué l'ancien candidat dans Iberville, Philippe Jetten-Vigeant. On a plutôt l'image d'un parti qui établit des consensus en assemblée et, ensuite, qui se tient à ses consensus et qui permet d'avoir un message plus clair. » Tous n'étaient pas d'accord avec lui. Stéphane Morin, militant de la circonscription de Gouin, s'est opposé à
l'initiative. « Je ne veux pas donner de la marge de manoeuvre aux médias en disant que, encore une fois, le politburo, etc., a-t-il résumé. Je ne veux pas que Québec solidaire ait l'air d'un parti qui débat en vase clos pour ce sujet très important. » En mars, les membres de QS seront appelés à redéfinir la position du parti sur la laïcité. Depuis plusieurs années, l'aile parlementaire défend le compromis proposé par la commission Bouchard-Taylor, soit d'interdire des signes religieux aux policiers, juges et gardiens de prison. Un membre du comité de coordination nationale a présenté dimanche matin un document de réflexion qui résume l'évolution de la position de QS sur la question. C'est de cette
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présentation que les journalistes ont été expulsés. Les leaders du parti ont dit pas être d'accord avec l'expulsion des journalistes de la plénière. Mais ils ont dit comprendre le sentiment des membres. « Il y a des gens qui souhaitent discuter sans que leurs propos de ramassent à la une des bulletins de nouvelles, a résumé le co-porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois. Je ne suis pas nécessairement d'accord, mais il faut respecter la décision. » Après l'échec de l'alliance stratégique entre Québec solidaire et le Parti québécois, le chef péquiste JeanFrançois Lisée avait affirmé que le parti de gauche est dirigé par un « politburo ». Il a rappliqué à maintes reprises en campagne électorale,
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dénonçant le courant « marxiste » et « sectaire » du parti. Cet épisode va-t-il donner des munitions à ses adversaires ? Manon Massé ne le croit pas. « Ça témoigne que c'est des sujets qui sont sensibles et que les gens veulent se sentir à l'aise de pouvoir en parler », a-t-elle affirmé. Samedi, cet enjeu explosif a fait apparaître des lignes de fractures très claires dans les rangs solidaires. Les tenants d'une laïcité plus fermes et les « inclusifs » ont chacun établi des kiosques et distribué des tracts aux membres. Certains ont reconnu que le débat qui s'amorce pourrait être « très déchirant ».
Politique provinciale
Le PLQ nouveau est arrivé! La députée de Saint-Laurent, Marwah Rizqy, porte-parole du PLQ en matière d’éducation, en a surpris plusieurs quand elle a dénoncé l’envahissement des universités de langue française par l’anglais. « Le risque de bilinguisation de nos établissements d’enseignement supérieur francophones est bien réel. Des cours qui devaient se donner en français sont donnés en anglais. Nos étudiants qui ont le droit d’obtenir un enseignement de qualité en langue française reçoivent désormais des cours en anglais dans une université francophone », s’est indignée Mme Rizqy.
lancé par une étudiante de l’Université de Montréal, où ce glissement vers l’anglais est particulièrement frappant. Selon la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM), « il est de plus en plus fréquent de retrouver des ressources en anglais, parfois dès la première année de baccalauréat, ainsi que des cours aux cycles supérieurs ».
Défense de la langue française
Cette pratique risque maintenant de s’étendre à d’autres universités. En septembre dernier, la rectrice de l’Université Laval, Sophie D’Amours, reconnaissait que son institution envisageait également d’offrir davantage de cours en anglais afin d’attirer les étudiants étrangers.
Cela faisait bien 30 ans qu’on n’avait pas entendu un élu libéral se porter aussi vigoureusement à la défense du français. Pour certains, la loi 178, que le gouvernement avait fait adopter pour maintenir la règle de l’unilinguisme français dans l’affichage commercial, semble être un épisode honteux à oublier. Philippe Couillard ne cessait de répéter que le français se portait à merveille au Québec.
Ce n’est pas d’hier qu’on s’inquiète de l’anglicisation de l’éducation postsecondaire, tant dans les cégeps, où les diplômes d’études collégiales bilingues se multiplient, qu’à l’université. En 2012, la création d’un MBA uniquement en anglais à HEC Montréal avait soulevé un tollé. L’Université Laval offrait déjà un programme intitulé « Global Business », qu’il est possible de suivre uniquement en anglais.
L’anglicisation des universités
Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a cependant eu beau jeu de répliquer à Mme Rizqy que le gouvernement Couillard a
La députée de Saint-Laurent faisait écho au cri d’alarme
provoqué une accélération du phénomène en adoptant une nouvelle formule de financement des universités, qui prévoit une déréglementation totale des droits de scolarité imposés aux étudiants étrangers à compter de l’année 20192020, sans prévoir de mesure pour garantir le caractère français des universités. « Il est venu en quelque sorte mettre de la pression sur l’université francophone pour se bilinguiser », a-t-il expliqué.
Les étudiants étrangers deviennent une véritable mine d’or pour les universités. Elles feront tout pour les attirer, notamment créer des programmes en anglais, qui sont les plus recherchés. Qui plus est, cette déréglementation favorisera nettement les universités de langue anglaise qui sont déjà surfinancées par rapport au poids démographique de la communauté anglophone de souche. Dans une étude publiée en octobre dernier, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) estimait que la nouvelle politique augmenterait de 16,84 % les revenus de l’Université McGill, de 19,20 % ceux de Concordia et de 18,33 % ceux de Bishop’s. Du côté francophone, les hausses prévues sont les suivantes : 11,50 %
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Marwah Rizky à l’Université de Montréal, 9,02 % à Laval, 7,15 % à l’UQAM et à l’UQAC. Le gouvernement réagit Le ministre de l’Éducation a promis d’apporter des « correctifs importants et nécessaires ». On peut toutefois se demander dans quelle mesure la sortie de Mme Rizqy annonce réellement un changement de cap sur la question linguistique au PLQ. Il est bien connu qu’une hirondelle ne fait pas le printemps. Au lendemain de la dernière élection, plusieurs libéraux ont souligné la nécessité de renouer avec la tradition nationaliste des Jean Lesage et Robert Bourassa, mais la grande majorité des rescapés du 1er octobre ont été élus grâce à l’appui des non-francophones. Pour le moment, le PLQ ne semble pas disposé à manifester une plus grande sensi-
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bilité aux préoccupations identitaires des francophones dans le dossier de la laïcité. En ira-t-il autrement sur la question de la langue ? On pourrait le savoir bientôt. La ministre responsable de la Charte de la langue française, Nathalie Roy, a indiqué que le gouvernement Legault entend se montrer plus vigilant en ce qui concerne l’affichage. « Actuellement, on voit une prolifération des affiches en anglais seulement, c’est inadmissible. C’est le visage même de Montréal du Québec qui est ici touché », a déclaré Mme Roy. Une application plus rigoureuse des dispositions de la loi 101 risque de provoquer des réactions négatives dans la communauté anglophone. Les libéraux vont-ils reconnaître une réalité qu’ils nient depuis des années ou crier au nationalisme ethnique ?
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Politique canadienne
Rencontre des Premiers ministres
Petites chamailleries en famille… Ce 8 décembre 2018, la discorde régnait au terme de la rencontre des premiers ministres fédéral et provinciaux à Montréal. Pour une fois, le Québec n’avait rien à y voir.
Il y en a qui le sont moins », a-t-il souligné avant de se serrer les coudes avec M. Trudeau. « Sur l’environnement, on était pas mal d’accord », a-t-il noté.
En effet, un sentiment de révolte s’était emparé des premiers ministres ontarien, Doug Ford, et saskatchewanais, Scott Moe.
Non au pétrole « sale »
Ils ont dénoncé l’obstination du gouvernement fédéral à instaurer dans leur province une taxe sur le carbone « tueuse d’emplois », en plus de l’accuser de réviser leurs cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Le premier ministre fédéral, Justin Trudeau, s’est pour sa part montré inflexible devant la contestation grandissante suscitée par son plan de tarification du carbone. « C’est important d’agir et de mettre un prix sur la pollution », a-t-il soutenu en conférence de presse. Depuis l’arrivée de M. Ford à la barre du gouvernement ontarien, l’Ontario a fait un « pas en arrière » dans la lutte contre les changements climatiques, a-t-il déploré. « Je pense que c’est très clair que le premier ministre Ford et moi avons une différence d’opinions sur les changements climatiques », a-t-il poursuivi, entouré de la plupart des premiers ministres des provinces et territoires. M. Ford brillait par son absence. François Legault semblait amusé par cette dispute au sein de la famille canadienne. « C’est une gang de séparatistes, c’est ça ! » a lancé à la blague l’ex-élu du Parti québécois aux médias canadiens. Le climat d’hostilité n’est pas étranger, selon lui, à la tenue, dans moins d’un an, des élections fédérales. « Ce que j’ai compris, c’est qu’il y a des libéraux, des conservateurs. Et il y a des gens qui sont plus environnement.
M. Legault a tué dans l’oeuf tout projet de pipeline passant par le Québec. « J’ai été très, très clair : il n’y a aucune acceptabilité sociale au Québec pour avoir un oléoduc », a-t-il déclaré sans détour au ROC (Rest of Canada). M. Trudeau a aussi convenu vendredi qu’« il n’y a aucun consensus » au sujet d’un pipeline calqué sur celui d’Énergie Est, qui visait à acheminer du pétrole de l’Alberta et de la Saskatchewan à un terminal maritime situé à Saint-Jean. Le premier ministre québécois n’a toutefois pas manqué une occasion de faire la promotion de l’hydroélectricité québécoise auprès de ses voisins à la recherche d’énergie renouvelable. « On leur offre une énergie qui n’est pas chère et qui est propre. Moi, je ne me sens pas du tout gêné de refuser de l’énergie sale », a-t-il lancé. Qui plus est, l’industrie pétrolière et gazière canadienne devrait être « correcte », selon lui, si les projets de pipeline Trans Mountain et Keystone XL démarrent. Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, s’est dit étonné de la posture adoptée par M. Legault, qui d’une part refuse net de faciliter le transport du pétrole, mais d’autre part demande de favoriser celui de l’hydroélectricité québécoise. « Ça doit aller dans les deux sens », a soutenu l’élu conservateur. L’Alberta avait acheté de pleines pages de publicité, notamment dans The Gazette et Le Devoir, afin de sensibiliser la population québécoise aux coûts liés à l’absence de débouchés pour
le pétrole albertain et saskatchewanais. La paralysie du projet Trans Mountain, qui consiste à faire passer la capacité du pipeline traversant l’Alberta et la Colombie-Britannique de 300 000 à 890 000 barils par jour, coûte 80 millions de dollars par jour aux Canadiens, indique le gouvernement albertain. « Ce retard signifie [notamment] moins d’investissements dans les énergies vertes », note-t-il dans sa campagne publicitaire. À l’extérieur, des dizaines de manifestants demandaient aux premiers ministres de présenter leur plan d’urgence climatique. « On va talonner les gouvernements tant et aussi longtemps qu’ils n’arriveront pas avec des plans crédibles, tant qu’ils n’écouteront pas la science », a averti le responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada, Patrick Bonin. Les efforts de persuasion commencent à porter leurs fruits, au Québec, a-t-il souligné. « Le gouvernement Legault a reculé. Lui qui était un cancre en environnement, il est en train de reconnaître l’urgence climatique », a dit le militant écologiste, appelant à « augmenter la pression » dans le reste du Canada. « Batterie du Nord-Est américain »
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M. Legault a toutefois dit partager les frustrations de ses homologues de l’Alberta et de la Saskatchewan, qui peinent à exporter leur pétrole et leur gaz. « On a un problème qui est semblable avec l’hydroélectricité. On a des surplus d’électricité. On a des possibilités de construire de nouveaux barrages au Québec pour exporter plus d’électricité. Donc, on a le même défi dans le fond que les provinces productrices de pétrole. Mais le grand avantage qu’on a, c’est que nous, c’est une énergie qui est peu coûteuse et qui est propre », a-t-il souligné. Une rencontre avec son homologue de Terre-Neuveet-Labrador, Dwight Ball, a nourri l’espoir de M. Legault de voir les deux provinces, qui étaient à couteaux tirés pendant des années, s’allier pour « devenir la batterie du Nord-Est américain ». Justin Trudeau a, lui, montré de l’intérêt à favoriser la création d’interconnexions électriques entre les provinces et l’exportation d’hydroélectricité vers les États-Unis. Legault « content » Par ailleurs, François Legault s’est dit « content » de voir M. Trudeau réitérer sa promesse de « donner une pleine compensation » aux
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producteurs laitiers ébranlés par l’Accord Canada–ÉtatsUnis–Mexique (ACEUM). M. Trudeau a justifié la durée des pourparlers entre son gouvernement et les producteurs par la nature des discussions. « Ce n’est pas juste une discussion sur l’argent, c’est aussi une discussion stratégique sur comment on peut améliorer et aider le secteur laitier au Canada », a-t-il indiqué. Par ailleurs, il s’est réjoui de voir son homologue fédéral disposé à rembourser plus que les frais d’hébergement des 24 000 demandeurs d’asile qui ont trouvé refuge au Québec après avoir franchi illégalement la frontière canado-américaine au cours des deux dernières années. Québec a déboursé quelque 300 millions de dollars en « coûts directs » liés non seulement à l’hébergement des demandeurs d’asile, mais aussi à leur éducation et à leur santé. Ottawa pourrait accorder davantage que les 136 millions actuellement sur la table, a indiqué M. Legault, y voyant une avancée. « Je suis content de ma première expérience avec les autres premiers ministres [provinciaux] et le premier ministre du Canada », a conclu M. Legault, quittant sa première rencontre fédéraleprovinciale tout sourire.
Politique municipale
La «stratégie» de la Ville de Montréal
«Apprenez à cohabiter avec les coyotes!» Émilie Thuillier, la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, a présenté le 10 décembre 2018, «le premier plan de gestion de la présence du coyote en milieu urbain à voir le jour au Québec». Quelques incidents impliquant des coyotes ont eu lieu en 2017 et en 2018 dans son arrondissement.
Des coyotes sont présents à Montréal depuis au moins 1973 et peu importe les stratégies que la ville adoptera, ils continueront d’y vivre. Les Montréalais doivent donc apprendre à cohabiter avec ces animaux sauvages. Après avoir consulté des scientifiques et s’être inspirée d’autres villes nord-américaines, comme Chicago et Denver, Montréal adopte diverses mesures visant une coexistence sécuritaire avec les coyotes présents sur son territoire. Le plan montréalais comprend plusieurs mesures : programme d’effarouchement effectué par des brigades spécialisées afin de réinstaller la peur de l’humain chez les coyotes, capture et euthanasie des individus agressifs, ainsi que renforcement des règlements municipaux de gestion des déchets et d’encadrement des animaux domestiques, comme l’obligation de tenir les chiens en laisse.
tion et le comportement des coyotes qui vivent sur le territoire de Montréal « afin de mieux guider les interventions ».
Pour ce faire, de nouveaux outils ont été mis sur pied afin de recueillir le plus d’observations possible à ce sujet. Une ligne téléphonique Info-coyotes permet aux citoyens de signaler une observation. Et depuis août 2018, un formulaire de signalements a été mis en ligne (ville. montreal. qc. ca/coyote). « Les coyotes qui vivent en milieu urbain deviennent de plus en plus familiarisés avec les humains et leurs infrastructures. Cette perte de crainte fait en sorte que les coyotes deviennent de plus en plus actifs le jour — surtout au crépuscule — alors qu’ils étaient plutôt nocturnes quand ils craignaient l’humain », a fait remarquer le biologiste de l’Université du Québec à
la présence humaine étant donné qu’ils s’alimentent dans les ordures ménagères », a ajouté Frédéric Bussières, responsable du projet à la Ville de Montréal.
L’analyse de l’estomac de coyotes capturés à Montréal et ayant été euthanasiés a en effet révélé la présence de nourriture d’origine anthropique (morceaux de pommes, de carottes, d’oignon, plastique, papier et fragment de verre). Information
Émilie Thuillier
Le plan de gestion adopté par la Ville comprend aussi un important volet de communication visant à informer le public sur l’écologie et l’éthologie du coyote, et à promouvoir les comportements que l’on devrait adopter quand on rencontre cet animal : ne jamais le nourrir ni afficher un comportement positif, mais plutôt tenter de
partie du plan de gestion. Dans les arrondissements de Villeray–Saint-Michel– Parc-Extension et d’Ahuntsic-Cartierville, où des coyotes ont été observés plus fréquemment et ont causé des incidents malheureux, on prévoit capturer des coyotes afin de leur poser une étiquette de couleur aux oreilles.
Ce plan comprend un volet visant à connaître la réparti-
On renforcera l’application de certains règlements municipaux, particulièrement celui sur la gestion des ordures. Ces dernières ne devraient pas être facilement accessibles et n’être sorties que durant les plages horaires permises. Selon Mme Thuillier, le bac brun prévu pour les résidus organiques est très imperméable et bien scellé et devrait résister aux assauts des coyotes. « La présence de coyotes dans nos villes est une situation qui est là pour rester. Le coyote est en expansion depuis 150 ans à partir du centre des États-Unis. Il étend son territoire vers le nord-est. Il est de plus en plus efficace pour coloniser de nouveaux milieux. Il faut s’habituer à vivre avec lui », a affirmé M. St-Laurent.
Ces mesures ont été préférées à la capture et à la relocalisation des coyotes, de même qu’à toute tentative d’extermination, des méthodes qui se sont avérées inefficaces dans d’autres villes. Il s’agit du « premier plan de gestion de la présence du coyote en milieu urbain à voir le jour au Québec », a souligné Émilie Thuillier, la mairesse d’AhuntsicCartierville, un arrondissement où ont eu lieu quelques incidents impliquant des coyotes durant l'été, en 2017 et en 2018.
le secteur, à raison de quatre heures par jour durant sept jours d’affilée, en faisant du bruit afin d’apeurer les coyotes, qui seront pourchassés et dirigés vers un lieu sécuritaire.
Rimouski Martin-Hugues St-Laurent, mandaté par Montréal pour étudier le problème.
l’effaroucher en faisant du bruit et en lui lançant des branches ou de petits cailloux.
« Les comportements familiers, voire agressifs des coyotes à l’égard des humains découlent du fait que les animaux associent leur source de nourriture à
De plus, les propriétaires de chiens devraient toujours garder leur animal en laisse. Diverses interventions sur le terrain font également
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Cette étiquette permettra d’identifier plus facilement les individus problématiques lors du signalement d’incidents, comme des morsures, et de les capturer pour les euthanasier. Dans les quartiers ciblés, on dépêchera des équipes spécialisées qui parcourront
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« Les coyotes font partie de la biodiversité et ils contribuent à gérer les populations de rongeurs. Ils font partie de l’écosystème de Montréal et sont le signe que Montréal comprend beaucoup d’espaces verts. Il faut accepter leur présence et apprendre à vivre avec eux », a conclu Mme Thuillier.
Politique municipale
Le point de vue de l’opposition :
« Projet Montréal est complètement déconnecté de la réalité » Le chef d’Ensemble Montréal, M. Lionel Perez, et le candidat au poste de conseiller de la ville dans le district de Saint-Michel, M. Josué Corvil, ont qualifié de « loufoque » le Plan de gestion de la présence du coyote en milieu urbain à Montréal, dévoilé par l’administration de Projet Montréal.
« Comment peut-on prendre au sérieux une administration qui considère le coyote non pas comme un animal sauvage potentiellement dangereux pour les enfants et les aînés, mais plutôt comme ʺun symbole évocateur d’une biodiversité urbaine riche sur le territoire montréalaisʺ, ou encore, comme ʺun ambassadeur de marque à valoriserʺ ? C’est ce qui est
écrit dans le plan présenté aujourd’hui et, franchement, je suis abasourdi ! Demandez aux familles de Saint-Michel, qui ne fréquentent plus les parcs de peur de se faire mordre par un coyote, ce qu’elles pensent de ces soi-disant ʺambassadeursʺ ! », a déclaré M. Corvil.
Selon les chiffres dévoilés lors de la présentation, 19 personnes ont été mordues par des coyotes à Montréal depuis juin 2017, dont trois jeunes enfants en juillet 2018. Or, aucune des mesures qui ont été annoncées aujourd’hui n’est véritablement nouvelle : communication avec les citoyens, brigades d’effarouchement, sensibilisation aux enjeux écologiques, à la cohabita-
tion, etc.
« Devant le nombre grandissant des cas de morsures, l’administration nous ressort les mêmes stratégies inefficaces qu’elle utilise depuis un an. Il est temps de jeter un regard nouveau sur le problème des coyotes. Les brigades d’effarouchement, ça ne fonctionne pas. La cohabitation, c’est bien beau, mais elle ne doit pas se faire au détriment de la sécurité des citoyens. Les Montréalais ont besoin de mesures plus vigoureuses », a ajouté M. Perez. Par exemple, si la Ville veut priver les coyotes d’un accès facile à la nourriture, qu’elle impose des contenants fermés pour les
Lionel Perez ordures ménagères. Ou qu’elle donne des amendes sévères aux citoyens qui nourrissent les coyotes.
d’autre qu’une déclaration d’amour au ʺcoyote urbain montréalaisʺ. Encore une fois, on voit que Projet Montréal est complètement déconnecté de la réalité et des préoccupations de nos citoyens », a conclu M. Corvil.
« Ce plan de gestion, qui associe le droit d’exister du coyote à la notion de ʺvivre ensembleʺ, n’est rien
La Ville de Québec met fin à deux ans de gel de taxes résidentielles
Le gel de taxes résidentielles n’aura duré que deux ans à Québec. Dans son budget 2019, l’administration Labeaume renoue avec les hausses, qu’elle limite toutefois au taux d’inflation, soit 1,4 %.
Pour le propriétaire d’une maison de 283 000 $, cela se traduira en moyenne par une ponction supplémentaire de 40 $ dans le porte-feuille. La Ville poursuit en outre ses efforts pour alléger le fardeau fiscal du secteur privé en contenant la hausse de taxes commerciale à au même niveau que celle des taxes résidentielles. L’administration municipale change par ailleurs sa méthode pour mesur-
er le taux d’inflation. Plutôt que de se baser sur le taux projeté, comme elle le faisait dans le passé, elle se basera désormais sur le taux des 12 derniers mois. Un changement qui fait passer la hausse de taxes de 1,9 % à 1,4 %.
Le budget total de Québec s’élève cette année à 1,502 milliards de dollars. C’est 126,2 millions de plus que l’an dernier. La dette s’élève quant à elle à 1,549 milliards, soit 28,6 millions de moins. Un résultat obtenu au terme d’efforts « considérables », souligne l’administration municipale, qui a réduit la dette de la Ville de façon constante depuis 2016 (78 millions en moins au total).
La Ville continue en outre à mettre de l’argent de côté pour payer ses immobilisations en argent comptant, ce qui limite le poids du service de la dette nette à 15.4 % du budget. Cette formule se compare au fonds des générations du gouvernement du Québec, a souligné le nouveau directeur général de la ville, Luc Monty. Accent sur le transport en commun Sur le front des immobilisations, la capitale québécoise présente son plan triennal le plus élevé des dernières années. Le développement du réseau de transport en commun et la construction du réseau structurant raflent la
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part du lion, avec près de 500 millions de dollars.
les deux écoquartiers et la nouvelle bibliothèque centrale, entre autres.
Le centre de biométhanisation suit avec 105 millions de dollars d’investissements. Ce projet, financé en grande partie par le gouvernement du Québec, devrait permettre à la Ville de rattraper son retard en matière de récupération des matières putrescibles. Québec n’a à l’heure actuelle aucun service de compostage et le centre doit normalement être opérationnel en 2022.
La présentation du budget survient au lendemain d’une défaite politique pour le maire.
S’ajoutent les travaux de réaménagement de la route de l’Église (dans le secteur du futur Phare), la construction du centre de glaces à proximité de là, les travaux liés au traitement des eaux, des investissements dans
Le siège avait été laissé vacant par le départ de Jonatan Julie, qui est aujourd’hui député et ministre de la Coalition Avenir Québec (CAQ) à l’Assemblée nationale.
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La veille, son parti a perdu le district de Neufchâtel-Lebourgneuf lors d’une élection partielle au profit du candidat de Québec 21, Patrick Paquet. M. Paquet a été conseiller d’Équipe Labeaume entre 2007 et 2012.
Environnement
Lorsque l’on manque de vision…
«Recyc-Québec est assis sur un pactole» de 60 M$, déplore un ex-directeur Les excédents budgétaires s'accumulent depuis des années à Recyc-Québec, au point où plus de 60 millions de dollars dormaient dans les coffres de l'organisation en 2017. Un ex-directeur tire la sonnette d'alarme et dénonce le « manque de vision » de son ancien employeur. « Présentement, ce qu’on s’aperçoit, c’est que RecycQuébec est assis sur un pactole et on n’a pas accès à cet argent-là! » dénonce Mario Laquerre, qui a travaillé pour l’organisation pendant près de 20 ans. Directeur des opérations de 2008 à 2012 et gestionnaire de la connaissance de 2012 à 2016, il rappelle que Recyc-Québec a besoin de l’autorisation du gouvernement pour dépenser son excédent budgétaire. Or, la société québécoise de récupération et de recyclage n’a qu’elle-même à blâmer pour l’impasse dans laquelle elle se trouve aujourd’hui, selon M. Laquerre. Il l'accuse d'avoir manqué de vision. «Ce sont des administrations successives qui n’ont pas réussi à convaincre le gouvernement d’utiliser cet argent-là» dit Mario Laquerre, ex-directeur de Recyc-Québec et enseignant au Centre universitaire de formation en environnement de l'Université de Sherbrooke D'après ses états financiers, Recyc-Québec avait un excédent budgétaire de moins de 15 millions de dollars, en 2001. À peine 15 ans plus tard, ce surplus a quadruplé et rien n’indique que la tendance va s’inverser. Une difficulté comptable Le nœud du problème est que l’organisme se situe dans le « périmètre comptable » du ministère de l’Environnement, explique Jeannot Richard, vice-président de Recyc-Québec de 2002 à 2013. Si Recyc-Québec utilisait son surplus, il dépenserait
automatiquement des sommes qui iraient au-delà des crédits annuels que le gouvernement offre au ministère. « À partir du moment où on demande à RecycQuébec d’avoir un équilibre budgétaire […], automatiquement, le 60 millions est presque intouchable », affirme-t-il. C’est un petit peu un cercle vicieux […] Ils n’ont pas vraiment le choix de garder ce 60 millions là dans la cagnotte et à chaque année, ça s’additionne.Jeannot Richard, consultant en développement durable et ex-vice-président de Recyc-Québec L'autre problème est que les missions de RecycQuébec sont financées avec des fonds dédiés. Par exemple, les revenus que Recyc-Québec tire de chaque pneu vendu dans la province ne peuvent être affectés à d'autres fins que le recyclage et le remoulage de pneus. Des solutions pourtant simples Contrairement à ce qu'affirme M. Laquerre, cette impasse n'est pas le résultat d’un manque de vision à Recyc-Québec, selon M. Richard. « Au fil des années, on a quand même présenté plusieurs scénarios pour voir comment Recyc-Québec pourrait puiser à même son [excédent] pour élaborer des programmes », assuret-il. Selon lui, le gouvernement pourrait tout simplement autoriser Recyc-Québec à faire un déficit ou encore le sortir du périmètre comptable du ministère, comme c’est le cas pour d'autres organismes. « Il faudrait qu’on arrête de regarder le fonds qui grossit, qui grossit et RecycQuébec qui a les mains liées et n’est pas capable de l’utiliser. Il faut qu’il y ait une décision quelque part et cette décision-là doit être
une décision gouvernementale» dit Jeannot Richard, consultant en développement durable et ex-viceprésident de Recyc-Québec Le temps presse M. Richard et M. Laquerre croient tous les deux que cet argent doit être dépensé rapidement, car il y a des besoins criants dans la province. Par exemple, les municipalités n’auront plus le droit en 2022 d’enfouir leurs déchets organiques, qui correspondent à environ 50 % des déchets produits par les Québécois. « Il faut absolument que les municipalités soient bien outillées », indique M. Laquerre, qui plaide notamment pour la création d’un programme d’aide aux villes. M. Richard croit aussi qu’il faudra dépenser de l’argent pour informer les citoyens de leurs responsabilités concernant les matières organiques. « Ça va prendre une bonne campagne bien orchestrée pour faire en sorte que les citoyens participent et que l’opération soit une réussite. Il va y avoir des besoins », dit-il.
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Selon M. Richard, RecycQuébec doit parvenir à dépenser son excédent rapidement, puisque c’est maintenant que les infrastructures se mettent en place. «D’ici 10 ans, lorsque toute la matière organique va être récupérée, conditionnée, valorisée […] le rôle de Recyc-Québec va peutêtre diminuer» poursuit Jeannot Richard. S'attaquer à la réduction des déchets Avec son excédent, RecycQuébec pourrait aussi parler un peu moins de recyclage et miser davantage sur la réduction et la réutilisation des déchets, croit M. Laquerre. « On pourrait faire de l’aide aux festivals qui voudraient devenir des festivals zéro déchet. Les priorités sont faciles à trouver à ce niveau-là », dit-il. Recyc-Québec n'a pas voulu accorder d'entrevue à Radio-Canada, mais a tout de même répondu par courriel. L'organisme rappelle qu'il est tenu de « respecter les normes et directives du Secrétariat du Conseil du Trésor, notamment à l'effet que les prévisions budgétaires doivent présenter des
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résultats à l'équilibre ». «Toute utilisation significative de l’excédent cumulé nécessiterait de prendre entente avec le ministère des Finances» rappelle Brigitte Geoffroy, porteparole de Recyc-Québec Lors de l'exercice 20162017, le conseil d'administration de RecycQuébec a toutefois adopté une résolution pour que 35 millions de dollars de l'excédent soient réservés pour « des grands enjeux de la planification stratégique [...] ou programmes sous sa gouverne ». Mario Laquerre doute de la portée de cette démarche. « Ça fait déjà deux ans et on n’a pas encore idée de ce qu’est cette bébitte-là et comment ça va se traduire! » « J’aimerais ça que ça fasse l’objet au minimum de consultations publiques », ajoute-t-il, pour s'assurer que Recyc-Québec envisage de dépenser les sommes à des fins qu'il juge utiles. Il n'a pas été possible de connaître l'excédent enregistré en 2017-2018, car les plus récents états financiers de Recyc-Québec ne sont pas encore publics.
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Transferts d’argent entre le Canada et le Maroc
L’offre YallaXash Finance Ltd. : offrir un service à son juste prix Objectif principal : Baisser les coûts YallaXash Finance Ltd. est une entreprise de service de transfert d’argent pour particuliers et gens d’affaires entre le Canada et le Maroc. C’est une nouvelle offre fidèle à la vision de leurs fondateurs et au besoin du marché de la communauté marocaine résident au Québec et au Canada et plus largement en Amérique du nord. Un marché en évolution Les frais de transfert d’argent au Maroc sont à un niveau très élevé : entre 600 millions et 1 milliard US$ par année sont indûment prélevés pour un volume de plus de 7 milliards US$ de rentrées de devises au Maroc. Autant de valeur que YallaXash a pour ambition de redistribuer à ses clients. En effet, les intermédiaires sur la chaîne financière du transfert captent une part de valeur importante au regard des coûts d’opérations des technologies actuelles. Cela offre des opportunités pour de nouvelles solutions. YallaXash se positionne sur une valeur captée plus en phase avec la valeur monétaire livrée à destination du Maroc. YallaXash veut être un acteur dans un contexte de baisse des coûts des transferts. Notre action rejoint celle du Maroc aux plans national, bilatéral et multilatéral d’agir dans le sens d’une diminution de ces coûts aux bénéfices du client final. Notre seul objectif est de réduire les frais des transferts d’argents pour nos clients, objectif similaire à celui préconisé par la Banque Mondiale (3% au lieu de 12% de moyenne actuel pour les transferts vers le Maroc depuis le Canada). De facto, c’est augmenter le volume de rentrée d’argent vers le Maroc au profit de son économie et du bien-être des receveurs marocains. YallaXash Finance Ltd. est avant tout une volonté d’entreprendre au service des ressortissants marocains. C’est une entreprise fondée au Canada, dont le siège est situé à Montréal, construite sur de fortes fondations éthiques. Une offre à taux fixe Notre objectif est de résoudre un double défi : ● Transférer le maximum de valeur monétaire des marocains résidants à l’étranger et l’amener en bout de chaîne au Maroc. Cela consiste en une baisse sensible des frais de service de transfert pour le client pour acheminer plus de valeur financière pour le support familial (les envois d’argent contribuent à plus de 75 % à financer les besoins de base de la population) et la valorisation de l’épargne des
marocains résidants à l’étranger pour un investissement productif pour le Maroc. ● Augmenter le volume des rentrées de devises vers le Maroc, tout en respectant les normes réglementaires marocaines et internationales avec une démarche éthique. Cela induit une bi-bancarisation dans les pays d'envoie et de réception. L’entreprise a pour mission de : ● Réaliser des opérations de transfert au plus près du client en réception, diminuant les coûts cachés comme les commissions sur le taux de change des devises ou le moyens utilisés pour récupérer les fonds à réception (frais bancaires de réception, temps passé à aller collecter l’argent au guichet, coût éventuel de transport) ● Partenariat avec les banques marocaines pour un service d’enregistrement des nouveaux clients et services de caisse (dépôt/retrait). YallaXash Finance Ltd. pratique une offre à taux fixe de 2.99 $ CAD en lien avec la recommandation de la banque mondiale pour des transferts inférieurs à $ 1000 CAD par jour. Le taux de change pratiqué est transparent et basé sur le taux officiel du jour. le montant indiqué lors de la transaction est celui réellement perçu par le receveur.
avec le droit financier marocain établi par l'autorité gouvernementale Bank Al Maghrib. YallaXash souhaite étendre les partenariats au-delà des frontières du Maroc en s’adossant au groupe BMCE Bank en Afrique. Diversifier l’offre et faire jouer la concurrence YallaXash Finance Ltd. contribuera à la diversification de l’offre de service de transfert d’argent conforme aux attentes des envoyeurs et des bénéficiaires. YallaXash Finance Ltd. s’aligne sur les intérêts du Maroc en termes de développement et de renforcement de son système financier. plus largement, ses opérations visent à terme la communauté maghrébine et celle du continent africain. La réglementation canadienne Au Canada, les services de transfert d’argent sont réglementés par le CANAFE (centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada) et par L’AMF au Québec (autorités des marchés financiers). YallaXash Finance Ltd. a une double licence, fédérale et provinciale. En effet,
La solution YallaXash Finance Ltd. La solution technologique et logistique vise à la fois à faciliter les opérations de transfert, à en accroître la rapidité, garantir la confidentialité, assurer la sécurité et à en réduire les coûts. Notre réseau de distribution repose sur un partenariat avec l’opérateur marocain Cashplus pour le service de livraison d'argent dans plus de 1300 agences partout au Maroc. Nous offrons des moyens de réception digitalisés grâce à notre partenaire Damane Cash (groupe BMCE Bank) selon les trois propositions suivantes suivants : - Retrait du cash envoyé dans plus de 800 distributeurs à billets du réseau de la banque BMCE Bank avec un simple code émis par YallaXash, - Chargement par l’envoyeur de carte prépayée utilisable par le receveur - dépôt du cash sur un compte bancaire Ces partenariats nous permettent d’avoir les habilitations légales nécessaires et obligatoires pour opérer au Maroc en conformité
YallaXash Finance Ltd. en bref
Raison Sociale: YallaXash Finance Ltd. Tel: +1 438-795-5230 Courriel: contact@yallaxash.com Site : www.yallaxash.com Numéro d’entreprise du Québec: 1173339871 Numéro d’entreprise incorporation Canada: 77963 9681
Numéro licence CANAFE: M18317508, site http://www.canafe-fintrac.gc.ca Numéro de Dossier AMF Québec: 904085, site https://lautorite.qc.ca Partenariat au Maroc : Cashplus et Damane Cash (groupe BMCE Bank of Africa)
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YallaXash a reçu avec succès l’agrément en tant qu'établissement de transfert d’argent ayant autorisation d’opérer des transferts d’argent de CANAFE sous l’identifiant M18317508 et de l’AMF sous la license 904085. Le partenariat YallaXash Finance Ltd. Damane Cash Dans un effort de servir une plus grande communauté marocaine et notamment celle présente en Amérique du Nord, YallaXash Finance Ltd., Damane Cash filiale de BMCE Bank s’entendent à bâtir un partenariat dans le but de faciliter le transfert d’argent entre le Canada et le Maroc et de contribuer au développement du Maroc. Le but de cette collaboration pour YallaXash Finance Ltd. est d'accélérer et augmenter le volume d’argent des MRE depuis l’Amérique du Nord vers le Maroc grâce à l’expérience et au réseau de distribution de BMCE Bank of Africa. Yallaxash a pour vision d’être un acteur au service des immigrants pour leur donner la valeur juste pour un service fiable, rapide, et avec des frais éthiques.
Emploi
Alors que le gouvernement Legault mise sur les travailleurs étrangers temporaires pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre
Les abus se multiplient et les services manquent, la vulnérabilité s’accroit… Compte tenu de la pénurie de main-d'oeuvre au Québec, le programme des travailleurs temporaires, qui touchait auparavant surtout les travailleurs agricoles ou les aides domestiques, se généralise dans tous les secteurs de l’économie.
Et alors que le gouvernement mise sur les travailleurs étrangers temporaires (TET) pour contrer la pénurie de main-d’oeuvre, des voix sonnent l’alarme sur les abus auxquels ils sont exposés et l’absence de services à leur disposition. Ces dernières semaines, les représentants de six organismes ont signalé des cas d’abus ou de négligence d’employeurs à l’endroit de travailleurs temporaires venus de Colombie, du Guatemala, des Philippines ou encore du Maghreb. Abus et contraintes Cet automne, un intervenant en immigration en région a tenté d’aider un travailleur d’origine africaine qui s’est retrouvé sans rien après avoir été congédié par un employeur local. L’homme avait été recruté comme chauffeur de camion, mais à son arrivée, on l’a affecté à d’autres tâches dehors. On lui faisait aussi nettoyer la grange du propriétaire. Lorsqu’il s’est plaint, le patron l’a invité à prendre des congés. « Ils l’ont laissé sans nouvelles à l’autre bout du monde. Il a capoté. Il n’avait pas de billet d’avion pour le retour. » Dans une autre entreprise de la Rive-Sud, un employé québécois qui a requis l’anonymat révélé que ses collègues latino-américains s’étaient retrouvés sans nourriture quand leur patron est parti en vacances. Sans connaissance du français et sans moyen de transport, le groupe de travailleurs temporaires dépendait de lui pour aller faire l’épicerie. « Il les a oubliés. Ils ont passé trois jours à attendre », a-t-il raconté. Plusieurs autres intervenants qui ont dénoncé de telles situations n’ont pas voulu être nommés de peur de s’aliéner les dirigeants d’entreprise de leur région avec lesquels ils collaborent régulièrement. En milieu rural surtout, il est courant que les organismes offrent à la fois des services aux immigrants et aux entreprises, ce qui les place souvent entre l’arbre et l’écorce. Jean-Claude Gélinas du Service d’orientation et d’intégration des immigrants au travail (SOIT), à Québec, est l’un des rares à avoir
accepté d’en parler ouvertement. « Il m’est arrivé deux cas où les gens venaient d’arriver et l’employeur a dit : “Je vous congédie, partez chez vous.” Les gens avaient vendu leur maison, étaient arrivés avec leur famille […] Ils se sont présentés chez nous en panique », raconte-til. Même s’il leur arrive de les aider, les organismes en immigration ne sont pas censés le faire, théoriquement, parce que cela ne fait pas partie de leur mandat (les travailleurs temporaires ne sont pas considérés comme des immigrants). En fait, ces travailleurs ne sont suivis par personne d’autre que leurs employeurs et, dans certains cas, l’agence qui les a recrutés. « On n’a pas de suivi concernant les travailleurs temporaires, poursuit le directeur du SOIT. Ces gens-là n’ont droit à aucun service. » Explosion du nombre de travailleurs temporaires Auparavant, le programme des travailleurs temporaires touchait surtout les travailleurs agricoles ou les aides domestiques. Mais avec la pénurie de main-d’oeuvre, la formule se généralise, dans tous les secteurs de l’économie. « Depuis le mois de mars, on n’a pas vraiment eu de répit », explique Fernando Borja, directeur de FERME, un organisme spécialisé dans le recrutement de travailleurs agricoles qui a vu son mandat s’étendre à tous les domaines. « On avait les usines de transformation alimentaire, les entreprises paysagistes, et maintenant, on a les manufactures, des fabricants de
plancher, l’hôtellerie, la restauration. » Le phénomène touche particulièrement la grande région de Québec et Chaudière-Appalaches, où le taux de chômage est le plus bas, dit-il. 40 000 TÉT au Québec Cette semaine, le ministre de l’Immigration, Simon JolinBarette, a estimé à 40 000 le nombre de travailleurs temporaires au Québec. À l’heure actuelle, les gouvernements n’ont pas de statistiques suffisamment récentes pour mesurer la hausse des dix-huit derniers mois, mais sur le terrain, tous l’ont remarquée. Pour avoir accès aux TET, les patrons doivent faire une étude montrant qu’ils ne peuvent pas trouver de travailleurs locaux et qu’ils ne privent pas les chômeurs canadiens d’occasions d’emploi. Dans le jargon, on appelle cela une « étude d’impact sur le marché du travail » (EIMT). La plupart paient par la suite des agences ou des consultants en immigration qui recrutent à l’étranger et font venir les employés. Or la facture est élevée et les démarches sont parfois compliquées. Tant et si bien que, dans certains cas, « l’employeur considère que l’employé, c’est sa chose », déplore Marc. « Le problème avec les TET, c’est que ce sont des contrats fermés, ça donne beaucoup de pouvoir à l’employeur », résume Germain
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Beaudry, conseiller aux entreprises dans une société d’aide au développement de la collectivité (SADC), un organisme d’aide aux entreprises de la région de l’Amiante. « Il n’y a pas de normes, déplore-t-il. On se retrouve avec des situations déplorables parce qu’il y a un manque d’information des deux côtés. » Beaucoup montrent aussi du doigt les agences. Pour le même type de travailleur, les agences facturent parfois 5000 $, parfois 18 000 $, poursuit M. Beaudry. « Il y a des agences qui en profitent, aussi », dit-il. Plusieurs intervenants interrogés par Le Devoir leur reprochent en outre de ne pas bien informer les travailleurs de leurs droits et de ne pas traduire les contrats de travail dans leur langue, par exemple. Le Conseil canadien pour les réfugiés réclame la création d’un registre public de ces agences et que ces dernières soient tenues d’avoir un permis. Lors de la réforme des normes du travail, l’an dernier, le gouvernement du Québec l’a écrit dans la Loi. Mais il faut que le gouvernement adopte un règlement pour qu’elle s’applique. Une priorité gouvernementale Dans son discours d’ouverture de la session parlementaire, le premier ministre François Legault a dit qu’il comptait « accélérer la venue de travailleurs étrangers » avec l’aide d’Ottawa. Mardi, le ministre Jolin-Barette a précisé que les travailleurs temporaires pourraient
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ensuite devenir des résidents permanents. En théorie, c’est possible par le biais du Programme de l’expérience québécoise, créé l’an dernier. Or bien des travailleurs temporaires en ignorent même l’existence. De plus, il faut avoir acquis un niveau intermédiaire en français, ce qui est loin d’être le cas de tous. D’emblée, certains employeurs ne tiennent pas à ce que leurs travailleurs suivent des cours de français, signale une intervenante de la Rive-Sud de Québec qui a cherché sans succès à offrir des activités à un groupe de travailleurs guatémaltèques. « J’ai contacté l’employeur deux fois pour les rencontrer. Juste pour faire de l’animation. On me dit que ce n’est pas possible. Qu’on ne peut pas les libérer. Il les fait travailler toute la fin de semaine. On ne peut jamais les rencontrer. » Pour redresser la situation, il faudrait d’abord que les contrats d’embauche ne les attachent pas à un seul employeur, plaident de nombreux intervenants. Or ces contrats sont régis par Ottawa. Ils réclament aussi que ces travailleurs puissent être soutenus et suivis par des organismes locaux. « Il faut que le gouvernement recense les organismes qui sont capables d’intervenir s’il y a des abus, parce que toutes les régions ont intérêt à ce que ces gens-là soient bien traités », plaide M. Beaudry. « Ça se parle vite, aujourd’hui. Avec Internet, tu peux brûler un territoire. »
Emploi
Malgré la pénurie de main-d'œuvre
Nul n’est épargné par les procédures kafkaiennes!… Arrivé au Québec en septembre, un dentiste français recruté par une clinique de Montmagny ne pourra pas traiter de patients avant le printemps parce que les délais d'Ottawa pour délivrer les permis de travail ont triplé depuis le début de l'année.
après avoir vu une de ses annonces en ligne.
Ces retards obligent des employeurs à reporter des projets, à refuser des contrats ou à licencier d'autres employés, ce qui peut entraîner de lourdes conséquences économiques.
« On n'est pourtant pas en région éloignée, on est à 45 minutes de Québec. Mais les jeunes dentistes trouvent quand même ça trop loin. » - Olivier Talbot, gestionnaire de la Clinique dentaire Montmagny
À la Clinique dentaire Montmagny, la propriétaire, la Dre Joanie Bertrand, a même dû revenir travailler une semaine après son accouchement pour s'occuper de cas urgents, puisque leur nouvelle recrue ne peut les aider et que les autres dentistes sont surchargés. « On doit reporter des rendezvous, mais on risque de perdre des patients, explique le gestionnaire de la clinique, Olivier Talbot. Et on devra peut-être mettre au chômage deux hygiénistes et une secrétaire si notre nouveau dentiste ne peut pas travailler avant le mois d'avril, comme nous le disent les fonctionnaires. » Au Québec pour suivre son fils Le nouveau dentiste, c'est le Dr Paul Semin, un Français qui a vendu sa clinique le printemps dernier parce qu'il voulait déménager au Québec, où son exconjointe québécoise est revenue s'installer avec leur fils récemment. Il est entré en contact avec la Clinique dentaire Montmagny
En prévision du départ à la retraite d'un membre de son équipe, la clinique cherchait des dentistes depuis plusieurs mois, sans succès.
En plus, la propriétaire de la clinique, conjointe de M. Talbot, a appris qu'elle était enceinte, ce qui a rendu les besoins encore plus criants. Au moment d'entreprendre les démarches pour le Dr Semin, au début de l'été dernier, le délai à prévoir pour un permis de travail temporaire était de huit semaines, leur a-t-on dit. Le temps d'obtenir tous les documents et de répondre à toutes les exigences, leur dossier a été ouvert à la fin de septembre. « Je serais déjà reparti » « Mais en cours de route, les délais n'ont pas cessé d'augmenter. Quand on a déposé notre dossier, on parlait de 15 à 16 semaines, ce qui était déjà long. Mais quand j'ai réussi à parler à un responsable, vendredi dernier, pour avoir des nouvelles, on m'a dit que c'était rendu à 26 semaines ! », s'insurge Olivier Talbot. Le Dr Semin pourrait donc commencer à pratiquer en avril seulement. Arrivé au début de
septembre, il a obtenu les permis nécessaires de l'Ordre des dentistes du Québec. Mais en attendant son permis de travail d'Ottawa, il ne peut occuper d'emploi rémunéré. « Pour moi, ce n'est pas si mal parce que je viens de vendre ma clinique, j'ai de quoi subsister. Mais si j'étais un jeune diplômé, je serais déjà reparti », souligne-t-il, faisant montre de patience malgré l'absurdité de la situation. Pendant ce temps, à la Clinique dentaire Montmagny, la Dre Joanie Bertrand, qui a accouché la semaine dernière, est venue traiter quelques patients cette semaine. Et son confrère a accepté de retarder son départ à la retraite. Olivier Talbot a même fait appel à son député fédéral, Bernard Généreux, pour tenter de faire bouger les choses. On lui a suggéré de faire une demande de traitement prioritaire, mais il ne sait pas quelles sont ses chances
Le processus en bref Le statut de travailleur temporaire comme porte d'entrée
Une bonne partie des immigrants acceptés au Québec dans la catégorie des travailleurs qualifiés sont déjà installés chez nous : ils sont d'abord arrivés comme travailleurs étrangers temporaires (TET), recrutés par un employeur pour combler une pénurie de main-d'oeuvre, et font ensuite une demande de certificat de sélection du Québec. En 2017, sur un total de 24 900 travailleurs qualifiés acceptés, 10 900 étaient des TET ou des étudiants
étrangers, selon des données diffusées il y a quelques mois par le ministère de l'Immigration. Les délais peuvent cependant atteindre plus d'un an. Prouver le besoin de recruter à l'étranger
Avant d'embaucher des travailleurs étrangers temporaires, les employeurs doivent prouver qu'ils ne trouvent pas la main-d'oeuvre nécessaire dans leur milieu en présentant une étude d'impact sur le marché du travail (EIMT). Cette étape allonge le
processus, surtout pour les professions et les métiers où une pénurie n'est pas clairement démontrée. Québec publie une liste des professions où le manque de maind'oeuvre est le plus criant, admissibles à un processus simplifié. Les dentistes ne font pas partie de cette liste. « Même si la Clinique dentaire Montmagny avait déjà publié des annonces pendant plusieurs mois avant de recruter le Dr Semin, elle a dû encore publier des offres d'emploi sur divers sites web pendant quatre semaines, dans le cadre de l'EIMT, explique l'avocate de la
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de succès. Tous les domaines Plusieurs employeurs vivent la même frustration. « Les délais de traitement à Service Canada ont explosé. Dans les domaines où les besoins sont flagrants, comme les technologies de l'information, on s'arrache des candidats, ça n'a pas de bon sens que ce soit si long », dénonce Stéphane Duval, avocat spécialisé en travail et en immigration au cabinet McCarthy Tétrault. Les effets néfastes se font aussi sentir pour le recrutement d'employés moins qualifiés, comme dans la restauration rapide. « Des restaurants doivent fermer des quarts de travail, le soir ou la nuit, dans certaines régions », raconte Me Duval. L'avocat d'une société d'effets
clinique, Me Anh Thu Tran. Pendant ce temps, leur dossier ne pouvait pas être ouvert officiellement. » Hausse des demandes Ottawa reçoit « des volumes inhabituels de demandes » d'employeurs qui ont besoin de travailleurs étrangers, indique Christopher Simard, porte-parole d'Emploi et Développement social Canada, responsable du programme d'EIMT. Comme les délais pour l'approbation de l'EIMT sont passés de cinq à huit
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visuels installée à Montréal, qui préfère rester anonyme parce qu'il craint que ses critiques nuisent aux démarches de l'entreprise, fait état de retards de production, de surcroît de travail pour les autres employés et de contrats abandonnés. « C'est très frustrant, les délais sont aléatoires et augmentent en cours de traitement », dit-il, citant le cas d'un ressortissant japonais pour qui les délais sont passés de 1 à 8 semaines, et d'un autre, originaire de Thaïlande, pour qui on attend une réponse depuis 38 semaines. « Nous avons dû aller en cour fédérale pour faire débloquer les dossiers de quatre ressortissants indiens refusés, poursuit-il. Ça bloque pour des raisons inconnues, on n'a pas de suivi. Beaucoup de candidats se découragent, et ça entraîne des frais et des pertes de temps pour les entreprises. »
semaines en moyenne, le Ministère a embauché 34 nouveaux employés au Québec pour réduire ces retards. Du côté d'Immigration Canada, qui délivre les permis de travail une fois l'EIMT terminée, on n'avait pas d'information sur une hausse des délais, ni sur des embauches pour accélérer la cadence. Son site web indique un délai de neuf semaines pour l'obtention d'un permis temporaire pour un ressortissant français.
Droits & justice
2018 : Une année marquée par une «flambée de militantisme féminin» Le 10 décembre 1948, l’Organisation des Nations unies adoptait la Déclaration universelle des droits de l’homme. Soixante-dix ans plus tard, Amnistie internationale dresse un bilan du chemin parcouru, mais met aussi en lumière certains aspects sur lesquels « l’humanité régresse » dans son rapport pour l’année 2018. Et si les femmes ont été les premières victimes des droits bafoués, elles ont aussi été au coeur de la contestation, soulève l’organisation.
Dans le document publié lundi, intitulé « Les droits humains aujourd’hui », le nouveau secrétaire général d’Amnistie internationale (AI) depuis août, Kumi Naidoo, parle d’une « indéniable flambée de militantisme féminin » lors de l’année 2018. En Inde et en Afrique du Sud, des manifestantes se sont opposées aux violences faites aux femmes. En Argentine, en Irlande et en Pologne, la population s’est levée pour réclamer un meilleur accès à l’avortement. En Iran, des dizaines de femmes ont retiré leur hidjab sur la place publique. En Arabie saoudite, elles ont réclamé (et obtenu) le droit de conduire. Un peu partout
sur la planète, le souffle de #MeToo a entretenu le feu des revendications féminines.
Mais si de telles voix s’élèvent, c’est parce qu’il y a encore beaucoup à faire, explique celui qui s’est fait connaître comme militant anti-apartheid. « En 2018 encore, de nombreux gouvernements soutiennent ouvertement des politiques et des lois qui assujettissent et répriment les femmes », écrit M. Naidoo dans le texte introductif. Parmi les ratés rendus possibles par les États, le secrétaire général énumère le difficile accès aux contraceptifs, la timide lutte contre la violence domestique, la discrimination et les inégalités économiques. Dans les zones de conflits armés, le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté des femmes est particulièrement malmené. Au Nigéria, en Irak, au Soudan du Sud ou au Myanmar, de nombreuses femmes subissent des violences sexuelles, « souvent aux mains des forces de sécurité de leur propre pays », soulignent les auteurs du rapport. « Au Canada, les femmes autochtones risquent six fois plus d’être assassi-
nées que les autres femmes », lit-on aussi dans le document. Car, qu’on le veuille ou non, les droits des femmes ne sont pas toujours respectés dans les pays occidentaux. Au Royaume-Uni, par exemple, les femmes épongent le plus lourd des mesures d’austérité que Londres a mises en place depuis 2010 en raison de leur plus grande dépendance aux prestations sociales, selon le rapport. Droits et inégalités D’ailleurs, les femmes sont davantage touchées que les hommes par les inégalités économiques
qui se creusent d’année en année : 740 millions de femmes travaillent dans des secteurs informels « sans protection juridique et sans accès, ou presque, aux systèmes de sécurité sociale », écrivent les auteurs du rapport. Cette mise à l’écart les rend plus vulnérables aux coupes dans les programmes sociaux. Et pour celles qui oeuvrent dans le secteur manufacturier, comme dans l’industrie du vêtement (où les femmes sont majoritaires), les inégalités ne sont pas près de se colmater. Le modus operandi du néolibéralisme, y
compris la relocalisation des emplois vers des pays plus pauvres et la soustraitance à des entreprises parfois peu scrupuleuses, met encore davantage de pression sur ces femmes. Pour parvenir à l’égalité des genres, les auteurs du rapport recommandent aux États d’éliminer les disparités juridiques, de mieux appliquer les lois déjà en place et d’allouer des budgets conséquents à l’ampleur de la tâche. En 2019, AI va elle-même accroître son travail de pression sur les gouvernements pour s’assurer que les droits des femmes soient reconnus et protégés.
Congédiement discriminatoire
Une entreprise condamnée à verser 4 000 $ en dommages
Le Tribunal des droits de la personne a condamné une entreprise à verser 4 000 $ en dommages moraux et punitifs à une ex-employée congédiée en raison de la perception d'un handicap, une cause défendue par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
« Un employeur ne peut se baser sur la perception d'un handicap ou d'un risque non-démontré à la sécurité pour congédier un employé, comme l'a fait l'entreprise mise en cause dans ce dossier. La décision du Tribunal des droits de la personne permet de rappeler aux employeurs qu'ils doivent connaitre et respecter leurs obligations
juridiques liées à la Charte des droits et libertés de la personne », a déclaré aujourd'hui Philippe-André Tessier, président par intérim de la Commission.
Selon les faits rapportés par le jugement, l'employée, représentée par la Commission, occupait depuis peu un poste temporaire dans une usine de production alimentaire lorsqu'elle a eu un malaise qui l'a menée à l'hôpital. À la suite de cet incident, l'employeur a informé la plaignante qu'elle ne pouvait plus travailler sur sa chaine de fabrication par peur qu'elle ait un autre malaise. Toutefois, aucune information ne permettait de croire que le
malaise était le symptôme d'une condition qui l'aurait empêché de faire son travail ou de le faire de façon sécuritaire.
Le jugement souligne qu'une évaluation individualisée des capacités d'un employé doit être faite par l'employeur pour établir s'il satisfait aux exigences d'un poste. Il rappelle que l'employeur devait, avant de prendre quelque décision que ce soit, obtenir tous les renseignements utiles pour évaluer si la condition de l'employée présentait un risque particulier et, le cas échéant, s'il était possible de le contrôler en aménageant son poste ou ses tâches.
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La Charte interdit la discrimination en emploi, que ce soit au moment de l'embauche ou durant toute la durée du lien d'emploi. Selon le jugement, « Dans le domaine de l'emploi, la protection contre la discrimination vise à mettre fin aux exclusions arbitraires fondées sur des idées préconçues à l'égard de caractéristiques personnelles qui n'affectent pas la capacité à faire le travail. Entre donc dans la définition de « handicap » toute affection qui n'occasionne aucune limitation ou incapacité fonctionnelle. » La Commission rappelle que toute personne qui se croit victime de dis-
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crimination au Québec peut s'adresser à elle. Tous les services de la Commission sont gratuits. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse assure le respect et la promotion des principes énoncés dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Elle assure aussi la protection de l'intérêt de l'enfant, ainsi que le respect et la promotion des droits qui lui sont reconnus par la Loi sur la protection de la jeunesse. Elle veille également à l'application de la Loi sur l'accès à l'égalité en emploi dans des organismes publics. Source : CDPDJ
Santé
Premiers rendez-vous manqués
9000 patients exclus du guichet d'accès à un médecin de famille Au cours des deux dernières années, 8848 Québécois se sont vu refuser une inscription auprès d'un médecin de famille pour cause de rendezvous manqué, révèlent des données de la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ).
Le phénomène des « no-show » chez les omnipraticiens a pris une telle ampleur que, début novembre, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a décidé de limiter à deux le nombre de fois où un patient peut refuser un premier rendez-vous ou ne pas s'y présenter avant de se voir retirer de la liste d'attente du Guichet d'accès à un médecin de famille (GAMF). Jusqu'à maintenant, aucune règle uniforme n'existait à ce sujet dans les GAMF de la province. « Les médecins se sont beaucoup plaints de cette situation. Dans le contexte où tout le monde veut que l'on soit plus accessibles, c'est toujours frustrant d'avoir des patients qui ne se présentent pas à leur premier rendez-vous sans avertir », note le président de la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Louis Godin. Chaque année, environ 300 000 nouveaux patients se voient attribuer un médecin de famille au Québec par l'entremise des GAMF.
« C'est sûr que 9000 patients qui refusent des rendez-vous en ne se présentant pas, ça peut sembler peu. Mais c'est 9000 Québécois qui voulaient une place qui ont vu leur attente se prolonger », affirme M. Godin. Au MSSS, on explique que les établissements gérant les GAMF ont remarqué que des patients qui demeurent en attente depuis des années « sont souvent ceux qui ont refusé l'attribution de médecin ». Afin d'aider les GAMF à épurer leurs listes d'attente, Québec est venu préciser certaines règles, notamment en limitant à deux le nombre de refus possibles. Phénomène en hausse Médecin en Outaouais depuis 10 ans, la Dre Mélanie Lacasse estime que le problème des « no-show » augmente depuis quelques
années. « Les pires journées, jusqu'à huit patients par médecin peuvent ne pas se présenter à un rendez-vous sans avertir », souligne la Dre Lacasse, qui est responsable du groupe de médecine de famille de la BasseLièvre.
Depuis septembre, la Dre Lacasse et ses collègues ont recensé 638 « no-shows » dans leur clinique. Et ce, même si l'établissement possède un numéro de téléphone et une boîte vocale où les patients peuvent facilement annuler leur rendez-vous et qu'un système de rappels par texto et courriel est en place. « Certains patients confirment leur rendez-vous et ne viennent pas, constate la Dre Lacasse. C'est dommage, ce sont des plages que je ne peux pas offrir à d'autres patients qui en auraient besoin. » Dans un sondage mené auprès de ses membres en 2017, la FMOQ a évalué que de 5 % à 10 % des patients ratent leur rendez-vous sans prévenir. Dans les trois quarts des cas, il s'agit de simples oublis. Le rapport notait que
22 % des médecins ayant répondu au sondage ne disposaient pas d'un système permettant aux patients d'annuler facilement leur rendez-vous. Président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet refuse que les patients qui ne se présentent pas à leur rendez-vous soient blâmés. « C'est facile de taper sur le petit monde. Mais le problème est une goutte d'eau dans l'océan », affirme-t-il. M. Brunet ne comprend pas pourquoi l'on s'acharne à parler des patients non assidus alors que d'autres problèmes sont plus urgents. « Ce n'est pas vrai qu'on va
traiter les patients comme s'ils étaient le gros du problème, alors que souvent, ce sont les médecins et le système qui font que l'on ne se présente pas. On a déjà de la difficulté à se faire soigner. Pourquoi nous taper dessus encore ? » « On ne veut pas mettre le blâme sur les patients, assure le Dr Godin. Mais même si c'est juste 5 % d'entre eux qui ne se présentent pas à leur rendez-vous, on parle de dizaines de milliers de rendez-vous non faits, alors que les médecins ont beaucoup de pression pour voir le plus de patients possible et que plusieurs patients attendent. »
Pont Champlain
De l'arsenic et du plomb sur le chantier
L'utilisation de produits de sablage contenant du plomb, de l'arsenic et du cadmium a provoqué un véritable branlebas sur le chantier du nouveau pont Champlain au début du mois d'octobre. La Direction de santé publique a déclenché une enquête épidémiologique à la suite de l'événement, a appris La Presse. L'incident industriel n'a fait aucun blessé immédiat, mais une douzaine de travailleurs sont depuis suivis par un médecin spécialisé en santé au travail. «Nous les avons rassurés : nous n'avons pas vu de problèmes de santé importants pour le moment. Mais ce n'est pas parce que nous n'en avons pas vu que nous devons arrêter là. Nous avons un suivi à faire», indique le Dr Louis Patry, de la clinique de médecine du travail du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). L'enquête a été ouverte peu de temps après qu'un groupe de peintres et de manoeuvres eut commencé, les 8 et 9 octobre, à faire du sablage au jet avec un abrasif sous forme de poudre noire. L'opération se déroulait à l'intérieur des poutres-caissons du pont, qui forment un long tunnel de quatre mètres sur quatre au-dessus duquel reposent le tablier et la chaussée. En constatant la présence d'une grande
quantité de poudre noire au sol, un groupe d'électriciens qui travaillait au même endroit peu de temps après a exercé un «droit de refus» pour des raisons de sécurité. «Il y avait de la poudre partout au sol. Les ouvriers faisaient du balayage, la poussière montait dans les airs. On a même mis des ventilateurs pour la faire sortir», explique Simon Lévesque, responsable des dossiers de santé et sécurité à la FTQ Construction. «Les travailleurs se sont questionnés : c'est quoi, ce produit? Est-ce que c'est dangereux? Il y a même des travailleurs qui sentaient des démangeaisons.» Le consortium Signature sur le SaintLaurent (SSL), maître d'oeuvre du chantier, a rapidement chargé un hygiéniste industriel de faire analyser des échantillons de la poudre. «SSL a pleinement coopéré, assure M. Lévesque. Ils ont pris ça au sérieux, ils ont fermé la zone et plus personne n'a pu y aller pendant quelques jours.»
Les étiquettes des deux produits de sablage utilisés ne comportaient aucune inscription suggérant la présence de substances dangereuses. Le rapport d'analyse de l'hygiéniste obtenu par La Presse révèle cependant que l'abrasif, vendu sous les noms commerciaux d'«Ebony Grit» et de «Maxi Blast»,
contenait de l'arsenic, du plomb et du cadmium. La quantité de plomb était d'ailleurs supérieure à 1000 parties par million, selon les tests, ce qui aurait dû forcer les fabricants à l'indiquer sur la fiche signalétique du produit. «Ceci est en contravention avec la réglementation fédérale sur le SIMDUT 2015», constate l'hygiéniste industriel. Les peintres et les manoeuvres «ne suivaient pas de procédures sécuritaires de travail particulières, puisqu'on ignorait alors la présence de ces métaux dans cet abrasif», ajoute-t-il. Joints par La Presse, les fournisseurs des deux abrasifs, Opta Minerals et Groupe Bellemare, ont assuré que leurs produits avaient été testés et respectaient les normes industrielles. Zone rouverte La zone touchée a finalement été rouverte progressivement, et des correctifs ont été apportés. SSL affirme que la situation «n'a pas eu d'impact sur le déroulement de l'ensemble des opérations du pont à haubans et sur l'échéancier du nouveau pont». Le rapport de l'hygiéniste industriel obtenu par La Presse fait cependant état d'un certain ralentissement : «L'interdit d'accès
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nuisait à la planification des travaux», puisque la «zone interdite a été déterminée de façon très large, avec un principe de précaution», lit-on dans le document. «Nous pensions au début que ça avait touché une vingtaine de personnes, mais après vérification, ce sont de 40 à 60 travailleurs qui ont été exposés au produit, à différents degrés», affirme Simon Lévesque,. Le Dr Patry a pour sa part fait un signalement à la Direction de santé publique, qui a lancé une enquête épidémiologique. Des enquêteurs pourraient aller sur place pour investiguer davantage. «C'est notre rôle d'aller voir s'il y a eu une menace à la santé des gens et de
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proposer des correctifs s'il y a lieu. Il est cependant trop tôt pour dire si ça a été le cas ; nous sommes au tout début du processus», indique le Dr Geoffroy Denis, chef du service de médecine du travail à la Direction de santé publique. L'enquête tentera notamment de déterminer si les contaminants trouvés dans les résidus provenaient du produit de sablage ou plutôt du métal des poutres, qui ont été fabriquées en Espagne. «Il faut comprendre les conditions, le lieu et les quantités de poussière impliquées. Nous n'avons pas pu mettre en évidence des problèmes de santé qui sont graves, mais nous devons mieux comprendre la réalité dans laquelle les travailleurs se sont retrouvés», dit-il.
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Voyages
Royal Air Maroc prend possession de son premier Boeing 787-9 C’est désormais chose faite : la Royal Air Maroc a pris possession ale 11 décembre 2018 de son premier Boeing 787-9 à Seattle, sur les terres de l’avionneur américain. La RAM avait d’ailleurs convié des journalistes et influenceurs marocains à découvrir les usines de Boeing, dans l’État de Washington. Si la compagnie aérienne marocaine dispose déjà de 5 Boeing 787-8 dédiés à ses opérations long-courrier (vers l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud), la RAM a commandé 4 exemplaires de la version -9 du Dreamliner. Lorsque tous ces appareils ont été reçus, la compagnie possèdera 9 avions de dernière génération lui permettant d’augmenter ses fréquences et son réseau long-courrier.
Avec ce nouvel appareil, la Royal Air Maroc présentait déjà fin novembre une livrée spéciale sur ses réseaux sociaux. L’occasion pour la compagnie aérienne de faire parler d’elle. La Royal Air Maroc avait d’ailleurs eu l’occasion de faire les gros titres lorsque oneworld annonçait récemment son intégration de la compagnie aérienne marocaine à l’alliance à compter de 2020. La première depuis 5 longues années ! Mais plus qu’une alliance ou une livrée, c’est avec sa nouvelle cabine Business à bord des Boeing 787-9 que la RAM va s’imposer. En effet, afin d’équiper sa nouvelle cabine, la compagnie aérienne a fait confiance à B/E Aerospace et son siège
Super Diamond. Le moins que l’on puisse dire c’est que celui-ci est très … personnalisé ! Avec une cabine en 1 – 2 – 1, la Royal Air Maroc fait un nouveau pas en avant sur le terrain du PaxEx. En effet, les Boeing 787-8 arborent une configuration en 2 – 2 -2 avec les sièges de Stelia Aerospace. La Royal Air Maroc devient véritablement une compagnie à considérer. Avec une flotte jeune d’appareils long-courrier, un nouveau produit Business d’un excellent niveau de confort, l’intégration à une alliance, … la RAM a des atouts indéniables. De jolies choses à découvrir ces prochains mois
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Cultures
Dar al Maghrib, la vitrine de la diplomatie culturelle marocaine Par Malika Alami * “Une expérience culturelle émergente au service d’une diplomatie culturelle marocaine influente”, ainsi qualifiait le modèle du Centre culturel marocain Dar Al Maghrib à Montréal, Jaâfar Debbarh, directeur de l’établissement. C’était la semaine dernière dans la vmétropole québécoise, lors d’une conférence de la chaire Fernand-Dumont sur la culture de l’Institut national de recherche scientifique du Québec. Au cœur de la rencontre des échanges sur le thème de “la diplomatie culturelle et institutions étrangères au Québec : Comment exercer son influence ?”. Sélectionné parmi une trentaine de centres culturels montréalais pour participer à cette conférence et présenter le modèle marocain, c’était l’occasion pour le directeur de Dar Al Maghrib d’exposer les atouts culturels pluriels du Maroc et de rappeler les grandes étapes de la diplomatie culturelle marocaine. Il s’agissait aussi de mettre en exergue les nouvelles orientations en la matière. Il faut rappeler dans ce contexte, que l’histoire de la diplomatie culturelle
marocaine est relativement récente. La culture dans son sens large n’a en effet intégré que tardivement la diplomatie nationale. “Comme le confirme le rapport de l’Institut Royal des Études Stratégiques (IRES), d’importants efforts ont été déployés depuis l’indépendance du Maroc en 1956 pour promouvoir la diplomatie culturelle marocaine. A partir de 2013, une nouvelle et ambitieuse politique de renforcement et développement de la diplomatie culturelle a été lancée suite aux nouvelles orientations annoncées dans la Lettre Royale adressée à la conférence des Ambassadeurs tenue le 30 août 2013”, a souligné à ce sujet Jaâfar Debbarh. De là, le nouveau concept de la diplomatie culturelle marocaine s’est notamment concrétisé à travers la création de centres culturels marocains à l’étranger avec au cœur de leur mission la préservation de l’identité nationale des marocains du monde notamment la nouvelle génération et de satisfaire leurs besoins et aspirations culturelles, a indiqué l’intervenant. Créé en 2012, l’établissement, réouvert
Jaâfar Debbarh depuis 2016 après une période d’inactivité, a réussi à élargir son audience en ouvrant ses portes à un public bien plus diversifié. Le centre culturel accueille aujourd’hui à travers nombre d’événements et d’activités non seulement des marocains résidents au Québec mais également d’autres immigrants africains et des québécois de souche. L’établissement n’hésite pas ainsi à s’associer à l’organisation dans le cadre de partenari-
ats à des événements dans d’autres villes. En matière de programmation, outre une démarche de proximité par rapport à l’environnement culturel local très vaste sur le plan géographique, ce sont aussi les spécificités de la communauté marocaine au Canada composée de marocains du Québec et du Canada de confession musulmane et juive, qui orientent le choix des activités.
A noter qu’à l’échelle locale, le centre culturel marocain de Montréal, se distingue aussi en matière architecturale à travers son design qui met en exergue au Canada l’artisanat et le savoir-faire marocain. C’est aussi le plus grand centre culturel étranger au Québec avec une superficie globale de 2478 m2 répartie sur cinq niveaux. *In La Vieco, 3 décembre 2018
CauseRIFE
L’immigration et le droit de la famille au Québec L’immigration et le droit de la famille au Québec (mariages, divorces, familles… ) tel est le thème de la prochaine CauseRIFE , qui aura lieu le mercredi 12 décembre 2018, à 17h au local du Parc André Viger, 3275 Rue Richard, Sherbrooke, QC J1L 1Y2 Modifier le droit de la famille Le droit de la famille au Québec doit
être revu selon les nouvelles réalités des familles. Voici la conclusion du rapport de la Commission citoyenne sur le droit de la famille qui s’est déplacée au Québec durant tout ce printemps 2018. Le nouveau gouvernement s’est engagé à travailler dans ce sens et à présenter un projet de loi visant la modification du droit de la famille. RIFE avait déposé et présenté un mémoire lors de la commission Citoyenne car la situation et les
trajectoires particulières des familles immigrantes et réfugiées doivent être prises en compte dans ce nouveau droit de la famille. Il est temps de continuer la réflexion déjà entreprise dans nos organismes pour qu’immigration et droit familial concernant les mariages, les conjoints de fait, les divorces, les relations et statuts familiaux, soient harmonisés. Toutes les personnes intéressées sont invitées à participer aux dis-
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cussions : membres de familles immigrantes et réfugiées, intervenant-e-s des organismes sociaux, interculturels et juridiques, personnes directement concernées et-ou recherchant des informations. Les réalités actuelles La CauseRIFE permettra d’aborder les particularités des familles immigrantes
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et réfugiées ainsi que leurs besoins, les réalités actuelles du droit et les changements nécessaires. Des témoignages et illustrations seront les bienvenus dans le cadre des échanges et informations. Une collation sera offerte et les échanges se dérouleront comme toujours dans un cadre convivial. L’accès à la rencontre est gratuit.
Cultures
2ème édition du salon du Livre Amazigh à Montréal
La langue Amazigh à l’honneur Par Wahid Megherbi La 2ème édition du salon du Livre Amazigh à Montréal vient de s’achever. Les ateliers et conférences se sont succédés durant deux jours les 8 et 9 Décembre. Organisatrice de l’événement la Fédération Amazigh de l’Amérique du Nord (F.A.A) a voulu mettre sur le devant de la scène culturelle montréalaise la culture Amazigh. L’un de ses membres nous a fait part des difficultés auxquelles fait face le Tamazight car cette langue manque foncièrement de moyens pour qu’elle puisse atteindre sa vitesse de croisière lui permettant de s’émanciper et retrouver sa grandeur d’antan. Les auteurs et les écrivains ne manquent pas mais ce qui fait le plus défaut c’ est l’absence de moyens permettant l’édition et la publication d’ouvrages en langue Tamazight. Le pouvoir algérien n’a pas investi pour que les dits moyens soient au rendez-
Crédit photo: Wahid Megherbi
vous. De ce fait le Tamazight a un besoin crucial de soutien » nous a déclaré M.Arezki Zerrouki, membre de l’association F.A.A. L’Association culturelle Zerfa Chaouie Québec était égale-
ment présente. L’un de ces membres nous a expliqué sommairement les difficiles conditions rencontrées par la langue Chaouie» L’État algérien n’a accordé aucune importance pour que la langue chaouie retrouve la place qui
lui est due. Le Chaoui est notre langue et nous ne baisserons jamais les bras pour qu’elle soit enseignée et protégée en Algérie » nous a affirmé M.Aziz Chetara fervent défenseur de la culture Amazigh au Canada.
La langue Amazigh a été à l’honneur durant ces deux journées. Espérons qu’elle le sera ensuite à longueur d’année.
On boucle l'année 2018 en treize minutes! A peine de retour de la 5e édition de Visa for Music où nous avons eu le plaisir de présenter en première Résonance Culturelle - un court-métrage de treize minutes portant sur l’échange interculturel entre RedTail Spirit Singers, Daraa Tribes et Sacred Wolf Singers à l'été 2018 – Marchande d’idées Interculturelles tient à remercier tous ceux et celles qui de près ou de loin ont contribué au succès de ce projet et qui continuent de nous encourager dans notre démarche du rapprochement des cultures par la musique et les arts. La présentation de Résonance Culturelle à la Villa des Arts de Rabat a créée beaucoup d’intérêt et d’engouement pour le développement de collaborations et de partenariats pour 2019. Forts de notre expérience dans la recherche, développement et gestion de projets interculturels; nous poursuivrons avec enthou-
siasme et détermination notre travail visant à créer des synergies culturelles et humaines.
Nous avons bien hâte de mettre en marche ces nouvelles initiatives.
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Cultures
Passerelles culturelles et littéraires
Kamal Benkirane, avec mention honorable Le 19 novembre 2018, à la société Saint Jean Baptiste de Montréal, à l’occasion de la première édition du Prix Ismene Toussaint, Mr Kamal Benkirane, écrivain et directeur de l’Association Culturelle Passerelle a reçu une reconnaissance « mention honorable », et ce en guise d’hommage à ses efforts déployés, au sein de la francophonie québécoise, pour tisser des liens et instituer des passerelles culturelles et littéraires au sein des communautés culturelles. La soirée s’était amorcée sur un clin d’œil au peuple Métis et le défilé de 17 drapeaux de l’Amérique française, dont aussi le drapeau du Maroc.
Auteure, chroniqueuse, docteure ès lettres, Ismène Toussaint est une spécialiste de la littérature de l’Ouest du Canada. Née à Saint-Brieuc, en Bretagne, Ismène Toussaint écrit et publie dans des journaux depuis son plus jeune âge. Après des études de lettres à l’Université de Rennes II Haute-Bretagne, elle enseigne le français deux an durant dans a ville natale puis devient journaliste, chroniqueuse littéraire et artistique, enfin chef de rédaction d’un hebdomadaire régional, La Liberté. Ismène Toussait a reçu plusieurs distinctions pour son dévouement à la cause Métis au Canada.
Kamal Benkirane
Arts plastiques
Des artistes peintres marocains exposent leurs œuvres Les artistes peintres marocains Latifa Mazhar et Ali Braim exposent leurs œuvres au Musée des maîtres et artisans du Québec à Montréal dans le cadre de l'exposition "Les jumeaux du Cari".
le et économique pour immigrants de Saint-Laurent (CARI St-Laurent), cette exposition a pour but de faciliter l'intégration professionnelle des artistes immigrants.
Montée en collaboration avec le Centre d'accueil et de référence socia-
Approché par la MAP, alors qu'il réalisait une œuvre devant les visiteurs du musée, l'artiste Ali Braim a affirmé
que sa passion pour l'art est innée. "Je dessine depuis mon enfance. A 15 ans, mon professeur au lycée m’a conseillé de suivre des cours d’arts plastiques. J’ai commencé par le classique, comme tous les peintres avant de passer par plusieurs écoles", a-t-il dit.
actif plusieurs expositions individuelles et collectives au Maroc, présente un style artistique qui tend vers la figuration et la représentation de sites historiques, avec une abstraction des formes.
Cet artiste peintre, qui compte à son
"A mon arrivée au Québec en 2006, j'ai fait une exposition puis j’ai arrêté.
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Ça fait deux ou trois ans que j'ai renoué avec ma passion", a indiqué Ali, tout en assurant qu'aujourd'hui il se considère comme un impressionniste autodidacte. "J’essaie de faire bouger les choses par la forme, le geste et les couleurs. Je réalise aussi des portraits. Je suis toujours en quête de quelque chose …", a-t-il confié.
Panorama
Affaire Huawei: la Chine menace le Canada
La Chine prévient le Canada qu'il y aura des «conséquences graves» si la patronne du géant chinois des télécommunications Huawei n'est pas libérée.
Le gouvernement chinois a convoqué samedi l'ambassadeur du Canada à Pékin, John McCallum, pour protester contre l'arrestation de Meng Wanzhou, à la demande des États-Unis. Elle est détenue depuis le 1er décembre, à Vancouver, et Washington réclame son extradition. Les États-Unis la soupçonnent d'avoir contourné les sanctions américaines contre l'Iran. L'ambassadeur des États-Unis a aussi été convoqué. Un reportage de l'agence officielle Xinhua, repris par le site internet du ministère des Affaires étrangères de Chine, a rapporté la version chinoise de la rencontre.
«une grave violation (de ses) droits légitimes et intérêts».
«Une telle mesure fait fi du droit. Elle est déraisonnable, inconsciente et par sa nature même, ignoble, a dit M. Le dans une déclaration écrite. La Chine exhorte fortement les Canadiens à libérer la dirigeante de Huawei [...] sinon ils en subiront les conséquences.» Selon un ancien conseiller aux affaires étrangères du premier ministre canadien Justin Trudeau, les pressions chinoises ne fonctionneront pas. Dans une série de tweets, Roland Paris écrit : «Peut-être parce que l'État chinois contrôle tout son système judiciaire, Pékin a parfois des difficultés à comprendre ou à croire à l'indépendance des palais de justice dans un pays où règne le droit. Il ne sert à rien d'exercer des pressions sur le
Meng Wanzhou libérée mardi 11 décembre La directrice financière du géant chinois de la technologie Huawei a obtenu sa libération conditionnelle en ColombieBritannique, mard 11 décembre 2018i. Meng Wanzhou avait été arrêtée le 1er décembre lors d'une correspondance à Vancouver. Les États-Unis réclament son extradition pour qu'elle répondre à des accusations de fraude liées à des contrats qu’elle aurait conclus avec l’Iran en violation des sanctions américaines décrétées contre Téhéran.
Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Le Yucheng aurait dit à M. McCallum que la demande américaine constituait
gouvernement canadien. Les juges décideront.» L'audience sur la libération sous caution de Meng Wanzhou s'est
Meng Wanzhou amorcée vendredi à Vancouver et devrait se poursuivre la semaine prochaine. Entre-temps, la directrice financière de Huawei demeure en détention. Par ailleurs, l'arrestation a fait capoter une mission commerciale que la Colombie-Britannique devait effectuer en Chine.
escale à Vancouver. Le ministre du Commerce de la province, Bruce Ralston, a rejeté une demande d'entrevue de La Presse canadienne. De son côté, un porte-parole
La délégation dirigée par le ministre britanno-colombien des Forêts, Doug Donaldson, ne s'arrêtera pas en sol chinois et terminera plutôt son voyage après une visite au Japon. Dans un communiqué, la province a expliqué avoir pris cette décision en raison de la procédure judiciaire actuellement en cours impliquant la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, qui a été arrêtée la semaine dernière lors d'une
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d'Affaires mondiales Canada, Stefano Maron, a indiqué par courriel que la décision de ne pas aller en Chine avait été prise par le gouvernement de la Colombie-Britannique et que c'est donc à dernier d'en commenter la teneur.
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