nº 337 du 18 au 31 octobre 2018
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32 des 74 députés caquistes sont issus du milieu des affaires
Cabinet Legault 1 : Une équipe de gestionnaires?
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Le cannabis désormais légal au Canada
Comment en parler avec ses enfants? Page 27
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Perspectives Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Wahid Megherbi, Reda Benkoula Publicité : Pub Smart Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com
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Le monde désormais entre inondations, tsunamis, montée des eauxet sécheresses de longue durée
Climat: Le «point de non-retour»? Le monde a atteint un « point de non-retour » en matière de changement climatique, vient de déclarer l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon lors du récent lancement aux Pays-Bas d’une commission internationale pour le climat.
La commission examinera les mesures que les pays, en particulier les plus pauvres, peuvent prendre pour s’armer contre les effets du changement climatique, tels que la montée des eaux et la sécheresse de longue durée. Un sommet sera organisé par les Pays-Bas en 2020 pour faire le point sur les travaux de la commission, à laquelle se sont associées de grandes puissances mondiales telles que la Chine, l’Inde et l’Allemagne, aux côtés de 14 autres pays.
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Depuis 2002
La commission, dont le siège se trouve à Rotterdam, est menée par Ban Ki-moon, Bill Gates, fondateur de Microsoft et activiste pour le climat, et Kristalina Georgieva, directrice générale de la Banque mondiale. « Nous sommes sur le point de non-retour », a déclaré Ban Ki-moon lors d’une conférence qui lançait officiellement la commission à La Haye. Le monde doit prendre le chemin qui pourrait lui assurer un « avenir plus résilient au climat »,
a poursuivi l’ancien secrétaire général des Nations Unies de 2007 à 2016. … ou une stabilité sociale en péril? « Ou nous pouvons continuer avec le statu quo, mettant en péril la croissance économique mondiale et la stabilité sociale » et « risquant de ne plus être assurés de nourriture, d’énergie et d’eau dans les décennies à venir », a-t-il averti.
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Dans un rapport publié la semaine dernière, les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont appelé à des transformations rapides et sans précédent si l’on veut limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. « Pour les Pays-Bas, la recherche de solutions aux problèmes liés à l’eau fait partie de la vie de tous les jours », a souligné mardi
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la ministre néerlandaise des Infrastructures et de la Gestion de l’eau, Cora van Nieuwenhuizen. « Mais l’expérience nous a appris qu’il vaut mieux prévenir que guérir », a-t-elle ajouté. Les Pays-Bas sont particulièrement vulnérables aux conséquences du changement climatique, une partie du pays se trouvant en dessous du niveau de la mer.
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Politique
32 des 74 députés caquistes sont issus du milieu des affaires
Conseil des ministres : Une équipe de gestionnaires? C'est jeudi 18 octobre 2018 que François Legault, Premier ministre désigné à l’issue du scrutin du 1er octobre, devait présenter son conseil des ministres, un exercice qui, selon son propre aveu, s'avère assez complexe. Le premier ministre désigné doit en effet jongler avec différents critères applicables au cas par cas. Ces critères sont, selon les analystes politiques, la parité, les années de service au sein du parti, la représentation régionale et la compétence. Parmi les 74 élus de la CAQ, Il y a des élus qui transcendent tous ces critères : les deux députés appelés à veiller à la transition au pouvoir, Geneviève Guilbeault et Simon Jolin-Barrette, devraient sans doute accéder au conseil. Parmi les autres valeurs sûres figuraient Sonia Lebel et Christian Dubé, qui n’ont certainement pas abandonnés de brillantes carrières et fait le saut en politique pour être simples députés. Dans le cas de Chantal Rouleau, elle devait presque assurément être nommée ministre, puisqu'il faut obligatoirement un responsable de la Ville de Montréal, que Mme Rouleau est la seule élue caquiste dans la Métropole et qu’au surplus, elle a beaucoup d’expérience politique, même si l’essentiel de sa carrière s’est déroulé au palier municipal. Pour Sébastien Bovet, le mystère plane encore à savoir qui occupera le poste de ministre de l’Environnement. Or, un élu de la région de Québec pourrait avoir l’expérience suffisante pour obtenir ce portefeuille. Le nouveau portrait-type du politicien Plus généralement, si le gouvernement Couillard a souvent été taxé d'être un gouvernement de médecins, celui de François Legault pourrait bien être celui des patrons, son équipe de nouveaux députés étant en grande partie composée de gestionnaires et de gens d'affaires, relève La Presse
canadienne. François Legault, a d’ailleurs souvent vanté les mérites de son « équipe de gestionnaires » lors de la campagne électorale, et même avant. Selon une analyse des expériences professionnelles et des curriculums vitae, pas moins de 32 des 74 députés caquistes fraîchement élus proviennent du domaine des affaires et de la gestion, soit 43 % de l'ensemble du caucus caquiste. Cette proportion de gestionnaires à l'Assemblée nationale n'étonne pas, selon Hugo Cyr, doyen de la Faculté de science politique et de droit de l'UQAM. Il explique que, traditionnellement, une majorité de députés provenaient du domaine du droit ou étaient médecins, mais qu'« il y a une transformation depuis plusieurs années du portrait type du politicien, de la politicienne ». Ces anciens gestionnaires et gens d'affaires proviennent de secteurs très variés, allant des finances à l'agriculture, en passant par la
communication et l'ingénierie. Selon M. Cyr, cette variété « de sensibilités et d'expériences va permettre d'éviter un certain nombre d'erreurs, d'effets imprévus ou de zones grises dans un projet de loi ». François Legault est lui-même un ancien gestionnaire et homme d'affaires, ayant fondé l'entreprise Air Transat, après avoir travaillé dans la direction de Québecair et Nationair. Il a également siégé jusqu'en 1998 à divers conseils d'administration, dont ceux de Provigo et de Sico. Des gestionnaires de la haute finance se retrouveront aussi à l'Assemblée nationale du côté caquiste, parmi lesquels on retrouve le député de la circonscription de Groulx, Éric Girard, qui est ancien trésorier de la Banque Nationale, et Christian Dubé, un ancien premier vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui a remporté la circonscription de La Prairie. La nouvelle équipe de députés
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caquistes regroupe également des gens d'affaires et gestionnaires de PME, comme Andrée Laforest, propriétaire d'une garderie et d'un commerce, François Jacques, copropriétaire d'un centre funéraire, et même François Bonnardel, qui a géré plusieurs entreprises en service automobile avant de devenir député. Pour «mieux gérer les gros ministères» Fin août dernier, M. Legault insistait sur la nécessité d'avoir d'excellents gestionnaires pour « mieux gérer de gros ministères comme la Santé ». Pour M. Cyr, pendant la campagne, « toutes les questions, dont celle de la santé, étaient souvent présentées comme des problèmes de gestion, plutôt que des problèmes ou des enjeux de société ». L'analyse de La Presse canadienne montre qu'il n'y a qu'un seul médecin dans les rangs caquistes, élu dans Taillon Lionel Carmant est en effet spécialiste en neurologie pédiatrique.
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C'était tout le contraire dans l'équipe libérale, alors que l’ancien premier ministre Philippe Couillard était lui-même neurochirurgien et que deux de ses ministres étaient également médecins. Yves Bolduc, médecin généraliste de carrière, a quitté la vie politique et son poste de ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur en 2015. Le radiologiste et ancien président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec Gaétan Barrette a pour sa part été ministre de la Santé jusqu'au déclenchement des élections. Dans le nouveau gouvernement de la CAQ, on note toutefois parmi les nombreux députés gestionnaires, la présence de Danielle McCann, pressentie pour occuper le poste de ministre de la Santé. Elle a notamment été PDG de l'Agence de santé et de services sociaux de Montréal et gestionnaire de plusieurs CLSC et CHSLD.
Politique
PLQ : «Nous ne ferons aucun compromis sur nos valeurs fondamentales» déclare Pierre Arcand, chef intérimaire du parti Les gros calibres du Parti libéral du Québec disent en choeur souhaiter se reconnecter avec les militants depuis la cuisante défaite du 1er octobre, mais ils ont passé outre, lundi 15 octobre 2018, à l’appel de l’un de leurs partisans les plus en vue : Alexandre Taillefer. « Il y a certainement un questionnement à avoir par rapport à la question des signes religieux », a lancé le président de la campagne du PLQ à son arrivée à la cérémonie d’assermentation des 29 députés libéraux au Parlement. « On a abordé la question de BouchardTaylor. On doit arriver à un compromis, c’est quelque chose qui va être sur la table », a ajouté M. Taillefer. Sa proposition a été balayée du revers de la main par le chef intérimaire du PLQ, Pierre Arcand. « M. Taillefer a terminé son mandat. […] M. Taillefer parle en son nom personnel, il ne parle pas au nom de notre formation politique », a-t-il fait valoir alors qu’il était entouré, pour l’occasion, des huit recrues du PLQ. L’homme d’affaires « n’est pas persona non grata » au sein du PLQ pour autant, a-t-il ensuite précisé. Le Parti libéral a déjà posé ses limites en matière de signes religieux, a rappelé le ministre sortant, en évoquant la Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État (« loi 62 »). L’obligation de donner ou de recevoir un service public à visage découvert est « le plus loin où légalement, à
notre avis, on pouvait aller », a fait valoir le chef de l’opposition officielle. La Cour supérieure, qui a suspendu l’application de l’article charnière de la « loi 62 » en juin dernier, n’est pas du même avis. « Un préjudice irréparable sera causé aux femmes musulmanes à partir du 1er juillet si la suspension n’est pas accordée, et il est urgent d’agir », avait-elle tranché. « Qu’est-ce que doit faire le nouveau gouvernement pour s’assurer que cette disposition-là soit ressuscitée ? Doit-il recourir à la "clause dérogatoire" à la Constitution ? », a demandé un journaliste au chef de l’opposition officielle. M. Arcand a esquivé la question, se contentant d’appeler le nouveau gouvernement à, « dans un premier temps, laisser les tribunaux se prononcer, d’abord
et avant tout » sur le fond. Un scénario improbable puisque la CAQ s’est engagée à abolir la « loi 62 », pour ensuite légiférer afin d’interdire aux employés de l’État en position d’autorité — les enseignants, les policiers, les juges et les gardiens de prison — de porter des signes religieux. « Nous ne ferons aucun compromis sur nos valeurs fondamentales », a répété M. Arcand. Prestation de serment dans les deux langues officielles À l’avant du Salon rouge, 10 des 29 députés libéraux ont choisi de prêter serment en français et en anglais, malgré quelques accrocs mineurs dans cette deuxième langue pour certains des francophones l’ayant choisie. « C’est une décision d’abord
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de respect pour les gens qui sont dans les différents comtés », a déclaré M. Arcand. Il ne s’agissait pas de « remettre en question la qualité du français », a-t-il assuré à la presse. En anglais seulement, le chef intérimaire du PLQ a souligné dans son allocution l’importance de s’assurer que le Québec demeure « une société libre et ouverte ». « Qu’importe votre langue ou votre religion, nous sommes tous des Québécois », a-t-il affirmé. L’élu de Mont-Royal– Outremont a justifié son choix par « les craintes » qu’il a dit observer dans les milieux anglophones. « Vous savez, les gens ne connaissent pas beaucoup la Coalition avenir Québec », a-t-il déclaré. « Je tiens à rassurer les gens et certaines de nos communautés [sur le fait] que nous allons être là
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pour défendre leurs droits. » Le PLQ formera une opposition officielle « forte », a enfin fait valoir M. Arcand, tout en précisant que sa formation politique compte un trio d’armoires à glace. « Comment on peut être intimidé, comme opposition, par ce nouveau gouvernement et par les deux autres oppositions lorsqu’on a autant de talent dans notre équipe et lorsque nous avons Enrico Ciccone dans notre équipe ? Il y a Gaétan Barrette et Saul Polo aussi qui ne sont pas pires, ils peuvent donner un bon coup de main, également », a-t-il lancé devant un parterre de quelques centaines de personnes rassemblées dans le Salon rouge. En point de presse, il a expliqué avoir fait cette remarque pour faire « sourire un peu les gens ».
Politique
Malgré sa pire défaite en quarante ans
Le PQ continue d’avoir foi en l'avenir Malgré la défaite électorale subie par le Parti québécois (PQ), la pire en 40 ans, l'ancienne dirigeante du parti et première femme élue première ministre du Québec, Pauline Marois, s'est montrée optimiste quant à l'avenir de sa formation politique. En marge des funérailles de l'ex-ministre Élaine Zakaïb, à Sorel-Tracy, Mme Marois a déclaré avoir trouvé « très difficile et un peu triste » ce qui est arrivé au PQ. Mais l'ex-première ministre « garde foi en l'avenir » de son parti. Grâce à un dépouillement judiciaire favorable dans Gaspé, mercredi dernier, le PQ comptera finalement dix
sièges à l'Assemblée nationale. Une faible représentation qui résulte de l'appui d'à peine un peu plus de 17 % des électeurs. « Vous savez, c'est une grande formation politique qui a une longue histoire, qui a des militantes et des militants très engagés », a-t-elle commenté. Interrogée sur un éventuel rôle qu'elle pourrait jouer dans la reconstruction du PQ ou sur ses intentions de participer à la relance, Pauline Marois a répondu simplement : « Je ne crois pas le faire ». Rappelons que le Parti québé-
cois a perdu son chef le soir même de l'élection générale, alors que Jean-François Lisée a annoncé sa démission en
même temps qu'il était défait dans la circonscription de Rosemont.
C'est le député de MataneMatapédia, Pascal Bérubé, qui occupe les fonctions de chef
Québec Solidaire
Manon Massé et Nadeau-Dubois respectivement chef et leader parlementaire Deux co-porte-parole, deux tâches différentes. Au lendemain d'une élection qui a permis à Québec solidaire (QS) de tripler la taille de son caucus, Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois annoncent qu'ils deviennent respectivement chef parlementaire et leader parlementaire du parti de gauche. Ainsi, la députée de SainteMarie-Saint-Jacques sera désormais responsable de la vie politique de QS tandis que son collègue de Gouin mènera les travaux du parti en chambre. Manon Massé explique que ce choix s'est imposé afin de respecter les règles de l'Assemblée nationale « Il n'y a pas de chef dans notre parti [...] on est sur le même pied d'égalité moi et Gabriel [...], par contre il y a des rôles qui doivent se différencier rendu à l'Assemblée nationale. Comme chef parlementaire, je vais être plus responsable de la politique et Gabriel va plus s'occuper de se qui se passe en chambre, les projets de loi, la vie par-
lementaire, etc. », indique Manon Massé.
N'empêche, le rôle de chef parlementaire confère à Manon Massé plus de visibilité qu'à Gabriel Nadeau-Dubois, à l'instar de la récente campagne électorale. Mme Massé assume le fait qu'elle devient de facto le visage de QS. « Je pense que c'est la prime au débat des chefs si je peux dire. C'est que la personne qui va au débat, c'est celle qui est plus de l'avant. Je pense aussi que de plus en plus les gens apprennent à me connaître [...] et les gens se rendent compte que la différence qu'incarne Québec solidaire dans ses politiques, par exemple dans la lutte aux changements climatiques, ça s'incarne dans un personnage qui est moi », admet-elle en entrevue. Manon Massé ne prévoit pas prendre toute la place pour autant, elle qui souligne que la distribution des dossiers
parmi la députation de QS sera bientôt annoncée. Le défi d'un plus gros caucus Il n'y a pas que la répartition des rôles entre co-porteparole qui évolue à QS. La gestion d'un caucus passé de trois à dix députés vient également changer la dynamique au sein du parti où plus de courants politiques
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sont maintenant représentés, avec par exemple l'élection de Sol Zanetti, ancien chef du parti souverainiste Option nationale. Alors, comment maintenir la cohésion au sein des députés? Manon Massé n'est pas inquiète. « On va être dans la collégialité au niveau de notre caucus [...]. Bien sûr il y aura des
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échanges, des chocs d'idées et tant mieux; on pense pas tous pareil. Je pense qu'au contraire, dans l'échange, dans le dialogue et l'ouverture d'esprit, on fait cheminer et ça sera pareil pour notre caucus », indique-t-elle. Les députés de QS seront assermentés mercredi au Salon rouge de l'Assemblée nationale
Santé
Maladies cardiaques, mal du siècle
10 symptômes auxquels il faut prêter attention… Bien que cela puisse paraître étrange, les maladies cardiaques sont souvent diagnostiquées par des dermatologues plutôt que par des cardiologues. C'est parce que de nombreux signes avant-coureurs de maladie cardiaque apparaissent d'abord sur votre peau. Voici 10 des problèmes de peau, les plus couramment liés aux maladies cardiaques, à surveiller. 1. Enflure des jambes et des pieds
courant par temps froid. Mais, si vous n'êtes pas exposé à l'air froid, cela peut être préoccupant, car il peut s'agir d'un symptôme d'une artère bouchée ou de problèmes de cholestérol élevé. Si ces taches ne disparaissent pas, consultez votre médecin le plus tôt possible. 4. Dépôts de cholestérol On les note généralement grâce à des taches - ou des plaques - jaunâtres au coin
auréole rouge, et qui évolue en poussées, alors vous devez agir immédiatement. Bien que cela puisse ressembler à une simple éruption cutanée, ces bosses sont une autre forme de dépôts de cholestérol (appelés Xanthomes). Ces dépôts sur la peau sont un signe de diabète ou d'hypercholestérolémie. 6. Enflures du lit unguéal De telles enflures, combinées à des ongles inclinés,
Les maladies cardiaques peuvent faire en sorte que vos pieds et vos jambes retiennent plus de liquide. Si vous commencez à remarquer que vos pieds et vos jambes enflent sans raison apparente, consultez votre médecin pour en déterminer la cause. Des examens pourront ainsi, peut-être, vous aider à prévenir d'éventuels problèmes cardiaques.
Un ganglion est un petit renflement arrondi. Si vous remarquez que vous en avez sur vos orteils ou sur vos doigts et, qu'ils sont douloureux à la palpation, alors peut-être que vous avez des ganglions d'Osler, et cela pourrait être le symptôme de problèmes cardiaques. Ces bosses ne durent généralement pas très longtemps, mais elles peuvent être le signe d'un
2. Peau Bleue Bien que le bleuissement de votre peau ne soit pas forcément préoccupant, surtout si vous avez été dans le froid pendant un certain temps; il l'est si cela se produit sans raison. Une peau qui devient bleue peut être le signe d'un vaisseau sanguin obstrué. La peau devient bleue parce qu'elle manque d'oxygène. Dans ce cas, vous avez besoin de soins médicaux, car cela peut être le signe d'un problème cardiaque.
9. Ganglions sur les doigts et les orteils
des yeux ou autour des paupières (Xanthélasma), à l'arrière des jambes, dans les paumes des mains, ou à d'autres endroits du corps. Ils se formeront si votre taux de cholestérol est trop élevé. Alors assurez-vous de consulter votre médecin si vous remarquez de telles taches sur votre peau. 5. Xanthome éruptif Si vous commencez à remarquer une éruption
Une peau qui présente des taches bleues et violettes peut être un phénomène
cutanée qui se compose d'un amas de taches plus en relief (comme de petites plaques ou bosses), généralement entouré d'une
N'attendez pas qu'il soit trop tard. Si vous notez que vous avez l'un de ces symptômes cutanés, il est important de consulter votre dermatologue ou votre médecin
peuvent être la forme naturelle des doigts de certaines personnes, mais elles peuvent aussi être le signe d'une infection ou d'une maladie cardiaque. N'oubliez pas de consulter votre médecin pour en déterminer la cause. 7. Dans la peau sous vos ongles Les petites lignes dans la peau sous vos ongles, semblables à des échardes, sont souvent le résultat d'un traumatisme aux doigts. Cependant, si vos doigts n'ont subi aucune contusion récemment, cela pourrait être un autre symptôme de maladie cardiaque. Si c'est votre cas, consultez immédiatement votre médecin.
problème cardiaque ou d'une endocardite infectieuse. 10. Décoloration des mains et des pieds
8. Bosses et nodules sur la peau
3. Peau tachetée
Cela ressemble peut-être à un simple bleu sur votre peau, mais il pourrait aussi très bien s'agir d'un placard érythématheux de Janeway. La décoloration n'est pas douloureuse et ne dure pas très longtemps, mais malheureusement, elle peut être le symptôme d'une infection au niveau de votre cœur.
Ceux-ci peuvent souvent être le symptôme d'un dépôt de protéines - appelé Amylose - causé par une accumulation de protéines dans l'un de vos principaux organes, tel que le cœur. Consultez votre dermatologue pour déterminer la cause exacte de ces nodules.
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généraliste dès que possible. Ils seront en mesure de vous aider à diagnostiquer la cause du problème, ou de vous dire à quel spécialiste vous adresser.
Santé
La pénurie de médecins de famille va encore s’aggraver… La répartition des nouveaux médecins de famille creusera encore davantage les inégalités d’accès pour les patients entre les régions, dénonce un médecin montréalais. La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) avertit carrément qu’une pénurie guette tout le Québec, et que l’atteinte de la cible d’inscrire 85 % des Québécois auprès d’un médecin d’ici à la fin de l’année devient difficilement atteignable.
Après avoir analysé la répartition des postes affichés cet automne pour les omnipraticiens qui seront diplômés en 2019, décidée par Québec, le Dr Mark Roper conclut que « c’est un désastre pour Montréal ». L’île, c’est plus de 300 000 personnes à inscrire pour atteindre la cible de 85 %. En 2019, bien que 100 jeunes médecins soient autorisés à s’installer dans la métropole, le Dr Roper calcule qu’une cinquantaine de retraites surviendront. Trop peu de bras supplémentaires en comparaison de l’ampleur des besoins : « La situation va se dégrader », prédit-il. Médecins : Plus de départs que de recrutement… À une échelle plus fine, il dénonce des situations aberrantes, comme pour le réseau local de service (RLS) de Côte-des-Neiges– Métro–Parc-Extension. Ce territoire englobe sa clinique, le GMF Queen Elizabeth. Ce RLS, qui compte d’autres cliniques, peut recruter six jeunes médecins, mais on peut raisonnablement s’attendre à neuf retraites, dit le Dr Roper. Un bilan négatif avec plus de 47 000 patients à inscrire, le plus
grand nombre parmi tous les RLS du Québec. Cinq médecins déjà établis, originaires d’autres régions, sont aussi autorisés à s’installer.
Le Dr Roper craint aussi pour la Montérégie, les Laurentides, Lanaudière ou la Capitale-Nationale, par exemple, où les ajouts nets de nouveaux médecins, une fois les retraites prises en compte, seront faibles, voire négatifs. « Douze médecins en moins dans la région de Québec, ça veut dire 12 000 patients orphelins de plus ! », s’exclamet-il. Le Dr Simon-Pierre Landry, porte-parole du Regroupement des médecins omnipraticiens pour une médecine engagée (ROME), chef de l’urgence de l’hôpital de SainteAgathe et administrateur d’une clinique, réclame carrément l’abolition du système centralisé de répartition des postes. « Comme en Ontario et en ColombieBritannique, les hôpitaux et les cliniques devraient pouvoir afficher les postes sur un site Web. Le gouvernement peut quand même contrôler l’offre », explique-t-il. « Le système actuel a toujours sous-estimé la croissance démographique de Montréal, des Laurentides et de la Montérégie, où il y a un déficit énorme, qui va s’accélérer. » Le taux d’inscription à un médecin de famille n’est pas le seul critère qui doit être considéré dans l’attribution des postes, répond le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), citant les hospitalisations, les urgences, les CHSLD, le soutien à domicile, l’enseignement.
« On doit aussi considérer des facteurs tels que la croissance démographique, le remplacement des médecins qui prennent leur retraite, etc. La méthodologie du MSSS vise une répartition équitable des nouveaux facturants », précise la responsable des communications Noémie Vanheuverzwijn. Régions : des patients orphelins par milliers Le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin, craint carrément une « pénurie d’effectifs, qui est en train de s’accentuer ». Ayant prévu des ajouts nets de 225 ou 250 médecins par an, la FMOQ doit jongler avec bien moins. L’apport net ne sera peut-être que de 100 omnipraticiens cette année. Moins de jeunes embrassent la profession. « Environ 50-60 médecins en moins s’expliquent par des médecins qui ont pris leur retraite, accepté des mandats administratifs ou quitté le régime public de plus par rapport à ce à quoi on s’attendait », dit aussi le Dr Godin.
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Plus de 200 postes de résidents en médecine familiale sont restés vacants dans les trois dernières années. En septembre, 305 omnipraticiens étaient « désengagés » de la RAMQ, c’est-àdire qu’ils pratiquent au privé. Ils étaient 199 en 2014. Dans les circonstances, l’atteinte de la cible de 85 % pour la fin de l’année 2018 devient « de plus en plus difficile, même si on ne jette pas l’éponge », ajoute le Dr Godin. Actuellement, 80 % des Québécois sont inscrits, une évolution de moins de 1 % depuis décembre dernier. « On nous avait promis plus de soutien dans nos bureaux, les spécialistes devaient aussi nous soulager des tâches hospitalières. On est bien loin de ce qui avait été promis », dénonce le Dr Godin. En ce qui concerne la répartition des postes entre les régions du Québec, il compare la situation à un
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morceau de pain insuffisant pour une grande famille : tout le monde reste sur sa faim. Même dans les régions où la cible de 85 % est atteinte, comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean, les besoins sont grands. « Il y a des besoins hospitaliers et on manque de médecins », explique le Dr Godin. « On revient toujours à la case départ. Si j’en ajoute à un endroit, j’en enlève à un autre ! » Il comprend la frustration de ses confrères. « C’est une situation qui n’est pas facile », reconnaît-il. « Sans le regard macroscopique, on peut avoir l’impression que Montréal ne reçoit pas les effectifs qu’il devrait, mais les gens sont de bonne foi » lorsque les décisions sont prises en fonction des diverses variables, ajoute le Dr François Loubert, le chef du Département régional de médecine générale pour la métropole.
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Réalités
Programme immigrants investisseurs
Un échec retentissant, un coût énorme…
… et, en fin de compte, une arnaque qui coûte cher à tous les québécois
Donner un privilège indu et faciliter l’entrée au Canada sur la base de la richesse de l’immigré est condamnable. Dans un excellent dossier publié le 13 mars 2018 sur les riches immigrants, surtout originaires de la Chine, sous la plume de Philippe Orfali et intitulé « Des riches immigrants utilisent Québec pour obtenir leur passeport... mais la majorité d’entre eux ne s’établissent jamais ici », on a appris que ces pseudoimmigrants investisseurs n’investissent absolument rien au Québec et que c’est un programme bidon établi début des années 90, basé sur des mythes patronaux plus gros que la planète. De 1991 à 2016, 57 935 immigrants ont bénéficié de ce bar ouvert qui coute des millions de dollars chaque année aux contribuables québécois. Le programme de l’immigration de supposés riches investisseurs qui n’investissent pas, sauf dans l’immobilier (ce qui fait que cette spéculation favorise l’augmentation du prix des maisons), est tellement mauvais qu’au fédéral, le Parti conservateur de Stephen Harper, que l’on ne peut taxer d’être contre les nantis et contre l’investissement, l’a carrément aboli en 2012. Mais au Québec, le Parti libéral de Philippe Couillard, même si ce programme est très déficitaire pour la province, continue de le financer à coups de millions par année par souci électoraliste afin d’aller chercher des votes chez les allophones et de répondre favorablement aux exigences du patronat et des banques comme Desjardins et la Banque
Nationale du Canada, qui parrainent cet illogique programme, car ça leur rapporte gros financièrement. Et au diable les coûts pour la collectivité. Pour ces derniers, mieux vaut dépenser l’argent des contribuables dans ce «machin» que d’investir dans les programmes sociaux. Des chiffres qui provoquent la colère
Sur les 57 935 immigrants qui ont bénéficié du programme québécois depuis 1991, seulement 10,4 % vivent aujourd’hui au Québec. Les autres, après avoir transité temporairement au Québec, ont pris la direction de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, ce qu’ils avaient prévu à l’avance. Le revenu total moyen au Canada des participants est d’un gros 21 856 $ l’an. Allô gros investisseurs riches au Québec! En fait, leur fric reste dans leur pays d’origine. Et n’oubliez pas que ces filous jouissent totalement de la gratuité de tous nos services publics payés par la population québécoise. Le dossier du Journal de Montréal mentionne que ce passe-passe coûte chaque année 12 millions $ aux contribuables québécois en plus des 52 millions versés par an en moyenne aux programmes d’immigrants investisseurs pour l’aide aux entreprises et l’aide à l’intégration des immigrants en emploi. Ça relève
de l’abus et de la dilapidation de biens et de fonds publics. Embauche d’universitaires asservis Pour faire accroire que leur projet est immensément bénéfique pour l’ensemble alors qu’il lui est déficitaire et seulement rentable pour la classe dominante, le patronat utilise toujours la tactique de l’embauche rémunérée d’experts et d’universitaires qui, sous le vernis de rapports scientifiques, produiront des études ridicules qui farciront la cervelle des gens et de certains journalistes et qui jouiront d’une belle et grosse couverture dans les médias. Ah oui, évidemment, le patronat et les politiciens sont toujours sur la même longueur d’onde, toujours prêts à emberlificoter la population. Dans le cas qui nous intéresse, Desjardins, la Banque Nationale et d’autres ont retenu les services d’éminents universi-
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taire et économiste Pierre. Mais comme ces professeurs émérites pensent toujours comme le patronat, ils sont alors aimés et admirés par les gens d’affaires, les riches, les politiciens et les médias qui les consultent tout le temps et qui ne sont pas avaricieux de superlatifs à leur endroit. L’un dans l’autre, ces faits ont conduits à une étude faisant appel à des hypothèses et des variables qui relèvent de la pensée magique, qui arrive à la conclusion suivante : « Les immigrants investisseurs rapportent gros » (La Presse, 31 mai 2011). En fait, la réalité est toute autre et est plutôt du côté qu’ils « coûtent » gros aux contribuables québécois : « Immigrants investisseurs. Les études en question omettent aussi de parler des millions de dollars « investis » chaque année par le gouvernement du Québec
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et des millions que le programme rapporte à ses commanditaires banquiers. Ce n’est pas des farces, jusqu’à où peut aller les niaiseries concernant le calcul des retombés économiques? Dans son opinion très songée, Pierre Fortin mentionne ce qui suit : « Chaque dollar investi par le biais du programme Immigrants investisseurs rapport 25 dollars dont 10 aux gouvernements » C’est vraiment du n’importe quoi. Malgré tout cela, le programme Immigrants investisseurs vient d’être reconduit. On y a de plus, incorporé certains ajouts qui feront que les banquiers feront encore plus d’argent et qui permettront d’accueillir encore plus ces profiteurs étrangers à l’avenir au Québec (« Québec. Changements au programme d’immigrants investisseurs » (Le Journal de Montréal, 3 avril 2018).
Réalités
Visas de visiteurs temporaires
De plus en plus de refus… Jusqu’à 27% de demandes rejetées! Assim Traoré, un résident de Gatineau, a un rêve tout simple : recevoir la visite de sa sœur. C'est pourtant un rêve de plus en plus difficile à réaliser pour de nombreux citoyens canadiens issus de l'immigration. Le taux de refus des visas de visiteur – appelés aussi visas de résident temporaire – est en hausse constante depuis cinq ans, et les visiteurs de certains pays sont particulièrement touchés. Ma sœur n'est jamais venue en visite au Canada, raconte M. Traoré, qui est adjoint à la direction du Centre de pédiatrie sociale de Gatineau. C'était pour moi une occasion de la faire venir pour lui montrer l'environnement dans lequel je vis et lui faire visiter le pays dont je suis citoyen et er de l'être, et voir aussi mes amis, ma femme et mes enfants. C'est avec beaucoup de fébrilité qu'il attendait l'arrivée de sa sœur à la fin du mois de juin 2018. Mais les retrouvailles tant attendues n'ont jamais eu lieu. La demande de visa de visiteur de sa sœur a été refusée par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Jointe au téléphone au Burkina Faso, la sœur de M. Traoré, Fatoumata Traoré, s'est dite déçue. Je ne le croyais pas. Tout le monde pensait que j'allais avoir mon visa. Je voulais voir mon frère, a-t-elle dit. Mais elle a dit avoir plus de peine encore pour ce dernier, qui tenait à sa visite et qui l'avait beaucoup aidée dans la préparation de son dossier. Un refus choquant Dans sa lettre de refus, l'agent de visa arme qu'il ne croit pas que Fatoumata Traoré va retourner au Burkina Faso une fois son visa échu. Il invoque les deux raisons suivantes : Je ne suis pas convaincu que vous avez des ressources financières suffisantes, y compris des revenus ou des biens, pour réaliser le présumé motif de votre venue au Canada ou pour subvenir à vos besoins pendant votre séjour au Canada et pouvoir ensuite quitter le pays ;
Ces motifs ne tiennent pas la route, selon son frère Assim, qui déplore le peu d'explications .J'étais très frustré et triste. Quand j'ai lu la lettre de refus, ça m'a encore plus choqu , dit- il. Sa sœur avait fourni une série de documents attestant de sa situation financière, tels une lettre de son employeur, des relevés bancaires, les titres de propriété de son terrain et de son auto, une lettre de son frère qui s'engageait à lui fournir logement et nourriture durant son séjour, ainsi que des relevés bancaires de celui-ci et de sa conjointe, qui est enseignante. Pour bien démontrer son intention de retourner au Burkina Faso, elle avait aussi mentionné qu'elle était mariée et mère de deux enfants, copies des actes de naissance à l'appui. M. Traoré ne comprend pas qu'on reproche aussi à sa sœur ses voyages antérieurs, puisqu'elle n'a jamais voyagé à l'extérieur du Burkina Faso. Mais il est difficile de tirer les choses au clair avec l'agent de visa. La lettre de refus n'est pas signée; il n'y a ni numéro de téléphone ni adresse courriel. Sa sœur peut déposer une nouvelle demande, mais elle ne sait pas quoi faire de plus pour convaincre Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada qu'elle entend retourner dans son pays. Des portes qui se referment Les demandes de visa sont étudiées au cas par cas, soutient le bureau du ministre de l'Immigration, Ahmed Hussen, qui nie toute discrimination. Les demandes du monde entier sont examinées de façon uniforme et en fonction des mêmes critères, écrit son directeur des communications, Hursh Jaswal, en réponse à nos questions. Pourtant, comme l'indiquent les données d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada obtenues par RadioCanada, de 2013 à 2017, le taux de refus des visas de visiteur est passé de 17 % à 25 %. Pour les six premiers
mois de 2018, il a déjà atteint 27 %. L’Afrique et le Moyen Orient particulièrement discriminés?... La situation est pire encore pour les ressortissants de certains pays d'Afrique et du Moyen- Orient, dont environ une demande sur deux est maintenant refusée. C'est notamment le cas pour les ressortissants du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, du Cameroun et de l'Irak. Par le passé, la difficulté à obtenir des visas de visiteur a souvent été décriée par les universités et les organismes non gouvernementaux, qui peinent à faire venir des experts internationaux à l’occasion de leurs conférences. Mais le drame des Canadiens issus de l'immigration qui sont coupés de leurs proches risque d'avoir des effets néfastes à plus long terme, selon Delphine Nakache, professeure de droit de l'immigration à l'Université d'Ottawa. Ils ne peuvent pas comme d'autres citoyens se réunir avec leur famille, ne seraitce que dans le temps de Noël. Ça peut éventuellement créer de la frustration, de l'isolement, et ça, ce n'est pas bon pour les perspectives d'intégration à long terme , explique-t-elle. Des témoignages recueillis auprès d'autres citoyens canadiens issus de l'immigration
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font écho à cette détresse. «Je m'ennuie de ma famille», dit pour sa part Ibrahima Traoré (aucun lien de parenté avec Assim). L'année dernière, il a tenté de faire venir son frère de la Côte d'Ivoire. Vérificateur à Revenu Québec à Montréal, M. Traoré s'est alors porté garant de toutes les dépenses liées au séjour de son frère. Ce dernier s'est vu refuser un visa de visiteur. L'agent de visa a mis en doute son intention de retourner en Côte d'Ivoire. «Si mon frère ne peut pas facilement venir me voir au Canada, est-ce que je suis vraiment citoyen canadien? s'interroge M. Traoré. Ce n'est qu'une visite. Plus tôt cette année, Mireille, une enseignante d'Ottawa qui a demandé qu'on taise son nom de famille, a tenté d'accueillir sa sœur qui vit au Cameroun, en vain. L'agent de visa a invoqué la raison de [sa] visite et [ses] voyages antérieurs pour refuser sa demande, mais sans plus de précisions. Des motifs que Mireille s'explique mal, puisque ce séjour au Canada aurait été un premier voyage à l'étranger pour sa sœur, qui désirait tant la voir. Si tous se disent heureux et ers d'être devenus des citoyens canadiens en bonne et due forme, jamais ils n'auraient cru ne pas pouvoir accueillir leurs proches en visite. «Je me sens un peu seule ici,
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avoue Mireille. J'ai des amis, c'est sûr. Mais j'aimerais pouvoir recevoir ma famille de temps en temps, quitte à ce que je signe un papier disant qu'ils vont retourner. Ça ne me dérange pas». Canadiens de troisième zone «C'est comme si, en fait, on était des citoyens canadiens de seconde zone. Nous sommes Canadiens, mais le fait que nous sommes originaires de pays pauvres, on n'a pas la possibilité de faire venir nos parents juste pour nous rendre visite», se désole Assim Traoré. «Je dirais citoyens de seconde zone et peut-être même de troisième zone», renchérit la professeure Nakache. Elle explique que tous les Canadiens issus de l'immigration ne sont pas égaux. Les visiteurs de plusieurs pays développés, comme les pays européens, n'ont pas besoin de visa pour venir au Canada. Les Canadiens qui ont des proches dans ces pays peuvent donc les accueillir ici facilement, contrairement aux Canadiens issus des autres pays. Mme Nakache est bien placée pour le savoir. Comme Canadienne d'origine française, elle dit qu'il est facile pour elle de faire venir ses parents à l'occasion. Un simple formulaire à remplir (Autorisation de voyage électronique) et des frais de 7 $ suffisent. Suite à la page 13
Réalités
Visas de visiteurs temporaires
De plus en plus de refus… Jusqu’à 27% de demandes rejetées! Suite de la page 12
Par contraste, un visa de visiteur coûte 100 $ par personne ou 500 $ par famille et s'accompagne d'une série d'exigences complexes. Les pays qui figurent sur la liste pour lesquels un visa est requis sont traditionnellement des pays qui sont considérés comme des pays producteurs de réfugiés. Ce sont des pays, en fait, qu'on cible volontairement, de manière à empêcher les gens de venir au Canada , arme Mme Nakache. L’Orient et l’Occident ne sont pas égaux… Toutefois, comme le montrent les chiffres d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, tous les pays dont les ressortissants
ont besoin d'un visa n'affichent pas les mêmes taux de refus. Si le Canada ferme davantage la porte aux visiteurs de certains pays, on pourrait croire que c'est parce qu'ils sont plus nombreux à rester ici après l'expiration de leur visa. Or, le gouvernement canadien nous a admis qu'il est incapable de dire combien de visiteurs ne quittent pas le Canada une fois leur visa échu. En 2016, le gouvernement Trudeau a déposé un projet de loi – la Loi modifiant la Loi sur les douanes – qui permettrait au Canada de savoir à quel moment les visiteurs quittent le pays, mais ce projet de loi n'a toujours pas été adopté. «Une fois exclus les demandeurs de visa qui ont des
antécédents criminels ou qui posent un risque pour la sécurité, sur quoi le gouvernement canadien se fonde-til pour refuser autant de visiteurs de certains pays?» se demande la professeure
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Nakache. «Si ça ne repose pas sur des critères objectifs, qu'on a des taux de refus tellement importants qui sont basés sur la présomption que la per-
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sonne va rester au Canada alors qu'on ne peut pas prouver que, dans les faits, les ressortissants de ces pays-là dépassent les termes de leur visa, alors là, c'est inquiétant», dit-elle.
Argent
Pétrole canadien
Vente au rabais? Selon Desjardins, la production albertaine a augmenté plus vite que prévu cette année, contribuant ainsi au problème, alors que certaines raffineries américaines ne peuvent pas accepter davantage de pétrole en raison de leurs travaux d’entretien.
Desjardins, la production albertaine a augmenté plus vite que prévu cette année, contribuant ainsi au problème, alors que certaines raffineries américaines ne peuvent pas accepter davantage de pétrole en raison de leurs travaux d’entretien.
La récente chute du prix auquel les producteurs des sables bitumineux peuvent vendre leurs barils illustre à quel point les oléoducs sont engorgés, dans un contexte de forte production, signalent des économistes en évoquant la popularité du transport par train.
Le redémarrage des raffineries américaines devrait permettre aux prix de remonter graduellement dans les prochains mois, même si « la question du transport demeure un enjeu ».
Sous la barre des 20$... L’écart entre le cours du pétrole WTI (Texas) et le Western Canadian Select (WCS) s’est établi à 50 $ la semaine dernière, résultat d’un pétrole canadien qui a sombré sous la barre des 20 $ alors que celui des États-Unis se négocie au-delà de 70 $. « L’escompte sur le WCS implique que les producteurs canadiens reçoivent moins pour leur pétrole qu’un producteur à l’étranger. Ainsi, l’incitatif à investir dans l’industrie pétrolière au Canada est moins grand, surtout si cette tendance se maintient à long terme », a écrit lundi une économiste de Desjardins, Carine Bergevin-Chammah, dans une note d’analyse. En somme, selon
« Les producteurs canadiens sont forcés d’accepter des prix escomptés en raison des stocks élevés », ont écrit de leur côté vendredi des économistes de la Financière Banque Nationale. « Les stocks albertains sont à un sommet. Cela, évidemment, est le résultat d’une capacité de transport limitée (pipelines et transport ferroviaire) combinée à une production pétrolière record. » Si la production canadienne augmente plus vite que prévu en 2018 par rapport à l’an dernier, c’est en raison de la mise en service de certaines installations, a mentionné le gouvernement de l’Alberta dans la version estivale de sa publication. Ces nouvelles phases se trouvent notamment dans les sables bitumineux, qui produisent la majeure partie du pétrole canadien.
La production pétrolière canadienne, très lourdement axée sur l’Alberta, devrait passer de 4,2 millions de barils par jour, en 2017, à 5,6 millions en 2035. « Les producteurs canadiens continuent d’être aux prises avec des contraintes d’oléoduc au moment où des projets autorisés par le gouvernement fédéral, comme Trans Mountain de Kinder Morgan, la Ligne 3 d’Enbridge et Keystone XL de TransCanada, sont plongés dans l’incertitude », a écrit l’Association canadienne des producteurs pétroliers dans une mise à jour à l’été 2018. Transport ferroviaire Cela survient au moment
où le transport de pétrole par train atteint des sommets. Selon les données colligées par l’Office national de l’énergie (ONE), les producteurs de l’Ouest canadien ont été forcés de se tourner vers le chemin de fer pour écouler leur produit. Alors que les transporteurs canadiens sortaient du pays 100 000 à 120 000 barils par mois à l’été 2017, ils en transportaient deux fois plus à l’été 2018, soit 205 000 barils. Tandis que le cours du WCS poursuivait sa descente, à la fin du mois de septembre, le producteur albertain Cenovus, né de la scission d’Encana en 2009, a annoncé des contrats de trois ans avec le Canadien National et le Canadien Pacifique.
Le pétrole sera ainsi chargé en Alberta et prendra la route du golfe du Mexique. Il s’agira d’environ 100 000 barils par jour. « Le transport de pétrole par train fait partie d’une approche variée que nous avons pour livrer notre produit au marché », a déclaré le président de Cenovus, Alex Pourbaix, le 26 septembre. « Notre stratégie ferroviaire permet de limiter l’effet de la congestion des oléoducs sur le prix. Bien que nous ayons confiance que de nouveaux oléoducs seront construits, ces contrats ferroviaires nous aideront à vendre notre pétrole sur des marchés où le prix est plus élevé. »
Soyez prudents!
Une nouvelle arnaque par courriel se propage au Québec Soyez très vigilant, car une nouvelle arnaque circule depuis quelques jours et une fois de plus, il s'agit d'un coup habilement monté par des fraudeurs qui ne vous veulent pas du bien! L'arnaque en question prend tout d'abord la forme d'un courriel vous annonçant que vous avez reçu un colis de la part de l'entreprise de transport FedEx.
Grosso modo, le courriel vous informe que vous avez un colis en suspens et comme ce message semble directement provenir d'une compagnie reconnue et plutôt prestigieuse, gageons que bien des gens n'y pensent même pas à deux fois avant de se demander s'il s'agit là d'une arnaque. Toutefois, si jamais vous portez bien attention au contenu du
courriel, vous pourriez rapidement déceler des indices comme quoi cette histoire de colis cache quelque chose de très louche!
Voici à quoi ressemble le courriel en question: "Cher(e) XXX Fedex vous informe que votre envoi n° XD37388334CAD vient d'être pris en charge par nos services
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Veuillez confirmer le réglement des frais de livraison (3.27CAD) et l'envoi du colis cliquez-ici Information importante: Vous devez installer notre application android pour obtenir votre code suivi. Vous recevrez un email ou SMS à l'arrivée de votre envoi. Vous disposerez de 8 jours, à
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compter de la date de mise à disposition pour retirer le colis . Au moment de retrait, une pièce d'identité vous sera demandée. Nous vous remercions de votre confiance Cordialement. Votre service client Fedex"
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Société
À Repentigny, certains policiers ne se font pas à la diversité
Lorsque le profilage racial refuse de dire son nom… À la suite de son quart de travail à l’école L’Horizon, situé dans le quartier Le-Gardeur à Repentigny, l’enseignant François Ducas saute dans sa BMW pour rentrer chez lui. À peine a-t-il quitté l’établissement, qu’il est pris en chasse par une patrouille de police. La filature s’étend sur 2.5 kms jusqu’au boulevard Brien où deux policières activent le gyrophare et l’interpellent avec une question : «Est-ce que la voiture vous appartient?». M. Ducas, 50 ans, le prend mal et fait savoir aux policières qu’il s’agit là d’un cas de profilage racial et refuse toute collaboration. Une deuxième voiture arrive en renfort et l’enseignant est arrêté ce jour-là, 8 décembre 2017, puis conduit au poste de police. C’était la quatrième fois que M. Ducas était arrêté à Repentigny. Pire, certains de ses élèves ont déjà assisté à la scène. «J’allais voir une de mes élèves qui travaillait en face de l’école, se souvient-il, ce matin-là les deux bras derrière le dos, menottes aux poignets. Ils m’ont insulté et cela m’a rendu furieux», dit-il en pinçant les lèvres et en grinçant les dents. « L’élève m’a interrogé sur ce qui s’est passé et je lui ai répondu que la police ne comprend pas qu’un Noir puisse rouler en BMW.» C’est sur la rue Brien à l’endroit même où il s’est fait arrêter de manière spectaculaire que nous les avons rencontrés, lui et sa femme, la Dre Karine Chevrette. Elle est médecin à l’urgence de l’hôpital Pierre-Le-Gardeur et s’occupe des soins intensifs également dans Lanaudière. Au volant d’une voiture de l’année, on retrouve Mme Chevrette comme dans 99% du temps lorsqu’ils sortent en couple. « Je ne me suis jamais fait arrêter alors que je conduis d’autres genres de véhicules que lui, dit-elle, il ne prend jamais mes autos, car, il sait qu’il va se faire arrêter la première journée » Au regard de ce que vit son père tous les jours, l’aîné des Ducas, 16 ans, refusait récemment d’aller apprendre à conduire en vue d’obtenir un permis. Il a
fallu que la mère insiste. «Il voit bien ce qui arrive à son père. Il sait que c’est ce qui va lui arriver aussi. Il n’a pas le teint blanc. Les enfants arabes se font arrêter beaucoup et comme toutes les communautés autres que blanches.» croit Karine Chrevrette. Ceux qui ont choisi de s’exiler… Pour sa part, Stanley Jossirain, 22 ans, se fait arrêter, «harceler, insulter», dit-il, par les policiers de Repentigny depuis l’âge de 18 ans. Il affirme que certains policiers viennent même devant chez lui pour lui faire des grimaces. Comme pour François Ducas, il se fait dposer les mêmes questions à propos d’une Nissan Altima 2010 lorsqu’il roule. Et même plus: « Ils me demandent souvent : combien je l’ai payée, combien de kilométrage y-a-t-il dessus?» La dernière fois qu’il s’est fait arrêter, la patrouille lui a collé une contravention pour «flanage», alors qu’il attendait en voiture son cousin qui commandait un café à l’intérieur d’un commerce de Repentigny. Et ce fut brutal avec des menottes très serrées et trop longtemps. «25 minutes plus tard on m’a enlevé mes menottes. Mes poignets étaient enflés. J’avais des blessures au niveau du bassin, du dos et des genoux. Quand on m’a mis à terre, les policiers ont embarqué sur moi.», raconte Stanley Jossirain. L’homme de 22 ans qui dit souffrir d’insomnie et d’anxiété voit régulièrement une travailleuse sociale et est suivi par une clinique de santé mentale afin de l’aider à se remettre en selle. Depuis que deux policiers lui ont mis en joug en pleine rue alors qu’il prenait une marche avec un de ses cousins, la scène tourne en boucle dans sa tête, dit-il. Stanley Jossirain qui voulait devenir ambulancier, a dû suspendre ses cours au CEGEP L’Assomption en raison d’un manque de concentration dû à ses démêlés avec la police de Repentigny depuis quatre ans. Sa mère, Monique Pierre-Louis,
a quitté Repentigny pour Toronto avec ses sept enfants dont Stanley afin, dit-elle, de sauver la vie d’un de ses fils qui avait 15 ans à l’époque. «Les policiers l’ont arrêté dans la rue, ont pris son téléphone cellulaire pour fouiller dedans, lui ont demandé ses papiers. Et parce qu’il ne les avait pas sur lui, il lui ont passé les menottes, mis dans la voiture de patrouille et ont débarqué chez moi pour vérifier ses documents », rapporte la résidante de Toronto. « L’enfant de 15 ans ne comprenait pas et il a eu au moins trois tentatives de suicide »-Monique Pierre-Louis. Mais, après un an passé à Toronto, Stanley Jossirain décide de revenir dans son patelin, Repentigny. La police nie… « Action prise pour des raisons de sûreté, de sécurité ou de protection du public par une ou des personnes en situation d’autorité. Cette action vise une personne ou un groupe de personnes selon des facteurs d’appartenance réelle ou présumée, tels la race, la couleur, l’origine ethnique ou nationale ou la religion. L’action, posée sans motif réel ou soupçon raisonnable, expose la personne visée à un examen ou à un traitement différentiel. »- définition officielle du profilage Marlène Girard directrice des communications à la Ville de
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Repentigny a rappelé, en entrevue avec les media, que le profilage racial « comme tout autre, que ce soit social, n’est pas accepté » sur son territoire et qu’il n’y en «jamais eu». Elle a ajouté que la Ville applique une politique tolérance zéro par rapport à cette question et que les policiers sont formés à cet effet. Des plaintes mais pas de suites… Pour sa part le Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR) affirme que tout le monde est traité de façon égale sur le territoire. Daniel Archibald, directeur adjoint du SPVR, insiste sur le fait qu’aucun policier de son service n’ait été condamné en lien avec le profilage racial. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), lui, a déjà été condamné. En mars dernier, le SPVM a écopé d’une peine pour profilage après l’arrestation d’un jeune automobiliste noir à Montréal-Nord en 2011. Le corps de police et les deux agents impliqués devaient lui verser 14 000 $ pour le dédommager. « Il peut y avoir de plaintes, mais jamais un policier de Repentigny n’a été condamné pour profilage.» affirme le chef adjoint du SPVR.
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Recours aux Droits de la personne La femme de François Ducas, la Dre Karine Chrevrette, a voulu, quant à elle, avoir plus de précisions sur la question. Elle affirme avoir demandé à la Ville qu’elle lui sorte des statistiques et qu’elle démontre qu’au prorata des habitants (communautés visibles versus blanche) que les arrestations se faisaient au même pourcentage. « Jamais ils n’ont voulu me les sortir, dénonce la Dre Chrevrette, ils disent ah non… on peut pas… on n’a pas ses chiffres-là etc… » Le couple Ducas a eu plusieurs rencontres avec le SPVR depuis les derniers évènements en vue de travailler sur la question du profilage, un terme que le chef adjoint semble éviter d’utiliser selon François Ducas : « Jamais il n’a parlé de profilage, dit-il. Sauf un enquêteur des services internes, Sylvain Grenier, qui m’a dit lors de la deuxième réunion que ce qui m’est arrivé c’est du profilage.». Outre à la déontologie, la famille Ducas a porté plainte également à la Ville ainsi qu’aux Droits de la personne depuis le début de l’année. À date, aucun suivi n’a été effectué déplore la famille Ducas. «Ils m’ont dit que cela risque d’être long».
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Société
Identité : ce que «Nous» veut dire… Pour une majorité de Québécois, les appartenances politique et religieuse ne sont pas déterminantes Que les partis politiques, syndicats et groupes religieux en prennent note : une forte majorité de Québécois ne se sentent pas représentés par ces regroupements, révèle un sondage Léger sur le «nous» québécois. L’enquête montre aussi la mauvaise perception de la religion au Québec. À la question de savoir si tel groupe « représente vraiment ce que vous pensez », les répondants ont été catégoriques : un gros non pour les syndicats (72 %), pour les partis politiques (79 %) et pour les groupes religieux (78 %). Les associations professionnelles n’ont pas une cote de représentativité des idées beaucoup plus grande (non à 56 %, oui à 26 %). D’autres ont obtenu des résultats plus positifs : les groupes environnementaux (oui à 50 %, non à 42 %), les groupes de défense des consommateurs (oui à 54 %, non à 35 %) ; les groupes communautaires (oui à 46 %, non à 38 %) et les associations de quartier (oui à 44 %, non à 40 %) ont plus d’affinités.
Mais c’est auprès des amis (84 %) et de la famille (79 %) que les Québécois se sentent le plus près sur le plan des idées, indique le sondage mené pour l’Institut du Nouveau Monde (INM) en prévision de la parution du livre L’État du Québec 2019. Le Devoir a obtenu une copie de cette enquête, qui sera dévoilée mardi. Les données montrent des écarts entre la moyenne du sondage et les réponses des jeunes de 18-34 ans sur les mêmes questions. Les jeunes sont plus sceptiques par rapport aux groupes de défense des consommateurs et aux groupes environnementaux ou communautaires, notamment. Un « nous » très divers… Y a-t-il là un réflexe individualiste ? M. Bourque répond que « l’avènement des médias sociaux fait qu’on peut se tourner vers des communautés d’intérêts plus fines. On se retrouve moins dans les grands groupes qui prétendent représenter le “nous”. »
C’est justement pour tenter de « comprendre le “nous” des Québécois […] et les facteurs d’identité multiples et plus fragmentés » des jeunes que l’INM a commandé ce sondage. « On voulait voir à quoi les gens s’identifient aujourd’hui », note M. Bourque. « On a traversé une période de la société québécoise où on parlait beaucoup de l’identité québécoise, comme si c’était monolithique, unidimensionnel, dit-il. Et on voit par ce sondage que ça demeure un des vecteurs identitaires, mais qu’il y en a d’autres. Ça suit un courant qu’on voit de plus en plus : les identités se multiplient. » C’est une dynamique qui a frappé de plein fouet le Parti libéral du Québec et le Parti québécois lundi, alors que les deux partis ont vu leurs appuis traditionnels fondre au profit de nouvelles formations : la fidélité partisane politique a pris le bord. Mais le sondage montre plus pré-
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cisément cet éclatement des repères : une forte majorité des répondants disent se sentir « d’abord et avant tout Québécois, peu importe » leur religion (74 %) ;leur origine (72 %) ou leur langue (67 %). Ailleurs, on remarque que les Québécois sondés n’ont pas le sentiment d’appartenir à une communauté nationale spécifique (non à 72 %) ou à tout autre type de communauté : citoyenne (non à 61 %), générationnelle (66 %), de travail (68 %) ; religieuse (78 %) ; sexuelle (79 %) ; virtuelle (84 %) ; politique (84 %) ; syndicale (89 %)…
recueille 2 % d’appuis… La religion et la langue Mais quand on pose la question inverse — qu’est-ce qui divise les Québécois ? —, la religion arrive au premier rang (43 %), devant… la langue (41 %). Les trois quarts des répondants (74 %) disent ne pas pratiquer de religion, et 81 % pensent que les croyances religieuses « devraient demeurer dans le domaine du privé ».
« L’appartenance devient parcellaire, dit Christian Bourque. On est une société de plus en plus pluraliste. »
De même, Léger a demandé si différentes identités étaient importantes aux yeux des répondants : la plupart des thèmes (identité culturelle, sexuelle, générationnelle et ethnique) obtiennent des résultats partagés. Mais l’identité religieuse, elle, est jugée non importante par… huit personnes sur dix.
Un autre volet du sondage révèle la mauvaise perception qu’ont les Québécois de la religion. Quand on demande aux répondants ce qui unit les Québécois, la langue (53 %) et la culture (49 %) arrivent en tête de liste. La religion, elle,
Le sondage a été mené en ligne du 18 au 23 juin 2018, auprès de 1007 Québécois. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de 3,1 % dans 19 cas sur 20.
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Dossier
Le cannabis désormais légal au Canada
Un produit qu’on peut consommer, mais qu’on ne veut surtout pas voir
La drogue peut être vendue, achetée et consommée, mais toute publicité est formellement interdite… Après la légalisation du cannabis, l’image de la feuille de chanvre pourrait devenir plus que jamais absente de l’environnement visuel commercial, car elle devra disparaître des produits et objets qui se retrouvent sur les tablettes des magasins. Bien que sa consommation soit bientôt « légalisée », la reproduction visuelle de la feuille échancrée, ou tout symbole s’y rapportant, deviendra interdite en vertu de la nouvelle loi québécoise. Une contradiction que fustigent ces jours-ci plusieurs commerçants et distributeurs, dénonçant le paradoxe créé par les nouvelles dispositions de la loi encadrant la promotion, la publicité et l’emballage du cannabis. « C’est quand même fou, certaines dispositions pourraient rendre illégale la vente de produits sur le marché depuis 25 ans. En théorie, il sera désormais possible de vendre des t-shirts avec des slogans racistes ou des symboles nazis, mais pas ceux avec une feuille ou un symbole associé au pot ? », reléve Alexandre Turmel, propriétaire de la boutique Utopia et distributeur d’objets reliés à la culture et à la consommation du cannabis. Même s’il juge que ces nouveaux interdits n’auront pas un impact financier majeur sur ces affaires, ce commerçant en a contre l’aspect nébuleux de la nouvelle loi québécoise. Le site mis en place par le gouvernement du Québec pour informer la population du cadre légal entourant la légalisation du cannabis édicte clairement que toute forme de publicité directe ou indirecte de cette plante serait interdite, notamment par l’utilisation « sur un objet qui n’est pas du cannabis, d’un nom, d’un logo, d’un signe distinctif, d’un dessin, d’une image ou
d’un slogan qui n’est pas directement associé au cannabis […] mais qui pourrait induire un lien indirect ».
Ces dernières semaines, plusieurs commerçants ont déjà commencé à liquider leurs stocks de vêtements et de produits, notamment des pipes à eau ou des bongs, arborant des images associées à la consommation de cannabis, de peur de récolter des amendes élevées, allant de 5000 à 500 000 $. La quinzaine de succursales de la compagnie Prohibition, spécialisée en articles pour fumeurs, a précipité la vente au rabais à 40 % de tous ses produits pouvant être potentiellement proscrits par la nouvelle loi. Demain, tout ce qui reste sera remisé dans des boîtes. « Ça représente environ 25 % de nos stocks, donc c’est beaucoup. Et il reste beaucoup d’inconnues », explique Chris Menillo, dont l’entreprise fait 10 millions de dollars de chiffre d’affaires par année. « En raison de l’ambiguïté qui plane, beaucoup d’articles ne pourront plus être vendus. Qu’est-ce qu’un symbole du pot ? J’ai des cendriers qui portent de toutes petites feuilles, ou le chiffre 420 [associé à la contreculture du cannabis] ; vais-je garder ces choses en magasin et risquer une amende ? », demande-t-il.
çants. « On comprend le but recherché par la loi, qui est d’empêcher de publiciser ou de promouvoir la consommation de cannabis, surtout chez les jeunes, mais est-ce qu’on y parvient en interdisant la présence d’un vague symbole, d’un dessin ? » Chandails, porte-clés, drapeaux, cendriers : tout ce qui affiche une feuille de cannabis ou fait référence à la « culture du pot » devra avoir disparu du magasin mercredi. Même des céréales au chanvre dont l’emballage affiche une petite feuille de cannabis.
Des mesures trop strictes
« Honnêtement, nous ne vendons pas beaucoup de ce genre de produits, dit le commerçant, en activité depuis 25 ans. Nous visons les consommateurs de longue date, peu intéressés par des choses comme un bong ou tout autre article avec une feuille dessus. Nous tenons des pipes à eau de luxe, à 700 ou 800 $ pièce, parfois faites par des artisans. »
Alexandre Turmel, se dit aussi soufflé de l’ampleur des contraintes imposées aux commer-
Selon ce dernier, le ministère de la Santé, chargé de l’application de la loi, n’a toujours pas offert
L’entreprise, qui travaille déjà avec ses avocats, cherche à rallier divers commerçants pour pouvoir contester en cour la validité des articles de la loi qui restent obscurs et restreignent indûment, selon lui, la liberté de commerce.
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de réponses claires, et surtout pas écrites, à ses nombreuses questions concernant la nouvelle loi. « On est déjà régis par la loi sur le tabac, qui prévoit que certains articles doivent être cachés par des rideaux et gardés hors de portée des mineurs. Nous respectons cela à la lettre. Mais là, ça devient extrême », dit-il. La loi prévoit, poursuit-il, que les commerçants ne pourront pas non plus « solder » les articles liés à la consommation ou à la culture du cannabis. Une autre aberration, croit-il, instaurée par la loi québécoise. « Ça va nous toucher beaucoup, ça nuit à la capacité d’une entreprise de pouvoir liquider sa marchandise. On vit avec la loi fédérale, mais celle du Québec va trop loin », ajoute M. Turmel, qui étudie avec ses avocats la possibilité d’entreprendre des démarches judiciaires. En plus des produits décrits plus haut, un flou plane autour d’autres produits pouvant être frappés d'interdit, à savoir les livres ou documents audiovisuels comportant des images du can-
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nabis ou d’autres symboles susceptibles d’en faire la promotion de manière directe ou indirecte. Selon les précisions obtenues lundi du ministère de la Santé, l’article prohibant l’usage de ces images pourrait effectivement s’appliquer à des livres ou à des disques, « s’il est possible de prouver l’intention promotionnelle ». Ainsi, un livre contenant un placement de produit d’un producteur ou d’un distributeur pourrait être interdit. Dans chaque cas, il reviendra aux inspecteurs du ministère de juger si la vente de livres, de disques, ou d’autres supports, doit tomber sous le coup de la loi. « Ces dispositions relatives à la promotion et à la publicité visent notamment à limiter la banalisation du cannabis et la normalisation de son usage et ces dispositions sont semblables à celles qui s’appliquent au tabac », a indiqué Noémie Vanheuverzwijn, responsable des relations de presse au ministère de la Santé.
Dossier
Le cannabis désormais légal au Canada
Une activité économique nouvelle et fortement rémunératrice Si la légalisation du cannabis suscite de réelles inquiétudes en matière de santé publique, elle génère une forme de frénésie, d'excitation, d'euphorie même, pourrait-on dire, en ce qui concerne le marché potentiel. Il est rare qu'on assiste à la création d'un nouveau marché comme celui qui sera créé cette semaine. Voici ce qu'il faut savoir. Les Canadiens, en portant les libéraux au pouvoir en 2015, ont choisi un gouvernement qui avait promis la légalisation du cannabis. Cette promesse se réalisera cette semaine. Depuis l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau et les annonces officielles des étapes menant à la légalisation, un fort mouvement de capitaux s’est amorcé. Un marché d’environ 6 milliards de dollars Selon Statistique Canada, en 2017, on comptait 4,9 millions de consommateurs de cannabis âgés de 15 à 64 ans au pays. Ils ont dépensé 5,7 milliards de dollars pour acheter du cannabis médicinal et à usage récréatif, une valeur de 1200 $ par consommateur. L’agence de statistiques est prudente. Tout cela, ce sont
des estimations et des hypothèses qui s’appuient, en grande partie, sur un marché qui n’était pas légal. Plus de 90 % des achats ont été consacrés à du cannabis non médicinal, donc illégal.
gouvernement fédéral et les provinces, les estimations fiscales pour la première année tournaient autour de 100 millions de dollars pour le fédéral et 300 millions pour les provinces.
La CIBC prévoit des ventes de 6,5 milliards de dollars, ce qui permettrait au gouvernement fédéral de toucher 424 millions de dollars en revenus supplémentaires. Les provinces gagneraient 1,228 milliard de dollars additionnels, en touchant 75 % des revenus de la taxe d’accise sur le cannabis.
Selon l'agence de recrutement Cannabis at Work, 120 000 emplois seront créés dans l’industrie au cours de la première année suivant la légalisation de la marijuana.
Selon l’Institut C.D. Howe, le manque de cannabis au cours de la première année
Prix moyen par province (3e trimestre 2018) Québec : 6,28$ Ontario : 7,49$ Colombie-Britannique :7,04$ Montréal : 5,92$ Vancouver : 7,42$ Toronto : 8,05$ Source : Statistique Canada privera l’État d’environ 800 millions de dollars en taxation. En décembre 2017, au moment de l’entente sur le partage des revenus entre le
Le prix du cannabis Tout le monde se demande jusqu’à quel point le marché légal peut aller chercher l’essentiel du marché noir. Tout dépend du prix de vente, selon les experts. D'après Statistique Canada, qui a fait plusieurs enquêtes en ligne, les consommateurs ont payé en moyenne 6,83 $ le gramme dans la dernière année au pays, 7,20 $ dans les derniers mois. Toutefois, le type de produit et sa qualité entrent aussi en ligne de compte, de même que la quantité, ce qui fait que les prix peuvent varier. Certaines provinces ont évoqué un prix de vente autour de 10 $ le gramme, peutêtre un peu moins, ce qui comprend les coûts de production, le transport, les taxes et les marges de profit. Le PDG de la Société québécoise du cannabis, Alain Brunet, a laissé entendre que le prix du gramme
pourrait avoisiner les 6 $ au Québec, avec un achat maximal de 30 grammes. Le profil des consommateurs Selon Statistique Canada, de 2000
La consommation par tranche d’âge 18 % : 15 à 17 ans 33 % : 18 à 24 ans 40 % : 25 à 44 ans 9 % : 45 à 64 ans
Source : Statistique Canada à 2017, 18 % des achats de cannabis ont été faits par des adolescents de 15 à 17 ans et 33 % par de jeunes adultes de 18 à 24 ans. Plus de la moitié des dépenses pour acheter du cannabis ont donc
été réalisées par des personnes âgées de 24 ans ou moins au Canada depuis le début du siècle. En portant l’âge légal de possession et de consommation à 21 ans, le nouveau gouvernement du Québec, dirigé par François Legault, pourrait ainsi réduire la portée de l’engagement du gouvernement fédéral d’enrayer le marché noir. Embellie boursière Un peu plus de 45 milliards de dollars, c’est la valeur en bourse des quatre plus gros producteurs de cannabis au Canada, soit Canopy Growth, Aurora Cannabis, Tilray et Aphria. Leur envolée boursière est spectaculaire, les investisseurs spéculant sans ambages sur le potentiel de croissance de ces entreprises, au cœur de nombreuses transactions, acquiSuite à la page 24
Les médecins inquiets… Une « expérience incontrôlée » lancée « à la face de la santé des Canadiens ». Dans un éditorial virulent, la rédactrice en chef du Journal de l’Association médicale canadienne (JAMC), Diane Kelsall dénonce la légalisation du cannabis qui s’officialisera partout au pays ce mercredi et invite Ottawa à suivre de très près les répercussions négatives de son nouveau cadre légal sur la population. « Toute augmentation de l’usage du cannabis à des fins récréatives après l’entrée en vigueur de la légalisation, autant chez les adultes que chez les jeunes, doit être vue comme un échec de la législation », écrit-elle dans la dernière livraison du JAMC. « Si cet usage devait augmenter, le gouvernement du Canada devrait s’engager à modifier sa loi. » Alors que la légalisation du cannabis se prépare à sortir du cadre théorique pour se matérialiser dans l’ouverture de commerces légaux, Diane Kelsall,
qui pratique la médecine familiale dans la région d’Ottawa, s’inquiète une nouvelle fois de l’acceptabilité sociale que la nouvelle perspective canadienne sur cette substance va faire naître. Pis, selon elle, cette légalisation, en s’appuyant sur un secteur privé qui a fait se multiplier les producteurs de cannabis dans les derniers mois partout au pays et qui excite les investisseurs sur les marchés boursiers, n’est pas du tout de bon augure pour la suite des choses en matière de consommation. « Leur but, c’est le profit, et le profit passe par des ventes, écritelle, la vente d’une drogue qui, selon Santé Canada, va entraîner des problèmes au moins chez un consommateur adulte sur trois et une dépendance chez un utilisateur sur dix, avec un risque plus élevé chez les jeunes », ajoute-t-elle en citant un document du gouvernement fédéral. « Nous ne pouvons pas espérer que l’industrie du cannabis contraigne ses
ambitions de croissance ou se donne comme but la réduction de la consommation », ajoute la rédactrice en chef du journal, qui se dit prête à tenir responsable le gouvernement fédéral des « conséquences » négatives de cette législation controversée. Après des années d’illégalité, mais aussi de tolérance, le cannabis fera son entrée dans la légalité ce mercredi partout au pays. Au Colorado, où son usage récréatif est légal depuis 2014, les points de vue sont partagés sur les effets de cette légalisation sur la société. Fin septembre, dans les pages du Denver Post, Bob Troyer, procureur fédéral du District du Colorado, a appelé à « une pause », à « retrouver son souffle » après la course effrénée des dernières années qui s’est jouée sous la pression de l’industrie du cannabis. Un appel toutefois loin de faire l’unanimité. « Il est encore trop tôt pour tirer les conclusions de cette légalisation, dit Paul Seaborn, professeur au Daniels
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College of Business de l’Université du Colorado et spécialiste de l’économie du cannabis. Peu importe la situation aujourd’hui, j’ai l’impression que la majorité des habitants du Colorado ne sont pas désireux de revenir en arrière. » L’universitaire insiste toutefois sur les outils de mesure et d’observation qu’un État légalisant le cannabis doit mettre en place afin de suivre l’évolution sociale, économique et sanitaire d’une telle mesure. Et la critiquer en se basant sur des faits, plutôt que des impressions. Un projet promu par Diane Kelsall, qui invite d’ailleurs Ottawa à se montrer responsable dès à présent, en finançant adéquatement un système robuste de mesure de la consommation du cannabis au pays, dans tous les segments de la société, « et spécialement chez les jeunes et autres populations à risque », conclut-elle. Statistique Canada vigilante La légalisation du cannabis mercredi
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ne sera pas sans impact sur le système de statistiques sociales du pays. Depuis l’automne dernier, Statistique Canada s’y prépare afin de pouvoir récolter des données essentielles sur les retombées mais aussi les risques liés à l’application d’une telle loi. Dans un rapport publié vendredi dernier, l’organisme y présente « des mesures jugées essentielles à la surveillance, et celles nécessaires à l’analyse des risques et à l’évaluation des répercussions sociales du projet de loi C-45 ». Des renseignements seront ainsi recueillis sur l’impact du cannabis dans différentes sphères de la société : les soins de santé, le système judiciaire, la sécurité publique, le bien-être communautaire, la conduite… etc. Statistique Canada souhaite aussi collaborer étroitement avec les provinces et territoires pour évaluer les effets sociaux du projet de loi, notamment sur les secteurs de l’éducation et du travail.
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Une activité économique nouvelle et fortement rémunératrice Suite de la page 23
sitions et partenariats de toutes sortes dès les premières années de la légalisation. Au Québec, l'entreprise Hexo, de Gatineau, a vu son action progresser de 480 % au cours de la dernière année, pour une capitalisation boursière atteignant 1,7 milliard de dollars. Son PDG, Sébastien St-Louis, a déclaré publiquement, sur les ondes de BNN Bloomberg, que la vente de l'entreprise n'était qu'une question de temps, d'ici 1 à 10 ans. La demande dépasse l’offre
La production actuelle pourrait atteindre, selon les estimations et les données disponibles, de 210 à 300 tonnes par année. Mais la demande est plus élevée. Selon l’Institut C.D. Howe, la demande au Canada s’élève à 611 tonnes annuellement. Statistique Canada évoque 773 tonnes, la CIBC, 800 tonnes, et Santé Canada s’attend à ce que la demande annuelle atteigne un total de 926 tonnes. Si l’offre n’est pas assez élevée, cela devrait permettre au marché noir de continuer à prospérer. À court et à moyen terme, du moins. Le patron
d'Aphria, l’un des plus importants producteurs de cannabis du Canada, affirmait la semaine dernière qu’il s’attendait à ce qu'il y ait des pénuries partout au pays dans les semaines suivant la légalisation. Mais il disait avoir bon espoir que la situation se réglerait d'ici deux à trois mois. En ce qui a trait à la production pour le commerce, il y a présentement 188 producteurs autorisés (cannabis médicinal ou à usage récréatif) au Canada, dont 63 en Ontario et 25 en ColombieBritannique.
Le cannabis vendu à la SQDC Les amateurs de cannabis auront l’embarras du choix à la Société du cannabis du Québec (SQDC), dont les boutiques doivent ouvrir mercredi. Voici un bref résumé des espèces, substances et produits disponibles en vente libre dans ces succursales. Les espèces Sativa L’espèce Sativa est la variété de marijuana qui semble être le plus fréquemment consommée selon plusieurs sources spécialisées sur le web. La plante Sativa devient assez grande, atteignant parfois 15 pieds, 4,5m. Cette espèce a des effets revigorants, et donnerait de l’énergie, dit-on. Elle stimulerait la créativité. La Sativa est reconnue pour son rapport élevé entre le THC et le CBN, les deux principaux ingrédients actifs du cannabis. Cette souche est moins susceptible d'être utilisée à des fins médicales que l’Indica. Indica L’espèce Indica forme des plants de cannabis plus résistants que ceux de la Sativa, mais elle n’atteint pas la même hauteur. Elle atteint environ 4 à 5 pieds, de 1 à 2m. Puisqu’il est plus petit, ce plant se cultive plus aisément à la maison. Les cocotes de cette espèce sont plus collantes que celle des plants de Sativa. L’Indica est souvent choisi pour sa résine, et utilisée pour faire du hachisch. Le cannabis Indica donne des effets qui s’apparentent à un sédatif et aurait
des vertus relaxantes, moins stimulantes que la Sativa.
effets, des arômes et des taux de THC et CBN différents.
L’Indica contiendrait également de forts taux de cannabinol. Il permettrait de lutter contre l’insomnie, la douleur, induirait la relaxation musculaire, réduirait l’anxiété, les maux de tête et la migraine.
Les ingrédients actifs
Hybride De nombreuses années de mélange et d'hybridation ont créé un vaste spectre parmi les variétés primaires. Les hybrides peuvent varier considérablement, mais ils possèdent généralement certaines des bonnes qualités des Sativas et des Indicas. Ces espèces se déclinent en plusieurs variétés qui possèdent chacun des
Le tétrahydrocannabinol Le THC tétrahydrocannabinol et le CBN cannabinol ont différents et ne procurent pas les mêmes effets. Le THC est la substance qui est responsable des effets psychoactifs, d’euphorie. Cette substance stimule également l’appétit, réduirait la nausée chez certains patients malades, indique le site de CanniMed, un fabricant canadien. Le THC aiderait aussi à lutter contre l’insomnie, l’inflammation et la douleur.
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Le cannabinol
atomiseur oral et pilule.
L’autre substance active que les consommateurs pourront retrouver dans le cannabis vendu à la SQDC est le CBN, le cannabinol.
Toutefois, aucun produit comestible ne sera offert, comme le prescrit la loi, tant provinciale que fédérale.
Cette substance ne provoque pas d’effet psychoactif (euphorie) et elle est prometteuse pour soigner ou soulager les symptômes de plusieurs maladies. Le cannabinol permettrait de mieux tolérer les effets de paranoïa, et l’anxiété parfois provoqués par le THC. Les produits Les produits disponibles à la SQDC le sont sous forme de fleur séchée, de cannabis moulu, préroulés, huile,
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Pour permettre aux consommateurs de mieux s’y retrouver, «des icônes d'intensité, d'arômes et de type de produits sont facilement repérables en succursale ou en ligne et les conseillers sont formés pour guider les consommateurs pour faire des choix éclairés et responsables», peut-on lire dans le communiqué émis par la SQDC. Le produit le moins cher disponible en succursales sera de six dollars, taxes incluses.
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L’État dealer: un délicat exercice d’équilibre L’État vendeur de cannabis ? C’est à un difficile exercice d’équilibriste que se prête la Société québécoise du cannabis (SQDC) en vue de la légalisation de cette substance, le 17 octobre prochain. Les employés sont actuellement formés par Québec pour « faire tomber les tabous liés à la consommation du cannabis » et rendre la chose socialement acceptable, sans pour autant faire la promotion de cette consommation, indiquent des documents de formation obtenus par Le Devoir. Depuis le 27 septembre, près de 180 personnes suivent une formation intensive orchestrée par la SQDC afin de devenir conseiller, directeur adjoint ou directeur dans l’une des douze succursales de la société qui vont ouvrir leurs portes la semaine prochaine. Dans un document de synthèse, obtenu en vertu de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics, la nouvelle entité souligne à son futur personnel, dont la fonction est inédite, que « l’acceptabilité sociale » est au coeur de sa mission et de ses valeurs et que par ce principe, elle vise à combattre les perceptions négatives à l’endroit de la plante psychotrope. « Consommer du cannabis ne doit pas être présenté comme un vice ou une maladie, résume le document dans la section sur l’environnement de travail et les principes d’aménagement des
succursales. L’espace et le service doivent donc offrir un climat dans lequel le consommateur se sent à l’aise. » Au-delà de l’acceptabilité sociale, la formation des futurs employés de la SQDC insiste sur l’éducation des consommateurs en matière de cannabis, sur la sécurité dans laquelle ce commerce légal doit être exploité et sur la protection de la santé par l’accès à des « produits de qualité » provenant de fournisseurs certifiés. La nouvelle société d’État précise d’entrée de jeu à son personnel que son « mandat est social » plutôt que commercial et que ses succursales doivent favoriser l’intégration « des consommateurs au marché légal du cannabis », « sans favoriser la consommation », peut-on lire. À ce titre, la SQDC précise qu’elle ne tolérera pas des employés qui suggèrent « des produits supplémentaires au besoin exprimés par le client », qui font « la promotion de la consommation de cannabis ou de ses vertus » ou qui « partagent des expériences personnelles de consommation ou d’usage de cannabis qui pourraient encourager la consommation de cannabis ou l’achat d’une variété en particulier », indique le document de formation. En entrevue au Devoir la semaine dernière, l’architecte de la SQDC, l’ex-président de la SAQ, Alain Brunet, a reconnu
que l’équilibre entre le conseil et la promotion était précaire et que la formation du personnel a été encadrée de manière à induire chez les nouveaux employés de la société « une éthique sans faille ». « Nous avons beaucoup filtré lors du processus d’embauche les personnes trop emballées par le cannabis, qui en consomment et qui sont prêtes à en faire la promotion », a-t-il indiqué. Aux « militants » du cannabis, la société dit avoir préféré des gens provenant du commerce de détail et « prêts à suivre plusieurs dizaines d’heures de formation », avec examens, pour s’assurer de leur mise en syntonie avec l’environnement singulier et les orientations de la société d’État chargée de la vente du cannabis
légal. Dans cinq jours, la Société québécoise du cannabis va ouvrir ses douze premières succursales, spécifiques et indépendantes du réseau de la SAQ, dotées de quinze employés chacune en moyenne. Trois vont avoir pignon sur rue à Montréal, deux à Québec et plusieurs autres à Rimouski, Trois-Rivières, Drummondville, Lévis, Mascouche, Joliette, Saint-Jeansur-Richelieu et Mirabel. Le personnel est formé actuellement pour informer la clientèle sur la teneur en THC — la substance active du cannabis — et en CBD — un cannabinoïde non psychotrope — des produits en vente, sur les effets psychotropes et sensibiliser les gens aux ris-
ques associés à cette consommation. Il est également formé pour « gérer » les clients menaçants, pour remarquer les personnes intoxiquées, auxquelles la vente de cannabis va être refusée, ou pour débusquer les clients majeurs qui viendraient acheter des produits pour des mineurs. Conseillers à la vente, ces employés ne vont pas être autorisés à donner des conseils de nature médicale ou thérapeutique aux clients, insiste la SQDC dans son document de formation. Des astuces leur sont également fournies pour se sortir de discussions trop longues sur les expériences avec le cannabis dans lesquelles un « consommateur expérimenté » voudrait les embarquer.
Comment fonctionneront les magasins de la Société québécoise du cannabis? Avec leur apparence sobre et dépouillée, ces magasins consacreront les trois quarts de leur superficie totale de 185 mètres carrés à la vente et à l'accueil. La façade des points de vente ne permettra pas aux passants d'apercevoir les produits en vente à l'intérieur. Un gardien de sécurité sera responsable de vérifier l'âge des clients. Pour les moins de 18 ans, il ne sera pas question d'entrer. Une fois ce contrôle effectué, les clients auront accès à des bornes interactives dotées d'écrans tactiles leur
permettant de parcourir l'ensemble des produits offerts (sativa, indica et hybride), leur prix et leurs différences. Ce sera sensiblement la même interface que sur le site Internet de la SQDC, où vous pourrez commander les mêmes produits à partir de votre ordinateur, tablette ou téléphone intelligent. Alain Brunet, responsable de la mise en œuvre de la SQDC, estime que les ventes en ligne pourraient représenter 30 % du total des ventes du monopole d'État. Outre la sécurité à l'accueil, les suc-
cursales disposeront d'un entreposage climatisé et grillagé dans lequel seront stockées les quantités disponibles de cannabis pour la clientèle. Jusqu'à 150 variétés Dans des étalages de mélamine au fini de bois naturel se trouveront jusqu'à 150 différentes variétés de cannabis et quelques produits connexes. Les conseillers de la SQDC pourront vous renseigner sur les différentes propriétés des variétés disponibles.
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En plus de la marijuana séchée, les clients de la SQDC pourront aussi acheter de l'huile de cannabis et des joints déjà roulés. Tous les prix des produits seront indiqués très clairement sur de grands écrans situés en face des caisses où vous pourrez régler vos achats. Tous les employés de la SQDC que vous rencontrerez auront suivi une formation plutôt exhaustive sur la loi en vigueur, l'origine du cannabis, ses effets et ses risques pour la santé. Ils devront conseiller la clientèle en respectant une approche éthique. Pas
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question de pousser à la consommation. Évidemment, aucun client ne pourra acheter plus que la limite de possession personnelle permise par la loi, soit 30 grammes par visite en magasin ou par commande sur Internet. Une fois décidés, les clients paieront leur dû et recevront leurs produits emballés et timbrés afin d'assurer la traçabilité de la drogue. Ne sortez pas votre carte Inspire comme à la SAQ, puisqu'il n'y aura aucun rabais lié à la quantité achetée ni autre programme de fidélisation.
Carrières
Salon L’Événement Carrières
200 employeurs et plus de 5 000 offres d’emploi au rendez-vous Le salon L’Événement Carrières revient pour son édition de l’automne, les 24 et 25 octobre 2018 au Palais des Congrès de Montréal. Se tenant deux fois par année avec 200 employeurs et plus de 5 000 offres d’emploi, c’est le plus gros salon de l’emploi de la région de Montréal. Plus qu’un simple salon, vous pourrez rencontrer des centaines d’employeurs potentiels, trouver la formation qui vous intéresse, vous faire conseiller par des organismes en aide à l’emploi et immigration, et avoir accès à des services sur place pour booster votre carrière. De nombreux secteurs représentés Pour optimiser les rencontres entre recruteurs et candidats, les entreprises présentes au salon sont regroupées par secteurs d’activités. Parmi eux : aérospatiale, banquefinance-assurance, centres d’appel, commerce de détail, fonction publique, manufacturier, santé, transport et bien d’autres! Vous recherchez un emploi en TI et Génie ? Un espace sélectif regroupe toutes les entreprises recrutant dans ces domaines. Offre en régions Nouveau pour cette édition! Les régions sont à l’honneur avec le pavillon « Un emploi en sol québécois » présenté par la Fédération des Chambres de Commerce du Québec, comprenant 8 chambres de commerce recrutant dans leur région. Accompagnement et conseils pour les nouveaux arrivants et les chercheurs d’emploi Que vous soyez nouvel arrivant à Montréal ou en quête d’un emploi, venez rencontrer les organismes spécialisés de l’espace Immigration et aide à
l’emploi, présents pour vous accueillir, conseiller et orienter dans vos démarches professionnelles comme personnelles (installation, vie quotidienne, réseautage, recherche d’emploi, etc.). De plus, des conférences données par des intervenants de qualité vous permettront de faire le plein de précieux conseils. Boostez vos démarches grâce aux services présents sur place! N’oubliez pas de passer par l’Espace Services pour faire réviser votre C.V., évaluer votre niveau d’anglais, vous préparer à la rencontre avec les employeurs lors d’un atelier brise-glace, et passer par le stand du photographe, pour avoir une photo portrait professionnelle. Vous aurez ainsi toutes les cartes en main pour optimiser votre visite et vos démarches. Inscrivez-vous et préparez-vous pour l’événement! Cette année, L’Événement Carrière innove avec une nouvelle application vous permettant de maximiser votre visite et simplifier vos échanges avec les exposants. Pour cela, il vous suffit de télécharger l’application Swapcard sur votre téléphone et d’entrer le code : ecarrieres pour accéder à l’événement. Vous pourrez ensuite compléter votre profil, consulter les informations du salon (plan, conférences, exposants…) et entrer en contact directement avec les exposants, avant, pendant et après l'événement. De plus, n’oubliez pas les essentiels pour votre venue au salon : plusieurs copies imprimées de votre CV mis à jour, une tenue soignée et une attitude positive sont de mise. Certains employeurs proposent parfois de passer une première entrevue sur le champ. Une occasion à ne pas rater!
Salon L’Événement Carrières
• Mercredi 24 octobre de 12h à 19h et Jeudi 25 octobre de 10h à 18h Palais des congrès de Montréal - Métro Place d’Armes • Entrée gratuite L’Événement Carrières organise aussi des événements de recrutement à Laval, Longueuil, PointeClaire et virtuels. À venir en automne : - Journée de l’emploi Laval : le 4 octobre 2018, au Centre de congrès Palace - Salon virtuel de l’emploi permanent : toute l’année : www.salonvirtuelemploipermanent.com Plus d’informations sur le site web : ecarrieres.com et la page Facebook de L’Événement Carrières
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Dossier
Le cannabis désormais légal au Canada
Comment en parler avec ses enfants?
Depuis le mercredi 17 octobre, les Canadiens de plus de 18 ans pourront consommer du cannabis en toute légalité. L'âge réglementaire n'empêchera toutefois pas les jeunes de s'y intéresser, et ce, même avant l'adolescence.
de gens en consomment à des fins récréatives, et cela ne nuit pas à leur quotidien. Le cannabis crée un sentiment euphorique, augmente les perceptions sensorielles et favorise la socialisation.
Bien que de nombreux parents se montrent rébarbatifs quant à sa consommation, plusieurs experts manifestent l’importance de la discussion ouverte, positive et surtout sans jugement avec l’enfant.
En se renseignant au préalable sur les multiples facettes du cannabis, telles que sa composition, ses différentes appellations, ses risques et même ses bons côtés, les parents renforceront la crédibilité de leur discours auprès de leur enfant. Il vaut mieux adopter une attitude objective et éviter un ton alarmiste, sans pour autant banaliser les sujets de la discussion.
Puisqu’il peut parfois s’avérer ardu d’échanger avec un ado, et encore plus lorsqu’il est question de sujets délicats, voici quelques astuces pour favoriser le dialogue. Contrairement à ce que certains pensent, même à cet âge, l’influence parentale joue un rôle capital dans sa prise de décision. 1- S’informer Les parents devraient s'informer sur les multiples facettes du cannabis avant d'en parler à leur enfant. L’adolescent qui consomme de la marijuana a une chance sur six de développer une dépendance, selon l’organisme canadien Jeunesse sans drogue. Il y a donc des risques qui y sont associés. Les gouvernements du Canada et du Québec, tout comme de multiples médecins, s’entendent pour dire que la consommation précoce et régulière de cette substance peut entraîner des problèmes psychotiques en plus de nuire aux capacités cognitives. Il ne faut cependant pas en faire tout un plat. Le fameux « pot » n’occasionne pas de décès ni de handicap, à moins qu’une personne sous son influence prenne le volant, par exemple. Bon nombre
2- Faire une introspection L’une des questions qui brûlent à tout coup les lèvres des enfants vise à savoir si leurs parents ont déjà consommé du cannabis. Plusieurs experts conviennent que, peu importe le passé, il est préférable de ne pas leur mentir. L’honnêteté souligne l’ouverture de l’adulte et favorise un climat de confiance entre les deux parties. Dans l’éventualité où un parent aurait autrefois fumé de la marijuana, il peut mettre de l’avant ses mauvaises expériences ou celles de ses amis. Il semble également approprié d’indiquer qu’il a encouru des risques et que personne ne se trouve à l’abri des dangers. Si le parent en consomme toujours, il apparaît néanmoins essentiel qu’il fasse le point sur ce comportement. Pourquoi est-ce que j’en consomme? À quelle fréquence? Quelle quantité? L’usage de marijuana, spécialement devant l’enfant, entache la crédibilité du parent. Si le parent fait un constat regrettable de sa consommation, il devrait demand-
er de l’aide. 3- Choisir le bon moment D’abord, les grandes personnes ne devraient pas transformer cette conversation en moment lourd. Les formules telles que « maman ou papa doit te parler après l’école » sont à éviter. Elles suggèrent un ton trop formel, contraire à l’ouverture et à la confidence. Se mettre dans la peau de l’adolescent se présente comme un incontournable. Personne à cet âge n’a envie de discuter de drogue avec ses parents. Pourquoi ne pas rendre cet incontournable agréable ou, du moins, moins malaisant? La légalisation imminente du cannabis constitue une belle porte d’entrée en la matière. Pour encourager le dialogue, l’adulte peut, par exemple, demander l’avis de son enfant sur cette nouvelle loi. En l’absence de réceptivité, l’interroger sur les habitudes de ses amis est une bonne solution de rechange. Tant que l’atmosphère est calme et
intimiste, la discussion sera possible. 4- Ne pas sermonner À la lueur de l’échange, les parents apprendront possiblement que leurs enfants consomment ou ont déjà consommé de la marijuana. Puisque cette substance peut nuire à leur développement, notamment sur le plan cognitif, un suivi régulier avec eux se révèle primordial. Le fait de les sermonner sur un ton paternaliste pourrait inévitablement les mener à se replier sur eux-mêmes. Les adultes devraient plutôt démontrer à leurs enfants qu’ils ont leur santé à cœur et qu’ils souhaitent assurer leur bienêtre. 5- Adapter son discours selon l'âge Bien évidemment, on ne parle pas de la consommation de cannabis de façon similaire à un enfant du primaire qu'à un élève de 15-16 ans. En bas âge, il semble préférable d'axer la discussion sur les risques liés à la marijuana. Selon Jean-Sébastien Fallu, spécialiste des dépendances, plus ce dernier
Les jeunes et le cannabis Un adolescent sur cinq au Canada, âgé de 15 à 19 ans, a consommé du cannabis dans la dernière année
En 2013, 77 % des élèves du secondaire n'avaient jamais consommé de la marijuana. *
Les adolescents canadiens consomment deux fois plus de marijuana que les adultes au pays.
Le cortex préfontal de l'humain, qui contrôle son raisonnement et ses impulsions, n'atteint pas sa pleine maturité avant l'âge de 25 ans.
En 2016, une étude menée par l'Organisation mondiale de la santé sur 40 pays a indiqué que le Canada était le deuxième pays où les adolescents âgés de 15 ans consommaient le plus de cannabis.
Sources : Jeunesse sans drogue Canada / *Enquête sur le tabac, l'alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire
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vieilli, plus il apparaît important de faire preuve d'ouverture. En entrevue à la Première chaîne d'ICI Radio-Canada, il suggère d' agir « sur » l'enfant lorsqu'il est poupon, « pour » quand il est enfant, « avec » à l'adolescence pour éventuellement le « laisser » agir. Il n’existe pas de formule magique Il n’existe pas de formule magique pour obtenir le dialogue parfait. L’important, c’est que les parents fassent de leur mieux et qu’ils encouragent leurs enfants à réfléchir sur la question. Quelques organismes, notamment Jeunesse sans drogue Canada, offrent des conseils détaillés et pertinents pour mener cet échange dans le meilleur contexte possible. L'émission Le monde est petit, diffusée sur ICI Radio-Canada Télé, a créé une capsule explicative destinée aux 8-10 ans qui peut être un excellent point de départ pour entamer un échange. Mais déjà, le fait de prendre le temps de lire ce texte est un pas dans la bonne direction!
Culture
Convergences musicales
Première du court-métrage Résonance culturelle Marchande d’idées interculturelles (MDI), avec le soutien de l’Ambassade du Canada au Maroc, présentera pour la première fois le court-métrage Résonance culturelle lors de la 5e édition de Visa For Music qui se déroulera du 21 au 24 novembre 2018 à Rabat au Maroc.
Le court-métrage de treize minutes réalisé et produit par MDI transportera l'audience au cœur de la résidence musicale entre RedTail Spirit Singers (Canada), Daraa Tribes (Sélection officielle VFM 2017/Maroc) et Sacred Wolf Singers (Canada). Le courtmétrage offre un réel sentiment de célébration tout en constituant un legs visuel de la richesse culturelle de chacun des groupes. Cet échange interculturel est un témoignage vivant des bienfaits de
ces collaborations et contribue au renforcement des liens culturels entre le Canada et le Maroc.
La réalisation comprend aussi des séquences du passage de Daraa Tribes à Montréal ainsi que des trois groupes au Harbourfront de Toronto à l'occasion du Small World Music Festival. Pour la première de son courtmétrage, Nathalie Lévesque sera accompagnée des musiciens canadiens Wishe Tremblay, Akawui Riquelme-Catalan, Simon Denizart, Ivan Cloud (Tee Cloud) et du danseur Jason Gallo. La présentation sera suivie d’une brève performance au grand tambour et d’une session questionsréponses avec l’audience.
«Je suis vraiment fière de présenter le résultat de la collaboration entre le Canada et le Maroc à la 5e édition de Visa for Music, un salon qui rassemblent des professionnels de la musique du Maroc, du Moyen-Orient et de partout à travers le monde. C’est grâce à l’ouverture et la mise en valeur de ces échanges que nous pouvons
vraiment nous enrichir mutuellement» déclare Nathalie Lévesque Quand à Bill McCrimmon, Chargé d’Affaires à l’ambassade du Canada au Maroc il déclare : «Nous sommes très heureux de pouvoir supporter la première du court-métrage Résonance culturelle au Maroc qui sera projeté dans
le cadre du festival Visa for Music. Ces rencontres interculturelles réussies entre le Maroc et le Canada témoignent du dynamisme croissant de nos échanges dans le domaine culturel, et nous veillerons à les renforcer encore davantage.»
Rappels La première édition du projet interculturel entre le Canada et le Maroc « La terre n’a qu’un soleil » s’est déroulée au Maroc en octobre 2017 avec le soutien de l’Ambassade du Canada au Maroc et en collaboration avec le Festival Taragalte under the stars. La deuxième édition en sol canadien a été réalisée en partenariat avec le Festival des traditions du monde de Sherbrooke. Le résultat de la résidence effectuée au FTMS a également été présenté
au Harbourfront Centre de Toronto, en collaboration avec le 17e festival annuel de Small World Music. La présentation du court-métrage Résonance culturelle est rendue possible grâce à la collaboration de Visa for Music, la première plateforme professionnelle rassemblant et fédérant les artistes et l’industrie de la musique du Maroc, du MoyenOrient et d’Afrique. Daraa Tribes — Sélection officielle VFM 2017 — capture d’une voix collective la diversité culturelle de sa
région. lls célèbrent, partagent et diffusent la paix et la tolérance de la même manière que les nombreuses tribus de la vallée du Drâa. C'est suite à leur vitrine à VFM, que le groupe s'est rendu en Russie. RedTail Spirit Singers est un groupe de tambour du Canada. Le groupe s’est produit dans plusieurs endroits notamment à Trinité-et-Tobago, en France ainsi que dans le désert du Sahara au Maroc en 2017. Le groupe est souvent appelé à se produire dans des événements spéciaux.
Simon Denizart est un pianiste français arrivé à Montréal en 2011. En 2014, il est sélectionné pour le concours de la relève du Festi Jazz international de Rimouski au Québec et gagne le prix du public. Il est nominé en 2017 et 2018 à l'ADISQ dans la catégorie Album de l'année Jazz. Ivan Cloud (Tee Cloud) est membre du groupe de tambour Mi’kmaq Sacred Wolf Singers qui interprète des chansons traditionnelles et contemporaines honorant le caractère
unique de la langue Mi’kmaq et ses connaissances culturelles inhérentes. Marchande d’idées interculturelles a pour but de développer un mouvement d’échanges interculturels entre les différentes communautés afin de sensibiliser le public aux bienfaits des échanges, de favoriser le dialogue et de créer des partenariats durables. marchandedidees@gmail.com
19ème édition du Festival du Monde Arabe L'Odyssée de Fulay Cheikh Sidi Bémol en ouverture le 26 octobre 2018
La soirée d'ouverture de sa 19e édition – qui est placée sous le thème« Chants de mutants, aux rives de Gibraltar – aura lieu le vendredi 26 Octobre à partir de 20 heures au Théâtre Le Gesù (1200 rue de Bleury ).
À l’affiche : L'Odyssée de Fulay Cheikh Sidi Bémol , dans laquelle le Cheikh Sidi Bémol se transforme en véritable conteur berbère des temps modernes. Dans un spectacle à michemin entre théâtre et concert, entre
chant et conte, il explore l’histoire antique de l’espace berbère et nous invite à un voyage au cœur des légendes et des mythes présents chez tous les peuples de la Méditerranée. Le récit en français est ponctué par des chansons en kabyle qui rythment
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les aventures fantastiques de Fulay – un artiste extraordinaire, célébré par les rois, adopté par les dieux, jeté aux enfers puis rendu aux siens. Une Odyssée, un conte, douze mélodies et un récit fantastique pour ouvrir la 19e édition du FMA, offrant au pub-
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lic une occasion inédite pour découvrir et savourer l’immensité, l’ancienneté et la créativité de la culture berbère.
Sports
Marathon de Québec
Une entrée en fanfare Un Marocain de 24 ans triomphe dans sa première course à vie… Il y a des baptêmes du feu plus éloquents que d’autres et Mohamed Aagab, venu au Canada pour vivre une expérience à la fois sportive et culturelle pendant quelques mois, en a fait la flagrante démonstration en s’imposant au terme de 2 h 28 min 30 s d’effort à sa première épreuve de 42,2 km à vie. Anthony Larouche, de Québec, a croisé le fil d’arrivée 29 secondes plus tard alors que Julien Lachance, de Gatineau, s’est emparé de la troisième position grâce à un temps de 2 h 39 min 18 secondes. Ce dernier a profité de la disqualification du Péruvien Manuel Gregorio, qui a pris un mauvais virage par erreur. « Je suis content. C’était mon premier marathon. J’avais déjà couru un 30 km ainsi que des triathlons. Il y avait beaucoup de côtes, ce qui n’était pas facile pour moi parce que ça me donne des courbatures. Le parcours était bien », a réagi le coureur natif d’Agadir, du mieux qu’il le pouvait en français. À Agadir, station balnéaire marocaine située le long de la côte atlantique, le mercure a atteint un sommet de 28 °C durant la journée de dimanche ! Âgé de 24 ans, Aagab a choisi le Canada comme terre d’accueil temporaire après un long séjour en Europe qui l’a mené en Allemagne, en France et en Espagne, notamment. Entraîneur et thérapeute sportif dans son pays, il a participé à des épreuves en Allemagne, en France et en Espagne. Larouche fier Pour Larouche, sa deuxième place avait un goût de victoire puisqu’il savait qu’il faisait face à une rude opposition. Il avait toutefois confondu le gagnant à un Tanzanien puisqu’il croyait que ce dernier serait du départ. Et la performance d’Aagab n’a rien fait pour l’aider à se démêler avant le fil d’arrivée sur
Grande Allée. N’empêche que pour cet enseignant en mathématiques au secondaire et père de famille, il y avait de quoi se réjouir. « D’être enseignant à temps plein tout en étant père et de ne pas gagner ma vie avec la course, alors que lui est un athlète de classe mondiale, ce sont des facteurs qui me rendent fier d’avoir été dans la course avec lui », a souligné l’ancien membre du club de cross-country du Rouge et Or de l’Université Laval, avouant que le nouveau tracé lui a donné du fil à retordre par moments. Le Québécois de 28 ans en était à son deuxième marathon en trois semaines après avoir pris part à celui de Montréal où il avait obtenu le septième meilleur temps, ce qui ajoute à son exploit dominical. Il n’avait jamais participé au 42,2 km dans son ancienne mouture. « Je disais que je visais la victoire parce que je savais que dans le pire des scénarios, j’allais finir deuxième [...] Je me disais que même si j’explosais, j’allais pouvoir sauver les meubles pour finir deuxième. » Semaines intenses À travers son horaire chargé, il réussit à enfiler les espadrilles lors de 49 semaines dans une année, se tapant en moyenne 150 km hebdomadairement. « Quand les nuits sont coupées à cause des pleurs, la récupération est moins optimale et tu dois jongler avec ça et être très discipliné. Je me couche autour de 8 h 45-50 tous les jours. » Il n’a pas volé ses « 14 prochains jours off » !
empressé de lever les bras au ciel. Caroline Poitras n’avait pas l’intention de rater ce premier rendez-vous 100 % Québec dans sa ville, et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette enseignante de 43 ans a survolé le nouveau parcours. La dame a été la seule représentante de la gent féminine à franchir la ligne d’arrivée sous la barre des trois heures (2 h 55 min 50 s) en l’emportant devant Julie Moreau et Marianne Boivin, respectivement de Québec et de Lévis.
Par ailleurs, un homme de 62 ans reposait dans un état stable à l’hôpital après avoir subi un malaise cardiaque qui a nécessité des manœuvres de réanimation alors qu’il venait de terminer le demi-marathon.
« De gagner cette première édition, c’est spécial, surtout qu’on se faisait dire que de faire en bas de trois heures ici avec ce parcours, ce serait difficile. Pour moi, c’est toute une réalisation et c’est mon meilleur temps. Faire 2 h 55, c’est rêvé pour moi alors que j’avais fait 2 h 59 au P’tit Train du Nord [dans les Laurentides] », a-t-elle confié après avoir repris son souffle.
Caroline Poitras était émotive après sa victoire et s’est
Son meilleur résultat à Québec avait été une deux-
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ième place en 2004 alors que le marathon se tenait sur les deux rives. Malgré des présences à Boston et à Ottawa au fil des ans, elle n’avait participé qu’à une seule autre reprise à l’épreuve de la Vieille Capitale par la suite, soit en 2013. Elle a été charmée par le nouveau parcours. « C’était un parcours magique, il y avait du monde et c’était très beau. » En préparation pour l’Europe
de chez moi. Le système de points pour se qualifier a changé et certaines courses valent plus que d’autres, de là le fait d’aller en salle en Europe », a expliqué le demifinaliste sur 1500 m des Jeux de Rio. Les organisateurs comblés S’il était trop tôt pour les organisateurs pour tracer un bilan, il semblait déjà acquis que cette édition inaugurale sur la Rive-Nord avait gagné son pari. La firme Gestev voulait faire rayonner les plus beaux attraits de Québec en modifiant le tracé.
L’olympien et spécialiste du demi-fond, Charles PhilibertThiboutot, a profité de la tribune pour remporter aisément le 10 km, lui qui se prépare à participer au championLes podiums nat canadien de crosshommes et dames country à la fin novembre, à Kingston. Le coureur de Québec s’envolera ensuite Hommes Mohamed Aagab : 2 h 28 min 30 s vers l’Europe en février pour obtenir des points en Anthony Larouche : 2 h 28 min vue de se qualifier pour les 59 s Julien Lachance : 2 h 39 min 18 s Mondiaux d’athlétisme prévus en octobre 2019, au Femmes Qatar. Caroline Poitras : 2 h 55 min 50 s Julie Moreau : 3 h 43 s « J’ai décidé la semaine Marianne Boivin : 3 h 01 min 56 s passée d’y participer. C’était à deux coins de rue
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Administration
Le Centre de prévention de la radicalisation en péril Le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV) traverse des difficultés financières importantes au point de mettre sa survie en jeu, a admis le président de son conseil d'administration à La Presse. «Il est minuit moins cinq», a affirmé Richard Filion au cours d'une brève conversation téléphonique. L'homme dit travailler «pour assurer la pérennité des opérations du centre». Le versement des salaires des employés a été suspendu pendant quelques semaines, plus tôt cette année, et cette situation risque de se reproduire à court terme, selon nos informations. En cause : le non-renouvellement d'une entente de financement avec le ministère de la Sécurité publique et la rétention de certains versements par la Ville de Montréal, qui presse l'organisme de «réviser son modèle d'affaires à la lumière de sa capacité financière». Le Ministère et la Ville étaient les deux bailleurs de fonds du CPRMV depuis sa création. «Je confirme que [les problèmes financiers] sont une préoccupation sur laquelle travaille le C.A. pour trouver des solutions définitives»,
affirme M. Filion.
ant.
Dans les couloirs du centre, selon trois sources, on attribue ces problèmes à des tensions avec les milieux policiers, ainsi qu'à l'embauche controversée de Sabrine Djermane et El Mehdi Jamali juste après leur acquittement d'accusations de terrorisme, l'hiver dernier.
En outre, la Ville de Montréal a expliqué qu'elle retenait actuellement un versement de 400 000 $ destiné au centre parce que celuici est en défaut de paiement. Il «doit à la Ville des loyers et le remboursement d'un salaire à hauteur de 58 000 $», a indiqué Linda Boutin, chargée des communications.
Défaut de paiement Du côté du ministère de la Sécurité publique (MSP), on indique que «des démarches ont été entreprises en vue d'élaborer une nouvelle entente visant à octroyer à l'organisme un soutien financier». La dernière est arrivée à échéance en mars, mais le dernier paiement a seulement été effectué il y a trois semaines, à la fin de septembre, a ajouté Patrick Harvey, responsable des communications du MSP. À la Ville de Montréal, on se fait plus clair : la municipalité est devenue le seul bailleur de fonds du CPRMV depuis la fin de son entente avec le MSP et elle «ne peut soutenir des interventions à l'extérieur de son territoire». Celles-ci représentaient 50% du travail du centre jusqu'à mainten-
«La Ville de Montréal, à titre de bailleur de fonds unique, veut s'assurer que le financement municipal soit utilisé pour accomplir des actions auprès de la clientèle montréalaise en fonction des champs de compétence municipale.» Lancé en grande pompe par Denis Coderre et le ministre Pierre Moreau en 2015, le centre constituait alors «une première en Amérique du Nord», de l'avis du maire de Montréal. «Le vivreensemble requiert un équilibre entre l'ouverture et la vigilance», avait-il affirmé, reprenant le mantra de son administration et de ses ambitions sur la scène internationale. Un projet d'expansion du centre à Québec, exprimé l'année dernière,
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avait été accueilli très négativement par le maire Régis Labeaume. «On n'a pas besoin de ça à Québec», avait-il réagi, excluant toute possibilité de financer un tel projet. 349 demandes d'assistance Contrairement à d'autres services du genre dans le monde, le Centre travaille de façon indépendante de la police et refuse de partager les informations obtenues des individus radicalisés ou de leurs proches, sauf autorisation ou danger imminent. L'organisation compte 18 employés. Selon son dernier rapport annuel, il a reçu 349
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demandes d'assistance en 2017. Le recrutement par le centre du couple Djermane-Jamali comme «consultants en prévention» avait causé la controverse, l'hiver dernier. Ils auraient été chargés de contribuer à la rédaction d'un guide sur la prise en charge des accusés de terrorisme et auraient apporté leur vision du «processus d'endoctrinement des jeunes au Québec». Ils ont toutefois démissionné rapidement après que leur embauche a été dévoilée par La Presse. Joint par téléphone, le directeur général du Centre, Herman Deparice-Okombo, n'a pas voulu commenter.
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