Lettre d'informations Atomes mai 2015

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Dans ce numéro : Édito p1 Agenda p2 . Nouvelles animations p3 . Flashback Techn’Old Week p4 . Nouveaux ateliers RMTT p5 . ESPGG : exposition Anosmie p6 . Dossier spécial p7 Science Show - Édito spécial p7 - Électrons libres p7 - État des lieux du Science Show p8 - Le Science Show en images p10 - Entretien avec Guillaume Trap p13 . L’actu autour de nous p14 Quand les physiciens entrent en scène

« Transformer la science en art, en plaisir, en rire et en jeu »

Show devant !

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Édito

par Mlle Libellule

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ette nouvelle lettre d’information va vous en mettre plein la vue ! Et oui, cette année est l’année internationale de la lumière, l’occasion pour nous de vous présenter nos nouveaux ateliers et spectacles sur cette thématique (p. 3). Le projet « Raconte-moi tes technologies », dont la deuxième édition de la Techn’Old Week a remporté un franc succès, propose lui aussi des nouveaux ateliers, autour de la cuisine et de l’école (p. 4-5). Des découvertes, des rencontres, des expériences et du show en perspective !

Du show, il y en aura aussi dans notre dossier spécial, à découvrir en page 7. Après avoir resitué le Science Show dans son contexte (p. 8-9), nous nous interrogerons sur ce que le Show peut apporter à la médiation scientifique, mais nous verrons aussi quelles en sont ses limites (p. 10-12). Nos propos seront complétés par l’interview d’un spécialiste du domaine, Guillaume Trap, qui n’est autre que le grand gagnant de notre concours « Electrons libres » organisé l’année dernière (p. 13). Nous sommes toujours à votre écoute, si vous souhaitez réagir à ce sujet et partager avec nous vos expériences de Science Show. Vos avis et suggestions nous sont précieux ! Bonne lecture et à bientôt !

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Agenda

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Pour en savoir plus sur chaque activité, cliquez dessus.

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TO U S

Atelier : Créativité Technique Le samedi 4 avril à Viroflay

Atelier : Pousse ta plante

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Atelier : Raconte-moi tes technologies / thématique : jardin

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Spectacle : Expérience Exigée

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Animation : Raconte-moi tes technologies

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Conférence-Spectacle : Effervescience

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Événement Mystère

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Le samedi 11 avril à 15h à la médiathèque Arthur Rimbaud d’Antony

Le samedi 11 avril à 16h30 à la médiathèque Arthur Rimbaud d’Antony

Le samedi 11 avril à 15h à l’Espace Salvador Allende à Palaiseau

Le dimanche 12 avril au Salon du livre de l’histoire des Sciences et Techiques à Vitry /Seine

Le mercredi 6 mai au Parc d’aventures scientifiques à Mons ( Belgique)

Du lundi 25 au vendredi 29 mai à l’Espace des Sciences Pierre-Gilles de Gennes (Paris) : 12 représentations gratuites des Science-Show « Illusion(s) » et « Le magicien d’eau ». Réservations nécessaire pour les groupes.

Spectacle de conte : L’Ogresse Le mercredi 27 mai pour Jardins en fête à Morangis

Animation : Brico-Quartier / thématique : Electricité Le samedi 13 juin et le dimanche 14 juin à la fête d’Ivry / Seine

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Conférence-spectacle : Illusion(s) Spectacle : De l’expérimentation des expériences expérimentales Le samedi 13 juin et le dimanche 14 juin aux journées portes ouvertes du CEA à Saclay

Formation à la médiation scientifique - Les 15 et 16 juin 2015 Forts de leur expérience en médiation scientifique, Les Atomes Crochus organisent une formation à destination des non-scientifiques. Le manque de connaissances scientifiques est souvent ressenti comme un frein à la mise en place d’activités de sciences. En donnant des méthodes, Les Atomes Crochus veulent permettre aux personnels encadrants d’inclure dans leurs animations des sciences de manière originale, sans complexe, de façon ludique. Infos : contact@atomes-crochus.org

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La propagation de la lumière

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orsque Les Atomes Crochus ont decidé de mettre en place un nouvel atelier sur la lumière plusieurs questions se sont posées : Pour qui ? Pour quoi ? Comment ? Où ? De ces questions est née une réflexion qui a finalement abouti à la construction de deux ateliers distincts : « L’atelier des lumières invisibles », et « Mille et une façons de faire de la lumière ». C’est peut-être cela qu’on appelle la diffraction de la lumière aux Atomes Crochus ? Tandis que « L’atelier des lumières invisibles » met l’accent sur la manipulation, les expériences et la recherche amusante de protocoles, « Mille et une façons de faire de la lumière » propose une approche plus globale avec des focus sur certains aspects de la lumière : la lumière dans la nature, dans l’industrie, à la maison, au laboratoire… La particularité de ce dernier atelier est que le public construit son propre contenu avec le médiateur : il choisit les thèmes et les expériences qui vont y être menées en groupe. Ces deux ateliers se complètent pour répondre aux demandes des différentes structures et s’adapter aux différents publics : classes élémentaires, familles, classes de collèges et lycées, étudiants. Ces deux ateliers viennent élargir l’offre d’activités déjà existantes autour du thème : « L’atelier stroboscopique » dont certaines expériences sont directement liées à notre perception de la lumière ; la conférence « Illusion(s) » qui met l’accent sur des expériences lumineuses ; et enfin le spectacle « De l’expérimentation des expériences expérimentales » dans lequel Mme Renoncule, bien malgré elle, manipule sans crier gare une lampe cornichon, un tube néon, et une boule plasma !

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Des nouveaux ateliers pour découvrir la lumière sous toutes ses formes.

2015, année de la Lumière Validée par l’UNESCO en 2013, 2015 sera l’année internationale de la Lumière (et des techniques utilisant la lumière). Les thèmes principaux abordés lors des événements seront la science de la lumière, les technologies de la lumière, la lumière dans la nature, et lumière et culture.

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Flashback sur la Techn’Old Week

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e tous âges, de tous horizons, mais une seule et même motivation : la découverte technologique. C’est ainsi que nous pourrions résumer la Techn’Old Week, qui s’est déroulée du 25 février au 4 mars à l’Espace des Sciences Pierre-Gilles de Gennes. Les activités proposées ont séduit petits et grands, rassemblés lors de cette semaine sur le thème de l’intergénérationnel et des évolutions technologiques. Pour sa deuxième édition, la Techn’Old Week a été couronnée d’un franc succès grâce à son jeu de piste, à sa Fabrique du Film et à ses ateliers « Ça bouge dans la cuisine ! » et « Les cartables décollent ! ». Autant de titres mystérieux que d’animations ludiques : découvrir des objets anciens et récents tel un explorateur, s’amuser à deviner des sons d’objets enregistrés sur un Ipad, recréer la musique d’un vinyle grâce à une aiguille et une feuille de papier ou encore réaliser un film avec un décor –presque- digne d’Hollywood. Vous en rêviez (?) La Techn’Old Week l’a fait !

Vu et entendu « La prochaine fois, je ramène mes bonhommes Star-Wars et mes DVD pour faire comme dans l’espace. C’est quel épisode qu’on tourne ? On dirait l’Empire Contre-Attaque mais avec des punaises en papier. Mamie t’as une idée pour le titre ? ». Si nous devions remettre un prix « Vu et entendu à la Techn’Old Week », le petit Lucas, 5 ans, sortirait grand vainqueur. Lors des animations « Ça bouge dans la cuisine ! », nous avons aussi découvert que, pour faire fonctionner une bouilloire électrique, il fallait y mettre le feu ! Certes, c’est un point de vue surprenant mais toutefois intéressant… Chers lecteurs, ne tentez surtout pas de reproduire cela chez vous !

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Nouveau souffle dans les ateliers « Raconte-moi tes technologies » !

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équipe RMTT a eu la joie de présenter lors de la dernière Techn’Old Week deux nouveaux ateliers intitulés « Les cartables décollent » et « Ça bouge en cuisine ». De la salle de classe à la cuisine de nos mamans, petits et grands se rencontrent autour des technologies et de l’évolution de nos modes de vie. Pour mettre en place ces deux ateliers, Mélina et Marie-Yveline, deux stagiaires, sont parties à la recherche d’objets évocateurs de souvenirs ou faisant partie de notre quotidien. Recette pour un atelier « Ça bouge en cuisine » : Un kilo de sodastream, quelques

grammes de moulin à café, un peu d’huile de coude pour le batteur à manivelle, un grain d’habileté pour le siphon, et surtout, de la bonne humeur sans modération… le tour est joué ! Vous aurez l’opportunité de tester les divers ustensiles, une occasion de découvrir pourquoi le lait déborde de la casserole quand il bout, ou encore de comprendre comment les blancs d’œufs montent en neige… Quant aux « cartables décollent » il ne sera pas question de punition, promis ! Cet atelier propose d’échanger autour de la vie des petits écoliers d’hier et d’aujourd’hui : de

l’encre plein les doigts à l’effaceur, du jeu d’osselets aux bracelets Rainbow loom®… Autant de réalités qui alimentent la petite histoire de nos gestes journaliers. Saurez-vous reconnaître l’ancêtre de la calculatrice ou encore prendre soin de votre Tamagotchi®? Si vous souhaitez vous aussi nous rejoindre dans ces découvertes, avec votre petit-fils ou votre grandmère, les jeunes de votre centre de loisirs ou les seniors de votre association, vous trouverez toutes les informations pratiques sur notre site internet : www.tes-techniques.fr, alors n’hésitez plus !

Moments d’échanges autour des thématiques de l’école et de la cuisine

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Une nouvelle exposition pleine de sens

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nosmie, vivre sans odorat est une exposition de photographie interactive et polysensorielle sur le rôle joué par l’odorat dans notre quotidien et l’impact de sa perte. À découvrir jusqu’au 31 juillet 2015 à l’Espace des Sciences PierreGilles de Gennes. Eléonore de Bonneval, son auteur, a répondu à nos questions. Pourquoi exposer à l’ESPGG ? Il y a au sein de l’ESPCI ParisTech diverses recherches autour de l’odorat qui prouvent le rôle essentiel joué par l’odorat dans notre vie. L’exposition Anosmie, vivre sans odorat rentre donc en résonnance avec ces travaux. Comment avez-vous abordé les questions scientifiques soulevées par ce handicap ? Mon père est ORL et m’a encouragé à avoir une approche transversale dans mes lectures sur le rôle joué par l’odorat. La physiologie du sens olfactif me fascine, son interaction avec notre sens du goût mais aussi la relation des odeurs sur notre mémoire à long terme et émotionnelle est unique. En revanche, le réel impact de l’anosmie, la déconnection sociale dont certains anosmiques peuvent être victimes, j’en ai pris conscience lors de mes interviews et de mes rencontres avec des anosmiques. Parlez-nous de la création des modules olfactifs Avec l’aide de Charles Boulnois, nous avons conçu une scénographie

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interactive. C’est un voyage olfactif. Il y a une dimension ludique, le public est invité à faire travailler sa mémoire. Grâce à un système de diffusion fourni par Scentys et au travail d’Evelyne Boulanger, parfumeur chez Symrise, le « voyageur » peut retourner en enfance et redécouvrir l’odeur de la barbe à papa, s’imaginer boire un café au comptoir. Dans cette partie, il n’y a pas de représentation visuelle des odeurs. Les visiteurs sont invités à faire appel à leur mémoire autobiographique plutôt que sémantique. Les 15 odeurs présentées s’intègrent à une catégorie : « Souvenirs et Emotions », « Goût et Saveurs », « Au Grand Air » et « Vie Sociale ». Comment voyez-vous l’exposition dans l’avenir ?

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C’est essentiellement le public qui me dicte la direction à prendre, les interrogations soulevées par le public sur le rôle joué par l’odorat. Les témoignages audio et écrits qu’il m’apporte enrichissent le contenu chaque jour un peu plus de manière organique, naturelle et cohérente. Pour plus d’infos www.espgg.org Contacts Twitter | Instagram @edebonneval www.upintheair.fr Une soirée pour confronter vos sens Mercredi 27 mai à partir de 19h30 à l’ESPGG

www.espgg.org www.facebook.com/espgg


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Edito spécial « Giant steps »

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eux questions résonnent dans cette newsletter : Pour qui? Pourquoi ? Depuis que les Atomes Crochus existent, chaque nouvelle animation, spectacle ou projet est accompagné de ce questionnement tellement banal et pourtant fondamental. Le risque est donc d’oublier ce questionnement essentiel ou de se contenter de l’existant, principal ennemi de la compréhension. Pour qui créé-t-on un science show ? Pour les enfant bien sûr ! Et pourquoi un jeu de discussion ou une table ronde ? Pour réfléchir sur les controverses sociotechniques, bien évidemment. Une conférence ? Public averti. Un clown ? Amuser les petits. Et pourtant, essayer autrement, brouiller les pistes, mélanger le jeu de cartes pour dévoiler d’autres ordres possibles et inattendus… quel bonheur ! Le science-show n’échappe pas à cette volonté, et ces pages en témoignent. En décortiquant ce dé à mille faces qu’est la science en spectacle et en insistant sur nos questions (en étant conscient que toutes les réponses déjà existantes sont, comme en science, un outil de compréhension et en même temps un obstacle à une compréhension plus profonde), Fabien, Maxime et les autres nous confirment deux richesses fondamentales de notre association. Premièrement : ne

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jamais arrêter de se poser la même question : pour qui ? Pourquoi ? Deuxièmement : ne jamais arrêter de chercher des réponses qui se mettent de travers par rapport à l’évidence. Comme un solo de John

Coltrane. Cela est parfois fatiguant : on ne peut que dire merci à tout ceux qui n’arrêtent pas de s’y essayer. Matteo Merzagora

Electrons libres Les Atomes Crochus et le Science Show

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« n concours de scienceshorts ? » « Pour les enfants, bien sûr ? ». « Non, non, pour des adultes. Des gens très sérieux, au demeurant ! » Et Electrons Libres eût lieu. Sous forme de concours. Avec de grandes personnes, scientifiques, ingénieures, étudiantes ou comédiennes, qui ont eu envie de faire pétiller la science dans les yeux du public (et du jury). Le Grand Prix et le Prix du Public ont été décernés à Guillaume Trap, médiateur à Universcience. Il nous a parlé de plages, de vagues et d’effet photoélectrique. Le Prix de la Mise en scène a été remis à la Compagnie Collaps’Art. Ils nous ont fait naviguer à travers une histoire d’agitation thermique de l’eau… et du corps humain. Enfin, de deux corps humains !

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Sans compter sur les péripéties culino-chimiques du Wax Bar, les flammes sautillant sur les vibrations de la musique de Pauline et Emmanuelle, et plein d’autres expériences scientifiques épatantes, émouvantes, drôles et intrigantes. Et puis Miha Kos est venu, de Slovénie. Après avoir animé un workshop sur sa vision de ce qu’est un science-show, il est monté sur scène, a fait bouillir des cailloux, a gonflé un globe terrestre, a défié la gravité avec un stylo. Nous avons applaudi : c’était de la science, et ce n’était pas ennuyeux. Il y a eu des « boum », des « waouh » et des « ha »... puis le rideau s’est fermé !

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État des lieux du Science Show

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épassée l’idée que la science se terre au cœur des laboratoires ou aux détours de couloirs d’universités, et vieillie l’image du scientifique ébouriffé emmitonné dans sa blouse blanche ! La science d’aujourd’hui s’exporte ! Dans les musées, les médias, et jusque dans les salles de classe, les acteurs de la culture scientifique ont su trouver de nombreux chemins de traverse pour contourner les réticences face à une science parfois jugée inaccessible. Une voie pourtant ne demeure que partiellement explorée : celle du Science Show. Pour qui s’intéresse par exemple à la physique ou la chimie, chaque phénomène est un spectacle… d’où l’idée : Et si l’on mettait la science en spectacle ?!

John Henry Pepper

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Cette idée n’est certes pas nouvelle. Déjà au XIXe siècle, quelques scientifiques prenaient le parti de diffuser leurs connaissances auprès du grand public ou de leurs confrères, à l’instar de John Henry « Professor » Pepper. Il arpenta le monde anglophone en proposant des démonstrations expérimentales et s’intéressa à l’éducation aux Sciences. Mais à l’heure où il n’est plus besoin de courir les congrès pour trouver un public, la question du Science Show se pose différemment. Le Science Show, pour qui et pourquoi ? Un Science Show, comme son nom l’indique, est avant tout un show, donc une démonstration de sciences. D’où quelques interrogations essentielles, à savoir « que montre-t-on », « à qui », et « de quelle façon ». Ou encore en d’autres termes : quel contenu, pour quel public, sous quelle forme ? Sans compter que cette question fondamentale du public et du rapport fond/forme se met au service de l’objectif poursuivi ! Mais là encore, quel objectif ? Concernant ce dernier, les possibilités sont multiples. Stimuler le questionnement des spectateurs ? Provoquer l’émerveillement devant des expériences spectaculaires ? Tenter de transmettre des connaissances durant la performance ? Ou bien simplement faire naître une curiosité que le spectateur cultivera ensuite de lui-même… ? Dans les faits, il semble

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difficile de décorréler l’objectif de la forme et du contenu choisis, et c’est pourquoi l’on se cantonnera ici à donner quelques exemples pour illustrer les différentes facettes du Science Show d’aujourd’hui. Le show sous toutes ses formes D’abord, il existe bel et bien des spectacles de science sur scène, dans l’idée la plus littérale que l’on peut légitimement se faire du terme « Science Show » : des « acteurs scientifiques » y donnent à voir des phénomènes physiques souvent spectaculaires, sur bon nombre de thèmes différents (température, chimie, feu, glace, magnétisme, etc.). On peut notamment citer sur ce point quelques centres de sciences nord américains (Telus Spark à Calgary, Pacific Science Center à Seattle), et surtout les gros festivals de sciences comme Le Nauke Festival en Serbie, dont le parti pris est souvent de susciter un enthousiasme pour les sciences par le biais de démonstrations étonnantes ou spectaculaires. Cette forme de médiation n’est pas représentée de façon égale suivant les pays. D’un point de vue général, on peut dire qu’elle est réalisée par des professeurs aux USA et télévisée, tandis que dans les pays d’Europe de l’Est, le Science Show sur scène est généralement réalisé par des médiateurs de formation. Dans d’autres pays, comme la France, cette forme de médiation reste cependant largement marginale. Elle suppose par ailleurs un

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fort intérêt a priori des spectateurs qui doivent se déplacer pour assister au spectacle. Ce qui n’est pas gagné… Une offre diversifiée sur le web Où trouver le public alors ? Comment toucher des millions de personnes ? On ne saurait taire le nom d’un géant : Youtube. C’est désormais sur ses canaux que se façonnent les nouveaux visages du Science Show. Un adepte de science peut aisément s’abonner à plusieurs cinquantaines de chaînes relevant de la communication scientifique. Certaines de véritables bijoux, et d’autres… La variété de ces chaînes de science est considérable. D’une part en

termes d’objectifs et de contenu : de l’explication de phénomènes à partir de questionnements (Vsauce, MinutePhysics, Veritasium), à la démonstration spectaculaire sans commentaire de contenu (Fysikshow), en passant par les vidéos de DIY (Do It Yourself) dont le but est d’utiliser des phénomènes scientifiques pour réaliser chez soi une expérience (Flinnscientific) ou des objets (Delcopond, Incroyables expériences). Presque toutes comportent un aspect théâtral, et bien que le support soit le même pour toutes ces chaînes (vidéos sur internet), les formes sont diverses. Le parti pris dans le discours peut être celui du sérieux, de l’humour ou du fun, et les moyens de présentation varient

Delcopond : Allumer des diodes avec une saucisse

du simple film d’expérience aux vidéos de dessins explicatifs ou d’animation. Cette diversité dans la façon de montrer la science est une véritable richesse pour le public qui peut trouver la forme et le contenu qui l’attirent, pour satisfaire et stimuler sa curiosité. Le Science expansion

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pleine

L’offre en termes de démonstrations de science est donc extrêmement riche sur Internet, et le nombre élevé d’abonnés à ces chaînes Youtube est le marqueur d’un véritable intérêt. On ne peut que s’en réjouir ! Il demeure cependant difficile de dresser une typologie du public, et surtout de savoir qui est laissé de côté dans ce nouvel engouement via le numérique. Bien que non des moindres, notons que c’est tout de même un des seuls bémols : le Science Show se porte fort bien sur Internet et c’est de bonne augure pour la suite ! Mais à quand l’arrivée en Hexagone du Science Show sur scène ? À quand, sur les murs des métros et aux arrêts d’autobus, les affiches non plus seulement des « one man show » mais aussi des « one man science show » ? Les gens n’en seront que plus curieux. Et la science ne s’en portera que mieux !

Maxime Le Roy Médiateur scientifique Atomes Crochus

MinutePhysics : Sonoluminescence

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Le Science Show en images

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l’heure où fleurissent de belles démonstrations de science, différents styles ont émergé dans le Science Show. Même s’il reste méconnu en France, il commence à s’y faire une place, virtuelle principalement, mais bien présente. Pour vous qui le méconnaissez, je vous propose de vous le décrire en quelques mots, photos et vidéos. A mi chemin entre sciences et théâtre, le Science Show s’est nourri de ces deux genres abondamment. D’ailleurs, étant assez mal défini, la limite entre théâtre de sciences, science show et cours magistral peut bien souvent rester vague. Pour preuve, cherchez « science show » sur wikipedia, et le néant sera votre résultat…

Histoire d’en découvrir un peu plus sur le sujet, je vous propose un tour d’horizon du science show.

On essayera d’y voir ses points positifs, ainsi que ses points plus discutables.

En bref le science show c’est… … un endroit pour réaliser ses plus grosses et belles manips. Ça envoie « du lourd », les médiateurs n’hésitant pas à y sortir l’artillerie lourde expérimentale : le visuel et le ressenti passent alors au premier plan.

… pas forcément un « truc » pour scientifique, professeurs ou médiateurs un peu geeks, et pas seulement réservé aux sciences dures. On peut trouver des artistes divers sur scène qui sont alors là pour faire de la science un show.

Ici, l’espagnol Pep Bou, dans un spectacle burlesque parle au travers de ses expériences en bulles. Ici, quand Steve Spangler fait des ronds de fumée, ça donne cela… (Cliquez sur l’image pour voir la vidéo)

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En bref le science show c’est… … bien souvent à voir dans des « science festivals » (au vu du nom, on sent que cela se joue plus en Europe qu’en France…) dans lesquels les shows sont faits en anglais et autres langues suivant l’origine des science show men. Ces festivals de sciences sont souvent des monstres qui n’ont rien à envier aux gros évènements culturels non scientifiques ; par exemple, le Fesvival Nauke a réuni en cette année plus de 20 000 visiteurs en 4 jours d’activité.

Ici, au festival Nauke, en Serbie.

… souvent prévu pour un public d’au moins 80 personnes. Au festival Nauke par exemple, les salles contiennent de 80 à plus de 300 personnes.

… souvent fait de telle façon que le visuel se suffise à lui-même lui-même. En effet lorsque l’on se déplace dans un festival à l’étranger avec un public étranger et pas forcément anglophone, le visuel doit au maximum se suffire à lui-même.

Ici, un court extrait d’un science show slovène produit en 2010 lors de l’évènement « Science on stage » . Ils jouent avec des bulles, de l’hélium et du SF6 (gaz plus lourd que l’air). Vraiment magnifique.

… souvent confondu avec des conférences expérimentales, la question de savoir si c’est ou non la même chose restant ouverte. La conférence expérimentale a pour but de montrer des phénomènes et d’aider à leur compréhension scientifique, le science show de montrer de beaux phénomènes (beaux, visuellement parlant, mentalement parlant…) et d’aider à leur compréhension… La différence principale sera donc parfois le niveau de langage employé.

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Ici, un exemple de manip présentée pendant les « harvard natural science demonstrations » : l’expérience est sans public à ce moment mais reste un bel exemple d’expérience pour public large. Elle peut aussi bien servir pour un science show que pour une démonstration de sciences, suivant le discours et l’attitude de l’expérimentateur.

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En bref le science show c’est… … potentiellement sur des « grosses émissions de TV » diffusées sur des « grosses chaines de TV ». Aux États-Unis, ils sont pléthore à être passés sur le petit écran : Kevin Delaney pour le « Tonight show » de Jimmy Fallon, Steeve Spangler dans le « Ellen Show », Science Bob dans le « Jimmy Kimmel live »…

… assez souvent participatif ; et comme dans le science show, on a tendance à faire les choses en grand…. Il arrive que l’on trouve de la participation poussée à un tel extrème, qu’il n’y a plus de science showman durant le show (concept, non ?) !

Ici, Richard Wiseman a concocté à son public un show expérimental sans expérimentateur ni science show man, juste un public…

Ici, Kevin Delaney et Jimmy Fallon font un « petit nuage ».

Ici, une petite présentation des activités des slovènes de « fyziks.si » en 2013 durant « Science on stage ».

… aussi des réunions de science showmen tous les ans sur des festivals qui leurs sont quasiment entièrement dédiés (Science on Stage, Festival Nauke en Serbie…), durant lesquels ils ne font pas que du science show, mais aussi des ateliers et des démonstrations pour des publics moins larges.

… un endroit ou l’on peut voir tout ET n’importe quoi.

… un style de présentation qui, poussé à l’extrème du mauvais goût peut faire « saigner des yeux ». Cette vision du mauvais goût reste bien sûr à moduler : d’un pays à l’autre les représentations que l’on souhaite véhiculer ne sont pas les mêmes ; dans un festival international, ça se ressent bien vite.

Ici, les gens de Lundz University pour un show nommé « physics and laser show »... Regardez aussi la 2ème vidéo, ça vaut le coup d’œil (il faut avoir le cœur bien accroché) !

Ici, un extrait de « Steeve Spangler » (vu plus haut sur des manips gros format) : ce n’est pas un exemple isolé, la blouse multicolore en Tye N Dye se trouve encore souvent en festival de science !

Au final, le Science Show nous apporte un nouveau regard sur la science (tout du moins en France) : un regard de grandeur et de beauté, lié au monde des sciences. Le genre étant encore émergeant, il risque de nous apporter de belles surprises ! Fabien Descamps Médiateur scientifique Atomes Crochus

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Entretien avec Guillaume Trap Guillaume Trap est conférencier au département de physique du Palais de la découverte et chercheur associé en astrophysique et cosmologie à Saclay et Paris VII. L’année dernière, il a remporté le Grand Prix et le Prix du Public du festival « Électrons Libres », avec un science show sur l’effet photoélectrique.

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omment définiriez-vous Science Show ?

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G. T. Pour moi, le Science Show - ou le spectacle de science, ou encore la science spectacle - c’est du spectacle avec une dimension vulgarisatrice. Par analogie, je dirais que le Science Show est au spectacle ce que le « Serious Game » (le jeu pédagogique) est au jeu de société. Ou, pour le dire en onomatopée, le Science Show c’est autant « Wow » que « Aha » (émerveillement + compréhension). Vous êtes médiateur au Palais de la Découverte. Comment construisezvous vos exposés ? Genéralement, je commence par me documenter en profondeur sur le sujet qu’il convient d’exposer, en essayant d’apprendre la matière comme si je partais de zéro et en tâchant d’en développer une compréhension intuitive (c’est-à-dire en privilégiant les concepts au détriment du formalisme). En me mettant ainsi en situation d’apprenant, j’identifie les points délicats qui risquent de perturber in fine le raisonnement du public. Pour ce qui est, ensuite, de la scénarisation du propos (posture, fil d’Ariane, exécution des expériences, choix des histoires et anecdotes, bref tout le travail d’enrobage), je n’ai pas de recette toute faite. Une tradition, au Palais, est de s’inspirer par imprégnation auprès de collègues plus chevronnés, ce qui donne d’ailleurs un « esprit Palais » assez homogène. Enfin - et c’est sans doute la phase la plus importante -

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je continue de sculpter l’exposé au fur et à mesure que je le présente à différents publics. C’est incroyable le nombre d’idées et de petits « trucs » (blagues, jeux de mots, analogies, etc.) qui viennent en direct lorsque qu’on improvise en interaction avec les spectateurs ! Le plus difficile est de s’en souvenir après coup pour mieux les réutiliser la fois suivante… Quels sont les secrets d’une prestation réussie selon vous ? Il est clair, me semble-t-il, qu’une prestation réussie réside dans la transmission d’émotions. Dans le cas du Science Show, il s’agit donc d’émouvoir tout en instruisant. Idéalement, il faudrait que chaque information soit enveloppée dans une émotion pour marquer durablement le spectateur.

Le Science Show est encore peu répandu en France. Il connaît au contraire beaucoup de succès dans d’autres pays. Pourquoi selon vous ? Nous manquons en effet en France d’un grand festival scientifique (comme celui de New York, Luxembourg ou encore Lubiana) qui serait rythmé par des spectacles de science. Est-ce un problème culturel ? Les pays latins ont toujours eu un plus de mépris pour les sciences expérimentales (si essentielles au spectacle) que les pays anglosaxons ou germaniques… En même temps, il faut rappeler que l’un des pionniers de la science spectacle était français. Je pense à l’Abbé Nollet, qui galvanisait les salons ainsi que la cour de Versailles au 18ème siècle avec ses démonstrations théâtrales de physique. C’est une tradition qui se perpétue d’ailleurs quotidiennement au Palais et dans bien d’autres CCSTI en France.

Par rapport à vos débuts, avez-vous pris du recul vis-à-vis de certaines pratiques ? Qu’est-ce qui a évolué ? Oui, avec le temps, j’ai notamment renoncé à la recherche d’exhaustivité dans mon discours. J’ai compris, comme disait Voltaire, que « le secret d’ennuyer, c’est de tout dire »… Quel est le meilleur moment de Science Show que vous avez vécu ? Le concours « Electrons Libres 2014 », bien entendu… D’autant que le président du jury, Jamy Gourmaud, fut mon grand héros quand j’étais petit, aux débuts de C’est pas sorcier…

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Guillaume Trap en plein spectacle d’électricité statique, sur les bords de Seine.

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La lettre « Transformer la science en art, en plaisi r, en rire et en jeu »

L’actualité autour de nous Quand les physiciens entrent en scène

À

l’occasion de l’Année Internationale de la Lumière, la compagnie de théâtre scientifique “Lo Spettacolo della Fisica” * revient sur scène avec un nouveau spectacle sur le mystère, moteur de la recherche scientifique : “Light mystery”. Trois acteurs, impliqués dans une affaire mystérieuse, évoluent sur la scène dans cette pièce conçue comme une véritable comédie sur la science. Grâce à la participation du public et à des expériences étonnantes avec la lumière, le spectacle allie savamment art et science. Créée dans le cadre des projets

européens TEMI ** , “Light Mystery” est une histoire sur la science, jouée par de vrais scientifiques qui montent sur scène dans le but de relier les expériences scientifiques et la créativité, de transmettre la rigueur de la recherche scientifique et de communiquer la passion pour la recherche. Le message passé est que, pour que les solutions surviennent, il vaut mieux être préparé et ouvert à l’inattendu et au mystère. Parce que l’œil ne peut pas voir ce que l’esprit n’est pas prêt à accepter.

Ludwig de l’Università degli Studi de Milan, qui ont produit, en 10 ans de travail, six spectacles pour tous les âges, vus par plus de 100 000 personnes. * * http://www.teachingmysteries.eu/

© Lo Spettacolo della Fisica

* « Lo Spettacolo della Fisica » est une initiative de trois physiciens, Marina Carpineti, Marco Giliberti et Nicola

Contacts Retrouvez la description de l’association et de toutes nos activités sur notre site Internet : www.atomes-crochus.org presidence@atomes-crochus.org : Richard-Emmanuel Eastes direction-science-societe@atomes-crochus.org : Matteo Merzagora vice-présidente et directrice pédagogique : francine.pellaud@atomes-crochus.org direction-artistique@atomes-crochus.org : Bérénice Collet .

contact@atomes-crochus.org : Marie Blanc, directrice assistant de direction, chargé de diffusion : victor.soudee@atomes-crochus.org chargée de projet : celine.martineau@atomes-crochus.org médiateur : fabien.descamps@atomes-crochus.org

Rédactrice en chef : Pauline du Chatelle, communication@atomes-crochus.org Rédaction : Victor Soudée, Sarah Alexis, Mélina Kerbourch, Marie-Yevline Larrea, Sandrine Bron, Matteo Merzagora, Céline Martineau, Maxime Le Roy, Fabien Descamps Graphisme : Iris de Vericourt / Illustrations : Clémentine Robach

numéro 27 mai 2015

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