Dossier artistique - Aurélia Frey

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Au r é l i a

F re y

Photographies

56, La Canebière, 13001 Marseille, France Tél. +33 (0)6 21 65 59 48 aureliafrey@hotmail.com w w w. a u r e l i a f r e y. c o m


Au r ĂŠ l i a

F r e y

Photographies


LA CHAMBRE DES PEINTURES 2009-2010 à propos des séries Nevermore, Passage, Par la forêt obscure

La pièce est sombre et les persiennes sont fermées. Du dehors filtre un jour blanc et brûlant que je ne laisserai pas rentrer. Dans ma chambre noire, je me suis retirée seule. J’ai renoncé au monde, j’ai retrouvé le silence. Plus personne, plus d’objet, plus rien. Qu’une clarté pâle qui glisse sur les murs, révélant sur son passage des taches dans le papier, des fissures, comme de croûtes de peinture. Cette nuit, pourtant, j’ai cru voir autre chose dans son reflet d’argent : un sourire, un oiseau, un visage mangé d’ombre dont l’œil unique était posé sur moi. Qui sont ces êtres que j’ignore et qui tapissent les murs de ma chambre ? Depuis combien de temps sont-ils là, tapis dans l’ombre, à me regarder ?

Avec beaucoup de retenue et dans le plus grand dépouillement, Aurélia Frey nous propose ici comme un autoportrait photographique. Un portrait sombre et austère, traversé de clartés, qui ressemble à un rêve et résonne aussi comme une leçon de ténèbres. Les photographies qu’elle a choisies, ou plutôt qu’elle n’a pas retirées, sont empruntées à trois séries récentes : Par la forêt obscure (2005), Passage (2005-2006) et Nevermore (2009). Trois séries en clair-obscur, dont les titres parlent pour elle et qui reflètent, mieux que toutes autres, ses visions intérieures. Tout est là, en quelques traits esquissé : la magie des images produites au sténopé ; la peinture ancienne qu’elle lit depuis son enfance ; ses choix de photographe, décalés, assumés ; ses rêves et ses fantômes, bien sûr, visages troubles qui dorment dans sa mémoire et n’attendent qu’une lueur pour la visiter. Et puis le silence. La lumière qui le dispute aux ténèbres. L’attente d’un dévoilement.

Depuis plusieurs années, Aurélia Frey consacre une partie de son travail à photographier la peinture ancienne. En vérité, c’est elle qui se laisse regarder, raconter par la peinture. Les vieux tableaux, elle les aime d’abord pour eux-mêmes, dans leur matérialité : elle les chérit et elle leur rend visite comme à des parents très âgés. En se plaçant sur le côté, tout près des oeuvres, elle les contemple dans leur grand âge, elle s’attendrit de leurs faiblesses, elle éclaire d’un regard leurs vieux visages fatigués. Depuis longtemps, les histoires des anciens la fascinent, de même que toutes ces vies peintes que d’autres, avant elle, ont su fixer dans l’instant et pour l’éternité. Car la peinture, qui est la mère de toutes ses histoires, est aussi pour elle la sœur aînée du rêve. Infante à la rose, traversée du Styx : des histoires familières qu’elle vient écouter en peinture. Cheville de la sainte, le vieillard qui attend, un oiseau qui se consume : des images qui reviennent ou plutôt renaissent, toujours semblables et à chaque fois différentes, comme les images de ces rêves que l’on fait souvent. Car enfin, Aurélia Frey rêve beaucoup : elle vit, elle aime et elle pleure dans son sommeil. Elle rêve aussi les yeux ouverts, elle rêve en photographie comme elle rêve dans la chambre des peintures. Il reste qu’Aurélia Frey a une manière bien étrange de photographier la peinture. Sans flash ni éclairage, sans cadrage convenu, elle provoque le hasard et fait entrer la lumière dans la peinture, révélant ainsi des images qui nous sont inconnues. Sous le regard du photographe, le tableau en effet vacille, l’image se fragmente, l’illusion picturale un instant est rompue. …………

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Quelque chose de nouveau apparaît, qui est une lumière : un reflet naturel qui n’appartient qu’au tableau et à celui ou celle qui le contemple ; un voile lumineux qui rend visible en même temps qu’il dissimule et qui est le début d’une apparition. Dans ce reflet d’argent affleurent tout à la fois les aspérités du tableau, le travail du peintre, les marques et les blessures du temps. Et puis des images nouvelles, insoupçonnées, évanescentes, qui semblent tantôt réfléchies par la toile, tantôt projetées au plus profond de la peinture. Le tableau ainsi transfiguré n’est plus seulement une image : c’est une peau vieillie, chargée de signes, qui porte en elle le « négatif » de la peinture. C’est aussi un seuil, un miroir et une ouverture : un lieu de contact et de passage vers un « au-delà » de la peinture qui est le vaste monde de la mémoire et de l’imagination. Entre joies et peines, les visions intérieures d’Aurélia Frey nous parlent de la solitude et de l’absence, d’un abîme où la lumière combat sans fin les ténèbres, d’un œil qui attire, d’un appel qu’on attend. Ses photographies nous

montrent également des visages de disparus, surpris au sténopé : ceux qu’on regrette et qu’on ne reverra jamais, ceux qu’on n’a jamais connus et qui pourtant marchent dans nos rêves. Visions uniques, images aléatoires du sténopé où la lumière transpose directement sur le papier ce que nul ne peut vraiment prévoir. Vrais fantômes, images pures, lorsque la lumière est son propre photographe, que l’art et le monde sont enfin confondus.

Emmanuel Lurin Historien d’art, spécialisé dans le domaine des arts français et italien du XVIe siècle. Maître de conférence en histoire de l’art moderne à l’Université Paris SorbonneParis IV

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LE LABYRINTHE DU PELERIN 2009-2010 Sur les traces de l’écrivain néerlandais Cees Nooteboom « Je parcours ce pays depuis trente ans et je ne vois jamais la fin du voyage » L’idée primordiale qui ressort du Labyrinthe du pèlerin (éd. Actes Sud) est celle d’une déambulation au coeur de l’Espagne, une démarche de voyageur qui permet une ouverture, une disponibilité aux êtres et aux choses. Pour Cees Nooteboom, l’errance plonge le pèlerin dans un état d’esprit particulier où il abandonne la notion d’un temps anecdotique, où il ne se soucie plus du futur immédiat, mais seulement de l’instant présent et de la rencontre avec la nature, les objets et les êtres. Un labyrinthe. Le labyrinthe du pèlerin nous dit-il, lui, voyageur itinérant sur les traces de Saint-Jacques de Compostelle. Mais au fil de notre lecture, nous perdons nos repères. Qui est le pèlerin perdu sur les chemins d’Espagne, de lui ou de nous ? Qui détient le secret, qui marche, qui roule vers un but sans cesse détourné, sans cesse repoussé ? Nous sommes happés par les images qu’il évoque, happés dans un univers à construire et reconstruire chaque jour. Le trajet, bien que matériel, demeure avant tout intérieur. A nous d’y trouver notre propre vérité. Mon séjour à la casa de Velázquez à Madrid me permet actuellement de m’inspirer de l’itinéraire de Cees Nooteboom, en saisissant avec mon appareil photographique ce qu’il a dépeint par écrit. Marcher dans ses pas, dans ses traces, tout en restant comme lui ouverte aux hasards, hasards d’une route, d’une rencontre, d’un paysage, qui éloigne un instant du but initial. Il ne s’agit pas ici, bien évidemment, de reproduire exactement ses écrits. Bien que son livre me touche tant et réveille en moi d’innombrables échos par rapport à mon propre travail, je ne veux surtout pas faire acte d’illustration.

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De la série Le labyrinthe du pèlerin Sans titre Belchite, Espagne 2009 95 X 120 cm

De la série Le labyrinthe du pèlerin Sans titre Irache, Espagne 2009 95 X 120 cm

« Mais quand j’arrivais à Acin (...) j’eus pour la première fois l’impression que la bombe à neutrons avait atteint son but. Le monde était tombé en poussière, ou plutôt les gens avaient disparu. Maisons vides, ouvertes au vent de la montagne, une église qui s’était effondrée, un cimetière à l’abandon »

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De la série Le labyrinthe du pèlerin Les envolées #1, #2, #3, #4 Madrid, Espagne 2009 78 X 100 cm

De la série Le labyrinthe du pèlerin Le cavalier sans tête Madrid, Espagne 95 X 120 cm

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De la série Le labyrinthe du pèlerin Sans titre Asturias, Espagne 2009 95 X 120 cm

De la série Le labyrinthe du pèlerin Sans titre Cabo de Gata, Espagne 2009 95 X 120 cm

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NEVERMORE 2009 Derrière chaque visage, chaque tableau, chaque pan de tissu enroulé, déroulé par les méandres de la couleur, il y a une histoire. Une, ou plusieurs : celle du peintre d’abord, celle de la personne figée à jamais ensuite, une même expression incrédule sur son visage d’éternité. Et, bien sûr, il y a l’écho de nos propres histoires qui vagabondent, résonnent, les songes de tous les gens qui ont scruté les détails de la toile, une main, une croix, laissant leur imagination bondir d’une espérance à l’autre. La craquelure de la peinture, un reflet de lumière, une ombre qui passe sur la trame, sont autant de portes qui nous permettent de passer de l’autre côté du miroir. Car derrière la toile s’étend mon musée du silence. Dans cet espace imaginaire, dans ces paysages brumeux revêtus de leur parure parfois cauchemardesque, rôdent des fantômes effacés. Depuis la barque de Charon, les eaux du lac nous semblent noires et froides. Une lumière diffuse émane seulement des silhouettes d’autrefois, qui sans un mot, nous regardent passer, car ce monde-là est au-delà de la parole.

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Une musique naît de la matière et nous entraîne, toujours plus loin, vers une autre porte, un autre passage, un abîme sans fin où l’eau rejoint le ciel, où le tissu se change en ruban de serpent émeraude, où les yeux du sage paraissent renfermer une clé vers un ailleurs toujours plus mystérieux. Les reliefs, les reflets en appellent inexorablement d’autres, finissant par élaborer un monde sous nos yeux, une forêt de brouillard et de rêves dont les branchages sont à ré-assembler. Pour sortir de ce lieu inquiétant et pourtant envoûtant, suffit-il de fermer les yeux ? Voyager dans l’espace pictural laisse sur la langue un goût étrange et derrière les paupières, des éclairs confus d’un songe, dont, à l’aube, on essaie vainement de rattraper les images fugaces. Ceux avec qui l’on chemine ne seront plus jamais et nous laissons derrière nous ceux dont la vie s’est pour toujours fânée... Et pourtant, «la peinture n’a besoin que de nos yeux et de notre silence. Une fois terminée, elle n’en finit pas de commencer pour qui la regarde» (Bernard Noël). Il y a de ces rêves qu’on vit tout éveillé.

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De la série Nevermore Le miroir des limbes #1, #2, #3, #4 Espagne 2009 78 X 100 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

De la série Nevermore L’aigle noir Espagne 2009 95 X 120 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

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Vue des photographies de la série Nevermore 78 X 100 cm Galerie Espace Evolution Pierre Cardin Paris, France Octobre 2009

De la série Nevermore Nevermore 95 X 230 cm Espagne 2009 Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

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De la série Nevermore L’enfant à la rose 95 X 120 cm Espagne 2009 Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

De la série Nevermore Le vieillard 95 X 120 cm Espagne 2009 Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

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CALLE DEL BARCO 13 2009 Projet éditorial, fruit de la collaboration entre Nelly Labère, normalienne, agrégée de lettres modernes, Maître de Conférences Université de Bordeaux III pour les textes et Aurélia Frey pour les photographies. Travail réalisé à Madrid dans le cadre de la résidence à la Casa de Velázquez. Sortie édition courant 2010 Comment rendre compte de l’identité mouvante de Madrid ? Comment éclairer ses mutations les plus intimes inscrites dans le paysage urbain ? Comment esquisser le portrait d’une de ses rues emblématiques, à mi-chemin entre l’Eglise San Ildefonso et Gran Vía, à la limite des quartiers de Chueca et de Malasaña, à travers ses habitants réels et fantasmés ? Calle del Barco 13 est ce livre utopique qui réunit 13 portraits littéraires et photographiques issus des rencontres et des entretiens réalisés Calle del Barco. Photographies, citations et textes poétiques se mêlent pour suggérer la vie d’une rue qui ne sera jamais montrée si ce n’est par ses portraits réels mais détournés. Traverse, lien et lieu d’observation privilégiés pour témoigner d’un métissage culturel faisant cohabiter, sur une même section urbaine, les différents acteurs d’une identité plurielle et complexe, la Calle del Barco invite à (re)-découvrir la géographie de Madrid. Loin de se vouloir une enquête sociologique, ce projet entend donner à voir les indices de ces mutations sociales tout en les inscrivant dans un livre résolument esthétique et poétique.

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De la série Calle del Barco 13 Mon nom à moi Madrid 2009

Mon nom à moi, c’est Romina. C’est mon nom de scène. Et maintenant, c’est mon nom à moi. Parfois, on m’appelle Che à cause de mon accent. Mais mon nom de baptême, c’est Diego. 32 ans que je le porte comme une croix, 28 ans que je le prononce, 4 ans que j’essaie de l’oublier. Mon nom à moi, c’est Romina. Mon père, il s’appelle Diego lui aussi, comme mon grand-père. Le premier garçon s’appelle Diego dans la famille. Je n’ai jamais aimé ce nom, celui de mon père. Il m’a toujours collé à la peau, comme une crème pas chère. Maintenant, les crèmes chères, je peux me les payer. Elles coûtent la peau du cul, comme dit ma mère. Cela n’a jamais été plus vrai. Bientôt, je pourrai effacer mon nom. Ça prend du temps et ça coûte cher. Mais ça aussi j’y arriverai.

Extrait des textes de Nelly Labère

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De la série Calle del Barco 13 Rojo Madrid 2009

Il m’a regardé longuement, droit dans les yeux, sans ciller ni obliquer. Je sentais juste le froid du pistolet embraser ma peur. Pourquoi crier ? Pourquoi parler ? Frères de sang, ennemis jurés, nous l’avions toujours été. Je me suis souvenu de ces heures à imaginer la confession ultime, celle qui me pardonnerait d’être né, de ne pas souffrir autant que lui et de ne pas savoir aimer. Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, je l’ai toujours abhorré. Sa froideur, sa grandeur, sa raideur : un piètre représentant de la sainteté déguisé en poupée pour les parades et les festivités. Du galon, en veux-tu en voilà mais rien qui ne me fasse m’incliner. Moi, je suis rouge depuis le plus profond de mes artères, je n’ai de père que celui que ma mère m’a donné, je n’ai pour frères que ceux qui ont le poing levé. Je crache sur sa face parce que je n’ai pas de pitié pour celui qui se cache dans les corsets, qui s’accroche au-dessus des lits et qui s’affiche dans un sourire composé. J’en avais oublié l’autre à côté, à genoux, en train de prier. À cette seconde, j’avais juste envie de le tuer, pour faire taire sa peur au ventre et sa foi en l’éternité, pour que les murmures cessent enfin, dans leur credo insipide, sur les lèvres crispées. Pas le temps de tergiverser. C’était lui ou l’autre. J’ai tiré. Le sang n’a pas coulé. L’un n’a pas bougé. L’autre s’est relevé. Il s’est enfui, certain que le Christ l’avait sauvé. Moi, je sais avec qui j’ai voulu en terminer.

De la série Calle del Barco 13 Les yeux d’Elsa #1, #2, #3 Madrid 2009

Extrait des textes de Nelly Labère

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De la sĂŠrie Calle del Barco 13 Anywhere Madrid 2009

De la sĂŠrie Calle del Barco 13 Madrid 2009

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LA MONTAGNE DU SILENCE 2007 Durant quatre mois, je suis partie en Amérique latine en compagnie d’un journaliste et d’un réalisateur. Notre chemin suivait les traces des messagers incas disparus depuis des siècles, dans un parcours traversant la cordillère des Andes et reliant l’Equateur, le Pérou et la Bolivie. Nous arrêtant au hasard des rencontres, au gré de la route, nous avons eu l’occasion de découvrir des endroits insolites et isolés. J’ai alors photographié des villages reculés, des paysages où l’Homme semble englouti par les parois rocheuses de monts presque vivants. De ces espaces traversés, tous différents, j’ai ramené des images éparses, fragments capturés par l’appareil photographique. Ces photographies à priori très diverses, tous ces moments volés à la fuite du temps, nous parlent pourtant d’un même monde, un monde en suspens où les espaces vides se superposent à l’infini. Dans chaque lieu, dans chaque objet, j’ai en effet retrouvé le même poids des choses : celui du silence. Le brouillard noie souvent le sommet des montagnes de sa brume laiteuse, se dépose en particules sur les chemins humides qu’il paraît avaler, étouffant tous les sons. Les villages du Pérou et d’Equateur, perchés à très haute altitude, semblent parfois déserts, les rues sont vides, des fils électriques se balancent dans le vent et les toits de tôles résonnent sous la pluie.

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Je me suis fréquemment heurtée à des portes closes avant de pouvoir pénétrer dans l’espace intérieur. Et là, j’ai trouvé un lit vide, un vêtement suspendu à un clou, un tableau solitaire accroché sur un mur représentant la Vierge, au bataillon de ces icônes pieuses qui meublent la solitude andine et que l’on retrouve partout… Dans les visages même, j’ai vu se refléter la sensation d’absence donnée par les lieux, une notion que j’ai toujours aimée travailler dans mes portraits qui sont pour moi autant de paysages intérieurs. La peau de ces villageois est marquée par la nature, par le vent et la montagne. Pénétrer dans une chambre, c’est entrer dans l’espace intime de celui qui y vit et les corps de ces hommes et ces femmes semblent être avalés par leur maison, figés dans la pierre de la montagne. Leur isolement dans ces chambres rattrapées par la nuit rejoint la solitude de la route où le trajet se perd dans le brouillard. Tout nous parle d’espace, tout nous parle de temps. Sensations fugitives d’éternité dissimulées dans un paysage… Ces images livrent mon regard sur cette errance andine aujourd’hui. Qu’ai-je cherché au juste ? La mémoire, le passé, le présent, l’Histoire ou l’avenir ? Peut-être un peu de tout cela.

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De la sĂŠrie La montagne du silence Le mineur Tarmatambo, PĂŠrou 2007 95 X 120 cm

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De la série La montagne du silence Julio Tigua, Equateur 2007 95 X 120 cm

De la série La montagne du silence Loro Yanama, Pérou 2007 78 X 100 cm

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De la série La montagne du silence Au matin Achupallas, Equateur 2007 95 X 120 cm

De la série La montagne du silence Sommets #1, #2, #3 Près de Cajamarca, Pérou 2007 95 X 120 cm

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PASSAGE 2005-2006 Entre là et l’ailleurs, il n’y a qu’un pas et quelques traversées, avec les photographies qu’Aurélia Frey a réalisées et assemblées sous le concept de Passage. Franchissement, changement d’un état à un autre, ses champs magnétiques invitent à voir les choses autrement. Elle nous propose son autre côté du miroir, telle une méditation à haute voix dont elle nous rend témoin, dans une langue d’ombre. Ses divagations sont hors tension, on y trouve une sérénité apparente, pas de cataclysme ou alors intérieur... Sa traversée, son voyage, relèvent d’une initiation au désert, d’un horizon à perte de vue, de nostalgies, d’un monde prononcé ici qui est alors vu là-bas, d’images qui contiennent cela qu’elles ne contiennent plus, comme sait le dire Bernard Noël. Passage est une série de brume, à la manière de Turner, dans un flou jouant entre intérieur et extérieur, entre étrangeté et éloignement, présence et absence. Son univers est silencieux. Le ciel pénètre la terre, l’arbre pénètre le ciel. L’icône est discrète, expressive. De révélations à représentation, l’artiste livre, comme une confidence, les labyrinthes de ses obscurités, ses vérités, construit son vrai et son faux, ouvre à une géométrie du regard, à travers ombre et lumière.

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Un regard témoin scrute, derrière la croisée des fenêtres, conduisant notre regard, de transparence à opacité, devant, derrière, au loin, dessous, à côté. Ce contrepoint donne naissance à une complicité, et ramène à la réalité, toutes les formes d’imagination, intérieure ou extérieure, ne sont-elles pas, comme le dit Georges Bataille, un processus de sélection et d’assemblage ? Un peu de mémoire, une vitre posée, un reflet, une ressemblance, fabriquent l’épaisseur du signe qui rejoint l’épaisseur du temps, animé, inanimé. Quel est ce visage ? C’est un trou dans l’espace, un regard dans la vitre noire, toucher le ciel, une énigme, un miroir. L’assemblage et le tremblé de ce Passage construisent un monde autre, diaphane, mettant en scène et en jeu éléments naturels ou recomposés. Aurélia Frey trace des allées, visibles et invisibles, casse le temps qui se suspend. Le semblant, l’image, le fragment, échappent alors à la citation, et nous laissent cette part d’innocence à déchiffrer, à reconstruire, poussant celui qui regarde à marcher sur soi comme fit l’A utre sur la mer. Brigitte Rémer Sociologue, Auteur (Ouvrages : Fragments d’un discours théâtral, Cultures au faubourg...) Alexandrie, Février 2006

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De la série Passage Sans titre Egypte 2004 95 X 120 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

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Photographies extraites de la série Passage Galeria Dionis Bennassar Septembre 2009 Madrid, Espagne Galeria Paz y Comedias Juin 2009 Valence, Espagne De la série Passage Sans titre Egypte 2005 95 X 120 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

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De la série Passage Sans titre Egypte 2006 95 X 120 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

De la série Passage Sans titre Egypte 2006 95 X 120 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

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De la série Passage Sans titre Egypte 2006 95 X 120 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

De la série Passage Sans titre, Egypte 2006 95 X 120 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

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JUSTE AVANT L’ORAGE 2005-2006

Vers la source de l’imaginaire, la source bouillonnante, inconsciente, où les images naissent et meurent, où rien ne se perd, rien ne s’oublie, rien n’est jamais au passé. Régis Durand

Il existe un temps entre les choses, un temps en suspension qui dure seulement l’espace de quelques secondes : un fragment d’éternité. Juste le calme avant la tempête, une tension palpable dans l’air, sur nos visages, sur les objets : comme si dans ce fragment se jouait l’équilibre précaire du monde.

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De la série Juste avant l’orage Sans titre Irlande 95 X 120 cm

De la série Juste avant l’orage Sans titre Egypte 95 X 120 cm

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Vue de l’exposition Photographies extraites des séries Juste avant l’orage et Passage « Identités européennes » Biennale, Septembre de la photographie Septembre 2008 Lyon, France De la série Juste avant l’orage Sans titre Egypte 95 X 120 cm

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De la série Juste avant l’orage Sans titre Egypte 95 X 120 cm

De la série Juste avant l’orage Sans titre Egypte 95 X 120 cm

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PAR LA FORÊT OBSCURE 2005 The nuanced relationship between theatricality and space is explored in Aurelia Frey black and white photographs of faces and abstracted natural settings. In a series entitled ‘Through the dark forest’, the young French photographer presents a cast of characters straight of a crystal ball - though contemplated by the viewer, they themselves seem to be haunted by the act of looking, caught in a world of abstract darkness that is half film-noir drama, half nightmarish reverie. But there’s a calmness that runs through these personages’ expressions - as if they had rehearsed it all in front of a reflecting window, or as if they were preparing their own film-still takes, as if they were acting out a plot they cannot change, looking slightly askance through a mirror that simply, immediately changes what’s normal into a play. If there could ever be frank portraiture of fairies, this is what it might look like, partial, vivid, slightly paranoid of being found out. The perfect foil to these masks are the forests whose misty, placid and slightly amorphous nature Frey candidly captures, as richly as if she lived in them. Or, if you will forgive my own personal projections, could they the metaphoric settings for the theatre of torn expressions we saw above? Lupe Nunez-Fernandez Critique d’art pour la galerie Saatchi, Londres 2008

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De la série Par la forêt obscure Sans titre, 2005 95 X 135 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

De la série Par la forêt obscure Sans titre, 2005 95 X 135 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

Au milieu du chemin de notre vie je me retrouvais par une forêt obscure car la voie droite était perdue. Ah dire ce qu’elle était chose dure cette forêt féroce et âpre et forte qui ranime la peur dans la pensée. La Divine Comédie Dante

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De la série Par la forêt obscure Sans titre, 2005 95 X 135 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

De la série Par la forêt obscure Sans titre, 2005 Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

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De la série Par la forêt obscure Sans titre, 2005 95 X 135 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

De la série Par la forêt obscure Sans titre, 2005 95 X 135 cm Tirage Hahnemühle contrecollé sur dibond

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Expositions personnelles

Aurélia Frey Née le 02 Mars 1977

Juillet 2006 Passage Centre de conservation du livre d’Arles durant les Rencontres Internationales de la Photographie, Arles, France.

Parcours

Février 2006 Passage Centre Culturel Français d’Alexandrie, Egypte.

2008-2010 Membre de la section artistique de la Casa Velázquez à Madrid 1997-2000 Diplôme de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie ENSP (Master européen) Arles.

Novembre 2005 Paysages Intérieurs Galerie Maschrabia, Le Caire, Egypte. Novembre 2005 Par la forêt obscure Centre Culturel et de Coopération, Le Caire, Egypte.

Expositions collectives

Novembre /décembre 2001 Fayoum Exposition au Centre culturel français du Caire, Egypte.

Juillet-Août 2010 Itinerancia Uno, Palacio Ducal de Medinaceli, Provincia de Soria, Espagne. Juin 2010 Seleccion tres, Galeria Dionis Bennassar, Photoespana, Madrid, Espagne.

Résidences / Commandes / Prix

Mai-Juin 2010 Itinerancia Uno, Circulo de Bellas Artes, Madrid, Espagne. Mai 2010 MadridFoto, Galeria Rita Castellote, Madrid, Espagne.

2008-2010 Membre de la section artistique de la Casa Velázquez Madrid, Espagne.

Février 2010 Salon DEARTE, Madrid, Espagne.

2010 : Lauréate Mission Jeunes artistes, Toulouse.

Octobre 2009 Salon Estampa, foire internationale des arts multiples contemporains de Madrid. Espagne.

2010 : Finaliste du prix QPN, Quinzaine Photographique Nantaise 2010. 2008 Aide à la création de la DRAC, Région PACA France.

Octobre 2009 Galerie Espace Evolution Pierre Cardin, Paris, France. Septembre 2009 Seleccion Uno Colectiva, Galeria Dionis Bennassar dans le cadre de « La Noche en blanco » Madrid, Espagne.

2008 Commande du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) sur le thème de la rivière La Durance pour une exposition itinérante. Palais Longchamp, Marseille, France.

Juin 2009 Lugares transportados - Lugares invisibles, Galeria Paz y Comedias, Valencia, Espagne. 2007 Documentaire de quatre mois au Pérou, Equateur, Bolovie dans le cadre du projet Qhapac Nan, le chemin des messagers incas monté par l’association Les colporteurs de mémoire (avec le soutien de AKG-images, ENSP d’Arles / Fuji films / Voyages-sncf / Voix-nomades / CICL)

Octobre 2008 Durance Exposition itinérante en Région PACA sur la rivière la Durance. Commande du MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) Septembre 2008 Identités européennes Biennale, Septembre de la photographie, Lyon, France. Avril 2003 Le musée regarde le musée Musée de l’Agriculture du Caire, Egypte. Commande de l’Ambassade de France.

2003 Commande de l’Ambassade de France au Caire pour une exposition intitulée Le musée regarde le musée Le Caire, Egypte.

Septembre 2002 Sept off, Festival de photographie sur le thème : Photo-graphies Nice., France.

Publications

Juillet 2002 Sélection pour le Festival off, Rencontres Internationales de la Photographie, Arles, France.

Représentée par l’agence AKG-images, spécialisée dans le domaine de l’art et des civilisations.

Juillet 2000 Sélection pour le Festival off, Rencontres Internationales de la Photographie, Arles.

Le Monde, Le Monde Diplomatique, L’humanité, Le Tigre, Le Pèlerin, Die Zeit, Arkeojunior, Revue SFZ

Avril/mai 2000 Intérieurs paysans Exposition à la FNAC de Nîmes, France.

Voyages photographiques

Avril 2000 Irrationnel et Nécessaire, exposition collective à la Galerie Arena de l’Ecole Nationale de la Photographie. Arles, France.

au Japon, Irlande, Allemagne. en Egypte. (Le Caire, Alexandrie, Le Fayoum, Louxor…) de 2002 à 2005 au Liban (Beyrouth, Tripoli…) 2001 en Syrie (Alep, Damas, Qara…) 2001

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