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WEEK-END
Samedi 24 Avril 2010 www.laprovence.com
ART DE VIVRE
UN CAFÉ ET L’ADDITION
Bamboo thaï à Lourmarin
De Bogota à Carthagène, tentez la Colombie! Ce pays entend modifier une image peu reluisante. Il en possède les atours
R Le poulet aux noix de cajou se commande pimenté ; servi avec un riz noir ferme et un peu gluant, il est délicieux. / PHOTO P.P. Un restaurant thaï au pied de la combe qui serpente entre Apt et Lourmarin, voilà qui surprendra. Des bambous, une ambiance pagode, des nénuphars au pays du pin et du chêne kermès voilà qui déroutera. Et pourtant, la délicate carte que les cuisinières thaï appliquent ici se drapera dans une fraîcheur bienvenue lors de nos futurs dîners d’été. Quelques jours après la réouverture du resto, le jardin porte encore les stigmates de l’hiver: tracteur, palette, terre retournée laissent deviner combien le site sera bientôt agréable. L’assortiment d’entrées arrive quelques minutes à peine après la commande ; en dépit d’une présentation simpliste, on aime le croustillant des fritures qu’on plonge dans les sauces pimentées et aigre-douce. Suivait un poulet sauté aux noix de cajou qui manquait de nervosité mais le riz noir qui l’accompagnait était parfait. Le patron conseille la table voisine :
l’homme connaît son affaire, explique les différences entre un curry de poulet du nord et du sud de la Thaïlande. Lorsque vient le moment de choisir un dessert, il suggère les délices coco au pandanus, sorte de boules élastiques douces et tièdes mais peu sucrées arrosées de lait de coco. Excellent et bien plus novateur que les nems chocolat ou la salade de fruits. Comme un sportif à l’entraînement, cette table n’a pas donné l’impression d’être au sommet de ses capacités. Après quelques jours d’échauffement, l’athlète fera tomber les médailles. Une adresse idéale pour son grand jardin dans lequel les enfants pourront s’amuser ; à conseiller. Pierre PSALTIS ppsaltis@laprovence-presse.fr
➔ Hôtel le Paradou, route d’Apt, 84160 Lourmarin ; 쏼 04 90 68 88 15. Ouvert midi et soir 7j/7. Carte environ 25-28 ¤. Café : 11/20. Vins rouges du Luberon, blancs bourguignons,muscat de Beaumes-de-Venise.
MARSEILLE ● Cuisine en joute, ce sera le 26 ! L’association Générations Cuisines et Cultures organise un grand concours national qui trouvera son épilogue à Marseille le 26 avril prochain. Dix écoles hôtelières ont été sélectionnées dans tout le pays. Chacune d’entre elles sera représentée par un élève accompagné par son professeur de cuisine en tant que tuteur pour la préparation du concours. La finale consistera en une succession de 16 joutes entre 9h30 et 17h en live et en public dans un amphithéâtre. Les qualifications auront lieu le matin. Les quatre finalistes concourront l’après-midi. Les joutes rythmées sur un principe de buzzer et en musique seront entrecoupées de questions de culture culinaire. Entrée : 2 ¤. La recette sera entièrement reversée à l’association Sol en SI.
➔ Le lundi 26 avril 2010 au palais des congrès (parc Chanot, 8e), de 9h30 à 18h ; infos au 06 86 65 67 47. ●
Le Mérite pour Dominique Frérard. Le Journal officiel dans son édition du 13 novembre 2009 l’a annoncé et la distinction sera remise par le sénateur-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, lundi 17 mai prochain dans les salons du Sofitel Vieux-Port à 11h30.Dominique Frérard , chef de cuisine du restaurant les Trois Forts a été fait chevalier dans l’ordre national du Mérite par le Président de la République, Nicolas Sarkozy.
AIX-EN-PROVENCE ● La sublime boulangerie de Benoît Fradette. Il commande ses farines "comme un peintre ses ocres et ses huiles. Je les veux saines et natures, ni entachées ni trafiquées". Voilà le credo de ce québécois installé à Aix depuis moins d’un an et qui cartonne avec des pains tous plus sublimes les uns que les autres. Croûte bien cuite, craquante, mie blanche, élastique, avéolée... ce boulanger travaille le pain comme d’autres les fleurs. Sa carte change au gré de ses humeurs : aux noix, aux figues... Les pains sont vendus dans de gros sacs en papier comme autrefois et portent des noms poétiques (Alchimiche, Grand blond, l’Aphrodisiaque, le Nimbus cumulus stratus). Cet homme est un poète du pain, sourcilleux comme nul autre de la qualité de ses farines qu’il voudrait voir danser, écouter, chanter. Incontournable.
➔ Le Farinoman fou, 5, rue Mignet, 13100.
AVIGNON ● Quid de l’Atelier de Damien ? C’est l’adresse dont parle le Tout-Avignon. Depuis le 10 février dernier, Damien Demazure propose une carte à l’excellent rapport qualité-prix. Le jeune chef a travaillé à La Mirande, au Saule Pleureur, au Mas des Herbes blanches, à la Cabro d’Or, au Moulin de Vernègues et au Martinez à Cannes. Il aurait pu rester à l’hôtel de la Tremoille à Paris (VIIIe) mais sa Provence lui manquait ! Allez y faire un tour, les échos sont excellents.
➔ 54, rue Guillaume-Puy, 84000 ; 쏼 04 90 82 57 35. Formule midi 11 ¤ ; carte 25-30 ¤.
ares sont les pays qui exercent un tel pouvoir d’attirance et de crainte. Terre de mythes qui ont été souvent dévastateurs, la Colombie n’en est pas moins une nation spectaculaire, puisant ses racines de la côté Pacifique aux Caraïbes. Et en prolongement, invitant à un séjour d’une rare authenticité. Capitale oblige, c’est à Bogota que débutera tout périple colombien. Avec d’emblée, la perspective de prendre de la hauteur. Celle de la ville d’abord, construite à 2600 m (soit la 3e ville plus élevée d’Amérique latine après La Paz et Quito), puis celle du sanctuaire de Montserrate, s’élevant lui à 3 160 m au-dessus de la mégapole de 8 millions d’habitants, que
2 villes, 2 visages, 2 ambiances... mais toujours baignées par la musique. vous rejoindrez par funiculaire. Depuis le belvédère, le panorama est grandiose, offrant en parallèle un avant-goût de la vie qui s’écoule un peu plus bas. Notamment du côté de Candelaria. Le quartier historique où l’on prend un plaisir fou à déambuler à travers les ruelles coloniales, à apprécier l’architecture du palais présidentiel, la Cathédrale Primada et l’hôtel de ville encadrant la place Bolivar, avant de pousser la porte de la Maison de la Monnaie ou du Musée Botero. Une collection à ne manquer sous aucun prétexte, comprenant 123 œuvres du maître et 60 autres pièces tels que Corot, Dali, Picasso ou Miro. Autres escales qu’on ne saurait trop vous recommander : le Musée de l’Or et la Cathédrale de Sel de Zipaquira. Le premier, riche de près de 55 000 pièces vous plongera au cœur des cultures
A Bogota, la place Bolivar illustre 4 siècles d’architecture, de la cathédrale coloniale à l’ultra-moderne / PHOTOS COLOMBIA TRAVE-DR Palais de Justice, en passant par le Parlement de style néo-classique. précolombiennes, révélant au passage pourquoi le mythe de l’Eldorado est né autour de Bogota. La seconde (comptez une heure de route environ) vous entraînera, à travers les galeries de cette ancienne mine, à 180 m de profondeur, tout en admirant, sculptures, jeux d’ombres et de lumières accompagnant le chemin de croix si prisé par les croyants. Avec Carthagène, c’est une tout autre facette de pays qui vous est promis. Un petit bijou, classé au patrimoine historique et culturel de l’Humanité par l’Unesco dont vous apprécierez tout l’éclat, en prenant (comme à Bogota) de la hauteur, jusqu’au couvent de la Popa : avec en face, l’immense baie conviant aux joies de la baignade ; à gauche la péninsule de Bocagrande, aux allures de Miami avec ses buildings s’élevant vers les cieux ; et à droite le Castillo de San Felipe
de Barajas puis les remparts cernant le cœur historique. L’âme de la ville que l’on peut saisir aussitôt franchie la porte de la tour de l’Horloge ouvrant sur la place des Coches, théâtre d’un des chapitres les plus sombres de son histoire. C’est là que des milliers d’Africains connurent l’humiliation d’être vendus comme du vulgaire bétail. Chemin faisant à travers les calle ourlées de maisons aux teintes pastel décorées de balcons ciselés, c’est toute la beauté carthagénoise qui se révélera conjuguée à son passé, à travers notamment le tristement célèbre Palais de l’Inquisition et encore la place Simon Bolivar où trône d’ailleurs la statut du Libertador, qui permit à Carthagène d’être la première cité à déclarer son indépendance, vis à vis de l’Espagne. C’était le 11 novembre 1811.
LE MUSÉE BOLIVAR Sur la route vous conduisant de Carthagène au Parc Tayrona (lire ci-dessous), vous traverserez naturellement Santa Marta. Deuxième ville coloniale du pays - et pour les fans de foot, ville de Valderama qui lui a d’ailleurs élevé une statue grandeur nature - lovée au pied de la Sierra Nevada, elle est aussi la dernière demeure de Simon Bolivar. Construite en 1608, La Quinta de San Pedro Alejandrinose se destinait à être une ferme spécialisée dans la culture et le raffinement de la canne à sucre. Elle est entrée dans l’histoire à la mort du grand libérateur, le 17 décembre 1830, et abrite aujourd’hui dans ses anciens appartements, une foule d’objets personnels.
Sandra BASSO
Infos pratiques Formalités ? Un passeport valide six mois après le retour. A savoir. Le vaccin contre la fièvre jaune n’est pas obligatoire mais recommandé pour les régions amazoniennes. Hormis en altitude (comme Bogota), le climat colombien est tropical. Comment y aller ? Air France est la seule compagnie à assurer un vol quotidien Paris-Bogota (durée 11 h), à partir de 905 ¤. www.airfrance.fr TO. Même si la sécurité s’est améliorée, il est préférable de voyager avec un Tour Opérateur. D’autant que les routes sont mal indiquées et les locations de voitures peu nombreuses. Parmi eux,
Explorator (www.explo.com), Nouvelles Frontières (www.nouvelles-frontieres.fr), Club Aventure (http://clubaventure.fr), Makila Voyages (www.makila.fr) Où loger ? Hotel de la Opera (www.hotelopera.com) à Bogota, Sofitel Santa Clara (www.sofitel.com) à Carthagène, Parc Tayrona Ecohabs (gîtes de luxe surplombant la mer). Où se restaurer ? Andres Carne de Res (un incontournable avec musique) et la Tienda del Café à Bogota, Mar de Juan et Paseo en Coche à Carthagène. Renseignements,www.colombia .travel (office de tourisme de la Colombie en français).
Carthagène (classée à l’Unesco) dévoile au fil de ses ruelles, toute la richesse et la beauté de son passé colonial.
CÔTE NATURE
La beauté sauvage du Parc Tayrona Plongée dans les îles Rosario ou randonnée en forêt tropicale entre montagnes et criques paradisiaques : agrémentez votre voyage ! Elles égrènent un joli chapelet au large de Carthagène. Accessibles après une virée de 45 minutes de bateau - qui vous permettra d’ailleurs d’apprécier un autre visage de la cité coloniale - les îles Rosario déclinent à l’envie des plages paradisiaques, des mangroves (que l’on découvre en canoë), des eaux cristallines et surtout une vie sous-marine offrant un spectacle haut en couleurs. Nul besoin de plonger profondément pour en prendre plein les mirettes. Juste un masque, un tuba et des palmes... et vous voilà nageant au cœur d’un véritable aquarium où les teintes des coraux rivalisent avec celles des poissons tropicaux.
Les Ecohabs du parc Tayrona : le luxe de vivre au cœur d’une nature préservée.
Au Parc National Tayrona, la montagne intertropicale plongeant dans les Caraïbes pour offrir des criques d’une beauté indescriptible, est sacrément bluffante. Bien entendu, si jouer les contemplatifs est tentant comme s’adonner au farniente sur le sable des plages de Los Narnajos ou de La Piscina entourées d’immenses roches volcaniques, aventurez-vous sur le sentier des "9 pierres" pour une marche entre ciel et mer, et pour les plus sportifs, osez la randonnée dans la jungle, qui vous entraînera sur les vestiges archéologiques de Pueblito, l’un des villages d’une ancienne civilisation à travers une végétation exubérante, et déclinant, dans une jolie pagaille, un riche échantillon de couleurs comme d’espèces. Le tout agrémenté des sons de cette faune, S.B. peu visible mais si présente.