2016 - Tour du monde - À LA RECHERCHE de la ciudad perdida

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Colombie • Sierra Nevada de Santa Marta

À LA RECHERCHE

DE LA CIUDAD PERDIDA

Au cœur de la jungle de la Sierra Nevada de Santa Marta en Colombie se trouve la Ciudad Perdida, un site précolombien majeur en Amérique latine. Le long du sentier qui nous y conduit, nous croisons de nombreux indiens autochtones, les Kogis et les Wiwas : un trek entre nature, culture et rencontres. La Ciudad Perdida, c’est un peu l’aventure qui réunit Tintin et Estéban des Mystérieuses Citées d’or. Ce trek de 5 jours en allerretour rejoint la « cité perdue » des anciens Tayronas, un peuple précolombien. Découvert en 1972 par des guaqueros, des chercheurs de trésors colombiens, l’itinéraire est l'opportunité pour rencontrer les Indiens kogis et wiwas descendant des Tayronas.

Kogis et Wiwas Dès le départ du trek, le sentier quitte le village de Machete Pelao pour s’enfoncer dans la Sierra Nevada de Santa Marta. Nous sommes guidés par Vicente, un Indien wiwa de 27 ans. Il nous apprendra plus tard que son nom wiwa est Selaco. Son frère José âgé de 14 ans nous suit aussi. Quelques Indiens wiwas et kogis descendent sur le sentier.

408 . Amérique du Sud

Entre eux, ils s’échangent de la coca pour se dire bonjour. Ils la prennent dans leur mochila, un sac en bandoulière qu’ils ont toujours sur eux. C’est leur façon de se dire bonjour. Ici, la coca est appelée ayo et seuls les hommes peuvent la mâcher. La coca n’est pas directement utilisable après la cueillette. Les Indiens la préparent en la disposant dans un sac au contact d’une pierre brûlante. Il se met à pleuvoir, d’abord doucement puis de plus en plus fort à mesure que le chemin devient raide. La boue colle aux basques comme un moustique avide de sang. Et inutile de mettre une veste Gore-Tex® ou une cape de pluie, il fait bien trop chaud. Après 4 h de progression, nous arrivons au campement Adán peu avant la nuit. Il est composé de hamacs et de lits superposés avec moustiquaires comme dans un refuge, sauf que nous dormons sous un carbet géant. Alors, hamac ou lit ? Le second jour du trek, nous longeons le village kogi de Mutanyi. Maké, un adolescent kogi, mâche de la coca à l’entrée de son village et manipule son poporo, une espèce de gourde évidée qui contient une poudre blanche à base de coquillages écrasés que les Indiens mélangent à leur boule de coca avant de la mâcher. Cette poudre stimulerait les effets de la coca. Tout le surplus se dépose sur le haut du poporo ce qui, à la longue, forme un épais collier. Le poporo est une marque de la virilité. C’est le mamo (chaman), qui le remet aux jeunes hommes quand ceux-ci sont prêts à se marier.

QUELQUES MOTS DE KAGABA ET DE DAMANA Apprendre quelques mots de kagaba, la langue des Kogis, et de damana, la langue des Arsarios (Wiwas) peut permettre de casser les barrières qui séparent le monde des marcheurs et celui des Indiens, car la majorité d’entre eux sont monolingues.

En haut, Selaco, notre guide local. Les indiens wiwa sont environ 15 000 dans la Sierra Nevada de Santa Marta.

HOMME FEMME CHIEN SOLEIL LUNE EAU ARBRE MAISON UN DEUX TROIS QUATRE CINQ

Kagaba (Kogis)

Damana (Wiwas)

sigi munzhi pio nyuí sasha ni kali jui ezua mozhua maigua mukaiwa jushiwu

terua mena kunsi yui saga yira kun urraga ingwi mowa maigwa makegwa uhtigwa

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Asie du Sud

Inde

Sikkim

À la rencontre des Kogis, peuple semi-nomade qui souffre encore d'une expropriation de ses terres en faveur des géants de l'exploitation minière.

EN BREF Durée : 5 jours (5 jours de marche) Difficulté : Engagement :

APERÇU

QUAND Y ALLER ?

Paysages :

Janvier :

Juillet :

Culture :

Février :

Août :

Populations :

Mars :

Septembre :

Nature :

Avril :

Octobre :

Mai :

Novembre :

Juin :

Décembre :

La Ciudad Perdida, au cœur de la jungle La Ciudad Perdida est là, devant, à un petit kilomètre. Il est 6 h 30 quand nous partons explorer l’ancienne cité des Tayronas. Il faut quand même traverser deux fois la rivière et grimper quelque 1 200 marches en pierre pour l’atteindre. Elle s’étage entre 900  et 1 200 m au-dessus du niveau de la mer. La ville comportait plus de 150 terrasses creusées à flanc de montagne utilisées pour l’alimentation (maïs, yucca...) et la médecine. Au moins vingt-six complexes coexistaient ; en plus des terrasses, maisons et cercles religieux les composaient. Cette cité aurait été fondée environ 1 000 ans apr. J.-C., même si le site était déjà occupé depuis plus de 300 ans. L’archéologue Luisa Fernanda Herrera

a pu établir l’âge d’or de la civilisation des Tayronas autour du xiie siècle. Sa population variait alors entre 1 400 et 3 000 habitants. Les Tayronas furent décimés par les conquistadors espagnols et les maladies au xvie siècle. Les survivants se retirèrent sur les hauteurs de la Sierra Nevada de Santa Marta, où leurs descendants directs vivent toujours en tribus (Kogis, Kankuamos, Arhuacos et Wiwas). Nous passons 3 h à explorer la Ciudad Perdida. La zone centrale est une succession de terrasses en enfilade. C’est la partie la plus photogénique de la cité perdue mais c’est aussi certai­ nement ici que se concentrait le pouvoir social et politique des Tayronas.

Harmonie avec une nature exubérante : la Sierra Nevada abrite 7 % des espèces de la planète. 410 . Treck n° 24

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En bas de la sierra de Santa Marta, on élève les vaches, cultive le café et même encore un peu de marijuana...

CÔTÉ PRATIQUE Comment y aller ? Le meilleur moyen de rejoindre la Ciudad Perdida consiste à prendre un vol international vers Bogota, puis un vol intérieur jusqu’à l’aéroport de Santa Marta.

Sur le chemin du retour vers Machete Pelao, nous passons la nuit dans le village wiwa de notre guide, Selaco. L’occasion d’apprendre quelques mots de damana, la langue des Wiwas (voir encadré), et de passer du temps avec les femmes, les hommes et les enfants du village. Nous partageons une partie de football avec les enfants et les hommes pendant que les femmes tissent les mochilas. Il y a chez ces femmes une forme de curiosité que l’on peut lire dans le regard mais tout leur être reste cependant calme et centré sur leurs activités quotidiennes. Elles n’iront pas vers nous mais nous répondent avec respect. C’est comme s’il y avait une ligne à ne pas franchir entre nos deux mondes ; et c’est sans doute cette attitude qui leur permet encore aujourd’hui de préserver leur culture autochtone.

ITINÉRAIRES L’itinéraire s’effectue en aller-retour. Il peut se faire en 4 ou 5 jours La formule en 5 jours permet de prendre plus de temps sur le site de la Ciudad Perdida ainsi que pour les rencontres avec les Kogis et les Wiwas.

Jour 1 : Machete Pelao > campement Adán (4 h / 8,6 km / + 590 m / – 250 m) Nous quittons le village de Machete Pelao et traverserons la région de Mamey où s’étendent plantations de café, de bananes et forêts.

Jour 2 : campement Adán > campement El Paraíso (6 h 30 / 15 km / + 920 m / – 490 m) La jungle se fait plus dense et plus humide. Nous passons à proximité du village kogi de Mutanyi et traversons le fleuve Buritaca jusqu’à El Paraiso. La Ciudad Perdida n’est qu’à un petit kilomètre.

Jour 3 : campement El Paraíso > Ciudad Perdida > campement wiwa (7 h / 15,5 km / + 560 m / – 1050 m) Les sacs à dos sont laissés au campement pour explorer la cité perdue. Retour par le même chemin pour passer la nuit chez une famille wiwa.

Jour 4 : campement wiwa > campement Adán (2 h / 5 km / + 350 m / – 310 m) La matinée est consacrée à la vie sur le campement wiwa. Courte marche pour rejoindre le campement Adán.

Jour 5 : campement Adán > Machete Pelao (3 h / 8,6 km / + 250 m / – 590 m) Les derniers moments dans la jungle tropicale avant de rejoindre le village de Machete Pelao, point de départ du trek.

Se déplacer Pour rejoindre le centre-ville de Santa Marta (pour se loger avant le trek), il est conseillé de prendre un taxi. Le transfert vers Machete Pelao, point de départ du trek, est assuré par l’agence de voyage.

S’organiser Le trek de la Ciudad Perdida ne peut être réalisé seul : il est donc obligatoire de faire appel à une agence. En France, Nomade Aventure (www.nomade-aventure.com) travaille avec des guides wiwas tout comme Aventure Colombia (www.aventurecolombia.com/fr) qui tient un bureau à Santa Marta.

Hébergements et gastronomie À Santa Marta, on se loge facilement. Le Masaya Hostel & Culture (www.masaya-experience.com) est une auberge de jeunesse privée tout confort tenue par un Français. Autre bonne option The Dreamer Hostel (www.thedreamerhostel.com) dans la même catégorie. La ville compte aussi plusieurs hôtels de charme comme la Casa Caroline (www.hotelcasacarolina.com) ou Don Pepe (www.hotelboutiquedonpepe.com). Pendant le trek, tous les camps proposent des lits en dortoir ou des hamacs. Les repas sont simples, à base de riz ou de pâtes accompagnés de poulet ou de poisson (fruits en dessert). Le long du sentier, des petites boutiques permettent d’acheter de l’eau, des boissons sucrées, des biscuits ou des fruits.

Équipement Attendez-vous à avoir chaleur et humidité dans la jungle de la Sierra Nevada de Santa Marta. Il est vivement conseillé de faire un sac léger car chaque participant porte ses affaires. Les vêtements techniques qui sèchent rapidement sont recommandés : un pantalon transformable en short, t-shirts, polaire pour le soir et ne pas oublier le maillot de bain et les tongs pour se baigner dans le río Buritaca, ainsi que tout le nécessaire pour se protéger du soleil (crème, lunettes et chapeau). Pour se protéger de la pluie, optez pour un poncho ou une veste légère mais, vu la chaleur, parfois il vaut mieux rester en t-shirt. Par contre, n’oubliez pas d’emporter des sacs étanches pour y ranger vos habits de rechange et votre drap en polaire pour la nuit.

Permis et visa Un visa de 90 jours maxi est délivré dans l’aéroport d’arrivée pour les voyageurs munis d’un billet d’avion aller-retour.

Santé Aucune vaccination n’est obligatoire pour entrer sur le territoire colombien, mais il est conseillé d’effectuer les vaccins suivants pour la région de la Sierra Nevada de Santa Marta : fièvre jaune, Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite, hépatites virales A et B et rage.

Âgé de 14 ans, José choisira-t-il de rester dans son village ou de partir travailler en ville ? 413


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