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385 JEUNES FORMÉS

En Entrepreneuriat Et Sur Des M Tiers Strat Giques

Par Laurence Briquet

Le programme Défi Archipelago, une initiative africaine et européenne pour la formation professionnelle et l’employabilité des jeunes, vient de se clôturer au Sénégal. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a été une grande réussite pour tous les acteurs concernés.

Défi Archipelago, c’est une initiative pour la formation professionnelle, dotée d’un budget de 600.000 euros financé par le Fonds Fiduciaire d’Urgence pour l’Afrique (FFU) de l’Union européenne. Son objectif principal est d’améliorer l’employabilité des jeunes, et en particulier des jeunes femmes et filles, par des actions ciblées de formation professionnelle et de renforcement des capacités entrepreneuriales des dirigeants de PME dans 12 pays du Sahel et de la zone du Lac Tchad. L’initiative a démarré en 2019 avec initialement, l’objectif de boucler le programme en 2021. Comme la covid est passée par là, la clôture est finalement intervenue fin 2022.

Comment cela s’est-il passé sur le terrain ? Partant d’une analyse des besoins des entreprises dans 4 régions du Sénégal, Défi Archipelago a proposé de développer une offre de formation en alternance professionnalisante de court terme dans les secteurs du BTP, des filières de l’aquaculture, de l’eau para-agricole et de la transformation agro-alimentaire, pour doter les jeunes de compétences requises et de la certification y afférente. Le projet a également permis de former des jeunes bénéficiaires en entrepreneuriat, et de renforcer l’offre de services des Chambres de Commerce aux MPME. Le projet a été porté par des structures privées et publiques du Sénégal et de Belgique dans le cadre normatif de la Charte sur la mise en œuvre de programmes de formation professionnelle duale au Sénégal, initiative conjointe de l’Etat, du Patronat et des Syndicats sénégalais, datant de 2018.

LA WALLONIE ET LE SÉNÉGAL, PARTENAIRES DE MISE EN ŒUVRE DU PROJET

« Le leadership du projet Défi Archipelago a été confié à l’Association pour la Promotion de l’Education et de la

Formation à l’Etranger (APEFE), demandeur principal d’un consortium de 8 organisations - 5 sénégalaises et 3 wallonnes-, qui a assuré la coordination à partir du siège à Bruxelles en tandem avec l’Unité de Gestion du Projet, ancrée à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD). C’est à partir de la CCIAD que Bara Ndiaye, le chef de projet recruté par l’APEFE, a orchestré la mise en œuvre opérationnelle du projet, en collaboration étroite avec toutes les par- ties prenantes. Un Comité de pilotage, présidé par Chimère Mbaye Ndiaye, SG de la CCIAD, a été mis en place et a réuni tous les 6 mois les principaux acteurs impliqués, dont l’Office National de Formation Professionnelle, les chambres consulaires et les opérateurs de formations, et les représentants des associations de jeunes, de femmes et de migrants », explique Anne Coppens, chargée de mission Défi Archipelago tenant le rôle de « coordinatrice » du projet pour le compte de l’APEFE.

ARCHIPELAGO est régi par une association entre SEQUA (Agence de développement du secteur privé et de la coopération fédérale au développement allemande), EUROCHAMBRES (Association des Chambres de commerce et d’industrie européennes) et le CPCCAF (Conférence permanente des chambres consulaires africaines et européennes).

Le programme DEFI a été mis en œuvre par l’APEFE en partenariat avec la CCIAD, l’ONFP (l’Office Nationale de la Formation Professionnelle du Sénégal), la CCIW (Chambre du Commerce et d’Industrie de Wallonie), ATS (Association internationale de développement) et le CEFRA (Centre de formation et de recherche en aquaculture) de l’ULiège.

AMÉLIORER L’EMPLOYABILITÉ DES JEUNES POUR MIEUX LES INSÉRER

L’objectif était de mettre en place un dispositif « formation en alternance –insertion professionnelle » dans quatre régions du Sénégal, à savoir Dakar, Diourbel, Kolda et Louga pour augmenter les opportunités d’emplois pour les jeunes, chômeurs, déscolarisés et migrants de retour dans les 4 régions, en particulier des jeunes filles et femmes. La tranche d’âge de ces bénéficiaires a été fixée entre 15 et 40 ans. L’idée étant d’améliorer leur insertion sur le marché du travail.

« C’est un projet multi-acteurs, multi-métiers et multi-régions », expliquait Maider Mace, chargée de projet, à l’occasion de la clôture du programme.

« C’était très ambitieux mais les objectifs ont été atteints puisque sur deux ans, 225 jeunes ont été formés à la formation professionnelle sur des métiers stratégiques, à forts besoins en compétences qualifiées et à fort potentiel de croissance. Il y a également eu 160 jeunes formés sur les métiers de l’entrepreneuriat, quand on sait que le Sénégal est une nation d’entrepreneurs. Donc, ils ont besoin des outils nécessaires à la gestion d’une petite entreprise », ajoute-t-elle.

Enthousiasme Local

Abdoul Aziz Sabaly , chef du département Formation Consulaire de la

Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture (CCIAD) de Dakar s’est félicité de l’initiative. « Le programme Archipelago touche une cible qui est vulnérable, les jeunes et les femmes, pour apporter du savoir-faire, de la compétence avec internet, pour intégrer des entreprises ou créer une activité génératrice de revenus. Donc, c’est un programme qui vise aussi à fixer les jeunes sur leur territoire et ainsi réduire l’émigration. On peut dire que c’est bienvenu parce que les jeunes ont envie de quitter nos pays pour venir en Europe, car la situation n’est pas toujours favorable. En les formant, en leur donnant des compétences et en les initiant à l’entrepreneuriat, cela pourrait aider à les stabiliser, à les faire rester sur place et à entreprendre pour obtenir d’autres conditions de vie », explique-t-il.

Mahamadou Dabo, chef de département financier et comptable de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture (CCIAD) de Dakar partage cet avis. « Je pense que c’est un bon projet qui vient en son nom parce l’objectif, c’est de régler le problème de l’émigration. C’est une préoccupation dans notre pays et d’une manière générale au niveau des pays du Sahel, d’autant plus que ce projet permet de freiner l’émigration des jeunes. Maintenant, l’objectif c’est d’aider les femmes et les migrants qui sont de retour. L’objectif recherché est de renforcer les capacités des jeunes en leur donnant une formation adéquate qui leur permet de s’insérer dans le tissu économique ».

Une Opportunit In Dite

Si la covid a joué les trouble-fêtes, elle a aussi permis de montrer la capacité d’adaptation des intervenants. Dès mars 2020, des échanges réguliers ont en effet eu lieu entre les codemandeurs et Sequa (cf. encadré) - chef de file dans la coordination du Programme Archipelago - pour adapter la planification et les modalités de gestion aux contraintes liées à la pandémie, qui, au Sénégal comme en Belgique, ont fortement limité les rencontres en présentiel et les missions internationales durant les deux premières années du projet.

Sequa a permis d’investir dans l’achat d’équipements informatiques et de services digitaux pour faciliter le travail à distance et la digitalisation, en restant dans les limites du budget initial. Depuis mars 2020, la plupart des échanges entre tous les acteurs Archipelago ont été organisés en mode webinaire, ce qui a eu pour effet, et c’est un point positif, de développer l’agilité numérique des acteurs concernés qui n’a fait que progresser depuis. Malgré tout, la crise sanitaire a fortement compliqué et causé des retards dans la mise en œuvre du projet.

Au final, le programme a tout de même permis de tirer quelques leçons qui pourraient bénéficier aux expériences futures en matière de formation, comme l’appropriation totale du projet par les codemandeurs sénégalais, influant positivement dès le démarrage sur le dynamisme et l’implication de toutes les parties prenantes vers l’atteinte des objectifs du projet.

Bref, le programme Archipelago a offert une opportunité inédite de chercher à répondre au chômage des jeunes en mobilisant les entreprises et centres de formation sénégalais et européens, évoluant dans des écosystèmes caractérisés par des communautés d’affaires différentes mais visant les mêmes objectifs. Et on ne peut que s’en féliciter quand on regarde le nombre de jeunes formés et l’enthousiasme qu’ils ont mis dans ce projet. ● https://www.apefe.org/ https://archipelago-programme.org/

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