Des Mines...Aux Champs

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Sous la direction de Jacques Pochoy. Ecole S pé c ia le d’Archite c tu re .

DROIT DE CITÉ

des mines . . aux champs

AZ I L I KAR I M


2 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Membres du Jury : - Directeur de Diplôme :

Jacques Pochoy, Architecte DPLG et urbaniste.

- Enseignant ESA :

Philippe Coeur, Ingénieur.

- Enseignant à l’E.N.S.N.P :

Miska Patrice-Anquetil, Architecte DESA .

- D.E.S.A -10ans :

Gaëlle Renoncet, Architecte DESA .

- Personnalité extérieure :

Aurélien Zoia, Paysagiste et Ingénieur E.N.S.N.P.

- Personnalité extérieure :

Jean-Pierre Laute, Ingénieur.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 3

à la mémoire de :

Mohamed AGDI Bouazza AZILI


Approche.

4 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Le «croissant fertile» du Nord.

ONDON

Auchy au bois

Ferfay

Auchel Marles-les- Mines

BETHUNE

Douvrin

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LENS

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5 km

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N

Vimy-Fresnoy

Boisements et prairies Plans d’eau Espaces tampons

Limites concessions minières Déplacement doux Autoroutes A

Cours d’eau Cavaliers miniers

A1

Espaces urbains Espaces naturels

Axes cités minières Cités minières Corridors terrestres Corridors humides

Puits miniers

ARRAS

Principaux terrils

PARIS

26


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Approche. Dunkerque

limite du SCoT de l’Artois limite départementale

Calais

Littoral

grand ensemble territorial du Nord-Pas de Calais

Boulognesur-Mer

Saint-Omer

Lille Roubaix Métropole Lille

Béthune Montreuilsur-Mer

Lens

Bruay-laBuissière

Ancien Bassin Valenciennes Minier Douai Arras

Cambrai

10 km

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PARIS


6 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Dans cette urbanité minière formant un croissant long de

120 km entre la métropole urbaine de Lille et la capitale agricole Arras, l’enjeu se trouve dans le territoire qu’on appelle «Ruralité minière» inscrit dans la région de l’Artois. C’est là où tous les éléments se croisent et s’entrecroisent. L’héritage minier de ce territoire marque d’une main de fer le découpage territorial et l’organisation spatiale mitée par citées minières et enclaves agricoles spécifiques à la région. La limite occidentale du bassin minier est le point départ d’une transition ; du milieu rural à l’Ouest au gigantisme minier à l’Est. Cette transition urbaine doit être le support d’une métamorphose industrielle et d’un changement d’attitude «des mines aux champs».

Les héritiers des «gueules noires» espèrent toujours le

retour des mines et de la prospérité de masse. Face à ce mirage, il faut changer de perspective et donner un espoir à cette géographie du passé. Comment promouvoir un modèle agricole comme relais de l’industrie minière ? Peut-on passer de l’ère de l’urbanisation minière à l’ère durable ?

Après le départ de l’industrie minière, tout le bassin minier

a été confronté à une crise profonde bien avant celle que nous connaissons dans le pays entier. Les communes de Bruay-LaBuissière et de Marles-Les-Mines sont les plus touchées par la précarité avec plus 35% de ménages vivant en-dessous du seuil de pauvreté. Le projet de remise en état de ce territoire s’adresse en premier lieu à ces citoyens. La recherche de la «qualité» dans le projet urbain tout comme dans l’architecture à proposer est un enjeu primordial dans la réussite de cette reconversion.

Il y a de grands élans et des liens dans cette linéarité

minière. Le changement de perception du site nous mène à nous poser la question de la «valeur» de cette urbanité dans ce territoire qui a vu disparaitre les mines et par la même occasion sa vocation première. Vue du ciel, l’urbanité prend la forme d’une ville aux deux visages. Celle d’une ville en campagne encore vierge de toute investigation qui peut accueillir de nombreuses propositions et de nouvelles qualifications. Mais aussi une ville dans les mines, porteuse de la mémoire des Hommes qui ont façonné corons et terrils. Perçue ainsi, cette ville est un moment plein de désirs qui peut suggérer un autre droit dans un territoire qui questionne son avenir.


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Bien avant le désir d’espaces, d’usage et de programme,

c’est dans ce contexte de double ville, où les habitants se sentent urbains dans un territoire agricole, qu’on pourra approcher un «droit de cité» partagé.

Entre les plaines de Lys et les collines de l’Artois, un Parc

agricole sera le médiateur de deux mondes qui se côtoient sans se parler. Par la «mobilité», on peut envisager d’agir sur la géographie de ce territoire. Une route nommée «La boucle de l’Artois» sera la voie de la réussite d’un développement urbain qui ne tourne pas le dos à la mémoire du lieu et au contexte rural. Des départementales aux cavaliers miniers réaménagés en passant par chemins, lisières et berges, une diversité de séquences rythmera la boucle. Ce tracé symbolise un cordon qui trouve les points relais et des liens dans les ruptures urbaines. Il rapproche la multitudes d’exploitations agricoles avec d’une part les différentes zones d’activités et industrielles et d’autre part les centralités autour des terrils. Inscrits au sein d’enclaves agricoles à requalifier, les terrils offrent à leurs pieds des centralités inexplorées qui ouvriront des perspectives aux espaces agricoles limitrophes. Sur la lisière qui relie Bruay-La-buissière et Marles-les-Mines , imaginons la ferme de demain avec de nouveaux usages. Imaginons-la comme un lieu accueillant de l’habitat locatif collectif bornant la grande cour en belvédère autour de laquelle tout reste à inventer. De l’oxymore à une synergie, l’exploitation agricole sera la mutuelle d’une forme d’habitat approchant la voie de la qualité.

De ce mode d’habiter, un changement d’attitude mentale

installera un dialogue là où il n’y en a plus. C’est autant d’arguments pour un savoir-faire de l’habitat en dehors de la ville, redonnant la possibilité aux «ouvrier-paysans» de reconstruire leur noblesse.



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Sommaire

APPROCHE.

1 - LA CAMPAGNE POST-MINE. 1-1 - Une urbanisation minière.

1-2 - Au Nord c’étaient les corons. 1-3 - Les enjeux du territoire de l’Artois. 1-4 - Espaces agricoles fragiles. 1-5 - Un monde agricole à considérer. 1-6 - Dynamique agricole pour l’après-mine

2 - RÉ-ENCHANTER LA CAMPAGNE. 2-1 - Regards sur les «visionnaires» de la campagne. 2-2 - Valoriser l’échelle locale. 2-3 - Conforter les centralités dans le territoire. 2-4 - S’appuyer sur le terril : du stérile au fertile. 2-5 - S’inscrire dans les interstices.

3 - ÉQUIPER LE TERRITOIRE.

3-1 - ...par l’articulation de la mobilité dans l’Artois. 3-2 - ...par un parc agricole comme support. 3-3 - ...par une halle comme modèle économique 3-4 - ...par une école garante de la «qualité». 3-5 - ...par l’eau comme lien social.

4 - L’ÈRE DES CHAMPS.

4-1 - Diagnostic sur les exploitations agricoles actuelles. 4-2 - Quantifier le programme. 4-3 - Intentions du projet : échelle fine / échelle épaisse.

ANNEXES. BIBLIOGRAPHIE.



LA campagne poST MINE des mines . . aux champs PR E M IĂˆ R E PART I E



La campagne Post-mine

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1-1- Une urbanisation minière. Une campagne singulière :

Long de 120 km et large de 15 km, le territoire du bassin houiller présente une configuration particulière.

La campagne marquée par l’activité d’extraction du charbon durant deux siècles présente un visage façonné par un paysage enrichi de corons et de terrils. L’agglomération de Lens est au cœur du bassin minier du nord de la France. Celui-ci présente un profil original par la structure et le tissu urbain, son histoire et ses singularités sociales. La fin de l’industrie du charbon a commencé vers les années 1960 et a été officiellement annoncée en 1989 avec la fermeture de la dernière fosse.

L’agriculture a perdu sa place forte dans ce territoire au détriment de l’industrie minière. La trame urbaine

et industrielle s’est superposée à une trame agricole, elle-même entre deux «civilisations“. (Champagnes médioeuropéennes et pays de la mer du Nord les régions de grandes cultures du bassin parisien et des agricultures intensives du bassin belgo-néerlandais).

Les «paysans-mineurs» ont contribué, par leur double emploi durant les années du charbon, à préserver

une activité agricole et à maintenir de petites structures de production. Leur mode de vie, qui est resté lié à une vie paysanne, s’est reflété sur l’organisation spatiale de leurs logements. Les corons présentent ainsi deux faces, l’une alignée sur les routes existantes métamorphosées en «rue urbaine» et l’autre donnant sur une parcelle potagère. La perception qu’on a du territoire se modifie à chaque lecture. La visite de cette campagne singulière offre des séquences rythmées par champs et corons, la cartographie la présente comme un axe partiellement urbanisé qui n’est rattaché à aucune grande ville, et du haut du terril, elle se dévoile telle une vallée agricole.

La douleur du charbon arraché à la terre décrit par Émile Zola dans Germinal reste encore présente,

mais le temps de la renaissance laisse place à des projets porteurs d’avenir. L’implantation de la culture avec l’ouverture du Louvre de Lens, le nouvel élan urbain d’Euralens, la valorisation des lieux sportifs font partie des nombreux moteurs engagés pour modifier le regard porté sur cette campagne. L’agriculture garde cependant une place majeure dans la réhabilitation et la valorisation du territoire.

Quelles caractéristiques générales présente l’agriculture dans ce contexte nordiste anciennement

minier ? Avec quels outils les exploitants agricoles pourront se saisir des opportunités visibles dans ce territoire singulier ?

Au XVIIIe siècle, le territoire était composé essentiellement de terres agricoles ponctuées de bourgs

ruraux et de quelques villes moyennes. Il comprend quelques villes historiques (Valenciennes, Douai et Béthune), qui rayonnent en tant que pôles administratifs, commerciaux et culturels. Ces villes sont restées spectatrices du développement de l’urbanisme minier et en ont été que partiellement transformées (malgré la modification de leur aire d’influence par l’apparition de pôles industriels tels que Bruay-la-Buissière ou Lens).


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La campagne Post-mine

Le territoire s’est développé selon une logique d’optimisation de la production minière. Ce développement

s’est appuyé en partie sur les structures préexistantes par économie de moyens (axes de communication), sans contrôle de la croissance urbaine. L’émergence du paysage minier s’est caractérisée par une forte densification urbaine née de l’implantation de structures productives et de l’arrivée d’une main d’œuvre conséquente qu’il fallait loger.

Le bassin minier Nord -Pas de Calais est une entité territoriale dont l’unité morphologique et culturelle

a été créée par le développement de l’industrie minière aux XIXe et XXe siècles. Il représente un dixième de la superficie régionale et rassemble aujourd’hui environ 1 200 000 habitants, soit près d’un tiers de la population régionale (4 millions). Un découpage en pays :

La notion de pays indique une «subdivision territoriale dans une étendue restreinte». Dans ce contexte,

les communes administratives ont repris le modèle du découpage territorial réalisé autour des fosses et des différentes cessions minières. La configuration actuelle reprend appui sur les traces de la mémoire du lieu.

«La production minière a induit le développement d’un tissu industriel dense. La mine et les activités

induites ont réutilisé la trame des villes et villages préexistants sans l’anéantir, mais en l’envoyant dans une nébuleuse qui est urbaine, plus par ses densités que par son organisation socio-spatiale» (Guy Baudelle).

L’activité charbonnière s’est développée de manière intensive dans le bassin du Nord - Pas de Calais

à partir de la découverte de la présence de charbon en 1720 à Fresnes-sur-Escaut (Nord), jusqu’à la fermeture du dernier puits en 1990 à Oignies (Pas-de-Calais). Cette industrie a engendré un grand nombre d’installations d’extractions, des usines de valorisation du charbon, un réseau de voies ferrées (les cavaliers), des terrils et des villes ouvrières. Le paysage de ce territoire autrefois rural, ponctué de quelques villes fortifiées, a été complètement bouleversé.

Les concessions correspondent à des territoires délimités et attribués au 18ème siècle par ordonnance

royale faisant acte d’une exploitation souterraine à une société privée pour l’extraction charbonnière du périmètre défini. Par la suite, elles sont attribuées en Conseil d’État. Les compagnies se sont administrativement arrêtées avec la nationalisation.

Cet héritage marque d’une main de fer le découpage territorial et l’organisation spatiale mitée par

citées minières et terres agricoles spécifiques à la région. La limite occidentale du bassin minier est le point de départ d’une transition ; du milieu rural à l’Ouest au gigantisme minier à l’Est. Cette transition urbaine doit être le support d’une métamorphose industrielle et d’un changement d’attitude «des mines aux champs».

Dans cette urbanité minière formant un croissant long de 120 km entre la métropole urbaine de Lille et

la capitale agricole Arras, l’enjeu se trouve dans le territoire qu’on appelle «Ruralité minière». C’est là où tous les éléments se croisent et s’entrecroisent.


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La campagne Post-mine

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Décision 1967 de l’arrêt program de l’extra mé ction

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Découverte du charbon dans le Pas-de-Calais

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Une chronologie : Écrire l’histoire de l’après-mine...


La campagne Post-mine

16 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Les compagnies minières ou la privatisation d’un territoire. Ligny-les-Aires Marles-Les-Mines Carvin La Clarence Bruay

VicoigneNoeuxDrocourt

Béthune

Lens

VicoigneNoeuxDrocourt

Courrières Dourges Liévin

VicoigneNoeuxDrocourt

Thivencelles

Escarpelle Anzin

Aniche

Crespin-Nord

Douchy

Les confins de l’exploitation.

La limite occidentale du Bassin minier.

La vallée minière.

La mine à la campagne.

De la ruralité au gigantisme minier.

Le fer de lance des cités-jardins.

Une vitrine architecturale de l’habitat minier.

Du berceau de l’exploitation à la Nationalisation.


La campagne Post-mine

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 17

De 1720 à 1944, date de l’ordonnance de la Nationalisation, de nombreuses Compagnies minières se

sont partagées une ressource et un territoire, divisant celui-ci en plusieurs bassins d’exploitation. Au sein de leurs concessions, en fonction de leurs gisements, de leurs administrations et de leurs puissances financières, elles ont transformé ce territoire et chacune d’entre elles y a laissé sa propre empreinte architecturale et urbaine. Elles ont de même été à l’origine d’une culture spécifique, la culture minière, aujourd’hui encore parfaitement lisible à travers le patrimoine et notamment, les équipements collectifs. Définition des «concessions».

« Les concessions correspondent à des territoires délimités et attribués au 18ème siècle par ordonnance

royale faisant acte d’une exploitation souterraine à une société privée pour l’extraction charbonnière du périmètre défini. Par la suite, elles sont attribuées en Conseil d’Etat. Une concession est exploitée par une compagnie minière, le nom de la concession étant généralement identique à celui de la compagnie. Il faut noter que la date d’obtention de la concession ne correspond pas nécessairement à la date de fondation de la compagnie. Les concessions sont, de manière générale, concédées à des sociétés de sondage et de recherche qui doivent faire la preuve de leur viabilité et qui transforme leurs raisons sociales par la suite. Une compagnie peut exploiter plusieurs concessions (cas de la grande Compagnie d’Anzin). Par ailleurs, une compagnie peut posséder une concession qui ne porte pas le même nom (la Compagnie de Béthune exploite la concession de Grenay). Les compagnies se sont administrativement arrêtées avec la Nationalisation.» (MBM) Voyage au coeur du territoire minier. Du berceau de l’exploitation à la Nationalisation.

Sur une superficie de 28 000 hectares, l’ensemble des concessions de la Compagnie des Mines d’Anzin

correspond à la plus grande emprise spatiale sur tout le Bassin minier du Nord-Pas de Calais. Une compagnie qui s’est appropriée ce territoire pendant deux siècles pour le transformer en profondeur. L’exploitation du charbon dans l’ancien bassin d’Anzin laisse aujourd’hui plusieurs aires patrimoniales qui correspondent à des époques et/ou des logiques différentes. Aux paysages naturels et ruraux sont ainsi venus se superposer les infrastructures de production et d’habitat. Première Compagnie à construire des logements miniers, 79 de ses cités sont encore présentes aujourd’hui sur le territoire (corons, cités pavillonnaires et cités-jardin). À noter que la Compagnie a généralement privilégié l’unique fonction résidentielle sans introduire d’équipements collectifs au sein des cités. Une vitrine architecturale de l’habitat minier

Avec une superficie de 12 000 hectares, la Compagnie des Mines d’Aniche possède la seconde plus

grande emprise spatiale du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais après la Compagnie d’Anzin. Situé au Sud de la concession et prioritairement exploité aux 18e et 19e siècles, le premier axe d’exploitation Est-Ouest suit le gisement de charbon gras et de charbon à coke. Au Nord, avec un développement plus tardif au 20e siècle, le second axe, toujours orienté Est-Ouest, suit le gisement de charbon plus maigre.


18 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

La campagne Post-mine

Ces deux axes forment ainsi deux chapelets d’infrastructures de production et d’habitat parfaitement distincts, laissant entre les deux de vastes étendues agricoles ponctuées par de l’habitat traditionnel. On peut retrouver cette configuration plusieurs fois dans le territoire.

La Compagnie des Mines d’Aniche se distingue également par la qualité et la grande variété architecturale,

urbaine et paysagère de ses cités minières. Véritable vitrine à ciel ouvert, elle offre une riche démonstration des politiques d’apparat adoptées dans l’entre-deux-guerres notamment. A cause du démantèlement des fosses et de la destruction des infrastructures, peu de vestiges techniques de l’exploitation subsistent, en dehors de la fosse Delloye à Lewarde. Cependant subsistent de nombreux terrils majoritairement issus de la Nationalisation ainsi que de multiples cités minières exceptionnelles ou remarquables. Le fer de lance des cités-jardins

La Société des Mines de Dourges est à l’origine de la première découverte de charbon dans le Pas-

de-Calais en 1842. La concession de la Société des Mines de Dourges, d’une superficie de 3800 hectares, est obtenue en 1852. La Société exploite différentes qualités de charbon avec au Nord, du charbon maigre et demi-gras et au Sud, du charbon gras à coke. Durant toute son activité, la Société des Mines de Dourges reste une société moyenne, en comparaison avec les Compagnies voisines de Courrières et de Lens, mais une société prospère. Cette bonne santé financière permet aux administrateurs d’expérimenter des innovations architecturales et paysagères. Ainsi, en véritables pionniers, ils introduisent des modèles de cités-jardins développés en Angleterre (cité Bruno bâtie en 1904). Il s’agit alors d’une révolution dans l’habitat ouvrier du Bassin minier. De même l’architecte en chef des travaux de la Société, E. Delille, introduit le béton dans la construction des infrastructures de production. Ainsi, le soin architectural apporté par la Société des Mines de Dourges à ses infrastructures de production comme à ses cités la distingue particulièrement au sein des autres Compagnies du Bassin minier. De la ruralité au gigantisme minier

La Compagnie des Mines de Béthune, l’une des plus puissantes du Bassin minier, exploite la concession

de Grenay, sur une superficie de 6352 hectares. Elle a profondément marqué ce territoire, notamment au Sud, dans le prolongement du gisement de charbon gras et à coke dont l’exploitation est partagée avec la Compagnie de Courrières et les Sociétés de Lens et de Liévin.

Territoire de contrastes, ce secteur illustre la juxtaposition de deux mondes, agricole et minier, dans

lequel les différentes strates de composition du paysage minier sont pleinement lisibles.

Vers 1880, la Compagnie possède déjà 1354 logements miniers et n’a de cesse construit des corons,

des cités pavillonnaires, des cités-jardins, et également des équipements collectifs donnant naissance à de gigantesques agrégats.


La campagne Post-mine

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 19

La mine à la campagne

La concession de Noeux s’étend sur une superficie de 7900 hectares. Le territoire se caractérise par

une interaction permanente entre monde agricole et monde minier. Suivant logiquement la nature et les qualités du gisement en sous-sol, les sites d’extraction de la Compagnie des Mines de Vicoigne-Noeux-Drocourt se sont majoritairement concentrés sur les villes de Noeux-les-Mines et Barlin, créant un tissu urbain dense et riche. La vallée minière

La concession de la Compagnie des Mines de Bruay s’étend sur une superficie de 4900 hectares. Elle

se caractérise par une exploitation concentrée sur la ville de Bruay et quelques communes périphériques, et par une situation géographique particulière, au cœur de la vallée de la Lawe, ce qui contraste avec l’implantation en plaine des autres Compagnies. Exploitant un gisement exclusivement de charbon gras et de bonne qualité, la Compagnie des Mines de Bruay est une entreprise prospère. Son immense patrimoine n’en est que mieux préservé. Ses très nombreuses cités minières sont venues littéralement encercler le cœur historique de la ville de Bruay-la-Buissière. La limite occidentale du Bassin minier

Le territoire de la concession de la Compagnie des Mines de Marles s’étend sur une superficie de 2900

hectares et marque la pointe occidentale du gisement pleinement exploitable. La Compagnie se caractérise par une exploitation concentrée sur Marles-les-Mines et ses communes périphériques, et par un paysage vallonné, celui de la vallée de la Clarence. La Compagnie a principalement construit des cités pavillonnaires, quelques cités de corons et une vaste cité-jardin, la cité du Rond-point (plus de 50 hectares). Les confins de l’exploitation

La Compagnie des Mines de Ligny-Auchy a exploité les concessions de Ligny et d’Auchy, d’une

superficie totale de 3400 hectares. Il s’agit d’une exploitation modeste en raison de la faiblesse du gisement de charbon présent en sous-sol. De ce fait, le territoire concerné a été très peu impacté par l’activité minière. Cependant, les vestiges actuellement perceptibles, notamment les terrils (34, 31, 32, et 244) constituent des marqueurs paysagers incontournables en venant de l’Ouest.


La campagne Post-mine

20 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

1-2- “Au nord c’étaient les corons...“ Chanson de Pierre Bachelet. Devenue l’hymne du bassin minier.

Au nord, c’étaient les corons La terre c’était le charbon Le ciel c’était l’horizon Les hommes des mineurs de fond Nos fenêtres donnaient sur des fenêtres semblables Et la pluie mouillait mon cartable Et mon père en rentrant avait les yeux si bleus Que je croyais voir le ciel bleu J’apprenais mes leçons, la joue contre son bras Je crois qu’il était fier de moi Il était généreux comme ceux du pays Et je lui dois ce que je suis Et c’était mon enfance, et elle était heureuse Dans la buée des lessiveuses Et j’avais des terrils à défaut de montagnes D’en haut je voyais la campagne Mon père était «gueule noire» comme l’étaient ses parents Ma mère avait les cheveux blancs Ils étaient de la fosse, comme on est d’un pays Grâce à eux je sais qui je suis Y avait à la mairie le jour de la kermesse Une photo de Jean Jaures Et chaque verre de vin était un diamant rose Posé sur fond de silicose Ils parlaient de 36 et des coups de grisou Des accidents du fond du trou Ils aimaient leur métier comme on aime un pays C’est avec eux que j’ai compris Au nord, c’étaient les corons La terre c’était le charbon Le ciel c’était l’horizon Les hommes des mineurs de fond


La campagne Post-mine

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 21

Naissance et développement des cités minières.

La chanson de Pierre Bachelet traduit une réalité de la campagne du territoire minier du Nord-Pas-De-

Calais. Elle porte tout le symbole d’une campagne entre cités minières, plaines agricoles et terrils formés par les résidus de l’extraction du charbon. La Mine est une industrie de main d’œuvre. Dans un premier temps, le monde agricole du Nord - Pas de Calais fournissait aux compagnies minières des ouvriers issus du monde paysan. Dès 1810 et l’explosion industrielle, le développement croissant de l’activité exige d’attirer, de professionnaliser et d’enraciner durablement une nouvelle population d’ouvriers : les mineurs. Pour pallier le manque de logements sur le territoire, les compagnies minières construisent les cités ouvrières.

De ce contexte naît un paysage particulier, en grande partie polarisé sur les puits de mine, disposés

aléatoirement en fonction de l’exploitation du sous-sol. L’exploitation minière associe deux fonctions élémentaires: la production et le logement. C’est au cœur de ce paysage que naît une puissante communauté ouvrière soudée par une culture commune du travail et un mode de vie spécifique. Le choix de construire un habitat ouvrier individuel participe à une politique de paternalisme des compagnies minières, et notamment à une volonté d’encadrer et de contrôler chaque moment de la vie du mineur et de sa famille (organisation d’activités de loisirs, présence d’écoles, d’églises, de commerces...).

L’habitat minier a d’abord été conçu par les ingénieurs des compagnies puis par des architectes. Les

cités minières deviennent rapidement un véritable outil de développement, de représentation et de publicité pour les compagnies minières qui se livraient une concurrence intense sur ce territoire limité.

Cet esprit de compétition explique en partie la richesse architecturale des habitations et le souci

d’innovation dont a bénéficié l’habitat minier. Chaque compagnie est poussée par sa détermination à laisser sa marque sur le territoire et à y attacher une main d’œuvre précieuse, parfois très mobile. L’objectif premier étant de réaliser des logements décents. On constate le souci permanent d’améliorer les conditions d’habitat, en termes de confort (carrelage, jardin, salle d’eau, électricité), de surface habitable (pièce unique puis multiple, salles sèches/humides), de vie sociale (équipements collectifs, écoles, maisons uni-familiales), d’environnement et de santé (ensoleillement : cité-jardin et camus, centres de sécurité sociale des mines).

L’habitat minier est resté, au fil de ses évolutions, un support d’innovation architecturale et urbaine.

Ainsi, en 1867, alors que les premiers hygiénistes montraient du doigt les conditions déplorables dans lesquelles étaient logés les ouvriers à Paris, l’Exposition Universelle présentait la Cité des 120 (à Valenciennes et Anzin) comme un modèle en terme d’habitat ouvrier. Plus tard, les cités pavillonnaires, les cités-jardin et enfin les cités « camus » seront souvent conçues dans un même souci de qualité et de modernité, mais aussi de pragmatisme technique et économique.

Cette dépendance entre le logement et la production est à la base du développement de l’urbanisme

du bassin minier, fait d’une accumulation de sites d’extraction répartis sur le territoire au gré de la découverte de nouveaux gisements. Chacun de ces sites était structuré à l’identique avec :

- une fosse comprenant plusieurs puits couronnés par les chevalements qui permettaient l’accès au

gisement charbonnier ;

- des terrils, lieu de dépôt des minerais non exploitables ;

- un réseau de voies ferrées pour le transport du matériel et du charbon en surface (cavaliers) ;


La campagne Post-mine

22 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

- des cités minières pour loger les ouvriers, ingénieurs et responsables. Aux sites d’extraction, s’ajoutent

d’autres installations industrielles de valorisation du charbon, comme les cokeries, les lavoirs, etc... Certains sites sont isolés en pleine campagne, tandis que d’autres sont concentrés autour de centres urbains, créant des communes minières de près de 10.000 habitants Une organisation parcellaire.

La qualité et la morphologie des cités minières du Nord - Pas de Calais reposent en grande partie sur

leur diversité. En effet, les différentes formes de voiries, les divers modes d’implantation des logements et de leurs dépendances sur les parcelles, ainsi que le positionnement des maisons les unes par rapport aux autres, déterminent des formes urbaines et des ambiances variées.

Pignon face à la rue Logements groupés par 2

Barreau simple épaisseur Dépendance en vis-à-vis

Voyette

Pignon perpendiculaire à la rue

Plan dissymétrique sur « voirie paysagère »

Barreau double épaisseur Dépendance en vis-à-vis

Barreau simple épaisseur Dépendance à l’arrière

Voyette


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 23

La campagne Post-mine

Barreau fractionné Dépendance à l’arrière

Dépendance sur le côté - mitoyenne

Dépendance sur pignon à l’arrière

Dépendance sur façade latérale

Dépendance en fond de parcelle

Logements en fond de parcelle, groupés par 4


24 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

La campagne Post-mine

Typologies et formes urbaines de l’habitat minier. 1825-1890 - Les Corons

A mi-chemin entre la rue et la courée, le coron est une forme urbaine composée d’un regroupement

de petites maisons ouvrières. Elles sont alignées systématiquement et rigoureusement et sont conçues de manière économique. Toutes possèdent un jardin potager individuel et des sols carrelés, signe de modernité et d’innovation pour cette époque. Dans les années 1850 à 1890 en pleine croissance de l’activité minière, en raison du manque de terrains et de logements, les alignements de maisons sont construits à la chaîne prenant le nom de « barreaux », modifiant profondément l’image du territoire.

1

2

3

4

(1) : La rue. (2) : La voyette. (3) : La ruelle. (4) : La rue courbe dans les cités-jardin.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 25

La campagne Post-mine

1867-1939 - La cité pavillonnaire.

Trop sensibles aux affaissements miniers et non-conformes aux principes hygiénistes et paternalistes,

les barreaux évoluent progressivement vers des types d’habitat pavillonnaire (maisons jumelées ou groupées par 4). Les cités s’agrandissent, elles peuvent rassembler jusqu’à 400 maisons, et offrent des effets visuels impressionnants en volumétrie et en façade. L’architecture marque désormais la puissance des compagnies minières. Certaines compagnies, comme celle de Lens ou de Béthune, construisent des équipements et tentent des solutions plus urbaines. 1904-1939 - La cité jardin.

En 1898, l’anglais Howard invente la « ville-jardin » fondée sur une gestion plus scientifique des

problèmes urbains. Très rapidement, les compagnies minières ont repris à leur compte cette nouvelle manière de concevoir le cadre de vie (amélioration du confort, notion d’intimité, d’agrément, apparition du végétal et de formes urbaines et architecturales variées. L’entre deux-guerres est la période au cours de laquelle on enregistre le plus de construction de logements. La cité-jardin se densifie rapidement et se restreint à une architecture pittoresque et répétitive. 1946-1970 - La cité moderne.

Il s’agit de cités construites après la nationalisation des houillères en 1946. Elles représentent un

essai d’industrialisation de la construction pour faire face à une lourde pénurie de logement. L’empreinte des doctrines modernistes de la Charte d’Athènes est directement perceptible dans les procédés Camus Haut et Camus Bas (maisons préfabriquées en panneaux de béton). Pour les mineurs en retraite, on construit sur des terrains résiduels des petits logements composés de maisons jumelées de types 100, 106, 230.

1

2

(1) : Carte postale : vue sur les corons de Auchel. (2) : Corons de Auchel avant destruction en 1989.


La campagne Post-mine

26 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Habitation type « 1 867 D.C. »

Plan du premier étage du logement B. w.c w.c

Cuisine Chambre

Douche Douche

Cour

Chambre

Buanderie

Salle commune Buanderie

Plan du R.D.C du logement A.

Etage 1 logement B.

RDC logement A. B

A


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 27

La campagne Post-mine

Habitation type « Chalet 1 906 modifié »

Plan du R.D.C du logement A. Cour

w.c

Bain

Buanderie

Cuisine Chambre

Chambre

Séjour

Plan du premier étage du logement B.

Etage 1 logement B.

RDC logement A.

B

A


La campagne Post-mine

28 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Habitation type « 1 91 3 à pavillon 4 demeures »

Plan du R.D.C du logement A.

Buanderie Buanderie

Chambre

Salle commune

Chambre

Salle commune

Plan du R.D.C du logement B.

B

A


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 29

La campagne Post-mine

Habitation type «1 91 3 n°1 pavillon à 1 demeure »

Plan du R.D.C du logement A.

Buanderie

Cuisine

Séjour

A


30 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

La campagne Post-mine

1-3 - Les enjeux du territoire de l’Artois. L’agriculture : l’enjeu d’une activité en mutation structurelle et spatiale.

Après avoir privilégié un remodelage du tissu industriel dans les années 70, l’agriculture se présente

comme l’élément important dans la politique d’aménagement du territoire. Avec une dominance d’espaces agricoles et ruraux, le territoire de l’Artois veut retrouver une cohérence à toutes les échelles.

La surface Agricole Utile (SAU) représente 61,9 % du territoire, soit 39 939 hectares. Le territoire de

l’Artois se situe au carrefour de plusieurs régions agricoles. L’activité agricole y est diversifiée et marquée au centre, par une importante zone de petites structures avec cultures intensives (céréales et betteraves occupant 60 % de la SAU) ; au Nord-Ouest, par une zone de type herbagère et semi-herbagère constituée de petites exploitations et où les grandes cultures occupent la majeure partie des terres cultivées (légumes, pommes de terres). La polyculture et l’élevage (notamment bovin) y sont prédominants.( source Rapport SCOT ).

La maîtrise des ressources naturelles reste un enjeu majeur dans un territoire où l’activité économique

industrielle a engendré des dégradations de la qualité de l’eau et du sol. Les parcelles agricoles se réduisent de plus en plus au long des corons, elles changent de vocation ce qui ne fait que fragiliser l’économie agricole avec une SAU diminué de -9% ( 4000 hectares ) en 20 ans. Le morcellement des parcelles qui se structurent comme des “poches agricoles“ diminue les chances de reprise des exploitations agricoles lors du départ à la retraite du paysan. Ainsi on constate une chute du nombre de fermes (-60%) et une augmentation légère de leur taille moyenne.

Les exploitations agricoles de plus 50 hectares utilisent plus de 75% de la surface agricole utile. En

2007, leur taille moyenne est de 76 hectares contre 60 hectares en 2000. ( source : Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt ). Ceci reflète la crise économique et humaine des petits paysans qui perdent leur vie et leurs terres au détriment de l’agro-industrie à grande échelle et de l’étalement urbain.

L’agriculture consolide sa place en tant qu’activité économique pourvoyeuse de l’emploi malgré une

diminution des unités de travail annuel ( UTA). Une forte demande de diversification de la production, portée par les paysans, pousse les communes à financer des initiatives de projets locaux. La politique présente dans ce territoire favorise l’association savoir/savoir-faire en investissant dans la recherche et la formation. Le but est d’apporter des schémas concrets autour de la réflexion sur les agroressources et de la qualité du territoire.

Les principaux enjeux liés à la mutation spatiale de l’agriculture dans cette région sont d’une

part économique avec la diversification et l’adaptation dans un contexte particulier, puis des enjeux environnementaux avec la maitrise de la consommation foncière, l’amélioration de la qualité de l’eau, la maitrise de la pollution historique et le maintien des espaces ruraux. Des enjeux sociaux sont également à prendre en compte comme le maintien de l’emploi rural et la reconnaissance du rôle de l’agriculture dans le territoire.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 31

La campagne Post-mine

• Le SCOT de l’Artois parmi les région

• Les espaces agricoles.

agricoles du Nord.

Les grandes régions agricoles du Nord-Pas-de-Calais

SCOT de l'Artois ®

Zones de grandes cultures Zones de petites structures avec cultures intensives

Limites régionales

Périmètre du SCOT

Limites départementales

Espaces de culture

Artois

Zones herbagères et semi-herbagères

Limites des régions agricoles

Prairies naturelles et permanentes

• Densité de l’emploi agricole en 2000

dans la superficie communale.

SCOT de l'Artois

SCOT de l'Artois

Limites régionales

Nombre d'Unités de Travail pour 100 ha moyenne du SCOT de l'Artois : 4,4 UTA pour 100 ha

80 % et + 60 à 80 %

de 9 à 26 UTA/100 ha de 7 à 9 UTA/100 ha

moins de 3 UTA/100 ha

de 4 à 7 UTA/100 ha

aucune UTA

de 3 à 4 UTA/100 ha

non communiqué

Espaces en friche

• Part de la surface agricole utile (SAU)

>

>

Maraîchage, serres

50 à 60 % 0 à 50 % Moyenne du SCOT de l'Artois : 61 % Moyenne du Nord - Pas-de-Calais : 66 %


La campagne Post-mine

32 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

L’enjeu social dans une campagne touché par la précarité.

Outre l’état des lieux de l’agriculture, il est important de cerner la configuration sociale fortement liée à

la structure spatiale du territoire. Ci-dessous quelques chiffres qui mettent en avant la situation précaire des habitants essentiellement installés dans les corons et les cités minières. - 1 ménage sur 4 vit en-dessous du seuil de pauvreté. - Le taux de pauvreté monétaire est de 23% contre 17% à l’échelle nationale. - 28% des ménages du Bruaysis (un tiers des ménages vivent en dessous) de 600 euros/mois. - Le taux de pauvreté monétaire moyen dans l’espace rural en 2006 est de 13,7% contre 11,3% dans l’espace urbain, les ruraux sont en moyenne plus atteints par la précarité monétaire. - 70 % des offres emploi sont des emplois précaires. - 25% des personnes non scolarisés sont sans diplôme. - 1 habitant sur 10 perçoit la CMU complémentaire ( couverture maladie universelle ).

• Mise en situation dans le contexte régional.

Valeur de l’IDH-4 par rapport à la moyenne régionale en 2006

Dunkerque

Valeur de l’IDH-4 en 2006

(0,532 = indice 1)

Calais

< 0,75

0,251 à 0,399

de 0,75 à 1

de 0,399 à 0,532 moyenne régionale

de 1 à 1,25

de 0,532 à 0,666

> 1,25

de 0,666 à 0,708

Saint-Omer

Boulognesur-Mer

N/C

Roubaix

limite de commune limite du SCoT de l’Artois

Lille

limite de département

Béthune Montreuilsur-Mer

Lens Douai Valenciennes

Arras

Cambrai

0

10 Km

Maubeuge


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 33

La campagne Post-mine

• Taux de pauvreté monétaire en 2009 sur le territoire

• Évolution du taux de pauvreté monétaire entre

du SCOT de l’Artois.

2001 et 2009 sur le territoire du SCOT de l’Artois.

Isbergues

Isbergues

Lillers

Lillers

Béthune

Béthune

Auchel

Auchel Bruay-laBuissière

Bruay-laBuissière Noeux-lesMines

Noeux-lesMines

Nombre de ménages en 2009 : 11543

Nombre de bénéficiaires du RSA au 28 février 2011 :

Part de ménages vivant sous le seuil de pauvreté en 2009 (en %) :

1 904

< 15

de 6,9 à 10,4 de 10,4 à 17 5000

5 Km

Part de bénéficiaires du RSA en complément d’une activité professionnelle (en %) : 15-32

1 000 moyenne nationale

de 17 à 19,9

32-38

5 Km

38-45

500

de 19,9 à 26,7

2500 1000 200 17

45-50

de 26,7 à 33,7

100

>50

N/C

10 1

commune non représentée (secret statistique)

limite de commune

limite de commune

limite de secteur

limite de secteur

N/C

• Effectif de bénéficiaires du RSA et part de

• Volume d’offres d’emploi satisfaites et part d’offres

bénéficiaires en complément d’une activité

d’emploi précaire en 2010 sur le territoire de l’Artois

professionnelle sur le territoire l’Artois

Isbergues

Isbergues

2 586

Lillers

Lillers

1 696

Béthune

Béthune Auchel

Auchel

Bruay-laBuissière

Bruay-laBuissière Noeux-lesMines

Noeux-lesMines

Nombre de ménages en 2009 : 11543

Évolution de la part de ménages vivant sous le seuil de pauvreté entre 2001 et 2009 (en %) :

Nombre d’offres satisfaites en 2010 :

< -28 5000 2500

5 Km

1000 200 17

300

de -28 à -10 de -10 à -5 de -5 à 0

5 Km

100 50 1

de 0 à 5 de 5 à 12

limite de commune

de 12 à 27

limite de secteur

53

limite de commune limite de secteur

Part des offres d’emploi précaires dans les offres d’emploi satisfaites en 2010 (en %) : < 35 de 35 à 49,9 de 50 à 61,9 de 62 à 75 > 75 N/C


La campagne Post-mine

34 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Les visages de l’enjeu social.

Murielle, 54 ans.

Claire, 56 ans.

Il parait qu’il y a beaucoup de suicides en agriculture.

On cache la misère en campagne...On se cache

Je l’ai vu à la télé une fois. Après il y en a eu un qui

du regard des autres. Je voyais toutes mes belles

s’est pendu à 12km d’ici. Il n’était pas dépressif. On

sœurs, tant que je faisais des repas, le jour où j’ai dit

ne comprenait pas. Jusqu’au jour où j’ai vu mon mari

que je peux plus...J’ai plus vu personne...Il y a des

le suivre. C’est dur l’élevage !

gens qui se suicident mais seul... dans l’ignorance.

Marie-France, 40 ans.

Jean-Marie, 54 ans.

Avec cette crise, c’est mon jardin qui me maintient

Je suis issu d’une famille pauvre, et j’ai vécu la

en vie...

précarité en milieu rural. Aujourd’hui, je me déplace

Manger 5 fruits et légumes n’est pas à la portée de

avec ma boite aux lettres dans les champs. Je

tous.

m’appelle Jean-Marie et j’habite la route de l’océan

Il m’est plus possible d’offrir à mes enfants des

boite postale 40990.

repas avec de la viande...Ce n’est plus possible !


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 35

La campagne Post-mine

Les visages de l’enjeu social.

Freddy, 55 ans.

Magalie et Elie.

Je ne fréquente plus les cafés...Le café, c’est là où

On avait vraiment rien à manger... même pas un verre

on connait le monde.

de lait pour les enfants...On nous a ramené un colis

Le fait de plus aller au café m’isole. Mais 1,20 euros

d’urgence et on a plus quitté le secours catholique...

le café je peux pas, je peux plus, même un par jour, cela fait plus de 30 euros par mois...

Brigitte, 55 ans.

Bernard, 58ans

Qu’est-ce-qu’on va faire d’elle ? Quand on vous

Je ramassais, ramassais...

dit cela, c’est dur de rebondir. À mon âge je veux

J’ai vécu sur une décharge publique. J’ai mangé sur

retourner à l’école pour apprendre à parler, à leur

une décharge publique...j’ai toujours eu l’habitude de

parler...Leur dire que je suis une plouc citoyenne“.

ramasser...Une rondelle de bois par terre, je ramasse. Dans mes conditions, la valeur des choses n’est donnée que par mon envie de survie.


36 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

La campagne Post-mine

L’enjeu de l’emploi dans la zone de Béthune-Bruay. «La région Nord-Pas-de-Calais compte près d’un million d’emplois salariés privés. Entre 2000 et 2010, elle a gagné près de 24 000 emplois, soit une hausse de 2,5% contre 5,9% à l’échelle de la France métropolitaine.» ( AULAB )

Les zones d’emploi de l’ancien bassin minier et d’Arras concentrent un tiers de l’emploi salarié

privé régional. La zone d’emploi de Béthune-Bruay se situe au 6ème rang des bassins d’emploi de la région. Ce nombre d’emploi reste largement insuffisant pour recouvrir la précarité et le chômage important dû à la disparition de l’industrie minière. On peut également ajouter à cela la récente crise économique qu’a connu l’Europe. En effet, entre 2000 et 2010, la zone d’emploi de Béthune-Bruay a perdu plus de 2 400 emplois salariés privés. Ainsi ce territoire figure parmi les 8 zones d’emploi de la région enregistrant un recul de l’emploi.

La structure sectorielle de l’emploi présente dans ce territoire est différente de celle présente

sur le territoire national. Premièrement, on remarque l’importance du poids de l’emploi industriel favorisé par les initiatives politiques qui facilite sur le plan foncier l’implantation de zone d’activités. Une politique instaurée depuis plusieurs années pour parer à la disparition des mines. Cependant il faut se mettre à l’évidence qu’on ne peut plus jamais retrouver le même modèle économique qui se basse sur une grande industrie et un emploi de masse. Deuxièmement, la part de l’emploi des services est inférieure à la moyenne nationale, ce qui confirme l’échec de la reconversion du modèle économique dans ce territoire.

Cette tendance est plus marquée dans la zone d’emploi de Béthune-Bruay, «1 salarié privé

sur 3 travaille dans le secteur de l’industrie en 2010 contre seulement 1 sur 5 dans la région et le secteur des services emploie 1 salarié privé sur 3 contre 1 sur 2 dans la région. La part de l’emploi lié au commerce (17,3%) est légèrement inférieure à celle observée à l’échelle de la région (18,8%) et les emplois du secteur de la construction sont sur-représentés dans la zone par rapport à la région (10,9% contre 8,9%).» ( AULAB )

Après les mines, le deuxième socle industriel s’effondre également. La zone d’emploi de

Béthune-Bruay a perdu 6 700 emplois industriels en 10 ans, soit une chute de 25%. Cette baisse est comparable à celle qui est observée sur la région Nord-Pas de Calais, mais supérieure à la moyenne nationale. En parallèle, les trois autres secteurs d’activité (les services, le commerce et la construction) ont observé une augmentation des effectifs salariés privés.

Grâce à une augmentation des effectifs, le secteur des services représente aujourd’hui

plus de 20 000 emplois. Il est dorénavant le principal pourvoyeur d’emploi sur la zone d’emploi de Béthune-Bruay.

La zone d’emploi de Béthune-Bruay enregistre une baisse de l’emploi de 4,2% entre 2000

et 2010 alors que la région enregistre une progression de 2,5% durant la même période. Cet écart négatif de l’évolution de la zone par rapport à l’évolution régionale est à la fois lié à la structure


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 37

La campagne Post-mine

économique défavorable de la zone en 2000 et à un effet local négatif. La zone est marquée par une spécialisation des emplois dans des activités globalement (à l’échelle régionale) en déclin : métallurgie, fabrication de produits métalliques et dans une moindre mesure l’industrie automobile et la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique. Par ailleurs, les caractéristiques spécifiques de la zone aggravent la baisse de l’emploi.

Le développement résidentiel, lié à l’extension de la périurbanisation lilloise sur le territoire,

contribue néanmoins au maintien d’une partie des emplois spécialisés dans les services urbains.

• Carte typologique de la spécialisation structurelle des zones d’emploi.

Dunkerque Calaisis

Roubaix Tourcoing

Flandre-Lys Boulonnais

Saint-Omer

Lille

Béthune-Bruay Berck-Montreuil Lens-Hénin

Douaisis

Valenciennois

Artois-Ternois

Sambre-Avesnois Cambrésis

20 km

Répartition de l’emploi salarié par secteur d’activité. secteur industriel prédominant (> à 30% de l’emploi), au détriment du secteur des services (< à 50% de l’emploi)

France métropolitaine

secteur industriel fort (entre 25% et 30% de l’emploi), secteur des services légèrement inférieur à la moyenne régionale

Région Nord-Pas-de-Calais

répartition de l’emploi proche de la moyenne régionale (une majorité d’emplois dans les services)

ZE Béthune-Bruay

0%

ZE Béthune-Bruay Région Nord-Pas-de-Calais France métropolitaine

10%

20%

L’industrie dans l’emploi

La construction dans l’emploi

35,5% 20,7% 18,5%

10,9% 8,9% 8,9%

30%

40%

Le commerce dans l’emploi

17,3% 18,8% 18,2%

50%

60%

Les services dans l’emploi

36,4% 51,6% 54,4%

secteurs des services et du commerce prédominant (plus de ¾ des emplois dans les 2 secteurs ), au détriment du secteur industriel (inférieur à la moyenne régionale)


La campagne Post-mine

38 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Isbergues

Isbergues

Lillers

Lillers

Béthune

Béthune Bruay-la Buissière

Bruay-la Buissière Noeuxles-Mines

Noeuxles-Mines

5 km

5 km

Nombre de salariés en 2011 : Fichier entreprises secteur privé CCI 06/2012,

Secteurs d’activités :

fabrication de produits en caoutchouc et en plastique industrie automobile

Nombres de salariés en 2011 : 800

2 800

Secteurs d’activités :

500 300

30

fabrication de produits métalliques à l’exception des machines et des équipements métallurgie

100 20

industrie alimentaire travaux de construction spécialisés activité pour la santé humaine limite de la zone d’emploi Béthune-Bruay

limite de la zone d’emploi Béthune-Bruay limite de commune

La zone d’emploi de Béthune-Bruay affiche également une spécialisation de l’emploi dans

les industries alimentaires, secteur fortement représenté sur le territoire par rapport à la région et dont les emplois se sont maintenus alors qu’ils diminuaient dans la région.

D’autres sous-secteurs se distinguent : l’hébergement médicalisé pour personnes âgées

représente 1,4% de l’emploi sur la zone de Béthune-Bruay.

«Les emplois du sous-secteur ont quasiment été multipliés par 2 entre 2000 et 2010, devenant

ainsi 2 fois plus représentés dans la zone que dans la région. Le commerce de détail de produits pharmaceutiques représente 1,2% de l’emploi de la zone et est sur-représenté dans la zone par rapport à la région. Les emplois de ce sous-secteur sont en hausse de 15,1% entre 2000 et 2010. La récupération de déchets triés emploie seulement 1,1% des salariés privés de la zone. Le sous-secteur est 5 fois plus représenté dans la zone que dans la région grâce à une hausse de l’emploi de 35,8% en dix ans.» ( AULAB )


La campagne Post-mine

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 39


La campagne Post-mine

40 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

1-4 - Espaces agricoles fragiles. La ville mord sur la campagne :

Les espaces «artificialisés» représentaient 8,3 % de la France. En dix ans, la superficie de ces espaces

a augmenté de 15% : l’équivalent d’un département français a donc été artificialisé. Sur la même période, la population française n’a augmenté que de 5%.

On peut facilement mettre en évidence que l’artificialisation du sol touche essentiellement les zones

agricoles en périphérie des grandes métropoles françaises et des capitales régionales en pleine expansion. Les régions déjà fortement artificialisées comme le Nord-Pas-de-Calais continuent de s’artificialiser malgré les outils de régulation de ce phénomène mis en place.» Près d’un quart du territoire de l’Artois déjà artificialisé. 16% du territoire est couvert par l’urbanisation,

56,5% par des cultures,

16,2% par des prairies,

9% par des espaces boisés.

Les espaces agricoles font face à une pression foncière grandissante dans le territoire de l’Artois avec une part de 23,8% d’espaces artificialisés dans un contexte essentiellement campagnard. En quinze ans, les territoires artificialisés ont connu une progression globale de + 6,8% sur le territoire de l’Artois contre + 8,1 % sur l’ensemble de la région.

Évolution des espaces artificialisées

Part des espaces artificialisées

par commune

par commune Isbergues

Isbergues

Lillers

Lillers

Béthune

Béthune Auchel

Auchel Bruay-laBussière

Bruay-laBussière

Noeux les-Mines

N

N

2,5

0

Noeux les-Mines

5 Km

0

2,5

5Km

Périmètre du SCOT de l'Artois

Périmètre du SCOT de l'Artois

Limites communales

Limites communales

Evolution des surfaces artificialisées par commune entre 1998 et 2004 (% global)

Part des surfaces artificialisées par commune (% de la surface communale)

0

0

5

10 15

25 40

10

20 30

50


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 41

La campagne Post-mine

Répartition des grands types d’occupation du sol.

1,2

1,1 1,2 6,1

9 16,4

9,5 23,8

15,8

Espaces artificialisés Cultures Prairies 59,4

56,5

Espaces boisés Milieux humides Espaces littoraux

Région

L’Artois

Répartition des différents types d’espaces artificialisés sur le territoire de l’Artois en 2004. 3,5

2,7

2,7

2,1

12,1

Tissu urbain Espaces verts urbains et périurbains Equipements sportifs et de loisir

2,7 2,4

Equipements majeurs Carrières, décharges et chantiers 71,8

Zones industrielles ou commerciales Infrastructures de transports Espaces en friche

Évolution globale des principaux types d’occupation du sol entre 1990 et 2005 (en %) 12 10

12 10

espaces boisés

espaces artificialisés

8 6 4

Espaces boisés Milieux humides

2

Espaces littoraux

0

11,5 8.1

milieux humides

cultures

6 4

8

6.8 prairies

n

SCO T

régio

n régio

-4

2 1,2

n

SCO T

-3,8

-3,5

régio

n -3

régio

-2,1

SCO T

0 n

-2

SCO T

5

SCO T

Cultures Prairies

8

régio

Espaces artificialisés

-2 -4


La campagne Post-mine

42 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Habitat et activités économiques, sont les principaux consommateurs d’espace au détriment

principalement des terres agricoles. Globalement, le tissu urbain représente la majeure partie de cette consommation : « 71,8% des espaces artificialisés sont liés aux logements mais aussi aux commerces et bureaux dans les communes plus denses. La deuxième catégorie concerne les activités industrielles et commerciales, qui représentent 12,1% des espaces artificialisés. Les équipements majeurs (écoles, hôpitaux...) et les équipements sportifs et de loisir contribuent pour 5,4 % à l’artificialisation du territoire. Viennent ensuite les espaces verts urbains et périurbains (plus ou moins aménagés) avec 3,5%, et enfin, les principales infrastructures de transport (voies ferrées, routes et aérodrome) avec 2,7 % du total.» (AULAB)

Certains espaces sont par ailleurs en friche soit 2,4 % des espaces artificialisés. Il s’agit le plus souvent

de secteurs anciennement exploités dans le cadre des activités minières et qui sont aujourd’hui requestionnés dans le cadre de la remise en état du territoire et considérés comme une réserve foncière importante. L’activité minière ayant générée une urbanisation historique, certains sites abandonnés se retrouvent aujourd’hui proches des habitations et constituent des opportunités en terme de fabrication de projet.

L’urbanisation est logiquement concentrée autour des pôles de population et d’activités. La

carte des espaces artificialisés est relativement proche de celle des densités de population de l’arrondissement. Parmi les secteurs dépassant les 30 % d’espaces urbanisés, on trouve Béthune et sa première couronne, le secteur du bassin minier (notamment l’ensemble Auchel, Marles-les-Mines, Calonne Ricouart et BruayLa-Buissière), mais aussi les communes proches de La Bassée (Auchy-les-Mines, Haisnes, Douvrin, BillyBerclau) et Isbergues. Même si la construction de logements est importante sur ces communes, cette forte présence d’espaces artificialisés s’explique aussi par la présence de grandes zones d’activités industrielles et Vision des extensions urbaines possibles du territoire Isbergues

Lillers

Béthune

Auchel Bruay-laBuissière

Noeux-lesMines

0

2,5

5 km

zones urbaines (U) et urbanisables (1AU et 2AU) des documents d'urbanisme

espaces déjà artificialisés en 2004


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 43

La campagne Post-mine

commerciales, très consommatrices en espace mais aussi éventuellement par celle des friches liées à l’activité minière.

En terme d’évolution, l’artificialisation a été plus soutenue dans les communes « rurbaines » du Bas

Pays et du Nord-Ouest du territoire. L’évolution forte de leur tissu urbain est principalement due à l’accueil de nouveaux habitants et donc à la construction de logements en lien avec l’influence de la métropole lilloise mais aussi localement de Béthune et Saint-Omer. Dans certaines communes rurales de l’Ouest et du Sud du territoire, l’évolution de l’artificialisation est également importante.

L’ancien bassin minier quant à lui connaît peu d’évolution notamment en raison d’un manque

d’attractivité comparativement au milieu rural. De plus, l’évolution positive des surfaces artificialisées est due en bonne partie à des extensions d’activités économiques ou d’équipements. C’est le cas par exemple d’Auchel et Bruay-la-Buissière. Par ailleurs, ces communes ont également pu connaître une action de renouvellement urbain (notamment au sein des cités minières) plutôt que d’étalement. Aujourd’hui 30% du territoire de l’Artois est artificialisé et les documents d’urbanisme actuel prévoient une évolution générale qui atteindra 40%.

Évolution de l’artificialisation des sols sur les grands secteurs de l’Artois VERS L’OUEST

Isbergues

Secteur Ouest

2 759

1 909 680

1 432

Secteur Nord

13 453

10 871

Lillers

Secteur Centre

Béthune

Secteur Est

3 640 6 502

2 912

Secteur Bruaysis 0

VERS LE SUD

%

%

%

30

20 +

+ Artificialisable

5 km

%

%

6 403

Artificialisé

50

512139

60

Vocation agricole/naturelle

2,5

Potentiel d'évolution de l'artificialisation des sols (par rapport à la situation de 2004)

+

Secteur Sud

+

1 246

713

Nœux-lesMines

4 838 3 698

Répartition des sols

1 427

40

10 000 ha 5 000 ha

1 548

Bruay-laB.

20 000 ha

+

Superficie des territoires

Auchel

41 % moyenne du SCOT


La campagne Post-mine

44 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Requalifier les enclaves agricoles au cœur de l’axe minier. UN ENJEU FRONTAL SUR L’AXE MINIER ( Est- Ouest )

Isbergues

Lillers

Béthune Auchel

Marles-les -mines Bruay-laBussière

Haillicourt

N

2,5

0

5 Km

Représentation de l’enclave agricole de la commune d’Haillicourt

ute

prin

cip

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Limitt

e d’in

Enclave agricole ( environ 500Ha )

Ro

ute

com

Lisi

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u

r b aine

tran

te Terril conique viticole

pression du front urbain

frastr

Terril plat

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e Lisière natuelle

Ro


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 45

La campagne Post-mine

Inclure la rupture agricole entre Béthune et l’axe minier dans la planification territoriale.

UN ENJEU TRANSVERSAL ( Nord - Sud )

Isbergues

Lillers

Béthune Auchel

Marles-les -mines Bruay-laBussière

Haillicourt

noeuxles-mines

N

0

2,5

5 Km

Représentation de la rupture agricole entre l’agglomération de Béthune et l’axe minier

Au

to

ro

Agglomération de Béthune

ut

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Béthune

Ca

nal

ire

n tio isa

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La Plaine agricole

Marles-les-Mines

Terres boisées

Axe d

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Noeux-Les-Mines

Terres boisées

Auchel

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Bruay-La-Buissière e l’u rban isation minière

Haillicourt

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La campagne Post-mine

46 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Synthèse du P.A.D.D plan aménagement développement durable

Liaison avec le Saint-Polois

0

lois

rs Ve

-Po int

l

a eS

5 km

État actuel d’occupation du sol.

Maîtriser et structurer le développement urbain autour de centralités fortes.

Périmètre du SCoT de l’Artois. Espace boisés et renaturés.

Conforter et développer la ville centre

Espaces à dominante urbaine.

Affirmer les pôles structurants

Espaces d’activités économiques.

Encourager le renouvellement urbain et densifier

Espaces d’activités commerciales. Autoroutes. Axes routiers principaux. Voies ferrées.

Assurer des espaces de respiration dans les zones urbaines les plus denses par le maintien des plaines agricoles

Constituer la trame verte et bleue pour encadrer le développement urbain et préserver le patrimoine naturel et paysager Principe de liaisons vertes et de protection des pôles de nature Valoriser le potentiel naturel et touristique des cours d’eau et canaux

Mettre en cohérence les pôles économiques et commerciaux Sites préférentiels de développement économique et de requalification des pôles commerciaux.


x

le in ec ita av ol n p io ro at é t ér m op ire Co rrito te

ger

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 47

La campagne Post-mine

BETHUNE Liaison

sée

e- Bas

Béthun

Dynamique de cohérence avec l’Arc de Sud

Affirmer la vocation agricole des territoires ruraux et périurbains Maintien durable de plaines agricoles homogènes dans la partie la plus urbanisée Affirmation d’espaces agricoles pérennes par la maîtrise de l’urbanisation résidentielle

Renforcer l’accéssibilité et organiser les conplémentarités des modes de transports Organiser l’intermodalité autour des axes ferroviaires

Principe de nouvelle liaisons routière

Liaisons cadencées avec la métropole lilloise

Projet projeté de nouvelle liaisons routière

Principe de Transport en commun à haut niveau de service Développement d’un maillage continu de voies cyclables Prise en compte des impacts et des opportunités de l’A24

Infrastructures portuaires à renforcer ou à créer Principe de liaison entre le canal à grand gabarit et l’entreprise Roquette


48 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

La campagne Post-mine

1-5 - Un monde agricole à considérer. La fin des petits paysans.

Dans toutes les régions des agriculteurs souffrent et meurent en silence. Les petits paysans sont en

voie d’extinction. La cartographie de la situation est préoccupante avec plus de 600 suicides par an et autant de décès à cause de maladies graves liées à l’utilisation de produits chimiques. Le fossé grandit entre ces citoyens et la société. Ils se sentent victimes de ce qu’ils appellent un système inégal.

Cela fait 20 ans que les observateurs et les paysans eux-même ont prédit une crise humaine qui

dépasse les données économiques. Toutes les directives employées par l’Europe n’ont pas suffit à apaiser le malaise social présent dans la campagne. Les causes du désespoir des paysans sont multiples ; les pressions économiques et foncières, les risques sanitaires, la solitude, ... Comment leurs redonner le droit de cité, le droit de vivre dignement ? Quelle est la place de la «qualité» dans un système qui ne jure que par la quantité et la démesure ? Les paysans désirent une citoyenneté où la «valeur» du fruit de leur travail prenne une place reconnue.

L’urgence est présente dans le Nord et l’Ouest de la France où le taux de suicides est le plus important

et la fermeture des fermes au détriment des exploitations agricoles à grande échelle est significatif. Après la fin des usines en France, les paysans font face à un système inégal qui cause leur disparition. En 20 ans, la fermeture des exploitations agricoles a touché plus de 50% des paysans. D’autres se sont modernisés et ont agrandi leurs exploitations pour survivre au rouleau compresseur des grandes surfaces commerciales, mais ils se retrouvent aujourd’hui surendettés et incapables de prendre leur destin en main.

Ce qui a précipité les difficultés des paysans de ces régions, c’est la crise du lait en 2009, ce jour-là ils

jettent 3 millions de litres de lait au pied du mont Saint-Michel, des images qui vont réveiller les consciences. Un mouvement de protestation s’est répandu dans toute l’Europe.

Un chiffre suffit pour comprendre la colère de ces éleveurs, ils vendent leur lait 30 centimes d’euros,

exactement le même tarif qu’il y a 20 ans. Des revenus très bas avec une moyenne de 500 euros par mois et par ménage qui contribue encore plus à une précarité qui les mène au désespoir. D’autres trouvent le courage d’éviter ce point de rupture et luttent jusqu’au moment inévitable de la liquidation judiciaire. Les ventes aux enchères des exploitations agricoles augmentent de jour en jour, les paysans observent avec dépit la disparition de plusieurs générations de travaux. Les silences se brisent de plus en plus et pas seulement chez les petits agriculteurs, des cas récents ont été enregistrés dans des exploitations agricoles de plus de 200 hectares. La généralisation de cette crise dans d’autres régions porte ce problème sur la place publique.

Ce sont les éleveurs les plus touchés par la crise humaine, ils ont vu leur métier s’éteindre petit à petit

avec une relève qui fuit une réalité du métier. D’une manière générale, les jeunes éleveurs ont tous le profil d’enfants de paysans reprenant l’exploitation familiale. Les contraintes sont telles que la réussite de jeunes extérieurs au milieu agricole reste impossible. On est dans un tournant où on voit un modèle se détruire, et des


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 49

La campagne Post-mine

filières anéanties. L’activité économique agricole de demain est très incertaine, on s’approche dangereusement d’un point de rupture où les agriculteurs ne peuvent plus travailler à perte. Et puis dans ce contexte, toute embauche et création de richesses sont définitivement inenvisageables.

Si on continue avec le système actuel la disparition du métier d’agriculteur est inévitable. Le but du jeu,

c’est de fabriquer un produit le moins cher possible, et à ce jeu-là on est au bout du système, on ne peut plus aller plus bas dans les prix et plus vite dans la production mais on peut encore croire à des projets d’avenir. L’idée d’un office du lait entretient un espoir dans le système actuel où l’éleveur n’a pas son mot à dire, et seul l’industriel décide du prix. L’office du lait serait une forme de grande coopérative européenne du lait qui fixerait le prix du litre et répartira les marges équitablement. Crise économique.

Le système actuel agricole dessine clairement la fin des petites exploitations agricoles. Les exploitations

existantes de moins de 200 Ha ne font que survivre en attendant la récession. C’est le modèle lui-même qui est en cause. Les paysans n’ont plus leur destin en main au centre d’une guerre économique entre transformateur et distributeur. Du prix au volume de production en passant par les méthodes de travail, tout leur est imposé.

417

La part des suicides dans l’ensemble des décés du monde agricole représente.

Il y a la plus forte proportion de suicides chez les éleveurs de bovins ( lait et viande ) âgés de 45 à 64 ans.

Maladies cardiovasculaires 19 %

15 % Chez les hommes ( 6,8% chez les femmes )

68 femme

Cancers 32%

homme

34% autres

110

100

90 L

1

2

M

M

J

V

S

D

(1) : Étude de 500 suicides sur trois ans chez les agriculteurs français. (2007/2008/2009) (2) : Le suicide des agriculteurs selon les jours de la semaine


La campagne Post-mine

50 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Les nouvelles normes sanitaires européennes nécessitent de gros investissements ( équipements,

bâtiments agricoles…), la majorité des petits paysans sont endettés et disent travailler pour la gloire en se versant aucun salaire dans un métier où on est en constante activité à raison de plus de 70 heures de travail. Quand certains investissements sont amortis, il faut encore moderniser l’exploitation agricole pour être compétitif. Les dettes s’accumulent, des tensions s’installent et les jours deviennent incertains.

Des journées de travail dans les champs, la fierté de perpétuer une tradition et l’honneur de préserver

une mémoire, mais en quelques années la crise laitière va balayer les efforts de toute une vie. À chaque lever du soleil, ils perdent de l’argent avec du lait payé 260 euros des 1000 litres alors qu’il leur coûte 330 euros pour la production. En 2012, après 6 mois de vente à perte, un nombre effroyable d’éleveurs de lait abandonnent leurs exploitations et leurs vies. Comment est-on passé d’une crise économique à une crise humaine ? Quels sont les outils à redonner aux agriculteurs ?

«On ne s’enfonce pas à cause des dettes, on s’enfonce parce qu’on ne se met pas en mouvement. Il

faut parfois savoir changer de production. En pleine reconversion, on est face à des choix importants, s’endetter encore plus mais pour survivre et remonter la pente.» Grandir ou mourir ! tel est la réalité des petits paysans. Il n’est pas vrai que les agriculteurs ne se remettent pas en question. L’enjeu est de trouver une alternative au défi quantitatif en valorisant la qualité de production. Prendre un peu de recul. Faire moins mais le faire mieux et avoir du temps pour soi.

62

59

80 76

02

08

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1er au 15éme rang

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12 82

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33 Au delà du 45éme rang

74

69 73

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31éme au 45éme rang

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16éme au 30éme rang

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41 44

57

55

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30

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31

84 13

05

04 06 83

64 65

09

11 66

(1) : En France on se suicide plus au Nord et à l’Ouest. (2) : Dessin de Ysopé. 1

2


La campagne Post-mine

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 51

La crise est directement liée au marché international et aux chambres des bourses, mais également aux

mesures et aux directives de protection de l’environnement. Mais comment empêcher la mort des petits paysans tout en respectant les réglementations? Les agriculteurs sont montrés du doigt comme les seuls responsables alors qu’ils sont de moins en moins décisionnaires. «L’adhésion du monde politique aux nouvelles normes de protection de l’environnement participe à la dissimulation d’une réalité où les rapports de forces continuent d’exclure la grande majorité des paysans…»

Le constat est partagé par tous les observateurs mais le débat est présent sur les causes et les réponses

à apporter à cette crise. Le PAC ( Politique Agricole Commune ) mise en œuvre par la direction Générale « agriculture et développement rural» de la Commission Européenne a contribué indirectement à dévaloriser le métier de paysan en maintenant une pression sur les prix de production, en imposant une forme d’agriculture à grande échelle productiviste et en déversant des primes d’aides qui compensent la dévalorisation des prix dus à une surproduction dans certains secteurs agricoles.

On fait face à de nouveaux problèmes, les années d’or sont terminées. La situation européenne atteint

des pays en voie de développement où la crise est aussi profonde. L’absurdité des marchés agraires est la suivante : les pays riches, l’Union européenne, les USA subventionnent leur agriculture pour produire et exporter. L’année dernière 349 milliards de dollars ont été versés, soit plus d’un milliard par jour. La conséquence c’est le “dumping“ et la destruction de l’économie agraire dans l’hémisphère sud où l’agriculture reste majoritairement paysanne. La capitale de la république du Sénégal abrite le plus grand marché agraire d’Afrique de l’Ouest (Le Sandagar) où les produits agricoles européens sont vendus au tiers du prix local. Même avec un travail acharné, le paysan local n’a aucune chance de gagner sa vie grâce à sa terre.

Des systèmes de coopérative agricole se sont mis en place pour survivre dans un marché mondialisé.

Le système est simple, se regrouper et stocker la production de plusieurs paysans pour maîtriser les coûts au sein des marchés. La mutualisation des exploitations agricoles paraît une solution à envisager mais parfois ces organisations agissent comme des multinationales quand ils dépassent un certain seuil. Pour rester efficace il faut se restreindre à une échelle locale. Lutte contre la solitude.

L’absence de coupure entre le quotidien professionnel et la vie privée favorise le déclin d’une vie sociale

qui permet souvent une échappatoire à la dure réalité de leur métier. Dans le métier d’agriculteur, on habite en général à coté des fermes, on est au cœur du sujet tôt ou tard. La vie sociale est totalement sacrifiée et le repli sur soi pousse au silence. - «Le moral est détruit. On a tendance à s’isoler . On n’ose pas parler de nos problèmes. Plus personne ne vient me voir, parce que c’est embêtant de voir une personne dans ses difficultés, ce n’est jamais simple.» - «Il y a une plus grande solitude dans les campagnes, peu d’entraide et les gens se retrouvent même parfois en situation de concurrence. Cela entraîne une énorme fragilisation des individus», constate Henri Renault, luimême ancien agriculteur et bénévole de l’association Solidarité paysans - «Il n’y a pas de profil-type : ça va du jeune installé depuis deux ans ou trois ans à celui qui est au bord de la retraite, de l’agriculture industrielle à la production bio» Claire Salvignol.


52 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

La campagne Post-mine

La solitude et le désespoir des agriculteurs face aux problèmes financiers n’est pourtant pas une fatalité

pour peu que la solidarité reprenne ses droits. L’illustration de réseaux mis en place par la Mutualité sociale agricole (Agir ensemble 2011) a permis d’atteindre des résultats satisfaisants, avec un système de parrainage qui rassemble aussi bien des banquiers, bien placés pour repérer le désespoir de leurs clients, que des assistants sociaux ou d’anciens agriculteurs à la retraite aux conseils avisés. Dans cet univers où la fierté interdit de se pencher, la première recette peut être simple, beaucoup d’écoute, de bienveillance et d’encouragement.

Ces organisations portent non seulement un projet social mais aussi un projet citoyen pour annuler les

inégalités entre paysans et lobbies industriels. Ils facilitent ainsi toutes les procédures collectives administratives et juridiques que vivent la plupart des producteurs. Un long combat mené par les centaines de veuves d’agriculteurs qui ne décolèrent pas face aux responsables de cette hécatombe. Ainsi la mutualité agricole (MSA) se dote à la demande de l’état, de cellules de prévention du mal-être. L’appui social est primordial pour redonner aux paysans une reconversion d’une agriculture défaillante dans un milieu où la reconnaissance de l’échec est taboue.

1

2

(1) : Manifestation de milliers d’agriculteurs. (2) : Désespoir d’un éleveur lors d’une manifestation à Paris.


La campagne Post-mine

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 53

1-6 - Dynamique agricole pour l’après-mine.

Actuellement les différents acteurs qui ont contribué au développement des mines du charbon sont

tenus de remettre en état le territoire. Plusieurs lignes directrices commencent à émerger pour contribuer à la réussite de ce grand projet. Instaurer une dynamique agricole est la solution qui est aujourd’hui considérée comme la plus plausible. Le BRGM ( bureau des recherches géologique et minier ) semble intéressé par cette stratégie territoriale.

Les communes facilitent et aident à ce processus en mettant à disposition d’initiative agricole du

foncier. La région du Nord-Pas-De-Calais intègre l’agriculture dans tous les plans d’action visant à redonner un avenir économique et social sur le bassin de la terre de charbon. Tous ces acteurs sont prêts à apporter des financements et des soutiens techniques et logistiques pour les projets agricoles qui s’implantent dans le territoire afin de retrouver une qualité du territoire. Le lien entre l’enjeu de préserver une agriculture à petite échelle et l’enjeu de remettre en état un territoire minier prend un sens véritable.

Contraintes et opportunités spécifiques au contexte.

Des études ont été menées sur des communes où le maintien d’une agriculture à petite échelle est

stratégique, toutes ont comme point commun une densité de population qui dépassent les 500 habitants/km.

Ces communes connaissent un double mouvement de population. Le recul démographique parfois

encore observé reste une conséquence de la crise et de la conversion des activités industrielles traditionnelles. Pourtant, ces communes bénéficient de l’actuel engouement en faveur de l’habitat périurbain. Les nouveaux résidents, qui continuent à travailler à Lens ou Liévin, logent généralement dans de récents pavillons dont le nombre et la localisation sont dépendants des politiques municipales. Ce mouvement en direction des périphéries urbaines est facilité par la densité et la qualité du réseau routier. Alignées le long des routes ou regroupées en lotissements, les constructions récentes sont souvent réalisées aux dépens des terres agricoles.

Les exploitations agricoles sont immergées dans un contexte péri voir intra-urbain présentant tous les

inconvénients et avantages qui en découlent : emprises et pression foncières, obstacles au développement ou maintien des activités d’élevage, conflits de voisinage... d’une part; possibilité de développer des circuits courts de commercialisation, diversification par les activités de services, proximité des infrastructures d’expédition ou de transformation... d’autre part. Ces exploitations agricoles ont été également et sont encore soumises à un ensemble de contraintes et opportunités spécifiques au contexte minier et «post-minier».


54 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

La campagne Post-mine

De l’«ouvrier-paysans» à l’agriculteur.

La mine et surtout les activités induites constituaient un important potentiel de double-emploi pour les

agriculteurs. La majorité des d’exploitants agricoles était parallèlement marchands de charbon, ils pouvaient représenter le tiers des agriculteurs. Ils livraient le matin, s’adonnaient à la culture l’après-midi. Cette double activité a longtemps permis le maintien des plus petites structures agricoles. Néanmoins, quelques unes de ces exploitations ont dû fermer récemment.

Les « ouvriers paysans» étaient souvent à l’origine des agriculteurs à temps complet qui durant les

« Trente Glorieuses» répondirent favorablement aux offres d’emplois de l’industrie en plein essor. Ils se sont alors défaits de la plus grande partie de leurs superficies pour ne garder que quelques hectares exploitables le week-end. L’agriculture venait en complément de l’activité extérieure et non l’inverse. Ces petites unités ont toutes disparues lors de la retraite de l’exploitant. Il ne s’agissait pas là d’une double-activité dont l’objectif était le maintien des exploitations, mais d’un changement d’activité. La pluriactivité de l’ « ouvrier paysan» s’est ainsi faite aux dépens de l’agriculture.

Les mineurs étaient une source importante de main-d ‘œuvre pour les exploitations. Beaucoup réalisaient

leurs heures à la mine le matin avant de compléter leurs revenus par des travaux agricoles saisonniers. Ces mêmes mineurs représentaient un débouché assuré pour les productions agricoles. Ils vivaient dans des cités dépourvues de commerces. Les exploitants leurs vendaient sur une grande échelle porcs, pommes de terres... et produits nécessaires à l’entretien de petits élevages domestiques. Dans de telles conditions, une polyculture très diversifiée sur de petites structures s’est maintenue.

L’arrêt de l’activité houillère et la crise industrielle ont mis un terme à l’inégale concurrence entre agriculture

et emplois industriels, aux avantages en terme de main d’œuvre ou de commercialisation. La disparition des HBNPC ( les houillères du bassin du nord et du pas de calais ) a marqué également la fin des affaissements miniers ( parcelles impraticables, bâtiments endommagés...) et des emprises inhérentes à l’exploitation du charbon (fosses, habitats...). Elle entraîna, cependant, la cession des 5000 ha de terres de labours qu’elles avaient en propriété (réserves foncières facilitant les emprises en surface et l’exploitation du sous-sol). Ces terres sont encore aujourd’hui des lots cultivables que les communes peuvent louer à des exploitants agricoles. C’est dans ces parcelles qu’on peut instaurer une première dynamique agricole après les mines. Quelques terres ont pu être par ailleurs consacrées à l’implantation de zones d’activités et ainsi être confisquées aux exploitations familiales. Les agriculteurs conservent de la période minière une réelle expérience de la vente directe. Ce précédent constitue sans aucun doute un atout pour aujourd’hui profiter de l’attrait qu’exercent sur les consommateurs les circuits courts de commercialisation.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 55

La campagne Post-mine

Un espoir de reconversion.

Ces particularités locales, cette diversification des ateliers et cette « territorialisation» des exploitations

sont le résultat de la synergie qui a pu s’opérer entre des chefs d’exploitation qui ont développé un véritable esprit de groupe ou d’entraide et d’une politique municipale active en faveur du développement agricole (aides à la sortie des bâtiments agricoles du tissu urbain, achats de terres et redistribution de ces terres aux plus jeunes agriculteurs...). Ce dynamisme est né de la volonté du monde agricole de subsister face à l’important développement minier. Les surfaces disponibles par exploitation rendent ainsi difficile une spécialisation céréalière et obligent les exploitants à innover et tirer partie de la proximité urbaine.

Ville et agriculture entretiennent ici des relations de réciprocité et d’apports mutuels, relations impliquant

une intégration des exploitations à leur environnement périurbain et une territorialisation de leurs activités. Parce que l’agriculture remplit des fonctions urbaines ou sociales par le développement des activités de service, elle devient utile à la ville et peut alors s’intégrer à une politique globale de développement des territoires.

1

2

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4

(1) : Photo : enclave agricole du livre “ voyage entre terrils et cités“. (2) : Photo : champs cultivés au pied d’un terril du livre “ voyage entre terrils et cités“. (3) : Photo : l’élevage au pied d’un terril du livre “ voyage entre terrils et cités“. (4) : Photo : l’élevage au pied d’un terril du livre “ voyage entre terrils et cités“.


Entre mines et campagne : Zoom sur le cœur du territoire de l’Artois

+

AUCHEL

+

MARLES-LES-MINES

+

BRUAY

+

HALLICOURT


Isbergues Artois Flandres

OM

Artois Lys

DU

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Secteur Nord

CA DR

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Secteur Centre Béthune

Secteur Est

Auchel Bruay-laBuissière

Ancien Bassin Minier Secteur Sud

+

BETHUNE

+

NOEUX-LES-MINES

RT

Douvrin



RÉ ENCHANTER LA CAMPAGNE des mines . . aux champs D E UXIÈM E PART I E



DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 61

Ré-enchanter la campagne.

2-1 - Regards sur les «visionnaires» de la campagne. «Broadacre City» de Frank Lloyd Wright.

L’utopie de Broadacre a été développée par Wright dans trois livres succes­sifs et illustré par une

maquette géante. Broadacre est la cité naturelle de la liberté dans l’espace, autour de routes géantes, qui sont elles-mêmes de la grande architecture, qui passent devant des stations services publiques qui comprennent tous les services nécessaires pour les voyageurs, elle est structurée autour d’unités fonctionnelles diverses et dispersées.

Cette ville est conçue comme « campagnarde » structurée autour de hameaux agricoles avec centres

régionaux nécessitant une population habituée à la vie rurale. La cité se construit autour d’un ensemble de demeures individuelles. Une stricte application de la décentralisation qui en ce sens « nie » la ville classique. La décentralisation atteint le point où la distinction entre rural et urbain n’existe plus. Le travail de l’homme ne peut donc plus se lire que comme un élément naturel du paysage.

Elle se rapproche de la vision prospective selon laquelle « cultiver » en ville permettrait à la fois de

limiter la quantité de déplacements de marchandises pour nourrir des populations urbaines mais le concept où chacun travaille son lopin de terre n’est pas réaliste. Il s’inscrit dans la vision que Wright avait de la ville moderne, très négative, puisque selon lui celle-ci a un effet corrupteur sur l’homme (avidité, violence).

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(1) : Maquette en bois peint du projet Broadacre city. (2) : Dessin de Frank Lloyd Wright illustrant le projet Broadacre city.


62 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Ré-enchanter la campagne.

«Ex nihilo» de Tony Garnier.

Tony Garnier a dessiné une Cité industrielle immense, de plus de 30 000 habitants, organisée suivant

les principes hygiénistes, dotée de toutes les structures et bâtiments administratifs, industriels, commerciaux, agricoles, éducatifs, hospitaliers nécessaires à son autonomie et reliée par des routes, fleuve et voies ferrées à son environnement. Cette cité étendue sur plus de 10 Km, située quelque part entre Lyon et St-Etienne aborde toutes les échelles de l’intervention humaine sur son cadre de vie : le territoire, la ville, le quartier, le bâtiment, le mobilier.

Tony Garnier décrit la cité industrielle en la décomposant en trois principales zones : la ville, le complexe

industriel et les établissements sanitaires. Il développe des principes sociaux dans ce premier schéma, ainsi il élimine courettes et jardinets du projet pour exprimer son refus de la propriété privée. Garnier rend également la moitié de chaque parcelle en surface, en jardin public accessible à tous. Le Grand Hornu

Le développement sans cesse croissant des charbonnages exigeant une main-d’œuvre de plus en plus

nombreuse et de plus en plus difficile à recruter, les exploitants des charbonnages favorisaient la construction de vastes cités ouvrières. Parmi celles du début du siècle dernier, il faut noter la cité du Grand Hornu, située sur la route de Mons à Boussu. L’ensemble des constructions régulières et bien alignées bordaient la route sur la gauche, entourant une plaine plantée d’arbres et appelées autrefois plage d’Orange. Ces habitations construites étaient destinées pour les ouvriers des Charbonnages du Grand Hornu. Au moment où l’activité minière s’agrandit et où le nombre d’ouvriers s’accroît, on décide de construire un nombre d’installations de bain, une salle de fêtes et une vaste école mixte où plus de deux cents enfants suivaient les cours. Les toits des habitations, à l’origine, étaient plats; ce n’est que plus tard qu’on construisit les toitures, ce qui donna lieu à de nombreuses querelles entre voisins, les greniers n’étant pas séparés.

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(1) : une cité industrielle, vue d’ensemble, les services publics, aquarelle. (2) : Une cité industrielle, usine métallurgique, vue des hauts fourneaux, aquarelle.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 63

Ré-enchanter la campagne.

Les rangées de ces maisons de mineurs ne traduisent qu’un souci pra­tique peut-être pour l’usager,

rentable sans doute pour l’exploitant.

New Babylon.

New Babylon est un projet utopique d’urbanisme développé dans les années 60 par Constant Anton

Nieuwenhuys. Ce projet découle de son constat d’un urbanisme en péril. Nieuwenhuys perçoit l’urbanisme de son époque comme basé sur un système de crise, se contentant de faire face aux besoins mais ne se projetant pas dans l’avenir : s’il manque des logements, on en construit ; s’il y a des bouchons, on construit une autoroute. Il perçoit les habitations comme des masses de béton où l’on meurt d’ennui. Cet urbanisme lui semble se plier aux conditions de vie préexistantes : voitures, commerce, tourisme, où toute préoccupation ludique est absente.

En conséquence, Constant se met à rêver d’un nouvel « urbanisme fait pour plaire ». Il le projette

d’abord sur la Lune car il trouve plus facile d’y installer un nouvel habitat puisqu’il n’y a pas encore de mode d’urbanisme et de vie sur ce terrain. La question des cités abritées sur d’autres planètes annonce pour lui le type d’urbanisme du futur. Son utopie lui paraît plus complexe à appliquer sur la Terre car elle nécessite une révolution des mentalités pour exister.

Dans ce contexte, la société serait libérée de l’aliénation du travail et de la productivité. Le loisir, seule

occupation de l’Homme, laisserait s’exprimer l’artiste qui sommeille en chacun, la créativité devenant alors un moyen d’exister et de s’épanouir.

Pour cela, Constant imagine une ville sociale qui rapprocherait les hommes les uns des autres. À

l’inverse des villes modernes qui divisent les hommes par de grands espaces verts, il imagine une construction spatiale continue, dégagée du sol, qui comprendrait les groupes de logements ainsi que les espaces publics.

La ville lui apparaît comme construite telle une macro-structure à l’échelle du paysage. Il décompose

l’espace urbain en plusieurs couches ou strates : une ville bâtie ( sous-sol, étages ), une ville sociale ( parterre et terrasse ) et les circulations rapides au sol. 1

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(1) : La grande cour intérieure du Grand Hornu (2) : Vue aérienne du Grand Hornu.


64 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Ré-enchanter la campagne.

Constant isole la ville du monde de la nature pour que ses habitants puissent imaginer et construire

la ville de leurs rêves sans contraintes. Son épaisseur et ses dimensions permettent une isolation totale de l’intérieur de la macro structure. Il y a dans le projet de Constant une volonté de vaincre la nature et de soumettre le climat, l’éclairage, le bruit des espaces intérieurs à la volonté de l’homme.

Les habitants sont donc tenus de créer l’ambiance de leur ville. Celle-ci est organisée en blocs et

secteurs d’échelle monumentales par rapport aux bâtiments d’une ville actuelle. Ils forment un réseau d’unités et d’entités socioculturelles. Les services et logements sont intégrés relient les différents secteurs tandis que les unités de productions automatisées sont disposées à l’extérieur de la ville. La spatialité devient sociale. La ville un labyrinthe dynamique. Constant résume son projet par une phrase : « Rêve fantaisiste réalisable du point de vue technique, souhaitable du point de vue humain et indispensable du point de vue social. »

«Phalanstère» de Charles Fourier.

Fourier avait prévu de longue date l’architecture et le fonctionnement de la communauté idéale de

l’avenir, à laquelle il avait donné le nom de «Phalanstère». Ce majestueux palais social imaginaire, à mi-chemin entre le Palais-Royal de Paris et le château de Versailles se veut dessiné pour «l’homme», et pas seulement «quelques hommes».

À la fois lieu de vie, de travail et d’agrément, il se suffit à lui-même, tout en favorisant l’ouverture sur le

dehors, à l’image des relations entre individus, pacifiées par la parfaite adéquation, pour chacun, de sa situation à ses passions, l’ordre qui se dégage de cette construction est : les galeries de circulation, aérées et chauffées, y sont omniprésentes; ateliers, appartements et lieux de divertissement y sont contigus et même imbriqués, seules les activités bruyantes ou insalubres étant excentrées. «Tour d’ordre» et bourse constituent le cœur de ce système, dont la richesse, voire le luxe, en tout cas l’abondance, sont un des résultats. Par là, cette architecture n’est autre que l’expression achevée d’une architectonique, cet urbanisme sans ville au sens habituel du terme est un moyen de développer l’urbanité de ses habitants. Faute de «capitaliste» assez audacieux pour investir dans cette réalisation, aucun phalanstère ne vit le jour. Plus tard on verra la construction du familistère à Guise qui prend source de la théorie du phalanstère.

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(1) : Symbolische voorstelling van New Babylon, 1969 Collage (2) : Constant Nieuwenhuys - New Babylon, 1971


Ré-enchanter la campagne.

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DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 65

(1) : Le phalanstère rêvé, aquarelle. (2) : L’atrium principal dans son état actuel du Familistère de Guise réalisé par Jean-Baptiste Godin.


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Plan du phalanstère

Ré-enchanter la campagne.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 67

Ré-enchanter la campagne.

Plan des logements familistère de Guise.

Logement type 01

Logement type 02

Logement type 03

Coupe sur le familistère de guise


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Ré-enchanter la campagne.

2-2 - Valoriser l’échelle locale. La pratique des circuits courts de commercialisation.

Plus de 70 %, utilisent un circuit court de commercialisation ( producteurs de pommes de terre sur,

«laitiers», les éleveurs de volailles, les producteurs de fleurs...). Les agriculteurs concernés bénéficient du potentiel de consommation offert par les fortes densités, du recul du commerce alimentaire, des traditions locales d’achat direct aux exploitants et de l’actuel mouvement en faveur de la « vente à la ferme ».

Les circuits courts les plus fréquents sont ceux de la vente au détail au consommateur. La majorité des

exploitants réalise ces ventes dans une pièce du corps de ferme non spécifiquement aménagée. Une partie des agriculteurs investissent dans des « magasins ». Une autre partie plus minoritaire les ont acquis en dehors des bâtiments agricoles. Aux ventes à la ferme ou dans un magasin situé en centre-ville, s’ajoutent les tournées. Ces tournées sont souvent réalisées dans les corons ou les cités dépourvues de commerces. Plus rarement, les exploitants vont sur les marchés locaux ou écoulent leurs marchandises auprès de magasins d’alimentation.

Sur les exploitations pratiquant la vente directe dans les communes de l’Artois, la majorité propose à

la vente qu’un seul ou deux produits à la fois. On observe à-travers cela un manque de diversité des produits et de coordination entre les agriculteurs dans le but de survivre face aux grandes surfaces de vente. Le point commun entre ces exploitations est une spécialisation céréalière poussée et l’abandon au cours de la dernière décennie de l’élevage ou des productions légumières. Ces exploitations agricoles doivent changer leur modèle économique et vendre leur production exclusivement aux consommateurs. Les agriculteurs ne parviennent à ce jour à écouler directement aux consommateurs que l’équivalent d’un hectare par agriculteur. Ce qui pour une exploitation d’une centaine d’hectares peut ne représenter que 4% du chiffre d’affaire.

La vente au détail reste essentiellement une affaire individuelle. Il n’existe pas de véritable magasin

commun à plusieurs exploitations. Les points de vente ne font pas l’objet de publicités, pas même sous la forme de « papiers» distribués dans les boites aux lettres. Ils sont généralement signalés par de simples panneaux disposés devant le siège de l’exploitation. Les exploitants comptent sur les habitudes familiales et le bouche-àoreille. On peut dans ce cas proposer un lieu où les producteurs pourront se rassembler et être visible avec les mêmes services de la grande distribution. Ce lieu contribuera à changer les mentalités et à renforcer la culture de la vente directe ( du producteur au consommateur ).

Très peu d’exploitations agricole développent une activité d’accueil: un agriculteur prend en pension

une vingtaine de chevaux. Aucun autre service d’accueil (logement, restauration à la ferme, visites... ) n’est proposé. La modestie de la majorité des points de vente directe n’est pas compensée par le développement d’activités d’hébergement. L’agriculture tend à négliger le potentiel urbain et à se détacher de son territoire marchand. Elle reste néanmoins attachée à un territoire pénalisant (incertitude foncière, fractionnement de la SAU... ).


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 69

Ré-enchanter la campagne.

L’AMAP

Une AMAP naît de la rencontre d’un groupe de consommateurs et d’un producteur prêts à entrer dans la

démarche. Ils établissent entre eux un contrat où ils définissent la diversité et la quantité de denrées à produire. De manière périodique, le producteur met les produits frais à disposition des partenaires qui constituent leur panier. L’idée étant que tout ce qui est produit doit être consommé ( alors que dans une production industrialisé jusqu’à 60% de la production peut rester au champs ).

Le groupe de consommateurs et l’agriculteur se mettent également d’accord sur les méthodes

agronomiques à employer. Ces dernières s’inspirent de la charte de l’agriculture paysanne et du cahier des charges de l’agriculture biologique. Les participants de l’AMAP recherche des aliments sains, produits dans le respect de l’Homme et de la biodiversité.

De part ce partenariat de proximité entre producteur et consommateurs, les AMAP favorisent le

dialogue social entre la ville et la campagne et facilite l’usage des espaces agricoles tout en créant de l’emploi. Les consommateurs se retrouvent au centre d’une action citoyenne en soutenant directement des agriculteurs locaux.

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(1) : Le phalanstère rêvé, aquarelle. (2) : L’atrium principal dans son état actuel du Familistère de Guise réalisé par Jean-Baptiste Godin.


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Ré-enchanter la campagne.

2-3 - Conforter les centralités dans le territoire.

On parle également de centralité diffuse en contradiction avec le schéma classique. En effet, la

centralité longtemps incontournable de l’agencement spatial des sociétés a été bousculée par les mutations urbaines récentes. La recherche du «centre unique» semble perdre de son sens. La centralité semble aujourd’hui une illusion qui perd de sa puissance. La constitution d’un centre a cependant une fonction symbolique autravers d’une action visible qui tient à la représentation de l’espace commun quand celle ci n’émerge pas des «centralités de figure» non investies par des leviers sociaux.

«Chaque lieu a une signification qui dépasse celle de sa description. Chaque lieu est source de

représentations mentales qui incluent des jugements de valeur par rapport à des référents culturels au sens le plus large. Ces représentations ont une dimension symbolique. Un symbole est un objet spatial intégrant une dimension signifiante au-delà d’une simple fonction organisatrice ; il y a espace symbolique dès qu’un lieu est chargé d’une signification « collectivement et volontairement élaborée » (Monnet)

La centralité urbaine ne se limite pas aux espaces particuliers identifiés comme centraux, mais peut se

trouver distribuée sous diverses formes dans tout l’espace urbain. On peut définir la centralité comme une qualité attribuée à un espace et non comme l’attribut d’un lieu. Quel acteur géographique accorde quel sens et quelle localisation à cette qualité? Cette question nous amène à percevoir différemment l’attribution d’une qualité ou valeur à l’organisation spécifique d’un lieu dit central ou d’un type de lieu (les espaces centraux). Différents regards produisant différentes centralités, on peut se demander quelles sont les relations entre elles, et en particulier quel rôle joue la centralité symbolique dans l’établissement de la centralité urbaine globale.

La notion de centralité secondaire reste intéressante dans certain cas, il n’est plus question de fabriquer

des centralités afin de congestionner les villes traditionnelles, de réguler les effets de concentration et de diminuer les forces centripètes mais au contraire de les susciter afin de réactiver des centres mourants et freiner les dispersions et l’étalement urbain. La centralité devient là une ressource urbaine pour favoriser un développement durable. L’élément essentiel de la centralité est l’interaction sociale dans un lieu privilégié où la proximité entre les Hommes et les activités développe un échange et confrontation.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 71

Ré-enchanter la campagne.

Persistance des schémas spatiaux de la centralité l’espace de la communauté préindustrielle

la société industrielle et la ville linéaire dans le monde moderne

la « voie lactée » de la StadtLandschaft (ville-paysage).

Illustration : Rudolf Schwarz, Von der Bebauung der Erde


Ré-enchanter la campagne.

72 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

2-4 - S’appuyer sur le terril : du stérile au «fertile». Des sculptures faites par le temps.

L’activité du passé a fait surgir de terre des résidus miniers appelés «terrils». Plus de 300 terrils forment

une famille avec une diversité de morphologie, du conique, au cavalier en passant par le terril plat. Des ouvrages combinés de l’homme et la nature formant un paysage classé comme patrimoine par l’Unesco. Ces éléments structurent le territoire et présentent des avantages qu’on tend aujourd’hui à exploiter.

Les terrils ont été élaborés avec des formes différentes suivant les époques, la nature des sols et les

moyens techniques. Aux 18e et 19e siècles les outils pour l’édification ne permettaient pas d’atteindre des dimensions importantes, on préférait étaler les résidus tout au long du chemin de fer, ce qui a engendré des terrils longs de plus de 300m et avec une hauteur de 10m formant ainsi des “limites“ dans le territoire. L’évolution de la mécanisation a permis de s’élever dans le ciel et de réduire l’emprise au sol et les acquisitions foncières onéreuses notamment sur les riches plaines agricoles. Ces derniers atteignent plus de 100 d’altitude pour un volume de 3 millions de mètres cubes. Les formes de ces vestiges traduisent en réalité la mémoire du lieu ( les terrils les plus hauts sont les plus récents ).

On retrouve les terrils intacts qui ont résisté au temps et des terrils disparus ou qui ne sont plus

perceptibles sous les aménagements actuels du territoire. De nombreux terrils sont aujourd’hui réexploités pour la valorisation économique des matériaux dont ils disposent. Lors de l’épuisement de ces ressources le terril prend la forme de cratère. Une catégorie de terrils sont actuellement porteurs du statut “conflit sur le devenir“ et engendrent des réflexions sur leurs requalifications. Quelques projets ont déjà vu le jour comme le terril à Noeux-les-Mines métamorphosé en piste de ski et le terril 163 à Denain aménagé en parc de loisirs.

Terril conique.

Terril long et plat.

Terril tronqué.

Terril plateau.

Terril butte.

Terril grand moderne.


Ré-enchanter la campagne.

DROIT DE CITÉ : L’envers des minesde ...la aux champs - 73 campagne.

Faune et Flore.

Au fil du temps, les terrils se sont adaptés à l’environnement et ont constitué une faune et une flore

importante. Il faut savoir que le terril n’est pas un milieu naturel, mais plutôt un espace devenu naturel sur lequel la nature prend petit à petit ses droits. Ce sont les caractères spécifiques du terril qui engendrent les conditions au développement d’espèces animales et végétales comme sa forme, la composition du sol, la pente qui varie entre 30 et 40 degrés et favorise le ruissellement et l’humidification du sol. “L’orientation“ joue un rôle influant sur la disposition de la flore. Ainsi, sur l’orientation sud, l’ensoleillement et la température chaude favorisée par la couleur noire du terril sont propices au développement des plantes méditerranéennes. On dit que deux civilisations se rejoignent sur le terril, la méditerranéenne sur le flanc Sud et la Nordique sur le flanc Nord. La granulométrie varie selon les terrils, on retrouve des compositions à base de sable, d’argile, de grès ou encore de schiste noir ou rouge. La consommation du charbon en son cœur augmente la température du sol jusqu’à 6 degrés de plus que sur les plaines agricoles.

Terrils et agriculture.

La reconversion des terrils en espaces cultivés ( agricoles ) est une vision plausible avec des avantages

économiques, sociaux et environnementaux. Des expérimentations prometteuses ont étés menées ces dernières années, notamment au Sud de la Belgique. Toutes les conditions sont présentes sur le terril pour favoriser l’implantation d’une production agricole spécifique. Deux initiatives sont présentées ci-dessous, la première avec la mise en œuvre de vignes et la deuxième avec l’installation d’une production de miel. Ces productions présentent des données économiques favorables qu’on peut jumeler avec l’activité habituelle d’un éleveur ou d’un petit agriculteur. On atteint dans cette configuration un équilibre financier pour les paysans. Cette diversification de production remplace des activités en déclin comme la production de lait.

Exemple du terril vignoble.

Les vignes d’Haillicourt sont une première en France. 3000 pieds de Chardonnay ont été plantés sur le

terril à 100 mètres de hauteur. Cette reconversion a donné ses fruits cette année ( 2014 ), un vin blanc avec du caractère issu de la particularité du sol, de l’exposition au soleil des racines sur le côté Sud du terril. L’expérience met en avant les avantages d’une agriculture sur terrils ( avantage thermiques, d’ensoleillement, de qualité du sol ... ). L’altitude joue un rôle important, car à 100m d’altitude il y a beaucoup de vent ce qui réduit les risques de maladies et de pourrissement en fin de maturité.

C’est un viticulteur charentais natif du bassin minier qui s’est lancé dans l’aventure avec le soutien de la

commune d’Haillicourt qui lui a facilité l’accession du terril et le travail de maintenance. «On n’a jamais vu autant de rassemblement sur un terril. Comme aurait pu le chanter Bachelet : Au Nord c’étaient les corons, la terre c’était le charbon, il y aura les vignerons!» ( Habitante de la commune )


74 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Ré-enchanter la campagne.

En France, deux régions considérées comme non viticoles, n’ont pas l’autorisation de commercialiser

le vin de leurs terres ( la Bretagne, le Nord-Pas-De-Calais ). La réussite de ce terril viticole ouvre la porte au développement de vignes dans la région.

L’exemple du terril ruche.

Si le flanc Sud du terril présente tous les atouts pour faire pousser de la vigne, que faire du flanc Nord

? Peut-être de l’apiculture...

L’abeille est un baromètre de la qualité de vie et le premier pollinisateur. On peut envisager la plantation

de la fleur d’or ( fleure de Lys ) qui s’adapte parfaitement au terril côté Nord. Les ruches seront installées au sommet et au pied du vignoble pour favoriser le développement du raisin et les autres légumes maraîchères.

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(1) : Terril d’Hallicourt métamorphosé en vignoble. Photo par Philippe Frutier. (2) : Les vendanges à Haillicourt . Photo par MAXPPP. (3) : Vue depuis le terril de Haillicourt . Photo par MAXPPP. (4) : Plantation des pieds de vigne à Haillicourt . Photo par MAXPPP.


Ré-enchanter la campagne.

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 75


76 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Les terrils : un potentiel agricole et environnemental.

Terril n° 98 dit 24 Nord de Courrières, fosse n° 24 - 25 de la Compagnie des mines de Courrières

Le Terril de Sabatier et l’Etang des Trois Mortiers

Ré-enchanter la campagne.


Ré-enchanter la campagne.

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 77

Les terrils : un potentiel de centralité territoriale.

Le terril de Loos-en-Gohelle : Un point de rassemblement pour tous les habitants du territoire minier.

Le terril de Noeux-les-mines : transformé en piste de ski dans un complexe ( Loisinord ).


78 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Ré-enchanter la campagne.

2-5 - S’inscrire dans les interstices. Une géomorphologie variée. Le plateau vallonné de l’Artois :

Dans la partie Sud de l’Artois, la formation géologique de la craie, perméable et facilement soluble,

forme le sous-sol du plateau. La nappe d’eau souterraine y est libre et affleurante. Ainsi, de nombreuses sources jaillissent dans le secteur des collines de l’Artois et viennent alimenter les petits cours d’eau temporaires ou pérennes, affluents des rivières de la Clarence, de la Busne, de la Lawe, de la Nave, de la Loisne, du Surgeon... Ces cours d’eau, au profil assez raide à leur source, viennent éroder la craie soluble en direction du Nord-Est pour former des vallées étroites. L’action érosive de ces cours d’eau entaillant les collines crayeuses offre un relief très vallonné au sud de l’Artois. Le glacis de transition boisé :

Ce relief tend à s’adoucir en direction du Nord-Est pour former un glacis de transition entre les

vallonnements des collines de l’Artois et la vaste plaine de la Lys où l’horizontalité domine. À une époque lointaine, les forêts devaient en grande partie recouvrir les collines de l’Artois et le glacis de transition, dont il ne reste à présent que des reliques telles que la Forêt d’Ohlain ou le Bois des Dames. La plaine alluviale de la lys :

Dans la partie Nord de l’Artois, les profils des cours d’eau s’aplanissent en arrivant dans la plaine

de la Lys. La vieille Lys (située à la limite Nord du territoire de l’Artois) a d’ailleurs conservé son parcours méandriforme. Cette plaine d’inondation à la morphologie parfaitement plane et la faible perméabilité est issue d’un phénomène de remplissage alluvionnaire induit par l’affaissement très lent de la partie Nord de l’Artois.

«L’artésiannisme», qui a tiré son nom du secteur de l’Artois, y est très présent. C’est un phénomène

hydraulique issu de la mise en pression de la nappe souterraine par la couche d’Argile de Louvil. La nappe d’eau est dite «captive» et le percement de la couche étanche occasionne le jaillissement de l’eau à la surface.

À l’origine la plaine de la Lys devait être sculptée par l’eau et ponctuée de nombreux marais. Mais les

cours d’eau ont été endigués et un important réseau de drainage a été planifié à partir du Xème siècle pour les besoins agricoles, puis de l’industrie et de l’urbanisme. De nos jours, de nombreuses zones humides ont été réduites par l’assèchement de la plaine, mais la présence de l’eau y est toujours lisible.

Un territoire modelé par l’homme.

Dans le cas de certains secteurs très urbanisés, ce sont véritablement les éléments de l’activité

humaine qui ont façonné les paysages tant à la surface qu’en profondeur. On rencontre dans ce territoire les marques laissées par l’homme que se soit par la création d’infrastructures de communication, la modification de l’environnement pour le rendre habitable, l’implantation des industries ou les traces des événements historiques.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 79

Ré-enchanter la campagne.

Dans la plaine de la Lys, la problématique de gestion de l’eau a sculpté le paysage. Les terres ont été

drainées et les cours d’eau endigués en canaux dès le Moyen-Âge. Une urbanisation dispersée, contrainte par l’eau, s’y est développée aux abords des routes. Les infrastructures de transport gravent définitivement leurs sillons sur les paysages, à commencer par la chaussée Brunehaut qui laisse sa marque rectiligne sur le plateau de l’Artois. À la suite ont été construites les routes nationales (n°41 et 43), le canal d’Aire à La Bassée et plus récemment l’A26,aussi appelée « autoroute des Anglais ». Ces axes de circulation ont tous une orientation Nord-Ouest/Sud-Est.

Plus que tout autre paysage de l’Artois, l’ancien Bassin Minier est le territoire qui a le plus subi l’influence

humaine. L’implantation des exploitations houillères a considérablement modifié les paysages. De nombreuses cités minières sont venues s’agglomérer aux villages ruraux de la Gohelle et du Bruaysis pour former une conurbation continue et un patchwork de cités minières et de cœurs de village. Les équipements et les édifices religieux ont été bâtis en complément. Un réseau dense de voies ferrées, appelés cavaliers, a été tracé pour les nécessités du transport de la houille. Des monts noirs, appelés terrils, se sont élevés sous l’accumulation de déblais engendrés par le creusement et la production houillère.

L’exploitation du charbon souterrain a également modifié en profondeur les paysages, car elle a engendré

un affaissement généralisé du Bassin Minier, entraînant localement une inversion du sens d’écoulement des rivières ou la nécessité de les surélever. Enfin l’approvisionnement en charbon a été l’un des enjeux phares des batailles de la 1ère Guerre Mondiale qui a laissé sa marque sur la plaine de la Gohelle, où de nombreux cimetières ponctuent le paysage.

Géomorphologie du territoire de l’Artois

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LE PAYS D’AIRE LE BAS-PAYS

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LES PAYSAGES DU BASSIN MINIER

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Bruay-laBuissière Noeuxles-Mines

cours d’eau commune principale

LES COLLINES DE L’ARTOIS

altitude (en m) :

2 km 220 170 150 130 115 100 75 55

30

15 - 2

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Ré-enchanter la campagne.

80 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Le travail de redéfinition des limites de chaque unité et entité paysagère s’est appuyé sur les cartographies

du relief, de l’hydrographie, de l’occupation du sol, de l’implantation urbaine, ainsi que de la présence de patrimoine minier, de zones industrielles... En effet, certaines entités qui disposent de caractéristiques urbaines, ont été définies en observant la frontière entre l’espace urbain et rural. La tâche urbaine en s’étalant de manière tentaculaire forme un «continuum urbain» le long des voies de communications. La limite de cette agrégation urbaine a permis de borner les entités urbaines telles que le Béthunois ou le cœur dense du Bassin Minier. Les autres entités aux spécificités plus naturelles ont gardé des critères de définition plus géographiques. Leurs limites ont été dessinées en fonction du relief, des accidents géologiques, de la prédominance de pâtures ou de boisements...

Les nombreux visages du territoire de l’Artois. LE BAS-PAYS La Lys industrielle Le Bas-Pays rural Le Bas-Pays résidentiel

La Lys industrielle Isbergues

Le Bas Pays d'Aire

Le Bas-Pays rural

LE BAS-PAYS

LE PAYS D’AIRE

Le Bas-Pays résidentiel Le Haut Pays d'Aire

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Le Bas-Pays résidentiel

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LE PAYS D’AIRE

L'agglomération Béthunoise

Le Haut Pays d’Aire Le Bas Pays d’Aire

LE BASSIN MINIER

Bruay-laBuissière

La Gohelle entre mine et campagne

La rupture boisée et agricole Noeuxles-Mines

Le Bassin Minier dense et vallonné

LE BASSIN MINIER

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Le Bassin Minier dense et vallonné La rupture boisée et agricole L’agglomération Béthunoise La Gohelle entre mine et campagne

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IS LES COLLINES DE L’ARTOIS

3 km

limite d’unité paysagère limite d’entité paysagère prairies

espace industrialisé emprise commerciale espace bâti

espace boisé

cité minière

terril espace associé aux terrils espace en eau cours d’eau


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 81

Ré-enchanter la campagne.

Le premier interstice est celui de la rupture boisée et agricole entre l’agglomération Béthunoise et l’axe

minier dense. L’enjeu ici est d’importance territoriale et de maitrise du foncier agricole. Le deuxième interstice est celui qui se situe entre deux vallées, celle de la Lawe du coté de Bruay-La-Buissière et de la Clarence du côté de Marles-Les-Mines. L’enjeu ici est de structurer l’urbanisation en patchwork sur l’axe minier.

La géographie de ce territoire est sa particularité offre des opportunités à saisir pour métamorphoser ce

le territoire de l’Artois. Entre lisière urbaine et lisière naturelle, entre mines et campagne, des territoires

s

nouveaux se dessinent à plusieurs échelles pour anticiper un avenir qui s’ouvre vers l’agriculture lle sans tourner

e

m

r Ve

le dos à la mémoire et au passé de ces «milieux».

Béthune

ère urba Lisi ine

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Noeuxles-Mines

La rupture boisée et agricole

u relle

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L'agglomération Béthunoise

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Le bassin minier dense et vallonné

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de

La Gohelle entre mine et campagne Vermelles

La rupture boisée ne bai et agricole ur Bruay-laBuissière Noeuxeclave agricole les-Mines Le bassin minier dense et vallonné

Les Collines de l'Artois

N

intention : projets d’équipements. intention : projet coopératives agricoles.


Trois enclaves agricoles à requalifier.

+

AUCHEL

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MARLES-LES-MINES

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+

NOEUX-LES-MINES

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Douvrin



ÉQUIPER LE TERRITOIRE des mines . . aux champs T R O I S IÈ M E PART I E



DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 87

Équiper le territoire.

3-1 - ...par l’articulation de la mobilité dans l’Artois. Instaurer un transport territorial : la boucle de l’Artois.

Parmi les atouts à prendre en compte dans le schéma d’un parc agricole, le tissu de déplacement que

cela soit les routes pour les véhicules ou bien les chemins piétons...

Autour du parc agricole, une route nommée «La boucle de l’Artois» sera la voie de la réussite d’un

développement urbain qui ne tourne pas le dos à la mémoire du lieu et au contexte rural. Englobant le Parc agricole, la boucle de l’Artois emprunte un réseau existant.

Des départementales aux cavaliers miniers réaménagés en passant par chemins, lisières et berges,

une diversité de séquences rythme la boucle. Ce tracé symbolise un cordon qui trouve les points relais et des liens dans les ruptures urbaines. Il rapproche la multitudes d’exploitations agricoles avec d’une part les différentes zones d’activités et industrielles et d’autre part les centralités autour des terrils.

La boucle de l’Artois sera raccordée à l’armature du futur site propre qui traverse le bassin minier d’Est

en Ouest. Par ce moyen de transport, on peut envisager d’agir sur la géographie de ce territoire.

Séquence : route nationale. Cette séquence marque la liaison entre

lle

voie conçue en site propre en élargissant la voie existante sur un trajet de 10Km. La commune de Lillers est connue pour son activité agroalimentaire avec notamment des sucreries et des distilleries qui peuvent transformer les récoltes de betteraves et de pommes de terres produites essentiellement à proximité de l’axe minier. On compte également plusieurs hameaux dans la commune avec des exploitations agricoles qu’on peut rapprocher des centres urbains avec ce tracé de transport.

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Béthune et l’Ouest qu’on peut proposer une

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symbolise la liaison entre l’agglomération de

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Béthune. C’est sur cet axe très emprunté qui

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la ville de Lillers et Annezin aux portes de

Béthune


Équiper le territoire.

88 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Séquences : routes départementales. Ces axes traversent majoritairement cités Li lle r

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minières et corons. Le tracé Lillers/Auchel

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pouvoir se relier à l’axe minier.

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passe par de nombreux villages qui vont

Béthune

La nature des zones traversées ne permet he

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a largement fait ses preuves dans des

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transport régulier en minibus. Ce système

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tramway. L’idée est de promouvoir un

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pas de développer un site propre ou un

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contextes ruraux ou partiellement urbanisé.

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Séquence : route communale. Ces routes jouent un rôle important dans le quotidien des agriculteurs de l’Est de la Boucle. Elles relient les principales communes de cette zone entre elles

Béthune

sans traverser les espaces d’habitations le

déplacement

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véhicules agricoles.

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Cependant, la région peut investir pour es

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eux même.

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sont souvent réalisées par les agriculteurs

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On peut noter que l’entretien de ces voiries

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favoriser sur ces tracés un transport propre.

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marchandises

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et ainsi elles permettent le transport de


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 89

Équiper le territoire.

Séquence : berges. Deux

tracés

le

long

des

berges

respectivement à Béthune le long du Canal d’Aire et à Bruay-La-Buissière le long de la Lawe peuvent être des séquences de

Béthune

promenades et de loisir tout en incluant des

Beuvry

moyens de transports ( vélo, station de bus

Br ua

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et parkings relais...) Ces séquences généreront autour d’elles des pôles de loisirs à proximité des deux communes les plus peuplés du territoire de l’Artois.

Séquence : cavalier minier. Les cavaliers étaient des voies privées sur lesquelles les concessionnaires des droits d’exploitation transportaient le charbon. Une partie du foncier de l’ancien réseau des

Béthune

cavaliers miniers a été vendu aux communes ou utilisés par les riverains (comme jardin ou in es

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des

cavaliers

miniers

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présentent un réel un enjeu de mobilité

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séquences

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mise en culture agricole).

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piétonne.

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d’un réseau cyclable et de promenade

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de reconversion proposent la mise en œuvre

Bu

essentiellement sur l’axe minier. Des projets

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Équiper le territoire.

90 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Séquence : Tramway. Après des années de concertation et de planification des projets de lignes de tramway vont voir prochainement le jour le long du bassin minier. Dans le territoire de

Béthune

l’Artois, la principale ligne reliera Béthune

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les habitants. Elle permettra de réorganiser

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Cette infrastructure est très attendue par

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au Nord avec Bruay au Sud ( axe minier ).

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transversalement les déplacements.

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Le projet prévoit le prolongement de la ligne

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jusqu’à Haillicourt d’un coté, et Auchel d’un autre. Une déviation vers Noeux-lès-mines reste envisageable. Il est donc important de réussir le raccordement entre la boucle de l’Artois proposée et les futurs lignes de tramway.

La boucle de l’Artois supporte les déplacements depuis les différents secteurs de l’Artois.

Lorsqu’on représente les flux de déplacements mécanisés, on remarque que ceux-ci reflètent fortement

l’organisation du tissu urbain (organisation des villes en réseau) ainsi que le phénomène de périurbanisation (développement de l’habitat en milieu rural) qui touche le territoire de l’Artois. La boucle de l’Artois se veut être un moyen efficace pour gérer ces différents flux et structurer d’avantage le territoire. Arrondissement de Saint-Omer

13-Artois Flandres (25 000)

Arrondissement de Lille

12-Périphérie de Lillers (25 000)

02-Périphérie de Béthune (55 000)

11-Lillers (14 000)

N

0

2,5

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04-Périphérie de Bruay (43 000)

Km

Secteurs d'étude de l'EMD Volume des flux journaliers entre deux secteurs en nombre de déplacements (dans les deux sens) 10 000 30 000 40 000

10-Auchel Marles (47 000)

01-Béthune (51 000) 05-Est Artois Comm. (35 000)

03-Bruay (44 000) 07-Nœux (15 000)

à l'intérieur du même secteur en nombre de déplacements. Exemple : 10-Auchel Marles (47 000)

06-Nord Est Artois Comm. (16 000)

08-Barlin Hersin (18 000) 09-Sud Artois Comm. (4 000)

Arrondissement de Lens


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 91

Équiper le territoire.

Lille

Lille

Articuler le réseau de l’Artois avec le site propre du bassin minier. s

le lle Lil uxe Br

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Lens

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Axes autoroutiers

Espace de préfiguration d’un Transport en Site Propre

Porte d’agglomération

Axes structurants

Boucle de l’Artois ( projet )

Entrée d’agglomération

Ligne TER

Réseau «site propre»

Canaux

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S’appuyer sur le réseau existant pour un schéma de transport à plusieurs séquences.

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Équiper le territoire.

92 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Instaurer un parcours de transport cyclable entre les trois enclaves agricoles. Béthune

Auchel

Enclave03

Marles-Les-Mines Enclave01

Enclave02

Bruay-La-Buissière

Haillicourt

Réseau cyclable La Boucle de l’Artois

Conforter le projet de liaison tramway entre Béthune (chef-lieu) et Bruay (axe minier). Béthune Beuvry Fouquiéres-Les-Béthune

Gosnay

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Hesdigneu-Les-Béthune

Marles-Les-Mines

Bruay-La-Buissière

Haillicourt


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 93


La Boucle de l’Artois

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MARLES-LES-MINES

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Isbergues Artois Flandres

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Ancien Bassin Minier Secteur Sud

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BETHUNE

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NOEUX-LES-MINES

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Douvrin


96 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Équiper le territoire.

3-2 - ...par un parc agricole comme support.

Tout en préservant les espaces naturels, les parcs agricoles ont pour ambition de valoriser une production

agricole de proximité et de qualité dans une démarche citoyenne. Faisant suite à un constat d’enclavement de terres agricoles, ils ont été pensés dans les années 70 en mettant l’accent sur leur vocation productive et d’espace public à part entière. Après une longue période d’oubli, les parcs agricoles reviennent sur la table de la réflexion de l’aménagement du territoire dans une période critique pour l’agriculture. Ainsi plusieurs projets sont en phase de réalisation en France. Cette forme d’aménagement promeut une vision où l’agriculture portera des usages urbains tout en ayant un rôle prépondérant dans un territoire.

Au-delà des formes urbaines engendrées par les dynamiques agricoles des parcs agricoles, l’idée est

de valoriser la place des petits paysans en leur offrant un cadre idéal sans pression foncière et une réelle proximité avec les habitants tout en leur accordant un rôle d’acteur de la biodiversité et du renouveau territorial. Plusieurs exemples en Europe prouvent la réussite de ce genre d’initiative et remettent le débat sur les potentialités qu’offrent les parcs agricoles

Quels types d’agriculture peut résister aux portes d’espaces partiellement urbanisés? La proximité

géographique existe déjà, l’enjeu d’aujourd’hui est de créer une proximité sociale.

La loi d’orientation agricole autorise la mise en place d’outils d’aménagement du territoire destinés à

préserver du foncier agricole tel que la ZAP ( zone agricole protégée ). Tout espace agricole présentant un intérêt général en raison de la qualité de sa production ou de sa situation géographique peut ainsi bénéficier d’un statut protégé dans le schéma de cohérence territoriale. Dans le cadre de mesures conservatoires un lien existe entre la notion de ZAP et son utilisation dans les projets trame verte et bleue. Le projet Pin Balma

Le projet de Pin Balma à proximité de Toulouse a été d’imaginer une forme d’agriculture qui s’intègre

parfaitement dans un environnement périurbain. Le parc agricole attable divers acteurs politiques sur les questions des formes agricoles mettant en lien les paysans et les consommateurs. Le parc agricole s’inscrit dans une envie de fabriquer un projet de territoire qui tient compte de l’agriculture périurbaine et c’est une manière d’offrir la possibilité aux citadins de découvrir l’agriculture. Ce projet invite à la rencontre, et à la réflexion sur l’enjeu de la qualité sur un territoire. Le parc agricole de la Deûle.

Dans le département du Nord, le parc de la Deûle a su prendre place dans un contexte périurbain mal

structuré où les surfaces artificielles dépassent largement la moyenne nationale. Le projet a mis en cohérence le territoire en y intégrant des exploitations agricoles par une approche paysagère. Les mailles de ce non-lieu, pas encore ville, plus tout à fait campagne, soumises à de fortes pressions foncières, ont accueilli ce projet comme un pansement amenant un potentiel économique. L’enjeu de relier Lille au bassin minier de Lens a


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 97

Équiper le territoire.

malheureusement modifié la première vocation agricole en une coulée verte paysagère négligeant partiellement la place des paysans. Le parc agricole Sud Milan.

À une autre échelle, la ville de Milan a élaboré dans sa partie Sud une vaste ceinture agricole. La

particularité de cette expérimentation est qu’elle ne se présente pas comme une structure avec des limites claires, sa configuration se confond avec la physionomie de la plaine fertile du Pô. Les exploitations agricoles se sont parfaitement intégrées dans ce système en favorisant l’apport d’une production de qualité sur la conservation environnementale.

Les parcs agricoles s’inscrivent dans la logique des parcs naturels régionaux qui sont définis comme

des espaces où l’on recherche un développement respectueux des équilibres et le maintien d’activités en déclin. Parc agricole de Blois.

La communauté d’agglomération de Blois s’est engagée dans une opération de «désurbanisation» afin

de limiter les risques d’inondations dans les zones d’habitations construites dans le déversoir de la Bouillie. Au fil des démolitions, ce quartier périurbain s’efface peu à peu, s’isolant du reste de la ville. Après cette opération de démolition la communauté d’agglomération a souhaité anticiper le devenir du quartier en proposant une réflexion paysagère qui a permis de définir un ambitieux projet de territoire où l’agriculture maraîchère périurbaine constitue une réserve productive aux portes de la ville.

1

2

(1) : Parc agricole Sud Milan : Arriière plan sur la ville./ Source : onlandscape. (2) : Parc agricole Sud Milan : Gestion des eaux et biodiversité. / Source : onlandscape.


98 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Équiper le territoire.

Il s’agit là d’une reconquête du territoire périurbain par le renouvellement paysager. Dans l’objectif de « nourrir la ville », le statut et l’échelle même des entreprises maraîchères ont fait l’objet d’une analyse fine pour déterminer les objectifs de clientèles, de productivité et de distribution comparés à leur bilan environnemental afin de ne pas réaliser, au final et au-delà des potentialités spatiales et paysagères, un projet en contradiction avec les ambitions initiales d’un parc agricole urbain.

Le parc agricole à Genève.

Le Canton de Genève prévoit la construction d’un parc agro-urbain. Celui-ci doit intégrer une ferme

urbaine comprenant un bâtiment et des espaces de production. Le projet proposé est lié à une volonté forte de concevoir les espaces agricoles et urbains comme une seule dynamique. L’intention est non pas de penser ces deux projets comme deux espaces cloisonnés sur le site, mais bien de penser le parc dans sa capacité de polyvalence et de complémentarité entre formes, usages et pratiques agricoles et urbaines.

Le parc se dessine ainsi autour d’un vaste espace central et ouvert. Le bâtiment est placé au cœur

du parc tout en s’appuyant contre le tissu pavillonnaire existant, formant une large place donnant une nouvelle centralité à ce tissu urbain. Celui-ci comprend les parties de stockage prévues également pour accueillir des représentations ou des évènements festifs ainsi qu’un magasin de vente.

Entre le chemin agricole et le tissu pavillonnaire se trouve une succession de jardins formant des pièces

productives. Elles se composent de vergers servant de lieux de pique-nique et pouvant accueillir temporairement du stationnement en fonction d’événements ponctuellement organisés sur le lieu, de jardins privatifs ou semicollectifs, de serres et de parcelles de production diverses. L’objectif est ainsi de créer un parc urbain productif, dense et polyvalent.

1

2

(1) : Parc agricole de Blois : Schéma du plan guide / source : Atelier de l’Île. (2) : Parc agricole de Blois : Schéma d’implantation des usages / source : Atelier de l’Île.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 99

Équiper le territoire.

Le vide du parc agricole structure l’urbanisation minière.

Le schéma inversé du Central Park à New-York se veut une représentation du rôle que peut jouer un

parc agricole pour structurer et maîtriser une urbanisation dense et éparpillée comme celle qu’on retrouve sur le bassin minier. Ce n’est plus la ville qui structure le vide mais le vide qui devient un élément urbain amenant une cohérence territoriale.

1

2

3

(1) : Parc agricole de Genève : Schéma du plan guide / source : fabriques.net (2) : Parc agricole de Genève : Axonométrie du projet / source : fabriques.net (3) : La figure du Central Parc de New-York inversé / Source : lauzeral


Le parc agricole, support d’une planification urbaine.

+

AUCHEL

+

MARLES-LES-MINES

+

BRUAY

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Isbergues Artois Flandres

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+

NOEUX-LES-MINES

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Douvrin


Équiper le territoire.

102 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

3-3 - ...par une halle comme un modèle économique L’offre globale en net progression.

336 374 m², c’est la surface de vente correspondant aux 267 établissements commerciaux de plus

de 300 m² recensés en 2012 sur le territoire de l’Artois. L’offre commerciale n’a cessé de croître depuis c’est dernière années. En moins de 2 ans la surface de vente globale s’est davantage développée avec prés de 20000 m² de surface en plus. Le territoire de l’Artois compte aujourd’hui 1 200 m² de surface de vente pour 1 000 habitants (ou 1,2 m² par habitant).

C’est le périmètre de la communauté d’agglomération Artois Comm’ qui enregistre le plus de chantier et

détient 80 pour cent de la croissance de vente présente sur la globalité du territoire de l’Artois. Malheureusement malgré cette nette progression des offres commerciales, le commerce non-alimentaire surplomb le commerce alimentaire et exerce ainsi une forte pression foncière. On voit ainsi disparaitre des commerces alimentaires de proximité qui proposent des produits du territoires. Le commerce non-alimentaire représente l’essentiel de la surface de vente (70%).

123 000 m², c’est l’offre commerciale alimentaire du territoire de l’Artois, répartie sur 91 points de vente.

L’hypermarché et le supermarché sont toujours les formats de distribution les plus répandus avec respectivement 33% et 35% de la surface de vente.

Offre commerciale globale (en surface de vente)

Isbergues

Lillers Béthune

Bruay-laBuissière

2 km

Surface de vente (en m²) en 2012 par commune : 85 711 30 000 5 000

Noeuxles-Mines

Évolution (en %) de la surface de vente par commune entre 2010 et 2012 : pas d’évolution < 10 entre 10 et 20 20 et plus


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 103

Équiper le territoire.

Répartition de l’offre alimentaire et non alimentaire

La densité commerciale globale.

de plus de 300 m² en surface de vente par epci. 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

CCAF CCAL

Artois Comm CCNE

CCAF

CCAL

Artois Comm CCNE

SCoT Artois Densité commerciale en surface de vente (m²/1 000 hab) en 2012 : < 1 000

Non alimentaire Alimentaire

1 000 à 2 000 > 2 000

Répartition de l’évolution des surfaces de vente selon

Répartition des formats de distribution

les formats de distribution de l’offre alimentaire

de l’offre alimentaire Drive (1,2%)

Supérettes et spécialistes alimentaires (28%)

Drive (20%)

Hypermarchés (33%)

Supérettes et spécialistes alimentaires (3,4%)

Maxidiscomptes (26,7%)

Super-marchés (19%)

Maxidiscomptes (33%)

Supermarchés (35,7%)

Répartition de l’évolution de l’offre non alimentaire

Répartition de l’offre non alimentaire (en surface

(en surface de vente) par grands secteurs

de vente) par grands secteurs

Solderie (5%) Hygiène - Beauté (3%)

Bricolage - Jardinage (18%) Culture Sport - Loisirs (6%)

Équipement de la personne (30%)

Divers non alimentaire (9%)

Équipement de la maison (29%)

Solderies (10%) Hygiène - Beauté (0,5%) Équipement de la personne (13%)

Bricolage - Jardinage (47%)

Équipement de la maison (20%) Divers non alimentaire (1%) Culture - Sport - Loisirs (9%)


104 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Équiper le territoire.

Un marché de Rungis pour le territoire de l’Artois ?

Dans cet océan d’offres commerciales présent dans le territoire, la région ne dispose pas de lieu qui

d’une part permet la mise en vente des produits frais des agriculteurs et d’autre part une structure qui leurs garantissent la vente des récoltes à des prix équitables directement aux consommateurs.

Le marché de gros de Rungis frôle l’aberration, toute la production nationale agricole se retrouve dans

ce complexe avant d’être redistribué aux différentes régions. Sur le bassin minier, il y a en effet un marché de gros à Douai mais il est orienté dans sa majorité vers le marché européen. Les producteurs se retrouvent cernés par la grande distribution qui fixe les prix et les conditions générales de vente.

Il est primordiale pour garantir une économie viable aux agriculteurs, exerçant dans le parc agricole et

dans les différentes enclaves agricoles, de proposer un projet de halle qui offrira la même qualité de service des grandes surfaces. Chaque agriculteur présentant un bail agricole aura un stand de vente dans cette halle. Parallèlement à la surface de vente, des espaces de stockages préserveront une partie des produits agricoles destinés à la vente au gros.

(1) : Photo d’une des halle de vente en gros présente à Rungis. / Source : Les seniors de Boulogne. 1


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 105


106 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Le foncier à vocation économique sur le territoire de l’Artois.

Équiper le territoire.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 107

Équiper le territoire.

2 035 ha

de foncier à vocation économique en zone d’activité

1 033 ha

de réserves foncières à vocation économique

306 ha

de foncier dans les autres zones à vocation économique (hors ZA)

960 entreprises

recensées dans l’ensemble des zones à vocation économique


108 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Équiper le territoire.

3-4 - ...par une école garante de «la qualité». Associer savoir et savoir-faire.

Comment fait-on pour soutenir une agriculture à petite échelle de l’installation à la production ? Comment

va-t-on former les agriculteurs à être productif tout en ayant une place forte dans la remise en état d’un territoire?

Pour donner envie à des jeunes de faire ce métier, il faut leur proposer un modèle attractif. Pour ne pas

les décourager, il faut leur suggérer un parcours initiatique qui va d’abord les former, puis leur donner l’occasion d’expérimenter le métier avant d’engager des investissements. Après avoir fait toutes ces démarches, l’idée est de les accompagner dans le choix d’un lieu d’installation.

Dans le temps, la formation des paysans se faisait généralement par la transmission d’un savoir

famillial. Aujourd’hui, la structure sociale des agriculteurs a changé. Les lycées agricoles forment une majorité d’agriculteurs mais cette formation ne trouve pas un relais universitaire adapté à la réalité du métier. L’idée est de proposer un espace où les agriculteurs qui ont quitté le champs de la formation pourront appréhender les nouvelles méthodes et les innovations dans leur domaine. Leur savoir-faire et le savoir issu de la recherche trouverons ici un lieu adéquat pour encourager “l’inventivité“.

Parallèlement à l’objectif de formation, l’école propose une pédagogie pour les habitants pour faciliter le

dialogue et engager une conciliation entre les deux bords. Cette rencontre s’inscrit dans la volonté d’approcher une qualité sociale dans le projet.

On peut imaginer un enseignement bilatéral entre les lycées agricoles et l’école de la qualité. L’agendas

21 met en perspective cette vision d’un réseau de lycées agricoles avec des structures différentes portant une centralité. Les structures en coopérative agricole peuvent rassembler cette idée de formation et d’entraide entre paysans. Ils assureront le bon fonctionnement du parc agricole tout en apportant leur expertise aux paysans désirant évoluer dans leur manière d’exercer le métier d’agriculteur. Couveuse d’entreprises agricoles.

Comme son nom l’indique, une structure «couveuse d’entreprises agricoles» couve des entrepreneurs

agricoles en leur proposant un hébergement juridique, matériel et humain. Le but est de confronter les agriculteurs à la réalité de leur métier dans un espace test où ils pourront innover et évaluer leurs projets d’installation. Un contrat de 12 mois renouvelable deux fois lie l’agriculteur avec l’organisme d’accueil. Durant cette période, il peut bénéficier d’un prêt de trésorerie à un taux de 0%. C’est un “lieu agricole“ de substitution pour ceux qui ont perdu leur exploitation agricole. On peut imaginer le fonctionnement de la couveuse avec des structures d’insertion.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 109

Équiper le territoire.

Outre l’appui et l’accompagnement des agriculteurs, la couveuse met à disposition des espaces

d’expérimentations et d’innovations. Elle porte un projet pédagogique en matière de développement durable, en matière économique et de vie sociale. Un des principaux objectifs, c’est de rechercher du foncier pour accueillir des projets agricoles et éviter qu’ils soient urbanisés.

Les agriculteurs qui ont suivi ce cursus avouent avoir totalement modifié leurs manières de produire.

Cette réussite n’est possible qu’avec l’engagement et le soutien de plusieurs acteurs. Ainsi, le conseil régional finance les équipements de l’espace test et la commune met à disposition du projet des terres agricoles. Des partenaires apportent leur savoir juridique, technique et sur la gestion d’entreprises. L’implantation d’un tel projet dans le territoire minier du Nord-Pas-De-Calais peut intéresser d’autres partenaires comme la BRGM qui est tenue de remettre en état le territoire après son exploitation minière, et la MBM qui doit statuer sur l’avenir et la reconversion des terrils.

Peut-on se servir des couveuses pour créer une seule structure liée au parc régional agricole qui

rassemblera les différents partenaires ?

(1) : Atelier d’apprentissage. Source : SOSGraines. 1


Équiper le territoire.

110 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

3-5 - ...par l’eau comme lien social.

De tout temps, l’homme a œuvré pour domestiquer l’eau et ses multiples facettes en fabriquant des

systèmes hydrauliques. Aujourd’hui encore, la question de l’accès à l’eau en tant que service public constitue un enjeu majeur pour le développement du monde agricole. Des organismes apportent aux agriculteurs une vision globale de la gestion de l’eau sur l’exploitation et posent un maillon entre agriculture et qualité de l’eau. La collectivisation de la gestion de l’eau assure depuis toujours une utilisation rationnelle, partagée et juste sur le territoire. Mais à l’heure actuelle, ces aménagements hydrauliques ne sont plus exclusivement à usage agricole. Face à la croissance urbaine, c’est l’ensemble des habitants des collectivités, ainsi que toutes leurs industries, qui en bénéficie.

Le problème des systèmes d’irrigation et des réseaux collectifs, c’est qu’ils sont confrontés à une

baisse des recettes agricoles qui les amène soit à arrêter la maintenance du réseau et le laisser à l’abandon, soit à rechercher d’autres usagers et à diversifier son utilisation. La complexification et le renforcement de la demande en eau, propice aux conflits d’intérêts entre utilisateurs, entraînent inévitablement de nouveaux modes de gestion de la ressource qui ne manque pas d’inquiéter les agriculteurs. Cette situation nous pousse à penser simultanément la gestion de l’eau agricole et son utilisation dans d’autres domaines.

Les propriétés du terril font naître à son pied des rosières et des étangs d’eau. On peut les réaménager

comme des bassins de rétention d’eau avec comme objectif la préservation de cette ressource pour la culture des champs. Cette structure peut être conçue avec plusieurs bassins pour épurer l’eau naturellement. L’un des bassins constituera un lieu de partage social de la ressource en le métamorphosant en espace de baignade. Dans un territoire où des lieux de baignade sont rares, le terril rassemblera, les pieds dans l’eau, une centralité partagée entre les agriculteurs et les habitants des corons. C’est une façon d’agir sur tout le territoire avec un projet agricole.

Végétation Fleure d’or Terre végétalisable Géotextile anti-poinçonnat et drainant Géomembrane bitumineuse

Fil du plateau

Plateau remodelé

Terril Fl Gra anc ré din glé se n te à 27° rre pou Desce arm r st nte d’e ée. abili té. au

Bassin d’orage.

Nappe phréatique.

Couche impérméable.

Piézomètres de contôle.


Équiper le territoire.

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 111

La reconversion des espaces miniers en espace de gestion et traitement de l’eau n’est pas une

nouveauté. Des expérimentations à plus grande échelle ont été menées en Amérique Latine avec comme objectif de réutiliser la géographie fournie par les mines pour la transformer en espaces de récolte des ressources ( eau, énergie ... ).

Une baignade comme lien social

Pour optimiser le centre de traitement d’eau, on peut utiliser les alentours de l’équipement pour élaborer

des jardins et des bassins naturels de baignade, offrant un cadre idéal pour les riverains. Dans un territoire tourné exclusivement vers le bassin minier, l’idée de rapprocher la mer à cette campagne peut valoriser les quartiers avoisinants les plus touchés par la précarité.

Cette idée a existé dans la commune de Bruay dans le temps, mais après l’effondrement des mines,

la piscine Lacoste a fermé. Avec la mutualisation d’un équipement dédié à l’irrigation des terres agricoles avec des espaces extérieurs aménagés pour la baignade, la maintenance et la gestion du lieu deviennent à la porté des communes.

1

(1) : Ancienne piscine à Bruay-La-Buissière


Équiper le territoire.

112 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Enclave agricole d’Haillicourt : Halle de vente des produits alimentaires.

Côté mine

Côté champs

Zoom sur le terril de l’enclave d’Haillicourt


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 113

Équiper le territoire.

Enclave agricole de Bruay-la-Buissière : École de formation.

Côté mine

Côté champs

Zoom sur le terril de l’enclave de Bruay


Équiper le territoire.

114 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Enclave agricole de Marles-les-Mines : Centre de traitement et distribution d’eau.

Côté mine

Côté champs

Zoom sur le terril de l’enclave de Marles-les-Mines


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 115



L ére des champs des mines . . aux champs Q UAT R IÈM E PART I E


118 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

L’ère des champs.

4-1 - Diagnostic sur les exploitations agricoles actuelles. Une demande sociale qui évolue.

Les typologies n’ont de cesse évoluées pour répondre à des contraintes économiques, à des

avancées techniques exigées par de nouvelles normes européennes ou encore par l’évolution sociale du métier d’agriculteur. Au cours des dernières années, la nature de la demande des exploitants agricoles face aux typologies actuelles a donc évolué en parallèle de l’évolution du contexte de l’activité agricole. On est assez loin de la ferme traditionnelle et familiale. Cette demande concerne désormais :

- La mise au point de procédures d’actualisation des typologies. Dans le contexte démographique,

socio-économique et réglementaire actuel, les caractéristiques des exploitations se modifient en effet très rapidement, et les typologies se «périment» en quelques années. Il devient alors nécessaire de les remettre en cause.

- La nécessité de dépasser la seule fonction de production pour prendre en compte les «nouvelles

fonctions» de l’agriculture, et en particulier les impacts environnementaux et paysagers des exploitations.

- Enfin, l’insertion paysagère et territoriale des typologies d’exploitations dans un cadre élargi,

permettant de restituer l’agricole dans la campagne pour aborder plus globalement les questions de développement local ou régional.

Avant de se lancer dans l’imagination de l’exploitation agricole de demain, nous allons dans ce chapitre

porter un regard sur le fonctionnement d’une exploitation agricole d’aujourd’hui afin de mieux comprendre toute l’étendue de la typologie, fonctionnelle, spatiale, architecturale, matérielle...


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 119

L’ère des champs.

Évolution des typologies des exploitations agricoles. Regroupement en un centre.

Regroupement autour d’une cour.

Regroupement en bordure.


120 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

L’ère des champs.

Des besoins par type de coopérative agricole. Les bâtiments d’élevage

La stabulation libre est l’étable caractéristique de la production laitière. Le long de sa façade ouverte,

abritée des vents dominants, s’effectue l’alimentation du troupeau. A l’arrière, une aire d’exercice, des logettes pour d’autres animaux, des surfaces de stockage, selon les besoins. Salle de traite et laiterie sont parfois intégrées au bâtiment. L’auvent protège le couloir d’alimentation latéral accessible au tracteur. Le bâtiment est parfois double, ramenant ce couloir au centre. Cette configuration très linéaire s’établit par une trame de fermes espacées de 5 à 6 m et répondant à des portées nécessaires de l’ordre de 15 à 20 mètres. La présence de l’auvent et la nécessité d’apporter des ventilations naturelles conséquentes génèrent des formes architecturales des choix de matériaux ou des mises en œuvre qui participent à l’architecture du bâtiment. Bâtiments de maraîchage.

On trouve deux types de bâtiments : des bâtiments de stockage et des espaces de culture couverts.

Ces deux bâtiments forment un contraste visible, l’un transparent et l’autre opaque.

Bâtiments opaques : ils s’apparentent à des bâtiments industriels multi-usages. Des espaces de

bureaux s’intègrent parfois au volume, lisibles par la forme des percements. La grande porte sur rail constitue souvent le seul élément d’animation de la façade.

Bâtiments transparents : un outillage technique très présent les accompagne : systèmes d’arrosage,

de protection, mobilier de stockage, etc. La finesse, la transparence et la répétitivité de leur architecture en font des objets intéressants, mais qui progressivement referment le paysage. Les bâtiments de stockage

Semi-ouverts ou très fermés, ils abritent production et matériel. Ils présentent un caractère souvent

massif. Rien ne les distingue dans leur architecture, hormis les grandes portes d’accès coulissant sur leur rail. Selon le choix des matériaux et leur mise en œuvre, ils peuvent s’apparenter à un bâtiment industriel.

Le hangar à fourrage est un bâtiment de stockage spécifique, de hauteur importante (près de 10

mètres). Très ouvert, il offre une image de légèreté, accentuée par la proportion et la finesse de son ossature, qu’elle soit de bois ou de métal. Les hangars récents, plus importants en surface et en hauteur, présentent souvent des pentes faibles qui leur donnent un caractère plus massif. Aujourd’hui, à la faveur de nouvelles techniques, les fourrages peuvent être stockés individuellement à l’extérieur.


L’ère des champs.

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 121

Bâtiments viticoles.

Les nouvelles constructions d’exploitation viticole sont destinées à plusieurs usages, du stockage du

matériel à celui du vin, de la vinification à l’espace de vente. Les bâtiments ainsi produits ont pour point commun d’être massifs, sans rapport d’organisation ni d’échelle avec leur environnement proche. Ils sont de plusieurs natures : en bac acier, ils s’apparentent également à des bâtiments industriels.

Certains nouveaux bâtiments destinés au stockage et à la commercialisation du vin font l’objet

d’une intention architecturale qui semble vouloir indiquer la spécificité et la noblesse de leur fonction avec un vocabulaire spécifique. Le collage d’éléments architecturaux «kitsch» n’est souvent pas en cohérence avec l’importance des nouveaux volumes et leur situation.


L’ère des champs.

122 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Critères de choix : implantation sur la parcelle. Les ruptures de courbes de niveau, les rangées d’arbres, la trame parcellaire, les constructions existantes sont autant de lignes de force permettant d’adosser le bâtiment au paysage.

Pour les bâtiments de grande longueur, il est préférable de les implanter parallèlement aux courbes de niveau et de minimiser les remblais et déblais.

Des bâtiments positionnés en terrasse s’intègrent mieux que des bâtiments placés sur une même plate-forme avec un fort remblai.

Une implantation à mi-pente ou sur un replat diminuera l’impact sur le paysage.

La prise en compte de la végétation existante est importante. Elle permet de rattacher visuellement le bâtiment au terrain, d’atténuer l’impact des volumes et de se protéger du vent.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 123

L’ère des champs.

Critères de choix : l’orientation. L’effet guide d’un talus, par exemple, oriente et augmente les vitesses d’écoulement d’air.

Une paroi de silo, un talus peuvent dévier le vent et provoquer des turbulences.

Le vent dévié par un obstacle extérieur pénètre dans les bâtiments.

Le vent saute l’obstacle et s’engage dans la dépression, créant un effet de « retombe ».

Des bâtiments trop proches créent un effet couloir dans lequel le vent s’engouffre.

Implantation du bâtiment par rapport aux vents dominants et conception permettant la ventilation naturelle.


L’ère des champs.

124 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Programme : un projet avec l’association de 6 coopératives agricoles. Volume de production par type de culture par an.

APICULTURE 210 ruches 100kg/Ruche

ELEVAGE

HORTICULTURE 2

400m / famille

900 têtes de bétail 30000 poules 130 vaches laitiéres

Surface des terres agricoles par type de coopérative agricole.

1

HORTICULTURE

300 Ha de maraichage dont 10% couvert

2

ELEVAGE

220 Ha de pâturage

3

APICULTURE

30 Ha de fleures


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 125

L’ère des champs.

SYLVICULTURE 3

8m de bois/Ha

VITICULTURE 8000 litres de vin/Ha

4

SYLVICULTURE

800 Ha de bois Un total de 1450 Ha à impmlanter au sein des enclaves agricoles

5

VITICULTURE

100 Ha de vignes

GRANDES CULTURES betterave : 80tonnes/Ha = 65Ha pomme de terre : 43tonnes/Ha = 61Ha colza : 34quintaux/Ha = 30Ha céréales : 80quintaux/Ha = 570Ha maïs : 88quintaux/Ha = 10Ha tournesol : 29quintaux/Ha = 120Ha

6

GRANDES CULTURES

856Ha de champs à impmlanter au parc agricole


L’ère des champs.

126 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Un programme : un projet avec 55 habitations + 20 habitations pour saisonniers.

Nombre d’associers par coopérative agricole

APICULTURE

x10 associers ELEVAGE

HORTICULTURE

x25 associers x20 saisonniers

x15 associers


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 127

L’ère des champs.

SYLVICULTURE

x12 associers

VITICULTURE

x20 associers x30 saisonniers

GRANDES CULTURES

x22 associés x12 saisonniers


L’ère des champs.

128 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Intentions du projet : Une planification sur l’axe minier

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Foncier disponible pour le complexe agricole Limites communales. Cours d’eau. Tracé de la «boucle de l’Artois» / Arrêt bus. Tracé réseau cyclable / Arrêt velib. Tracé tramway entre Béthune et Bruay / Arrêt tram. Tracé de la lisière.

Espace boisé.

Terrils.

Emplacement des projets d’équipement.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 129

L’ère des champs.

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L’ère des champs.

130 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Intentions du projet : Lisser la lisière / Tisser des liens entre produire et habiter. Choix de l’implantation sur la lisière. SU

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TERRIL EN GRADIN

FORÊT «DOMANIALE»

Terril plat de 15Ha

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TERRIL PLAT

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Terril plat avec talus de 25m de 17Ha

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DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 131

L’ère des champs.

Échelle épaisse en arrière plan: Unifier les bâtiments agricoles en un parcours. Échelle fine en premier plan : Disposer les corons agricoles en belvédère agricole.

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ANNEXES des mines . . aux champs



DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 135

Annexes.

Une technologie simple à utiliser.

Des outils avec une technique récente mais simple dans leurs utilisations et peu coûteuse peuvent être

pris en main par les paysans. À l’heure où on développe la nanotechnologie ( 1nm ), l’échelle d’une bactérie ( 2 μm ) qui est 1000 fois plus grande peut faciliter le travail d’un agriculteur. Ci-dessous. quelques exemples d’outils présentant des performances optimales avec un investissent raisonnable ne dépassant pas les 1000 euros.

Le drone agricole.

Les drones aériens ou drones terrestres peuvent épargner beaucoup de peine et de temps perdu. Il

y encore quelques années, peu de personnes misaient sur la réussite d’une telle technologie dans le monde agricole. Aujourd’hui, les paramètres économiques ont évolué et les agriculteurs sont de plus en plus intéressés par ces outils. La récolte d’informations très précises sur l’état des plantations pour effectuer des plans mais aussi l’apport de données sur des petites parcelles isolées les unes des autres sont parmi les nombreux avantages que présentent les drones agricoles.

On peut facilement penser que ce genre de prestations est accompagné d’une charge financière

importante ( achat + entretien ), mais ce n’est pas le cas. La fabrique d’un planeur sans moteur est à la portée de tous si néanmoins on fournit un mode d’emploi simple. Le matériel de mesure ( capteurs + caméra + transmission ... ) est en vente libre dans les grandes surfaces spécialisées.

En France, l’industrie du drone civil espère voir le monde agricole devenir l’un des principaux secteurs

de croissance. «Un drone (petit avion sans pilote) de EASF (Entreprise Agricole Sans Fil) muni d’un GPS filme les parcelles de blé à désherber de Pierre François. Grâce à son abonnement au réseau sans fil à Très Haut Débit Mobile ouvert depuis 2012 le Drone transmet ses images au système expert situé au siège d’EASF.»

Imaginons la mise en place d’une petite plate-forme de décollage pour les planeurs sur le terril, profitant

ainsi de sa hauteur et de l’accélération du vent dû à sa forme conique. La maitrise des ressources comme l’eau ou encore l’optimisation des surfaces utiles agricoles peut amener une qualité de production.


136 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Annexes.

Suivi en direct du déficit hydrique de la vigne.

Fort de son expérience acquise dans la « Napa Valley » en Californie Fruition Sciences revient à

Montpellier. La jeune société a développé un outil d’aide à la décision d’optimisation de l’irrigation à partir d’informations collectées directement sur les pieds de vigne. Elles sont ensuite intégrées dans un modèle avec des données météo, agronomiques et œnologiques.

Fruition permet au viticulteur de voir en temps réel l’état des taux de transpiration de la vigne mesurée

par des capteurs de flux de sève (4 par lieu d’observation). Un faible taux de transpiration indique une vigne en stress hydrique et donc potentiellement un risque de déshydratation des grains. Toutes les quinze minutes, des capteurs placés sur le cep, mesurent l’état hydrique de la plante, puis transmettent à un serveur, par liaison sans fil, les données de la plante. Le serveur en déduit deux indicateurs, visibles sur internet, qui caractérisent l’état hydrique de la plante, permettant au viticulteur de prendre ses décisions pour l’irrigation. Aujourd’hui, ce suivi est économiquement réservé aux vignes à haut potentiel pour optimiser leur qualité.

La Génodique.

La génodique, contraction du mot génétique et mélodique, est une pratique qui peut paraître obsolète

mais cette technique à déjà fait ses preuves depuis 15 ans. La méthode consiste à faire pousser des plantes en musique. Un champignon fait beaucoup de dégâts dans les vignobles français ( obturation des vaisseaux), il s’appel l’Esqua. Dans la plupart des cas, il finit par tuer les pieds de vignes et depuis l’interdiction il y plusieurs années de l’Arsenite de Sodium, un produit très toxique, il n’existe plus de traitement efficace. Cette expérience assez originale consistant à diffuser de la musique qui transmet des ondes avec des fréquences spécifiques élimine de façon remarquable ce problème.

Une batterie, un autoradio avec un programmateur et une séquence qu’on fait passer deux fois par

jour ( matin / soir ) pendant tout le cycle végétatif qui se prolonge jusqu’à la chute des feuilles. La technique consiste à rendre l’agresseur et l’agressé tolérant l’un envers l’autre. On rend la maladie moins agressive, et en même temps on rend le sujet moins sensible. L’intérêt de la méthode c’est qu’on garde les deux ensembles. On n’est plus dans une lutte d’éradication qui crée le vide avec des effets secondaires mais dans un principe de tolérance.

C’est le physicien français Joël Sternheimer qui a mis à jour les particules élémentaires, et la régulation

de la biosynthèse des protéines par certaines séquences musicales. Il s’est rappelé des pratiques “d’anciens“ qui affirmaient que «la musique de Mozart donne du meilleur lait au vaches». Il s’est rapidement penché sur ce sujet d’une manière scientifique. Il compose dès lors des séquences musicales en remplaçant les notes de


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 137

Annexes.

musique par des sons émis par les molécules présentes dans les organismes végétaux. Mettre la musique en équation pour en étudier les effets sur la matière, c’est un travail mené simultanément par des centres de recherche français, canadien, anglais et français. Ces principes sont complexes et nécessitent des connaissances en physique quantique, mais en revanche tout le monde peut observer ces applications pratiques qui sont déjà commercialisées. Les clients sont essentiellement des mairaîchers et des viticulteurs.

Régulation mécanique des adventices en culture maraîchère.

Entre les lignes de culture maraîchère, il est difficile d’éliminer les adventices mécaniquement. Pour

cela il existe quatre approches principales : La plus ancienne est le buttage qui consiste à ramener la terre sur les lignes de cultures. Pour obtenir l’effet souhaité il faut enfoncer les adventices à au moins 4 cm de profondeur. Autre possibilité, l’étrillage qui a un effet sur toute la surface, c’est-à-dire également entre les lignes. Enfin on peut utiliser une chartreuse à doigt, il s’agit d’un disque doté de longues dents en plastique qui peuvent pénétrer entre les plantes cultivées et sarcler sur les lignes. Il existe également une autre méthode de sarclage sur les lignes de culture, c’est le désherbage manuel. C’est la procédure habituelle dans les semailles, cependant on dispose aujourd’hui des machines qui reprennent des méthodes anciennes mais les lignes dédiées au passage du tracteur diminuent la surface utile agricole.

Le robot est dans le pré.

Les robots en agriculture peuvent être une solution pour récolter des informations et des mesures

essentielles pour se projeter dans une planification à long terme et prévenir les difficultés environnementales. C’est une aventure intéressante pour moderniser les exploitations agricoles. Les agriculteurs raisonnent souvent par parcelle cultivée, mais avec ces compagnons électroniques, le découpage se fait par l’additionnement de données complexes. On peut ainsi soigner ponctuellement les zones “malades“ au lieu de traiter la totalité de la parcelle, ce qui optimise le travail de l’agriculteur.

Après “la recherche d’informations“, les tâches quotidiennes et récurrentes constituent la deuxième

part du marché ciblé par les robots. L’exemple du robot nettoyant ou celui qui délivre automatiquement du fourrage à un troupeau illustrent le potentiel de ces objets. Ils pourraient également œuvrer dans la semence, le désherbage, l’arrosage et la cueillette.

Au niveau financier, les récents modèles affichent des prix élevés. Cependant, un nouveau genre

de robot très abordable peut être adapté à une exploitation agricole à petite échelle. On vous livre un mode d’emploi, un petit châssis et quelques jours de formation, puis l’agriculteur compose avec des éléments simples ( ordinateur portable, une manette de console de jeu ) son propre robot en fonction de ses besoins.


138 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Annexes.

Méthanisation.

Le gaz émis par les déchets organiques des animaux est récupéré par des canalisations qui lient le

réservoir couvert par une bâche et le moteur adapté au biogaz ( 60% de CH4 et 40% de CO2). L’électricité fournie par l’exploitation agricole est revendue entièrement au réseau EDF. Ce courant, pour une moyenne exploitation, peut produire 40 Kw, ce qui équivaut à la consommation de 70 ménages. La chaleur du moteur est redistribué au digesteur pour favoriser le travail des bactéries mais également aux bâtiments d’élevage pour protéger les animaux du froid hivernal.

Ce procédé présente des économies non négligeables pour l’agriculteur jusqu’à 4000 euros d’économie

de propane et 8000 euros d’économie d’engrais. Le système de méthanisation existe depuis déjà trois siècles et c’est à la fin du 20e siècle qu’on réinvestit avec des moyens modernes cette technique. Mais c’est tout récemment (février 2011) que les agriculteurs français peuvent diversifier leur activité agricole et sécuriser la production de biogaz, d’électricité et de chaleur par la méthanisation et sa commercialisation dans le cadre de leur exploitation agricole.

Pour sécuriser un approvisionnement régulier de déchet organique, on peut éventuellement concevoir un

lieu de méthanisation commun entre plusieurs petites exploitations agricoles qui s’inscriront dans une structure agricole, tel que les parcs régionaux agricoles. Cette configuration réduit les charges de l’investissement qui reste assez onéreux mais compensé par des subventions et des garanties financières d’EDF.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 139

Annexes.

Exploiter l’exploitation. Le mur noir.

Ce projet prendra partie des ressources du territoire pour participer à la construction du projet. ce

territoire a de nombreuses potentialités, notamment en terme de matériaux. Les terrils rééxploités en carrières de schiste peuvent offrir un matériau de construction intéressant. L’aspect feuilleté de la pierre de schiste et sa composition raméne des avantages non négligeables dans la construction d’un édifice.

Deux type de pierre sont présentent dans la région. L’une «noire», à l’état naturel plus friables et plus

gras qu’on peut utiliser pour habiller la façade et la protéger thermiquement et la rendre étanche . L’autre «rouge» issu de la cuisson intérieure des terrils, ce qui lui donne une résistance mécanique optimale qu’on peut utiliser pour les murs porteurs. L’association de ces éléments avec le béton donne offre une qualité dans la mise en œuvre du bâtiment.

La vitre ruche.

La place des abeilles dans une structure agricole est primordiale. La ruche de vient un élément clefs

dans la recherche de la qualité de production et vie. L’idée de l’intégrer dans la conception du bâtiment n’a rien d’un folklor. La campagnie Philliips élabore en ce moment la réalisation de cette idée dans un milieu urbain. Si on pousse ce concept jusqu’au bout dans un milieu agricole, on peut facilement imaginer la conception d’une ruche qui s’insérera sur la totalité de la superficie d’un vitre et dépassera le stade d’un objet collé sur une ouverture.

Premièrement il y a un potentiel thermique intéressant à cette installation. L’hiver, les abeilles se réfugiées

sur la partie basse de la ruche, ce qui diminue le nombre d’abeille par centimètre carrés, ainsi la vitre transmet plus de rayon du soleil durant la période hivernale. L’été, les abeilles occupe la totalité de la surface, faisant ainsi office de filtre des rayons infrarouge et UV ce qui diminue la température ambiante intérieure de l’édifice.

Ensuite, on peut rajouter l’aspect pédagogique dans le faite d’observer la vie d’une ruche d’abeille, et

également l’aspect médical pour un viticulteur qui peut mener une surveillance constante sur l’état de santé des abeilles. La vitre peut s’adosser sur un mur qui contiendra la partie habitat des abeilles, reprenant les murs ruche traditionnels.


140 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Annexes.

Des techniques de coffrage. La chapelle de pins.

Au milieu d’un champs de fermier, Peter Zumthor à construit une petite chapelle. C’est une histoire

étonnante entre un paysan et un architecte. Après avoir refusé une premier fois la demande du paysan de construire un lieu sacré, Zumthor accepte la commande à condition que l’agriculteur participe à la construction de l’édifice. Durant 3 ans, le paysan rassemble plus de 110 troncs de pins de 12 mètres de hauteur, qu’il a rassemblé en un tipi géant. Le sol a été recouvert de plomb provenant des mines voisines. Avec le gravier, le sable et le ciment local, le paysan et ses amis ont réalisé un coffrage de béton tout autour du tipi puis mirent le feu aux arbres. Les troncs ont marqué le béton et le plomb a dessiné des courbes aléatoires au sol. L’architecte rajoute plus de 300 billes de verre comme vitraux, éclaircissant ainsi la paroi longue de 12 mètres.

«The Truffle».

Sur une petite surface de 25 mètres carrés, l’habitat conçu par Antón García-Abril prend place

naturellement au-dessus des plaines agricoles. Après avoir fait un trou dans le sol, l’architecte y dépose du foin avant de faire couler du béton. Le foin agit comme un coffrage retenant le béton durant le temps de séchage. Le bétail des éleveurs voisins se chargent de vider l’intérieur et bénéficient du foin durant une année. Après avoir été un refuge pour la masse végétale et animale, l’espace intérieur apparaît avec une ambiance de grotte. Pour «livrer» son édifice, l’architecte installe une baie vitrée et une porte.

1

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(1) :Photo de la Chapelle de pins. (2) :Photo intérieure du projet «The Truffle».


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 141

Annexes.

La démesure de l’agriculture post-moderne.

La crise que nous rencontrons n’est pas seulement une crise de l’offre, c’est aussi une crise de la

pauvreté, une crise territoriale. Les méthodes de production non durable accélèrent la dégradation des sols, épuisent les réserves d’eau douce réduisant à terme notre capacité à nourrir la planète. Les politiques de soutien à l’agriculture visaient à l’orienter vers l’agriculture industrielle mais un constat s’impose, il faut changer de cap, les recettes et méthodes ne valent plus aujourd’hui.

La démesure est d’actualité dans les grands pays agricoles. Elle est remise en cause comme “le

problème de l’agriculture“, elle dégrade les sols, diminue le rendement qu’on tente de compenser par les pesticides qui ne font que repousser le problème.

On peut passer d’une réflexion mondiale à une réflexion locale et on se rend compte que le modèle

développé sur plus de 60 ans ne répond pas à la dimension de souveraineté alimentaire. Ce modèle n’a pas l’ambition de nourrir les hommes. À partir de ce constat, on peut repenser le modèle pour qu’il remplisse cette fonction nourricière qu’on attend de l’agriculture et une fonction de développement durable.

Nous nous sommes éloignés de l’agriculture qui produit des plantes saines. Nous ne faisons plus de

culture en Europe, nous gérons de la pathologie végétale, nous essayons de maintenir vivantes des plantes qui ne demandent qu’à mourir demain tellement elles sont malades. L’azote qui permet de maintenir la plante vivante agit sur la structure de la plante, on rajoute donc des hormones de croissance pour raccourcir les tiges, ce qui engendre la stérilisation de la diversité présente autour. Les Pays-bas ont déjà perdu 75% de la flore à cause de ces pratiques, c’est le pays avec la flore la plus pauvre de la planète.

Face à cette problématique, l’État sous des directives Européenne a mis en place des mesures et

des taxes appliquées avec comme principe pollueur-payeur, pour diminuer l’impact écologique des grandes structures agricoles. L’écotaxe, mesure fiscale relative aux véhicules de transport de marchandises, n’est que la partie apparente des nombreux plans sociaux de l’agroalimentaire. Une vague de protestations portées principalement par les syndicalistes agricoles s’en est suivi et “pointe de la fourche la dictature écolo“. On ne doit retenir qu’une chose de cet affrontement, c’est la disparité entre la “culture de la démesure“ et la réalité environnementale engendrée par ces pratiques.

Des moyens financiers, réglementaires et pratiques existent mais peu de projets voient le jour. C’est

notre manière de percevoir l’agriculture qui doit évoluer. La taille des petites exploitations agricoles présente énormément d’avantages tels qu’une grande fertilité du sol, l’accroissement de la biodiversité, et le rayonnement sur le marché local... On croit généralement que les grandes fermes produisent plus d’aliments, mais quand on mesure l’efficacité énergétique des grandes exploitations industrielles on obtient un rapport maximum de 2 ou 3 ( 1 kg d’apport = 3 kg d’aliment), loin derrière les petites parcelles qui produisent 15 fois le rapport énergétique fourni.( 1 kg d’apport = 15 kg d’aliment)

Comment redonner aux petites structures agricoles une place concrète dans l’aménagement

du territoire ?


142 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Annexes.

Alméria, capitale des légumes d’hiver est un symbole Européen de la démesure. Tout a commencé

dans les années 60, le gouvernement central de Madrid a fait acheminer de l’eau dans cette région et a incité les paysans vivant dans les montagnes à s’installer et à produire à grande échelle. Le nombre de serres s’est multiplié jusqu’à atteindre 40000 hectares qu’on surnomme la mer de plastique, plus qu’en Belgique et les Pays Pays-Bas réunis. Pourtant ce modèle historiquement très productif atteint une crise économique et environnementale.

Dans ce contexte, la concurrence a poussé les agriculteurs à l’endettement à cause des coûts de

production élevés. La commercialisation des fruits et légumes est en main des distributeurs internationaux qui dictent leurs conditions. La pollution due à l’utilisation des produits phytosanitaires atteint des sommets critiques, les nappes phréatiques s’épuisent avec l’utilisation de plus de 3 millions de tonnes d’eau potable par saison, les déchets rejetés par les serres s’élèvent à 4 millions de tonnes par saison. «Pollution de l’eau, des sols, de l’air et gaspillage du territoire s’entremêlent en une joyeuse ronde anti-environnementale !»

Il y peu de temps, un scandale sanitaire éclate dans la région après le décès de personnes ayant

consommé des produits issus de la récolte sous les serres espagnoles. Des études menées par l’union Européenne démontrent la présence de résidus de pesticides interdits dans les légumes. Quelques paysans se sont regroupés dans une démarche intérressante, celle qui consiste à revitaliser une région en incitant le retour à la campagne et en favorisant une production durable, de proximité et avec plus d’éthique.

Les scandales sanitaires.

Les agriculteurs, comme tant d’autres, sont victimes d’un scandale sanitaire, celui des pesticides, car

travailler au grand air, 15 heures par jour dans les champs et dans les vignes tue. En cinquante ans, c’est un piège chimique dans lequel sont tombés nos agriculteurs. Encouragés à produire toujours plus, ils ont fait confiance à des produits phytosanitaires qu’on disait sans danger, mais à force de semer des pesticides, ils ont aussi récolté des cancers et de graves troubles neurologiques. Les agriculteurs nous nourrissent et le payent parfois au prix fort. « Je me suis réveillé un jour, j’étais paraplégique». Témoignage d’un agriculteur.

Des associations et des organismes indépendants de paysans dénoncent les dangers des pesticides et

dérangent le monde agricole. Pour les agriculteurs conventionnels la remise en question des produits chimiques est taboue. Personne n’aborde ce sujet qui pourtant ravage cette profession. Cette situation est peu acceptée au sein même des agriculteurs.

L’association FNATH a obtenu une première reconnaissance historique en 2013 du lien entre la maladie

de parkinson et l’utilisation des pesticides. C’est une page de l’histoire agricole qui tend à se tourner mais on n’est pas encore prêt à évoluer au-delà des méthodes actuelles.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 143

Annexes.

Ce sont des personnages bouleversants, simples et courageux qui brisent le silence et qui ont pris

aux yeux de tous des risques pour exposer la réalité d’un mensonge. C’est un problème de santé publique probablement équivalent à celui de l’amiante. La mutuelle sociale agricole rejette la plupart des demandes et ne reconnaît pas encore ces situations comme des maladies professionnelles par peur de remettre en cause tout le fonctionnement du système agricole et l’utilisation des pesticides.

L’ironie du sort c’est qu’on est tous concerné par cette réalité qui se retrouve dans nos assiettes, aucun

agriculteur ne s’en cache. Quels sont les impacts de ces méthodes sur la qualité sanitaire de la production agricole ? Des réglementations existent mais les moyens de contrôle sont inexistants. La cour des comptes a délivré un rapport au début de cette année qui dénonce des anomalies graves en matière de contrôle. C’est toute la culture des pesticides et le savoir-faire actuel qui est remis en cause. Peut-on encore compter sur des exploitations agricoles de milliers d’hectares ?

La question de l’échelle n’est pas obsolète, des enjeux de remise en état de territoires sont une priorité

nationale. Les terres françaises sont trop polluées, durant des dizaines d’années des tonnes de pesticides ont été déversés sur les cultures, des produits qui persistent dans les sols et atteignent les nappes souterraines. Le résultat est alarmant, 96% des eaux de surface et 61% des nappes souterraines contiennent des pesticides.

Le ministère de la culture se félicite d’avoir mis deux agents supplémentaires à la brigade contre la lutte

des fraudes sanitaires mais 500 inspecteurs vétérinaires ont disparu en 5 ans. Le volume de production est tel que la sécurité sanitaire pour les agriculteurs et leurs produits se voit menacée. L’exemple du scandale des lasagnes de cheval traduit cette crainte, 4,5 millions de produits étaient concernés. Les paysans avouent ne pas manger leur production en s’aménageant des jardins cultivés pour subvenir à leurs besoins quotidiens.

Comment retrouver une place à la «qualité» dans un monde agricole où la surenchère sur la quantité est

omniprésente ? Peut-elle favoriser une reconnaissance du paysan dans notre société ?


144 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Annexes.

Sortir de la logique de l’agriculture conventionnelle. Technique des trois soeurs ou la Milpa.

C’est une technique qui réunit 3 principales cultures, la courge, le maïs et le haricot. C’est une

composition qui a déjà fait ses fruits dans le continent américain ( Nord et Sud ). Les “trois sœurs“ sont plantées dans la même parcelle à des séquences temporelles différentes. Les haricots enrichissent le sol en azote ce qui favorise la croissance des deux autres cultures. Technique Astéque d’agriculture, mélanger beaucoup de gaines. Les “couges“ étalent leur large feuillage sur le sol, captant le rayonnement du soleil.

C’est une triade alimentaire et agricole utilisée dans le temps des Mayas et certainement bien avant. Le

développement de cette technique de façon moderne donne des résultats insoupçonnables qui pourront offrir à l’homme son indépendance alimentaire sans ajout de pesticides ou de produit chimique. Plus qu’une technique il faut voir là une méthodologie ou un modèle agricole à adopter, celui de “composer“ des parcelles mixtes et de générer une symbiose entre les éléments alimentaires grâce à des connaissances scientifiques sur chaque plante.

Dans moins de deux hectares, la Milpa optimise les ressources naturelles pour produire trois fois

plus que dans un système de monoculture. «Les avantages principaux du système milpa-solar, comparé à la monoculture du maïs, sont une production diversifiée et riche de plantes alimentaires sur une petite surface, […] un meilleur état nutritionnel pour les membres de la famille, une meilleure fertilité des sols, […] une production soutenable et écologique permettant de préserver et d’augmenter la biodiversité.» ( Les moissons du futur par Marie-Monique Robin ). Ce systéme a intégré récemment la liste des Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (Sipam) reconnus par la FAO (Food and Agriculture Organization).

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3

(1) : Photographie de l’agriculture urbaine à Cuba. Source : cubanismo.net (2) : Photo de moissonage dans un systéme d’arbosterie. source : inconnue. (4) : Photo maraichage intensif.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 145

Annexes.

Les innnovations Cubaines.

À cause de l’embargo, cuba a su apporter des innovations techniques au niveau agricole pour atteindre

l’autonomie alimentaire. Cuba utilisait un modèle agricole intensif et très consommateur d’engrais et de produits chimiques, qui ne permettait pas d’atteindre une sécurité alimentaire. Après la chute du mur de Berlin, une crise alimentaire s’abat sur le pays qui ne peut plus importer les pesticides de l’union soviétique. C’est à cette période où le modèle agricole cubain mondialement reconnu est né. Un réseau de recherche agricole a été mis en place pour travailler sur des techniques de fertilisation du sol sans aucun ajout chimique. Cuba aujourd’hui réussit à produire des aliments de qualité et suffisamment pour nourrir toute sa population tout en optimisant le foncier agricole disponible. On peut se poser la question de la fiabilité économique de ce modèle si Cuba était soumis au marché agraire international. Mais ce système peut être largement reproduit à une échelle plus locale. L’AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne ) et d’autres acteurs de ce type mettent en avant les avantages d’une agriculture diversifiée à petite échelle. On a tout à y gagner au niveau économique, social et environnemental.

«Si nous considérions notre planète comme une île fragile, nous comprendrions que Cuba n’est pas

si loin que ça d’avoir trouvé le bon chemin. Lorsque l’on sait qu’aujourd’hui en France un paysan par jour se

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(1),(2) : Illustrations du principe du systéme mixte ( avant - après ), dessin par Fernando Funes-Manzote.


Annexes.

Une combinaison.

Le fait d’additionner plusieurs types de produits dans une exploitation offre une indépendance

économique pour les paysans. Ces produits doivent avoir des cycles de croissance différents pour faciliter leur gestion et leur entretien. Parmi les avantages à ne pas négliger, la durabilité des sols et des plantes. En combinant l’apiculture ( élevage d’abeilles ), on favorise la croissance et la reproduction des autres productions. L’abeille est un pollinisateur par excellence, et son absence peut engendrer des conséquences économiques. On estime que l’abeille contribue à 75% au rendement des grandes cultures, d’ailleurs les agriculteurs font souvent appel aux viticulteurs pour préserver la qualité de leur récolte. Des études socio-économiques prédisent une crise sans précédent avec l’augmentation des prix des fruits et légumes si l’abeille venait à disparaitre. L’abeille est en général considérée comme un baromètre de la qualité de vie.

En diversifiant la production, on élimine les ravageurs pour les cultures. Si on arrive à promouvoir ce

schéma ( miel + vin + maraîchage ), l’éleveur peut facilement trouver sa place et pratiquer son métier.

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Agroforesterie.

L’agroforesterie, c’est planter des arbres au milieu des cultures pour atteindre un rendement efficace.

La production des cultures reste stable et la marge brute de l’agriculteur augmente. Dans cette configuration, les arbres poussent rapidement et bouleversent positivement l’écosystème des parcelles agricoles ( augmentation de la biodiversité utile, amélioration de la structure du sol et de la fertilité). Dans le même temps, on réduit l’apport en pesticides, en intrant et en engrais de plus de 50%.

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(1),(2),(3),(4) : Série d’illustrations du dessinateur Julien Revenu.


DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 147

Annexes.

Les coûts de production sont divisés par trois, la consommation de fuel par deux et demi, et le temps

de travail par deux. Cette situation permet au paysan d’investir dans la modernisation de son exploitation. Le non-travail du sol, associé à la ligne des arbres multiplie par trois la quantité d’auxiliaire des cultures. Alors que le coût des engrais, indexés au prix du pétrole, atteint plus de 400 euros par hectare, l’agroforesterie diminue les charges à moins de 150 euros par hectare.

Les chambres d’agricultures en partenariat avec l’INRA, mènent des expérimentations depuis une

dizaine d’années sur l’association vigne, grande culture et arbres. Le bilan est positif et présente différentes combinaisons pour moduler la vitesse, la quantité et la qualité de production sans aucun ajout extérieur. La conclusion est simple, l’arbre a sa place dans le monde de l’agriculture qu’on souhaite et qui doit redevenir un moyen de production. «L’arbre, c’est le maître des sols» Claude Bourguignon. Les maraîchages.

Les méthodes de maraîchage présentent des avantages considérables que cela soit pour des petites

surfaces ou les grandes cultures intensives. Ce modèle développé mondialement trouve un soutien financier et politique principalement au Canada. Les rendements sont tel que les industriels commencent à accorder une attention particulière à cette pratique pour la déployer sur des grandes exploitations. Ainsi de nouvelles machines mécaniques sont fabriquées pour répondre à ce besoin. Cette observation marque en réalité un tournant pour ce modèle et une reconnaissance de cette pratique.

On est loin de l’origine sémantique du maraîchage établi pour désigner la culture de potager sur les

marais autour de Paris. On regarde d’un autre œil ce modèle agricole qui peut supporter plus de 35% de la demande nationale en légumes si on lui donne les moyens de se développer. Les maraîchages ont connu des évolutions techniques pour produire trois fois plus de légumes sur un hectare par rapport à une culture conventionnelle d’un hectare. Des progrès sont également à souligner dans le domaine de l’irrigation, de la fertilisation et de l’optimisation de l’espace.



BIBLIOGRAPHIE des mines . . aux champs



Bibliographie.

DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs - 151

Sur la campagne : - Publication / Bruna Brembilla. Le parc agricole sud Milan : entre agriculture et conservation environnemantale. - Revue / Trait urbains. Agriculture urbaine de l’oxymore à la synergie. - Documentaire / la fin des petits paysans. - Exposition / Agence MYOP. Les oubliés de la campagne. - Rapport / Ministére de l’agriculture et de l’alimentation et des espaces ruraux. Pauvreté, précarité et solidarité en milieu rural. - Ouvrage / CAUE 27. Lisière vivante. - Ouvrage / José Serrano. Quel équilibre entre urbanisation et préservation des espaces agricoles périurbains ? - Article / Lucien Kroll. Les gens, la politique et l’environnement. - Bande déssinée : Sylvain Mouque. In a marché sur ch’terril. - Document / Université Lyon II. La fabrique des territoires en milieu rural : enseignements et questions pour le développement local. - Livre / kayser b., Brun a., Cavailhes. Naissance de nouvelles campagnes.

Sur la médiation : - Livre / Beuret J.-E. La gestion concertée de l’espace rural : médiations locales et politiques d’appui. In Billé R., Mermet L., (Dir.), « Concertation, décision et environnement. Regards Croisés », Paris, La Documentation française, volume 1, - Livre / Philippe Maec. Le temps à l’oeuvre citoyen. - Publication / L’union des architectes. Archi Citoyen, dix années de prix du projet citoyen.

Sur la qualité : - Livre / Rainier Hoddé. Qualités architecturales : conception, significations et positions - Livre / Robert M.Pirsig. Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes. - Livre / Dominique Bidou. Coup de shampoing sur le développement durable. - Livre / Hassan Fathy. construire avec le peuple. - Livre / Rudy Ricciotti. HQE - Film / Jacques Kebadian. construire autrement. - Livre / SIBONY Daniel, Entre dire et faire, penser la technique. Sur le lieu : - Ouvrage / Jacques Rémy. Les mondes agricoles en politique. - Catalogue / LLC. Bâtiment agricole. - Essais / Thierry Paquot. Un philosophe en ville. - Bande déssinée / Jean-Luc Loyer. Les blagues Ch’tis.


152 - DROIT DE CITÉ : des mines ... aux champs

Bibliographie.

- Bande déssinée / Imbro Lio. In chaut de ch’terril. - Ouvrage / Nathalie Van Bost. Voyage entre terrils et cités. - Livre / Jean Viard. Lettre aux paysans et aux autres sur un monde durable. - Livre / Jocelyne Pocher. Vivre avec les animaux, une utopie pour le 21e siècle. - Livre / Raymond Depardon. Paysans. - Livre / Jean Viard. L’archipel paysan, la fin de la république agricole. - Essai / Henri Mendras. La fin des paysans. - Essai / Jacques testart. À qui profitent les OGM ? - Roman / Marie-Paul Armand. La poussière des corons. - Ouvrage / Laurent Rieutort. L’élevage ovin en France. Espaces fragiles et dynamique des systémes agricoles. - Livre / Robert Boussemart. Adieu terrils, Adieu corons. - Livre / Patrick Chamapagne. L’héritage refusé. La crise de la reproduction sociale de la paysannerie française. Données / Informations / Cartographie : AULAB : Agence d’Urbanisme de L’Arrondissement de Béthune. Mission Bassin Minier. ArtoisComm. Smescota. Agriculture et territoire : Chambre d’agriculture région nord-Pas-De-Calais. Ministère de l’agriculture. Atlas du patrimoine minier. BRGM : Bureau de Recherches géologiques et minière. Région du Nord-Pas-De-Calais.



Octobre 2014

Ce mémoire a été écrit avec les polices Swiss Lt Bt

Keytin Munich


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