le magazine impertinent
qui cause de bulles et de pixels OI S M U D R E I T N A H C
L A I C E P S E H C U O T RE
03 NOV 2011
éditorial... Salut à tous, Non, non, le BDZ Mag n’est pas mort ! On a juste pris de longues vacances… Je plaisante à peine... En fait, on a un projet de BD numérique en cours – on va d’ailleurs vous en parler dans ce numéro – et d’autres choses encore… Cependant, il faut l'avouer : malgré nos efforts, nous ne pouvons pas assurer un numéro du magazine par mois : la parution sera donc dorénavant plus anarchique. Mais si vous ne pouvez pas attendre chaque numéro, pas de soucis : rejoignez-nous sur Facebook, où l’info sur la BD numérique est reliée et commentée chaque jour. Pour ce numéro, nous tenons à remercier particulièrement Uttini, l’auteur du Jedi rieur qui sévit sur Starwars Universe, pour nous avoir spécialement fait le dessin de Yoda utilisé pour le dossier « retouches ». Alors, bonne lecture !
SOMMAIRE...
Le coup de gueule de Jean-Mi .............................................................................. 3 Vert bizarre, un projet de widescreen promu par BDZ Mag .................................. 4 Nos coups de cœur : - Hel, d'Anne Reneaud et Yannick Beaupuis ........................................................ 5 - Adamson, de Pierre Veys et Carlos Puerta ........................................................ 7 En salle : Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne ................................... 9 Le chantier du mois « Spécial retouche » - La retouche, étape essentielle de la BD numérique ......................................... 1 4 • Qualité des retouches légales et illégales ...................................................... 1 4 • L'impact de la retouche sur l'avenir de la BD .................................................. 1 6 • Le scan de la BD ............................................................................................ 1 8 • Scanner ou photographier ? ........................................................................... 20 • La retouche, les règles fondamentales ........................................................... 22 - Les dix commandements de la retouche .......................................................... 23 - Les perles du scan ............................................................................................ 32 Webmetropolitan #01, Spider Jerusalem scanne le web... ................................. 38 Nos coups de cœur (2): - Koma, de Wazem et Peeters ............................................................................ 40 Un deuxième petit tour au cinéma : - X-Men, le commencement, de Matthew Vaughn .............................................. 41 - Super 8, de J. J. Abrams .................................................................................. 43 B.D.Z - Le mag #3 - Novembre 2011 © BDz Mag Team 2011
Le coup de gueule de Jean-Mi. ..
L
e Jean-Mi aime les pommes, mais il aime beaucoup moins la pomme . Il en a marre de voir dans les news de la BD numérique que tout est fait par rapport à l’iPad. Mais merde ! Une BD numérique se résumerait donc à la lire sur un iPad ? Certainement pas ! L’iPad et les autres tablettes sont un moyen mobile de consommer de la BD, pas une finalité. Ceux qui apprécient la lecture de BDs numériques le font sur un grand écran. La lecture d’une bande dessinée (un « roman graphique », diraient les anglo-saxons, par opposition aux comics) en mode portrait sur un écran de 10 pouces, ce n’est vraiment pas le pied : essayez avec du Blake et Mortimer pour du texte, ou avec un Bilal pour le dessin, par exemple. La BD papier a des formats différents selon les cultures et les usages (BD franco-belges en 32 x 24 cm, comics en 26 x 17 cm, manga en format poche…), mais les tablettes n’en ont qu’un seul : en majorité le 10 pouces, à peine plus grand qu’un manga. Quand verrons-nous des BDZ créées spécialement pour la lecture sur tablette ? ce qui implique une transformation intégrale des mises en page ou bien des tablettes avec une diagonale qui permet la lecture des bandes dessinées sans pour autant se faire péter le nerfoptique en essayant de lire sur l’écran trop petit. Dans le domaine, Amazon a tout compris à l’histoire. D’un point de vue de marketing, ils sont champions. Leur truc, c’est de vendre du contenu. Mais pour vendre du contenu, ils savaient qu’ils auraient besoin d’une liseuse à eux, sans compter sur la pomme et les autres marques. C’est ce qu’ils ont fait avec le Kindle et le Kindle Fire, une tablette tactile sous Android, mais pourvus d’un écran de 7 pouces, pour la bande dessinée, ce n’est même pas la peine. Quant aux promoteurs d’offres légales français, eh bien ils attendent juste que la pomme et les autres fassent la tablette qui ira bien… Nous attendons... et je pense qu’on peut attendre encore longtemps. Et pourtant en 2010, on n’était pas loin de la perfection dans le domaine avec le « Skiff Reader » , le lecteur de magazines et journaux du groupe Hearst : un écran flexible (!) de 22 x 28 cm, avec une résolution de 1200 x 1600 pixels en 174 dpi… Malheureusement, plus aucune nouvelle depuis… Il semblerait qu’il ait été sacrifié par le News Corp. 1 qui a racheté Skiff pour conserver la plateforme de distribution de contenus mais en abandonnant le lecteur, sans doute trop couteux à fabriquer... 1. http://actu-des-ebooks.fr/2010/06/15/skiff-reader-rachat-par-news-corp/ page 3
"Vert bizarre", un projet de widescreen, promu par BDz Mag. Adnane Tmart (que vous pouvez découvrir sur son site personnel 1 ) est un dessinateur récemment sorti de la Miami International University of Art and Design. Nous lui avons demandé s’il voulait créer un widescreen2 basée sur la nouvelle de Fred Nera, Vert bizarre. Il a accepté, et l’aventure a commencé. Merci à lui.
Vert bizarre est une nouvelle fantastique de Fred Nera quelque peu inspirée du roman Le club Dumas d’Arturo Perez-Reverte (déjà adapté au cinéma par Roman Polanski sous le titre La neuvième Porte).
Vous pouvez en découvrir le texte sur le site des Rêveries de Lizzie Crowdagger3.
L'objectif est de proposer un CBZ gratuit, en libre téléchargement ou juste en lecture, on ne sait pas trop encore. C’est le tout début de cette aventure, donc pas grand chose à vous montrer, désolé ! Dès que le projet avancera, nous relaierons les informations sur notre Facebook, promis. 1. http://www.tmartwork.com 2. Widescreen : bande dessinée numérique conçue dès l’origine pour la lecture sur écran d’ordinateur ou de tablette, et donc en format paysage (dans le monde de l’impression, on dit « à l’italienne ») pour profiter pleinement de la totalité de chaque planche dans la largeur de l’écran sans être contraint au défilement vertical. 3. http://reveries.info/courtes/vert_bizarre/dl/html/vert_bizarre.html page 4
nos coups de cœur (1)... Hel,
d'Anne Renaud et Yannick Beaupuis Le scénario pourrait se résumer à une super pépée qui a des supers pouvoirs et bien sûr des supers problèmes ! On est en plein comics à la superwoman ! Mais non, si on se rapproche parfois du comics américain à la Spawn ou Batman, c’est surtout par le décor et certaines attitudes de notre héroïne posée sur le toit de la ville en pleine introspection sur son devenir et ses relations avec nous, vulgus pecum, spectateurs anodins de cette histoire. Le lieu : une ville, Antes, très Gotham City avec des gratte-ciels futuristes de verre et de transparence et des immeubles à la Rockfeller Center, fortement urbanisée style New York période Art Nouveau. Ses faucons et elle ont de la place pour y évoluer en hauteur et s’y trouver des perchoirs. Elle c’est Hel, jeune femme athlétique, brune aux yeux marrons avec des couettes...Oui des couettes comme Sheila et alors ! ! Lookée plutôt cuir SM, souvent nue, bien que ses tatouages atténuent fortement cette nudité qui n’est pas gratuite, on sent que sa fluidité et son envol nécessitent une absence complète de fringue, et elle a de beaux nichons, et des belles fesses et de... Oups je m’égare ! Enfin bon, elle est très plaisante quoi, avec ses couettes ! Maîtresse en close-combat, elle a aussi des pouvoirs que je n’ai pas entièrement saisis ! On les découvre au fur et à mesure : vol, passe-muraille, force hors du commun, bouclier protecteur, et surtout tatouages étranges et létaux. Toutes ces bizarreries l’ont exclue d’une socialisation normale : elle est très solitaire, vivant en marge grâce à ses dons et à cause d’eux, dons qu’elle rejette car ils la poussent aux extrêmes. On est très loin du comics comme on aurait pu le croire de prime abord, l’histoire est trop complexe pour cela et puis les dialogues du genre : « seuls les artistes définissent ce qu’est l’art » ou « l’humanité doit s’affranchir de son paradigme : à la finitude de la dichotomie, elle doit substituer la fusion gémellaire, la seule entropie possible »... !!! ??? T’imagines Batman dire ça au Joker ? Ses seuls amis sont des jumeaux étranges, couverts de scarifications et de sculptures corporelles, ce sont des artistes bien snobs et profondément intellos, fréquentant un monde riche et marginal. Ils travaillent dans une sorte d’art nécrophile très mal précisé par l’auteur, je suppose qu’on aura des éclaircissements dans le deuxième tome, s’il sort un jour...Le méchant est aussi glauque et abscons et parle par citations latines...Ils cherchent tous des « Janus », qu’ils se dérobent entre collectionneurs. Janus ? C’est pareil : peu explicité. On attend la suite… Normalement, chez les romains, c’est le dieu des portes, des passages, des débuts et des fins, de la paix, Janus et Janvier début de l’année. Il est le plus souvent représenté avec une tête à deux visages, l’un qui regarde devant et l’autre derrière, le passé et le futur. Il est le temps, l’occident et l’orient… Dieu des portes, c’est aussi le dieu des naissances et des morts. Rien à voir avec notre Janus qui ressemble à un fœtus de gnome dans un bocal de formol.
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Enfin Hel s’introduit chez notre latiniste distingué et se trouve face à une collection de Janus hors du commun : une salle pleine de Janus ! Le pied ! Et là débarque, tout en corne, en mufle et en jarrets, le minotaure. Il s’ensuit dix pages de baston du feu de dieu où Hel se fait laminer par la bête. Après... lisez la BD !
Le dessin est de toute beauté. Corps souple et fin pour Hel, musclé et bestial pour Minotaure, baroque et étrange pour les jumeaux. Tout est précis et complet dans les décors, des salles d’examens médicales ou d’interventions chirurgicales, bibliothèques immenses et hall de gare, la ville est belle, pas de flou, le trait est net et précis gracieux dans l’étrange, monstrueux au besoin. C’est beau ! Peu de couleurs primaires, que des hybrides dans le ton de l’histoire : des violets, roses, bleus cobalt et verts jaunissants donnent un aspect étonnant à cette BD ma foi très étrange.
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Adamson
de Pierre Veys et Carlos Puerta Toujours aussi bons ces espagnols, à croire qu’il n’y a plus de bons illustrateurs qu’en Espagne ! Un aventurier explorateur anglais est sur le point de s’occire dans son appartement londonien, quand l’Amirauté lui propose une expédition aventureuse et étrange au large du Spitzberg... La Norvège quoi ! Bande d’incultes. Bon, des pêcheurs anglais en quête de morues sont tombés sur une sorte de porte ou passage où le bateau disparaissait. On confie donc à notre ami suicidaire la mission d’aller voir sur place ce qu’il en est. Comme par hasard notre homme est attaqué chez lui par un bestiau genre Starship Troopers, son domestique se fait proprement découper en morceaux et lui s’en tire miraculeusement en foutant le feu à l’appartement. Bizarre, bizarre... Lisez la suite. Fantastique, science-fiction, comme vous voulez, on est en 1 911 , un peu avant la première guerre mondiale, ça a son importance, vous découvrirez que les britanniques ne sont pas les seuls sur le coup, les teutons itou... Avec même, il semblerait, beaucoup d’avance.
Le coup des portes ou du passage sur un autre monde ou une autre dimension, ce n’est pas neuf, à commencer par Lovecraft et Cthulhu. Derrière chaque porte, en passant par Stargate et l’armoire du Monde de Narnia, tout amateur de science fiction aura un exemple de passage similaire dans sa mémoire. L’astuce étant de mélanger une intrigue policière se passant dans Londres et ce voyage fantastique dans un autre monde à la faune mortelle et aux rencontres étranges : un cuirassé allemand ! En bref, c’est un excellent scénario qui vous tient en haleine de page en page et de tome en tome. On veut absolument connaître la suite ! page 7
Le dessin est magnifique, collant dans son style parfaitement à l’histoire, très photographique, parfois même cinématographique dans les scènes d’action, jouant énormément sur les contrastes de couleurs pour les ambiances d’intérieur très chaudes et cosy. C’est le Londres du début du XXème siècle, celui de Sherlock Holmes, vingt ans seulement nous séparent de Jack the Ripper, et quarante de Phileas Fogg, un certain Maurice Leblanc nous y fait évoluer un non moins certain Arsène Lupin... Bon ? Où en étais-je ?... Ah oui : le dessin de Puerta. Regardez bien la première page du tome 3 : un monstre d’acier bardé de canon déboule sur notre petit bateau perdu sur la mer menaçante de ce monde hostile, le ciel est gris et les cheminées crachent de la suie, vite se mettre à l’abri. C’est tout beau, on s’y
En cherchant un peu sur le net, j’ai trouvé une intervention de Puerta sur un forum, où il répondait à un amateur un peu trop critique sur son dessin et sa technique. Il travaille donc avec beaucoup de photos, en watercolor (que je suppose être de la gouache), et Painter sur ordinateur. En tout cas le rendu est original et très beau !
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Dans les salles obscures
Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne Quoi de plus normal pour un magazine d'amateurs de BD, que de s’intéresser à un film qui adapte un monument du neuvième art ? Et ce n’est pas parce que tout le monde en parle qu’il faut s’empêcher de le faire ! Vingt-neuf ans après la naissance du projet, Steven Spielberg est enfin parvenu à nous livrer sa version des aventures du jeune reporter belge (l’auteur de ses lignes se permet au passage un petit « cocorico », une fois). C’est en effet lors du tournage d’ Indiana Jones, Les aventuriers de l’arche perdue, qu’on lui parle de ce personnage et des ressemblances avec son héros dans l’esprit aventureux. Se renseignant sur le sujet, il tombe sous le charme et contacte Hergé qui se réjouit de voir un jour ses aventures adaptées par Spielberg. Il sait bien qu’il sera trahi, mais c’est de façon grandiose qu’il l’envisage. Il faut dire que dans ce domaine, il a eu à faire face à plusieurs semi-déceptions à la suite de longs métrages librement inspirés de ces albums, tels que les deux films avec Jean-Pierre Talbot dans le rôle principal – Le mystère de la toison d’or (1 961 ) et Les oranges bleues (1 964) – ou les films d’animation comme Le temple du soleil (1 969) ou Le lac aux requins (1 972). Malheureusement, Hergé décède peu de temps après, laissant un album inachevé, L’alph-art, et le projet est mis de côté. Les années passent, les projets autour de Tintin se multiplient mais aucun n’aboutit, comme celui de Jeunet ou celui de Jaco Van Dormael (Mister Nobody) qui a travaillé de longs mois sur sa version de Tintin au Tibet. Seule la série télévisée d’animation franco-canadienne Les Aventures de Tintin (1 992), diffusée dans près de cinquante pays, montre que Tintin continue à avoir un impact sur les nouvelles générations. De son côté, Peter Jackson, à qui l’on doit les classiques gores Braindead et Bad Taste, mais aussi Fantômes contre fantômes, et surtout la trilogie du Seigneur des anneaux et King Kong, connaît Tintin depuis qu’il est petit dans sa Nouvelle-Zélande natale. Les deux compères se rencontrent et après de longs mois de gestation, le bébé naît avec l’autorisation de Nick Rodwell, actuel grand patron de la société Moulinsart, connu aussi pour avoir détruit une partie des produits dérivés et augmenté les prix de ceux restant, ne faisant de Tintin qu’une icône accessible aux super-riches ou super-fans. Connu aussi pour avoir écarté de lui tous ceux qui connaissent réellement l’œuvre d’Hergé, en les mettant sur liste noire, n’hésitant pas à attaquer ces personnes sur leur vie privée. Que ceux que ça intéresse se renseignent sur le critique de cinéma et de BD belge Hughes Dayez et ses relations avec Rodwell... Inutile de tourner autour du pot : pour peu que vous appréciez Tintin à la base, ce film est une réussite. Et ce, sur de nombreux points. Tout d’abord le visuel : autant les annonces disant que le film reposait sur les page 9
technologie du Pôle Express, Beowulf et Le drôle de Noël de Scrooge (tous les trois de Robert Zemeckis) faisaient frémir les plus sceptiques, et diminuer l’entrain de ceux qui les ont vus, c’était sans compter sur le coup de pouce apporté au procédé par James Cameron et son Avatar. Faisons court, le procédé consiste à habiller les acteurs de tenues près du corps peu esthétiques, de les farder de capteurs sur le visage, et de les faire bouger dans des décors faits d’armatures métalliques et autres objets sans ressemblance avec quelque chose de connu. Le but étant que tout ce qui se déroule sur scène soit immédiatement et en temps réel visible sur un écran où le décor est préconstruit : le personnage apparaît à l’écran directement. Nous pouvons donc voir Jamie Bell (alias Billy Elliott dans le film du même nom) en chair et en os, et juste à côté Tintin, en pixel et en couleurs, bouger et arborer les émotions exprimées par l’acteur. L’avantage étant que la caméra puisse voyager tout autour des acteurs sans les contraintes que poserait une vraie caméra sur un vrai décor. Il ne reste plus après qu’à rendre la scène filmée la plus réaliste possible, en accentuant le réalisme des vêtements, des maisons, des personnages... Et là aussi, c’est une réussite. Plusieurs fois on se surprend à dire « mais c’est un vrai acteur ? Ah, non… » et ce, malgré l’aspect « BD » qui est conservé. Et là aussi réside la force du film. Ce que bon nombre de critiques ne comprend pas, c’est qu’adapter un tel monument avec de vrais acteurs à l’écran aurait cassé l’ambiance et les points de repère que tout un chacun possède de la BD. Quelle joie de retrouver dès lors les Alan, Nestor, Ben Salaad, Haddock, Dupont et Dupond dans un style mi-réel, mi-cartoon, évoluant dans un Bruxelles des années 50 en grande partie refait mais aussi imaginé (bien que n’étant pas Bruxellois, je reste persuadé qu’il n’existe pas de port dans le centre de la ville...). Si le film valait seulement par son visuel, son intérêt serait modéré (quoique, Avatar…). Parlons des acteurs : rien à redire ! Il faut admettre que Tintin est un personnage un peu mystérieux, pour ne pas dire creux. Nous ne savons rien de lui, de son enfance, de sa vie privée, si ce n’est son envie d’aventures. Nous n’apprenons toujours rien d’inédit à son sujet, et c’est ce qui permet au spectateur de se projeter en lui comme le faisait déjà la bande dessinée d’origine. Les plus sceptiques, qui craignaient de voir Tintin servir de franchise pour des films d’actions sans l’âme originelle peuvent se rassurer. Chapeau également pour le grand Andy Serkis ! Mais si ! Andy Serkis ! Bon, je vous rappelle son parcours. Il est le cultissime Gollum de la trilogie du Seigneur des anneaux (et actuellement en train de co-réaliser et de jouer dans les deux « antépisode » de Bilbon le Hobbit). En cela, c’est un vétéran de la « motion capture ». C’est également lui le grand King Kong (oui oui, le singe) : il est parvenu, après des mois d’observation de gorilles, à faire jaillir un tas d’émotions à travers les yeux de cet immense primate en images de synthèse, certes, mais intégralement inspiré de son jeu d’acteur. Il est également le cuisinier dans le film, celui qui se fait pomper la tête par les gros… machins… euh… ces trucs qui ressemblent à des gros… Il aussi a incarné César, le singe qui prend la tête de la révolution dans l’antépisode de La planète des Singes, sorti cette année. C’est donc naturel de faire appel à la fois au vétéran de cette technologie mais également à sa grande faculté d’incarner tout type de personnage. Il nous rend donc un capitaine Haddock excellent, gaffeur, alcoolique, râleur mais revanchard. Celui vers qui se porte sa haine est Sakharine, le descendant de Rackham le Rouge, lui-même ancien ennemi du chevalier François de Haddock (et donc ancêtre du capitaine). Il est incarné par Daniel Craig, le dernier James Bond. Au passage, nous retrouvons également Nick Frost et Simon Pegg dans les rôles des Dupondt (les deux compères de Shaun of the dead, Hot Fuzz et Paul) ainsi que Gad Elmaleh dans le rôle d’Omar Ben Salaad. page 1 0
Nous sommes donc, mais vous le saviez déjà, dans l’adaptation du Secret de la Licorne. Enfin, oui et non. Car si on peut estimer l’entreprise du duo Spielberg (à la réalisation) et Jackson (à la production) comme réussie, l’histoire de base se retrouve trahie quelque peu. Mais on en conserve et l’esprit, et les grandes lignes. Tout tintinophile sait que Tintin et Haddock se rencontrent sur le bateau de ce dernier dans Le crabe aux pinces d’or et parviennent à démanteler un réseau de trafiquant de drogues dirigé par Ben Salaad. Les années passant, ils sont devenus amis et Tintin tombe un jour sur une maquette de la Licorne dans un marché aux puces. Mais celle-ci est immédiatement convoitée par deux hommes. Par la suite, Haddock raconte l’histoire de son ancêtre, propriétaire du bateau qu’il fut obligé de couler après que le pirate Rackham le Rouge en a pris possession, ainsi que du trésor se trouvant à son bord. Le chevalier de Haddock ayant par la suite construit trois maquettes du bateau et glissé en leur intérieur une énigme désignant l’endroit où se trouve le dit trésor. Il est donc nécessaire de mettre la main sur les trois maquettes pour que l’énigme soit révélée. L’aventure les amène à Moulinsart où les frères Loiseaux sont devenus propriétaire des biens de Haddock, absent depuis trop longtemps. Parvenant à récupérer le château, ils lancent une expédition (Le trésor de Rackham le Rouge) dans les Caraïbes pour retrouver le trésor et se font aider par un savant fou encore inconnu : le professeur Tournesol. Ouf ! SI vous n’avez pas suivi mon résumé, (re)lisez l’album ! L’histoire du film est en partie différente : Tintin est seul avec Milou et trouve la maquette. Il l’achète et se fait harceler par deux hommes. L’un veut le protéger, l’autre la lui voler. C’est ainsi que Sakharine, alors personnage secondaire dans la BD, devient à la fois le méchant principal et l’héritier inédit de Rackham le rouge qui veut sa revanche (c’est peut-être là la plus grande trouvaille du scénario). Il kidnappe Tintin et part à la recherche du trésor. Sur le bateau, Tintin tombe par hasard sur Haddock que l’on saoule pour qu’il garde le silence sur ce qui se trame dans son bateau. Le hasard faisant bien les choses, ils font équipe pour s’échapper et parvenir à trouver les richesses avant les méchants.
C’est donc une adaptation étrange mixant Le secret de la Licorne avec Le crabe aux pinces d’or et délaissant totalement la suite légitime du premier, Le trésor de Rackham le rouge ; le film finissant carrément là où cette histoire était censée débuter. Mais ne chicanons pas, le plaisir reste au rendez-vous malgré la nécessité d’américaniser certaines scènes d’actions. Et oui, les Américains ne connaissant pas le reporter belge, Spielberg se voit obliger de forcer le trait en lorgnant, à juste titre (!) sur Indiana Jones afin d’attirer les foules d’outre-Atlantique dès décembre de cette année pour qu’elles se disent « Ah ! c’est COMME Indiana Jones, alors j’y vais ! » On ressent derrière le film un amour et un intérêt réel pour les aventures de Tintin, et non une envie simple de faire un film qui rapporte, car le pari est risqué de leur part en conservant les origines réelles de Tintin (re-cocorico) et l’alcoolisme de Haddock (entre autres choses, on lui a quand même supprimé la pipe, normal lorsqu’on sait qu’aux Etats-Unis, si un personnage fume dans un film, ce film risque de se voir classé comme interdit en dessous d’un certain âge…). page 11
Les références tant à l’univers de Tintin qu’à celui de Spielberg vont faire plaisir aux fans. Par exemple, les articles qui trônent sur le bureau de Tintin et qui évoquent L’oreille cassée, Les cigares du Pharaon, Le sceptre d’Ottokar, le caméo d’Hergé comme caricaturiste qui œuvre sur le marché au tout début du film ou la houpette de Tintin qui ressemble à l’aileron du requin des Dents de la mer… Citons également les apparitions de personnages tels que la Castafiore, bien qu'elle ne chante pas son fameux air des Bijoux du Faust de Gounod, ou encore Omar Ben Salaad (Gad Elmaleh), grand méchant du Crabe aux pinces d'or, qui ici a un rôle très secondaire… Enfin, citons le retour de John Williams, éternellement attaché aux projets de Spielberg, qui nous signe une partition comme lui seul sait le faire. Ceci permettant de porter le film comme une véritable aventure épique. Dommage toutefois que le thème principal soit si… jazz et si peu ressemblant au reste des musiques (on l'aura compris, l’auteur de ses lignes n’aime pas le jazz). Si vous êtes fan de Tintin ou si vous l’avez aimé, allez le voir (en 3D ou pas, faites votre choix… moi, je n’aime pas la 3D... je n’ai donc pas été tenté par cette forme). Si vous ne connaissez pas, c’est une excellente occasion d’approcher l’univers qui promet déjà d’autres aventures. Le duo inversant les rôles, nous retrouverons Peter Jackson aux commandes du Temple du Soleil (qui devrait, logiquement inclure Les Sept boules de cristal) tandis que Spielberg produira le film. La productrice Katheen Kennedy ayant plus ou moins également laissé entendre que s’ils ne trouvaient pas de troisième réalisateur pour le troisième film, il se pourrait que Spielberg reprenne les commandes pour rendre à nouveau le poste à Jackson pour un quatrième film ! Que pourra-t-on s’attendre à voir ? Les aventures sur la lune que réclament les fans (dont je fais partie) ? Le Lotus bleu et sa suite indirecte, Tintin au Tibet, album préféré de Peter Jackson (et de l’auteur de ces lignes) ? L’avenir nous le dira…
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La retouche, étape essentielle de la bande dessinée numérique La BD numérique, on en parle beaucoup, mais on évoque peu les opérations qu’elle implique. Nous allons vous présenter les différentes phases de numérisation d’une BD. Attention ! Ce n’est pas un appel au piratage des BDs, mais plutôt une introduction à la copie privée1 . Puisque chaque Français paye une taxe pour la copie privée, pourquoi n’aurions nous pas le droit de faire une copie numérique de nos chères BDthèques ? Ce dossier ne cherche pas à proposer des tutoriels sur tel ou tel logiciel ou des trucs à suivre à la lettre, mais plutôt un développement de notions essentielles. La retouche sur des BDs anciennes ne sera pas traitée dans ce dossier : c’est de la restauration pure qui demande vraiment une bonne motivation, ainsi que des compétences techniques approfondies et une excellente connaissance de son logiciel de retouche. En fait, la retouche d’une BD n’est pas vraiment très compliquée. Dans la grande majorité des cas, il suffit d’avoir fait un bon scan brut, ensuite ce n’est qu’une mise en forme. Il y a bien sûr des cas de scans bruts ou des BDs difficiles à retoucher, mais c'est à vous de connaître vos limites. ..
Qualité des retouches légales et illégales Commençons par l’offre légale, en prenant comme références Izneo et Ave Comics. Tous les deux ont comme base le scan d’imprimeur, donc normalement une qualité parfaite. Je me demande quand même pourquoi les scans sont flous souvent, les bulles illisibles et le noir numérique appliqué à tous les scans. Mais ça, c’est une grande énigme. Les planches sont en 1 200 pixels de large pour Izneo (soit, en moyenne, 1 200 x 1 600 px), et en 2048 pixels de haut pour Ave Comics (soit globalement, du 1 500 x 2048 px). Ces choix s’expliquent en grande partie pour des raisons techniques. Une planche chez Izneo pèse environ 500 kio (72dpi avec une compression JPEG de 90), ce poids permet un chargement rapide de la page dans le lecteur : n’oublions pas qu’Izneo – sauf sur iPad – ne propose que des BD numériques « en ligne » et donc pas de téléchargement local des fichiers. De son côté, Ave Comics a débuté en proposant du contenu pour smartphones, avec une application permettant de passer d’une zone de l’image à une autre, à partir d’une vignette (illisible) de la planche entière : chaque zone découpée faisant l’objet d’un téléchargement séparé. Les 2048 pixels de haut correspondent à la taille optimale pour le logiciel permettant le découpage de ces zones (211 = 2048). D’ailleurs, même les pages doubles sont proposées en 2048 pixels de large ( ! ). Le poids des planches se situe en moyenne entre 500 et 1 000 kio (72dpi avec une compression JPEG de 92/93), ce qui montre au passage qu’Ave Comics ne craint pas les problèmes de lenteur au chargement des pages sur ordinateur. Oublions ces données techniques, et observons plutôt le résultat : dans l’ensemble, soyons honnête, il n’est pas trop mauvais… Mais on parle ici d’offres qui vendent leurs scans : ils n’ont pas le droit à l’erreur et pourtant... Sans parler des aberrations incompréhensibles qui montrent surtout que le travail n’est pas vérifié (des planches avec des bulles en français et allemand, ou avec des bulles vides ou encore des marques de coupe d’impression), côté traitement final, j’estime qu’ils ont beaucoup à apprendre sur la retouche. 1. « L'exception de copie privée autorise une personne à reproduire une œuvre de l'esprit pour son usage privé. L'usage privé implique l'utilisation de la ou des copies dans le cercle privé, notion incluant la famille, mais aussi les amis, comme l'ont redéfini les tribunaux récemment. Cependant, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a condamné un internaute pour contrefaçon en se fondant sur le fait qu'il avait prêté les CD sur lesquels il avait gravé des films à des amis, dépassant le cadre de l'usage privé. » (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Copie_privée) page 1 4
Comparatif de différentes retouches sur le même dessin. Seules les deux premières sont disponibles sur le net, celle de BDZ Mag a été faite pour les besoins du magazine.
L’offre illégale est bien plus complexe de par son ancienneté, de la provenance des scans issus d’un scan de l’album papier et des différents points de vue sur la retouche des personnes qui en font. Les scans datant de cinq ou six ans ont généralement un format de 800 à 1 280 pixels, ceux qui datent de moins de trois ans ont un format de 1 600 à 1 920 pixels. Les plus anciens ne sont pas forcément les plus mauvais, même si on y rencontre de belles perles ; les plus récents devraient être les meilleurs en qualité de retouche, mais ce n’est pas toujours le cas… L’offre illégale, d’une offre pour passionnés est devenue une offre de remplissage de forums en quête de nouveautés. C’est une mauvaise vision du piratage des BDs à mon goût : le scan est en train de suivre le même chemin que le partage du film ou de la musique où seule l’exclusivité prime. Dans le partage du film, il y a de multiples versions d’un même original : très bonnes, moyennes, mauvaises, la différence pour la BD c’est qu’il n’y aura qu’un seul scan dans la plupart des cas, s’il est mauvais ou juste lisible, il n’y aura pas d’autres alternatives. L’autre différence vient du fait que les films partagés – mis à part les « screeners » – utilisent des sources numériques à la base (DVD, BlueRay ou TV numérique), alors que la BD numérique s’appuie uniquement sur l’album papier : le processus de transformation d’un support à l’autre nécessite donc des manipulations nombreuses. Alors autant faire de bonnes retouches du premier coup, ça demande juste un peu plus de temps que de le faire mal.
Quel impact la retouche peut-elle avoir sur l’avenir de la BD ? Prenons comme base de référence « le marché du piratage » sur les réseaux. La tendance va dans l’acceptation de tout BDZ sur les forums ou sites. Du moment que c’est une nouveauté, peu importe la qualité. Les membres consomment donc ces BDZ sans savoir qu’ils ont une version erronée de l’œuvre. Ils s’en moquent, c’est évident ! Transposons cette tendance sur les offres légales : c’est exactement la même chose ! Même s’ils essaient tant bien que mal d’avoir une ligne de qualité, dans la réalité, ce n’est pas très reluisant, comme on l’a déjà vu avant, avec le dossier Izneo (BDZMag n°2) et plus loin dans ce numéro avec les comparatifs de qualité des différentes offres. Allons-nous vers une dégradation de qualité liée au numérique ? J’en ai bien peur. La consommation des BDZ sur tablette ne va rien arranger à cela, puisque la tablette n’est qu’un support de consommation nomade, mais en aucun cas un matériel valable pour apprécier réellement une BD. La qualité du fichier, de la BD, devient secondaire du moment qu’on a quelque chose à l’écran qui est lisible. Je crains en fait que le numérique en tant qu’avancée, puisse aussi être un énorme recul sur la qualité des BDs proposées. Izneo fait du scan lisible, les autres offres légales aussi. Le lecteur lui, achète ce qu’on lui propose en numérique pour remplir sa tablette. Il n’a pas le choix. S’il n’a pas la BD papier pour comparer, il est presque impossible de savoir si ce qu’il lit à l’écran correspond à l’œuvre voulue par l’auteur. La retouche numérique pose ici un réel débat qui n’a pas encore été soulevé. Nous allons petit à petit, lentement mais sûrement, vers un chemin où il y aura d’un côté les BDs papier pour ceux qui veulent de la qualité et de l’autre du numérique, mais il faudra ne pas être trop regardant. Et pourtant si la retouche est encadrée, il est possible de faire des fichiers de qualité vraiment égale.
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Nous devons vous avouer un petit secret à propos de cet article. Au BDz Mag on adore la pratique. La théorie, c’est bien, mais si on peut prouver les faits, c’est encore mieux. Pour prouver ce que nous avançons, nous avons donc diffusé il y a quelques temps un lot de scans tout à fait lisibles au niveau des bulles, mais avec des retouches totalement faussées : inversion des couleurs, noirs hyper-chargés... Enfin bref, tout ce qu’il ne faut pas faire ! Des exemples :
Donc voilà nos scans sur le réseau ! Celui de l’exemple de droite a été noté 5 sur 5 sur un forum qui revendique son ancienneté dans la matière, sans que personne n’ait rien à redire sur l’état du scan : ce qui prouve bien que le numérique peut faire passer n’importe quoi en qualité. Les utilisateurs s’en moquent totalement du moment que c’est lisible (nous excluons d’office ici ceux qui téléchargent pour stocker les BDZ sans les lire). Cela prouve aussi que pour 98% des lecteurs, les BDZ sont juste un consommable jetable. Et l’usage de la tablette ne va pas arranger cette perception des choses… Et pourtant… Avoir de beaux scans sur son disque dur peut être un plaisir aussi grand que d’avoir de belles BDs papier. Car qui a dit que les collectionneurs virtuels n’existaient pas ?
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Le scan de la BD Pour retoucher, il faut un scan, un brut comme on dit aussi ! Pour vous expliquer les petits trucs de la numérisation, j’ai invité un virtuose du scanner, Mr Pidu. Mais avant de vous lancer, vous devez impérativement calibrer votre écran, cela vous évitera des mauvaises surprises car ce que vous pouvez voir sur un écran mal équilibré n’est pas représentatif de l’image réelle. Je vous invite donc à utiliser le site d’Erick Seban-Meyer, photographe 1 : Voilà, Mr Pidu, vous avez la parole. « Scanner, c’est pas bien compliqué, puisqu’en gros, c’est faire une photocopie : tu poses ton papier sur la vitre, tu fermes le capot et tu appuies sur le bouton ou tu cliques sur ton écran et le scanner numérise ton papier. Y a-t-il matière à écrire un article ? Ce n’est pas sûr... Enfin, il y a quand même quelques précautions à prendre : si ton scanner ne s’allume pas, vérifie que tu as branché le câble d’alimentation et appuyé sur le bouton on/off, lol, non t’es pas si con... Vérifie quand même le câble USB, les ennuis d’alimentation ou de périphériques introuvables viennent souvent de là. Les drivers, n’en parlons pas ! Sous Windows, le scanner c’est la bête noire ! et ça ne s’est pas arrangé avec Vista ou Seven ! Un conseil : si tu as un driver livré avec ton appareil et qui fonctionne à peu près avec ton OS, ne va pas chercher de mise à jour, cela apporte en général plus de problèmes que d’améliorations. Quant à faire cohabiter deux scanners sur le même PC, c’est quasiment impossible, que ce soit sous XP ou Seven : je dois débrancher l’un des deux, sinon aucun ne marche ou alors de manière aléatoire. Un truc tout bête ! Avant toute autre chose, nettoie la vitre du scanner avec un papier essuie-tout et de temps en temps du produit pour nettoyage de vitres, car si tu scannes une bande dessinée de 52 pages avec une crotte de nez sur la vitre du scanner, le retoucheur va retoucher 52 fois la particule non identifiée... De même, pense à décoller le stick publicitaire sur la page de couverture du genre "Premier épisode d’une aventure fantastique, etc. ", et, derrière, l’étiquette d’expédition ou de facturation avec ton nom et ton adresse : ce n’est pas finaud pour un anonyme caché derrière un pseudo... Si tu peux, utilise un scanner A3 pour les bandes dessinées, c’est plus confortable et tous les formats de BD passent, alors qu’avec un scanner A4, tu te bats avec les marges et tu es obligé de couper ton scan en deux pour le recoller ensuite. Il y a de bons logiciels pour faire cette opération, mais c’est une grande perte de temps. Il existe une marque de scanner A3 bas de gamme pas cher (150€), tous les autres sont à 600€ et plus. Ça fait plusieurs années que je m’en sers. Les derniers modèles sont assez rapides (c’est-àdire moins d’une minute par scan) et sans préchauffage pour scanner une page en A3 en RVB 24bits, 400dpi sans détramage ni effet. C’est long ? Hé ho ! c’est du bas de gamme... Une heure en gros pour une bande dessinée. Tu peux utiliser un tas de logiciels graphiques pour scanner : Photoshop, PSP, Xnview, etc... Il y en a plein qui ont la fonction acquisition. Je fais la distinction entre ceux qui gardent en mémoire le scan avant que tu ne sauvegardes sur ton disque dur, et que je déconseille fortement pour les scans multiples comme une BD (hé oui, si ton programme plante à la 52ème page, tu as tout perdu...), et ceux qui sauvegardent au fur et à mesure sur l’ordi. Je n’en connais que deux, il y en a sûrement plus, mais je n’ai pas essayé tous les softs proposés sur le net ! j’ai une vie de famille aussi ! ce sont AcdSee et Vuescan. Un ami - plus jeune sans doute - me signale qu’XnView permet ça aussi : au lieu de cliquer sur l’icône du scanner, aller sur "Fichier" > "Acquérir dans..." et tu règles tes options. Personnellement, j’utilise AcdSee 3.0. Oui, le tout vieux (comme moi), tout simple : il fait ce qu’on lui demande, ni plus ni moins et sans problème majeur. Tu ouvres Acdsee 3.0, tu te positionnes dans le répertoire de travail, puis "Fichier", "Nouveau projet", tu donnes un nom au répertoire, définir acquérir : tu choisis le scanner, tu donnes un nom à tes fichiers de sauvegarde, l’incrémentation et le format de sauvegarde et c’est parti. 1. http://www.photographe-de-mode.com/calibration-ecran.htm (voir le BDZ Mag #02 pour plus de détails). page 1 8
Pour le scan en lui-même je préfère le JPEG 100, plutôt que le TIFF. C’est plus facile à manipuler, car moins lourd (pour un TIFF à 50Mo vous avez un JPEG 100 à 20Mo ou moins.) Et puis, je ne vois pas la différence ! Ha ! bien sûr les puristes vous diront : gnagna... Je scanne en 400dpi au format A3, sans effet ni détramage, une BDZ fait en moyenne 1Go, avant retouche. Après passage en JPEG 80 et en 1920px, elle ne pèsera plus que 50 Mo à peu près. Il vaut mieux scanner dans l’obscurité, sans lumière parasite, sinon tes blancs seront légèrement bleutés, et puis tu peux virer le capot du scanner, ce qui facilite les manipulations. En plus, tu te fous à poil, tu allumes des bougies et tu traces un pentagramme sur le sol, et tu invoques le diable... Nan je déconne... enfin, tu fais ce que tu veux, tu es libre... Ne fais pas peur à ta femme ou le scan sera le début de la fin de ta vie conjugale !
Brut obtenu en respectant les conseils de Mr Pidu page 1 9
Il faut bien appuyer sur ton document sinon les bords près de la reliure seront flous. Si c’est une marge blanche, ce n’est pas grave : la retouche s’occupe de tout, si par malheur, c’est du texte ou du dessin...tu es cuit... et le retoucheur aussi. Rien n’y fera. Je sais que les bandes dessinées sont chères et appuyer dessus comme un malheureux, ça fait mal au cœur ! Une solution : le scan des BDs empruntées (pas à ses copains, ils risquent de vous en vouloir). N’oublie pas que tu as le document original, le retoucheur ne l’aura pas forcément : alors fais des essais, compare ton scan avec l’original, et en fonction de ça, règle ton scan (luminosité, contraste, gamma, teinte), les scanners ont tendance à griser les blancs (règle le gamma) et tendent vers une couleur (règle la teinte). J’allais oublier le plus important : intercale une feuille opaque derrière ton document, sinon le scanner voit au travers et scanne le verso de ta page en surimpression. C’est vilain, psss ! Ne mets pas ta feuille opaque entre le scanner et ton document ! sinon ça sera tout noir. Lol, C’est vrai tu n’es pas si con... Veinard ! »
Merci Mr Pidu ! très bel exposé ! J’ai eu un peu peur au moment des bougies, mais vous vous en êtes très bien sorti. Et toi !!! Oui oui, toi, derrière ton écran qui lis le mag, n’oublie pas un truc : le résultat de ton scan final, le boulot à faire en retouches dépend à 90 % de ton brut. Donc applique-toi sur le brut, c’est la base de tout ! Page précédente, vous avez un brut obtenu en respectant les conseils de Mr Pidu. Étonnant non ? Et je vous assure qu’il n’y a eu aucune retouche de faite. Ce brut ne nécessite qu’un petit coup de lumière pour accentuer légèrement les couleurs, si on veut aller plus loin un léger coup de correction d’artefact du JPG, c’est tout. Ainsi, vous avez un scan parfait. Bien sûr il y a des BDs qui sortent moins bien. Mais si votre scan est bon vous aurez déjà 98 % du travail de fait, le reste consistera à régler les niveaux des blancs et noirs jusqu’au résultat identique à la BD papier. Ci-contre, vous avez le résultat final.
Scanner ou photographier ? Le scanner est l’outil le plus sûr pour une numérisation de qualité. Mais avec le développement des appareils photo numériques, la question peut se poser : est-il possible d’utiliser des APN pour faire des bruts ? Techniquement, oui… c’est d’ailleurs ce que font certaines entreprises, mais avec du matériel spécialisé et hors de prix (plus de 8000 euros…), associé à des logiciels de correction automatique propriétaires difficilement accessibles aux particuliers. Pour le commun des mortels, comme nous, il faut oublier tout de suite. Sans rentrer dans les détails, cela nécessiterait de résoudre les problèmes techniques suivants : - positionnement de l’APN à la verticale exacte de la BD (et donc utilisation d’un pied de type support d’agrandisseur photo) ; - mise à plat du document (pas de vitre de scanner sur laquelle s’appuyer) ; - pas de flash mais un éclairage en lumière blanche puissante et homogène (amusez-vous à photographier une page blanche en lumière artificielle sans flash, vous verrez : elle sort jaune…) ; - objectif et ouverture choisis pour limiter les phénomènes de distorsions (et oui, la lentille de l’APN est bombée…) ; - mise au point manuelle (ne jamais se fier à l'autofocus à courte distance) Je le répète donc : à moins que vous ne soyez hyper-équipés, et hyper patients, l’usage de l’appareil photo numérique pour faire des bruts est à proscrire totalement. 1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Distorsion_(optique) page 20
Fichier retouchĂŠ
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Les logiciels et utilitaires pour la retouche Les logiciels spécialisés (on ne les présente plus, mais quand même...) :
- Photoshop :un logiciel très complet... mais très complexe, qui se transforme vite en usine à gaz…
Certains aiment, d’autres pas. - Pain shop : celui que je préfère en fait, mais surtout la version 9 par Jasc, avant le rachat par Corel. Outil simple et efficace ; les versions plus récentes sont opérationnelles également, malgré la disparition de certains outils, et le rajout de nombreuses fonctions inutiles. - Gimp : le seul gratuit, libre et open source… Cela ne lui enlève pas d’être efficace. Les utilitaires indispensables : - Xnview : le couteau suisse de l’image, je m’en sers pour le redimensionnement final des JPG - Panorama studio : il y en a plein d’autres je sais... mais j’aime celui-là pour recoller les scans (tout le monde n’a pas des scanners A3)
La retouche, les règles fondamentales Pour cette partie, je laisse la parole à notre maitre à tous sur la retouche : le grand maître Yoda. Maître, à vous la parole ! « Merci, jeune Padawan. T’aider je puis, oui. Car beaucoup encore il te reste à apprendre. La BD est le neuvième art, certes, mais la retouche est une opération de restauration d’une œuvre qui existe déjà sur papier, opération délicate s’il en est, car elle devrait permettre, au final, de restituer au mieux l’œuvre à l’écran comme le dessinateur l’a créée (si, bien sûr, l’imprimeur n’a pas joué à l’artiste avant, cela va de soi). Le retoucheur se doit de ne pas interpréter la BD selon ses goûts. Pour cela, il doit lui-même être sensible à l’œuvre, et surtout ne pas considérer la retouche comme une opération technique de plus dans un procédé de numérisation long et fastidieux. Il n’existe pas de technique miracle pour la retouche d’une BD, celui qui prétend le contraire est un menteur : c’est logique, il n’y a pas deux BD identiques, et pas deux scans bruts qui se ressemblent. Ce n’est pas la technique qui vous aidera pour la retouche : un bon retoucheur sait regarder un dessin, et c’est cette notion qui est la plus importante en fait dans la retouche : savoir regarder le dessin. Le bon retoucheur prendra son temps pour faire différents tests avant de commencer la retouche de l’album, vérifiera s’il n’y a pas de perte dans les fonds, demandera (s’il n’est pas lui-même le scanneur) au scanneur si ses tests sont conformes à la BD papier... Le mauvais retoucheur appliquera bêtement le script qu’il connaît par cœur (il n’en connaît pas d’autres), fera à la rigueur quelques changements dans les paramètres et lancera le tout, du moment que cela reste lisible c’est bien assez. Voilà, la différence entre un bon scan et un mauvais scan : le temps qu’on y investit. Si vous n’avez pas compris ce qui est dit plus haut ou que vous pensez que le vieux est en pleine crise aigüe de mysticisme, un conseil : laissez tomber la retouche. Savoir utiliser un logiciel, cliquer sur des commandes, tout le monde est capable de le faire, comme tout le monde est capable d’utiliser un pinceau, mais tout le monde n’est pas capable de faire un dessin. La retouche n’est certes pas de la création à proprement parler, mais elle implique le respect de l’œuvre, et celui qui n’est pas sensible à l’œuvre aura toujours de moins bons résultats. C’est pour cela que je vous conseille de retoucher uniquement les BD que vous aimez vraiment, et d’évitez de faire des choses que vous n’aimez pas. »
Merci maître Yoda pour ces conseils précieux. page 22
Les dix illustrés commandements de la retouche avec le bon côté de la force... et le côté obscur -ILa couverture tu retoucheras séparément
Au cas où tu ne l’aurais pas vu, la couverture est généralement faite de papier (souvent glacé) différent de celui des pages. C’est pour cela que les paramètres que tu vas utiliser pour les pages intérieures ne peuvent fonctionner pour la couverture, c’est logique ! Mais combien ai-je vu de couvertures faites avec les mêmes paramètres que ceux utilisés pour les planches... Une horreur !!!
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- II La PAGE tu reCadreras
La marge des scans bruts n’est souvent pas très propre, à cause de la reliure de l’album qui ne touche pas le scanner : cela crée une ombre. Pensez à bien les nettoyer, ce n’est pas beau. Redresser les scans s’ils ne sont pas droits : ce n’est pas non plus très esthétique, ni agréable, de lire des planches
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- III Les scripts tu emploieras avec intelligence
L’emploi de scripts pour l’automatisation de certaines actions sur une série de fichiers est intéressant en soit, mais ne crois pas que c’est valable pour toutes les BDs, les « scripts à tout faire », ça n’existe pas ! Chaque scan est différent. Avant de te lancer dans les scripts, je te conseille de bien connaître les options de ton logiciel de retouche. Fais du page par page au début et seulement lorsque tu seras bien au point, autorise-toi à créer des scripts, pas avant ! page 25
- IV Sur le brut, tu travailleras sans compression
Tous les travaux de retouche doivent être impérativement effectués sur le brut sans compression. Si tu fais tes retouches sur la taille maximum du fichier brut, si toutes tes sauvegardes intermédiaires restent en compression zéro et si tu ne compresses pas en dessous de 80-90 sur la sauvegarde finale, alors tu éviteras les artefacts du JPG et ton fichier final sera propre.
La luminosité des écrans d'ordinateur ou de la télévision, l'habillage des sites web, tout nous conditionne à associer numérique et couleurs criardes, voire flashy. Il faut faire bien attention à ça. Dans leur grande majorité, les bandes dessinése françaises n’emploient pas de couleurs que je pourrait qualifier de « couleurs Marvel ». Il est vrai que le rendu paraît plus beau sur l’écran... mais avons-nous vraiment le droit de dénaturer une BD seulement parce que ça nous plaît davantage ?
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-VLes couleurs tu respecteras
- VI Le noir à 0 tu n'utiliseras point
Le noir à 0 ou noir numérique n’existe pas dans la BD papier surtout pour les BDs encore dessinées à la main. Pour les BDs directement faites par ordinateur, l’auteur a pu l’utiliser, cela reste la seule exception, mais le fait d’utiliser ce noir dans les niveaux sature énormément l’ensemble, et engendre une perte énorme de détails.
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- VII Les outils de lissage tu USeras avec modération
L’utilisation des outils de lissage, bruit (noise), flou (blur), qui ont pour but d’avoir un effet de lissage des couleurs peut sembler, pour le néophyte (mais pas seulement pour eux, malheureusement) plus simple ou plus rapide pour avoir un résultat lisible sur l’ensemble de la BD. En général ces outils sont utilisés sous forme de scripts automatiques, et le résultat est sans appel si c’est utilisé à outrance : pertes de détails énormes, on a l’impression que le scan est passé au lavomatic !
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Très souvent, sur le brut, tu as des points parasites et des points dûs à des saletés sur le scanner (on t'avait pourtant dit de nettoyer la vitre...) : enlève-les en utilisant l’outil de clonage.
- VIII Les points parasites tu enlèveras
C’est une opération ingrate et longue, car tu dois vérifier chaque case en plein écran, parfois tu vas même te demander pourquoi tu te prends autant la tête, mais n’oublie jamais une chose : un scan tu le fais pour toi avant tout, j’imagine que tu désires le meilleur pour toi, alors pourquoi se contenter d’un résultat moyen si tu peux avoir un résultat parfait.
- IX La taille de tes JPG sera de...
Voilà un sujet à multiples controverses... Si vous êtes un lecteur du BDZ Mag vous savez bien quel format je vais vous conseiller : le 1920 px, bien sûr ! Mais n’oubliez pas que le 1920 n’est HD que par les retouches qui sont faites sur les JPG ! En aucun cas le fait d’utiliser du 1920 en taille finale ne les rend HD. Je dirais même plutôt le contraire : si les retouches sont mal faites, l’utilisation du 1920 fera ressortir toutes les imperfections ! page 29
-XTu compresseras sans excès
A la création de tes archives finales tu devras redimensionner tes JPG et bien sûr les compresser, si tu mets un taux de compression trop elevé, tu saboteras tout ton travail, car tu vas avoir une archive qui, OK, ne pèse pas grand-chose, mais ta BD ressemblera plus à un puzzle qu’autre chose. La compression minimale pour un bon résultat est de l’ordre de 80-90, le gain de poids n’est plus vraiment d’actualité en 2011, vu le prix du téraoctet...
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Une fois tout le travail terminé, tu dois impérativement tout vérifier encore une fois, utilise ton lecteur de BDz favori pour le faire et chaque fois que tu vois un point parasite ou un oubli, corrige le.
- XI Ton scan final tu vérifieras
Je te conseille de faire cette opération 1 ou 2 jours après avoir fini le scan, tu verras mieux les éventuels erreurs ou oublis.
Je sais, il y a onze commandements au final, mais ça faisait mieux pour le titre… N’est pas Dieu qui veut…
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S E L R E P LE S N A C S DU C AG E U R T S N A S S E I T N A G AR page 32
C'est bien de prendre des gants pour manipuler les BD... encore faut-il penser à nettoyer le fichier après numÊrisation. Manifestement, il s'agit d'une prise de vue sur un "scanner de livres" professionnel page 33
Teinte grise, flou global, distorsions en perspective, double courbure au niveau de la reliure... nous avons affaire ici à la photographie numérique d'une planche, effectuée sans aucune des précautions nécessaires. page 34
Le problème n'est pas ici que le scanner s'enraye... ça arrive... Le résultat est graphiquement intéressant, mais n'aurait jamais dû être rendu public, et ne l'aurait jamais été si un retoucheur consciencieux était passé derrière ! page 35
Sans commentaire... Quand c'est baclĂŠ, c'est baclĂŠ !
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Spider Jerusalem scanne le web...
un supplément du BDZ mag proposé en widescreen à lire en mode « page par page »
merci à Warren Ellis, et surtout à Darick Robertson, dont nous avons utilisé la création sans son autorisation
édition
WEBMETROPOLITAN #01 Spider Jerusalem scanne le web...
Vous trouverez ci-dessous les liens vers les différents articles cités dans notre projet de widescreen. Ils apparaissent dans la version PDF du fichier, et dans sa version publiée sur issuu, mais ils sont bien évidemment absents de la version CBZ qui circule aussi (et nous espérons qu'elle va circuler aussi... elle est faite pour ça !) - The "real" victims of online piracy (Les "vraies" victimes du piratage en ligne), by Colleen Doran : http://thehill.com/blogs/congress-blog/politics/1 29741 -the-qrealq-victims-of-online-piracy (traduction malheureusement pas disponible en français autrement qu'avec le service de google...) - Le rebond du marché des comics ! par megaglob : http://www.marvelouscomics.fr/article-le-rebond-du-marche-des-comics-8441 9244.html - Marvel : favoriser les librairies avec du numérique gratuit, par Mario : http://www.actualitte.com/actualite/bd-manga-comics/comics/marvel-favoriser-les-librairies-avec-du-numerique-gratuit-28903.htm - Marvel : comics iPad le même jour que le papier : http://www.macplus.net/magplus/depeche-62792-marvel-comics-ipad-le-meme-jour-que-le-papier (commentaire de All Marvel Digital Comics Will Be Available Same Day as Print : http://gizmodo.com/5856092/exclusive-all-marvel-digital-comics-will-be-available-same-day-as-print) - Les 7 bannières des pirates numériques, par Mario : http://www.actualitte.com/actualite/lecture-numerique/usages/les-7-bannieres-des-pirates-numeriques-29461 .htm - Blake & Mortimer - L'intégrale : Les sarcophages d'Açoka (fiche du site Dargaud) : http://www.dargaud.com/blake-mortimer-integrale/sarcophages-d-acoka,51 30.html - Le Direct Download : le cancer du pirate, par Fabrice Epelboin : http://fr.readwriteweb.com/201 0/06/04/a-la-une/direct-download-cancer-du-pirate/
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Koma
nos coups de cœur (2)...
de Wazem et Peeters Addidas, (avec deux "d", pas comme les chaussures), est une petite fille qui travaille avec son père ramoneur dans un monde de cheminées. Mais Addidas a des absences, je dirais même des évanescences. Tout d’un coup il n’y a plus d’abonné... ce qui inquiète beaucoup son père qui souffre déjà d’un veuvage difficile. La séance chez le docteur du premier tome est d'ailleurs excellente ! Enfin bref, le papa va perdre sa fille dans un conduit de cheminée. Addidas va rencontrer des démons qui font marcher des machines. Quand une machine est cassée, un humain meurt et le démon recyclé, Addidas va copiner avec un démon qui a cassé sa machine et ils vont sortir en ville chercher papa... Cela a l’air asse fumeux comme histoire. En réalité c’est excellent, très poétique, un poil surréaliste, et complètement fantaisiste. On interprète comme on veut : les démons existent-ils ou font-ils partie du rêve de la petite fille ? Qu’est ce que c’est que ce sous-sol urbain où tournent des machines qui alimentent les hommes, ces villes de cheminées où règne la poussière, et ces fonctionnaires de police, caricaturaux dans leurs bêtises, à qui s’adresse le papa qui cherche sa fille ? En tout cas on est charmé par l’intelligence et l’ingénuité d’Addidas, l’amour de ce père pour sa famille, ce père usé par le travail, miné par la pauvreté, mais prêt à tout pour ne pas perdre son petit bout de chou, et se retrouver seul. Une très belle histoire, très touchante... Et des dialogues surprenant : « J’aurais bien voulu te montrer la campagne... parce que c’est bien la campagne ». Le dessin de Peeters, très original, fonctionne parfaitement avec l’histoire, la petite fille toute en sourire et clin d’œil. Ce n’est pas très fouillé ni artistique, mais ça marche en plaques de couleurs sombres très encadrées de noir, bien bordées par des traits noirs épais, on va à l’essentiel dans le dessin : des poings crispés, des dents serrées, des larmes, des sourires... Peu de bulles, tout est dans le non-dit, l’expression. Les émotions passent bien, le décor est désespérant... J’adore. On manque tellement d’originalité dans le dessin de BD actuel. Pour le dernier volume... faudrait savoir terminer une belle histoire... c'est pas évident... dommage ! Néanmoins, je vous conseille cette troublante série, bizarre mais attachante. page 40
Un deuxième petit tour AU Cinéma...
X-men : Le commencement (X-men First Class)
de Matthew Vaughn, avec Kevin Bacon, Michael Fassbender... Voilà le genre de film qui peut réconcilier les personnes allergiques aux supers héros ! Réalisé par Matthew Vaughn (Stardust, Layer Lake et Kick-Ass) et produit par Brian Singer (le réalisateur des deux premiers X-men), on retrouve non seulement un esprit adulte et une histoire mature, mais également (et ça fait plaisir) une cohérence avec les films précédents. Avec tous ? Pour la trilogie, oui, pour le film Wolverine, non. Mais oublions ce dernier, malgré ses quelques bonnes idées. L’histoire : on reprend la séquence inaugurale de X-men, premier du nom, où le jeune Erik Lensherr, alias Magneto, est séparé de ses parents à Auschwitz. Il parvient à déformer la grille grâce à ses pouvoirs manipulant le métal, ce qui éveille bien sûr l’intérêt du médecin du camp. Celui-ci, joué par Kevin Bacon (L’homme sans ombre, Hypnose, Death sentence), se révèle être une odieuse crapule nazie qui causera bien du tort à Erik. Dans le même temps, Charles Xavier découvre un soir que quelqu’un s’est introduit chez lui dans le grand manoir familial qui servira plus tard d’académie aux mutants. Ce n’est qu’une petite fille, Raven Darkholme, alias Mystique, que Charles va accueillir comme sa sœur adoptive. Devenu adulte dans les années 60, sur fond de guerre froide, Lensherr (Michael Fassbender, qui a joué dans Frères d’armes, 300 et Inglorious Basterds) poursuit sa traque des criminels nazis à la recherche de celui qui se fait appeler maintenant Sebastian Shaw, tandis que Xavier (joué par James McAvoy, vu dans Narnia 1, Wanted et Reviens-moi) est nommé professeur spécialisé dans la mutation génétique. Alors qu’un agent du gouvernement, Moira MacTaggert (Rose Byrne, apercçue dans la série Damages et dans les films Troie, Sunshine et 28 semaines plus tard), découvre que les mutants existent, elle demande de l’aide à Charles Xavier pour pouvoir recruter une équipe de jeunes mutants et ensemble mettre hors d’état de nuire Shaw qui vise une guerre nucléaire en titillant la Russie. Sur leur route, ils croiseront Erik Lensherr qui est bien déterminé à se venger, et créeront une alliance pour, ensemble, apprendre aux quelques jeunes recrutés à maîtriser leurs pouvoirs. Autant le dire tout de suite, il y a des libertés prises envers les comics (pour le peu que votre humble serviteur connaisse ce sujet), mais celles-ci restent cohérentes avec l’univers mis en place. De ce fait, page 41
pas de Cyclope, Tornade, Wolverine, Diabo, Kitty, Iceberg... qui soit n'ont pas encore été approchés à l’époque, soit sont trop jeunes (ou pas encore nés) pour intégrer l’équipe. Notons toutefois l’existence de deux caméos qui sauront ravir les fans (dont un plus subtil). On retrouve, par exemple, dans l’équipe des jeunes mutants Alex Summers, alias Havoc, normalement frère de Scott Summers, alias Cyclope, Hank McCoy alias Le Fauve avant qu’il ne devienne bleu, Le Hurleur, Angel et Darwin. Du côté des méchants on retrouve Emma Frost, Tempest, Azazel, Riptide et Sebastian Shaw. Un exemple de manque de cohérence vient par exemple du fait que Emma Frost apparaisse déjà ici, alors qu’elle est prisonnière dans le film Wolverine qui doit se dérouler temporellement plus tard et ou elle est toujours jeune, et même plus jeune qu’ici.
A gauche dans X-men le commencement, à droite dans le film Wolverine MacTaggert est concernée également : elle apparait ici jeune, et pas plus vieille (ou de peu) dans le troisième X-men. Mais passons ce type de problème qui semble inévitable dans ce genre de saga. On se plaît donc à redécouvrir les mutants qu’on connaît (ou pas) mettre en place les bases de l’Académie, les tensions qui animent Magneto et qui l’éloignent progressivement de son ami Charles Xavier. On apprend les raisons pour lesquelles Charles se retrouve en fauteuil roulant, mais toujours pas celles qui vont le rendre chauve (quelques références sont d’ailleurs faites à ce sujet). On sent venir les rapprochements, comme ceux d’Azazel et Mystique qui mèneront à la naissance de Diablo. Je ne vais pas trop en raconter non plus, le film contient tout de même près de deux heures de moments bien exploités. Seuls points négatifs : certains effets spéciaux auraient pu être finalisés (certaines phases de vol du Hurleur notamment), et le fait qu’il faille encore attendre la suite… Car oui ! Suite il y aura ! Matthew Vaughn en est même contraint à devoir reporter un éventuel KickAss 2 pour s’atteler pleinement à ce deuxième volet de ce qui s’annonce déjà être une nouvelle trilogie Xmen. De son côté, Bryan Singer compte reprendre les rênes pour nous sortir un X-men 4. On lui souhaite du courage pour corriger le boxon que Brett Ratner nous a mis en éliminant des personnages importants… En attendant, que vous connaissiez ou pas les X-men, ce film mérite d’être vu, mention spéciale à Michael Fassbender ! page 42
Super 8
de J. J. Abrams, avec Joel Courtney, Elle Fanning, Kyle Chandler… Imaginez un mélange entre E.T. et Les Goonies… Vous y arrivez ? Alors vous avez une idée de ce que peut être Super 8. Réalisé en hommage à l’œuvre de Spielberg, J. J. Abrams, le créateur de séries à succès comme Alias, Lost, Fringe, et prochainement Alcatraz, mais aussi d’excellents films tels que Mission Impossible 3, le dernier Stark Trek (et sa suite annoncée), le film plonge en 1 980 dans une histoire fantastique teintée d’une certaine nostalgie. Mais quelle nostalgie ? Celle des productions des années 80 justement, ces années qui ont vu arriver la plupart des grands classiques familiaux : Gremlins, Retour vers le futur, Les Goonies, E.T., Indiana Jones, L’histoire sans fin… Mais aussi d’autres classiques plus adultes : Blade Runner, la série des Aliens, Superman, Predator, Die hard, Terminator… Si ces films peuvent avoir plus ou moins bien vieilli avec les années, nul doute qu’ils auront pour la plupart laissé une trace en nous, une trace qui nous fera revenir vers eux et les apprécier comme la première fois malgré leurs défauts. Inutile de dire que l’arrivée de Steven Spielberg dans le paysage cinématographique hollywoodien a apporté énormément au genre. Non content de réaliser grands films sur grands films, dans des registres souvent opposés (de Jurassic Park à Il faut sauver le soldat Ryan, en passant par Hook, la revanche du Capitaine Crochet et La liste de Schindler), il est également producteur de dizaines et de dizaines d’autres grands films (référez-vous à sa fiche sur IMDB). C’est à cette époque, et à l’ambiance que pouvait dégager ce genre de film, que J. J. Abrams a voulu rendre hommage, avec comme producteur… oh, tiens, Spielberg ! Le ton est posé dès le départ (ou en tout cas, pour ceux qui remarquent ce genre de détails) lorsque l’on aperçoit à l’écran le logo de la maison de production Amblin Entertainment, caractérisé par le vélo passant devant la lune du film E.T. On retrouve ensuite Joe Lamb, alias Joel Courtney dans son premier film, seul sur une balançoire, alors que dans sa maison se pressent les gens venus rendre hommage à sa mère, décédée récemment après un accident à la fonderie de la ville. Son père, le shérif adjoint (Kyle Chandler, le Eric Taylor de la série Friday Night Lights), tient pour responsable du décès de sa femme, Louis Dainard, l’alcoolique de service. Quatre mois ont passé, et le « petit » Joe se retrouve avec ses amis à élaborer un film de zombies avec une caméra super 8 et leur petit budget. Un soir, ils se retrouvent pour tourner en cachette de leurs parents à la gare de la ville. Tout se déroule comme prévu, le matériel est en place, les acteurs répètent leur rôle, et Joe est en admiration devant la fille de Dainard, Alice (alias Elle Fanning, la petite sœur de Dakota Fanning) qui a accepté de jouer dans leur film. Alors qu’un train se profile à l’horizon, c’est l’effervescence pour profiter de son passage et ajouter « une plus-value » au film. C’est alors qu’au loin un pick-up débarque sur les rails et fonce droit dans le train qui déraille de façon fracassante. page 43
Joe se retrouve devant un des wagons renversés et entend des coups puissants contre la porte renforcée qui se retrouve expulsée. Mais l’armée débarque et le groupe prend la fuite. Les jours suivants, les animaux de compagnie vont s’enfuir dans les comtés voisins, des gens vont disparaitre, l’électricité va être perturbée et plusieurs destructions vont avoir lieu. Enfin, l’armée va investir la ville. Que cache-telle ? Quelle est la chose débarquée du train ? Pourquoi cette voiture a-t-elle foncé dessus ? Je n’en dirai pas plus. Autant vous dire tout de suite, le film vaut plus par son ambiance et la sympathie que nous inspirent ses personnages que par son histoire que l’on peut deviner à l’avance…mais qui n’en vaut pas moins le détour ! Ce n’est pas parce que c’est du déjà vu que ça n’est pas bon. Comme à son habitude, Abrams aime jouer avec le mystère, et pour peu qu’on connaisse ses bébés, il est inutile de le présenter. Si vous êtes passé à côté de son univers, alors réparez cette erreur. Comme il nous y a habitué, il a disséminé dans son film des références à plusieurs choses, notamment la participation éclair de son ami Greg Grunberg qui le suit partout (Parkman de la série Heroes), de Leonard « Mr. Spock » Nimoy qui suit Abrams depuis le dernier Star Trek (et aussi la série Fringe), des panneaux dans la ville en référence à Lost, des publicités pour une certaine boisson Slush-O déjà visible dans les premiers Alias de 2001 et dont la société fictive serait responsable de la mutation du monstre de Cloverfield, autre production Abrams. Cette même société dont le logo est furtivement visible dans son Star Trek ! Tout se tient…En parlant de Cloverfield, le monstre semble être un parent de celui de Super 8... Mais on s’éloigne du sujet.
La musique est également bien présente et peut nous faire penser aux thèmes composés par John Williams, fidèle compositeur de Spielberg, mais ici assurée par Michael Giacchino. Ce dernier n’est pas un débutant et, outre le fait d’avoir composé pour toutes les productions et réalisations d’Abrams (je répète : Lost, Fringe, MI:III et Star Trek), il s’est d’abord fait la main en composant les musiques des fameux Medal of honor, premiers du nom sur Play Station 1 ainsi que le premier, Débarquement Allié, sur PC. On lui doit également des compositions appréciables sur les derniers Pixar (Ratatouille, Là-haut, Cars 2…). Bref, un futur grand compositeur aux côtés de Hans Zimmer (l’auteur de ces lignes étant un fan absolu de ce dernier) et des autres compositeurs contemporains sur qui il faut compter. En résumé, Super 8 représente un genre de film qui nous manque, 1 00% distraction et sympa, très sympa. Avec l’accent mis sur le groupe d’enfants, pour la plupart inconnus mais très bons acteurs et le mystère entretenu jusqu’à la fin sur l’apparence complète du monstre, ce film a de quoi marquer.
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