No 15 | octobre 2012
4e année | 4 parutions par année
Dans cette édition Franz Weber et Lavaux, acte III Lavaux se mobilise « Une réforme qui va dans la bonne direction » L’interview de Marco Salvi L’architecte du mois Le tandem Savioz Fabrizzi
sommaire
ARRÊTONS D’AVOIR PEUR DE LA DÉMOCRATIE DIRECTE L’édito de Jean-Jacques Morard
FRANZ WEBER ET LAVAUX, ACTE III Lavaux se mobilise LA DENSIFICATION SE HEURTE AUX INTÉRÊTS PARTICULIERS Trois questions à Stefan Nellen, Bussigny UNE RÉFORME QUI VA DANS LA BONNE DIRECTION L’interview de Marco Salvi
IMPARTIALITÉ DU JUGE EN DROIT DU BAIL Juridiquement vôtre
L’architecte du mois Le tandem Savioz Fabrizzi
Apprendre pour entreprendre Les séminaires et cours de la SVIT School
L’économie immobilière s’organise Présentation du SVIT Romandie
édito
Arrêtons d’avoir peur de la démocratie directe
Jean-jacques morard Président du SVIT Romandie
Le constat est partagé par tous : il devient très difficile de se loger sur l’Arc lémanique. La solution est connue de tous : construire davantage d’appartements. Pourquoi ne le fait-on pas ? L’exemple récent de Bussigny, où la construction de 250 logements a été bloquée par une votation populaire, illustre une fois de plus la difficulté dans laquelle on se trouve (voir notre sujet dans cette édition). Ces logements répondaient idéalement à tous les critères d’une densification intelligente. Planificateurs, urbanistes, autorités publiques, professionnels de l’immobilier, tout le monde applaudissait des deux mains à ce projet. Seulement voilà : nous vivons en démocratie directe. Si des intérêts particuliers sont touchés, les instruments du référendum peuvent être dévastateurs. Dans le cas précis, ils l’ont été. C’est décourageant. On aurait pourtant tort de baisser les bras. Car il y a également une autre manière de voir les choses. Celle qui repose sur la conviction profonde qu’un corps électoral tout entier ne peut pas se faire manipuler par des intérêts particuliers. Mais à une condition : que l’intérêt général soit présenté et expliqué de manière convaincante à la population. Qu’un véritable effort soit consenti pour convaincre celle-ci qu’elle sera la gagnante. D’où l’esquisse d’une solution : consacrons davantage de temps au travail de conviction. Au lieu de pousser des plans dans les législatifs communaux ou cantonaux en croisant les doigts pour qu’ils ne fassent pas l’objet d’un référendum, prenons les devants et mettons nous-mêmes sur pied la votation. Pensons les projets en amont en anticipant les besoins, les attentes et aussi les peurs de la population. Soyons prêts à jouer le jeu de notre démocratie directe : préparons des arguments capables de convaincre la majorité. La démocratie directe peut se révéler un frein à la construction de logements, mais ce n’est pas une fatalité. Développeurs, constructeurs et politiciens, unissons nos efforts pour que la démocratie directe devienne l’atout d’une urbanisation de l’Arc lémanique en adéquation avec les besoins de notre époque. Arrêtons d’avoir peur de la démocratie directe. Bonne lecture !
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actualité
Franz Weber et Lavaux, acte III
Dans quelques mois, probablement en mars 2013, la population vaudoise devra se prononcer sur une troisième initiative de Franz Weber visant à « sauver » Lavaux. A l’instar de celle sur les résidences secondaires, cette initiative est excessive et contre-productive. En voulant faire croire que le combat pour la sauvegarde de Lavaux est de nature écologique, elle se trompe de cible et méconnaît la vraie menace qui plane sur la région. Sur ce point, l’analyse de l’UNESCO ne laisse aucune place au doute : « Le principal risque qui menace Lavaux serait une dégradation de l’économie viticole » (Rapport de l’UNESCO sur la candidature de Lavaux au Patrimoine mondial de l’UNESCO, 2007, p. 258). Marc Comina
Lavaux est davantage qu’un beau paysage que tout le monde admire et dont tout le monde est fier. Il y a mille ans, à l’état de nature, Lavaux était une terre escarpée, broussailleuse, sans charme particulier. En mille ans, c’est le travail des moines, puis des vignerons qui a transformé cette nature hostile en un paysage construit d’une beauté inégalée et peut-être inégalable. Ce n’est pas la nature qui a construit les 450 km de murs qui soutiennent les 10’000 terrasses de Lavaux. Ce sont des hommes et des femmes qui ont fait ce travail et qui doivent pouvoir continuer à le faire si on veut vraiment sauver Lavaux.
Franz Weber veut figer l’histoire et rendre totalement inconstructible la région de Lavaux. De cette manière, il veut ôter aux habitants de Lavaux toute marge de manœuvre. Il veut protéger Lavaux de la même manière qu’on protège une forêt, une vallée pittoresque, un fjord ou un parc national. Ce faisant, il se fourvoie complètement. Il n’a pas compris ce que l’UNESCO a compris, à savoir que Lavaux n’est pas un site naturel mais un paysage construit. Il propose une solution en opposition frontale avec les objectifs visés par l’UNESCO, les lois d’aménagement du territoire et les réalités historiques et économiques. En fin de compte, protéger Lavaux, c’est entretenir les murs et les terrasses qui font sa beauté. Chaque année, cela représente au total des investissements dépassant le million de francs, en grande majorité à la charge des vignerons. Si les vignerons n’ont pas les moyens de réparer les murs, personne ne le fera à leur place. Sans entretien, en deux ou trois générations, « Lavaux sera descendu dans le lac », comme on dit dans la région. Sauver Lavaux, c’est donc y maintenir une économie vitivinicole dynamique. Les vignerons doivent notamment pouvoir transformer leur outil de production (caves, pressoirs, lieux d’accueil de la clientèle) pour rester attractifs et concurrentiels dans un marché en pleine évolution qui traverse depuis plusieurs années de très fortes turbulences. En réalité, si elle est acceptée, l’initiative de Franz Weber signera l’arrêt de mort de Lavaux. Dans ce contexte, Lavaux se mobilise. Pour contrer le texte de Franz Weber, une stratégie et un plan d’action ont été arrêtés. Un comité financier s’est constitué. Depuis le mois de juillet, une campagne de récolte de fonds est en cours. Plus de 60’000 francs ont déjà été rassemblés sur un besoin estimé à quelque 300’000 francs pour une campagne qui devra toucher l’ensemble de la population vaudoise. Ceux qui veulent s’informer peuvent consulter le site www.non-a-sauver-lavaux-3.ch. Il existe également un dépliant qui résume les enjeux de la campagne de récolte de fonds. Ceux qui veulent agir trouveront sur ce même site les coordonnées bancaires du compte spécialement créé pour l’occasion.
www.non-a-sauver-lavaux-3.ch
TROIS QUESTIONS À
« La densification se heurte aux intérêts particuliers » Le plan d’aménagement du quartier de l’Industrie à Bussigny (VD) été balayé par la population de la commune dimanche 23 septembre. Il prévoyait des logements pour 350 personnes et une centaine d’emplois sur le site d’une friche industrielle à proximité immédiate des voies CFF et à 500 m d’une gare. Un terrain idéalement situé pour mériter valorisation dans une logique de densification urbaine. Mais les opposants au projet (qui prévoyait aussi une tour de 60 mètres de hauteur) n’ont pas retenu cet aspect des choses. Victor Stolberg
Stefan Nellen, vous êtes à l’origine (avec Pierre-Henri Froidevaux et le groupe Fenaco) de ce projet dessiné par l’architecte neuchâtelois Laurent Geninasca. Qu’allez-vous faire : tout abandonner ? l Nous restons propriétaires du terrain, et l’idée de le « réaliser » ne disparaît pas avec cet échec. Nous allons reprendre à zéro tout le travail depuis le départ, puisque c’est le concept même du projet qui a été refusé. Cinq ans de travail préparatoire et près d’un demi-million de francs passent ainsi à la trappe, mais ce n’est pas une raison pour laisser tomber.
Tout de même, n’êtes-vous pas découragé par le paradoxe entre des autorités qui font tout pour aller de l’avant et densifier les zones urbaines, et les particuliers qui refusent régulièrement les projets de ce genre ? l Il est vrai que le cas de Bussigny illustre bien cette problématique. Il aura suffi d’une poignée d’opposants très motivés, usant d’arguments souvent fallacieux (menace de ghettoïsation urbaine, immigration dans le nouveau quartier, etc.) pour que le non l’emporte. Or les autorités, à commencer par la municipalité, soutenaient le projet, qui va dans le sens de la politique générale prônée partout en Suisse, à savoir : répondre à une demande croissante de logements dans notre pays tout en stoppant l’étalement urbain. Mais les intérêts particuliers, une fois de plus, ont prévalu sur ceux de la collectivité. Ne croyez-vous pas que la tour de 60 mètres, qui était devenue l’emblème de ce projet, vous a joué un mauvais... tour ? l Peut-être. N’empêche qu’elle répondait aussi à un souci qui était celui des opposants. Je veux parler de la limitation de l’empreinte au sol. L’autre chose qui nous a été reprochée était que la densité d’habitation serait trop élevée. La norme est de 200-400 habitants par hectare. Notre projet en prévoyait... 240 ! C’est trop ? Alors si c’est le cas nous nous occuperons aussi de cet aspect en travaillant sur le prochain projet.
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14.05.2012 13:18:42
interview
« Une réforme qui va dans la bonne direction »
Le think tank Avenir Suisse soutient la révision de la Loi sur l’Aménagement du territoire (LAT) proposée par Berne en réponse à l’Initiative sur le paysage. Selon le chercheur Marco Salvi, la défense du libéralisme n’est pas contradictoire avec des mesures plus contraignantes pour éviter la dispersion des constructions. Immobilia.info ouvre le débat.
Victor Stolberg
Dans leur grande majorité, les milieux immobiliers sont opposés à la révision de la LAT (Loi sur l’aménagement du territoire). Mais pas vous. Pourquoi ? l Nous considérons que l’application de la loi actuelle, qui date de 1980, n’est pas assez contraignante. Actuellement les cantons peuvent la contourner trop facilement. En un mot, la LAT est inefficace pour lutter contre le mitage du territoire et canaliser le développement urbain vers les zones où la demande est la plus forte. Le Plateau suisse se transforme en une agglomération d’un seul tenant, résultat d’une urbanisation galopante sans véritable cohérence. Où la situation est-elle la plus alarmante ? l Certains cantons (Vaud, Valais, Fribourg, Glaris) ont appliqué la LAT de manière très laxiste, de sorte qu’ils disposent désormais d’immenses réserves de surfaces constructibles. Il y a de bons élèves, voire même trop zélés (Genève – qui a sanctuarisé sa zone agricole – ou encore Zurich), mais ce sont des cas plutôt rares. A notre avis, une révision est non seulement légitime, mais indispensable, car elle permettrait… d’appliquer (!) les dispositions de la loi que personne n’a jamais vraiment pris la peine de respecter jusqu’ici. Or, en trente ans, les enjeux ont changé : la population suisse a augmenté de un million et demi d’habitants, soit 50’000 personnes de plus par an ! Ce qui revient à construire chaque année sur le territoire une ville de la taille de Saint-Gall. La loi n’a pas été appliquée correctement dites-vous. Donnez-nous quelques exemples… l Verbier, et ses routes menant très haut dans la montagne, prêtes à accueillir de futurs chalets. Ou encore Soleure, qui a crû de façon anarchique. Or la maîtrise de l’urbanisation est un enjeu politique essentiel. On a pu le constater avec les réactions populaires qu’ont provoquées ces excès immobiliers : je pense bien sûr à l’aval donné par le peuple à l’initiative Weber, mais encore à celle sur la protection du paysage dans le canton de Zurich ou à l’acceptation d’une loi sur les constructions très contraignante en Thurgovie. Le thème est porteur dans l’opinion car celle-ci a le sentiment qu’il n’existe plus de garde-fous pour contenir l’extension incontrôlée du domaine à bâtir. On y décèle aussi des relents nationalistes face aux inquiétudes – selon moi infondées – liées à l’immigration. Concrètement, que faut-il faire, et que propose la révision de la loi ? l Il faut privilégier la construction du bâti existant. La priorité doit impérativement être donnée aux villes, et même au centre des villes, dans une optique de densification. Lausanne et Zurich ont une densité moitié moindre que Genève – sans parler d’autres villes européennes où nous nous empressons de passer nos weekends, comme Paris, Madrid ou Londres. Mais il faut aussi protéger les « réserves de paysage », qui s’amenuisent dangereusement. Le paysage est un bien commun.
Ce n’est pas une vision très libérale... l Pourquoi pas ? Je considère qu’un libéral peut parfaitement accepter la notion de propriété collective des paysages suisses. Certains de nos paysages sont un bien patrimonial important, que l’on utilise par ailleurs à bon escient dans une optique de capitalisation touristique. Leur préservation est donc un enjeu de tout premier ordre. Dans ce sens, on peut très bien être étatiste, ce n’est pas contradictoire avec une vision libérale de la société. Si bien que nous pouvons parfaitement aller vers une limitation de certaines zones constructibles quand les coûts pour la société dépassent les bénéfices des particuliers. Il ne s’agit donc pas de protéger tous les paysages non construits coûte que coûte, comme l’initiative populaire pour le paysage veut nous l’imposer. Et comment procéderait-on pour ne pas pénaliser toute initiative, pour ne pas décourager les milieux immobiliers de continuer à investir ? l Par exemple en n’imposant pas de lois qui découragent la densification du bâti ou, pire, qui dissuadent les propriétaires de construire dans nos zones urbaines. Notre récente publication « Une pénurie fait maison » montre que c’est exactement ce qui se passe à Genève avec les zones de développement. Si les gains des propriétaires fonciers dérangent, mieux vaut les taxer. Un impôt sur les plus-values est bien plus intelligent que des lois qui découragent la construction. Car, même en taxant les plus-values, nous n’aurons pas moins de gens qui souhaiteront construire.... Un autre chapitre de la révision de la LAT fait bondir les milieux immobiliers, celui de « l’obligation de construire ». Qu’en pensez-vous ? l C’est évidemment la partie la plus polémique du projet. Le mot obligation en lui-même est choquant du point de vue libéral. Personnellement, je vois une certaine utilité à garder des terrains non construits – ce sont des options pour des développements futurs. Mais soyons réalistes. Cela ne concerne qu’une infime minorité de parcelles, très bien situées au centre d’agglomérations et que leurs propriétaires refusent de mettre sur le marché. Si ces révisions entrent en vigueur, ne court-on pas le risque de disposer de trop peu d’espace constructible pour amortir la croissance démographique annoncée ? l Absolument pas. Le mécanisme fondamental qui permet l’élargissement des zones à bâtir en fonction des besoins prévisibles pour les quinze ans qui suivent ne changera pas. La révision s’attaque surtout aux zones gigantesques en périphérie, très loin des centres.
www.avenir-suisse.ch
Droit du bail
Impartialité du juge en droit du bail
Dans un domaine aussi polarisé que le droit du bail, il n’est pas surprenant que les parties et leurs mandataires soient très attentifs aux sensibilités politiques et aux origines professionnelles des personnes chargées de trancher leur litige. Le juge applique la loi, celle votée par le parlement. Il ne peut en modifier la portée sans la violer. Mais une marge de manœuvre existe : le pouvoir d’appréciation du juge et sa conduite du procès ne sont pas sans influence sur l’issue du litige.
François Bohnet
Les articles 6 de la Convention européenne des droits de l’homme et 30 al. 1 Cst permettent à tout justiciable d’exiger la récusation d’un juge dont on peut objectivement douter de l’impartialité. Le Tribunal fédéral a eu récemment l’occasion, à deux reprises, d’examiner cette question en matière de bail. Un premier arrêt du 31 janvier 2012 (ATF 138 I 1) traite de la problématique des liens d’amitié entre un juge et ses anciens collègues, avocats auprès de l’Asloca, en tant qu’ils seraient susceptibles de faire douter de l’impartialité du tribunal. Un second, du 27 juin 2012 (4A_3/2012), porte sur la récusation d’un représentant de l’autorité de conciliation se trouvant être l’employé d’une gérance immobilière, elle-même partie adverse – dans un autre procès – d’une des parties en conflit.
Dans la première affaire, la juge A., magistrate à Genève, s’était vu attribuer trois causes dans lesquelles les locataires étaient représentés par des avocats exerçant auprès de l’Asloca. Les mandataires des parties adverses ont demandé sa récusation, compte tenu des liens d’amitié la liant aux avocats des locataires, dans la mesure où elle exerçait auparavant la profession d’avocate à Genève, en particulier auprès de l’Asloca. Comme la Cour de justice, le Tribunal fédéral a retenu que le seul fait que la juge en cause ait été précédemment avocate de l’Asloca ne suffisait pas à faire douter objectivement de son impartialité. En effet, les relations d’amitié ou d’inimitié entre un juge et un avocat ne peuvent constituer un motif de récusation que dans des circonstances spéciales, qui ne doivent être admises qu’avec retenue ; le simple fait d’avoir travaillé comme avocat auprès d’une association de défense des locataires ne peut à lui seul être de nature à faire douter de l’impartialité d’un juge en charge de dossiers dans lesquels ses anciens collègues interviennent comme représentant des locataires. Il en irait autrement si le magistrat avait auparavant traité ou eu connaissance du dossier comme avocat. Dans la seconde cause, le Tribunal fédéral retient en revanche un motif de récusation du représentant : comme employé de la gérance en conflit avec une partie dans une autre affaire de bail, il pourrait prendre position pour son employeur et être également influencé dans l’affaire où il intervient en qualité de représentant. Il existe donc ici un motif objectif de douter de l’impartialité de l’intéressé. Ce qui distingue les deux situations, c’est bien sûr l’actualité des liens en cause et non les origines professionnelles. Si, dans la seconde affaire, le représentant avait été un ancien employé de la gérance, il n’y aurait eu aucun motif objectif de douter de son impartialité, comme dans le cas d’une ancienne avocate auprès de l’Asloca.
ARCHITECTURE
SAVIOZ FABRIZZI, LOT MINÉRAL Le tandem d’architectes sédunois commence à acquérir une certaine notoriété au-delà des frontières helvétiques... sans avoir jusqu’ici quitté les limites cantonales du Valais. Les réalisations du bureau s’inspirent de la matérialité minérale typique de l’âpre paysage alpin. VICTOR STOLBERG
La majesté du décor naturel, murailles de granit crénelées de part et d’autre de la vallée du Rhône, regard qui s’échappe sur les cimes cristallines des Alpes valaisannes, est inversement proportionnelle à la discrétion chétive du cube anonyme qui abrite les bureaux du duo d’architectes sédunois savioz fabrizzi. Car où se trouve-t-il, ce quadrilatère ? Un peu à l’abandon, en lisière des voies CFF de la gare de Sion, là où l’on décharge d’ordinaire les trains de marchandises. Cette situation est déjà, en soi, une affirmation : « Nous ne privilégions pas le côté spectaculaire des choses, mais une architecture contextuelle qui respecte le lieu précis », disent les deux hommes aussitôt franchie leur porte.
Ces jours, ce qui les préoccupe se trouve tout là-haut, sur la montagne. A 3’256 mètres très exactement, au fond du Val d’Anniviers. Perché sur une arête rocheuse, un chantier, le plus élevé du territoire suisse : celui de la nouvelle cabane de Tracuit. « Un défi excitant pour nous, reconnaît Claude Fabrizzi. Le site est fort, c’est le moins que l’on puisse dire. Le programme est très compliqué, du point de vue de la conception, mais encore davantage en ce qui concerne la réalisation. » En clair, un site de construction hors norme. Un demi-million de francs pour la seule facture d’hélicoptère ; le souffle court, pour les ouvriers, à cause de l’altitude ; et une saison utile – quand il ne neige pas – réduite à sa plus simple expression. Voilà pourquoi tous les éléments de la structure (bois) et du revêtement (tôle ondulée) ont été préfabriqués en plaine. Ils sont assemblés sur place. Même en rationalisant la construction de la sorte, chaque mètre cube de la nouvelle cabane (120 lits) aura coûté 1’500 francs. Pour un projet devisé au total à près de 5 millions. La somme des contraintes n’aura pourtant pas empêché les architectes de faire... de l’architecture. Le bâtiment est élégant, intégré au tableau minéral alpin qui l’entoure. Beaucoup plus bas, on a presque envie de dire « sur la terre ferme », savioz fabrizzi ont doté le village de Vollèges d’une école primaire aux formes résolument contemporaines, qui répondent à la même approche : intégration au microcosme, sans épate, en affirmant le rôle d’une architecture « qui doit pouvoir émouvoir sans interpeller ». Le travail du béton est intéressant, avec des facettes sur certains éléments qui évoquent presque les rythmes cubistes d’Europe centrale du début du XXème siècle. « Le béton est un matériau plastique, malléable », disent les deux architectes, qui s’en servent aussi quand il s’agit de rénover de vieilles demeures villageoises traditionnelles, volumes cacochymes qu’ils réinventent en leur ajoutant ouvertures et ruptures – maisons Germanier (à Vétroz) et Roduit (à Chamoson). Deux réalisations qui leur ont valu de nombreuses publications. Tout comme le relooking complet de l’Hôtel de la Poste à Sierre, un vieux navire décati. Cure de jouvence pour l’ancienne bâtisse patricienne, repeinte en orange vif, à laquelle on adjoint une structure ondulante et vitrée pour abriter le restaurant. C’est vif, frais, radical – mais pas trop. Un parfait résumé du travail de ce bureau qui module les métamorphoses sans chercher le coup de bluff à tout prix. Le contexte, toujours. Les deux hommes n’ont pas suivi le cursus EFPL, ce qui est assez rare en Suisse romande pour être noté. Ils ont suivi ensemble la même formation HES d’architectes à Fribourg, avec diplôme en 1998. Dès 2004, ils s’associent à Sion. Et capitalisent très vite sur un gros concours public qui tombe dans leur escarcelle :
la salle de sport de l’école professionnelle de Viège, dans le Haut-Valais. Dès lors, ils vont plancher chaque année sur sept à huit concours, toujours dans les limites cantonales. La moitié de leurs mandats leur proviennent aujourd’hui de commandes publiques. Une situation qui s’explique aussi par le fait que le Valais, qui manquait cruellement d’équipements collectifs, a commencé à accélérer le pas pour combler ses lacunes. Deux grands chantiers d’écoles sont en cours à Sierre et à Sion. Le carnet de commandes du bureau savioz fabrizzi est plein. « Il n’y a pas besoin d’accepter des commandes alimentaires, ce qui est une chance, car cela permet de ne pas avoir à trancher entre architecture et promotion », note Laurent Savioz. Le bureau compte aujourd’hui treize collaborateurs. Il n’a pas forcément vocation à grandir, selon ses animateurs. NB : Les projets de Sierre (hôtel) et Vollèges (école) ont été réalisés en collaboration avec le bureau Meyer Architecture.
www.sf-ar.ch
La future cabane de tracuit, au-dessus de ZinaL, au fond du VaL d’anniViers [Vs]. sa construction, à L’été 2012 pour Le gros œuVre, a été un VéritabLe défi Logistique : préfabriqués, Les différents éLéments (bois pour La charpente, et tôLe onduLée pour Le reVêtement) ont été héLiportés.
une Vue extérieure de La cabane tracuit du cas (cLub aLpin suisse), à 3’256 m d’aLtitude. pour Les architectes saVioZ fabriZZi, ce mandat a reVêtu un caractère particuLier. La majesté du contexte Les a poussés à rechercher une soLution pLastique à La fois forte et... modeste, pour s’intégrer parfaitement au paysage.
toujours à tracuit, une Vue sur La panorama depuis Le réfectoire. La cabane disposera de 120 Lits.
La maison germanier à VétroZ [Vs]. pour ce projet de rénoVation d’une VieiLLe habitation au miLieu du VignobLe de La VaLLée du rhône, Le tandem sédunois a priViLégié une réponse qui respecte à La fois Le contexte et Les matériaux (bois, pierre, madriers), en ajoutant une touche contemporaine : par exempLe en ajoutant ici et Là des ouVertures – sans ruptures. crédit photographique : © thomas jantscher
maison germanier à VétroZ, une Vue du VoLume intérieur sous Les combLes. crédit photographique : © thomas jantscher
ecoLe primaire à VoLLèges, détaiL de La façade. Le traVaiL du béton en facettes permet de rompre aVec La monotonie habitueLLe de ce matériau. « qui est, en fait, beaucoup pLus pLastique et maLLéabLe que L’on imagine », disent Les architectes. crédit photographique : © thomas jantscher
ecoLe primaire à VoLLèges [Vs], réaLisée entre 2009-2010. soit onZe saLLes de cLasse, une buVette de foot, et une chaufferie à distance. coût du projet : chf 4 miLLions. crédit photographique : © thomas jantscher
L’hôteL de La poste à sierre [Vs]. de ce VieiL étabLissement endormi, saVioZ fabriZZi ont fait L’un des embLèmes de La ViLLe actueLLe. La cure de jouVence a consisté, après aVoir rafraîchi La façade (couLeur ViVe) à adjoindre un restaurant en Verre et acier. a noter que La décoration de chacune des chambres est unique. crédit photographique : © thomas jantscher
Le restaurant de L’hôteL de La poste à sierre. crédit photographique : © thomas jantscher
svit school
Apprendre pour entreprendre
SĂŠminaires Cours
6e Journée romande des gérants immobiliers
Pour que rénover reste un plaisir 6 novembre 2012 - Beau-Rivage Palace Lausanne - 8 h 15 à 16 h 00
8.15
Accueil, café et croissants
9.00
Florilège des questions juridiques les plus fréquentes en matière de rénovation Eric Ramel Avocat | Etude Leximmo | Spécialiste FSA droit de la construction et de l’immobilier
10.00 Aspects techniques : tout ce qu’il faut savoir Pascal Bardet Architecte | Directeur Suisse romande | Unirenova 11.00 Pause 11.30 Les coûts peuvent varier du simple au triple : comment choisir ? Daniel Grosso Architecte | Associé du bureau CCHE 12.15 Déjeuner 14.00 Communication avec les locataires : l’exemple du quartier Montagne à Chêne-Bougeries Jannick Arm Responsable projets | Wincasa 14.45 Contrôle des loyers : l’application de la LDTR dans les cantons de Vaud et de Genève Saskia Dufresne Directrice des autorisations de construire GE Ricardo Pfister Architecte LDTR GE Samuel Royer Responsable Unité logement VD Florian Failloubaz Adjoint responsable section technique VD Eric Bron Juriste en charge LAAL et LDTR VD 16.00 Fin
Les multiples contraintes d’une rénovation parfaitement maîtrisée « De combien pourra-t-on augmenter les loyers après rénovation ? » Les gérants doivent souvent répondre à cette question. Pour le faire bien, il leur faut comprendre et maîtriser les multiples contraintes liées à la rénovation. En particulier, ils doivent pouvoir estimer les coûts des travaux qui varient beaucoup selon la philosophie du propriétaire et l’habilité de l’architecte. Ces derniers, quant à eux, sont limités dans leur liberté par des contraintes techniques. Et pour éviter que de mauvaises surprises ne surgissent a posteriori, ils sont tenus de respecter scrupuleusement les nombreuses lois et règlements qui corsètent l’économie immobilière. Et les locataires dans tout ça ? S’ils adhèrent au projet, ce sont des années de procédures qui peuvent être gagnées. Leur impact sur le plan financier est une réalité. Bien communiquer avec eux est donc prioritaire. Enfin, dans les deux plus grands cantons de Suisse romande, il faut encore compter avec le contrôle étatique des loyers. Bref, pour maîtriser les contraintes de la rénovation, une journée de formation continue à la SVIT School s’impose. Pour que rénover reste un plaisir. Public cible Gérants, développeurs, experts immobiliers, investisseurs, propriétaires privés et institutionnels, architectes, courtiers, ingénieurs, avocats, notaires, économistes, fiduciaires, experts fiscaux, experts-comptables, banquiers et tous les professionnels de l’immobilier qui veulent parfaire leurs compétences dans l’art de la rénovation.
Prix du séminaire CHF 550.– (+TVA) CHF 350.– (+TVA) pour les membres du SVIT Romandie Sont compris : présentations des conférenciers sous format électronique, accueil café-croissants, pause café et repas de midi.
Les inscriptions aux séminaires de la SVIT School se font désormais exclusivement sur
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Par souci de lisibilité, nous utilisons le masculin générique, mais il va de soi que ce document s’adresse aussi bien aux hommes qu’aux femmes.
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Cours d’introduction à l’économie immobilière
Le Cours d’introduction à l’économie immobilière est le point de départ d’une carrière dans l’immobilier. Il propose aux participants une formation générale complète et leur permet d’acquérir les bases fondamentales en matière de gérance, de droit, d’expertise, de courtage, de marketing et de comptabilité. Son but est d’abord de donner une vue d’ensemble de l’économie immobilière à ceux qui débutent dans le domaine, soit au terme de leur apprentissage, soit après une réorientation professionnelle. Plus de détails http://www.svit-sres.ch/fr/svit-sres/cours/cours-dintroduction-a-leconomie-immobiliere.html
Session printemps 2013 - du 17 avril au 29 mai 2013 (6 journées de formation) Inscription en ligne http://www.svit-sres.ch/fr/svit-sres/cours/cours-dintroduction-a-leconomie-immobiliere/inscription-en-ligne.html
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Cours menant aux Brevets fédéraux Module gérance conduisant au Brevet fédéral de gérant d’immeubles Mai 2012 – Février 2014 Prochaine session : Septembre 2013 – Février 2015
Module estimation conduisant au Brevet fédéral d’expert en estimations immobilières Novembre 2012 – Avril 2015 Prochaine session : Novembre 2014 – Avril 2017
Module promotion conduisant au Brevet fédéral de promoteur immobilier Mars 2013 – Octobre 2014
Module courtage conduisant au Brevet fédéral de courtier en immeubles Avril 2013 – Novembre 2014
Tous les détails http://www.svit-sres.ch/fr/svit-sres/cours.html
Inscription en ligne
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svit romandie Le SVIT Romandie est l’antenne romande de l’Association suisse de l’économie immobilière (SVIT Suisse). Créé en 2006, le SVIT Romandie compte aujourd’hui 140 membres et couvre l’ensemble des métiers qui constituent l’« économie immobilière » (gérances, experts immobiliers, promoteurs, courtiers, investisseurs, consultants, entreprises générales, facility management, banques, agents d’affaires, architectes, ingénieurs, avocats et notaires). Il offre ainsi une plateforme unique de réseautage entre partenaires potentiels.
Missions principales du SVIT Romandie Garantir la qualité dans les diverses pratiques professionnelles du domaine de l’immobilier ; Défendre les idées et les intérêts des professionnels de l’immobilier ; Proposer une formation de qualité pour garantir la relève.
agenda
SVIT Plenum
26 octobre 2012
Conférence-débat
Novembre 2012
SVIT Forum de Pontresina
17 - 19 janvier 2013
www.svit-romandie.ch
comité Les membres du Comité du SVIT Romandie ont pour ambition d’offrir progressivement aux membres romands les prestations déjà disponibles en Suisse alémanique et au Tessin.
Jean-Jacques Morard Président
Martin Dunning Vice-président
Peter Burkhalter Membre fondateur
Stéphane Giacomini Membre fondateur
Yvan Schmidt Membre
Cédric Barde Membre
Marc Fischer Membre
Philippe Moeschinger Membre
Sébastien Troutot Membre
Marc Comina Secrétaire général
Karin Joergensen Joye Secrétaire générale adjointe
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Editeur responsable | Marc Comina Ont participé à ce numéro | Victor Stolberg, Jean-Jacques Morard, Marc Comina, Karin Joergensen Joye Design graphique | Nicolas Tschanz, www.ceramiko.ch Relecture | Edith Grunberg Conception application et diffusion | www.bbhgraphic.com
Adresse | SVIT Romandie, Avenue Mon-Repos 14, 1005 Lausanne