Les pionniers de forteresse allemands, les maîtres d’œuvre L’implantation, les études géotechniques, la conception des ouvrages de fortification comme l’élaboration de certains plans de construction, relèvent d’unités techniques spécialisées : le génie de forteresse composé de soldats appelés Festungspioniere. Des acteurs clés pour la construction de la Forteresse Europe
Carte de l’organisation des unités ayant en charge les travaux défensifs sur le littoral nord-ouest. État au 25/06/1944. Le secteur assigné au 21e bataillon de pionniers de forteresse apparaît clairement sur la carte. La région du Havre et de la pointe de Caux est codée Secteur F
Collection Jean-Paul Dubosq
Dès 1940, les pionniers du génie œuvrent sur le théâtre d’opérations ouest et facilitent, par leurs travaux, la progression des troupes de la Wehrmacht. À partir du moment où le front ouest se stabilise, les pionniers de forteresse vont, dès 1941, engager des travaux de construction de batteries d’artillerie devant assurer la défense des ports, pour le compte de la marine. Les troupes du génie de forteresse sont chargées de choisir l’emplacement des batteries et le type de bunkers qui doivent être construits d’après le catalogue des ouvrages standardisés ou de plans spécifiques. Ces troupes contrôlent aussi les entreprises affiliées à l’Organisation Todt et inspectent l’état d’avancement des chantiers. Elles forment également le personnel à l’utilisation du matériel en usage sur le mur de l’Atlantique.
Aux ordres de la marine
750 bunkers pour la pointe de Caux
Sainte-Adresse, Nice-Havrais. Mise sous casemate d’une batterie de marine. La casemate est en cours de coffrage autour du canon déjà installé.
Photo Jean-Paul Dubosq
BAMA collection Jean-Paul Dubosq
Avant 1942, la défense du littoral de la Seine-Inférieure et d’une partie du Calvados est sous la responsabilité du commandement de la marine. Dans ce contexte, les pionniers de forteresse contrôlent les travaux pour le compte e de la marine. Ainsi le 88 bataillon de construction de forteresse travaille sur divers chantiers dans le secteur de la pointe de Caux. Il a en charge notamment, dès 1941, la construction d’une batterie de la marine au cap de la Hève et le percement de galeries de communication sous la côte de la Vierge à Fécamp, en 1942.
Plaque en ciment, incrustée dans la craie à l’intérieur du souterrain situé au pied de la côte de la Vierge à Fécamp, réalisée en 1942 par les membres des pionniers de forteresse. Un aigle, tient dans ses serres un marteau-piqueur.
Photo BAMA
Avec la construction du mur de l’Atlantique en 1942, l’organisation évolue fortement. Le commandement des pionniers de forteresse s’installe à Lille et contrôle tous les travaux du front ouest. La 21e Unité de pionniers de forteresse est chargée des travaux de fortification s’étendant de l’embouchure de la Seine à Merlimont-Plage. Elle est composée de 2 bataillons. L’un compte environ 1 800 hommes qui assurent tous les travaux, du Havre à Saint-Martin-Aux-Buneaux, au nord de Fécamp. À partir du mois d’octobre 1942, ce bataillon a en charge la construction de 750 bunkers, dont la moitié devra être terminée pour le 31 mars 1943. Le programme prévoit l’érection de 266 ouvrages pour le secteur défensif du Havre. Le reste se répartissant entre Êtretat et Fécamp.
Sainte-Adresse, cap de La Hève, janvier 1941. Des hommes du 88e bataillon travaillent à la construction d’un poste d’observation destiné à la marine. L’ouvrage est en cours de coffrage. Un canon antiaérien Vickers M 39 d’origine anglaise protège la position.