À la recherche permanente de main-d’œuvre À mesure que la guerre perdure et s’intensifie, le Reich doit satisfaire des besoins toujours plus démesurés pour soutenir son effort de guerre, en Allemagne et dans les pays occupés. Pour cela, les autorités allemandes recherchent une main-d’œuvre qualifiée et suffisante, une préoccupation et un défi constants. Très vite, la contrainte et les réquisitions succèdent à l’appel au volontariat des travailleurs. L’appel au volontariat
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Des défections croissantes Ce transfert provoque la défection de nombreux appelés du STO et l’effectif des bataillons de requis français ne cesse de décliner pour se stabiliser, à la veille du débarquement de Normandie, autour de 85 000 hommes. Les autorités allemandes doivent alors faire venir sur le littoral français des contingents massifs de travailleurs forcés en provenance des pays occupés à l’est, des républicains espagnols, des prisonniers de guerre, des coloniaux d’Afrique et d’Afrique du Nord, des déportés et des prisonniers soviétiques.
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Une série de petites annonces parues dans la presse locale havraise pour le recrutement d’ouvriers spécialisés. Les travaux du mur de l’Atlantique réclament des maçons, des métallurgistes, des charpentiers, des terrassiers, des mécaniciens. Les contacts pour le recrutement ont souvent lieu dans des cafés.
La réquisition : le Service du travail obligatoire
Photos extraites d’un reportage sur l’Organisation Todt paru dans le mensuel de propagande allemand Signal daté de janvier 1943. L’article met en avant le recrutement international des chantiers de l’Europe à travers une galerie de portraits où l’on croise un Hollandais, un Français, un Croate et un Arménien qui étaient manœuvres au Havre.
Carte de travail délivrée par le Commissariat général au Service du travail obligatoire (STO) de la Seine-Inférieure à un dessinateur dans le domaine des travaux publics. Collection Roger Soulieux
Les autorités allemandes font alors pression sur le gouvernement de Vichy, le contraignant à instituer, par les lois du 4 septembre 1942 et du 16 février 1943, le Service du travail obligatoire (STO). Le STO entraîne subitement un gonflement des effectifs de l’Organisation Todt qui apparaît, pour beaucoup de jeunes nés entre 1920 et 1922, comme une alternative préférable à un transfert dans les usines du Reich. Les effectifs passent ainsi de 150 000 fin 1942 à près de 200 000 au printemps 1943, dont environ 20 000 sur le littoral du département de Seine-Inférieure. Cette croissance s’interrompt au début de l’été 1943 à la suite du transfert forcé d’environ 50 000 ouvriers français vers les barrages de la Ruhr détruits par l’aviation alliée.
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Travailleurs français en partance pour l’Allemagne. Confrontés à une baisse de l’offre de main-d’œuvre forcée en provenance de la Pologne et de la Russie occupées, les nazis exigent que la France envoie 250 000 travailleurs en Allemagne avant la fin de l’année 1942.
Photo Alamy
Les besoins croissants de main-d’œuvre dans les usines du Reich sont satisfaits dans un premier temps par un appel au volontariat, soutenu par un intense effort de propagande sur le dispositif de la relève. À partir du printemps 1942, s’ajoutent les besoins d’ouvriers destinés aux chantiers de l’Organisation Todt ou de la Luftwaffe. Pour les chantiers du littoral, l’effort de recrutement s’appuie sur une politique de hauts salaires. En effet, les ouvriers sont payés deux à trois fois plus grâce à de multiples primes de séparation, de travail en zones bombardées, d’intempéries ou de logement. Ceux-ci bénéficient également d’une protection sociale supplémentaire. Le volontariat est largement soutenu par les autorités françaises. L’Organisation Todt atteint le cap des 100 000 travailleurs français sur ces chantiers à la fin du mois d’août 1942, parmi lesquels environ 4 000 ouvriers sur la région havraise. Mais cette main-d’œuvre est loin d’être suffisante pour réaliser un programme aussi vaste.
Affiche de propagande française réalisée en 1942 lors d’une campagne organisée par le ministère de l’Information de Vichy. Cette affiche appelle les travailleurs français à partir en Allemagne pour assurer la relève des prisonniers de guerre.