Les conséquences pour les civils Dès le mois d’avril 1941, les autorités allemandes déclarent zone interdite une bande côtière de 20 à 30 km de large, de Dunkerque à Hendaye. Les activités et la circulation des civils y sont règlementées. Avec la construction du mur de l’Atlantique en 1942, certaines zones et quartiers du Havre sont évacués. La recrudescence des bombardements alliés accentuent les difficultés de la vie quotidienne.
BAMA – Collection Jean-Paul Dubosq
Le 18 avril 1942, le maire du Havre, Pierre Courant, reçoit des autorités allemandes l’ordre de faire évacuer certaines parties des quartiers situés en bordure de mer ou du port à partir du 25 avril. Sont concernés : Notre-Dame, Saint-François, le quartier de l’Eure, les Neiges, la Mare-au-Clerc. C’est un choc pour les Havrais, qui doivent impérativement quitter leur logement au plus tard le 4 mai 1942. Face aux manques de moyens, Pierre Courant fait appel à la solidarité ainsi qu’à diverses organisations pour aider les habitants à évacuer. Les Éclaireurs de France, le Secours National et les Équipiers Nationaux se mobilisent pour venir en aide aux personnes déplacées. Des trains sont mis à disposition, gratuitement, pour participer à l’effort d’évacuation. Certaines familles ont la possibilité de s’installer dans les cités refuges dites « champignons » aménagées par des municipalités comme à Saint-Romainde-Colbosc.
ECPAD – Collection Jean-Paul Dubosq
Des évacuations très ciblées
Des habitants du quartier Saint-François s’apprêtent à quitter leur logis. Le moyen de déménagement le plus répandu reste la charrette à bras ou l’attelage.
Le Havre, rue de la Gaffe. Cette rue conduit au quai de Southampton, mais son accès a été muré par les Allemands. Quelques rares civils circulent encore dans ce quartier déserté, aux maisons et commerces rendus inaccessibles par un dense réseau de barbelés. Quai de Southampton, trois matelots de la marine passent devant le mur qui barre la rue Saint-Julien. À l’arrière-plan, des maçons murent la vitrine du restaurant du Commerce.
Les zones interdites se transforment en véritables camps retranchés. Les troupes allemandes déploient des réseaux de barbelés au travers des rues et sur les façades des immeubles et des magasins. Des murs sont construits pour barrer les rues et d’étroits passages sont aménagés dans des rangées de chevaux de frise. Tous ces obstacles sont destinés à empêcher d’éventuelles troupes de commandos de pénétrer en ville, comme ce fut le cas en août 1942 à Dieppe.
Recrudescence des bombardements
L’une des conséquences des bombardements de cette année 1942 est la construction de nouveaux abris souterrains sanitaires répartis entre la rue Georges Lafaurie et Graville. Leur construction dure jusqu’en 1944.
Bombardement du 16 avril 1942. Des secouristes et des pompiers arrivent sur la zone sinistrée, près du bassin du Commerce, quai George V.
IWM – Collection Jean-Paul Dubosq
À la fin de l’année 1941, Le Havre compte 243 morts et 364 blessés. A la fin de l’année 1942, ces chiffres sont portés à 354 morts et 561 blessés.
BAMA – Collection Jean-Paul Dubosq
Jusqu’en 1941, les bombardiers alliés visaient principalement les navires de la marine allemande, rassemblés dans le port en prévision d’un débarquement des troupes sur les côtes anglaises. L’année 1942 marque un tournant, avec des objectifs plus ciblés, destinés à freiner l’effort de guerre. La centrale d’énergie électrique rue Charles Laffitte est bombardée le 16 avril, tandis que le 20 juin, c’est le cours de la République, ses entrepôts et la gare S.N.C.F. qui sont touchés. Les chantiers de l’Organisation Todt dont la base abri pour vedettes lance-torpilles ainsi que le camp de travailleurs du hameau de Réauté font aussi l’objet de raids de l’aviation britannique.
BAMA – Collection Jean-Paul Dubosq
Des bombardiers Boston de la Royal Air Force survolent Le Havre en plein jour et par beau temps. De droite à gauche : le bassin de la Citadelle, le bassin de l’Eure et les formes de radoubs occupées par des navires. En bas, le bassin Vauban. Des impacts de bombes sont visibles autour du pont Vauban (A) et le long du quai Colbert (B).