Une forteresse illusoire Le mur de l’Atlantique est entré dans l’histoire comme une forteresse illusoire, à l’instar de la ligne Maginot : une tentative vaine pour défendre un littoral démesurément allongé sur 4 000 km. Inachevé au moment du débarquement du 6 juin 1944, il est percé en quelques heures seulement par les forces alliées.
Le mur de l’Atlantique : une fonction stratégique incertaine
BAMA
Le jour J, les troupes allemandes attendent les Alliés dans le Pas-de-Calais, là où le mur de l’Atlantique est le plus abouti. Mais ceux-ci choisissent les plages du Calvados et de la Manche, un secteur où les défenses voulues par le maréchal Rommel ne sont pas achevées. L’économie de guerre allemande, exsangue, a été incapable de réaliser le rêve d’Hitler de la Forteresse Europe. Forteresse illusoire, le mur de l’Atlantique tient à peine quelques heures face à l’armada alliée. Seules résistent les forteresses portuaires puissamment défendues. Les Alliés livrent de durs combats pour er s’emparer du port de Cherbourg le 1 juillet 1944. Le Havre n’est libéré que le 12 septembre avec l’opération Astonia, marquant la fin de la bataille de Normandie. Les poches de Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire et La Rochelle e tombent en mai 1945 avec la capitulation du III Reich.
Cette brochure de propagande éditée en français et dédiée aux forteresses de l’Atlantique établit une filiation entre le grand architecte militaire de Louis XIV et Fritz Todt pour se protéger de l’Angleterre. Wolfgang Vennemann, 1943.
Sur cette photo de propagande, un artilleur de l’artillerie côtière de marine monte la garde devant la batterie Todt à Haringzelles, dans le Pas-de-Calais.
La propagande allemande se mobilise pour imposer à l’opinion publique des pays occupés de la façade atlantique ces images de gigantesques canons pointés vers l’Angleterre. Ici un des 4 canons de marine de 380 mm de la batterie Todt positionnée sur le cap Gris-Nez. D’une portée de 55 kilomètres, ils pouvaient atteindre l’Angleterre.
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Jusqu’au 6 juin 1944, un débat fait rage au sein du haut commandement allemand de l’ouest quant à la meilleure façon de résister : arrêter les forces alliées sur les plages et les empêcher de débarquer, ou les écraser à l’intérieur des terres par des contrattaques fulgurantes de blindés.
Collection particulière
Pour le seul littoral français, le mur de l’Atlantique a nécessité 1,7 millions de m3 de béton, 120 milles tonnes d’acier et un budget de 3,7 milliards de deutschemarks, financé pour l’essentiel par le régime de Vichy au titre des frais d’occupation. Hitler ordonna sa construction en réaction aux raids des commandos britanniques et pour faire obstacle à un assaut amphibie anglo-américain, tandis que se déroulait en URSS une lutte à mort. Mais ce projet titanesque fut érigé à la hâte et surtout conçu sans réelle coordination avec la doctrine stratégique de la Wehrmacht.
Une propagande bien orchestrée Le mur de l’Atlantique est un thème largement exploité par les services de propagande de Joseph Goebbels. Photos, affiches, reportages, publications et films mettent en scène l’invincibilité de cette muraille présentée comme infranchissable. Les remparts de ce mur étaient censés rassembler et protéger les populations de l’Europe sous domination allemande.
Affiche de propagande allemande, en néerlandais sur le thème du mur de l’Atlantique : « 1943 n’est pas 1918 ».
NARA
Collection particulière
À l’intérieur de cette frontière, une intense propagande impose à l’opinion publique la vision d’un débarquement alliée non pas comme une libération, mais bien comme une agression.
Saint-Laurent-sur-Mer, Omaha Beach, secteur du Ruquet. Cette photo illustre la percée du mur de l’Atlantique par les troupes américaines. Ce bunker, le WN 65, abritait un canon antichar de 75 mm. Il est neutralisé vers 10 heures le matin du 6 juin.