Sur la piste des radars À la fin de l’année 1941, la Royal Air Force multiplie les raids aériens sur l’Europe occupée. Dans ce contexte, le repérage des escadrilles anglaises par les radars allemands devient un enjeu clé pour les deux belligérants. Les Britanniques intensifient donc leurs recherches pour identifier la chaîne de radars allemands qui s’étend de la Norvège à la côte basque. Les intuitions d’un physicien de génie En 1940, Reginald Jones, un physicien travaillant dans le département scientifique du ministère de l’Air, reçoit un rapport décrivant des innovations militaires allemandes dont une curieuse antenne parabolique de radiodétection. Intrigué, Jones recoupe ses informations et conclut à l’existence d’un système de détection implanté par l’armée allemande en Europe.
Les Britanniques parviennent ainsi à localiser précisément les stations installées sur les côtes de l’Europe occupée. Des signaux émis sur une autre fréquence semblent signaler l’existence d’un type de radar inconnu jusqu’alors.
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Au cours du printemps 1941, les Britanniques poursuivent activement leurs recherches. Des avions équipés de puissants récepteurs sillonnent les côtes de la Manche, tandis que les services de renseignements analysent de plus en plus finement les signaux émis par les radars Freya. Un appareil de l’Unité photographique de reconnaissance aérienne. Sur l’aérodrome de Benson dans l’Oxfordshire, un technicien de la Royal Air Force charge une caméra en position verticale à bord d’un avion Supermarine Spitfire. Une photo exceptionnelle du radar et de la villa Gosset. Tony Hill s’est dirigé vers le cap d’Antifer hors du champ de détection du Würzburg 110. Arrivé à hauteur de Bruneval, il effectue un virage à 90° pour foncer au ras des flots sur sa cible. Il pique sur la falaise, monte ensuite presque à la verticale avant de surgir sur le plateau.
La découverte du Würzburg d’Antifer Le 15 novembre 1941, des photos des radars Freya d’Antifer sont prises à basse altitude par les avions de l’Unité de reconnaissance photographique. Les scientifiques repèrent sur l’une d’entre elles une petite tache noire. Ils demandent d’autres photos du site. Le chef d’escadrille Tony Hill décolle de l’aérodrome de Benson le 4 décembre 1941. Il survole Antifer et effectue deux passages en rase-motte à la recherche d’un objet qui ressemble à un « très gros radiateur électrique ».
Le chef d’escadrilleTony Hill en tenue de vol devant son Spitfire.
Malheureusement, les caméras de son avion Spitfire refusent de fonctionner. Il y retourne le 5 décembre et, cette fois, rapporte deux clichés exceptionnels. Reginald Jones découvre alors le Würzburg A installé au sommet de la falaise à quelques dizaines de mètres de la villa Gosset. Plutôt que de détruire le radar, Reginald Jones imagine s’en emparer. Son objectif est d’évaluer précisément le niveau technologique des experts allemands, de trouver un système de brouillage efficace et surtout de permettre aux chercheurs alliés de rattraper leur retard en matière de radiodétection. En décembre 1941, l’état-major de l’Air contacte le commandement des Opérations combinées pour organiser un raid totalement inédit. Un radar allemand Würzburg installé sur les côtes de la Manche. C’est ce type de radar dont s’emparent les parachutistes britanniques. En 1939, la firme Telefunken met au point le Würzburg A. Il fait figure de petit radar avec son antenne de 3 mètres de diamètre, commune à l’émission et à la réception. D’une portée de 40 km, il est utilisé pour le guidage des tirs de DCA. L’Allemagne en produit plus de 4 000 exemplaires dans différentes versions.