Un patrimoine en question Tout au long du littoral de la pointe de Caux et à l’intérieur des terres, les vestiges du mur de l’Atlantique sont autant de cicatrices visibles de la seconde guerre mondiale. Il y a les bunkers qui résistent aux outrages du temps, ceux qui basculent des falaises, d’autres restent enfouis à jamais sous terre. Si certains sortent de l’oubli grâce à des passionnés d’architecture militaire, quelques-uns deviennent des œuvres d’art.
Photo Jean-Paul Carnet
Un bunker détruit dans le cadre de travaux de construction, rue Claude Monet à Sainte-Adresse. 2021
Les vestiges du mur de l’Atlantique ont aussi leurs fans. Des associations d’amateurs passionnés d’archéologie militaire restaurent des bunkers qui, remis en état, font l’objet de visites guidées ou abritent des musées.
Photo Pays d’art et d’histoire
Bunker-archéologie
Veules-les Roses. Un bunker s’est retourné en tombant de la falaise.
La Poterie-Cap-d’Antifer. Un emplacement de Flak de l’ancienne station de radar Auerhahn exposé aux intempéries.
Pays d’art et d’histoire
Au fil des ans, les vestiges du mur de l’Atlantique disparaissent, détruits, pour laisser la place à des aménagements urbains ou à des projets immobiliers. Devenus à la fois anachroniques et encombrants, ils sont souvent enterrés, solution moins dangereuse et moins coûteuse que la dynamite ou le marteau piqueur. Les ouvrages situés autour des Jardins suspendus ont ainsi été enfouis sous terre. Les bunkers implantés hors des villes, dans les champs ou en bordure des falaises du littoral sont absorbés peu à peu par l’environnement naturel. Certains se retrouvent entre ciel et terre, comme le poste d’observation d’Heuqueville, ou bien basculent sur les plages où les recouvrent les algues et le sable, témoins silencieux du recul des côtes. Peu à peu, ces ouvrages se dégradent, érodés par le vent, la pluie et l’action des hommes, ne suscitant que l’indifférence de la majorité.
Photo Benjamin Canayer
Un patrimoine menacé
Au pied du cap de la Hève, sur un Tobrouk effondré, une pieuvre rose enlace un coffre.
Photo DR
Des associations allemandes, françaises, belges, néerlandaises ou scandinaves militent pour la sauvegarde de ce patrimoine historique. Des événements comme les Rencontres européennes du mur de l’Atlantique, organisées par Atlantikwall Europe, proposent un cadre de coopération entre 7 pays. Sur la pointe de Caux, l’association Mémoire et Patrimoine Le Havre 1939-1945 a restauré plusieurs sites dont l’hôpital militaire allemand, le central téléphonique ou le PC Flak. Une autre association locale, Astonia, a rénové un bunker de type R 622. Les visites organisées, notamment à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, attirent chaque année un public de plus en plus nombreux.
Quand l’art s’en mêle Les vestiges du mur de l’Atlantique peuvent aussi se métamorphoser en œuvres d’art. Les graffeurs réinvestissent les murs de béton qui se couvrent de fresques résistant quelques années aux assauts du vent, du sel et du sable. Certains artistes n’hésitent pas à s’approprier un bunker afin d’en faire une œuvre artistique monumentale, exploitant sa forme et sa symbolique. Le bunker devient alors un lieu d’expression artistique et festive comme l’illustre le festival danois BunkerLove qui, chaque été depuis 2012, transforme le bunker en espace artistique afin de promouvoir la paix et la tolérance.
Le musée du Grand Blockhaus de Batz-sur-Mer. Un ancien poste de commandement du mur de l’Atlantique, retrace sur 5 niveaux et 300 m² l’histoire de la poche de Saint-Nazaire, la dernière région de France libérée en mai 1945.
L’Atlantikwall Europe (AWE) est un partenariat culturel réunissant les 7 pays du mur de l’Atlantique. Depuis 2018, l’AWE organise les Rencontres européennes du mur de l’Atlantique au cours desquelles les acteurs français et européens échangent sur les questions de médiation, de conservation et de valorisation de ce patrimoine.