La préparation d’un raid audacieux Le 1 janvier 1942, Lord Louis Mountbatten, le chef des Opérations combinées, reçoit un premier rapport émanant de l’état-major de l’Air concernant le radar de La Poterie. Il est chargé de concevoir une opération pour s’emparer de certaines pièces clés du radar Würzburg, capturer des opérateurs allemands et les ramener en Angleterre. er
Une opération combinée
Une section de parachutistes embarque dans un Armstrong Whitworth Whitley. C’est à la suite de l’opération Merkur, au cours de laquelle des parachutistes allemands sont largués sur la Crète en mai 1941, que les Britanniques développent leurs troupes aéroportées.
Lord Mountbatten renonce vite à un assaut par la mer et à une attaque de commando en raison de la hauteur des falaises. Il imagine alors une opération aéroportée de nuit. En effet, les reconnaissances aériennes révèlent de vastes zones dégagées propices à un lâcher de parachutistes entre le cap d’Antifer, Le Tilleul au nord et Saint-Jouin-Bruneval au sud. IWM H 22935
En janvier 1942, l’état-major des Opérations combinées conçoit et planifie minutieusement le raid sur le radar Würzburg de La Poterie, nom de code « Biting » (Mordant). Le dispositif élaboré par les Britanniques est audacieux. Par une nuit de pleine lune, 12 appareils de la Royal Air Force largueront 120 parachutistes à proximité de la station radar allemande. Ils seront divisés en 3 pelotons et sauteront à intervalles de 5 minutes sur le territoire de La Poterie-Cap-d’Antifer. Chacun des 3 pelotons de 40 hommes aura une mission bien précise.
Les troupes parachutistes sont commandées par le major John Frost de la compagnie C du 2e bataillon de la 1st Airborne Division. L’opération est prévue entre le 23 février et le 2 mars.
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Une fois les pièces démontées et le radar détruit, ils rembarqueront de la plage de Bruneval à bord de péniches, à marée montante, protégés par des troupes de couverture. Puis, ils rejoindront des vedettes rapides qui les ramèneront à Portsmouth sous escorte aérienne et navale. Utilisé pour les bombardements de nuit, l’Armstrong Whitworth Whitley est adapté au largage des parachutistes en aménageant une trappe de saut dans le plancher. Des hommes de la C Company dans une péniche Assault Landing Craft (ALC) sur le Loch Fyne en Ecosse. A cette étape, les parachutistes ignorent encore s’ils doivent s’entraîner à débarquer ou à rembarquer.
À la recherche de renseignements
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Musée Ordre Libération
Après l’approbation du raid, les Britanniques cherchent à recueillir le maximum de renseignements sur le site du radar et ses environs. Des vols de reconnaissance à basse altitude fournissent des précisions sur la topographie tandis que le réseau de résistance Confrérie Notre-Dame procure des renseignements complémentaires. Le radar Würzburg est situé au sommet d’une falaise d’une centaine de mètres de haut. À proximité, la villa Gosset isolée, semble abriter le personnel. La plage de rembarquement est protégée par des ouvrages défensifs. Des renforts allemands peuvent être acheminés rapidement de Fécamp ou du Havre dans les heures suivant l’assaut. La réussite du raid dépend donc de l’effet de surprise, de l’entraînement des hommes et surtout de l’articulation rigoureuse entre l’aviation, la marine et les forces parachutistes.
Vedettes rapides Motor Gun Boat Fairmile C. Cinq de ces MGB récupèrent les parachutistes, le matériel capturé et prennent en remorque les ALC jusqu’en Angleterre.
Roger Dumont dit « Pol » (1898-1943) Le réseau de résistance Confrérie Notre-Dame-Castille, dirigé par le colonel Rémy fournit de précieux renseignements aux Britanniques. Début février 1942, 2 membres du réseau, Roger Dumont et son camarade Charles Chauveau, se rendent à Bruneval. Grâce à leurs renseignements, les Britanniques peuvent affiner leur stratégie.