Une attaque éclair dans la nuit Après deux reports successifs, le raid est finalement lancé dans la nuit du 27 février. Les 120 parachutistes, commandés par le major Frost, sont répartis dans 12 avions Whitley. Peu avant minuit, les opérateurs allemands des radars Freya et Würzburg du cap d’Antifer repèrent l’approche des bombardiers sur leurs écrans de veille.
Les 12 avions Whitley décollent de l’aéroport de Thruxton à partir de 22h15. Assis dans l’ordre de saut, les hommes ont deux heures à patienter avant l’action dans les carlingues glaciales, bruyantes et inconfortables. Mais le moral est excellent. Ils somnolent, chantent, jouent aux cartes ou boivent du thé au rhum. De leur côté, les unités de la marine arrivent en vue des côtes normandes et se regroupent au large d’Antifer.
Une section de parachutistes dans la carlingue d’un Whitley. Les parachutistes rampent jusqu’à l’ouverture circulaire située au milieu de l’avion, s’assoient sur le bord et sautent dans le vide. Ringway, août 1942.
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A 0h13, le premier para saute d’une altitude de 70 mètres sur la zone de saut enneigée de La Poterie. Une fois les armes et le matériel récupérés dans les containers, les hommes se regroupent au point de rassemblement à quelques centaines de mètres de la ferme de Theuville. Mais le major Frost constate qu’il lui manque 35 hommes sur les 119 qui ont sauté. En effet, certains des avions ont été désorientés par des tirs ennemis au-dessus d’Heuqueville et ont largué leurs parachutistes sur la falaise d’aval du côté de Saint-Jouin-Bruneval. Du matériel radio et de déminage manquent aussi. La belle mécanique du plan s’enraye. Mais le major Frost réorganise ses troupes et les parachutistes prennent leurs positions de combat.
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La belle mécanique du plan s’enraye Surnommé le « Brolly » (pépin), le parachute utilisé lors du raid est du type X à ouverture automatique, mis au point en 1936.
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Les sections sont en position
Il est 0h45 lorsque Frost donne le signal de l’assaut général et s’engouffre avec ses paras dans la villa Gosset. L’unique occupant, un radio allemand, est abattu. Au même moment, le lieutenant Young lance l’attaque sur le radar. Surpris par la soudaineté et la violence de l’assaut, les soldats allemands n’opposent quasiment pas de résistance. Une fois le périmètre du radar sécurisé, les sapeurs britanniques commencent le démontage des éléments clés du Würzburg sous la supervision du sergent Cox, le spécialiste radiodétection de la Royal Air Force. L’opération se déroule sous le feu nourri des sections allemandes qui contre-attaquent depuis la ferme de Theuville à quelques centaines de mètres. Vers 1h00, les premiers renforts allemands arrivent et Frost donne l’ordre de repli, une fois le radar miné. Au moment où celui-ci explose, l’attaque de la plage de Bruneval commence.
Plan d’ensemble de l’opération Biting
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Maquette de la villa Gosset et du radar Würzburg réalisée à l’échelle 1/2 000e d’après les photographies prises par le pilote Tony Hill en décembre 1941. Elle sert à l’entraînement des parachutistes.
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Frost et ses hommes se dirigent vers la villa Gosset tandis que la section menée par le lieutenant Young avance vers le radar. Un peu plus loin, les lieutenants Timothy et Naoumoff occupent leurs positions pour contrer les attaques allemandes venant de la ferme de Theuville et de La Poterie. D’autres sections se dirigent vers les défenses de la plage de Bruneval pour les neutraliser. Les soldats allemands alertés, sont sur le qui-vive.
Le major John Frost, à droite, commande la C Company. Il discute avec le lieutenant-colonel Goshin, intendant général de la1st Airborne Division à bord du Prins Albert au retour du raid.