Les conséquences du raid L’opération Biting est un incontestable succès. Les Britanniques dénombrent 2 tués, 7 blessés et 6 parachutistes capturés. Côté allemand, il y a 5 morts et 3 prisonniers dont l’un des opérateurs du radar. Les scientifiques exploitent au mieux les données concernant le Würzburg A et mettent ainsi au point des systèmes de leurres et de brouillage qui se révèlent essentiels dans la poursuite de la guerre. Les secrets du Würzburg
IWM H 017353
Les secrets du Würzburg sont d’abord expédiés au service de renseignement aérien. Les pièces sont ensuite étudiées pendant quatre mois au Telecommunication Research Establishment. L’analyse confirme la qualité et la fiabilité du matériel utilisé par l’armée allemande, notamment la stabilité de la fréquence d’émission. Les Britanniques découvrent que le Würzburg a une portée de 40 kilomètres, qu’il est précis et qu’il émet sur les mêmes fréquences que les appareils de la Royal Air Force, permettant aux opérateurs allemands de repérer les avions alliés bien au-delà de la portée normale de leurs radars.
Un raid riche d’enseignements À la suite de ces découvertes, les Britanniques mettent au point des procédés de brouillage électronique et des systèmes de leurre efficaces. Ils conçoivent ainsi des bandes d’aluminium, les Windows, capables de saturer les écrans de veille des radars allemands. Cette technique est utilisée pour la première fois lors d’un raid de bombardiers alliés sur Hambourg en juillet 1943.
L’opérateur radar Heller fouillé lors de son transfert sur le Prins Albert dans l’après-midi du 28 février. À sa gauche, le soldat Tewes, capturé pendant l’attaque de la plage. Peu qualifié, Heller se montre très coopératif durant ses différents interrogatoires. Le sergent-aviateur Cox, le deuxième à droite, fait un rapport à bord du Prins Albert sur le raid à Sir Nigel Norman, commandant en chef des forces aériennes de l’opération Biting. Le sergent Charles Cox est l’un des meilleurs techniciens radar de l’époque. Il participe au raid pour superviser le démontage du radar Wûrzburg.
Imperial War Museum
Le raid dit de Bruneval est un incontestable succès aux heures les plus sombres de la seconde guerre mondiale. Malgré les erreurs de parachutage de l’aviation, les difficultés de rembarquement de la marine, ou les problèmes de communication radio des parachutistes, ce raid audacieux démontre l’efficacité des Opérations combinées et surtout la valeur de ces toutes nouvelles forces aéroportées.
Au cours d’un raid aérien sur l’Allemagne, des bombardiers Avro Lancaster larguent un nuage de Windows pour brouiller les radars et désorganiser l’artillerie antiaérienne et l’aviation de chasse.
Lors du débarquement du 6 juin 1944, les Alliés utilisent largement les Windows pour brouiller les écrans radars installés entre Fécamp et le cap d’Antifer pour simuler l’approche d’une importante flotte. War Museum
La réponse allemande : le mur de l’Atlantique Les Opérations combinées organisent 15 raids sur les côtes françaises en 1942. Le raid de Bruneval est suivi de celui de Saint-Nazaire les 26 et 28 mars, et surtout celui de Dieppe le 19 août, l’opération Jubilee précurseur des débarquements de 1944. Avec l’invasion de l’URSS en juin 1941 et l’entrée en guerre des États-Unis, en décembre, Hitler sait déjà que l’Allemagne est désormais prise entre deux fronts. Face à la multiplication des raids alliés, la Wehrmacht doit construire des positions défensives le long du littoral européen. Une vue panoramique d’un site de batterie antiaérienne installé sur la plage du Havre en 1943. Au premier plan, un radar Wûrzburg. On distingue de nombreux bunkers édifiés dès 1942 et, en arrière-plan, des canons antiaériens de 88 mm.
photo BAMA Bundesarchiv – coll. J.Paul DUBOS
C’est pourquoi, le 23 mars 1942, Hitler publie la directive de guerre no 40. Il y ordonne la construction d’ouvrages de défense pour protéger les côtes des pays occupés et principalement les grands ports français, dont celui du Havre.