Todt : une organisation de bâtisseurs L’Organisation Todt entreprend, à partir du printemps 1942, la construction des 15 000 bunkers du mur de l’Atlantique. Pour cela, elle mobilise les plus puissantes entreprises de travaux publics d’Allemagne et des pays occupés ainsi que des centaines de milliers de travailleurs libres ou forcés. Des autoroutes à la ligne Siegfried
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L’Organisation Todt est créée en 1938 et se définit elle-même comme « un organisme en charge de la construction militaire à des fins défensives ». Elle trouve son origine lorsque l’ingénieur Fritz Todt (1891-1942) est nommé, le 28 juin 1933, inspecteur général des routes allemandes. Sa mission est de réaliser avant la fin 1938, un réseau de près de 3 000 km d’autoroutes à travers l’Allemagne, des grands travaux qui doivent résorber le chômage et assurer le plein emploi. En mai 1938, Hitler confie à Fritz Todt la construction de la ligne Siegfried, un ensemble de fortifications de 630 kilomètres le long de la frontière franco-allemande, s’étirant des Pays-Bas à la Suisse. Alamy Stock Photo
Dans ce but, Fritz Todt crée une instance de direction et de contrôle lui permettant de coordonner le travail de milliers d’entreprises du secteur privé. Il s’inspire du modèle d’organisation testé lors de la construction du réseau d’autoroutes. Cette structure, sous le contrôle de l’État, est rapidement baptisée l’Organisation Todt.
Adolf Hitler planifie la construction de la ligne Siegfried ou mur de l’Ouest (Westwall), en 1936, sur la frontière occidentale du Reich, face à la ligne Maginot des Français. Fritz Todt en dirige les travaux entre 1938 et 1940.
Debout dans la voiture, l’ingénieur Fritz Todt (1891-1942). Proche d’Adolf Hitler, il dirige la société du réseau autoroutier du Reich en 1933, puis devient mandataire général pour l’industrie du bâtiment en 1938.
À partir de février 1940, l’Organisation Todt est rattachée au ministère de l’Armement et des Munitions à la tête duquel a été nommé Fritz Todt. Après sa mort dans un accident d’avion en février 1942, l’Organisation Todt passe sous le contrôle d’Albert Speer (1905-1981).
Le Havre Caucriauville. Travaux de construction d’un poste d’observation de la batterie de DCA (Flak). Des ouvriers locaux travaillent sous la surveillance d’un membre de l’Organisation Todt perché sur un malaxeur à béton.
A la fin de l’année 1942, le département central de l’Organisation Todt se situe à Berlin, sous les ordres de l’ingénieur en chef Xaver Dorsch (1899-1986). Le territoire du groupe d’opération ouest est divisé en directions supérieures de constructions fortes de 5 000 à 15 000 hommes, puis en directions de construction de 1 000 à 5 000 hommes chargées de gérer les chantiers comptant jusqu’à 1 000 travailleurs. En Normandie, 2 directions supérieures sont créées, l’une à Cherbourg, l’autre à Rouen dont dépend Le Havre.
Un soldat de l’Organisation Todt en uniforme donne ses directives à un ouvrier sur le mur de l’Atlantique. Le personnel de l’organisation Todt est considéré comme une milice. Ses membres portent un uniforme spécifique et peuvent être armés.
Photo ECPAD – Collection Jean-Paul Dubosq
Affiche de propagande allemande invitant les ouvriers belges flamands à rejoindre l’Organisation Todt pour construire l’Europe nouvelle.
Collection particulière
Présente au côté de la Wehrmacht dès le début de la guerre, l’Organisation Todt met en place dans les pays occupés une structure administrative semblable à celle créée en Allemagne. Elle s’appuie sur un ensemble d’entreprises privées soustraitantes avec lesquelles elle passe des marchés. Elle approvisionne leurs chantiers en matériaux et en main d’œuvre et contrôle l’avancement de leurs chantiers.
Photo ECPAD – Collection Jean-Paul Dubosq
Une organisation ramifiée