Le mur de l’Atlantique : une standardisation poussée à l’extrême Pour répondre au colossal programme de construction des ouvrages du mur de l’Atlantique, l’Organisation Todt élabore un système de standardisation de l’ensemble de la chaîne de construction : types d’ouvrages, fourniture de matériel, équipements, armements, quantités de matériaux, ratios d’heures, prix…
Plan d’un bunker du type Regelbau 114 pour cloche blindée. Cette cloche pouvait abriter une mitrailleuse ou servir de poste d’observation. construit sur le mur de l’Atlantique.
De véritables catalogues La standardisation concerne aussi l’ensemble des équipements des bunkers : portes, créneaux de tir, lits superposés, systèmes de ventilation et de chauffage, tourelles d’observation ou de combat ainsi que les moyens de défense rapprochée, piquets de barbelés ou chevaux de frises.
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Lorsque le programme de construction des 15 000 bunkers est lancé au printemps 1942 sur l’ensemble des côtes européennes, les troupes du génie de forteresse ne disposent que des séries D, C et B1. Très vite, ces bunkers ne répondent plus aux nouvelles exigences de protection, en raison notamment de la puissance des bombardements alliés. C’est pourquoi, une standardisation plus poussée est lancée à l’automne 1942 avec la série 600. Celle-ci détaille chaque ouvrage par catégories : abris, soutes à munition, casemates d’artillerie et mitrailleuses, infirmeries, poste d’observation, ainsi que de très petits ouvrages genre Tobrouk.
Construction d’un ouvrage de type Regelbau. Les coffrages en bois indiquent le nombre et la disposition des pièces du bunker. Le ferraillage évoque déjà la forme future de l’ouvrage et les conduits de fumée sont en place avant le coulage du béton.
Photo BAMA / Collection J-P. Dubosq)
15 000 bunkers à construire
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Les travaux de la ligne Siegfried génèrent un catalogue d’ouvrages standardisés, classés selon leur niveau de protection. Les séries D et C désignent de simples casemates pour mitrailleuses. Les séries plus « lourdes » sont codées B1-100, 400 et 500 avec des épaisseurs de toit atteignant 2 m de béton. Ces séries constituent un premier ensemble d’ouvrages standards (Regelbauten), pouvant être construits avec des quantités de matériaux prédéfinies et des quotas d’heures, donc des coûts maîtrisés.
Photo BAMA / Collection J-P. Dubosq)
Une pratique déjà rodée
Plan du Regelbau 620, casemate pour mitrailleuse. Ce bunker est très largement répandu sur les lignes de fortifications terrestres.
Bunker Regelbau 620 implanté sur les contreforts sud du plateau de Caucriauville surplombant le carrefour de la Brèque.
Photo BAMA / Collection J-P. Dubosq)
L’ensemble de ces éléments est répertorié dans un catalogue spécifique, le Panzer Atlas. Le but est de simplifier, d’accélérer la cadence de construction des ouvrages et également d’en maîtriser les coûts. Chaque arme de la Wehrmacht dispose de sa propre série d’ouvrages. L’aviation (Luftwaffe), chargée de la protection de l’espace aérien, élabore la série L400 qui comprend un nombre important d’ouvrages de tir, de soutes pour munitions, de surveillance, de radars, de postes de commandement.
Moments de détente pour ces soldats dans un bunker de type Regelbau 501. L’aménagement intérieur des bunkers est spartiate : des rangées de couchettes en bois ou en métal, une table, des chaises, un petit fourneau à bois, et une zone de rangement pour l’équipement et les armes des soldats. Tous ces équipements figurent dans les différents catalogues.
La marine allemande (Kriegsmarine), chargée de la défense côtière, met au point 4 séries d’ouvrages : défense antiaérienne, batteries côtières de petits et moyens calibres, batteries côtières lourdes, installations auxiliaires (abri-radio, poste de commandement…).
Intérieur d’un ouvrage de fortification permanente. Au mur est fixé un ventilateur. Au premier plan, un sous-officier utilise un téléphone de campagne. Photo BAMA / Collection J-P. Dubosq