Projet de Fin d'Études /BIFURKATION

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Projet de fin d'études Tome I BIFURKATION

Pour une poétique du détour, de la mémoire et de l'habiter CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère

Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble Architecture et Cultures Constructives - juin 2016


Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble

Architecture et Cultures Constructives

Projet de fin d'études - juin 2016

-

Bifurkation

-

Pour une poétique du détour, de la mémoire et de l'habiter

-

CRETIN Guillaume PETIT Thomas POULAILLON Bérengère

Membres du jury : Directeur d'études : Nicolas Dubus, Architecte, Maître assistant ENSA Grenoble. Enseignant de la thématique de master : Bruno Georges, Ingénieur, Enseignant contractuel ENSA Grenoble. Enseignant d'une autre thématique de master : Philippe Liveneau, Architecte, Docteur en Architecture, Maître assistant ENSA Grenoble. Enseignant d'une autre thématique de master : Barbara Martino, Architecte, Enseignante contractuelle ENSA Grenoble. Enseignant d'une autre école : Olivier Balaÿ, Architecte, Docteur en Urbanisme et Aménagement, Professeur HDR ENSA Lyon. Personnalité extérieure : Alain Vargas, Architecte, Agence Tectoniques Architectes.


Equipe pédagogique ensa grenoble, ensa lyon

Equipe pédagogique Grenoble :

ENSA

Equipe Lyon :

pédagogique

ENSA

Master A&CC (Architecture et Cultures Constructives)

Master AA&CC (Architecture Ambiances et Cultures Constructives)

Enseignant porteur : Nicolas Dubus (Architecte, Ma. TPCAU)

Enseignants porteurs : Olivier Balaÿ (Architecte, Prof. TPCAU, HDR), Rémy Mouterde (Ingénieur, Ma STA, Docteur en Mécanique des structures)

Anne-Monique Bardagot (Ethnologue, Ma. SHS), Anne Coste (Architecte, historienne, Prof. HCA, HDR), Bruno Georges (Ingénieur, approche environnementale), Jean-Christophe Grosso (Architecte, mécanique des Structures, Ma. STA), Hubert Guillaud (Architecte, Ma STA, HDR), Karine Lapray (Ingénieur, éco-conception), Paul-Emmanuel Loiret (Architecte), Guillaume Pradelle (Architecte), Stéphane Sadoux (Urbaniste, Ma. SHS), Olivier Zanni (Ingénieur, énergie).

Amilcar Dos Santos (Architecte), Guillaume Lafont (Programmation),Vincent Dubreuil (Economiste), Karine Lapray (Ingénieur, éco-conception), Samuel Tochon (Acousticien).

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Remerciements

Nous souhaitons exprimer notre gratitude à tous ceux qui nous ont tant apporté, au fil des années, et qui ont façonné cette vision de l’architecture qui est la nôtre, planté la graine d’une passion qui nous anime. Merci à ceux, architectes, artisans et intervenants qui nous ont accordé de leur temps pour répondre à nos questions et nous partager leurs connaissances.

Un grand merci à nos familles franc-comtoise, champardennaise et savoyarde pour les ondes positives qu’elles nous envoient par delà plaines et montagnes. Enfin, merci à nous trois pour s’être soutenu et aimé, et pour le plaisir partagé durant cette dernière année.

Merci à toute l’équipe pédagogique des thématiques d’enseignement Architecture & Cultures Constructives et Architecture Ambiance & Culutres Constructives pour leurs réponses et les discussions enrichissantes que l’on a partagé. Merci à Anne-Monique Bardagot, pour sa bienveillance et son suivi attentif lors de la rédaction de mémoire. Merci à nos camarades de classe pour leurs différents points de vue et les discussions passées sur la terrasse à parler de notre avenir et de nos visions respectives du métier d’architecte. Nous souhaitons également remercier nos colocs respectifs et amis, pour leur soutien et encouragements, et pour nous rappeler qu’une autre vie est possible en dehors de l’école. Merci aux raviolis fourrés aux cèpes, à la Goudale et aux tisanes, fidèles partenaires de nos charrettes.

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Résumé

Français

Anglais

Ce Projet de Fin d’Étude, situé dans un quartier en transition de l’agglomération grenobloise, s’effectue dans le cadre de la création de la zone d’aménagement concertée (ZAC) Flaubert, inaugurée par la municipalité en 2005. Il s'intéresse à la question de la mémoire et de la participation dans une ancienne friche industrielle caractérisée par un entremêlement d’usages et de formes bâties.

This final year project, located in a Grenoble’s changing district, is based on the Flaubert’s urban development zone created by the municipality in 2005. This work talks about the memory and the participation of the future residents in the building on an old industrial wasteland caracterised by a mixity of practices and building forms. To focus our wishes in this large urban area, developed of around 90 hectares, we work on an urban plot called “Îlot Bifurk”.

Afin de cadrer notre champ d’actions au coeur de ce large tissu urbain développé sur 90 hectares, une focalisation est effectuée sur un îlot en particulier, l’îlot Bifurk. En connexion directe avec le corridor végétal qu’est le parc Flaubert, le projet propose une Bifurkation, une alternative au parc pour pénétrer dans un tissu mêlant bâti existant et projection. Pour favoriser une poétique du détour nous tentons, par un traitement paysager étendu à l’ensemble de l’îlot et par des interventions architecturales ponctuelles, de faire pénétrer le passant dans un tissu riche d’ambiances, convoquant les sens et étant attentif au partage comme au bien être de chacun.

In immediate link with the Flaubert’s park around, our architecture project offers a Bifurkation like a curve into future and past. In a way of poetry, a global landscaping elaborated in different architectural scales wants to convide people in different moods and atmospheres in a rich experience. Using all of senses, it’s a place of serenity to share with the others and be mindful of well-being in each of us.

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Sommaire -

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Sommaire

Introduction

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1. La Zac Flaubert dans Grenoble

13

1.01.

Analyse de Grenoble

1.01.1. 1.01.2. 1.01.3.

1.02.

Grenoble, une ville à l'expansion limitée Un rapport à l’eau ambigu Les parcs dans Grenoble, refuges climatiques et méditatifs

L'arpentage d'un site méconnu

14 14 16 17

19

1.03. « Le Chaos » : reflet d’histoires successives et confondues offrant matière à projet 20 1.03.1. L’histoire d’un abandon 1.03.2. Diversité typologique 1.03.3. Des frontières et des obstacles 1.03.4. "Le chaos"

1.04.

La posture : Prendre parti vis à vis du modèle de la ZAC

20 20 20 21

23

1.04.1. La ZAC : ultime modèle d’urbanisme de la ville de Grenoble? 23 1.04.2. Analyse de la commande : Un projet architectural dans la ZAC Flaubert 24 1.04.3. Mise en perspective de la ZAC Flaubert : Analyses synthétiques de plusieurs ZAC de la métropole grenobloise 24 1.04.4. Posture urbaine proposée dans la ZAC Flaubert 30

1.05.

Après arpentage : Le choix d’un lieu de réflexion : l’îlot Bifurk

31

1.05.1. Structuration de l’îlot Bifurk : entre Vitrine (Continuité visuelle) et Rempart (Frontières physiques) 32 1.05.2. Composition de l’îlot Bifurk par son programme 34

2. Une méthodologie du tissu urbain et social : Entre Mémoire et Participation 37 2.01.

Méthodologie : Vers une approche sub-urbaniste

38

2.02.

Méthodologie II : La Participation Habitante

40

2.02.1. 2.02.2. 2.02.3. 2.02.4.

Une demande existante de la municipalité grenobloise Manière dont on se saisit de cette demande Proposition hypothétique pour Bifurkation Lien avec la mention recherche BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

40 40 41 41 7


2.03.

Intentions Urbaines

42

2.03.1.

Posture paysagère

43

2.03.2.

Posture socio - culturelle

46

2.03.3.

Posture architecturale

49

2.03.1.1. Constats & Diagnostics: Un parc linéaire enclavé 2.03.1.2. Stratégie : Désenclaver le parc Flaubert 2.03.2.1. Constats & Diagnostics: Une présence associative abondante 2.03.2.2. Stratégie : Valoriser les dynamiques associatives

43 45 46 48

2.03.3.1. Constats & Diagnostics: Un paysage urbain marqué par une activité industrielle intense 49 2.03.3.2. Stratégie : S’adapter à l’existant en respectant l’esprit de la friche 51

3. Vers une Bifurkation

53

3.01. 1ère étape : La Bifurk, une friche culturelle, sportive et citoyenne 56 3.02.

2ème étape : Le 2bis rue Prosper Mérimée

3.02.1. 3.02.2. 3.02.3.

3.03.

61

Le 2bis dans l’îlot Bifurk La maison ouvrière et ses particularités Le 2bis en détails

61 63 63

3ème étape : 18 rue Prosper Mérimée

66

3.03.1.

La halle

66

3.03.2.

Habiter autour de la mémoire

86

3.03.1.1. Une forme urbaine dessinée par l’évolution du bâti 3.03.1.2. Gradation de la rue vers le parc 3.03.1.3. S’immerger dans l’atmosphère de la halle 3.03.2.1. 3.03.2.2. 3.03.2.3. 3.03.2.4. 3.03.2.5.

Une densité programmatique La question des seuils Un traitement global des logements À propos des logements : typologies et organisation Les logements dans le détail

3.03.3. Éthique du projet

3.03.3.1. Des matériaux adaptés à l’auto-construction 3.03.3.2. Des matériaux “propres” et locaux 3.03.3.3. Anticiper l'effet du temps

66 81 82 86 88 90 90 94

99

99 99 100

Conclusion

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Conclusions Personnelles

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Guillaume Cretin BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Thomas Petit

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Bérengère Poulaillon

110

Bibliographie

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Annexes

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Annexe 1. Calculs de Thermique

118

Annexe 2. Rendement panneaux photovoltaïques

123

Annexe 3. Rendement panneaux ECS

124

Annexe 4. Baby Papoose - Logements

125

Annexe 5. Baby Papoose - Activités

126

Annexe 6. Économie - logements sociaux

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Introduction -

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Introduction

Friche urbaine au cœur de Grenoble, la ZAC Flaubert est le terrain d’accueil d’une nouvelle programmation urbaine amorcée par la ville depuis 2005, visant sa restructuration urbaine et architecturale. Ancien site industriel, il montre un potentiel quant à l’aménagement des nombreux espaces délaissés qui le composent, ainsi qu’à une mise en valeur patrimoniale de ses artefacts architecturaux. Il s’agit alors de s’emparer d’un double enjeux qu’est celui de répondre à la demande en logements exprimée par la municipalité, par une densification maîtrisée, tout en préservant l’esprit du lieu et en dynamisant le travail lié à la mémoire. Cette problématique de revalorisation du patrimoine, de redynamisation des délaissés urbains comme solution à l’étalement urbain mais aussi comme économie de ressources, n’est pas exclusive au cas de Grenoble mais questionne la production de l’urbanisme et de l’architecture aujourd’hui en France. Dès lors, nous avons choisi d’orienter notre réflexion autour du quartier Flaubert.

s’appuie sur les ressentis que nous avons eu lors d’un arpentage minutieux des lieux. À partir des entremêlement d’usages et de formes bâties qui forgent l’identité du site, comment le quartier Flaubert peutil devenir un laboratoire urbain de la responsabilité citoyenne et de la transition énergétique?

Le Projet de Fin d’Études s’inscrit dans un travail collaboratif entre la municipalité Grenobloise et les écoles d’architecture de Lyon et de Grenoble. Les étudiants ayant fait le choix de ce site d’étude sont chargés de réaliser une analyse prospective et objective de cette ZAC dans son contexte, afin d’y développer ensuite un projet urbain et architectural. Le projet Bifurkation s’oriente ainsi autour d’une problématique générale, qui reprend les champs d’investigation évoqués par la mairie lors de la présentation du site en début d’année, et

Dans cette optique, la Bifurkation se présente comme un ensemble d’attentions à l’égard du site et de ceux qui l’habitent. Par un travail autour de la mémoire, il s’agit d’associer des édifices porteurs d’histoires à une conception architecturale respectueuse et consciencieuse, pour intégrer ces objets du passé dans un présent et un avenir auxquels le projet participera.

Ce travail se nourrit donc d’un certain réalisme quant à la demande de la municipalité mais s’inscrit tout de même dans un cadre expérimental, qui nous engage en tant que futurs architectes dans une vision prospective et éthique de la conception architecturale. Cette proposition théorique ouvre notre champ de réflexions de manière globale, de la programmation urbaine au détail constructif. C’est ainsi que nous répondons à cette problématique par la formulation d’une hypothèse de travail, qui définit la ZAC Flaubert comme lieu propice à l’expérimentation sociale et architecturale pour édifier une architecture du partage et du bien-être de chacun.

Au delà du soin apporté aux traces bâties, nous portons un regard particulier à l’intégration des habitants dans le processus

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d’édification de l’architecture, tant dans la conception que dans la construction. Cette dernière phase fait l’objet d’un travail approfondi de recherche mené par Bérengère Poulaillon, développé dans un second tome de ce mémoire de PFE. Le tome I retranscrit notre cheminement de pensées autour des thèmes évoqués. Dans un premier temps, nous revenons sur l’analyse générale du site, qu’elle soit rationnelle ou sensible, avant d’exposer dans une seconde partie nos intentions urbaines et la méthodologie appliquée pour enfin s’intéresser aux choix architecturaux que nous développons. Le projet est ainsi le reflet de postures éthiques, environnementales, historiques que nous souhaitons mettre en place.

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1. La Zac Flaubert dans Grenoble -

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1.01. Analyse de Grenoble

1.01.1. Grenoble, une ville à l'expansion limitée Capitale des Alpes, Grenoble s’est développée au carrefour de trois vallées, cernées au Nord par le massif de la Chartreuse, à l’Ouest par le Vercors, et à l’Est par le massif de Belledonne. L’aire urbaine est très limitée jusqu’à la fin du XVIIème siècle, du fait des nombreuses inondations qui contraignent les populations sur les contrebas de la Bastille. Ce n’est qu’après les premiers travaux d’endiguement et de canalisations de l’Isère et du Drac que la ville peut véritablement commencer son extension urbaine. L’arrivée du chemin de fer en 1858 guide l’implantation d’entreprises et d’industriels, qui s’installent à proximité de ces infrastructures. Le quartier Berriat est assurément le quartier industriel notable, fondé à proximité de la gare, mais il faut également rappeler que plus au sud, un quartier de la ville s’est également développé autour des rails, l’actuelle ZAC Flaubert. Nombre d’entreprises et d’industriels se sont installés le long de la voie ferrée, aux limites de la ville d’alors. L’arrivée des Jeux Olympiques en 1968 à Grenoble à conduit à l’abandon de cette voie ferroviaire. Ceci a eu pour conséquence un déménagement généralisé des industriels, et donc un déclassement progressif de cette zone au rang de friche urbaine renforçant l’oubli de ce quartier de la ville dans l’imaginaire collectif grenoblois.

Aujourd’hui, l’étalement urbain de Grenoble est très limité par les massifs encerclant la ville, renforçant la pression foncière au fur et à mesure que l’espace disponible s’amoindrit. Son renouvellement depuis l’intérieur devient nécessaire. C’est alors que les friches industrielles, comme la ZAC Flaubert, dévoilent leurs potentiels spatial, architectural, historique, et en font des zones dont les enjeux sont bien trop importants pour rester en marge du développement urbain. L’agglomération Grenobloise a déjà investi la plupart de ces réserves d’espaces vacants, sous forme de ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) comme Vigny-Musset, la Caserne de Bonne, Bouchayer-Viallet, la Presqu’île et bientôt la ZAC Flaubert. Des éco-quartiers voient ainsi le jour dans des friches que l’on avait presque oublié ou camouflé dans l’urbanisme de cette ville. Des immeubles d’habitations, des bureaux ou encore des commerces, voire même des centres commerciaux remplacent peu à peu usines et entrepôts. Certaines sont exemplaires dans leurs interventions vis à vis d’une mise en valeur patrimoniale, comme la Caserne de Bonne, dont l’espace public s’est développé autour du bâti historique. Des sites regorgeant de telles richesses doivent faire l’objet d’un travail de mémoire, pour amorcer une acceptation collective de leur transformation par les habitants. La France est un pays dont les villes ont été vivement marquées par l’activité industrielle de quelques époques. Ainsi les délaissés urbains et architecturaux générés par la délocalisation de ces entreprises

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sont un potentiel auquel il est aujourd’hui question de se saisir dans la manière de concevoir l’urbanisme de nos villes. Cette problématique de redynamisation de territoires désertés, d’économie de ressources et de solutions à l’étalement urbain se pose aujourd’hui à Grenoble pour la ZAC Flaubert.

Situation de la ZAC Flaubert dans Grenoble

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1.01.2. Un rapport à l’eau ambigu Grenoble est une ville dont l’image est fortement marquée par la présence de deux rivières qui la traversent, d’Est en Ouest et du Sud au Nord, le Drac et l’Isère, alimentées notamment par la fonte des glaciers des Alpes. Pour les habitants, il y eut pendant longtemps un rapport conflictuel et méfiant vis à vis de ces cours d’eau. Considérés comme un fléau causant de nombreuses inondations, ils poussaient les citadins à rester dans les hauteurs de la Bastille. Il faudra attendre de nombreux travaux de canalisations afin d’envisager une occupation plus sereine des berges. L’eau que l’on ne voit pas, est aussi présente à Grenoble : celle que l’on oublie souvent mais qui se trouve dans les sous-sol de cette ville occupés dans leur quasi totalité par une nappe phréatique proche de la surface, issue de la présence d’un glacier il y a déjà quelques milliers d’années. Il est aujourd’hui difficile de s’imaginer qu’un siècle auparavant, des paysages de terres marécageuses constituaient l’ensemble de l’environnement grenoblois.

Cependant, ces interventions ne sont encore que minimes et les points d’accès à l’eau en ville restent rares. Cette attitude est surprenante et paradoxale dans une ville comme Grenoble, qui souffre d’une problématique importante d'îlots de chaleur en été. Ce fait est encore plus étrange lorsqu’on se rappelle qu’il y a effectivement de l’eau « juste sous nos pieds ».

Grenoble à la confluence de l'Isère et du Drac

Dans les villes, les habitants ont toutefois l’envie grandissante de se rapprocher de ces cours d’eau et de vivre avec. Le regain d’intérêt de la population pour les berges aménagées dans des villes comme Lyon, Paris, Toulouse ou Besançon le démontre. À Grenoble, leur requalification a débuté sur les quais Perrière et Saint-Laurent, ainsi que sur les berges du Drac par des travaux d’aménagement incluant promenades pédestres et pistes cyclables. BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.01.3. Les parcs dans Grenoble, refuges climatiques et méditatifs Entourée par de nombreux massifs montagneux et une nature environnante visible depuis chaque rue, Grenoble accueille une grande variété d’espaces verts publics. Ils représentent de véritables îlots de fraîcheur, refuges climatiques pour de nombreux citadins lors des périodes de fortes chaleurs. L’évapotranspiration des arbres permet de modérer considérablement la stagnation de chaleur dans les villes. Le potentiel climatique d’un arbre est étonnant : 400 litres d’eau évacués dans l’air par jour, c’est autant de rafraîchissement pour l’air ambiant. Ainsi, lors d’épisodes caniculaires, un grand nombre d’habitants envahissent ces espaces verts en quête de lieux plus agréables et confortables. Qu’il s’agisse de parcs publics, de jardins privés, de cœurs d’îlots ou de végétation urbaine, le végétal a une importance fondamentale. En effet il est le refuge d’une biodiversité tant animale que végétale qui trouve son équilibre entre les montagnes environnantes et le centre ville. Au delà de cette question climatique et environnemental, ils font office de refuges méditatifs. Face à l’angoisse du chaos urbain, le besoin de se ressourcer est essentiel au bien être de chacun. Un parc urbain, c’est l’image d’une nature apaisante qu’il nous est permis de fréquenter aisément. C’est un espace de

respiration et d’évasion, une oasis urbaine, qui permet d’échapper temporairement au quotidien de la ville et à ses nuisances. À l’échelle de Grenoble, ces espaces verts sont nombreux. On y compte 24 parcs, pour une surface d’environ 250 hectares, ayant des qualités et des échelles bien différentes. Un ensemble d’espaces verts en particulier nous semble exemplaire : celui de la caserne de Bonne. Il est aménagé au cœur d’une programmation complexe, mêlant activités commerciales et logements collectifs. Un ensemble de jardins se succèdent, proposant diverses ambiances paysagères. L’introduction de l’eau dans ce projet est fondamentale : une mise en scène des bassins qui relient les différents espaces paysagers apporte fraîcheur et tranquillité. Ils deviennent également supports pédagogiques quant à la notion de phytoépuration. Aux abords de notre site de travail, un aménagement de la piste cyclable dessine progressivement une continuité végétale d’Est en Ouest qui scinde la ville d’un bandeau vert. La ZAC Flaubert se trouve à la tangente de ce corridor végétal, élément qu’il serait bon de prolonger et de détourner vers le Sud. Nous décelons cependant un manque : il n’existe aujourd’hui aucun espace couvert public de loisirs à Grenoble. Quelques jardins sont aménagés avec des kiosques épars, mais fondamentalement, aucun espace n’est couvert. Ce qui pose une question primordiale : Comment profiter d’espaces verts et plus largement d’espaces publics même lorsque la

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météo n’est pas favorable? Nous nous sommes donc interrogé sur un programme architectural qui permettrait d’habiter la ville et ses espaces publics par tous les temps.

Les différents parcs de Grenoble

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1.02. L'arpentage d'un site méconnu

Suite à la présentation du site dans son contexte, la ville de Grenoble, il s’agit désormais d’y porter une attention plus précise. Avant l’arpentage, la connaissance de ce site et de l’intérieur du quartier reste superficielle. Seules ses périphéries se détachent du reste, constituées par les grands axes de mobilité les plus utilisés : la rue de Stalingrad sur un axe Nord-Sud, la piste cyclable qui traverse le parc Flaubert au Nord, mais aussi la ligne A du tramway à l’Est. On peut noter la présence de quelques édifices emblématiques de ce secteur, telle que la Bifurk, salle de concert alternative et pépinière d’associations, la Maison de la Culture 2 (MC2), lieu culturel et salle de spectacle à répercussion nationale, et la

tour de la Sécurité Sociale. Ces bâtiments semblent assimilés dans l’imaginaire des grenoblois. Toutefois, au-delà de bâtiments symboliques et connus en lisière de la ZAC, le cœur du quartier reste méconnu et apparaît comme peu attrayant. Rien ne semble pouvoir interpeller le citadin, c’est un quartier résidentiel ou d’activités secondaires qui n’offre, à priori, pas d’espaces publics de qualité destinés aux habitants du quartier ou du reste de la ville. On se questionne alors sur ce qui forme le cœur du quartier Flaubert? Une bifurkation vers ce quartier peut-elle offrir son lot d’expériences spatiales et sensorielles nouvelles?

Carte mentale du site d'étude BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.03. « Le Chaos » : reflet d’histoires successives et confondues offrant matière à projet

L’identité de ce site s’est formée sur l’accumulation et la juxtaposition d’éléments très disparates, sans continuité spatiale ou formelle.

profondément le paysage urbain . Les sites abandonnés se transforment rapidement en terrains vagues ou sont parfois réinvestis à d’autres fins.

1.03.1. L’histoire abandon

1.03.2. Diversité gique

d’un

typolo-

L’installation des industriels le long de la voie ferrée au début de la seconde moitié du XXème siècle traduit d’une volonté de se placer à proximité immédiate des voies de transports, pour des questions de rentabilité et de logistique. C’est à l’époque une zone frontalière à la ville, où les faubourgs s’étendent progressivement vers le Sud. Le tissu y est alors lâche et disparate. Les plans d’urbanisme, qui ont profondément structuré la ville, semblent avoir fait l’impasse de ce secteur laissé «libre de droit».

Ces vestiges qui accueillent désormais d’autres usages côtoient des immeubles d’habitations, des maisons pavillonnaires et un lycée. Cette juxtaposition de différentes typologies de bâti fournit un paysage urbain très varié, incertain, difficile à appréhender. La silhouette bâtie s’en retrouve discontinue et les interstices parfois peu ou pas qualifiés.

L’accueil des Jeux Olympiques d’hiver de 1968 justifie l’abandon de la voie ferrée, ce qui conduit à limiter l’extension de la ville et à la scinder de manière très forte. Dans un même processus, le quartier de la Villeneuve s’implante sur ce qui était auparavant l’aéroport de Grenoble. La seconde Maison de la Culture (MC2) sort de terre cette même année et annonce dès lors les volontés de la municipalité de s’emparer de ce secteur pour l’inclure réellement dans l’aire urbaine de la ville de manière globale et cohérente.

Ce site montre également beaucoup de frontières, très présentes, qui laissent peu de choix dans le cheminement aléatoire ou l’errance. Elles sont souvent représentées par des haies, des buissons, des clôtures, et bien d’autres moyens. Leur présence est parfois si importante qu’il est difficile de les franchir, enclavant certains espaces qui deviennent vite désertés, le cas de la Plage en est un bon exemple. Pour reprendre les mots du philosophe Sébastien Marot : « Entre les trous et les vides qui sont ses monumentaux paradoxaux, la visite, qui n’est pas encadrée par une histoire construite, ne se déroule pas de façon continue, mais bascule soudain d’un plan à l’autre sans vraie transition, comme s’il s’agissait de “niveaux de réalité“ distincts,

Ce déplacement du tracé ferroviaire représente un tournant dans l’histoire du quartier. La présence des industriels y est finalement de courte durée, mais marque

1.03.3. Des frontières et des obstacles

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dont les rapports seraient encore à déchiffrer, ou à inventer » 1.

1.03.4. "Le chaos" Une définition semble appropriée pour qualifier cette atmosphère : par son étymologie, chaos signifie : « État d’enchevêtrement, d’amalgame d’objets nombreux et hétéroclites; amas d’objets confus et désordonnés » 2. En effet, le passé de zone industrielle puis, plus récemment, de friche industrielle du site de la ZAC Flaubert ainsi que les constructions réalisées jusqu’alors expliquent cet urbanisme sans plan ni méthode. Nous considérons cette qualification comme un atout et non comme une contrainte. En effet, cet urbanisme chaotique est riche d’une diversité tant formelle, typologique, que fonctionnelle sur laquelle nous souhaitons nous baser pour révéler les potentiels des lieux et leurs complémentarités.

1 MAROT Sébastien, L’art de la mémoire, le territoire et l’architecture, éditions La Villette, Paris, 2010, p.72. 2 Cnrtl, Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.04. La posture : Prendre parti vis à vis du modèle de la ZAC

1.04.1. La ZAC : ultime modèle d’urbanisme de la ville de Grenoble? Pour amorcer la présentation du modèle d’aménagement urbain sous lequel notre site est régi, la ZAC, il est bon de rappeler que la ville de Grenoble a connu plusieurs grands projets urbanistiques qui ont structuré son accroissement et fait émerger un maillage territorial et identitaire qui lui est propre. Ces différentes interventions reflètent des politiques successives qui ont été mises en place au cours de l’histoire. À la fin du XIXème siècle, comme dans de nombreuses villes françaises, l’urbanisme Haussmannien s’est développé dans la partie nord de la ville, en s’accrochant au centre historique médiéval. Dans la période de l’entre-deux-guerres, c’est l’urbanisme des Grands Boulevards qui a contribué à l’affirmation de grandes percées, traversant la ville d’est en ouest, comme c’est le cas du boulevard Foch. Par la suite, les années 1970 ont conduit, avec l’émergence des villes nouvelles, à repenser un modèle d’urbanisme en proposant des utopies urbaines, la Villeneuve en est le meilleur exemple à Grenoble. Ces grands projets urbains ont tour à tour affirmés, l’extension et le développement de la ville vers le sud. Cependant, à la suite de ces interventions, le tissu urbain grenoblois s’est retrouvé parsemé d’interventions diverses. Ces zones délaissées sont apparues alors comme un potentiel en faveur d’un nouveau type d’urbanisme dans les années 1990, celui des ZAC.

L'urbanisme Haussmanien

L'urbanisme des Grands Boulevards

L'urbanisme des Villes Nouvelles

L'urbanisme des ZAC

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1.04.2. Analyse de la commande : Un projet architectural dans la ZAC Flaubert La ZAC est une Zone d’Aménagement Concerté, qui représente de manière générale une entité complexe, qui est à la fois une étendue spatiale, une structure juridique, une unité programmatique et un cadre opérationnel, qui dictent la manière de créer un aménagement de l’espace urbain. À Grenoble, le lancement du projet de la ZAC Flaubert a été initié par la ville en 2005. Sur 90 hectares au centre de l’agglomération, elle se déploie entre la rue Émile Zola au Nord et l’avenue de Malherbe au Sud. Elle s’inscrit dans une continuité de requalification des secteurs délaissés de la ville. En effet, dans un axe NordSud, elle s’insère entre la ZAC de Bonne et celle de Vigny-Musset. Concernant l’axe Est-Ouest, elle poursuit le développement d’aménagements effectués le long de l’axe de la piste cyclable qui s’étend de Saint-Martin d’Hères jusqu’au boulevard Jean Jaurès, non loin de la gare. La SAGES-INNOVIA, société publique locale d’aménagement (SPLA), est chargée de son aménagement comme celui de nombreux projets de la ville de Grenoble. Une concertation a été mise en place par la municipalité par le biais de réunions où étaient mentionnés plusieurs thèmes relatifs au site actuel et ses évolutions prospectives. Le questionnement quant au devenir des occupants des parcelles actuelles, de leurs

lieux de vie ou d’activités a notamment été mentionné. Cette concertation visait à discuter des possibles évolutions du quartier au vu des manques éventuels dans ce secteur de la ville. Afin de réfléchir à un processus intégrant l’arrivée de nouveaux habitants, des réunions publiques furent ouvertes tant aux habitants actuels du quartier Flaubert qu’aux citoyens curieux et potentiellement intéressés par l’achat ou la location d’un bien dans ce secteur. Au sein du projet Bifurkation, nous souhaitons nous appuyer sur cette volonté de concertation pour favoriser la participation d’habitants dans le processus de projet.

1.04.3. Mise en perspective de la ZAC Flaubert : Analyses synthétiques de plusieurs ZAC de la métropole grenobloise Un aperçu sur les différentes ZAC de la métropole grenobloise propose de décortiquer des projets de ZAC déjà effectués, par une critique analytique afin d’étudier plusieurs questions : urbaines, formelles et sociales. D’un point de vue urbain, il sera question de présenter les enjeux globaux et la forme urbaine. Dans certains cas, la ZAC est structurée autour d’un élément fort, qui lui permet de devenir lieu symbole dans la ville, dans d’autres cas c’est une combinaison d’éléments qui permet de s’approprier l’espace et d’en faire un lieu apprécié. D’un point de vue architectural, il sera question d’aborder l’architecture mise en

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place, en évoquant les formes bâties et les usages générés. Enfin plusieurs questions restent en suspens : Les ZAC conduisent-elles à une normalisation du tissu urbain ? Est-ce dû au cahier des charges des ZAC qui tend parfois à uniformiser les propositions? L’îlot ouvert mais fermé au public et la construction sur d’anciennes friches industrielles complètement détruites en sont deux exemples. Un autre questionnement apparaît : qu’en est-il d’un système où de nouvelles opérations sont conçues en faisant table rase du passé ? Cet aperçu sur les différentes ZAC grenobloises nous permettra peutêtre d’apercevoir des réponses à ces questionnements.

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VIGNY - MUSSET Description

Analyse

Années : 1995 - 2009 Identité : Un nouveau type d’urbanisme est né, premier projet grenoblois conçu sur le modèle de la ZAC Requalifier une ancienne friche industrielle de 23 hectares Superficie : 22 ha, 5,5 ha d’espaces verts Programme : 2 200 logements dont 24 % en locatif social, 400 logements étudiants, 120 logements pour personnes âgées ou handicapées, 12 000 m2 de locaux universitaires, 15 000 m2 de tertiaire, 5 500 m2 de commerces, jardin commun, parkings

Les + Expérimentation d’un nouveau type d’urbanisme plus durable (isolation par l’extérieur, solaire thermique, chantier propre). Diversité architecturale : chaque îlot est confié à un architecte différent. Les Ilots résidentiels marquant une barrière entre espaces publics et privés.

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Éco-quartier de Bonne

Analyse

Description

Les +

Années : 2005-2010

L’urbanisme créé pour la ZAC profite à l’ensemble des gens du quartier : habitants, passants, flâneurs, consommateurs. Un grand espace paysager au cœur de l’îlot permet des usages pour tous les âges. Mixité formelle du bâti : centre commercial, logements, bureaux. Ce pôle commercial, culturel et paysager, devenu repère, donne une nouvelle dynamique au quartier.

Identité : Nouvelle conception de l’urbanisme environnemental Requalification d’une ancienne caserne militaire Superficie : 8,5 ha dont 40% en espaces verts Programme : 850 logements HQE dont 35 % de logements sociaux, 15 000 m2 de superficie commerciale, 5 000 m2 de bureaux, résidence étudiants (128 logements), parking (355 places), école primaire de 15 classes, espace culturel et cinéma, un parc de 5 hectares

Les Une demande d’activité surestimée dans le programme : de nombreux locaux en RDC inoccupés qui nuisent à l’espace public Cœurs d’îlots clôturés : dispositifs paysager accessibles seulement aux habitants

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Jeux olympique - teisseire

Identité : Reconversion d’un ancien site industriel (Schneider Electrique) Relier partie nord et sud d’un même quartier

Gradation progressive des seuils : Accès aux logements plus intime Les espaces publics créés profitent à l’ensemble des gens du quartier Parc de Ouagadougou : espace vert comme articulation entre deux quartiers d’habitats sociaux en cours de restructuration au nord et au sud. C’est l’élément pivot qui articule tissu existant et nouvelle ZAC.

Superficie : 6,4 ha

Les -

Programme : 440 logements dont 20 % logements sociaux et 5 % d’accession sociale, un parc et une allée piétonne.

Typologies du bâti peu diversifiées qui conduit à une uniformisation de l’espace public Espaces verts clôturés qui amènent une dissociation brutale entre espace public de la rue et espace privé de l’îlot Césure entre ZAC de Teisseire au Nord et quartier d’origine au Sud

Description Années : 2005 - 2012

Analyse Les + Venelles végétales : porosité assumée entre la ZAC et le quartier.

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ÉCO-CITé presqu'île Description Années : 2010 - 2030 Identité : Une entrée de ville basée sur le secteur de l’innovation Extension de la ville sur une friche à requalifier Superficie : 245 ha, 830 000 m2 de SHON Programme : Quartier mixte de 2 200 logements avec 60 % d’accession, 30 % de locatif social, 10 % d’accession sociale, logements étudiants, un parc, un pavillon de la mobilité, 190 000 m2 de tertiaire, 190 000 m2 de laboratoires e recherches, 25 000 m2 de commerces, 25 000 m2 d’équipements collectifs

Analyse Les + Urbanisme des nano-tours : développer des expérimentations architecturales Cinq secteurs de projets (Giant, Cambridge, Oxford, Durand-Savoyat, Cœur de presqu’île) définis dans une cohérence globale afin de proposer un programme diversifié. Objectifs énergétiques et thermiques pour l’ensemble des logements Les Un îlot fermé : une frontière dans l’urbanisme, déconnexion du contexte Cœur d’îlot réservé aux habitants

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1.04.4. Posture proposée dans Flaubert

urbaine la ZAC

Après ces quelques analyses, nombre de questionnements nous ont animé quant à la manière dont peut se déployer une ZAC. Différentes interventions ponctuelles doivent-elles se découper afin d’entrer dans une logique globale ? Et de fait, quelle posture prendre pour concevoir un projet au cœur de la ZAC Flaubert ? Nous avons donc réfléchi à la posture la plus adaptée en termes de déploiement et de forme urbaine. Nous proposons, au sein de la ZAC Flaubert, de développer un projet à partir des atouts du site et du bâti existant. Il est question de prendre position vis-à-vis du bâti industriel et tertiaire existant en le considérant, d’une part, comme potentiel à intégrer au projet et, d’autre part, comme support d’accroche de zones appropriables pour que les gens aient envie de venir se promener et habiter à Flaubert. Anciennement zone industrielle, nombres d’entrepôts et de bâtis ont été abandonnés, conduisant le lieu à sa situation actuelle, celle d’une zone en friche avec une emprise importante de bâtis industriels et tertiaires mais avec une utilisation très clairsemée de ces espaces. En prenant appui sur le site, et sur l’analyse des différentes ZAC, nous avons tenté de comprendre ce qu’était cette entité.

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1.05. Après arpentage : Le choix d’un lieu de réflexion : l’îlot Bifurk Afin d'amorcer le processus de projet, il nous est nécessaire de concentrer notre attention sur un site d’intervention plus restreint que les 90 hectares de la ZAC Flaubert. Après réflexions et arpentage, un îlot en particulier s’est démarqué dans le contexte global, qui nous semblait réunir beaucoup de ressentis éprouvés lors de l’arpentage dans le quartier Flaubert : l’îlot Bifurk.

Contexte, du latin con : avec et texere : tisser, tramer, signifie « tisser avec ». Pour proposer un programme cohérent qui puisse tisser des liens tant culturels, sociaux, économiques que de mobilité avec le contexte existant, nous avons décidé d’en faire une analyse. Elle permet de décortiquer les composantes de ce milieu dans l’espoir de proposer une réponse urbaine, paysagère et architecturale la plus juste et la plus située possible. Afin d’imbriquer tissus existants et projetés pour construire une histoire commune, le niveau de réflexion est global alors que les réponses apportées seront plutôt localisées.

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1.05.1. Structuration de l’îlot Bifurk : entre Vitrine (Continuité visuelle) et Rempart (Frontières physiques) Le territoire de réflexion du projet s’étend à l’échelle de l’îlot. Cet îlot, que nous proposons d’appeler l’îlot Bifurk, en hommage à ce bâtiment emblématique de la culture alternative grenobloise, est situé en lisière nord du quartier Flaubert. Les édifices implantés de manière disparates, sont de typologies très variées, et accueillent des activités qui le sont tout autant. Cet îlot comprend donc un tissu urbain hétéroclite provenant de plusieurs périodes historiques, d’usages et de formes bâties disparates qui ont généré une structure spatiale chaotique. Leur entremêlement participe à cette confusion générale, et rappelle immédiatement l’atmosphère de chaos que nous avons pu ressentir en découvrant l’ensemble de la ZAC Flaubert. Un ensemble d’éléments périphériques compose sa structure urbaine et paysagère. Une dualité se présente, entre cette empreinte bâtie ponctuée d’espaces vacants en partie Sud, et un parc très linéaire délimitant l’îlot, en partie Nord, dans la continuité du corridor végétal qui s’étend d’Est en Ouest dans l’agglomération. Comme nous l’avons vu précédemment le Parc Flaubert agit comme une frontière plutôt que comme un espace imbriqué avec le tissu bâti de l’îlot Bifurk. La fréquentation de cet espace de détente et de loisir, oscille

entre une population de lycéens venue du lycée professionnel et technologique ISER-Bordier, d’écoliers et de collégiens de l’externat Notre-Dame localisé à côté de la MC2 ainsi que de familles présentes en majorité à la sortie des classes et le weekend. De nombreux cyclistes traversent également le parc en empruntant la piste cyclable située au nord de la parcelle. Depuis cette piste cyclable, le parc est à ce jour la seule respiration qui permet d’en dévoiler un peu plus sur le reste du quartier Flaubert. Une alternative au parcours du parc pourrait ainsi être créée, et aurait le potentiel d’ouvrir et de prolonger cette porosité, afin d’en dévoiler plus, et éventuellement d’interpeller suffisamment le promeneur pour qu’il s’aventure dans ce détour et aille progressivement à la découverte du reste du quartier. L’îlot est délimité au Sud par la rue Prosper Mérimée, voirie typique du quartier Flaubert : bordée de maisons individuelles et d’anciens entrepôts industriels, elle est empruntée par les riverains, les artisans, mais aussi par les gens de passage. Ils trouvent dans ces petites rues une alternative à la circulation importante des deux axes majoritaires Nord-Sud : la rue de Stalingrad et l’avenue Marcellin Berthelot. Cependant, sa taille ne permet pas d’accueillir un tel flux : la largeur de la voirie et les aménagements actuels de stationnements bilatéraux ne sont pas vraiment adaptés à une circulation en double sens, complexifiant les croisements entre usagers de la voirie.

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Les extrémités de cet îlot sont quant à elles structurées par deux rotules : Le carrefour Ouest fait la jonction entre le Parc Flaubert et la Rue Stalingrad. Convergence de nombreuses intersections routières, cyclables et piétonnes et de l’entrée dans la déchetterie Jacquard, cette jonction pose de nombreux conflits d’usages. Elle aurait pu être traitée comme parvis ou vitrine du parc, mais fait plutôt office d’un arrêt brutal du traitement paysager. D’autre part, le carrefour Est où se croisent les rues Gustave Flaubert et Prosper Mérimée dispose de nombreux espaces non qualifiés qui entraînent également des conflits d’usages. Il ne fait pas bon

être piéton dans ce carrefour où ni trottoir ni passage piéton sont mentionnés. La rue Gustave Flaubert se poursuit vers la MC2 dans un arrondi ceinturé par une barrière qui ne fait qu’accentuer cette non qualification des espaces et de leurs usages.

Photomontage de l'arpentage du site

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1.05.2. Composition de l’îlot Bifurk par son programme 0 - Afin de proposer un projet sur cet îlot, il est pertinent d’en comprendre sa composition. Pour ce faire, nous procédons à une analyse descriptive d’Est en Ouest suivant un parcours depuis la MC2 jusqu’à la rue Stalingrad. 1 - L’accès à l’îlot se fait depuis la MC2 par la rue Gustave Flaubert qui longe le nouveau parc du même nom. Au loin, le regard se déploie sur la Bifurk, entrepôt de stockage transformé voilà plus de dix ans en pôle culturel et associatif aux usages multiples, qui accueille, entre autres, une pépinière d’associations, une salle de concert, un espace d’exposition, et le skate-park de Grenoble. Juste à côté, on découvre une maison isolée sur une grande étendue d’asphalte. Cette maison et ses abords sont désormais occupés par le service de propreté de la ville de Grenoble. 2 - En allant vers l’Ouest, deux bâtiments de logements collectifs figurent sur la rue Prosper Mérimée. L’un date des années 30, conçu à l’origine pour loger les ouvriers, tandis que l’autre date des années 70. La façade des deux bâtiments est en retrait de la voirie. Ce recul d’environ six mètres séparant le trottoir de la façade était prévu à l’origine pour cultiver ou arborer tandis que la partie arrière des bâtiments est dédiée aux stationnements. BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3 - En poursuivant le parcours, une maison individuelle se distingue. Il s’agissait du logement du gérant du site de l’époque. Derrière celle-ci se trouve la Plage de Grenoble. Surface plane recouverte de sable, elle devient à la saison d’été un lieu de pratique sportive pour le beach-volley. Ces éléments font partie d’un ensemble industriel conçu dans une logique globale. Ils constituaient à l’époque un centre de stockage de lignes de câbles pour la société France Telecom.

4 - Dans la continuité, on discerne un autre témoin de l’histoire industrielle du site. Ce hangar, à l’époque entrepôt et magasin de pneus Michelin, est aujourd’hui occupé par trois entreprises s’étalant sur 3 250 m2, dont l’entreprise d’électricité Bonazza, propriétaire des lieux. Sur rue, un bâtiment accueille des logements et des associations sur deux niveaux. L’accès aux entreprises et le stationnement se font côté parc, auquel on accède par une impasse libérée dans la halle depuis la rue Prosper Mérimée.

5 - Accolé à l’entrepôt, une voie permet d’accéder à l’arrière cours du lycée professionnel et technologique ISER-Bordier où se trouvent les parkings des enseignants et un accès privatif au parc Flaubert.

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6 - La fin de ce parcours se conclue à l’Est de l’îlot. On y découvre un grand bâtiment de logements sociaux en forme de L qui délimite le carrefour des rues Stalingrad et Prosper Mérimée. Sur rues, des commerces structurent le carrefour tandis que des parkings couverts et inaccessibles occupent le cœur d’îlot.

Les lieux propices à l’implantation de nouvelles constructions n’apparaissent pas clairement, ne disposant pas W“d’espaces libres” comme des terrains vagues ou des bâtiments abandonnés. Décortiquer cet îlot nous a permis d’en saisir sa composition, basée sur une hétérogénéité de formes bâties et d’usages. Cet exercice a permis d’amorcer le processus de projet qui s’effectue entre une valorisation de ce qui est présent sur le site et des propositions quant aux manques décelés. Afin de suggérer une réponse adaptée à tous les éléments soulevés, des intentions aux échelles paysagères, socio-culturelles et architecturales ont été formulées.

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2. Une méthodologie du tissu urbain et social : Entre Mémoire et Participation -

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2.01. Méthodologie : Vers une approche suburbaniste

Au-delà d’une programmation que l’on pourrait qualifier de “classique”, il s’agit d’adopter une posture sub-urbaniste, définie par Sébastien Marot, philosophe, comme une “subversion de l’urbanisme”. Cette approche renverse l’idée qu’un site dessert un programme défini au préalable : « (...) un renversement à la faveur duquel le site devient la matrice du projet tandis que le programme est utilisé comme un instrument d’exploration, de lecture, d’invention, et en somme, de représentation du site » 1. Il s’agit ainsi de considérer l’intervention urbaine sous un autre abord, se souciant d’un site pour ce qu’il est, mais surtout par ce qui l’a formé, par l’accumulation de strates spatio-temporelles qui ont forgé son identité. L’exploration de l’épaisseur du site permet de mieux en comprendre sa formation et sa complexité, et d’en dévoiler la réserve de forces qu’il constitue. C’est alors que cette méthode devient, à nos yeux, inhérente à l’exploration d’une proposition architecturale sur le secteur de la ZAC Flaubert : ce site, profondément marqué par son histoire industrielle, est un véritable amoncellement d’empreintes d’une activité ferroviaire défunte. Une architecture soucieuse de dévoiler cette histoire peut alors devenir instrument de la mémoire, un instrument critique, dont la vocation serait de clarifier le contexte historique dans lequel elle s’insère. En révélant et en valorisant un patrimoine historique tombé dans l’oubli, « La mémoire artificielle (...) est mobilisée au service de 1

MAROT Sébastien, Op.Cit., p.12.

la contemplation, de la méditation et de l’observation de la doctrine. Du coup, les lieux et les images, référés au discours de la vérité révélée, ciment de la communauté, acquièrent le statut d’une symbolique partagée » 2. On peut ainsi étendre la portée d’une telle approche non seulement au service d’un bâti pour des raisons économiques et historiques, mais également comme vecteur d’acceptation collective d’un projet. C’est un besoin humain de s’entourer de repères familiers, c’est à dire d’autant d’éléments qui nous rappellent notre place en tant qu’individu dans un territoire habité jadis par d’autres. Entrevoir les traces d’un passé que l’on imaginait perdu ou disparu peut être une forme d’apaisement dans un monde en constante évolution. Dès lors, « le patrimoine ne se définit plus seulement comme la propriété dont on hérite ; il est devenu un bien constitutif de la mémoire collective d’un groupe et ce glissement sémantique renforce considérablement son statut d’intérêt public » 3. Révéler la mémoire du site de la ZAC Flaubert permet d’éclaircir son histoire parfois confuse, et de fonder le projet sur des traces existantes. Notre proposition a pour vocation de ne pas figer l’esprit de la friche industrielle hors du temps, dans 2

MAROT Sébastien, Ibid, p.26.

3 SCHNELL Dieter, GERMANN Georg, Conserver ou démolir? Le patrimoine bâti à l’aune de l’éthique, Editions Infolio, Gollion, 2014, p.7.

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une sorte de muséification nostalgique, mono-orientée sur un passé révolu, mais bien de faire subsister ce souvenir commun dans un présent et un avenir auxquels le projet participera. Nous considérons qu’il est important de conserver une partie de l’existant, et le faire participer aux dynamiques territoriales actuelles, afin que ce patrimoine, désormais mis en valeur, bénéficie d’une large acceptation, regagnant une place dans l’espace public et l’estime commune. Il s’agit également de conjuguer ces préoccupations qui nous lient à l’histoire du site et les joindre à d’autres, environnementales, économiques, culturelles, afin de construire ensemble un projet d’architecture qui ait aussi une vocation sociétale.

Quelques uns de ces édifices patrimoniaux ( Croquis personnels )

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2.02. Méthodologie II : La Participation Habitante

2.02.1. Une demande existante de la municipalité grenobloise Depuis plusieurs années, la municipalité grenobloise se questionne sur la place des citoyens dans les prises de décisions politiques de la ville. Des ateliers de concertation ont été mis en place pour débattre de divers sujets. Associer la participation habitante à la conception des projets est un des piliers de la politique urbaine dictée par la ville de Grenoble pour la ZAC Flaubert. Afin de mettre en place une telle démarche, la municipalité souhaite associer les habitants à la construction et à la réalisation de leur projet d’habitat. Pour cela, elle propose de réfléchir au système organisationnel qui permettrait la réalisation de ces projets en coconstruction en associant une équipe pluridisciplinaire dont les acteurs seraient les habitants, des professionnels de la construction (architectes, urbanistes, paysagistes, économistes,..), des élus et l’aménageur SPLA Sages. Dans un autre temps, et afin d’organiser la mise en œuvre opérationnelle, la municipalité envisage de faciliter l’accès au foncier, en réservant certaines parcelles à l’habitat participatif.

2.02.2. Manière dont on se saisit de cette demande

apparue comme un paramètre à prendre en compte au sein du projet. Attachés à la manière de mettre en œuvre les projections que nous envisagions, nous nous sommes interrogés quant à la faisabilité d’un processus de participation tant dans la conception du projet que dans sa réalisation. Afin d’adopter la réponse la plus optimum, d’une part à la demande de la municipalité et d’autre part à nos aspirations personnelles, il était pour nous important de justifier nos choix quant aux décisions de conception et de mise en œuvre du projet. Lors d’un workshop sur les énergies et l’économie, réalisé au cours du mois de janvier, nous avons fait part de nos souhaits concernant ces aspirations aux différents intervenants. Une discussion avec l’économiste, V. Dubreuil, nous a interpellés. Portant sur la dimension participative que l’on souhaitait introduire dans le projet lors de sa construction, elle a soulevé le fait qu’un processus de projet qui souhaite mettre en son cœur les habitants est intéressant, mais que les faire participer à la construction s’avère bien plus difficile qu’un processus « ordinaire ». La mise en place de ce procédé impose une redéfinition du rôle de chacun des membres et un attachement tout particulier à la notion de responsabilité. Il devenait ainsi important de préciser certains cadres. Le cadre social : avec qui? Spatial : où? Et temporel : quand, à quel moment du projet?

Ainsi, la participation au-delà d’une posture architecturale sur laquelle nous avions des questionnements, est donc BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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2.02.3. Proposition hypothétique pour Bifurkation Cette proposition s’empare de la problématique de participation soulevée par la municipalité grenobloise pour la ZAC Flaubert. Nous souhaitons répondre à cette démarche urbaine globale, par une intervention localisée dont l’un des bâtiments de l’îlot Bifurk sera support de nos hypothèses de travail. Nous pourrions, en tant qu’architectes mandatés sur ce projet, organiser des réunions de concertation avec les habitants afin de concevoir ensemble leurs futurs logements. Les habitants pourraient être les adhérents d’une coopérative, déjà existante ou montée pour l’occasion. Ils s’organiseraient autour d’un groupe d’habitants composé de dix familles sensibles à l’édification d’un projet collectif d’habitat dans ce quartier. C’est lors de ces moments de discussions partagées entre architectes et habitants que se seraient décidées les phases concrètes durant lesquelles interviendraient les habitants.

Quelques semaines pourraient être bloquées au cours de l’année, ou plusieurs week-end d’affilés sur un même mois.

2.02.4. Lien avec la mention recherche L’un des membres de ce PFE, Bérengère Poulaillon, s’est saisie de cette notion de participation imposée par le site d’étude pour réfléchir davantage à cette question. En menant une recherche croisée avec le PFE, elle s’est interrogée sur la participation de la maîtrise d’ouvrage en phase de chantier. Ce travail propose un aperçu sur des projets qui effectuent ce type de démarche et une réflexion sur la notion et la manière de construire ensemble. Son travail de recherche est développé dans le Tome II de ce mémoire de PFE.

Il pourrait être pensé que les coopérateurs s’investiraient dans la gestion et le financement de leur futurs logements par de l’auto-promotion, et qu’ils s’investiraient notamment dans la phase du chantier en faisant de l’auto-construction. Elle pourrait consister en la préfabrication de caissons de bois remplis de paille, dont les enduits seront faits sur chantier, une fois les caissons posés. Un calendrier de chantier précis pourrait être établi afin de fixer les temps d’interventions des habitants sur chantier. BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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2.03. Intentions Urbaines

L’îlot Bifurk regorge de pistes et de matières à réflexion pour un projet architectural et paysager. En effet, lors de l’arpentage des lieux début octobre, de nombreux enjeux ont été décelés. Le parc Flaubert et ses pourtours, les frontières visuelles et/ou physiques, la présence d’anciennes friches industrielles reconverties, la vie associative et la mixité des programmes sont autant

Posture paysagère

d’éléments porteurs de sens dans le quartier étudié. Des intentions urbaines ont été formulées en trois postures afin de travailler sur ces enjeux : les postures paysagères, socio-culturelle et architecturale. À partir des constats et de leurs diagnostics faits sur site, ces analyses permettent d’éclaircir la portée de chaque enjeu, puis de proposer des stratégies d’action.

Posture

SOCIO - CULTURELLE

Posture

ARCHITECTURALE

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2.03.1. Posture paysagère 2.03.1.1. Constats & Diagnostics: Un parc linéaire enclavé Le site de la ZAC Flaubert est profondément marqué par son histoire singulière. L’abandon de la voie ferrée en 1968 a déclassé l’ensemble du secteur au rang de friche industrielle. Plus particulièrement, l’îlot Bifurk a été déserté par une industrie dense concentrée autour des rails pour devenir friche paysagère durant de nombreuses années, avant la requalification du parc Flaubert. Cette artère, longtemps laissée à l’état de terrain vague, est ancrée dans les esprits comme un espace délaissé et

peu attrayant, utilisée bien souvent en tant que décharge informelle. Cependant, ce secteur non entretenu, est devenu un lieu d’installation pour de l’habitat spontané et avec les années un refuge de la biodiversité, qui a su s’exprimer seul, sans artifice. Le parc Flaubert tient aujourd’hui place en ces lieux. Conçu par l’agence de paysagisme Jacqueline Osty & Associés, il s’inspire des tracés ferroviaires existants afin de proposer des cheminements linéaires, ponctués de quelques respirations accueillant des espaces dédiés à certaines activités sportives. Ce parcours ne favorise pas l’égarement ou le détour parce qu’il n’offre pas de possibilités de déambuler librement dans d’autres directions que

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celles proposées. De plus, l’aménagement paysager s’abstrait de son contexte environnant proche, participant à un enclavement général de ce parc. On retrouve ainsi plusieurs types de frontières le long de ce corridor. Certaines limites souvent imperméables aux parcours offrent tout de même une porosité visuelle, permettant de laisser le regard s’évader vers d’autres paysages urbains. Elles sont de tous types : murs de limites de propriété, façades aveugles, clôtures, haies, etc. La parcelle de la Plage est un bon exemple de ce types d’enceinte au parc : les couches se cumulent, entres filets de volley, clôtures, débarras, afin de délimiter un espace qui parait alors inaccessible. Des espaces résiduels en résultent, peu attrayants aux yeux d’un promeneur curieux. Le changement de statut du parc n’a pas seulement influé sur les espaces anciennement occupés par la friche, mais aussi sur la perception de l’environnement présent : des bâtiments alentours jusqu’aux espaces impensés tangents au parc. Par exemple, un des employés de l’entreprise Bonazza nous a précisé l’impossibilité de profiter du parc notamment lors de la pause déjeuner, car aucun accès n’existe et que le contournement par la rue Prosper Mérimée est vite décourageant. Une attention a été pensée à l’égard des usages et des ambiances du parc, toutefois ses connexions semble avoir été délaissées.

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2.03.1.2. Stratégie : Désenclaver le parc Flaubert La stratégie adoptée est de désenclaver le parc dans le but de mieux le connecter à son environnement urbain. Affirmer des percées physiques et visuelles entre le Nord et le Sud est un moyen de proposer un détour à la linéarité du parc, à l’image d’une bifurkation. Le projet consiste ainsi à créer des porosités de part et d’autre de ce corridor végétal. Diffuser les contours de cet espace vert jusqu’à la rue Prosper Mérimée par une continuité végétale est l’occasion d’aménager un véritable urbanisme paysager, qui proposerait de nouvelles expériences sensorielles à expérimenter. Au Nord, les accès sont très

limités et ont globalement un caractère privé, puisqu’en connexions directes avec des ensembles de logements pavillonnaires. Du point de vue de l’espace public, le manque se fait encore ressentir. Des traversées reliant le corridor à la rue Émile Zola sont donc à travailler, afin de dynamiser la perméabilité générale dans l’îlot, et de relier espaces bâtis et espaces verts de manière efficace.

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skatEpark AD2S

La Plage

big bang ballers collectif coin

retour de scène

point barre photo

2.03.2. Posture culturelle

socio

-

2.03.2.1. Constats & Diagnostics: Une présence associative abondante Le quartier Flaubert abrite une présence culturelle et associative plutôt ample, compte tenu de son statut de friche industrielle. La Maison de la Culture (MC2) et la pépinière d’associations de la Bifurk en sont les figures emblématiques. Ces bâtiments ont cependant deux statuts bien différents. La MC2 bénéficie d’un emplacement très favorable : proche de l’arrêt de

et pourquoi pas?

tramway, visible directement depuis l’avenue Marcellin Berthelot, elle s’érige également sur un socle monumental, au centre d’un vaste parvis décuplant sa monumentalité. Connue par tous, elle rayonne dans toute l’agglomération Grenobloise, et accueille des représentations théâtrales et musicales de grande envergure. Depuis la fin du mois de mars 2016, les actions citoyennes du mouvement social des Nuits Debout ont investi le parvis extérieur et se rassemblent dans ce lieu prônant une ouverture de la culture et un débat ouvert à tout citoyen. La Bifurk, quant à elle, ne bénéficie pas d’une telle renommée. Son statut et sa visibilité s’améliore depuis l’inauguration du parc Flaubert, mais les associations qu’elle

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héberge sont pour la plupart encore très méconnues, à l’image du reste du quartier Flaubert. Ce hangar, autrefois entrepôt de lignes de câbles téléphoniques, est investi en 2002 par des associations représentatives de la culture alternative et urbaine. Ce lieu d’accueil, à l’origine supposé comme temporaire, est finalement devenu définitif. Les associations n’ont aujourd’hui pas déménagé et se sont approprié l’espace dans sa totalité, malgré certains conflits d’usages occasionnés. Le rayonnement de cet édifice associatif s’en retrouve très limité, et il demeure aujourd’hui dans l’ombre de la MC2, conçue spécifiquement pour recevoir des manifestations culturelles. Le manque d’attrait des Grenoblois pour cette zone de la ville témoigne aussi de la méconnaissance du lieu.

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skatEpark AD2S

La Plage

big bang ballers collectif coin

retour de scène

point barre photo

2.03.2.2. Stratégie : Valoriser les dynamiques associatives Afin d’affirmer et d’accentuer l’activité socio-culturelle du quartier et de l’îlot en particulier, une des stratégies employées est de faire connaître les actions qui s’établissent au sein de la Bifurk par une meilleure communication avec l’extérieur, en proposant notamment de les étendre "hors les murs". Les abords du bâtiment offrent un espace vaste mais inexploité, et des possibilités d’intégration et de connexions avec le site sont prévues. Un aménagement global des abords de la Bifurk a été pensé. Pour répondre aux attentes des associations, le Skatepark vient s’étendre à l’extérieur par des

et pourquoi pas?

modules positionnés sous le grand auvent. Un terrain de basket avoisinant ce nouvel espace est créé, pour répondre aux besoins de l'association Big Bang Ballers. L’ancien espace de la Plage est requalifié pour une mise en valeur et permettre à l’activité estivale de volley-ball de se développer. Une plus grande aisance est pensée tant pour les joueurs que pour les spectateurs qui peuvent pendre place sur des gradins entourant les terrains. Des stationnements sont conservés le long de la rue Gustave Flaubert pour les membres des associations et un traitement paysager général tente d'améliorer, par du végétal et des revêtements de sols adaptés, les connexions entre la Bifurk et ses alentours.

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2.03.3. Posture architecturale 2.03.3.1. Constats & Diagnostics: Un paysage urbain marqué par une activité industrielle intense Ce site, dans l’esprit du chaos que nous avons défini, expose un foisonnement d’éléments et de typologies très variées et confondues, qui se sont organisées de manière inattendue au cours de l’histoire. Des constructions d’époques très différentes se juxtaposent donc les unes aux autres. Parmi elles, certaines sont le reflet de l’implantation d’industriels le long

de la voie ferrée rapidement abandonnée. Des entrepôts de marchandises sont encore présents aujourd’hui, constituant l’expression bâtie d’une activité industrielle révolue. C’est le cas de l’actuelle Bifurk, anciennement hangar de stockage de câbles pour la société France Télécom, ou encore de l’entreprise Bonazza, installée depuis 1998 dans un ancien magasin et entrepôt de la société Michelin. Ces édifices sont remarquables car ils sont la figure d’une architecture utilitaire, répondant parfaitement aux usages et aux programmes qui leur étaient assignés, dans un souci d’économie permanent. Vocabulaires d’une autre époque, ils ne retransmettent plus cette sincérité constructive d’antan. Les transformations

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subies les déprécient : les espaces intérieurs ne sont plus adaptés aux usages qu’ils reçoivent, les structures métalliques, dissimulées pour des raisons pratiques ou normatives, n’expriment plus leur légèreté et leur potentiel. En somme, c’est toute une richesse constructive, spatiale et ambiantale qui tombe dans l’oubli. Ces artefacts, devenus malgré eux des vestiges de l’histoire du site, participent à maintenir dans les esprits la symbolique d’un souvenir commun. Peu valorisés, ils sont aujourd’hui des monuments paradoxaux, pièces à convictions d’histoires passées, indispensables pour éclairer la mémoire du site.

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2.03.3.2. Stratégie : S’adapter à l’existant en respectant l’esprit de la friche Il s’agit de révéler la mémoire de ce site industriel, pour que chaque intervention participe à ce souvenir commun. La posture sub-urbaniste, décrite plus en amont, nous semble juste pour concevoir en osmose avec ces traces et ces monuments paradoxaux, témoins d’une histoire singulière. La pratique d’une intervention consciencieuse autour de ce patrimoine existant est un moyen de le revaloriser et de le faire participer réellement à un projet d’avenir. Sébastien Marot rappelle qu’un processus

de transformation, de reconstruction ou de modification « n’implique pas nécessairement l’oubli ou l’effacement des arrangements précédents, et même que, dans certaines conditions favorables, un accès à ces états antérieurs et une forme de circulation dans l’épaisseur temporelle du tissu restent possibles » 1. Tenant compte de cet enseignement, nous proposons alors d’orienter nos attentions autour de la Bifurk et de l’entreprise Bonazza, analysant leurs évolutions temporelles, pour mieux décrypter cette histoire qui est la leur. Ces bâtiments font donc l’objet de modifications partielles à différentes 1

MAROT Sébastien, Op.Cit., p.46.

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échelles, pour ne pas les pétrifier dans un passé fantasmé, mais bien les inclure dans une conception architecturale contemporaine afin qu’ils deviennent support de la mémoire collective, et vecteur d’acceptation du projet par les habitants.

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3. Vers une Bifurkation -

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L’ensemble des interventions effectuées dans l’îlot Bifurk va être exposé à la manière d’une déambulation. Des pauses seront effectuées dans chacun des bâtiments traités, la Bifurk, le 2bis, la halle de Bonazza et le 18. Toutefois, une importance sera donnée aux transitions. Elles seront intégrées dans le parcours afin de comprendre les connexions, les raccordements et les retours possibles d’une projection l’autre. Les liaisons sont indispensables, ce sont elles qui structurent le maillage de l’îlot Bifurk que nous venons réhabiliter. Elles lui donnent tout son sens : des interventions parsemées ne fonctionnent que si elles sont connectées au reste du tissu. L’appellation “parc” ne nous semble pas être la plus appropriée pour définir ce corridor végétal. De ce fait, la Bifurkation souhaite conduire les promeneurs et autres flâneurs à se laisser dériver dans le tissu jouxtant le parc. Plutôt qu’un lieu vécu comme un passage strict et linéaire, elle suggère une belle traversée et une promenade surprenante, à la manière d’un vrai parc, dans le but d’adoucir ses différentes entrées.

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Plan masse de l'existant

Plan masse du projet

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3.01. 1ère étape : La Bifurk, une friche culturelle, sportive et citoyenne

Édifice symbolique de la vie culturelle Grenobloise, la Bifurk tient une place fondamentale dans l’univers associatif de la ville et subsiste toujours dans l’imaginaire collectif comme lieu de la culture alternative. Depuis maintenant 2002, sur une friche industrielle de 4 000 m2 s’est développé un lieu souhaitant favoriser l’émergence des cultures urbaines avec des pratiques dédiées tant aux sports de glisse avec le skatepark, qu’à l’expression corporelle avec le hip hop et picturale avec le graff. D’autres projets associatifs se sont ensuite greffés pour en faire un pôle pluridisciplinaire important dont les activités balaye un large panel comme le spectacle vivant, les arts plastiques, la photographie argentique, le skateboard, le volley-ball ou les arts numériques. Ses allures d’entrepôt relativement austère, de même que le manque de qualification

des espaces extérieurs qui l’environnent, contribuent à déprécier et marginaliser l’ensemble de ce bâti et de ses dynamiques internes. Il est aujourd’hui difficile d’imaginer la richesse des activités qui se développent derrière cette enveloppe taciturne. En effet, une pépinière d’associations y réside et se partage l’espace. C’est un lieu d’activités pluridisciplinaires qui se fonde sur le choix d’organisations solidaires. Une dizaine d’associations siègent ainsi dans cette pépinière : Big Bang Ballers : Association sportive de Basket Point Barre : Association de découverte de la photographie argentique L’aiguillage : Salle d’exposition Skatepark de Grenoble : Association sportive possédant des locaux destinés à la pratique des sports de glisse Et Pourquoi pas ? : Organisation et

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animation d’ateliers artistiques Retour de Scène : Gérance de la halle de création, où se déroulent concerts, forum, répétitions théâtrales, construction de scénographie Collectif Coin : Laboratoire artistique basé sur les arts numériques L’hébergement d’autant d’associations aux activités tout aussi diverses dans un lieu qui n’y était pas destiné est désormais source de conflits d’usages. Effectivement, il faut garder à l’esprit que la présence des activités actuelles résulte d’un usage détourné de ce bâtiment, conçu à l’origine comme entrepôt de stockage de lignes de câbles pour la société France Telecom. Le régisseur général et directeur de la sécurité, Joachim Briand, insiste sur un point : « Le bâtiment n’est pas fait à l’origine pour ce qu’on y fait actuellement » 1.

proximité immédiate entre le Skatepark et la halle culturelle rend impossible l’usage simultané de ces deux espaces, pour des questions acoustiques et spatiales. L’ensemble du bâtiment constitue une véritable caisse de résonance. Le moindre impact se fait donc ressentir dans toute la halle. Les soirs de concert, les nuisances acoustiques occasionnées s’étendent même au-delà de l’enceinte bâtie pour contaminer le reste du quartier.

Suite à l’installation de ces associations en 2002, il n’y a eu que très peu de travaux d’aménagement pour recevoir au mieux ces nouveaux usages. La Bifurk souffre donc aujourd’hui de nombreux problèmes de mises aux normes sanitaires et incendies. La salle de concert par exemple, établissement recevant du public (ERP) ne répond pas aux exigences appropriées. Au-delà de ces mises aux normes, la problématique s’étend dans les usages : la 1 Joachim Briand, régisseur général et directeur de la sécurité de la Bifurk, Interview réalisée le 20 octobre 2015

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En adoptant une vision prospective quant à la densification du reste du quartier, il n’est plus possible de faire l’impasse sur la requalification de ces activités. C’est pourquoi nous proposons une intervention interne, pour remédier à ces conflits d’usages, mais aussi externe, afin de valoriser et décupler cette vitalité associative “hors les murs”. Nous opérons en imaginant une séparation physique entre l’espace du Skatepark et celui de la halle culturelle, qui prend la forme d’une enveloppe acoustique réelle autour de la salle de concert. Séparant visuellement et phoniquement les deux espaces, elle contient l’ensemble des répercussions sonores générées lors des représentations musicales. La présence actuelle d’espaces de stockage dans la même enceinte, en plus de ne pas répondre aux cadres législatifs, annihile une grande surface qui pourrait être utilisée à d’autres fins. En délocalisant ces stocks dans un bâtiment voisin, cette surface peut être investie pour accueillir le bar de manière plus confortable.

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A l’extérieur, les espaces autour du hangar surprennent par leur manque de qualification. Leur étendue résulte d’un usage passé, lorsqu’ils servaient à la circulation périphérique autour du bâtiment, afin de faciliter le chargement et déchargement des camions et des convois ferroviaires. L’espace de la Plage était également annexé à ce centre en tant que zone de stockage bitumée extérieure. Depuis, la division parcellaire a généré des espaces de non-lieux et de zones de transitions mal définies, brouillant la lisibilité de l’espace public autour de la Bifurk.

La façade Nord, depuis l’inauguration du parc Flaubert en mai 2015, constitue la vitrine de cette pépinière d’associations aux yeux du public. « Les gens redécouvrent le bâtiment comme ils ne l’avaient jamais vu, et se posent des questions » 2 . Cette nouvelle visibilité rend le traitement de cette façade et de ses abords primordiaux. Il est déjà question d’exposer les visuels de chaque association. Nous proposons en complément de démêler ces espaces confus et peu appropriables pour offrir de meilleures connexions avec le parc 2

Joachim Briand, Op.Cit.

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Flaubert afin d’en faire de véritables lieux d’interaction sociale. Le projet propose ainsi de s’emparer de la place d’une partie des stationnements pour en faire des zones d’activités sportives extérieures, structurées autour de la Bifurk. Par exemple, une extension du Skatepark est imaginée, dédiant à la pratique du skateboard une aire extérieure de qualité. De même, nous intégrons la demande de l’association Big Bang Ballers de bénéficier d’un terrain de basket en lien avec le parc, destiné non seulement aux membres de cette association, mais aussi au reste des habitants du quartier. Enfin, c’est tout l’espace de la Plage que nous proposons de requalifier, en structurant de manière plus précise son étendue, et son usage en tant que terrain de beach-volley désormais contenue par un ensemble de gradins périphériques. Dans le but de relier ces espaces projetés, le projet suggère également d’étendre l’aménagement paysager autour de la Bifurk, par une déambulation périphérique vouée à la découverte de l’intégralité des façades de ce bâtiment. À terme, ces actions visent à redonner un statut valorisant à cette pépinière d’associations à l’échelle du quartier et de la ville, l’élevant progressivement au rang de véritable passerelle entre le monde associatif alternatif et les habitants de la commune.

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3.02. 2ème étape : Le 2bis rue Prosper Mérimée

Différentes échelles d’actions et de réflexions ont été menées dans le projet Bifurkation. Concernant l’intervention du 2bis, nous proposons de traiter les questions d’insertion urbaine et de programmation. L’aspect architectural ne sera abordé ici qu’à un niveau d’esquisse.

3.02.1. Le 2bis dans l’îlot Bifurk Le 2 bis est un bâtiment neuf au plan en L, dont une façade donne sur la rue Prosper Mérimée à R+2 et une autre dans l’axe de la rue Gustave Flaubert à R+1. Il est inclus dans un programme global de requalification des abords de la Bifurk. Afin d’éviter aux différents bâtiments de

la parcelle de se faire dos et pour affirmer de nouvelles percées au cœur de l’îlot Bifurk, un aménagement paysager relie les opérations entre elles en donnant des qualités aux respirations qui les structurent. Côté nord, la Bifurk pose des problèmes de nuisances sonores. Un traitement est donc effectué à l’intérieur de celle-ci pour minimiser l’impact direct du son produit par les concerts. Toutefois, pour éviter de gêner les habitants du 2bis des nuisances extérieures, une double peau en façade nord du bâtiment est dessinée. Cet espace accueillera des circulations horizontales mais servira aussi d’espace tampon entre l’extérieur et les logements. Une requalification de la rue Prosper Mérimée est envisagée par la municipalité

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grenobloise : il est prévu que cette rue change de statut. Actuellement utilisée à double sens et un stationnement bilatéral, son flux va s’intensifier en se prolongeant côté Est jusqu’à la MC2, en traversant la parcelle voisine actuellement en friche, où se développe des habitats spontanés. Cette requalification va donc densifier d’avantage la circulation alors qu’il est actuellement difficile de circuler en double sens. Le projet Bifurkation propose donc un nouvel aménagement de la voirie en mettant un sens unique d’Ouest en Est afin de conserver une certaine quiétude pour chacun des usages de la rue. Ceci permettrait de conserver les nombreuses places de stationnement, d’élargir les

trottoirs et de créer des frontages pour profiter aux piétons dont le passage est négligé aujourd’hui. Côté carrefour, il sera question de requalifier le croisement entre les rues Prosper Mérimée et Gustave Flaubert. Dans un programme global, des commerces prendront place rue Gustave Flaubert dont un au pied du 2bis, afin d’affirmer un angle contenant les frontages et les nouveaux usages de la rue.

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3.02.2. La maison ouvrière et ses particularités La maison ouvrière, à proximité de la Bifurk, a été construite au compte de la société Vicat en 1931. Elle joue un rôle important dans le dessin du 2bis car celui ci s’inspire de son implantation urbaine et de sa typologie. La maison ouvrière à un rapport à la rue traité de manière singulière : un recul de cinq mètres de la rue Prosper Mérimée offre une aire disponible pour ses habitants, utilisée à l’époque par les ouvriers comme jardin potager ou paysager. Les logements sont également surélevés par un deminiveau qui permet une mise à distance complémentaire des usages entre intérieur et extérieur, garantissant l’intimité des habitants dans leur logement. Aujourd’hui, cet espace est devenu un délaissé qui n’est ni utilisé ni valorisé. Sa surface est recouverte par une étendue herbeuse qui s’étend du muret bordant le trottoir jusqu’au pied de la façade. En s’inspirant de projets effectués outre atlantique, il s’agit de requalifier cet espace de retrait en l’intégrant dans la proposition du 2 bis comme frontage. À la fois lieu de passage et d’interaction sociale, cette interstice devient aussi un lieu d’appropriation autant pour les habitants que les passants.

3.02.3. Le 2bis en détails Le bâtiment du 2bis est pensé comme une continuité de la maison ouvrière

A propos des frontages Les frontages, beaucoup utilisés dans l’urbanisme au Québec et aux États-Unis ont fait l’objet d’une recherche appuyée dans l’ouvrage de l’architecte-urbaniste Nicolas Soulier, Reconquérir les rues. L’auteur, décrypte premièrement ce mot, doublement composé, liant front et age. Le préfixe front, est utilisé dans plusieurs expressions. Il peut être question d’un front de rue, d’un front bâti ou encore d’un front urbain. Un « dérivé de front marquerait bien qu’il s’agit là de ce qui est spécifique à une rue : la relation frontale entre chaque riverain et la voie publique » 1. Le "partage frontal" serait donc le partage de la rue entre le domaine public et les riverains. Concernant le suffixe age, l’auteur évoque une relation cohérente avec l’idée d’un espace, il exprime « le lieu d’une action (entourage "personnes ou choses qui entourent"), mais aussi un lieu d’une certaine étendue (alpage, pâturage, marécage, rivage) » 2. Ce frontage, serait alors cette espace qui se trouve entre la façade et la rue. Ce lieu se matérialise par l’ensemble des composants qui le structurent. Il dispose d’une réalité physique, d’une certaine largeur, souvent de quelques mètres et est recouvert par un traitement particulier, minéral ou végétal. Il existe également par sa réalité fonctionnelle, puisque ce lieu accueille du mobilier urbain (bancs, lampadaires, rambardes) qui laisse place à de nombreuses utilisations. Ce deuxième composant fait émerger le troisième qui est la réalité usuelle, le frontage est le lieu de deux types d’usages. Ceux qui occupent le lieu et ceux qui le traversent. Le frontage est donc un lieu qui signifie à la fois «le tissu social et le système de déplacement», où les gens jouent, mangent, discutent, se rendent, passent, se promènent. 1 SOULIER Nicolas, Reconquérir les rues, Les éditions Ulmer, Paris, 2012, p.124. 2

SOULIER Nicolas, Ibid.

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adjacente. Celle-ci constitue une des typologies caractéristiques d’un quartier de friche industrielle comme l’est le quartier Flaubert, mais témoigne également d’une volonté de corrélation entre bâtiments d’activités et de logements. En s’inspirant de cette architecture qui reflète une manière d’habiter d’une autre époque, le 2bis souhaite en réinterpréter les qualités spatiales et d’usages, dans un langage contemporain. La mise à distance volontaire entre les deux bâtiments libère une entrée dans l’îlot, qui se pose comme un axe de symétrie entre bâti ancien et nouveau.

À la manière de la maison ouvrière, le 2bis s’aligne avec le frontage existant pour libérer un espace végétal sur rue, comme un seuil à partager. Le rez-de-chaussée du bâtiment est réhaussé d’un mètre par rapport à la rue, afin d’y proposer des logements et d’intimiser l’espace privé de l’espace public. En sous-sol, des caves semi-enterrées propose un espace supplémentaire de stockage pour chaque logement.

Coursive et double peau acoustique

Loges d'artistes et stockages

Frontage

Logements

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Deux préoccupations majeures guident la réflexion du bâtiment. La première fait écho au bâtiment voisin, la Bifurk, dont l’espace est saturé, et qui manque de locaux disponibles pour de nouvelles associations mais aussi pour du stockage. Des espaces en connexion directe avec l’espace public seront donc prévus afin de leur assurer une visibilité. Dans la partie supérieure se trouveront également des loges, dédiées à l’accueil d’artistes venus en représentation à la Bifurk. La seconde répond à la demande de besoins en logements. Des logements traversants, de petites surfaces, permettront de combler ce manque, visant principalement une population étudiante ou de jeunes diplômés. La partie sur rue Prosper Mérimée abrite trois niveaux de logements tandis que l’autre partie, proche de la Bifurk, est plus basse, ne proposant qu’un niveau de loges surplombant les stockages en rezde-chaussée. Un commerce prend place à l’angle du L, sur le carrefour. Ainsi, le 2 bis répond, à une jonction importante du quartier Flaubert, aux attentes du site en devenant un lieu de vie, de résidence et de création.

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3.03.

3ème étape : 18 rue Prosper Mérimée

3.03.1. La halle 3.03.1.1. Une forme urbaine dessinée par l’évolution du bâti Choix de la parcelle : emprise urbaine et analyses des usages actuels Le choix d’une intervention sur cette parcelle découle d’une étude globale à l’échelle de l’îlot. Avoisinant la Plage à l’Est et le parc Flaubert au Nord, son emplacement géographique est favorable. Elle est intimement liée à l’ensemble des aménagements que nous proposons. Une

dilatation efficiente du parc vers le Sud ainsi qu’une requalification des espaces de la Plage impliquent nécessairement une exploration architecturale sur cette parcelle pour relier au mieux les programmes les uns aux autres. Les bâtiments qui l’occupent constituent également une ressource historique et économique non négligeable. Anciens entrepôts et magasins Michelin, ils sont, au même titre que la Bifurk, des vestiges de l’activité industrielle du site, et par conséquent, des biens culturels à conserver et à revaloriser. Le plan proposé par l’agence d’urbanisme Ateliers Lion Associés éradique ces

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bâtiments témoins de l’histoire du site, pour implanter à la place des tours de logements en R+8. Cette approche nous semble inconvenante, parce qu’elle est synonyme de perte de patrimoine, de destruction de repères familiers, mais aussi parce qu’elle tourne la page sur la mixité typologique et fonctionnelle de ce quartier. En effet, ces locaux sont habités depuis 1998 par l’entreprise d’électricité générale Bonazza, propriétaire des lieux. Une autre entreprise est également présente, louant une partie des locaux, équivalente à la moitié de la parcelle en terme de surface. Elles participent donc à une diversité programmatique au sein de l’ilot Bifurk. Dans le but de conserver une atmosphère de chaos, dont les usages sont diffus et entremêlés, nous souhaitons préserver une partie des activités de ce secteur. C’est pourquoi nous prenons le parti d’inclure l’entreprise Bonazza dans nos choix de programmations concernant cette parcelle, et de maintenir leurs activités professionnelles. Une programmation complexe, mêlant patrimoine et espace public L’installation de ces activités s’est fait grâce à de nombreux travaux d’aménagements. Ces étapes de transformations du bâti, peu soucieuses de l’esprit du lieu, ont progressivement dénaturé son ensemble. Ainsi, la charpente métallique composant la halle est désormais dissimulée dans sa quasi totalité. Peu visible, elle ne démontre pas de son génie constructif et spatial. Elle témoigne en effet d’une attention particulière à une économie inventive de matière mais aussi d’un système constructif

justement proportionné, qui exploite au mieux les capacités du matériau acier. Le projet propose de mettre à nu cette structure pour en dévoiler les richesses. Cette structure, au delà de sa fonction de support de couverture, s’applique également à générer des souvenirs, à raviver la mémoire du site. Sublimée par un espace paysager qui se développe en sous face, elle devient partie intégrante d’un quotidien partagé, et peut désormais accueillir d’autres usages. Une nouvelle emprise bâtie vient structurer le pourtour de cette halle sur trois côtés. Au sud, un bâtiment d’activités et de logements déjà existants en R+2 est conservé et réhabilité en ateliers d’artisans et espaces de vies communes : Maison des habitants, bibliothèques de quartier, salle polyvalente. En partie nord, un bâtiment aux activités traversantes est surmonté par deux niveaux de logements sociaux. Il accueillera notamment une crèche et un café, en connexion directe avec la halle et le parc Flaubert. D’autres activités s’y développent : un cabinet de psychanalyste, ainsi que deux associations, à savoir AD2S, l’association chargée de gérer les espaces de la Plage, mais aussi La Sauge et le Cosmos, association de recherche, d’informations et de formation sur les plantes. En partie Ouest, l’entreprise Bonazza s’installe dans de nouveaux locaux, qui occupent les deux niveaux du socle d’activités, tandis que trois niveaux de logements en accession se développent en partie supérieure.

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De manière générale, il s’agit donc d’amplifier et de multiplier les usages possibles autour de cette halle. Son statut d’espace public est ainsi corrélé à l’implantation d’activités dans les socles alentours, pour qu’ils communiquent le

plus possible. La place des logements se situe donc au dessus de la toiture, offrant d’autres points de vue plus distants, et permettant de mieux gérer l’intimité de ces espaces privés vis à vis de l’espace public, occasionnant des nuisances de tout type.

Des socles d'activités encerclant la halle

Au cœur, un espace public couvert

Les logements se déploient en surplomb

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Plan de Rez de chaussée et ses abords

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L'ENTREPRISE BONAZZA L’entreprise d’électricité générale Bonazza vient s’implanter dans le nouveau socle d’activité du bâtiment Ouest. Elle s’organise désormais sur trois niveaux. En sous-sol, une grande surface d’espaces de stockages lui est destinée. Ces espaces sont pensés pour être connectés au mieux aux parkings souterrains, afin de faciliter l’accès en camionnette utilitaire. De même, ils communiquent avec les autres niveaux par des circulations verticales. Ainsi, les transferts de marchandises (câbles, gaines, et autres matériels) sont facilités avec l’atelier de préparation en RDC. Au niveau de la halle, nous avons souhaité démarquer de manière claire les espaces de préparation de matériels et ceux de l’administration. Les ateliers se développent ainsi au sud du bâtiment, en relation directe avec la rue Prosper Mérimée (1). L’espace est imaginé comme un plateau vide de cloison, pour une appropriation optimale de la surface dédiée, et notamment pour l’installation des machines nécessaires. Les ouvertures sur la halle sont fines, elles ne permettent pas un accès visuel direct par les biais dessinés dans l’épaisseur. Les artisans peuvent ainsi travailler sans le poids d’un regard extérieur, tout en ayant un apport lumineux conséquent, propice à cette activité. Au nord, ce sont les bureaux de l’administration qui occupent le rez-dechaussée du socle (2). Ils sont organisés autour d’un couloir central, qui les dessert de chaque coté. A l’étage, c’est toute une zone réservée à l’administration de

l’entreprise qui se développe. Un ensemble de bureaux, salles de réunion et sanitaires sont côté halle tandis qu’un espace aéré, qui pourra être apprécié par les employés, s’ouvre sur toute la façade Ouest du bâtiment et donne accès à une terrasse dégagée sur le Vercors.

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L’ÉVEIL DE L’ENFANT Nous intégrons dans le projet Bifurkation un espace de micro-crèche collective. Un tel programme joue sur la complémentarité d’usages que nous apportons au site. La création de logements futurs sur cette parcelle et celles alentours implique une augmentation de la population habitante du quartier, et donc une recrudescence des besoins dans le domaine de l’éducation. Cette vision prospective met donc en exergue le manque décelé à l’échelle de la ZAC Flaubert quant à l’éducation des petits. Concevoir un lieu dédié au développement cognitif et intellectuel d’un enfant en bas âge est un programme complexe. Il s’agit de développer un espace ou l’enfant puisse évoluer des premiers mois de sa vie jusqu’à la petite enfance. C’est l’endroit où

il commence à découvrir le monde et sa propre relation au monde. Il y entreprend ses premières expériences spatiales, sensorielles et sociales. Doucement, il quitte le cocon protecteur de la famille, pour aller vers un univers où il se doit d’être de plus en plus autonome. Il s’agit alors d’atténuer au maximum cette séparation familiale, souvent brutale, pour mieux intégrer l’enfant à la collectivité, par une succession d’étapes progressives. C’est une véritable source d’inspiration pour l’agencement des espaces. Connectés mais séparés, les espaces intérieurs sont pensés pour réaliser cette transition de manière délicate, jouant sur différents type de filtres et d’écrans. Par une succession de séquences spatiales, le petit «coupe le cordon» avant d’être livré à lui-même. Le traitement de l’entrée ménage donc un espace de transition

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primaire (1), entre la sphère publique, où l’enfant est avec ses parents, et la sphère privée de la crèche, où l’enfant est seul. Il accueille le local poussette, en retrait du reste du programme, pour accompagner cet éloignement maternel. Ensuite, le petit se libère des artifices qui le protègent du monde extérieur. C’est alors que le palier entre parents et éducateurs s’opère (2). Le bureau de direction est donc directement accessible depuis cet espace transitoire, pour favoriser les rencontres entre familles et pédagogues sans nuire à l’activité des enfants. L’espace d’éveil des petits se situe à la finalité de ces étapes (3). Il est reculé de l’espace public de la halle, pour limiter au maximum les interactions visuelles avec l’extérieur, et s’ouvrir sur le parc Flaubert. L'enfant peut alors s’y aventurer en toute indépendance. Les locaux destinés au personnel encadrant (4) sont situés en marge de ces espaces dédiés aux enfants. Ainsi, ils peuvent se ressourcer librement, à l'écart de ce milieu parfois éprouvant. On y retrouve sanitaires, salle de réunion et de détente pour répondre aux besoins nécessaires lors des pauses qu'ils s'offrent. Au delà, il s’agit également de se projeter dans la tête de ce petit être, qui arpente le monde selon d’autres critères. Son rapport à l’espace est bien différent du nôtre : il est justement de petite taille, ne se déplace pas avec assurance, sa perception des hauteurs est décuplée, etc. Des ouvertures sont donc pensées à son échelle, pour qu'il puisse observer son environnement depuis le sol qu'il arpente à quatre pattes. Elles cadrent sur différents

espaces, entre paysages espaces intérieurs.

lointains

et

Chaque jour il découvre ses sens et les confronte par l’expérience spatiale. Cette découverte « passe par l’action physique, le déplacement du corps, la sensation de la nature et de ses matières, la mesure de soi-même dans l’espace » 1. L’enfant se l’approprie sans limite, tentant d’employer chaque élément architectural pour servir une mise en scène de son imaginaire. L’architecture a donc un rôle décisif dans cet accompagnement éducatif, devenant lieu de développement psychomoteur et affectif de l’enfant. C’est dans cette optique que nous imaginons la zone d’éveil, corrélant pédagogie et protection. Le projet propose ainsi des espaces de développement de la motricité, qui permettent à l’enfant d’arpenter, de se confronter à la difficulté d’un relief, de questionner son rapport au sol, des espaces 1 SEGUIN Virginie, « Enfance », Techniques et architectures, Paris, n°415, 1994

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qui lui offrent la liberté d’expérimenter, de bricoler, de manipuler, de partager, de communiquer et d’exprimer sa force créatrice sans limite, et enfin des espaces favorisant le recul, l’intimité, le repos, la construction du « moi et les autres ». Le tout sous la bienveillance permanente de l’encadrant. Aussi, dans la micro-crèche du 18 rue Prosper Mérimée, l’enfant retrouve des espaces adaptés à ses besoins, susceptibles de favoriser son éducation et stimuler rêve et imagination. Un rapport ambivalent des espaces y est envisagé, pour répondre à des sensations et usages complémentaires, entre risque et sécurité, action et relaxation, individualité et socialisation. Nous les imaginons comme des microespaces facilement arpentables, supports de mobilité mais aussi de refuges, à l'image de cavernes dans lesquels ils peuvent s'aventurer et se créer leur propre univers. La géométrie de ces modules participe

à une déconstruction de l'espace perçu, décuplant la rêverie et la fiction que l'enfant se crée. Ces "jeux" s’étendent aussi à l’extérieur, dans la cour bordant le parc Flaubert, où l’enfant peut laisser son imaginaire s’évader vers d’autres horizons. Il peut, dans un cadre précis qui est créé pour lui, aller y découvrir cette atmosphère fascinante qu’est notre monde, côtoyant la nature environnante à travers tous ses sens et tout son être.

Croquis perspectif de recherches d'ambiances et d'espaces pour la micro-crèche

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UN PROGRAMME D’ACTIVITÉS PARTICIPANT À LA VIE SOCIALE DU QUARTIER Mitoyen à cette crèche se développe “le bistrot du parc”. Bénéficiant d’une double orientation, son accès principal se fait par la halle. De dimensions conséquentes, le comptoir et quelques tables se trouvent au rez-de-chaussée tandis qu’un escalier donne accès à un second niveau qui peut se déployer aux beaux jours sur une terrasse s’ouvrant sur le Parc Faubert. Sur ce même niveau se trouve également trois locaux d’activités, donc l’accès se fait par une coursive accessible depuis l’intérieur de la halle. Deux de ces locaux sont destinés à reloger les activités qui se trouvaient dans le bâtiment du 2bis, une association, La sauge et le cosmos ainsi qu’un cabinet de psychanalyste. Le dernier local est quant à lui dédié à une future activité. Chacun de ces locaux dispose d’une terrasse ouverte sur le parc.

ATELIER D’ARTISANS Côté rue, des activités prennent place dans le socle du bâtiment existant réhabilité. Quatre ateliers d’artisans s’établissent autour d’un escalier central qui donne accès à d’autres activités dans les étages supérieurs. Ces ateliers développés sur une double hauteur sont accessibles par les artisans et leur véhicule depuis le parking. Cet accès, vise à faciliter la manutention, les arrivages de matériaux et de matériels de chacun d’entre eux. Les ateliers se développent donc au niveau du sol du parking, en contrebas de la rue (1). Un établi couplé à une double hauteur, permettent aux artisans de mener tous types d’activités, même les plus encombrantes ou celles qui se développent dans la hauteur. Chaque atelier dispose d’un escalier menant à une mezzanine comme bureau (2). La double hauteur créée permet de positionner des

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vitrages sur toute la façade sud du bâtiment, côté rue, et confère ainsi à l’ensemble une atmosphère lumineuse et propice à la construction comme à la création. Au delà du confort apporté aux artisans, cela leur offre une vitrine sur la rue, donnant à voir des activités parfois dépréciées. En connexions avec la halle, les mezzanines ouvrent sur un corridor disposant de part et d’autres de sanitaires dédiés aux artisans. Cet espace donne un accès direct à la halle, par deux ouvertures positionnées de part et d’autre du mur de projection. Elles figurent à la fois de seconde entrée pour les artisans comme d’entrée principale pour de potentiels clients. PÔLE MULTI-ACTIVITÉS DU 18 ET MAISON DES HABITANTS

des habitants. Ce lieu souhaite offrir aux habitants de la coopérative un espace où se réunir et débattre. En phase d’esquisse il pourrait être question de s’y retrouver pour discuter entre habitants et avec la MOE des désirs et attentes souhaités pour l’édification d’un projet fait ensemble. En phase de projet, ce pourrait être le lieu où se réunir pendant le chantier pour discuter de possibles modifications, où un espace accessible tant aux habitants constructeurs qu’aux ouvriers pour se détendre ou discuter à la pause de midi. Par la suite, ce lieu équipé d’une bibliothèque, deviendrait une pièce commune aux habitants du logements en accessions qui pourraient profiter des douces soirées d’été pour se réunir sur la grande terrasse ouverte sur la halle.

Au dessus des ateliers d’artisans, en R+1, on trouve des espaces où peuvent se développer nombres d’activités. Géré par la coopérative d’habitants du 18 rue Prosper Mérimée, ce lieu pourra être réservé par les habitants du quartier pour profiter d’un endroit pour lire, danser, jouer de la musique ou se réunir pour une soirée. En lien direct avec la halle, il souhaite poursuivre cette volonté de proposer dans la ville des espaces couverts pour se retrouver. Il ne sera pas question d’annuler la sortie prévue au parc par temps de pluie mais de proposer de se retrouver “sous la halle” ou “dans la maison de quartier”. Afin que chacun trouve sa place dans la ville et ce, par tous les temps. Au dernier étage, en R+2, siège la maison

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Un phasage préservant les activités et intégrant les habitants Dans une démarche respectueuse du bâti existant et des usages actuels du site, un travail d’anticipation du phasage de chantier est nécessaire. Le choix de reloger l’entreprise d’électricité générale Bonazza, actuellement propriétaire des lieux, implique un travail en amont afin de minimiser l’impact du chantier sur leurs activités professionnelles. Il s’agit en outre

de limiter au maximum les transferts et déplacements lors des phases de travaux. Nous portons également une attention particulière à l’implication des habitants dans le processus de construction. Une vision prospective est nécessaire pour émettre des hypothèses quant à la faisabilité d’une telle méthode de chantier. Un travail en collaboration avec une entreprise référente peut être mis en place pour accompagner les habitants dans cette démarche volontaire.

Phasage constructif : 1 Conservation et réhabilitation du bâtiment sur rue en ateliers d’artisans et Maison des habitants. Il accueillera l’entreprise Bonazza le temps des travaux, mais également les réunions de concertations, d’informations et de formations avec les futurs habitants.

2 Désamiantage général de la halle. Cette phase induit l’intervention d’une entreprise spécialisée et un confinement global de l’espace. L’entreprise Bonazza aura donc au préalable investi le bâtiment sud, où elle pourra continuer son activité professionnelle de manière temporaire, avec un minimum de gênes. Le confinement ne pourra être levé qu’après nombres de mesures libératoires.

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3 Suite à cela, il est possible d’intervenir sur la charpente métallique. Il est prévu d’effectuer un démontage partiel d’une demie-travée de la halle côté parc, biaisée et qui semble inachevée. Cet étrange dessin est en fait la résultante d’une adaptation du bâti à une rue anciennement projetée mais n’ayant jamais vu le jour. De la même façon, nous prévoyons de démonter certaines travées en partie Ouest pour libérer plus tard de l’espace pour le socle d’activités surélevés de logements. Cette future construction implique de penser des réserves afin de garantir une certaine aisance dans la mise en place des coffrages nécessaires. Une démolition du garage annexé au bâtiment est également effectuée. Les gravats récupérés sont déplacés afin d’être concassés par la suite, pour être réutilisés dans les revêtements de sol.

4 La pose de la couverture finale ainsi que de sa sous-face se fait dans la continuité, pour limiter au maximum l’exposition de la charpente et de la dalle aux intempéries. Durant cette même période, une entreprise intervient pour décloisonner l’ensemble de la halle, et en libérer l’espace pour la suite du chantier.

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5 L’extension des stationnements souterrains est prévue sur la partie Nord, afin d’y édifier également les fondations nécessaires pour le bâtiment de logements sociaux qui viendra s’y implanter. Cette opération s’intéresse à l’aménagement partiel de ces souterrains, tout en préservant une partie du stockage de l’entreprise d’électricité. La terre extraite du site est déplacée sur les espaces de la Plage, afin d’être utilisée plus tard. 6 C’est alors que peut débuter l’édification des socles d’activité du bâtiment Nord. Une entreprise de maçonnerie générale sera donc formée sommairement à l’usage de la terre puisque qu’il s’agit d’une technique classique de mise en oeuvre de béton banché. Dans le même délai, la préfabrication des caissons d’ossature bois des logements sociaux peut commencer. Elle s’effectue par une entreprise de charpente, qui aura également à charge de préparer les pièces nécessaires au montage des caissons du bâtiment en accession. 7 Des ateliers de montage sont mis en place sous la halle, afin d’amorcer la participation des habitants au chantier. A partir des éléments prédécoupés et acheminés sur site, ils ont en charge de réaliser le montage des caissons préfabriqués, sous la tutelle de l’entreprise référée. Ce choix nous semble le plus judicieux afin de limiter l’usage d’outils et de machines lourdes, pour favoriser et faciliter l’implication de chacun dans ce processus. Des responsables seront BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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désignés par l’entreprise pour effectuer cet accompagnement à l’auto-construction défini dans le programme préalable de chantier. 8 Ce n’est que lorsque le gros œuvre est achevé qu’il peut soutenir les descentes de charges des niveaux supérieurs. L’entreprise de charpente se charge alors d’effectuer le levage des premiers éléments d’ossature, pendant que celle de maçonnerie s’attaque au bâtiment Ouest. Les travaux peuvent ainsi avancer, tirant profit de la préfabrication pour gagner en vitesse et donc limiter les coûts de chantier, tout en garantissant une qualité de mise en œuvre. Parallèlement, l’entreprise de maçonnerie s’est appliquée à bâtir le socle du bâtiment d’accession Ouest. C’est pour celui-ci que nous imaginons la participation des habitants. 9 Le bâtiment Nord est désormais partiellement achevé. Les travaux de finition peuvent y être amorcés, pendant que se poursuit le montage des logements en accession. Une fois l’ensemble des niveaux montés et couverts, l’entreprise Bonazza peut déménager une seconde et dernière fois, et investir ses nouveaux locaux. Les finitions des logements en accession seront laissées au choix des habitants. S’ils souhaitent prolonger l’expérience de l’autoconstruction, ils le peuvent. Sinon, il leur est également possible de mandater l’entreprise de leur choix afin d’effectuer ces derniers travaux. BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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10 Les bâtiments périphériques achevés et l’espace de la halle libéré de ses ateliers de montages, la construction de l’aménagement paysager peut débuter. Des îlots seront bâtis, qui accueilleront soit des bassins, soit des espaces plantés.

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Inauguration!

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3.03.1.2. Gradation de la rue vers le parc Le 18 propose une séquence intermédiaire entre la rue Prosper Mérimée et le Parc Flaubert. Un changement progressif s’effectue entre différents univers vécus. La rue Prosper Mérimée, passante le matin et en début de soirée est beaucoup empruntée pour sa qualité de chemin de traverse qui permet de quitter les deux grands axes routiers du quartier souvent engorgés que sont l’avenue Berthelot et la rue de Stalingrad. Grandement empruntée par les artisans du secteur, elle génère également le reste de la journée un volume sonore constant. Afin d’assurer une transition entre un univers passant, potentiellement bruyant et un cœur d’îlot intériorisé et plus apaisé,

le bâtiment en front de rue est conservé et réhabilité. Il assure une atténuation des nuisances sonores émises depuis la rue. Des ateliers d’artisans profitent de la façade sur rue comme vitrine tandis que la maison des habitants est positionnée en toiture. L’espace intermédiaire proposé au cœur de l’îlot est plus apaisé. Sous une charpente métallique dont la structure est conservée et magnifiée se développe un espace paysager comprenant des lieux pour se retrouver et partager, et d’autres plus propices à l’introspection et à la détente. Dans la continuité, un bâtiment de logements s’érige sur quatre niveaux, dont le socle dédié à des espaces publics assure une porosité entre le milieu de la halle et l’espace du parc.

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3.03.1.3. S’immerger dans l’atmosphère de la halle La promenade se poursuit et le regard s’ouvre sur un espace nouvellement créé accessible directement depuis le parc. Plusieurs plans se succèdent, laissant entrevoir tour à tour un bassin et la végétation qui l’arbore, une halle métallique sous laquelle se développe un espace paysager, un bâtiment en bois aux toitures variées et en fond de toile, l’horizon dessiné par la chaîne du Vercors. Lieu d’une rencontre entre un aménagement paysager et la réhabilitation d’un complexe architectural, la halle est

l’élément catalyseur du 18 rue Prosper Mérimée. Sous la stucture métallique, un espace paysager aux multiples usages s'organise. Une alternance entre des bassins d’eau, des espaces d’assises, d’arrêts et de déambulations s’entremêlent et laissent le loisir à chacun d'en profiter selon son envie. Cet espace public couvert propose un climat, une séquence intermédiaire, entre l’espace extérieur, public et paysager de la plage et l’espace intérieur, collectif et architectural des logements. Les sons dégagés au sein de la halle par le parcours de l’eau, les activités artistiques ou les bavardages des passants convoquent l’imaginaire et l’encouragent à se développer.

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La proposition d’intervention est double. Le milieu ambiant offre un espace intériorisé propice à de multiples usages afin de “focaliser sur” des qualités et usages internes de la halle. Un regard limité et peu de connexions sur l’extérieur favorise l’idée d’intimité et d’accalmie. Cette intervention est aussi une proposition de l’ouverture de cet espace sur autre chose, “ouvrir sur” sur les activités publiques du pourtour de la halle, ainsi que le parc, le bassin, la plage, et des activités multiples que l’on n’aurait pas croisé. À travers la création de l’espace paysager sous la halle, il est question de penser un programme et des dispositifs adaptés qui laissent entrevoir toute l’attention portée à la dualité entre deux dimensions : la dimension végétale et la dimension minérale. Le végétal apparaît en interventions ponctuelles dans une ambiance renvoyant à l’imaginaire du

sous-bois. Quelques espèces ont été choisies pour leur feuillage caduc ou persistant ainsi que leur couleur, afin de proposer différentes lectures du lieu au fil des saisons. Ces aires paysagères sont couplées avec des bassins, dans la recherche d’un climat humide et frais, et délimitent des îlots à travers lesquels un cheminement se crée. Ces bassins viennent accueillir le principe de phytoépuration à partir des eaux pluviales et sont travaillés dans la masse en contraste avec le végétal alentour. Déclinés sous forme de mobilier urbain, les abords des bassins créent un rapport à l’eau apaisé et à hauteur d’homme. Cette attention portée à la matérialité dans ces îlots évoque la métaphore de la réunion de l’eau et du minéral qui agissent déjà ensemble sous nos pieds. Le minéral apparaît une nouvelle fois dans les traitements de sol à travers les cheminements créés sous la halle. Par leur teinte claire, ces revêtements viennent

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mettre en valeur les espaces végétalisés et orienter notre regard sur la végétation. Un second traitement de sol, cette foisci comme plancher de bois, épouse les formes des îlots de végétation et d’eau. Un contraste s’opère visuellement et matériellement entre les teintes et la matérialité procurées par les traitements des allées minérales et des îlots au revêtement de bois. Proche de l’eau et du végétal, on perçoit le bois comme vecteur d’usages différents, qui propose un temps d’arrêt auprès des éléments. L’ensemble de ces traitements confère une attention portée au rapport au sol. En plus des traitements de sols et de matérialités propres à la halle, un travail a été porté sur

les accès. En effet, le niveau de la halle se trouvant à un mètre au dessus du niveau du parc, les porosités doivent être traitées de manière la plus fluide possible. Pour que le piéton s’engage en douceur depuis le parc jusqu’à la halle, une rampe et un emmarchement minéral progressif ont été dessinés. Pour garantir d'un ensoleillement conséquent, sublimant la structure et les bassins, et offrant confort thermique tout au long de l'année, nous avons choisi de couvrir la halle selon deux logiques différentes. Entre obscurité et clarté, opacité et transparence, pour exposer par endroit, et protéger à d'autres. Les ombres

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de la structure se déportent jusqu'au sol, se mouvant au fil du temps et des saisons. Elle semble ainsi participer à ce milieu ambiant de manière active, affirmant son caractère et sa présence. Au delà de la lumière, il s'agit également de réguler le micro-climat généré, notamment en été. Un tel espace peut être étouffant sous les canicules grenobloises. C'es pourquoi Les parties supérieures de la halle peuvent donc s'ouvrir pour accroître les courants d'air et rafraîchir l'atmosphère générale.

Coupe d'ensoleillement en Été ( 68° )

Coupe d'ensoleillement en Hiver ( 22° )

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3.03.2. Habiter autour de la mémoire 3.03.2.1. Une densité programmatique La posture adoptée pour la programmation du projet Bifurkation quant à la densité se base sur deux analogies. La première est faite à l’égard des ZAC en général. Nous avons pu voir dans l’analyse des ZAC grenobloises effectuée plus haut, que nombres d’interventions se construisent en faisant table rase du passé. Dans la posture urbaine, nous avons proposé pour la ZAC Flaubert de s’adapter au bâti en prenant appui sur l’existant. La posture programmatique résulte de la même volonté puisqu’elle s’adapte aux besoins et aux souhaits du quartier. La seconde fait écho au chaos, caractère que nous avons décelé au cœur même de la ZAC Flaubert et plus précisément dans l’îlot Bifurk. La posture programmatique propose ainsi de préserver et renforcer cette multiplicité des usages. Sur l’îlot, la répartition de la densité est effectuée de manière non uniforme. Un écart de densité est donc effectué en accord avec une posture urbaine adaptable et le choix d’une parcelle complexe. Ceci se traduit par des espaces différents qui proposent des poches de densité à certains endroits et des espaces paysagers plus aérés à d’autres. La densité attendue par la municipalité grenobloise est de cent-cinquante logements à l’hectare. Le projet Bifurkation n’atteint pas

A propos Du logement et tout autre chose : Pérégrination autour de la densité

Pour effectuer un programme de projet, il nous semblait important de faire le point sur la multiplicité de significations qui émanent du mot densité. Qu’elle soit élevée ou faible ne justifie pas de sa qualité, c’est ce qui la constitue qui pourra déterminer ce facteur. Une différence existe entre : La densité normée, celle que l’on évoque en urbanisme pour qualifier l’emprise spatiale des logements qui est la densité construite, -la densité perçue, qui est celle ressentie à l’échelle du piéton, et le cheminement qui lui est possible de faire, ou de ne pas faire à cause de masques végétaux ou bâtis. La densité vécue, qui est celle clairement ressentie par un habitant à l’intérieur d’un bâtiment d’habitation, tant dans l’espace collectif des circulations que dans celui privatif des logements. La densité programmatique, qui relate le programme et donc les différentes activités ou usages prévus pour un projet donné. Par exemple, la typologie des villes nouvelles en général représente une faible densité normée et perçue par la présence d’un grand parc paysager, sa densité programmatique est aussi très faible car il ne s’agit que de logements par contre elle est souvent dotée d’une très forte densité vécue pour les habitants des immeubles. Au-delà de la densité, et si nous allions vers une intensité urbaine?

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cette densité en nombre de logements mais propose une programmation multiple et complexe qui, par sa diversité, y répond d’une autre manière. Au vu des capacités du contexte à accueillir différents éléments de programme le mieux possible, un jeu d’échelle a permis d’établir une proportion équitable de logements et d’espaces publics. Le projet répond à l’existant de l’îlot Bifurk qui est déjà bâti, en réfléchissant la densité comme un élément commun à cet îlot et aux parcelles voisines qui entourent le site de projet. Une réflexion globale à son échelle et ses abords est donc menée pour la densité adoptée. Le projet propose alors d’implanter une vingtaine de logements, en périphérie des anciens ateliers de Bonazza, ainsi que de nombreuses activités en connexion directe avec un espace public abrité et le parc Flaubert. La densité programmatique se justifie donc par cette balance qui s’opère entre une faible densité de logements _soixante-six à l’hectare_ et un fort tissu d’activités animés.

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3.03.2.2. La question des seuils L’entrée vers les logements collectifs en accession se fait par un espace de circulation verticale extérieur prolongé de coursives. C’est une échelle intermédiaire entre la sphère publique de l’espace sous la halle et la sphère privée des logements. Une attention particulière sur la question du seuil a permis de qualifier ces espaces. Dans un premier temps, on s’engouffre dans la masse du socle par une grande ouverture creusée dans son épaisseur, faisant office de seuil entre l’espace public de la halle et l’espace collectif de l’immeuble. Cet espace collectif, réservé aux habitants, est compréhensible par l’installation d’un dispositif de clôture

ajourée, laissant pénétrer le regard mais préservant une certaine intimité. L’ascension dans les niveaux met en scène des perceptions spatiales multiples : depuis l’entrée dans ce hall jusqu’aux étages des logements, c’est une découverte de la halle sous différents aspects qui est proposée. Ce lieu marque également la séparation entre deux systèmes constructifs différents, d’une part la masse et le langage de l’épaisseur, et d’autre part l’ossature et la présence du bois. En contraste avec ce socle tellurique, la circulation des étages suivants se fait dans l’ossature, très aérée et lumineuse. Une véritable stratification se lit au fur et à mesure que l’on s’élève du socle vers les logements.

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Cet escalier extérieur mène à des coursives contenues dans le volume général du bâtiment, qui desservent trois à quatre logements selon les étages. Situées en façade Est, elles donnent à voir sur la cinquième façade de la halle, c’est à dire sa toiture. Ce lieu propose alors une autre perception de l’espace contenu en dessous, grâce à la transparence de ses parties vitrées. Depuis cette coursive, l’évasion visuelle est permise : les bâtiments latéraux de logements sociaux au Nord et la Maison des habitants au Sud offrent un cadrage vers le paysage environnant et lointain. On peut y apercevoir les espaces paysagers de la Plage, la Bifurk, et à l’horizon le massif montagneux de Belledonne, enneigé de

novembre à juin. Ces coursives, au-delà de leur fonction de desserte et de seuil avant les logements, deviennent supports de contemplation et d’escapade spirituelle. Une terrasse commune se développe à l’Ouest, adjacente aux circulations communes. Elle est pensée comme un espace de convivialité, dimensionné en conséquence, pour promouvoir une véritable interaction sociale entre voisins. C’est un lieu facilement appropriable, qui laisse découvrir d’autres panoramas appréciables en début de soirée. De fait, cette ouverture sur le grand paysage est idéale pour entretenir d’agréables relations de voisinages : discuter, partager de bons moments ou flirter avec la voisine du troisième en profitant des derniers

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rayons de soleils qui s’abattent par-delà les falaises du Vercors. Certaines coursives peuvent avoir une partie privatisée notamment quand elles longent un même logement jusqu’à son entrée. C’est le cas à plusieurs reprises aux extrémités de la coursive. Elles deviennent alors un parvis d’entrée à certains logements et un espace supplémentaire appropriable par d’autres usages. Les logements sociaux, orientés NordSud, sont desservis côté Nord plutôt que du côté de la halle, afin d’offrir à chaque logements des balcons plein Sud. Ces coursives traitées avec les mêmes qualités d’usages que les logements en accession donnent sur un autre paysage, celuis du parc Flaubert.

3.03.2.3. Un traitement global des logements La conception des bâtiments de logements s’est fait en lien avec la halle existante, générant une géométrie particulière propre à chacun. Leurs orientations géographiques étant différentes (l’un Nord-Sud, l’autre Est-Ouest), les logements ont été traités de manière adaptée à chaque bâtiment. Par contre, les systèmes constructifs ont été pensé de manière identique, c’est à dire en ossature bois isolée en paille et revêtue de panneaux de bois et d’enduits en terre. Aucune distinction n’a été faite dans le traitement des logements par rapport à leur statut : en social ou en accession, les prestations au sein des logements sont similaires.

3.03.2.4. À propos des logements : typologies et organisation Au 18 rue Prosper Mérimée, les logements sont décomposés en deux bâtiments distincts, d’une part le bâtiment Nord pour des logements sociaux et d’autre part le bâtiment Ouest pour des logements en accession. Le bâtiment Nord, entrée C du 18 Ce bâtiment est un volume simple rectangulaire en R+4 à deux pans de toiture qui longe la halle jusqu’à la Plage. Il comporte 10 logements sociaux, du T1 au T4, qui sont traversants Nord-Sud. La façade Sud contient deux étages de balcons d’une largeur généreuse de deux mètres ; le long de la façade Nord, des coursives desservent les logements en offrant une vue dégagée sur le parc Flaubert et le massif de la Chartreuse. Une fente dans l’ensemble du bâtiment permet un passage sous la halle entre le parc et la rue. Longeant la halle, ces logements reprennent la trame des portiques tous les 5,15m. La double orientation du bâtiment lui est favorable : sans masque proche, les appartements bénéficient d’un ensoleillement conséquent tout au long de l’année et d’une aération naturelle par la simple ouverture des fenêtres. L’été, le prolongement des balcons de la façade met à l’abri les logements des rayons directs du soleil, et une protection secondaire de type persienne s’ajoute à la façade pour limiter les surchauffes. Au

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contraire, pendant l’hiver lorsque le soleil est plus bas, les rayons peuvent pénétrer jusqu’au fond des pièces exposées.

T4

T3

T3

T4

Plan de R + 2 des logements sociaux

T4

T1

T1

T3

T4

Plan de R + 3 des logements sociaux

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Le bâtiment Ouest, entrée B du 18 ou 18bis Le bâtiment de logements en accession est un volume plus complexe qui reprend la trame des pans de toits de la halle. Il comporte 10 logements en accession du T1 au T5. Également traversants EstOuest, certains bénéficient même d’une troisième façade au Sud et donc d’un ensoleillement supplémentaire ; d’autres ont une troisième façade au Nord, et profitent d’une vue sur la verdure du parc et le massif de la Chartreuse. Contrairement aux logements sociaux qui sont placés dans la longueur de la halle, ce bâtiment est situé transversalement et suit une trame différente, celle donnée par les pans de la halle métallique.

ouverte, elle démontre d'une symbiose constructive, qui se perçoit depuis le sol. Au contraire, la façade Ouest expose un langage différent. Il ne s'agit plus de faire écho à une géométrie préexistante, mais de s'exprimer avec plus d'indépendance. Son dessin joue sur une alternance de vides et de pleins, qui sont en fait l'expression d'une succession de loggias et de balcons, ouverts sur le massif du Vercors.

Elle correspond donc à la moitié d’un pan de la halle soit 3,50 mètres de large. La circulation verticale décompose les étages de logements en deux volumes distincts revêtus de bois. Larges de quatre travées chacun, ils sont réunis sur le socle en béton de site comportant les rez-de-chaussée et R+1. Ces ensembles embrassent les espaces de circulations extérieures, délimitant de manière affirmée les extrémités des volumes bâtis. La façade Est est dessinée par ses circulations verticales et horizontales, desservant l'ensemble des logements. La structure est laissée apparente, en cohérence avec la structure dénudée de la halle en contrebas. On y distingue notamment les poteaux moisés des coursives qui canalisent les descentes d’eaux pluviales, dans la continuité des cheneaux de la halle en contrebas. Très BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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T1

T3

T2

T2

Plan de R + 2 des logements en accession

T2

T4

T2

Plan de R + 3 des logements en accession

T2

T2

T5

Plan de R + 3 des logements en accession

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3.03.2.5. Les logements dans le détail Il est maintenant question d’aborder l’intérieur des logements, afin d’en saisir les ambiances et les propositions spatiales des différents espaces habités. Pour exprimer la cohérence globale des logements et éclairer nos choix, deux temps seront nécessaires. Le premier, expose le soin général qui a été porté à la réflexion des dispositifs constructifs concernant entre autres l’éclairage naturel, la colorimétrie, la thermique et l’acoustique. Le second quant à lui propose des exemples de scénarios d’usages et de plans habités afin d’expliquer ce que génèrent ces dispositifs dans les usages.

bâtiment devient donc très performante. En complément de cette bonne isolation thermique, un soin particulier dans le dessin des liaisons entre murs et planchers limite les déperditions thermiques des logements. On peut ainsi envisager que l’activité humaine suffit à maintenir une température confortable à la mi-saison (printemps et automne) sans avoir un recours automatique au chauffage.

Un confort thermique et acoustique pour un plaisir d'habiter Le dimensionnement des murs et de la toiture est induit par le système constructif adopté: l'ossature en bois remplissage paille. L'épaisseur d’une botte, c’est à dire de 37cm, représente une très bonne isolation thermique. Ces panneaux préfabriqués en atelier permettent une pose rapide et donc une réduction des coûts de fabrication et de main d’œuvre. Pour l’immeuble des logements en accession, ce sont les habitants qui seront chargés du montage des panneaux préfabriqués. Le matériau paille étant également très accessible, l’économie ainsi réalisée peut être contrebalancée par une utilisation de menuiseries haut de gamme, couplant aluminium et bois avec un double vitrage à isolation renforcée. L’enveloppe du

Détail constructif des panneaux de toitures

Détail constructif des panneaux de murs

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Le confort thermique n’est pas l’unique critère qui conduit à la bonne qualité de vie dans les logements. Un bon rapport de voisinage tient aussi de la limitation des transmissions sonores d'un logement à l'autre. Les cloisons de séparation, en plus d'être porteuses, sont configurées pour apporter une isolation performante d'un point de vue acoustique. D'une épaisseur de 20 cm, elles présente une double isolation en fibre de bois, dessinées asymétriquement, afin de minimiser la transmission de bruits aériens et solidiens. Des plaques de Fermacell et d'OSB, recouverts d'enduit en terre finalisent cette isolation.

acoustique. Un tel système suffit à annihiler la quasi-totalité des transmissions sonores sur le plan vertical.

Au sein d'un même logement, les parois de distribution séparant les chambres des pièces à vivre doivent également absorber suffisamment les bruits pour ne pas occasionner de gêne, afin de faciliter la cohabitation entre les différents membres de la famille.

Détail constructif des cloisons porteuses, séparatives de logements

Au niveau des planchers séparatifs de logements, il est souvent difficile d'assurer une bonne isolation acoustique avec un système constructif en bois. Une partie du sable de la Plage est donc récupérée pour être déposée en complément de l'isolation de fibres de bois que nous mettons en place. Cette épaisseur limitée de 7 cm est installée au dessus d'un résilient

Détail constructif des cloisons de distribution

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Le confort d'usage en premier ordre Le conception d'espaces de vies questionne sur les manières d'habiter la ville. Il est important de se projeter dans la demande et proposer des qualités de maisons individuelles même au sein de logements collectifs. Les différentes typologies s'adressent à un public différent, mais partagent les mêmes espaces de convivialités que sont les coursives et terrasses communes. Le plan d’aménagement global de ces logements démarque deux types d’espaces, avec des degrés d’intimités différents. Une séparation est affirmée entre espaces de repos et espaces de convivialités. Les séjours, pièces de vies par excellence, communiquent très largement avec la cuisine, pour favoriser l’interaction entre les membres de la famille et avec de potentiels invités. Les chambres sont pour la plupart réunies en retrait, pour garantir une confidence de ces espaces très privés. Une attention particulière a été portée au prolongement des espaces de vie vers l’extérieur. Des loggias et balcons sont ainsi annexés aux appartements et permettent des usages différents. Les loggias, en liaison directe avec l’espace de la chambre ou du séjour, permettent un prolongement de l’espace de vie intérieur vers un climat tempéré. Elles offrent un avant goût de ce qui se passe à l’extérieur par la présence de grandes vitrages qui cadrent le paysage et illuminent abondamment ce micro espace. Aux périodes tempérées elles peuvent restées ouvertes pour étendre l' espace de

vie sur l'extérieur, tandis qu’en hiver, elles seront préférées pour leur qualité d’espace de régulation thermique entre extérieur et intérieur, mais pour leur qualité de jardin d’hiver. Les balcons sont également une figure de prolongation du chez soi vers l’extérieur, conférant le plaisir de se retrouver à l’extérieur pour admirer pleinement la vue sur les Vercors et savourer une brise matinale tout en prenant son café. Les qualités données aux ouvertures sont essentielles pour l’ensemble de l’opération. Le dimensionnement de certaines baies et leur orientation ont été pensé non seulement pour limiter le recours à l’éclairage artificiel mais aussi pour offrir des cadrages sur le paysage environnant. Elles sont la connexion principale avec le monde extérieur depuis le cocon du logement, et sont donc cruciales pour éviter un sentiment d’emprisonnement chez soi. Dans la recherche d’une atmosphère agréable au sein des logements, il est question d’envisager un sentiment de bienêtre dans le quotidien des habitants par une attention aux matériaux de revêtement employés. Les planchers et revêtements intérieurs en bois et enduits de terre apportent des variations chromatiques, allant du blond au brun, sublimés par les rayons du soleil dans les jours de beau temps.

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A propos DES espaces vécus “Mon amie est venue me voir à Grenoble, ça fait plus de deux ans qu’on ne s’était pas vue. Depuis nos premières années de fac, on a gardé un bon contact. Je lui ai proposé de venir, maintenant que j’ai emménagé dans mon T2, J’avais besoin de prendre de l’indépendance après tant d’années de colocation. Des amis sont passés faire un jeux de société, je prépare donc à manger pour tout le monde. Nos retrouvailles se passent tranquillement, on ira plus tard se détendre sous la halle, en présence des bassins et de la verdure. C’est très agréable vu la chaleur de ce mois de juin. Et puis dans la soirée, on ira apprécier le coucher de soleil depuis la terrasse commune. C'est idéal pour boire un verre après le repas. J’adore ce lieu, les enfants de la voisine du dernier étage y jouent souvent, et ça devient très calme dans la soirée.”

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" Après quelques jours de mauvais temps, le soleil refait son apparition. Les rayons éclairent soudainement la pièce de vie en double hauteur, et un courant d’air chaud se fait vite sentir. Le chauffage s’est coupé automatiquement dans l’appartement. J’ouvre la loggia que je n’utilise plus depuis l’arrivée de l’hiver, pour jeter un œil à mes plantes qui y hibernent.

Le café coule, le pain grille gentiment. Mon coloc joue un air de piano, l'autre boit sa bière matinale, pendant que ma copine est toujours dans ses rêves. Elle qui refuse de fermer les volets, je me demande comment elle fait pour dormir encore, avec une telle lumière.. "

Elles se portent bien dans ce climat doux, entre dehors et dedans. Levant les yeux vers l’horizon, j’aperçois un épais manteau neigeux fraîchement arrivé sur le Vercors. Je sens qu’un beau week-end se prépare…

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3.03.3. Éthique du projet 3.03.3.1. Des matériaux adaptés à l’auto-construction Permettre à des habitants de participer à la construction du projet sur le chantier interroge sur la notion de capacité. Étant non professionnel et ne disposant pas des savoir-faire et des ressources techniques propres aux artisans, il peut être question d’imaginer au sein de l’équipe de maîtrise d’œuvre un système constructif relativement facile à mettre en œuvre. Le projet propose donc de faire participer les habitants à la préfabrication des caissons de façade du bâtiment Ouest. Arrivés sur chantier déjà débitées, les sections de bois seraient assemblées sous la halle pour constituer des caissons puis ceux-ci seraient remplis avec de la paille. Deux chaînes de montage pourraient alors se mettre en place, l’une pour les caissons de bois-paille et l’autre pour la construction des parois séparatives des logements, composées en bois et en fibre de bois. Les matériaux employés ainsi que la mise en oeuvre de matériaux en partie débités et facilement maniable et s’adapte très bien à l’auto-construction par des habitants.

3.03.3.2. Des “propres” et locaux

A propos DU béton de site, de la mémoire de la matière

Les murs en béton de site des socles constituent un écrin monolithique contenant la structure de la halle. Un réel contraste apparaît entre cette masse et la finesse de la structure en acier, ce qui la met d’autant plus en valeur. Cette sobriété de la façade marque une humilité vis à vis du patrimoine existant, et facilite la lecture de l’espace public. Les empreintes du bois des banches offre le plaisir d’arpenter le béton au toucher. Ces murs telluriques — dans le sens où la terre du site s’y révèle — par leur épaisseur et leur origine, par le dessin des ouvertures creusées dans cette masse, sont autant d’éléments qui convoquent l’expérience de la grotte. Ils se parent d'un caractère intemporel. La matière est aussi instrument de mémoire. Elle génère des émotions, accorde aux souvenirs la possibilité de se créer et plonge l’usager en abîme dans un lieu où espace et temps se confondent. Dans ce sens, révéler une structure autrefois camouflée, c’est lui redonner vie. Cette mise à nu la magnifie et permet sa contemplation, l’élevant progressivement au rang de monument informel. L'espace de la halle devient un milieu qui dévoile au fur et à mesure les traces de son histoire, tout en étant partie intégrante de notre présent. Ancré dans notre quotidien et souvenir commun, il devient véritablement appropriable par tous et fait cohabiter une multitude d’usages de manière harmonieuse.

matériaux

Une des volontés communes pour le projet Bifurkation était l’utilisation de matériaux faiblement transformés, sans traitement chimique, et issus de circuits courts. La paille et le bois sont des ressources que BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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l’on trouve aisément dans le département. En ce qui concerne les murs du socle, la possibilité d’utiliser la terre décaissée des fondations d’un des bâtiments, couplées à d’autres granulats et une faible quantité de ciment (6%) réduit considérablement l’énergie grise du béton. Au départ, les murs des socles étaient pensés en terre coulée provenant directement du site, sans ferraillage, dans l’idée de proposer un mur qui puisse être déconstruit et revenir à l’état de terre argileuse. C’était une manière d’anticiper le cycle de vie du bâtiment. Ces idées, à priori irréalistes, ont pourtant fait l’objet d’études expérimentales décrites dans certains mémoires d’étudiants du DSA Terre de l’ENSA de Grenoble. Cependant, à travers des discussions avec des professionnels, nous nous sommes rendus compte qu’il était difficile de ne pas ferrailler un tel mur sur deux niveaux pour des risques d’écroulement par compression. De la même manière, la terre argileuse du site ne suffit pas à monter un mur sans le recours à des granulats extraits en carrière. Cette confrontation entre théorie et faisabilité n’est pas toujours facile mais nous a permis de trouver une alternative pour la conception de murs adaptés au projet et à plus faible impact sur l’environnement.

3.03.3.3. Anticiper temps

l'effet

du

Le projet d’architecture ne doit pas s’appréhender comme une réflexion soumise

à une succession de contraintes et de normes mais bien comme un ensemble tentant de penser chaque détail. Le vieillissement du bois L’ensemble des logements est en ossature bois revêtue d’un bardage en mélèze. Ce revêtement de façade constitue une surface importante entièrement visible par le passant où l’usager. Sans traitement, le bois perd sa couleur chaude pour se ternir vers un gris clair suite à son exposition aux UV et aux intempéries. De manière générale, ce vieillissement est vécu négativement dans les esprits, faussement synonyme de vulnérabilité du matériau. Le vieillissement est d'autant plus choquant lorsqu'il n’est pas uniforme. Les zones abritées gardant leur teinte originelle, le contraste s'accentue avec celles soumises aux intempéries. cette démarquation de l'usure renforce la perception de ce vieillissement prématuré. D’autre part, lorsque le bardage est soumis à des éclaboussures répétées par la proximité des plans horizontaux tels que les sols, les mains courantes plates ou quelconques rebords de fenêtre, le bois a tendance à se marquer de tons noirs, comme s'il s'agissait de coulures de suies. Certains procédés garantissent une stabilisation de l'aspect du bardage dans le temps, à travers un traitement du bois. Il peut ainsi être goudronné, vernis, ou même brulé en surface. Dans le dessin de la façade du projet Bifurkation, nous n'utilisons aucun de ces procédés.

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Le vieillissement est assumé. Il se fait en accompagnement avec la désuétude du site. C'est un rappel que le temps passe et fait écho à l’univers industriel qui se détériore mais gagne en patine. De cette manière, nous tentons de prévoir cette prise d'âge pour qu'il s’effectue de manière uniforme. Dans un premier temps, le socle en béton de site met à distance les boiseries du sol et évite toute éclaboussure qui pourrait nuire à la pérennité du matériau. Ensuite, concernant les étages de logements, les cadres métalliques filant autour des fenêtres pour faire coulisser les volets ne débordent que faiblement sur la façade. Nous avons choisi de limiter l’épaisseur de ces cadres pour restreindre le contact, non pas avec la pluie elle-même mais avec ses répercussions : les stagnations et éclaboussures.

proportions et aux distributions équitables des charges. Sa structure en acier est composée de cornières de petite section, lui conférant une silhouette fine et très élégante. Le recours à l’acier dans le projet Bifurkation se doit de respecter une telle finesse. Ce matériau est utilisé avec parcimonie, apparaissant dans les rives des toitures, dans la structure des cages d’escalier mais également dans le dessin des garde-corps. En effet, ces éléments sont travaillés en prenant exemple sur la structure en contrebas, dans un souci d’économie de matière et de finesse. Leur présence se doit d'être minimale.

Sur les extrémités des logements en accession, le bardage bois est continu sur trois niveaux de logements en ossature bois. Protéger cette hauteur de façade reviendrait à sur-dimensionner un débord de toiture afin de garantir une protection efficace sur l’intégralité du mur. Nous faisons donc le choix de ne pas protéger intégralement la façade mais seulement de traiter sa jonction avec la couverture de toiture par une rive métallique de faible épaisseur. Ainsi l’exposition aux intempéries devient homogène sur l’intégralité de la façade. Le langage du métal La halle métallique au pied des bâtiments du 18 rue Prosper Mérimée est la preuve d’une réflexion globale quant aux BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Conclusion -

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Conclusion

Le projet Bifurkation naquit de la volonté de travailler dans un contexte où l’existant et le neuf ne font qu’un. À travers différentes échelles de travail, nous avons souhaité apporter une réponse architecturale, sociale et environnementale à un lieu complexe au cœur de l’agglomération grenobloise, dans la ZAC Flaubert. L’arpentage effectué au début de l’année dans cette ZAC nous a directement imprégné d’un sentiment propre au site : celui du chaos. Loin de se sentir oppressé par tant d’hétérogénéité, nous y avons vu dès lors une source immense de potentiels pour créer et projeter dans ce cadre inhabituel. Une densité y régnait, mais une densité désordonnée, façonnée par un tissu lâche et clairsemé ayant tendance à déprécier le bâti comme le reste du quartier. Faisant état d’un nouvel enjeu, il y avait là matière à projet et c’est ce qui a été décisif dans le choix d’un site particulier, l’îlot Bifurk, nommé ainsi par la présence marquante de la pépinière d’association du même nom. Le bâti ayant une forte emprise sur l'îlot Bifurk, les lieux propices à l’implantation de nouvelles constructions n'émergaient pas clairement. Ne disposant presque pas d’espaces libres de consructions, à l'image de terrains vagues ou de bâtiments abandonnés, l’îlot montrait tout de même un manque de porosité évident avec son contexte, ainsi qu’un patrimoine architectural marquant mais dévalorisé. C'est en décortiquant cet îlot que nous en avons saisi sa composition complexe basée sur une disparité de formes bâties et d’usages. Cet exercice a permis d’amorcer le processus de projet qui

s’effectue entre une valorisation de ce qui est présent sur le site et l'implantation de propositions architecturales ponctuelles. La complémentarité et l’interdépendance des lieux et des systèmes nous semblait importante à mettre en place à l’échelle de l’îlot afin de concevoir un écosystème global. En réponse à cette densité urbaine, saturée par tant d’éléments déconnectés les uns des autres, il apparaissait dès lors important de produire de l’intensité urbaine. Pour ce faire, nous proposons un urbanisme du détour, par un aménagement paysager qui suggère d'aller à la rencontre du reste du quartier Flaubert. Le détour devient alors un cheminement propice à une redécouverte du bâti existant et nouvellement créé, entremêlant des ambiances urbaines, paysagères et architecturales imaginées pour les habitants du quartier comme pour les autre citadins. La densité programmatique se justifie donc par cette balance qui s’opère entre une faible densité de logements et un fort tissu d’activités et d'usages diffus. Le potentiel de l’îlot Bifurk en termes de foisonnement d'usages et de formes bâties interroge sur la manière de travailler avec un environnement existant crée par l'homme. Il a fallu s’insérer dans ce contexte embrouillé pour produire une architecture respectueuse du patrimoine. D’une part, la volonté de dévoiler la halle métallique au 18 rue Prosper Mérimée témoigne de cette posture. Ce nouveau lieu se charge d'une valeur mémorielle considérable, pour la préservation d'un souvenir commun. Il devient ainsi un espace mnémonique,

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où les souvenirs et les traces ressurgissent, stimulant la mémoire de ceux qui l'habitent. D’autre part, le dessin du 2bis rue Prosper Mérimée dialogue avec des typologies architecturales présentes, afin d'en révéler la richesse spatiale et formelle. Intégrer à ce travail la participation habitante était essentiel au vue de la demande formulée par la municipalité grenobloise. Pour apporter la réponse la plus appropriée, nous proposons au coeur de la ZAC Flaubert une expérimentation sociale et architecturale pour édifier une architecture du partage et du bien être de chacun. Des propositions ont donc été faites pour intégrer les futurs habitants à l’édification de leur cadre de vie. Dans un souci d’impliquer ces résidents dans la composition de leur quartier comme de leur logement et afin qu’ils puissent, en réponse à leurs aspirations, mettre la main à la pâte, nous avons souhaité en tant que futurs architectes, les faire participer au processus de conception comme à celui de la construction. En liaison avec le PFE, cette dernière phase a fait l’objet d’un travail de recherche de l’une d’entre nous qui a exploré davantage cette question de la participation de la maîtrise d’ouvrage dans la phase constructive d’un projet. C’est en développant la curiosité des habitants à l’égard des matériaux bio-sourcés et en les intégrant à une mise en œuvre partagée qu’ils se sentiront capables, et adopteront en eux des principes de constructions et de vie soutenables.

l’enjeu est de révéler l'historique du site aux passants et habitants du quartier. En prenant conscience d’un passé environnant caractérisé par une réserve de ressources encore peu exploitées, peutêtre seront-ils a même de se questionner sur la mémoire de leur propre ville ou celle de leur quartier. Un urbanisme adapté proposant un juste entremêlement entre bâti existant et construction neuve, peutil amorcer un nouvel intérêt à l'égard du passé de nos villes et des différentes strates historiques qui les composent? Par une poétique du détour, par une Bifurkation dans le parcours quotidien de chacun, peut on habiter plus consciemment la ville, pour mieux s'y intégrer, mieux se comprendre soi-même et mieux interagir avec les autres ?

Nous questionnons également la relation à l'histoire dans notre société. Par un traitement paysager et architectural, BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Conclusions Personnelles -

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Guillaume Cretin

Si je devais garder en mémoire une seule chose du Projet de Fin d’Études, ça serait la manière de travailler avec mes deux compères, autant dans la réflexion que dans l’organisation. À vrai dire, l’essence même d’un projet d’architecture est de répondre au mieux à une demande en réunissant toutes les pistes essentielles et les idées qui forgeront l’identité du projet. Et pour cela, on avance petit à petit entre remise en question et débats pour que chaque décision soit le résultat d’un accord après réflexion commune. Après trois années de Beaux-Arts à Besançon, j’arrive en deuxième année à l’ENSA de Grenoble par équivalence, où je rencontre Bérengère Poulaillon, elle aussi nouvelle après une année d’architecture à Saint-Étienne. Les liens créés sont forts car son éthique et sa manière de voir les choses ont fait l’objet de nombreuses conversations, de partage et également de remises en question. Quand à Thomas, c’est avec le bon vieux piano de l’école sur lequel je jouais des airs Pink Floydiens que les liens se sont tissés. Notre passion commune pour le dessin, confirmée par le monitorat que l’on a fait ensemble dans le cours de dessin d’Éthel Buisson aux étudiants de L1, était significative d’une complicité grandissante. C’est en fin de Master

1 que l’idée de former ce groupe est apparue de plus en plus évidente. Si j’insiste sur ce travail d’équipe, c’est certainement parce que le débat suscite un autre enseignement que celui vécu en cours magistral, et que par nos échanges s’est élevée une manière commune de considérer l’architecture. On partage l’idée que l’architecte et l’ouvrier ne font qu’un, et l’usager doit avoir sa présence dans le chantier. Cette vision a fait émaner en moi un certain doute, sachant l’impossibilité dans notre pays de coupler l’art de concevoir et celui de bâtir. Ces thèmes sont évoqués dans le brillant travail de mémoire de Bérengère et on retrouve dans celui de Thomas des réflexions sur l’autoconstruction... Aussi la manière d’interagir avec un site déjà bâti mais regorgeant d’un vrai potentiel, en pratiquant des interventions ponctuelles à travers l’existant comme c’était le cas du PFE, est une approche dans laquelle je me retrouve. La réhabilitation ou la mise en valeur sont des choses qui m’intriguent car chaque élément appartient à un contexte et donc à une histoire, et il faut s‘y glisser et s’en imprégner. C’est pourquoi j’aimerai m’orienter par la suite dans l’architecture en lien avec patrimoine, dans un premier temps en

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HMONP puis dans une spécialisation à l’École de Chaillot avec le DSA Patrimoine. Après on verra bien où l’avenir me mènera. Pour revenir rapidement sur le Master Architecture & Cultures Constructives, la première année et ses expérimentations m’ont vraiment aidé à raisonner en tant que constructeur et m’ont apporté une certaine logique dans la conception. Je me sens beaucoup plus à l’aise dans ce domaine là depuis. Le plaisir de travailler à la manière d’un artisan m’a beaucoup fait réfléchir, c’est également ce qui me plaît dans la restauration de certaines constructions. Les rencontres faites avec des professionnels ainsi que les connaissances de Bérengère, grâce à ses entretiens pour la rédaction de mémoire, nous ont permis de poursuivre nos expérimentations dans différents chantiers. Le dernier en date était une maison en bois et isolation paille... Bois-paille ? Il y a l’a comme une impression de déjà vu après les réflexions constructives précédemment abordées dans ce mémoire de PFE ! La seconde année de Master a été complexe car lourde en rendus, et j’en retiens une certaine frustration par rapport au temps de réflexion avorté par la production de documents et pièces graphiques

chaque mois. La bonne ambiance du groupe et nos méthodes de travail ont rattrapé ce manque. Cependant, le nombre varié d’échelle de travail, entre programmation et technique énergétique, a permis d’avoir quelques connaissances afin d’échanger plus tard avec les différents acteurs de la construction. Enfin, le diplôme est loin d’être un aboutissement de mes études à mes yeux, mais plutôt comme une phase importante de mon parcours. L’apprentissage naît de l’expérience ; si notre regard s’est sculpté à travers ce cursus, il reste encore bien des choses à dégrossir avant de maîtriser l’ensemble des compétences pour être un architecte responsable. C’est pourquoi je ne compte pas m’arrêter là mais me spécialiser plus tard dans une des nombreuses branches de ce fascinant métier. Avec l’espoir de rencontrer des personnes comme celles que j’ai fréquenté pendant 8 mois de manière ininterrompue...

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Thomas Petit

Ce travail de PFE conclut une rélexion complexe menée au cours de ces huit derniers mois, processus inhabituel dans la conception des précédents projets d’architecture dans le cadre universitaire. Ce long terme nous a permis de s’immerger pleinement dans le site, de le découvrir, de le ressentir, de l’arpenter, et de s’y familiariser. Cette relation intime avec le contexte me semble essentielle dans la composition architecturale. Elle guide les choix que nous abordons avec une certaine évidence, mais paradoxalement plonge dans le doute permanent. En apercevant chaque jour notre site de projet, depuis ma bicyclette, je me questionnais sur la qualité des choix que nous faisions. Intervenir sur le monde en y construisant est un acte qui ne se fait pas à la légère. Ériger un édifice qui perdurera pour une dizaine d’année à minima est une responsabilité énorme pour l’architecte. C’est une dépense coûteuse en énergie et en ressource qui doit être mûrement réfléchie. Travailler sur un site chargé d’histoire et de mémoire comme l’est la ZAC Flaubert était une première. Ce contexte d’études m’a certes déstabilisé, mais m’a également forcé à me questionner sur la relation qu’ont les hommes avec l’environnement qui les entourent, avec l’histoire qui

les façonnent. D’une même manière, c’est un questionnement plus large qui s’ouvre, sur notre propre rapport au monde et aux autres. Se rappeler, c’est agir avec recul, c’est prendre conscience de ce qui a été fait, de ce qui est et ce qui sera. J’estime qu’il n’est plus possible d’annihiler ou d’oublier l’accumulation de savoirs et d’actions de nos aïeux. C’est avec fascination que j’observe les ruines désormais. J’y vois des personnes qui l’habitent, je m’imagine leur modes de vies, leurs habitudes. Elles me rappellent que si l’Homme s’en va toujours, il laisse des traces. Ce sont ces traces qui nous ancrent dans l’histoire. Nous sommes aussi particulièrement sensibles à l’humain. Celui qui habite l’architecture que nous créons. Celui qui la subit, qui se l’approprie, la façonne, la transforme. Il est la clé et l’élément central de toute édification. Travailler autour et avec l’habitant, même de manière théorique, m’a conforté dans une volonté de l’intégrer à l’édification de son habitat et de sa ville. J’espère un jour exercer de cette manière, de pair avec les habitants et les artisans. Ce que je retiendrais, c’est partage permanent d’idées et questionnements avec Guib Béber, des débats animés autour

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un de et de 108


l’homme, de sa complexité, de sa relation au monde, à l’architecture. Cette effervescence commune nous a souvent dispersé, mais toujours enrichi. Assurément, elle m’animera encore longtemps. Leur savoir et le mien sont devenus nôtre. Leur bonne humeur et énergies se sont couplées aux miennes, pour notre bien-être commun. C’était un réel plaisir et enseignement de partager cette année avec eux. Je retiendrais également une certaine frustration. Celle de ne pas arriver à la hauteur de nos ambitions, de l’impression permanente d’un travail inachevé. D'un temps de conception toujours trop court, ne nous permettant pas d'aller au bout de nos idées et envies. Le travail engagé au cours de ces huit derniers mois se veut comme l’aboutissement d’une formation architecturale. A mon sens, il n’en est rien, notre formation ne se conclut jamais. Elle s’intensifie au fil des années, des rencontres, des expériences, par un chemin ou un autre. Je souhaite prolonger cet enseignement par le voyage et l’expérimentation. J’espère un jour concevoir pour les gens et pour le monde, avec éthique et sagesse. Je connais le quoi, il me reste à découvrir le comment. BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Bérengère Poulaillon

Le PFE, UN TEMPS PARTAGÉ

Le temps est arrivé de conclure cinq années d’études en école d’architecture et une année de travail collectif et passionné passée en compagnie de Thomas et Guillaume. Éveillée à l’Architecture par les disciplines des Arts Plastiques et de l’Histoire de l’Art, c’est pour sa capacité à faire ressentir des émotions que l’Architecture m’a marqué. Qu’il s’agisse de plaisir ou de malaise le simple fait que des émotions puissent être éprouvées par la déambulation dans un bâtiment m’a toujours fasciné. Les édifices nous marquent parce qu’ils nous ont permis de ressentir quelque chose, de transcender nos sens et de nous mettre en éveil. C’est par cet engouement originel, que je tente depuis le début de mes études de produire des architectures du ressenti, et c’est lors de cette dernière année d’étude que nous avons tenté avec mes deux camarades de proposer un projet à l’univers sensible, attentif au bien être de chacun comme au partage. Effectuer un projet dans un contexte réel n’était pas une expérience nouvelle, mais s’ancrer dans une demande formulée par une municipalité l’était. Il fut alors question de prendre en compte des aspects techniques

comme les règles d’urbanisme, et des aspects éthiques comme la volonté de proposer une implication habitante pour co-construire la ville de demain. En réalisant un projet ancré dans la réalité, nous avons réussi à combiner les attentes de la municipalité grenobloise avec nos aspirations personnelles de futurs architectes. Ce Projet de Fin d’Étude se distingue des autres travaux réalisés au cours de notre cursus. Une année à réfléchir sur un même projet avec des rendus sous formes d’échéances propres à une agence, nous a obligé à nous projeter dans notre métier futur. Le temps n’a jamais été trop long, souvent plutôt court. C’est durant cette année que l’apprentissage quant aux attentes, aspirations, ambitions et volontés de chacun s’est révélé le plus enrichissant. Travaillant de manière collaborative nous avons sans cesse du revoir nos exigences personnelles au profit d’une bienveillance partagée pour le projet. Sans frustration nous avons fait preuve d’une belle capacité d’adaptation, élément fondamental au métier d’architecte. Dans un temps court nous avons toujours préféré moins faire, mais mieux le faire, en tentant de produire de la qualité avant tout. C’est selon moi, ce qui a conduit à la pérennité de notre entente et à la

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satisfaction du travail produit. J’ai apprécié nos longues heures de discussions concernant le projet, celles qui nous ont mené vers des décisions fondamentales, celles qui nous ont incité à nous remettre en cause, comme celles qui nous ont fait dériver vers d’autres champs disciplinaires. J’ai apprécié voir évoluer de manière simultanée notre projet collectif et notre évolution individuelle en tant qu’étudiant en école d’architecture et personnes curieuses du monde qui nous entoure. RETOUR SUR LA RECHERCHE

J’ai vécu la mention recherche, effectuée en lien avec le PFE, comme un temps propice à l’expérimentation, un temps ou je pouvais poursuivre des questionnements sur la manière dont j’envisage d’exercer mon métier d’architecte. Depuis toujours, l’écriture m’aide à penser et cette recherche croisée a été d’une grande richesse pour comprendre des concepts théoriques comme pour mettre en forme ces concepts envisagés. La recherche est aussi le biais qui m’a permis de faire la rencontre d’acteurs de la sphère de la construction avec lesquelles je vais devoir composer en tant que future architecte. Les habitants, architectes, artisans, assistant à maîtrise d’ouvrage rencontrés m’ont permis de percevoir

d’un peu plus prêt la manière dont est organisé le métier d’architecte. Qu’il s’agisse du cadre par lequel ce métier est constitué que les individus avec qui l’architecte est amené à évoluer, c’est avec joie que je ressors de ce travail de recherche. Et en me focalisant sur un corpus de projets précis, c’est à la richesse de la discipline architecturale que je me suis ouverte davantage. ET APRÈS ?

Envisageant depuis le début de mes études une pratique future mêlant de nombreuses disciplines, c’est par la collaboration avec d’autres que je vois ce métier. Pour « Faire avec », que ce soit avec les ressources physiques, humaines ou matérielles qui composent un lieu. Ma curiosité à l’égard du monde de la construction est grande et le corps constructeur me fascine. Concevoir un projet d’architecture est une chose, mais le voir émerger matériellement est tout aussi important. Il ne me semble pas possible de concevoir sans imaginer la phase de l’émergence constructive d’un projet. Aussi c’est pourquoi depuis de nombreuses années je participe dès que le temps me le permet à des chantiers. Que ce soit en aidant des familles à construire leur lieu de vie ou en se formant auprès de compagnons

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et d’artisans, c’est l’expérience de la matière qui me conduit à produire une architecture plus attentive aux matériaux employés, à sa mise en œuvre comme aux acteurs qui la constitue. C’est d’ailleurs cette curiosité qui m’a mené à faire le choix de cette thématique de master. Qu’il s’agisse de travailler ensemble sur des projets de la conception à la construction lors de notre première année de master ou de projeter et d’expérimenter durant une année un travail collaboratif, nous avons construit ensemble quelques choses, de belles choses. A l’image d’une architecte itinérante je me vois, poursuivre mes déambulations en allant me former sur des chantiers auprès d’artisans comme en agence auprès d’architectes soucieux de la dimension constructive. C’est par la pratique simultanée de la conception et de la construction que je pense l’avenir. Par un aller-retour permanent entre la théorie, qui par la formulation d’idée, m’aide à penser ; et la pratique, qui par l’engagement du corps dans le chantier, me permet de réajuster ma manière de concevoir.

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Bibliographie -

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Bibliographie

OUVRAGES - ARNOLD Françoise, Le logement collectif : de la conception à la réhabilitation ; 2ème édition revue et augmentée, éditions Le Moniteur , 2005 - ANDO Tadao, Du béton et d'autres secrets de l'architecture, éditions L'arche, 2007 - CHIEN Chia-Ling, Ville perméable, l'eau, ressource urbaine, éditions ICI Interface, Paris, 2015 - CLÉMENT Gilles, Manifeste du Tiers Paysage, éditions Sens&tonka, 2013. - DOLTO Françoise, Les étapes majeures de l'enfance, éditions Gallimard, 2013. - ELEB Monique, SIMON Michel, Entre confort, désir et normes - Le logement contemporain 1995-2012, éditions Mardaga, Bruxelles, 2013. - GUYET Claire, Quelle place pour l'architecte dans l'auto-construction?, éditions Comografia, 2014. - LUNEAU Sylvie, Récupérer l'eau de pluie, éditions Ulmer, Paris, 2008. - MAROT Sébastien, L’art de la mémoire, le territoire et l’architecture, éditions La Villette, Paris, 2010. - NUSSAUME Yann, Tadao Andô, Pensées sur l'architecture et le paysage, éditions Arléa, 2014.

- PARASOTE Bruno, Autopromotion, habitat groupé, écologie et liens sociaux : Comment construire collectivement un immeuble en ville ?, éditions Yves Michel, Paris, 2011. - SCHNELL Dieter, GERMANN Georg, Conserver ou démolir? Le patrimoine bâti à l’aune de l’éthique, éditions Infolio, Gollion, 2014. - SOULIER Nicolas, Reconquérir les rues, éditions Ulmer, Paris, 2012. - TANIZAKI Junichirô, Éloge de l'ombre, éditions Verdier, 2011. ARTICLES - SEGUIN Virginie, « Enfance », Techniques et architectures, Paris, n°415, 1994. - ?, Comme à la maison, « Crèche à Frederiksberg », Ecologik, Paris, n°50, Mai-Juin 2016 CONFéRENCE - MAURY Yann, Les coopératives d'habitant, des outils pour refonder la ville durable, ENSAG, 08.12.2011, visionnée le 22.11.2015 MéMOIRE - Hernandez Abriseth, La terre coulée armée, Grains, fibres et armatures, mémoire DSA Terre, ENSAG, 2014.

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INTERVIEWS

Autres :

- Joachim Briand, régisseur général et directeur de la sécurité de la Bifurk, Interview réalisée le 20 octobre 2015

GERARD Sophie, La ville sonore, Arcticle publié sur le site du laboratoire CRESSON http://lcv.hypotheses.org/10305

- Benoit Marceau, Salarié chez l'entreprise d'électricité Bonazza, réalisée le 18 novembre 2015

http://www.acouphile.fr

- Martin Pointet, Architecte, chercheur chez Amaco, réalisée le 25 mars 1016

http://www.techniquesduson.com/ acoustiquefondamentale.html http://www.apasdevelours.fr

SITES INTERNET Références : ADH Architectes, Pôle National des Arts du Cirque http://www.doazan-hirschberger.com/fr ADH Architectes, Jardin des Fonderies http://www.doazan-hirschberger.com/fr 2APMR Architects, École Ary Payet http://www.iletducentre.fr ZGF Architects, Federal Center South Building http://www.zgf.com Langaritta-Navarro Arquitectos, Redbull Music Academy http://www.langaritta-navarro.com

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Annexes -

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Annexe 1. Calculs de Thermique

U value

Paroi ossature paille Composition des murs - Bardage mélèze - Lame d’air + tasseaux - Pare Pluie - OSB - Bottes de paille sur chant - Frein - Vapeur - Revêtement en contreplaqué bois

Épaisseur ( m )

λ ( W / mK )

R ( m2W / K )

0,025 0,025 / 0,012 0,37 / 0,02

/ / / 0,13 0,045 / 0,15

/ / / 0,1 8,22 / 0,13

Épaisseur totale

R total

8,45

0,452

U

0,11

Épaisseur ( m )

λ ( W / mK )

R ( m2W / K )

0,20 0,18 / 0,02

1,1 0,038 / 0,15

0,18 4,74 / 0,13

Épaisseur totale

R total

5,05

0,382

U

0,19

U value

Paroi Béton de terre stabilisée 20 cm Composition des murs - Béton de terre stabilisée - Panneaux de Fibre de bois - Frein - Vapeur - Revêtement en contreplaqué bois

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U value

Paroi Béton de terre stabilisée 30 cm Composition des murs - Béton de terre stabilisée - Panneaux de Fibre de bois - Frein - Vapeur - Revêtement en contreplaqué bois

Épaisseur ( m )

λ ( W / mK )

R ( m2W / K )

0,30 0,18 / 0,02

1,1 0,038 / 0,15

0,33 4,74 / 0,13

Épaisseur totale

R total

5,20

0,482

U

0,19

Épaisseur ( m )

λ ( W / mK )

R ( m2W / K )

0,001 0,025 / 0,012 0,37 / 0,02

17 / / 0,13 0,045 / 0,15

0,017 / / 0,1 8,22 / 0,13

Épaisseur totale

R total

8,45

0,452

U

0,11

U value

Toiture remplissage paille Composition des murs - Bac acier - Lame d’air + tasseaux - Pare Pluie - OSB - Bottes de paille sur chant - Frein - Vapeur - Revêtement en contreplaqué bois

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FICHE 1

Parois vitrées

FICHE 1

Parois vitrées Orientation

Type de local

Surface de baies ( m2 )

Ind. Ouv. ( % )

Facteur solaire ( % )

Protection solaire

NORD

LOGEMENTS

29,4

22

0,6

Persiennes à lames fixes

EST

LOGEMENTS

9,55

22

0,6

Persiennes à lames fixes

SUD

LOGEMENTS

85,5

22

0,6

OUEST Orientation

LOGEMENTS Type de local

9,55 Surface de baies ( m2 )

22 Ind. Ouv. ( % )

0,6 Facteur solaire ( % )

NORD EST

LOGEMENTS ERP LOGEMENTS ERP

29,4 46,6 9,55 18,7

22 24 22 24

0,6 0,6

SUD FICHE OUEST2

Parois opaques NORD

LOGEMENTS ERP LOGEMENTS ERP

85,5 44,0 9,55 17,3

22 24 22 24

Casquettes < 45° et Brise soleil mobile Persiennes à lames fixes

Protection solaire Persiennes à/ lames fixes Persiennes à/ lames fixes

Casquettes < 45° et Brise soleil Toituremobile de la halle

0,6 0,6

Persiennes à/ lames fixes

ERP

46,6

24

0,6

/

ERP

18,7

24

0,6

/

ParoisSUD opaques

ERP

44,0

24

0,6

Toiture de la halle

OUEST

ERP

17,3

24

0,6

/

EST 2 FICHE

PAROIS

Structure

Isolant

S Parois

Fixation

( W /m2.K )

( m2 )

Bardage en Cloué sur mélèze tasseaux Peau Extérieure

0,11 U Parois

S Parois

Description

Épaisseur ( m )

MUR

Ossature bois

0,37

MUR

Description Béton de terre

Épaisseur 0,20 ( m )

Fibre de bois Description +λ 0,038

Épaisseur 0,18 ( m )

Description /

Fixation /

( W0,19 /m2.K )

( m2 ) 197,4

MUR MUR

Béton de bois terre Ossature

0,30 0,37

Fibresur de chant bois Paille 0,038 0,045

0,18 0,37

Bardage / en mélèze

Cloué / sur tasseaux

0,19 0,11

187,6 364,8

MUR TOITURE

Béton de terre Ossature bois

0,20 0,37

Fibre de bois Paille0,038 sur chant 0,045

0,18 0,37

/ Bacacier

Vissé/ sur tasseaux

0,19 0,11

197,4 278

MUR

Béton de terre

0,30

0,18

/

/

0,19

187,6

0,11

278119

PAROIS

TOITURE

Structure

Description + λ

U Parois

Peau Extérieure

Épaisseur ( m )

Paille sur chant 0,045 Isolant

Fibre de bois 0,038

0,37

Description

BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Paille sur chantd’Architecture de Grenoble - juin 2016 Vissé sur Ecole Nationale Supérieure 0,37 Bacacier Ossature bois 0,37 0,045 tasseaux

364,8


FICHE 3

Justifications énergétiques

FICHE 3

Justifications énergétiques

Qualités des enveloppes Qualités des enveloppes

Delta U.bat ( pondération des ponts thermiques )

0,10

W / m2.K

U.bat

?

W / m2.K

0,53 0,10

W / m22.K

Indice Isol. ( pondération des ponts thermiques ) Delta U.bat Besoins U.bat de chauffage

10,0 ?

kWh .K2. SDO. an W / m/2m

Indice Isol.

0,53

W / m2.K

Besoins de chauffage

10,0

kWh / m2. SDO. an

Justification des consommations de logements

FICHE 3

Taux de renouvellement air neuf 0,37 Justifications énergétiques Justification des consommations de logements

V/h

Justifications énergétiques Taux de de renouvellement couverture solaire l’ECS Taux airdeneuf

1,00

%

75 0,37 11,0 1,00

W V //hm2.K

FICHE 3 de chauffage Consommation

Consommation de d’ECS Consommation chauffage Taux de de couverture couverture de l’éclairage par lumière naturelle Taux solaire de l’ECS Consommation Consommation d’éclairage d’ECS

22,5 75 4,60 11,0

Justification des consommations des bureaux 22,5

Taux de couverture de l’éclairage par lumière naturelle

4,60 Justification des consommations des bureaux 0,37

Consommation d’éclairage Taux de renouvellement air neuf

kWh / m2. SDO. an %

% W / m2.K .K2. SDO. an W / m/2m kWh % W / m2.K V/h

Consommation de chauffage Taux de renouvellement air neuf Taux de couverture solaire de l’ECS Consommation de chauffage Consommation d’ECS Taux de couverture solaire de l’ECS Taux de couverture de l’éclairage par lumière naturelle Consommation d’ECS Consommation d’éclairage Taux de couverture de l’éclairage par lumière naturelle

1,00 0,37 75 1,00 11,0 75 22,5 11,0 4,60 22,5

Consommation d’éclairage

% V/h W / m2.K % kWh / m2. SDO. an W / m2.K % kWh / m2. SDO. an W / m2.K %

4,60

W / m2.K

Justification de la production d’énergies renouvelables Justification de la production d’énergies renouvelables 72

Surface de capteurs solaires thermiques

Surface de capteurs solaires photovoltaïques Surface de capteurs solaires thermiques

84 72

84 Bérengère BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Surface de capteurs solaires photovoltaïques Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

m2 m2 m2 m2

120


FICHE 4

Descriptif synthétique

PRINCIPE STRUCTUREL

Panneaux bois préfabriqués + Poutres en bois massif

PRINCIPE D’ISOLATION MENUISERIES EXT.

Bottes de paille sur chant Menuiseries bois + double vitrage performant

FAÇADE

Béton de terre apparent Bardage vertical en mélèze

PROTECTION SOLAIRE TOITURES

Balcons larges comme casquettes solaires + Panneau Brise soleil mobiles

REVÊTEMENT DE SOL

Plancher bois massif

MENUISERIES INT.

Menuiseries bois / alu

Double pan, inaccessible

CLOISONS / MURS / DOUBLAGES

Contreplaqués bois

PLAFONDS

Contreplaqués bois

SYSTÈMES ACTIFS ( Chauffage & Ventilation )

Panneaux solaires thermiques Panneaux solaires photovoltaïques VMC double flux Chauffage raccordé au réseau de chaleur ( 50 % d’énergies renouvelables )

BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Annexe 2. Rendement panneaux photovoltaïques

BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Annexe 3. Rendement panneaux ECS

BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Annexe 4. Baby Papoose - Logements

Baby Papoose version logement

ISEh

ISEh RT2012

0,07

passif

ISEé

ISEé RT2012

0,013

passif

saisie obligatoire N affichages principaux 0,2 affichages secondaires 39 échelle faible

moy

logements traversants incidence du vent sur la façade orientée aux vents dominants protection de nuit sur la façade orientée aux vents dominants surventilation de nuit surventilation de jour brasseurs d'air puits provençal surchauffe apports effet surventilation jour gain surventilation nuit gain brasseurs d'air gain puits provencal

bon

climat C Nord Centre Sud kilo degrés heures DH 52 kDH apports solaires 28,8 kWh/m²SdP zone ventée N Oui Non

surfaces de parois (m²) surface de façade (murs + baies) surface de plancher SdP hauteur sous plafond HSP nombre de niveaux type de bâtiment nombre de logements typologie de façade inertie

murs 1 470 630 618 2,5 3 L 15 O m

ICOMP

2

sols 1 206

Logement Bureaux Scolaire sans objet hors typologie logement Maçonnée à Ossature Moyenne à Forte Faible à très faible

AEN BECL COL IND

IOUV

murs 1 0,11

2

51,7

0

U parois W/m².K delta UBAT (ponts thermiques) 0,1 W/m².K W/K W/K

longueur de façade par orientation profondeur moyenne des locaux par façade alège vitrée FJ au milieu du local moyen facteur de transmission lumineuse FTL

toitures 1 2 0,11

30,58

0

sols VS TP 0,00

0

0

COL RT2012 passif

IISOL

0,53

passif

orientation des baies % de baie par orientation facteur d'ensoleillement FEH d'hiver facteur d'ensoleillement FEE d'été facteur solaire FS des protections mobiles rapport de clair RCL facteur solaire vitrage FS

20%

°C °C

°C

% 0,7

ISCH

1,5

!!! attention, vérifier la cohérence des profondeurs S O N E 29,6 8,1 29,6 8,1 4,5 3 N N N N 1,6 1,0

22,5 4,6

% kWh/m².an

fenêtres Uw 0,86

SF DF ventilation D Passif Effinergie perméabilité à l'air R taux de renouvellement d'air du aux fuites 0,24 vol/h taux de renouvellement d'air hygiénique Raeq 0,13 vol/h apports récupérés AREC 33 kWh/m².an apports internes 6,7 W/m²SdP besoins sans apports BCSA 44 kWh/m².an

115,24

0,75 0,6 0,9 0,8

rentrer l'orientation par abrévation: S, SO, O, NO, N, NE, rentrer les orientations dans le sens des aiguilles d'une montre S O N E 64% 7% 22% 7% 1 1 1 1 0,45 0,65 0,85 0,65 0,20 0,20 0,55 0,20 0,7 0,6

°C °C °C

AEN

0,20

1,9 3,1

W/m².K IND RT2012

m m

0,035 0,030

Traversant Biorienté Monoorienté °C Persienne Store extérieur volet roulant à Ajours Volet plein Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non

-1,2

(évaluation sur un étage courant)

134

m² m

22%

ISCH

fenêtres 2

1,8

IOUV

déperditions surfaciques parois déperditions totales d'enveloppe

toitures 1 2 278

t 45 P O O O N 7 1 -4 -5 0

0,06 0,07

BCH

10

défaut RT 2012

kWh/m².an

BCH RT2012 passif

couverture besoin chauffage solaire Besoin avec solaire énergie pour le chauffage énergie pour l'ECS couverture solaire ECS rendement de chauffage RCH rendement d'ECS RECS consommation de chauffage CCH consommation de clim CCLIM consommation d'ECS CECS consommation de ventilation CVENT consommation d'auxiliaires CAUX consommation d'éclairage CECL consommation autres usages CAUS forfait éclairage RT FECL consommation tous usages CTUEP CEP RT2012/SdP SHON RT consommation EP tous usages

21 12

0 kWh/m².an 10,462 kWh/m².an R Bois Combustible Electricité directe PAC Réseau Bois Combustible Electricité directe PAC Réseau R 75% 0,70 0,65 1 kWhFINAL/m²SdP.an 0 kWhFINAL/m²SdP.an 11 kWhFINAL/m²SdP.an 7,475 kWhFINAL/m²SdP.an 1 kWhFINAL/m²SdP.an 4,6 kWhFINAL/m²SdP.an 20 kWhFINAL/m²SdP.an 1,3 kWhFINAL/m²SdP.an 116 kWhEP/m²SdP.an 37 kWhEP/m²SdP.an 718 m² 116

kWhEP/m²SdP.an

BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Annexe 5. Baby Papoose - Activités

Baby Papoose version bureaux

ISEh

ISEh RT2012

0,06

passif

ISEé

ISEé RT2012

0,018

passif

saisie obligatoire N affichages principaux 0,2 affichages secondaires 39 échelle faible

moy

logements traversants incidence du vent sur la façade orientée aux vents dominants protection de nuit sur la façade orientée aux vents dominants surventilation de nuit surventilation de jour brasseurs d'air puits provençal surchauffe apports effet surventilation jour gain surventilation nuit gain brasseurs d'air gain puits provencal

bon

climat C Nord Centre Sud kilo degrés heures DH 52 kDH apports solaires 24,2 kWh/m²SdP zone ventée N Oui Non

murs 1 398,65

2

toitures 1 2 278

sols 1 2 324,2

surfaces de parois (m²) surface de façade (murs + baies) 528,3 m² surface de plancher SdP 528,2 m² hauteur sous plafond HSP 2,5 m nombre de niveaux 2 type de bâtiment B Logement Bureaux Scolaire nombre de logements 0 sans objet hors typologie logement typologie de façade m Maçonnée à Ossature inertie m Moyenne à Forte Faible à très faible ICOMP

2,1

IOUV

murs 1 0,19

U parois W/m².K delta UBAT (ponts thermiques) 0,1 W/m².K déperditions surfaciques parois déperditions totales d'enveloppe

W/K W/K

75,7435

0

toitures 1 2 0,11

30,58

0

45,39

108,92

passif

IISOL

0,71

passif

0,75 0,6 0,9 0,8

rentrer l'orientation par abrévation: S, SO, O, NO, N, NE, rentrer les orientations dans le sens des aiguilles d'une montre S O N E 35% 13% 37% 15% 1 1 1 1 0,45 0,65 0,85 0,65 0,20 0,20 0,55 0,20 0,7 0,6

°C °C °C °C °C

4,7

°C

m m

S 29,6 6 N 1,0

O 12,5

% 0,7

22,3 8,1

N

N 29,6 2 N 3,3

% kWh/m².an

SF DF ventilation D Passif Effinergie perméabilité à l'air R taux de renouvellement d'air du aux fuites 0,24 vol/h taux de renouvellement d'air hygiénique Raeq 0,13 vol/h apports récupérés AREC 33 kWh/m².an apports internes 7,8 W/m²SdP besoins sans apports BCSA 43 kWh/m².an

W/m².K IND RT2012

orientation des baies % de baie par orientation facteur d'ensoleillement FEH d'hiver facteur d'ensoleillement FEE d'été facteur solaire FS des protections mobiles rapport de clair RCL facteur solaire vitrage FS

25%

fenêtres Uw 0,86

COL RT2012

Traversant Biorienté Monoorienté °C Persienne Store extérieur volet roulant à Ajours Volet plein Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non

ISCH

1,5

AEN

0,25

E 11,5 N

1,9 3,1

sols VS TP 0,14

0

0,040 0,035

(évaluation sur un étage courant)

126,65

AEN BECL

IOUV

2

ISCH

fenêtres

longueur de façade par orientation profondeur moyenne des locaux par façade alège vitrée FJ au milieu du local moyen facteur de transmission lumineuse FTL

COL IND

24%

t 45 P N O O N 7 3 0 -5 0

0,04 0,05

BCH

10

défaut RT 2012

kWh/m².an

BCH RT2012 passif

couverture besoin chauffage solaire Besoin avec solaire énergie pour le chauffage énergie pour l'ECS couverture solaire ECS rendement de chauffage RCH rendement d'ECS RECS consommation de chauffage CCH consommation de clim CCLIM consommation d'ECS CECS consommation de ventilation CVENT consommation d'auxiliaires CAUX consommation d'éclairage CECL consommation autres usages CAUS forfait éclairage RT FECL consommation tous usages CTUEP CEP RT2012/SdP SHON RT consommation EP tous usages

0 9,674 R R 0% 0,70 0,65 1 2 2 8,05 1 8,1 20 8,1 128 53 581

17 10

kWh/m².an kWh/m².an

Bois Combustible Electricité directe PAC Réseau Bois Combustible Electricité directe PAC Réseau

kWhFINAL/m²SdP.an kWhFINAL/m²SdP.an kWhFINAL/m²SdP.an kWhFINAL/m²SdP.an kWhFINAL/m²SdP.an kWhFINAL/m²SdP.an kWhFINAL/m²SdP.an kWhFINAL/m²SdP.an kWhEP/m²SdP.an kWhEP/m²SdP.an

m² 128

kWhEP/m²SdP.an

BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

125


Annexe 6. Économie - logements sociaux BÂTIMENT NORD ESTIMATION SOMMAIRE PRÉVISIONNELLE -­‐ BIFURKATION

Nom du MO Opac 38 Date 2016 Type Projet 12 logements sociaux Lieu Grenoble ESTIMATION S OMMAIRE P RÉVISIONNELLE -­‐ B IFURKATION Surface Projet RDC ÉTAGE RDC -­‐ ERP 324,24 R+2 -­‐ Logements Nom du MO R+1 -­‐ ERP Opac 38 Date 204 R+3 -­‐ Logements 2016 Surface de plancher 528,24 R+4 -­‐ Logements Type Projet 12 logements sociaux Lieu Grenoble Surface d e p lancher Surface Projet RDC ÉTAGE RDC -­‐ ERP 324,24 R+2 -­‐ Logements R+1 -­‐ TOTAL ERP SURFACE DE PLANCHER (SHON) 204 R+3 -­‐ Logements SURFACE D E L A P ARCELLE Surface de plancher 528,24 R+4 -­‐ Logements

BÂTIMENT NORD

Surface de plancher

TOTAL SURFACE DE PLANCHER (SHON) SURFACE DE LA PARCELLE

N°d'article

DÉSIGNATION

LOT 1 -­‐ INSTALLATION DE CHANTIER 1.01 Bungalows de chantier (vestiaire/repas) 1.02 benne de chantier N°d'article DÉSIGNATION 1.03 Bloc sanitaire LOT 1 -­‐ INSTALLATION DdE e CcHANTIER 1.04 Clotûres hantier 1.05 Bungalows Echafaudage 1.01 de chantier (vestiaire/repas) 1.06 benne Grue fixe transport, installation, chantier) 1.02 de (cfrais hantier fonctionnement 1.03 Bloc sanitaire mensuel 1.04 Clotûres de chantier 1.05 Echafaudage 1.06 Grue fixe (frais transport, installation, chantier) N°d'article DÉSIGNATION fonctionnement mensuel LOT 2 -­‐ TERRASSEMENT 2.01 Décapage terre végétale 2.02 Décaissement de pleine masse N°d'article DÉSIGNATION 2.03 Triage Concassage des éléments sortis de terre LOT 2 -­‐ TERRASSEMENT 2.01 Décapage terre végétale 2.02 Décaissement de pleine masse N°d'article DÉSIGNATION 2.03 Triage Concassage des éléments sortis de terre LOT 3 -­‐ ESPACES VERTS-­‐CLÔTURES-­‐PORTAILS 3.01 Espaces verts et arborés -­‐ engazonnement 3.02 Espaces verts et arborés -­‐ arbres N°d'article DÉSIGNATION

202,6 202,6 202,6 607,8 202,6 1136,04 202,6 989,67 202,6 607,8 1136,04 989,67

DIMENSIONS

4,00x2,45x2,2m 30m3

DIMENSIONS

2,75X2,45X2,60m 2x3,5m 2,32€/m2/j 4,00x2,45x2,2m 30m3 2,75X2,45X2,60m 2x3,5m 2,32€/m2/j

DIMENSIONS

20cm de profondeur 1,80m de profondeur

DIMENSIONS

20cm de profondeur 1,80m de profondeur

DIMENSIONS

DIMENSIONS

UNITÉ

QUANTITÉ

PRIX UNITAIRE

jour 1,00 36,54 € PRIX mois 2,00 92,00 € UNITÉ QUANTITÉ jour 1,00 UNITAIRE 18,10 € m linéaire 260,00 0,44 € m2/j 9300,00 2,32 € jour 1,00 36,54 unité 1,00 6 092,00 00,00 € mois 2,00 mois 6,00 3 0 00,00 € jour 1,00 18,10 LOT 1 m linéaire TOTAL 260,00 0,44 € m2/j 9300,00 2,32 € unité 1,00 6 0PRIX 00,00 € UNITÉ QUANTITÉ mois 6,00 UNITAIRE 3 000,00 € TOTAL LOT 1 m2 400,00 3,42 € m3 720,00 12,94 PRIX € UNITÉ QUANTITÉ h 16,00 UNITAIRE 40,00 € TOTAL LOT 2 m2 400,00 3,42 € PRIX m3 720,00 12,94 € QUANTITÉ UNITÉ h 16,00 UNITAIRE 40,00 € TOTAL LOT 2 m2 20,00 5,00 € u 7,00 60,00 € PRIX UNITÉ QUANTITÉ TOTAL LOT 3 UNITAIRE

LOT 3 -­‐ ESPACES VERTS-­‐CLÔTURES-­‐PORTAILS PRIX 3.01 Espaces verts et arborés -­‐ engazonnement m2 20,00 5,00 € DIMENSIONS N°d'article DÉSIGNATION UNITÉ QUANTITÉ 3.02 Espaces verts et arborés -­‐ arbres u 7,00 UNITAIRE 60,00 € LOT 4 -­‐ CIRCULATION VERTICALE TOTAL LOT 3 Ascenseurs 4.A.01 Cabine 600Kg ERP+Logements u 2,00 12 0PRIX 00,00 € DIMENSIONS N°d'article DÉSIGNATION UNITÉ QUANTITÉ 4.A.02 Porte+equipements / étage u 3,00 UNITAIRE 3 000,00 € Escaliers LOT 4 -­‐ CIRCULATION VERTICALE 4.B.01 Ascenseurs Escalier préfab. ERP+Logements u 2,00 4 000,00 € TOTAL L OT 4 12 000,00 € 4.A.01 Cabine 600Kg ERP+Logements u 2,00 4.A.02 Porte+equipements / étage u 3,00 3 000,00 € PRIX Escaliers DIMENSIONS N°d'article DÉSIGNATION UNITÉ QUANTITÉ 4.B.01 Escalier préfab. ERP+Logements u 2,00 UNITAIRE 4 000,00 € LOT 5 -­‐ GROS ŒUVRE TOTAL LOT 4 Fondations 5.A.01 Semelle filante larg. 40cm m3 42,19 90,00 € PRIX DIMENSIONS N°d'article DÉSIGNATION UNITÉ QUANTITÉ 5.A.02 Dalles 20cm ép. 20cm m3 419,00 UNITAIRE 90,00 € LOT 5 -­‐ GROS ŒUVRE Fondations BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère 5.A.01 Semelle filante larg. 40cm m3 42,19 Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016 90,00 € 5.A.02 Dalles 20cm ép. 20cm m3 419,00 90,00 €

MONTANT 36,54 € 184,00 € MONTANT 18,10 € 114,40 € 21 576 € 36,54 6 184,00 000,00 € 18 000,00 18,10 € 45 9114,40 29,04 € 21 576 € 6 000,00 € MONTANT 18 000,00 € 45 929,04 € 1 368,00 € 9 316,80 € MONTANT 640,00 € 11 324,80 € 1 368,00 € 9 316,80 € MONTANT 640,00 € 11 324,80 € 100,00 € 420,00 € MONTANT 520,00 € 100,00 € MONTANT 420,00 € 520,00 € 24 000,00 € MONTANT 9 000,00 € 8 000,00 € 41 24 000,00 € 9 000,00 € MONTANT 8 000,00 € 41 000,00 € 3 797,10 € MONTANT 7 542,00 €

3 797,10 € 7 542,00 €

126


Planchers massif Logement/Socle 5.B.01 Béton de ciment Intérieur 5.C.01 Cloisons intérieures 5.C.02 Cage d'ascenseur Paroi terre Socle/Extérieur 5.D.01 Béton de terre coulée stabilisée ép.30cm Planchers massif Logement/Logement 5.E.01 Sable

ép.20cm

m3

101,15

90,00 €

9 103,50 €

ép.20cm

m3 m2

64,33 27,16

90,00 € 120,00 €

5 789,70 € 3 259,20 €

226m3

m3

226,00

60,00 €

13 560,00 €

28,00 SOUS TOTAL

40,00 €

1 120,00 € 44 171,50 € 13 251,45 € 57 422,95 €

ép. 16cm

m. œuvre/h

5.F.01 Main œuvre

N°d'article

30%

TOTAL LOT 5 DÉSIGNATION

LOT 6 -­‐ OSSATURE BOIS PAROIS Paroi paille Logement/Extérieur 6.A.01 Montant bois 6.A.02 Montant bois 6.A.03 Montant bois 6.A.04 Lisse 6.A.05 Isolant 6.A.06 Paille 6.A.07 OSB 6.A.08 Pare vapeur 6.A.09 Pare pluie

6.B.01 6.B.02 6.B.03 6.B.04

Paroi terre Socle/Extérieur Isolant : panneau fibre de bois Montants Pare vapeur Contreplaqué

6.C.01 6.C.02 6.C.03 6.C.04

Paroi séparative Logement1/Logement2 OSB Tasseau vertical + lame d'air(31,92m3) Montant Isolant : panneau fibre de bois

Paroi séparative Logement1 : Chambre/Salon 6.D.01 Contreplaqué 6.D.02 Montant 6.D.03 Isolant : panneau fibre de bois

6.E.01 6.E.02 6.E.03 6.E.04 6.E.05 6.E.06 6.E.07 6.E.08 6.E.09

PLANCHERS Planchers massif Logement/Logement Plancher massif sapin Tasseau + lame d'air papier kraft Résilient phonique OSB Solive Isolant : panneau fibre de bois Tasseau Muraillère

6.F.01 6.F.02 6.F.03 6.F.04

Planchers massif Logement/Socle +terrasses Plancher massif sapin Tasseau + lame d'air Isolant : fibre de bois Isolant : panneau fibre de bois

UNITÉ

SECTION

QUANTITÉ

PRIX UNITAIRE

MONTANT

Préfabication atelier 45x120mm dblé x 97,7 45x120mm dblé X159 45x120mm dblé X291 45x370mm 45x130mm 37x47x100cm 12mm 25 x 1,5 m, soit 37,5m² 1,2 x 60 m, soit 72 m²

ép. 180mm 18x0x45mm 25 x 1,5 m, soit 37,5m² 22mm

12mm 25x25mm 120x45mm ép. 120mm

22mm 120x45mm ép. 120mm

20mm 40x40mm 1mx50m en 60g ép. 8mm ép. 20mm 225x75mm ép. 120mm 25x25mm

20mm 40x40mm 15cm ép. 100mm

m3 m3 m3 m3 m3 m3 m2 m2 m2

0,04 1,68 6,03 6,64 4,23 142,11 2063,65 461,57 461,57

516,67 € 516,67 € 516,67 € 516,67 € 20,69 € 20,69 € 6,08 € 2,54 € 1,72 €

20,67 € 868,01 € 3 115,52 € 3 430,69 € 87,52 € 2 940,26 € 12 546,99 € 1 172,39 € 793,90 €

m3 m3 m2 m2

100,45 6,93 531,16 531,12

17,10 € 516,67 € 2,54 € 42,60 €

1 717,70 € 3 581,07 € 1 349,15 € 22 625,71 €

m2 m3 m3 m3

1323,42 0,89376 4,31 38,30

6,08 € 516,67 € 516,67 € 11,60 €

8 046,39 € 461,78 € 2 226,20 € 444,28 €

m3 m3 m3

12,84 4,33 38,49

42,60 € 516,67 € 11,60 €

546,98 € 2 237,25 € 446,48 €

m2 m3 u m2 m2 m3 m3 m3 m3

411,57 0,26 411,57 411,57 411,57 17,98 329,26 12,51 2,22

11,90 € 516,67 € 18,90 € 4,96 € 8,95 € 594,52 € 11,60 € 516,67 € 383,33 €

4 897,68 € 132,91 € 7 778,67 € 2 041,39 € 3 683,55 € 10 689,47 € 3 819,42 € 6 464,51 € 850,99 €

m2 m3 m3 m3

505,81 0,26 505,81 505,81

11,90 € 516,67 € 13,40 € 8,97 €

6 019,14 € 134,33 € 6 777,85 € 4 537,12 €

BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

127


SOUS TOTAL 6.G.01 Main œuvre

N°d'article

DÉSIGNATION

LOT 7 -­‐ CHARPENTE BOIS TOITURE 7.01 Tasseau + lame d'air 7.02 Pare pluie 7.03 OSB 7.04 Paille 7.05 Pare vapeur 7.06 Contreplaqué 7.07 Pannes 7.08 Chevrons 7.09 Solive 7.10 Planche de rive (lisse basse+haute)

SECTION

UNITÉ

QUANTITÉ

m2 m2 m3 m2 m2 m3 m3 m3 m3

7,27 279,48 279,48 89,51 279,48 279,48 4,40 9,11 17,98 2,10 SOUS TOTAL

25x25mm 1,2 x 60 m, soit 72 m² 12mm ép. 37cm 25 x 1,5 m, soit 37,5m² 22mm 160x260mm 90x370mm

7.11 Main œuvre

N°d'article

LOT 8 -­‐ ESPACES EXTERIEURS Balcon 8.A.01 Plancher bois pin sylvestre 8.A.02 Garde corps 8.A.03 Bardage séparatif (entre balcons) 8.A.04 Poteaux 8.A.05 Poutre transversale Coursive 8.B.01 Poteaux 8.B.02 Plancher bois pin sylvestre 8.B.03 Fil métallique Brise soleil 8.C.01 Chevrons 8.C.02 Lames horizontales Planchers massif Logement/Logement 8.D.01 Plots

DÉSIGNATION

LOT 9 -­‐ COUVERTURE 9.01 Bac acier 9.02 Récupération d'eaux pluviales 9.03 Panneaux photovoltaïques 9.04 Panneaux solaires thermiques

N°d'article

DÉSIGNATION

LOT 10 -­‐ BARDAGE 10.01 Bardage mélèze

SECTION

27x145mm

90x200mm

27x145mm diam 4mm 45x120mm 45x200mm 20x16cm

DIMENSIONS

0,6mm 1,68x1m

DIMENSIONS

UNITÉ

516,67 € 1,72 € 6,08 € 20,69 € 2,54 € 42,60 € 529,34 € 516,67 € 594,52 € 516,67 € 30%

QUANTITÉ

PRIX UNITAIRE

LOT 11 -­‐ MENUISERIES EXTÉRIEURES 11.01 Portes d'entrée 11.02 Portes dans logements

204x84cm 204x63cm

MONTANT

13,90 € 241,98 € 241,98 € 516,67 € 516,67 €

692,08 € 45,98 € 379,91 € 284,17 € 1 085,01 €

m3 m2 m

2,39 241,98 155,94

516,67 € 13,90 € 1,86 €

1 234,84 € 3 363,52 € 290,05 €

m3 m3

0,42 1,58

102,70 € 516,67 €

43,13 € 816,34 €

u

411,00 TOTAL LOT 8

2,18 €

895,98 € 9 131,01 €

UNITÉ

QUANTITÉ

m2 m linéaire m2 m2

279,47 152,8 84,00 72,00 TOTAL LOT 9

UNITÉ

QUANTITÉ

m2

461,57 SOUS TOTAL

PRIX UNITAIRE

MONTANT

17,13 € 6,40 € 1 500,00 € 1 150,00 €

4 787,32 € 977,92 € 126 000,00 € 82 800,00 € 214 565,24 €

PRIX UNITAIRE

MONTANT

29,82 € 30%

TOTAL LOT 10 DIMENSIONS

3 754,37 € 480,71 € 1 699,24 € 1 851,96 € 709,88 € 11 905,85 € 2 329,10 € 4 706,86 € 10 689,47 € 1 085,01 € 39 212,44 € 11 763,73 € 50 976,17 €

49,79 0,19 1,57 0,55 2,10

3,9x0,14m x21mm

DÉSIGNATION

MONTANT

m2 m3 m3 m3 m3

10.02 Main œuvre

N°d'article

PRIX UNITAIRE

TOTAL LOT 7 DÉSIGNATION

N°d'article

30%

TOTAL LOT 6

125 617,96 € 37 685,39 € 163 303,35 €

UNITÉ u u

QUANTITÉ 12,00 45,00

PRIX UNITAIRE 900,00 € 93,00 €

BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

13 764,02 € 13 764,02 € 4 129,21 € 17 893,22 € MONTANT

10 800,00 € 4 185,00 €

128


11.03 Porte fenêtres 11.04 Fenêtres 11.05 Portes ERP

N°d'article

204x200cm 94x150cm

DÉSIGNATION

LOT 12 -­‐ AMÉNAGEMENT INTÉRIEUR Fermacell 12.A.01 Planchers massif Logement/Logement 12.A.02 Planchers massif Logement/Socle Enduit terre 12.B.01 Paroi séparative Logement1/Logement2

N°d'article

DÉSIGNATION

DÉSIGNATION

UNITÉ

ép. 20mm x1.5mx0,5m ép. 20mm x1.5mx0,5m

m2 m2

10mm

m2

638 TOTAL LOT 12

UNITÉ

QUANTITÉ

u u u u u u

12,00 12,00 12,00 12,00 12,00 12,00 TOTAL LOT 13

UNITÉ

QUANTITÉ

DIMENSIONS

DIMENSIONS

LOT 14 -­‐ CHAUFFAGE / VENTILATION 14.01 Radiateur branché sur réseau 14.02 Raccord au réseau de chaleur 14.03 Ventilation mécanique VMC -­‐ simple flux

u u u

14.04 Main œuvre

DÉSIGNATION

N°d'article

LOT 15 -­‐ ÉLECTRICITÉ 15.01 Armoire électrique 15.02 Prix au m2 15.03 Main œuvre

129,48 973,00 € 122,99 730,00 € 4,00 1 300,00 € TOTAL LOT 11

DIMENSIONS

LOT 13 -­‐ PLOMBERIE / SANITAIRE Appareils sanitaires 13.01 Douche 13.02 Wc 13.03 Lavabo 13.04 Evier 13.05 Alimentation EC/EF 13.06 Evacuation EU/EP

N°d'article

m2 m2 u

DIMENSIONS

QUANTITÉ

329,69 505,81

PRIX UNITAIRE

QUANTITÉ

u m2

12,00 607,8 SOUS TOTAL

MONTANT

20,40 € 20,40 €

6 725,68 € 10 318,52 €

30,00 €

19 140,00 € 36 184,20 €

PRIX UNITAIRE

11,00 € 9,00 € 19,00 € 9,00 € 190,00 € 190,00 €

PRIX UNITAIRE

30,00 450,00 € 1,00 15 000,00 € 12,00 711,00 € SOUS TOTAL 30% TOTAL LOT 14

UNITÉ

125 984,04 € 89 782,70 € 5 200,00 € 230 751,74 €

PRIX UNITAIRE 963 50,00 €

TOTAL LOT 15

30%

MONTANT

132,00 € 108,00 € 228,00 € 108,00 € 2 280,00 € 2 280,00 € 5 136,00 € MONTANT

13 500,00 € 15 000,00 € 8 532,00 € 37 032,00 € 11 109,60 € 48 141,60 € MONTANT

11 556,00 € 30 390,00 € 41 946,00 € 12 583,80 € 54 529,80 €

MONTANT DES TRAVAUX HT COÛT % du projet LOT 1 -­‐ INSTALLATION DE CHANTIER 45 929,04 € 4,65 LOT 2 -­‐ TERRASSEMENT 11 324,80 € 5,82 LOT 3 -­‐ ESPACES VERTS-­‐CLÔTURES-­‐PORTAILS 520,00 € 0,05 LOT 4 -­‐ CIRCULATION VERTICALE 41 000,00 € 4,15 LOT 5 -­‐ GROS ŒUVRE 57 422,95 € 5,82 LOT 6 -­‐ OSSATURE BOIS 163 303,35 € 16,55 LOT 7 -­‐ BIFURKATION CHARPENTE BOIS- CRETIN Guillaume - PETIT 50 Thomas 976,17 € - POULAILLON 5,17 Bérengère LOT 8 -­‐ ESPACES E XTERIEURS 9 1 31,01 € 0,93 Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016 LOT 9 -­‐ COUVERTURE 214 565,24 € 21,74

129


SOUS TOTAL 14.04 Main œuvre

N°d'article

30%

TOTAL LOT 14 DÉSIGNATION

DIMENSIONS

LOT 15 -­‐ ÉLECTRICITÉ 15.01 Armoire électrique 15.02 Prix au m2

UNITÉ

QUANTITÉ

u m2

12,00 607,8 SOUS TOTAL

15.03 Main œuvre

PRIX UNITAIRE 963 50,00 €

TOTAL LOT 15

30%

37 032,00 € 11 109,60 € 48 141,60 € MONTANT

11 556,00 € 30 390,00 € 41 946,00 € 12 583,80 € 54 529,80 €

MONTANT DES TRAVAUX HT LOT 1 -­‐ INSTALLATION DE CHANTIER LOT 2 -­‐ TERRASSEMENT LOT 3 -­‐ ESPACES VERTS-­‐CLÔTURES-­‐PORTAILS LOT 4 -­‐ CIRCULATION VERTICALE LOT 5 -­‐ GROS ŒUVRE LOT 6 -­‐ OSSATURE BOIS LOT 7 -­‐ CHARPENTE BOIS LOT 8 -­‐ ESPACES EXTERIEURS LOT 9 -­‐ COUVERTURE LOT 10 -­‐ BARDAGE LOT 11 -­‐ MENUISERIES EXTÉRIEURES LOT 12 -­‐ AMÉNAGEMENT INTÉRIEUR LOT 13 -­‐ PLOMBERIE / SANITAIRE LOT 14 -­‐ CHAUFFAGE / VENTILATION LOT 15 -­‐ ÉLECTRICITÉ

COÛT % du projet 45 929,04 € 4,65 11 324,80 € 5,82 520,00 € 0,05 41 000,00 € 4,15 57 422,95 € 5,82 163 303,35 € 16,55 50 976,17 € 5,17 9 131,01 € 0,93 214 565,24 € 21,74 17 893,22 € 1,81 230 751,74 € 23,38 36 184,20 € 3,67 5 136,00 € 0,52 48 141,60 € 4,88 54 529,80 € 5,53

TOTAL LOTS

986 809,12 €

FRAIS ANNEXES TECHNIQUES Maitrise d'œuvre

MONTANT TOTAL INVESTISSEMENT TRAVAUX / LOTS MAITRISE D'ŒUVRE/HONORAIRES FONCIER

100%

Architectes -­‐ Les bifurKés BET Thermique Économiste BET Acoustique OPC Bepos

135€ / m2

11,20% 1,50% 1,50% 1,50% 1,50% 0,80%

18,00% 989,67m2 TOTAL m2 TOTAL HT TVA 19.6% TOTAL TTC

ESTIMATION SOMMAIRE PRÉVISIONNELLE -­‐ BIFURKATION -­‐ BÂTIMENT NORD

PRIX /m2

BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

986 809,12 € 201 674,62 € 133 605,45 € 1 136,04 € 1 120 414,57 € 219 601,26 € 1 541 690,45 €

1 357,07 €

130


Coûts globaux par lot Lot 00 / Installation de chantier : 45 929,04 E Lot 01 / Terrassement : 11 324,80 E Lot 02 / Espaces verts / Clôtures / portails : 520,00 E Lot 03 / Circulations verticales : 41 000,00 E Lot 04 / Gros œuvre : 57 422,95 E Lot 05 / Ossature bois : 163 303,35 E Lot 06 / Charpente bois : 50 976,17 E Lot 07 / Espaces extérieurs : 9 131,01 E Lot 08 / Couverture : 214 565,24 E Lot 09 / Bardage : 17 893,22 E Lot 10 / Menuiseries extérieures : 230 751,74 E Lot 11 / Aménagements intérieurs : 36 184,20 E Lot 12 / Plomberies / Sanitaires : 5136,00 E Lot 13 / Chauffage / Ventilation : 48 141,60 E Lot 14 / Electricité : 54 529,80 E MONTANT TOTAL HT DES TRAVAUX : 986 809,12 E TVA à 19,6 % Foncier 14%

219 601,26€

9%

133 605,45€

13%

201 674,62€

64%

986 809,12€

Montant total ttc: 1 541 690,45 € LOGEMENTS TTC : 1357,67 € / m2

Honoraires Maîtrise d’œuvre

Coût de construction

BIFURKATION - CRETIN Guillaume - PETIT Thomas - POULAILLON Bérengère Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

131


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