Portfolio Bérengère Poulaillon 2016

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PORTFOLIO BéRENGÈRE POULAILLON


« Nous entrons dans le nouveau millénaire sans espoir d’y trouver rien de plus que ce que nous serons capable d’y apporter » Italo Calvino


ARCHITECTE D.E.? É

veillée à l’Architecture par les disciplines des Arts Plastiques et de l’Histoire de l’Art, c’est pour sa capacité à faire ressentir des émotions que l’Architecture m’a marquée. Qu’il s’agisse de plaisir ou de malaise le simple fait que des émotions puissent être éprouvées par la déambulation dans un bâtiment m’a toujours fasciné. Les édifices nous marquent parce qu’ils nous ont permis de ressentir quelque chose, de transcender nos sens et de nous mettre en éveil. C’est par cet engouement originel, que je tente depuis le début de mes études de produire des architectures du ressenti, jusqu’à la réalisation du diplôme avec le Projet de Fin d’Étude. Clôturant cinq années d’enseignement, il illustre l’envie de proposer un projet à l’univers sensible, attentif au lieu, à sa mémoire, ses cultures constructives locales ainsi qu’au bien être de chacun comme au partage des individus

amenés à se croiser, le traverser, l’expérimenter ou y habiter. Envisageant depuis le début de mes études une pratique future mêlant de nombreuses disciplines, c’est par la collaboration avec d’autres que je vois ce métier. Pour « Faire avec », que ce soit avec les ressources physiques, humaines ou matérielles qui composent un lieu. A l’image d’une architecte itinérante je me vois, poursuivre mes déambulations en allant me former en agence auprès d’architectes soucieux des dimensions humaines et constructives comme sur des chantiers auprès d’artisans. C’est par la pratique simultanée de la conception et de la construction que je pense l’avenir. Par un allerretour permanent entre la théorie, qui par la formulation d’idées, m’aide à penser ; et la pratique, qui par l’engagement du corps dans le chantier, me permet de réajuster ma manière de concevoir.



SOMMAIRE

07 CURRICULUM VITAE 11 PROJETS Survol de 5 années d’études 39 L’EXPÉRIMENTATION AU COEUR DE LA PÉDAGOGIE 51 ÉCRIRE POUR DISTILLER LA PENSÉE 59 LE CHANTIER MOTEUR DE CONCEPTION 79 INSPIRATIONS DIVERSES



CV

7


BOÎTE À OUTILS INFORMATIQUE

Architecturale

PERSONNELLE

AUTOCAD

CONCEPTION À DIFFÉRENTES

VOYAGER PAR DELÀ PLAINES

ÉCHELLES

ET MONTAGNES

ILLUSTRATOR

DU PROJET URBAIN JUSQU’AU DÉTAIL

FAIRE AVEC MES MAINS

PHOTOSHOP

CONSTRUCTIF

ENTRETENIR MA CURIOSITÉ

SKETCHUP

MAÎTRISE D’OUTILS DIVERS

INDESIGN

CROQUIS, INFORMATIQUE, MAQUETTE

ADAPTABILITÉ ET TRAVAIL COLLABORATIF

Bérengère Poulaillon 12/02/1992 +33 6 37 77 89 85 b.poulaillon@hotmail.fr 28 rue Irvoy 38000 Grenoble France


FORMATION 2014 - 2016

ARCHITECTE DIPLÔMÉE D’ÉTAT MENTION RECHERCHE

Master Architecture & Cultures Constructives 4e et 5e années, ENSA Grenoble (38)

2012 - 2014

LICENCE EN ARCHITECTURE

2e et 3e années, ENSA Grenoble (38) 1e année, ENSA Saint-Etienne (42)

2010 - 2011

LICENCE 1 EN HISTOIRE DE L’ART

Université Pierre Mendès France / Grenoble (38)

2010

BACCALAURÉAT LITTÉRAIRE, SPÉCIALITÉ ARTS PLASTIQUES Lycée Gabriel Fauré / Annecy (74)

EXPÉRIENCES PROFESSIONNELLES OCTOBRE 2015 / JUILLET 2016

LABORATOIRE CRATERRE - 2 mois En lien avec la Mention recherche ENSA Grenoble / Grenoble (38)

juin/juillet 2015

HELIOPSIS - 2 mois

Conception / Éco-construction / Maçonnerie de terre

Frédéric Moy / Le Grand-Lemps (38)

juillet 2014

AGENCE MATERIA - 1 mois

Réhabilitation Pisé / Éco-conception Ossature bois

Claude Salerno & Architectes / Grenoble (38)

juillet 2012

CHRISTOPHE CHINI - 2 semaines

Artisan tailleur de pierre / Saint Herbot (29)

2007

BREVET DES COLLÈGES

Collège Jean Lachenal / Faverges (74)

chantiers - WORKSHOP CONSTRUCTION SEPTEMBRE 2014 / JUIN 2015

VIE ASSOCIATIVE DEPUIS 2012

MEMBRE Point Barre Photo

Développement de photographie argentique

MEMBRE Club Alpin Français Pratique des sports de montagne MEMBRE Association L’Être-Temps Pratique du yoga

Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau (38) Master Architecture & Cultures Constructives WORKSHOP Construction en terre crue WORKSHOP Taille de pierre WORKSHOP Expérimentation du béton WORKSHOP Structure métallique WORKSHOP Construction Bois

JUILLET 2013 / JUIN 2016

Bénévole sur des chantiers IMMEUBLE PARTAGÉ Genève, Suisse MAISON EN PAILLE Saint Geniez (04) CABANON Tara, Serbie RÉNOVATION CHÂTEAU Ain (01) HABITAT GROUPÉ Ardèche (07) ÉCO-HAMEAU Saône et Loire (71) BERGERIE Hautes-Pyrénées (65)



PROJETS

11


LES JARDINS SUSPENDUS ANNÉE

: 2013, Licence 2, premier semèstre

SITE : Rue

Gabriel Péri, Grenoble (38), France

ENSEIGNANTS : Équipe

/ Avec F. Lély

P N

pédagogique de C.Migozzi

rogramme : 9 logements et leurs espaces extérieurs collectifs et privés + Café-librairie

otions abordées

/Façade /Individu

/Densité

: /Limites parcellaires /Seuil

/Patio

/Lumière


lien entre le quartier et le projet. L’enjeu était d’arriver à faire entrer suffisament de lumière, d’air, de verdure et de qualité de vie pour l’ensemble du projet. Le vide est donc apparu comme l’élément venant structurer le projet tant spacialement que socialement, par les zones d’appropriation qu’il offre et les qualités dégagées pour l’intérieur des logements. Le projet et les logements se structurent ainsi autour des espaces extérieurs : un conduit d’air vertical (le patio) et un conduit d’air horizontal (la terrasse collective).

+ COLLECTIF

REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

+

REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

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REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

VIDE

REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

LOGEMENTS

REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

DUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

C

e projet fut le premier à me familiariser avec le tissu urbain grenoblois. Caractéristique d’un centre ville dense et fortement contraint, la parcelle résulte d’une dent creuse, longue et étroite, laissée à l’abandon depuis plusieurs années. Afin de penser le projet comme un prolongement de la ville au coeur d’une parcelle privée, un programme multiple est proposé. Neuf logements sont conçus pour accueillir la demande du programme en logements tandis qu’un café-librairie, implanté en rez-de-chaussée, vient créer du


coupe longitudinale REALISE PAR UN AUTODESK A BUT EDUCATIF REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A PRODUIT BUT EDUCATIF

T3 DUPLEx

LOGEMENT REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF



au fil de la rue ANNÉE

: 2014, Licence 3, premier semèstre

SITE : Rue

Raspail, Grenoble (38), France

ENSEIGNANTS : J.

Pommier / M. Borga-Jacquier

PROJET URBAIN CONÇU AVEC : S.Anquetil

/ A.Lahaye

P N

/ M.Burté

rogramme : Espaces publics + Logements + Locaux d’activités

otions abordées /Parcours /Porosité

: /Usages /Urbanité


L

a rue Raspail marque l’articulation entre deux tissus urbains grenoblois. Le quartier Berriat représenté par un rapport permanent à la matérialité des murets en pierre, à la végétation et au calme ambiant, et les grands boulevards reconnus pour leurs immeubles de grandes hauteurs. Ce lieu à retenu notre attention pour le potentiel mutable qu’offraient

de nombreuses parcelles (friches paysagères et bâtiments abandonnés) jalonnant la rue. Quatre interventions sont créées pour accompagner les habitants et passants au fil de cette rue dont les traitements de sols, les rapports entre dedans/dehors et les qualités d’usages extérieurs sont traités pour valoriser l’esprit du quartier Berriat présent au Nord.

Plan masse RUE RASPAIL


UN HABITAT PARTAGÉ ANNÉE

: 2014, Licence 3, premier semèstre

SITE : Rue

Raspail, Grenoble (38), France

ENSEIGNANTS : J.

P N

Pommier / M. Borga-Jacquier

rogramme : 9 logements et leurs espaces extérieurs collectifs et privés + Café-librairie

otions abordées

: /Déambulation /Seuils

/Usages /Unité du collectif /Diversité des habitants /Engagement des usagers /Individu


À

l’Est de la rue Raspail, un bâtiment vient acceuillir neuf logements, un local musique ainsi qu’une salle d’apprentissage des techniques et d’emplois des matériaux lors du chantier. Un soin a été porté à la gradation des seuils qui s’établissent entre l’univers public de la rue, les espaces collectifs extérieurs et intérieurs puis les logements privés. Pour l’espace public, des aménagements urbain et paysager ont été dessinés pour redonner des qualités d’usages aux passants. Les espaces collectifs tentent quant à eux par leur implantation et les usages proposés (coursive,

atelier de bricolage, laverie, potager, terrasse commune...) de recréer des espaces provoquant et permettant les interactions entre habitants. Enfin les espaces privés souhaitent offrir à chaque foyer les qualités spatiales d’un habitat individuel (comme les doubles hauteurs). Il a aussi été question d’accentuer la diversité des typologies de logements en proposant des simplex et des duplex de tailles différentes. Allant du T2 au T6, ils assurent une mixité des personnes et des modes de vie dans le projet, que l’on y vive seul, en couple, en famille ou en colocation.

Gradation des seuils espaces publics: la rue, la rampe espaces collectifs extérieurs: la coursive, les terrasses, le potager espaces collectifs intérieurs: les espaces communs espaces privés: les logements

19


coupe longitudinale

perspective sur la coursive


Plan LOGEMENTS rEZ-DE-CHAUSSÉE


UN PAYSAGE HABITÉ ANNÉE

: 2014, Licence 3, second semèstre

SITE : La

Bastille, Grenoble (38), France

ENSEIGNANTS : J.

P N

Pommier / C. Salerno

rogramme : Réhabilitation + Extension du Centre d’Art Bastille

otions abordées : /Paysage /Déambulation / Usages /Ressentis /Matérialité /Lumière


L REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

a Bastille est un site emblématique de l’agglomération grenobloise, le premier accès aux pentes escarpées du massif de la Chartreuse, à 264m au dessus de la ville. Monument naturel donc mais aussi reflet d’un type architectural : une fortification militaire datant du XIXème et conçue par le général Haxo. C’est donc entre mémoire du lieu et topographie particulière du site que s’est déroulée la pensée du projet. Logique contextuelle : ll s’agit de tirer partie d’une qualité du site paysager offert par le site: les terrasses et d’étendre cette typologie des emmarchements au processus architectural du CAB. Appréhender le site d’abord par le parcours paysager permet de

faire l’expérience du site avant de pénétrer à l’intérieur. Logique programmatique : REALISE PAR UNlePRODUIT AUTOD L’extension vient encercler CAB existant et propose aux visiteurs de faire l’expérience des casemates actuelles à travers un nouveau regard. Une gradation des espaces s’effectue au fil des niveaux, depuis l’espace d’accueil en haut jusqu’à l’espace d’expositions dans la pente. Logique Structurelle : Le processus structurel reflète les différentes strates de construction et donc les différentes échelles de temps. La pierre du lieu vient 23 dialoguer avec une structure en bois et paille, employée pour créer des dispositifs lumineux particuliers créés dans l’épaisseur et la massivité du système utilisé.

dispositifs lumineux

REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCAT

DUCATIF


les terrasses REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

Plan masse

REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

coupe 1/33


REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF

Plan de l’accueil vue sur les terrasses

coupe longitudinale

REALISE PAR UN PRODUIT AUTODESK A BUT EDUCATIF


BÂTIR SON «HABITER» ANNÉE

: 2015, Master 1, second semèstre

SITE : ZAC

Flaubert, Grenoble (38), France

Équipe pédagogique Master Architecture & Cultures Constructives AVEC : Stéphano Varaldo & Thomas Petit ENSEIGNANTS

P N

:

rogramme : Projet urbain + 12 logements et leurs espaces extérieurs collectifs et privés

otions abordées : /Terre /Système constructif /Masse /Ossature /Qualité d’usages


C

e projet a été effectué en trinome lors du module Terre pendant la première année de Master Architecture & Cultures Constructives. Il s’agissait de concevoir un habitat économique et modulable avec le matériau qu’est la terre. Utilisé pour ses qualités de régulation hygrothermique et pour son inertie, ce matériau est employé dans les murs centraux de chaque trame afin que le déphasage et le confort généré bénéficient à chaque espace du logement.

L’univers du projet se développe en deux temps. Le premier, celui de la grotte renvoie par le système constructif en pisé et avec des enduits terre à une construction massive pour les espaces intimes et de nuit. Le second, celui de la tente, renvoie à une construction en ossature pour les espaces de vie, où l’aspect filaire du système constructif en bois offre de grandes ouvertures vers l’extérieur. C’est dans cette espace filaire que pourront être ajouté des modules pour agrandir son logement.

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Plan RDC

Plan R+1

Avec possibilité d’extension

Avec possibilité d’extension


GÉNÈSE CONSTRUCTIVE

POSE DE LA CHAPE BÉTON

MISE EN OEUVRE DU PISÉ PRÉFABRIQUÉ LIAISON PAR UN MORTIER DE CHAUX

POSE DE DEUX POUTRES FILANTES ET D’UNE ASSISE EN PISÉ

C A

B

MONTAGE DE L’OSSATURE A. POTEAUX B. POUTRES C. TRAVERSES

POSE DE L’ENVELOPPE ISOLANTE

REMPLISSAGE DES PLANCHERS (SOLIVES / QUENOUILLES / PLANCHER)

REMPLISSAGE DES MURS (CADRES BOIS / TRAVERSES / TORCHIS)

DÉTAILS CONSTRUCTIFS PLANCHERS / MURS



BIFURKATION Pour une poétique du détour, de la mémoire et de l’habiter ANNÉE

: 2015-2016, Master 2, PFE

SITE : ZAC

Flaubert, Grenoble (38), France

Équipe pédagogique Master Architecture & Cultures Constructives AVEC : Thomas Petit & Guillaume Cretin ENSEIGNANTS

P

:

rogramme : Projet urbain + Projet paysager +

Projet architectural (9 logements sociaux,10 logements en accession, locaux d’activités, crèche, café-restaurant, ateliers d’artisans).

N

otions abordées

: /Mémoire /Participation

/Matériaux biosourcés /Qualités d’usages


L

e Projet de Fin d’Études est l’aboutissement de cinq années passées à étudier et expérimenter la discipline architecturale. Conçu collectivement, il résulte d’un travail collaboratif et passionnant mené une année durant avec deux camarades Thomas Petit et Guillaume Cretin. Situé dans un quartier en transition de l’agglomération grenobloise, le projet s’effectue dans le cadre de la Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) inaugurée par la municipalité en 2005. Il s’intéresse à la question de la mémoire et de la participation dans une ancienne friche ferroviaire et industrielle caractérisée par un entremêlement d’usages et de formes bâties. Le projet propose une Bifurkation, une alternative au parcours du parc Flaubert, linéaire et situé au

nord de la parcelle traitée. Pour favoriser une poétique du détour nous tentons, par un traitement paysager étendu à l’ensemble de l’îlot et par des interventions architecturales ponctuelles, de faire pénétrer le passant dans un tissu riche d’ambiances, convoquant les sens et étant attentif au partage comme au bien être de chacun. Pour révéler le chaos de ce site, que nous voyons comme une immense réserve de ressources, nous répondons par une mixité programmatique qui entremêle: logements en accession et logements sociaux, des locaux d’activités, une crèche, un caférestaurant, des ateliers d’artisans et un aménagement paysager propice à la détente comme au usages sportifs.

31


L

e projet a débuté par la création d’un nouveau paysage dans lequel se mêle l’existant et deux interventions restées à l’état d’esquisse : . La Bifurk, pôle culturel et associatif est requalifié acoustiquement pour permettre l’usage simultané de la salle de concert et du skatepark. . Le 18 rue Prosper Mérimée vient recréer un front bâti sur le carrefour et met en place des frontages habités pour les passants comme les habitants de l’immeuble.



L

e 18 rue Prosper Mérimée est le programme le plus abouti abouti du projet. Les bâtiments ont été détaillés de manière constructive, acoustique et économique lors d’un workshop réalisé sur les énergies. Le projet propose de mettre à nu la structure d’une ancienne halle industrielle pour en dévoiler les richesses. Cette structure, au delà d’assurer le rôle de couverture, s’applique également à générer des souvenirs, à raviver la mémoire du site. Sublimée par un espace paysager qui se développe en sous face, elle devient partie intégrante d’un quotidien partagé par passants et habitants. Tout autour de cette halle des locaux d’activités viennent s’installer dans les socles massifs des bâtiments, réalisés en béton de terre du site, coulé et stabilisé. En partie supérieure se développent des logements dans un tout autre langage constructif, avec la réalisation d’une ossature bois à partir de murs préfabriqués isolés en paille. Ce système constructif a été choisi pour ses qualités thermiques, économiques, écologiques et éthiques, permettant de mettre en place un chantier participatif afin que les habitants s’impliquent dans la construction de leur habitat.

Plan RDC LA HALLE ET SES AMÉNAGEMENTS


COUPE LONGITUDINALE DE LA RUE AU PARC


R+4 Accession PLAN HABITÉ

ENTRETENIR DE BONNES RELATIONS DE VOISINAGE DANS LES ESPACES COMMUNS

REGARDER CE QU’IL SE PASSE DANS LA HALLE EN SE PENCHANT PAR LA RAMBARDE

APPRÉCIER LA VUE DÉGAGÉE SUR LE VERCORS EN BUVANT UN CAFÉ LE MATIN SAVOURER UN RAYON DE SOLEIL OU UNE BRISE EN PRENANT SA DOUCHE


PERSPECTIVE AMÉNAGEMENT PAYSAGER DEVANT LA HALLE

PERSPECTIVE LA BIFURK ET SES ABORDS


A&CC Une PÉDAGOGIE

A

fin de me spécialiser davantage, c’est après trois années de licence que je me suis orientée vers le master Architecture & Cultures Constructives. Sa pédagogie basée sur l’expérimentation me paraissait fondamentale afin de poursuivre mes aspirations d’une conception architecturale collaborative faisant évoluer conjointement Le concevoir fondé sur l’aspect théorique et Le construire constitué par l’aspect pratique. Au cours de la première année, l’aspect conceptuel et expérimental sont poussés à leur paroxysme lors de workshop d’environ deux mois effectuant des projets collectifs de la conception à la construction à échelle 1/1. Ainsi le BOIS, l’ACIER, le BÉTON, la PIERRE et la TERRE ont été étudiés et expérimentés pour leurs propriétés mécaniques, leurs caractéristiques structurelles, leurs qualités d’ambiances ou encore leurs types de mise en oeuvre.


L’EXPÉRIMENTATION

39


P

remier d’une année passionnante, ce workshop permis de se familiairiser davantage avec le matériau bois. Après des cours théoriques sur ses qualités et ses capacités nous avons passé plusieurs semaines à concevoir un pavillon avant de le construire à taille réelle durant une semaine puis de le déconstruire en une journée. Déligneuse, scie radiale, à panneau, circulaire, égoïne et visseuses ont fait partie de notre quotidien pour travailler au mieux ce matériaux et réaliser les portiques, poteaux, planchers, contreventements et cloisons de ce pavillon triangulé à trois pans de toiture.

workshop BOIS ANNÉE

: 2015, Master 1, premier semèstre ENSEIGNANTS : Rémy Mouterde

ÉQUIPE : 12

Étudiants ENSAG & ENSAL


GÉNÈSE

ESPACES COMMUNS CHAMBRES SALLE DE BAIN LIEU D’AISANCE


A

u cours de ce workshop trois matériaux ont été travaillés simultanément sur des chaines de montages différentes : la pierre massive pour le socle du pavillon, l’acier pour la structure principale en poteaux-poutres et le bois pour le remplissage des planchers. Ces trois matérialités différentes ont donné lieu à une composition architecturale tirant partie des qualités structurelles et esthétiques de chacun de ces matériaux. Il est intéressant de noter que l’emploi de l’acier donna lieu à un chantier organisé et précis avec des chaines de montages selon les matériaux, des surfaces de dégagemment nécessaires à la manutention des IPE, et des espaces pour tracer, découper, meuler et souder en toute sérenité.

workshop ACIER ANNÉE

: 2014, Master 1, premier semèstre

ENSEIGNANTS : Maxime Bonnevie, Sébastien Freitas ÉQUIPE : 50

Étudiants ENSAG & ENSAL


GÉNÈSE


C

’est en s’inspirant d’un projet réalisé par Peter Zumthor et de sa technique de mise en oeuvre particulière que ce projet est né. La chapelle du Frère Klaus est un édifice religieux réalisé pour un paysan en 2007 au beau milieu des champs de la campagne allemande. Au cours de cette semaine de workshop nous en avons réalisé une maquette au 1/10 coffrée et décoffrée de la même façon. L’art du béton c’est avant tout l’art du coffrage. Aussi le coffrage intérieur de la version originale a été réalisée avec des trons en pin massif de 12 mètres et le coffrage extérieur, par banchage classique monté par strates de 50cm dans lesquelles le béton était coulé toutes les 24h. Le décoffrage intérieur s’est effectué par combustion, donnant à l’intérieur de la chapelle cette texture cannelée et noircie.

workshop BÉTON ANNÉE

: 2015, Master 1, inter semèstre

ENSEIGNANTS : Cédric Avenier ÉQUIPE : 12

Étudiants



workshop

C

e workshop fut l’occasion de visiter la carrière de pierre de Vers-Pont-du-Gard où nous avons pu découvrir la ressource brute et son extraction. Plusieurs projets contemporains en pierre massive ont étégalement été visités comme le chai viticole de Solan réalisé par Gilles Perraudin. Pendant quelques jours et accompagnés par les compagnons de l’institut de la pierre de Rodez, broche, ciseaux, gravelets, boucharde et massette, sont devenu nos outils pour tailler la pierre tendre de Vers-Pontdu-Gard et réaliser arc en plein cintre, anse de panier et voûte quadripartite en pierres sèches.

workshop PIERRE ANNÉE

: 2015, Master 1, second semèstre

ENSEIGNANTS : Elisabeth Polzella, Richard Simonnet

ÉQUIPE :20

Étudiants & 6 Compagnons du devoir



R

egroupant des acteurs de la construction en terre crue, c’est durant le festival Grains d’Isère que s’est déroulé le dernier workshop. Nombre de techniques de constructions en terre crue : pisé, bauge, adobe, BTC, terre coulée, torchis et enduit ont été expérimentées et misent en oeuvre sur un pavillon construit en bois. En se formant auprès de professionnels comme Fabrice Teissier, Frédéric Moy, Sylvie Wheeler, Dario Angulo, François Streiff, Olivier Dargagnon, Alexandre Douline, Martin Pointet et Kinya Maruyama, nous avons été témoins deux semaines durant d’un lieu où les Terreux de tous horizons se sont activés pour creuser, charrier, fouler, tasser, brasser, piser, couler, modeler, assembler, empiler, façonner, tresser, talocher, lisser, caresser, expérimenter et s’engager dans l’architecture de terre.

workshop TERRE ANNÉE

: 2015, Master 1, second semèstre

ÉQUIPE : 20

Étudiants + Festival Grains d’Isère

ENSEIGNANTS : Jean-Marie Le Tiec, Hugo Gasnier



DISTILLER LA PENSÉE

l

’expérimentation m’apparait comme un moment où il est possible de penser par le corps, de penser dans le faire. De comprendre la matière, ses tensions, ses résistances, sa texture, l’énergie nécessaire à déployer pour sa mise en oeuvre. Dimension pratique et théorique ne font qu’un pour moi. Aussi c’est pour cela que l’écriture, nourrie par des lectures de théorie de l’architecture, de philosophie, des récits de voyages, la presse quotidienne ou de simples nouvelles, semble le moyen de spatialiser ma pensée et de la préciser davantage. Mes carnets de projets sont autant rempli de mots que de dessins. Une idée émerge et c’est par le dessin et les mots que j’arrive à la spatialiser, à me l’approprier et me la rendre familiaire pour pouvoir la transmettre aux autres et communiquer mes projets.

P

lusieurs projets d’écriture ont jalonnés mes cinq années d’études, des moments charnières qui m’ont permis de préciser le parcours architectural que je souhaite entreprendre, par l’écriture d’un article sur l’architecte autrichienne Anna Heringer, un rapport d’étude à la fin de la Licence, un mémoire en Master1 et une mention recherche suivi au cours du Master2.


ÉCRIRE

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rapport d’études

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble Bérengère Poulaillon Sous la direction de Mélanie Borga-Jacquier Année universitaire 2013-2014


E

n parallèle du dernier projet de licence, la troisième année à l’école d’architecture de Grenoble se clôture par un travail d’écriture visant à exprimer nos envies par rapport au choix de spécialisation en master et l’expression de nos aspirations quant à l’architecte que l’on souhaite devenir. Alors convaincue de la richesse que m’apportait les chantiers participatifs que j’effectuais en parralèle de l’école, et du nouveau regard qu’ils m’apportaient dans ma manière de faire du projet, j’ai souhaité focaliser ce mémoire sur la richesse de concevoir et construire simultanément. Attirée par les phases d’expérimentation, c’est aussi à ce moment là que j’ai formulé mon envie d’intégrer la pédagogie du master Architecture & Cultures Constructives. Un premier temps était consacré aux enjeux d’une pratique

architecturalement située en suggérant plusieurs approches du site : culturelle, physique et sensible. Puis dans un second temps, j’évoquais la dimension humaine en mentionnant les espaces habités et la place de l’usager dans les espaces publics, collectifs et privés. Le lien entre les usagers et l’architecte était déjà cité avec l’intérêt pour le partage, la participation et la mixité des acteurs. Enfin dans un troisième temps, je me suis intéressée à la dimension constructive comme élément fondateur de la conception architecturale en proposant un aperçu sur l’héritage de l’architecture vernaculaire, la soutenabilité en architecture et l’approche du matériau pour ses qualités constructives et sensibles. Le site, l’Homme et le matériau se révélaient alors pour moi comme les éléments fondateurs d’une pensée architecturale sensible.

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Eloge du Faire, ou la volonté de replacer le chantier et la dimension constructive qu’il représente au coeur du processus de conception architecturale

béRENGèRE pOULAILLON

ELOGE DU FAIRE,

ou la volonté de replacer le chantier et la dimension constructive qu’il représente au cœur du processus de conception architecturale

MASTER 1 - ARCHITECTURE ET CULTURES CONSTRUCTIVES ANNEE UNIVERSITAIRE 2014-2015 ECOLE NATIONALE SUpéRIEURE D’ARCHITECTURE DE GRENObLE


L

e mémoire que j’ai développé en master 1 souhaitait proposer une réflexion à l’égard de l’acte du Faire et de cette phase si importante pour moi qu’est le chantier. En proposant un éloge du Faire, j’avais la volonté de replacer le chantier et la dimension constructive qu’il représente au cœur du processus de conception architecturale. Il était question de s’intéresser à la production du cadre bâti à travers le chantier, en l’abordant non pas comme la dernière phase découlant d’un projet mais comme processus en soi, participant au développement d’une pensée architecturale. Pour cela j’avais axé mon mémoire sur plusieurs corpus. D’une part sur des pédagogies qui prônent l’expérimentation et le chantier dans un contexte réel comme le Rural Studio, le Design Built Bluff, le Studio 804 et BASE Habitat. Et d’autre part sur la pratique d’architectes dont la réflexion est ou était dictée par la dimension constructive comme Bijoy Jain, Fernand Pouillon, Gilles Perraudin

et Renzo Piano. Les réponses apportées par les différents éléments de corpus reflètent la posture d’étudiants et d’architectes soucieux de concevoir une architecture in-situ qui intègre au processus de production du cadre bâti des éléments tant conceptuels et expérimentaux que constructifs. Le chantier y est pensé comme un processus en soi qui participe à la création d’une pensée architecturale. Au delà d’une remise à jour de l’importance du Faire et de son impact, les projets rencontrés requestionnent le rôle de la profession d’architecte et la manière de faire du Projet en architecture. C’est en se nourissant des acteurs d’un territoire, de ses dynamiques, de ses ressources, de ses savoir-faire, qu’un projet situé émerge et que la notion de «Faire avec» prend corps. J’aime à penser qur l’adaptabilité en architecture est la transcription de l’esprit nomade de l’architecte et ce qui fait la qualité première de ce métier.

55


Projet de fin d'études Tome II CRETIN GUILLAUME - PETIT THOMAS - POULAILLON Bérengère

BIFURKATION,

Pour une poétique du détour, de la mémoire et de l'habiter

Mention recherche POULAILLON Bérengère

CONSTRUIRE ENSEMBLE, Vers une collaboration entre l'habitant, l'architecte et l'artisan dans la dimension constructive de l'édification du cadre bâti

Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble Architecture et Cultures Constructives - juin 2016


C

e travail de recherche personnelle a été effectué en liaison avec le Projet de Fin d’Études Bifurkation conçu collectivement. Par un entremêlement entre recherche théorique et analyse d’un corpus de projets, il était question de nourrir les projections prospectives effectuées collectivement avec mes deux camarades Thomas Petit et Guillaume Cretin et de tenter de mettre à l’épreuve au coeur de notre site d’étude, la ZAC Flaubert à Grenoble, certain résultats trouvés. Afin que Construire ensemble donne matière à réflexion, cette recherche porte une attention particulière à la collaboration entre l’habitant, l’architecte et l’artisan dans la dimension constructive de l’édification du cadre bâti. Pour cela il semblait nécessaire de comprendre le rôle, la responsabilité ainsi que l’implication de chacun de ces acteurs dans des projets qui souhaitent faire participer la maîtrise d’ouvrage à la phase constructive d’un projet.

Pour tenter de répondre aux questionnements soulevés, pour s’ancrer dans une réalité certaine ainsi que pour m’ouvrir davantage à la pratique du métier d’architecte, trois projets impliquant la maîtrise d’ouvrage en phase constructive ont été analysés à Genève, Strasbourg et Nantes. Des habitants, architectes, artisans et assistant à maîtrise d’ouvrage de ces projets ont également été rencontrés. Au sein de ce travail de recherche je souhaitais continuer une réflexion focalisant le propos sur la temporalité du chantier en supposant que, de cette phase, peuvent émerger des réflexions quant à la pensée de la discipline architecturale et des différents acteurs qui contribuent à la faire vivre. Il s’agit de se nourrir de ce que peut apporter la phase de construction pour la pensée d’un processus où habitants, architectes, et artisans mettent en avant et évoquent l’émergence d’une grammaire constructive commune pour / du faire ensemble.

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PRATIQUER LE CHANTIER

M

a curiosité à l’égard du monde de la construction est grande et le corps constructeur me fascine. Concevoir un projet d’architecture est une chose, mais le voir émerger matériellement est tout aussi important. Il ne me semble pas possible de concevoir sans imaginer dans le détail la phase de l’émergence constructive d’un projet. Aussi c’est pourquoi depuis de nombreuses années je participe dès que le temps me le permet à des chantiers. Que ce soit en aidant des familles à construire leur lieu de vie ou en se formant auprès de compagnons et d’artisans, c’est l’expérience de la matière qui me conduit à produire une architecture plus attentive aux matériaux employés, à sa mise en œuvre comme aux acteurs qui la constitue.

« Il n’y a pas de linéarité temporelle entre concevoir et construire. Construire devient aussi la condition de concevoir. Le chantier est le moment d’une expérience unique qui nourrit la conception. Le projet, qui est la forme ‘figée’ de la conception, ne la contient pas tout entière » Pierre Bernard


LE CHANTIER

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ans les paysages montagneux et verdoyants des HautesPyrénées, une famille d’un hameau reculé se consacre depuis plusieurs années à la reconstruction des différents corps bâtis qui le constitue. Après la maison de famille, c’est une ancienne bergerie qui est en réhabilitation. Les matériaux sont locaux et proviennent pour la plupart des alentours. Ainsi nous sommes partis faucher de la fougère dans les prés voisins pour tester une technique expérimentale de reprise en sous oeuvre. Une fois séchée, nous la mélangeons à une barbotine, remplissont un coffrage et tasson afin d’obtenir un mur qui se soutienne. Un enduit de terre du site y sera appliqué plus tard. Sur les parois du salon les enduits de finition en terre ont débuté tandis qu’à l’extérieur on s’active sous la chaleur estivale pour effectuer l’enduit de façade en chaux-sable.

Réhabilitation d’une ancienne bergerie : Août 2013 LIEU : Marsas / Hautes-Pyrénées (65) DURÉE : Deux semaines ANNÉE



R

egroupant plusieurs familles aux parcours bien différents, c’est avec joie que j’ai découvert et pu aider quelques jours durant un projet réalisé dans les plaines agricoles de Saône et Loire. Réunis autour de l’envie de créer ensemble un lieu où partager les ressources, c’est alors que boulanger, maraîcher, éleveur caprin et artistes se sont réunis pour construire ensemble un écohameau. Résultant d’une construction neuve en ossature bois et remplissage paille, les habitants ont participé à toutes les phases du projet depuis la conception et le choix de l’architecte jusqu’à la construction. La salle commune étant déjà bien avancée lors de mon arrivée c’est sur une dépendance accueillant le fournil et une habitation que j’ai aidé pour la charpente et l’isolation de toiture.

CONSTRUCTION D’UN ÉCO-HAMEAU : Octobre 2013 LIEU : Saône et Loire (71) DURÉE : Une semaine ANNÉE



R

éalisé non loin du Hameau des Buis initié par Pierre Rabhi, ce projet regroupe trois familles motivées par l’envie de se rapprocher de ce lieu pour permettre à leurs progéniture de participer à la pédagogie délivrée par la Ferme des enfants. Le système constructif choisi transcrit cette envie de partage et de transmission. Aussi c’est pour cela que la technique Flexagone de Tom Rijven a été mise en oeuvre. À l’image des alvéoles

d’une ruche, le bâti s’organise en hexagones connectés les uns aux autres. La pièces des enfants se retouve alors au centre de cette imbrication qui au delà d’un lien formel est aussi un lien structurel. En effet la méthode employée, en ossature bois et remplissage en paille est la CST, Cellule Sous Tension. Les bottes de paille, plus larges que l’ossature dans laquelle elles s’insèrent permet par la tension générée de renforcer la résistance du mur et de répartir les forces d’un module à l’autre. Les murs sont donc auto-contreventés et viennent accueillir trois couches d’enduits. La barbotine, mélange très liquide de terre et d’eau est pulvérisée directement sur la paille tandis qu’un enduit de corps qui joue un véritable rôle de régulation thermique permettant au mur de respirer est appliqué sur plusieurs centimètres. La finition s’effectue par un enduit terre fin et pouvant selon les pigments naturels choisis, la couleur de la terre du site ou les motifs effectués devenir une véritable toile pour l’expression de chacun.

construction d’un habitat groupé : Juin 2014 LIEU : Joyeuse / Ardèche (07) DURÉE : Deux semaines ANNÉE



C

’est auprès d’une association d’habitants passionnés par l’Histoire et la préservation du patrimoine de leur village que ce chantier de restauration s’est déroulé. Non loin des carrières de pierre de Villebois dans le Bugey, un château du XVIIIème siècle est en reconstruction depuis plus de 10 ans. Plusieurs weekends dans l’année, habitants, passionnés et compagnons tailleurs de pierre se retrouvent pour redresser les murs du donjon, travailler la pierre calcaire de Villebois et restaurer les ouvertures. L’une des tâches consistait à donner une nouvelle peau aux murs du château. Pour cela les joints abîmés sont piquetés, nettoyés et rejointés à l’aide d’un mortier de chaux et de sable ocre. Les tailleurs de pierre, passionnés par leur métier et la transmission de leur savoir-faire nous ont aussi formés à l’exercice de la taille.

RESTAURATION DU CHÂTEAU DE BOUIS : Avril / Septembre 2015 LIEU : Villebois / Ain (01) DURÉE : Plusieurs weekends

ANNÉE



N

on loin de Sisteron, une route escarpée s’enfonce dans les montagnes et le paysage des Alpesde-Haute-Provence. À proximité de Saint-Geniez une maison en ossature bois et remplissage en paille est en construction par deux jeunes architectes passionnés et la future habitante. Ce système constructif a été motivé par le choix de mise en oeuvre, en auto-construction, et la provenance locale des matériaux. En effet, la paille provient d’un fermier voisin tandis que la dalle du rez-de-chaussé en terre noire du site résulte du décaissement de la cave. La structure en bois est remplie en botte de paille et contreventée par l’extérieur grâce à un lattis de bois qui devient aussi support d’enduit. Un enduit à la chaux y sera privilégié tandis qu’à l’intérieur se seront des enduits terre qui viendront apporter davantage de chaleur à ce lieu propice à la contemplation du paysage environnant.

CONSTRUCTION D’UNE MAISON EN PAILLE

: Octobre 2015 LIEU : Saint-Geniez / Alpes-de-Haute-Povence (04) DURÉE : Un weekend ANNÉE



C

’est à l’occasion du stage ouvrier que j’ai passé deux semaines dans les contrées bretonnes en compagnie d’un artisan tailleur de pierre, Christophe Chini. J’ai pu m’adonner au dessin d’épures et expérimenter le savoirfaire de la taille de pierre manuelle ancestrale, apprise lors de son compagnonnage, et les techniques nouvelles de taille avec l’usage des outils à air comprimé. Des pierres extraites des carrières locales permettent de réaliser des pièces tant pour le patrimoine et la restauration de monuments historiques que pour l’habitat contemporain. Ainsi j’ai beaucoup appris au contact de la dureté et de la solidité du granit pour réaliser un mortier et aider pour la taille des éléments ( voussoir, chasse-roue, piedroit) d’une voûte de l’entrée d’un manoir breton. J’ai ainsi découvert l’art du tailleur de pierre qui est de donner vie à cette matière en révélant son grain, ses aspérités afin d’en conserver le caractère.

tailler de la pierre

: Juillet 2012 LIEU : Saint-Herbot / Finistère (29) DURÉE : Deux semaine ANNÉE



P

assionnée par l’architecture de terre, j’ai orienté mon stage de deuxième pratique, entre mes deux années de master, vers un spécialiste de cette technique de construction. C’est au contact de Frédéric Moy, architecte devenu artisan que j’ai durant deux mois pisé, tassé, brassé, projeté, malaxé, enduit et caressé le matériau terre. Que ce soit en transmettant les techniques de construction en terre aux plus jeunes par des ateliers pédagogiques autour du pisé, de l’adobe et du torchis, en effectuant des enduits de façades et des enduits de finition intérieur, en contruisant une voûte ou en réhabilitant une maison isèroise en pisé, j’ai appris davantage sur les caractéristiques mécaniques, sur la mise en oeuvre de ce matériau mais aussi sur l’ambiance générée sur les chantiers utilisant la terre. Une énergie particulière y règne, où se côtoient une poétique des savoir-faire et la sensibilité de ceux qui mettent les mains dans la terre.

EXPÉRIMENTER LA TERRE

: Juin / Juillet 2015 LIEU : Le Grand-Lemps / Isère (38) DURÉE : Deux mois ANNÉE



A

u coeur du parc national de Tara en Serbie, j’ai participé au workshop MEDS, le Meeting of Design Students, pour créer de petites architectures proposant d’observer, de faire une pause ou de vivre dans la nature grandiose de ce parc. Forest Clearing consistait en la réalisation d’un cabanon au bord du lac de Zaovine pour se reposer une fois la baignade terminée ou se retrouver entre amis lors des soirées d’été. Il résulte d’une réinterprétation des constructions traditionnelles du parc, dont les chalets au double pents de toiture viennent jusqu’au sol. La rythmique donnée à la façade permet un dégradé d’un espace ombragé où se trouve une large assise inclinée, à l’ouverture sur le lac plus aérée et propice à l’entrée du soleil.

CABANON AU BORD DE L’EAU

: Août 2015 LIEU : Parc national de Tara / Serbie DURÉE : Un mois ANNÉE



C

est lors de la rédaction de mon mémoire recherche en master2 et en cherchant des agences d’architecture qui font participer les habitants en phase constructive d’un projet que j’ai découvert un immeuble genevois réalisé par l’agence ATBA et le collectif CArPe. C’est avec grand plaisir que j’ai rejoint la troupe d’habitants, bénévoles et artisans afférés à la construction d’éléments du projet regroupant 38 familles. Une structure principale en béton de ciment est remplie de part et d’autre par un système constructif en bois paille. Sur la façade Nord, des caissons préfabriqués par les charpentiers sont remplis en paille par les habitants puis enduits en terre avant d’être grutés dans les étages, tandis qu’en façade Sud la paille est directement posée dans les caissons bois. L’énergie dégagée durant ce chantier où les habitants ont construit par euxmêmes et appris à se connaître différemment restera pour eux une belle aventure à se raconter sur les coursives du projets dans les années à venir.

UN HABITAT CO-CONÇU ET CO-CONSTRUIT : Juin 2016 LIEU : Genève / Suisse DURÉE : Une semaine ANNÉE



« va t’aérer l’esprit ! ça ira mieux après ! »

D

urant ces cinq années d’études, l’école d’architecture est un lieu dans lequel on passe beaucoup de temps. C’est un lieu où l’on apprend beaucoup sur soi, où l’on expérimente, crée, discute, partage, produit et passe de nombreuses heures. Mais pour être à même de me nourrir dans mes projets et parce que je ne suis pas qu’étudiante en école d’architecture, nombre d’éléments me ressourcent au quotidient. Qu’il s’agisse de longues heures à discuter avec mes collocataires, de débats enjoués une bière à la main, de tourner du grès quelques heures, de monter et descendre en courant à la Bastille, de monter un matin avant les cours se faire Chamechaude en ski de rando, d’après midi passées à escalader les parois ensoleillées de la Chartreuse, des lectures avant de s’endormir ou des sorties cinémas et tant d’autres choses encore. Parce qu’il est toujours difficiles d’arrêter son portfolio sur les réalisations scolaires, parce que chacun est tellement de personnes à la fois, toutes ces choses sont là parce qu’elles me constituent, m’aident à concevoir, construire, réajuster mes projets de demain.


INSPIRATIONS

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Ê

tre au contact de la terre a quelque chose d’apaisant. Qu’il s’agisse du maraîchage, de la construction en terre ou de la poterie j’aime son contact et sa mise en oeuvre. Par la poterie j’ai découvert un savoir-faire artisanal qui tente dans un dialogue permanent de relier la courbe intérieure avec celle extérieure, les mains avec la matière, la respiration avec le mouvement, le grès avec les émaux. J’aime penser que les contenants que je crée pourront devenir de micro-architectures du quotidien pour sublimer une portion de riz, une tisane ou une jolie plante et donner davantage de plaisir à les déguster.

LA POTERIE



V

enant de contrées montagneuses, la marche a toujours fait partie de mon appréhension du monde. Que ce soit en milieu rural ou urbain, au pied de chez moi ou à l’autre bout du monde, pour la flânerie ou lors d’un voyage d’études, randonner, déambuler, escalader, arpenter, explorer permettent de faire l’expérience du lieu. L’architecture existe car l’Homme en fait l’expérience. C’est à travers le parcours qu’il effectue dans l’architecture qu’il la révèle, par les usages qu’il fait de cet espace. La pratique de la marche, le voyage sont pour moi une dimension préalable à toute pensée architecturale. Il est nécessaire de faire l’expérience physique des lieux avant d’être à même d’en concevoir. Marcher pour être à même de penser comme l’expriment H.D. Thoreau. Donner un temps de délassement au corps afin que l’esprit donne matière à créer.

L’ARPENTAGE



Q

u’il s’agisse d’un livre, d’une exposition, d’une musique, d’un film, d’une conférence, d’un tableau, certaines pièces artistiques m’ont marqué au cours de ces cinq années. Il arrive parfois qu’une idée, un courant de pensé, le grain d’une photo, une colorimétrie vous émeuve plus que de raison. Ce dont je suis sûre c’est que ces pièces ont nourrit mes projets, ouvert des portes vers des mondes inconnus et surtout, renforcé davantage ma curiosité.

inspirations


CES LIVRES QUI M’ONT CONDUIT À LA PRATIQUE DU CHANTIER FATHY Hassan, Construire avec le peuple, Paris, Editions Sindbad, 1970.

FREY Pierre, Learning from vernacular / Pour une nouvelle architecture vernaculaire, Paris, Editions Actes Sud, 2010. RUDOFSKY

Bernard,

Architecture

architect, Editions Reprint, 1987.

without

Editions du Seuil, 1964.

SENNETT Richard, Ce que sait la main. La culture

de l’artisanat, traduit de l’américain par PierreEmmanuel Dauzat, Paris, Albin Michel, 2010.

SOULIER Nicolas, Reconquérir les rues : Exemples à travers le monde et pistes d’actions, Paris, Editions Ulmer, 2012.

TANIZAKI Junichiro, Eloge de l’ombre, Paris, Editions POF, 2001.

ceux qui me donnent envie de CES LIVRES QUI NOURISSENT MON parcourir le monde IMAGINAIRE BOUVIER Nicolas, L’usage du monde, Paris,

BOUCHAIN Patrick, Histoire de construire, Paris,

Editions Payot, 1963.

CARERI Francesco, Walkscapes : La marche

Editions Actes Sud, 2010.

Editions Actes Sud, 2012. comme

pratique

esthétique,

Jacqueline Chambon, 2013. CONTAL

Marie-Hélène,

Paris,

Editions

Ré-enchanter

le

monde: L’architecture et la ville face aux grandes transitions, Paris, Editions Gallimard, 2014.

RABHI Pierre, Vers la sobriété heureuse, Paris TESSON Sylvain, Géographie de l’instant, Paris, Editions des Équateurs, 2012.

THOREAU Henry David, De la marche, Paris, Editions Mille et une nuits, 2003, texte de 1862.

DE CERTEAU Michel, L’invention du quotidien,

CES conférences que j’ai appréciÉ

Tome1 arts de faire, paris, Éditions Gallimard, 1990. FOCILLON Henri, Eloge de la main, Paris, Presses Universitaires de France, 1943. 7e édition, 1981.

FRIEDMAN Yona, L’architecture de survie, Paris, Editions de l’éclat, 2003, (1ère édition, 1978).

GEHL Jan, Pour des villes à échelle humaine, Editions Ecosociété, Montréal, 2012.

MAGNAGHI Alberto, Le projet Local, Bruxelles,

HERINGER Anna et RAUCH Martin, Conférence

donnée dans le cadre du Festival grain d’Isère, aux GAIA, mai 2013.

SMITH Rusty, Rural Studio : Les cinq domaines de la soutenabilité, Conférence donnée à l’ENSASE, 27 octobre 2011.

CES expositions qui m’ont marqué

Editions Mardaga, 2003, (1ère édition, Turin, 2000).

PALLASMAA Juhani, Le regard des sens, Paris, Editions du Lintheau, 2010.

MATIÈRE

GRISE,

Matériau,

Réemploi,

Editions Actes Sud, 2009.

Pavillon de l’Arsenal, Paris, 26.09.14 / 25.01.15.

Editions Galilée, 1974.

Transitions, CONTAL M.H., Cité de l’Architecture

PALLASMAA Juhani, La main qui pense, Paris,

Architecture,

PEREC Georges, Espèces d’espaces, Paris,

RÉENCHANTER LE MONDE, Architecture, Ville

POUILLON Fernand, Les pierres sauvages, Paris,

et du Patrimoine, Paris, 21.05.14 / 06.10.14.

Encore

heureux

architectes,



bérengèrepoulaillon 28, rue Irvoy 38000 GRENOBLE France +33 6 37 77 87 89 b.poulaillon@hotmail.fr


ARCHITECTE DiPLôMÉE D’ÉTAT 2016


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