LES PH OTO G R APH ES À SAI NT- O M E R D E 1839 À 1914
Catalogue de l’exposition présentée à la Bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer du 16 septembre au 10 décembre 2016 Commissariat : Matthieu Becuwe, responsable du pôle archives de la Bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer Directeur de la publication : François Decoster, Président de la Communauté d’agglomération de Saint-Omer Coordination : Françoise Ducroquet, directrice de la BASO Textes, notices, choix des illustrations : Laurence Bacart (BASO), Julie Ballanfat (BASO), Matthieu Becuwe (BASO) Relecture et corrections : Mélissa Minet (BASO), Laura Schrive Conception graphique : Jérémy Lemaire, service Communication de la CASO Crédits photographiques : BASO (p. 5-17, 19, 21-38, 40-45, 47-57), Bibliothèque municipale de Lille (p. 17), Collection particulière (p. 5, 49, 52), Collège Saint-Bertin à Saint-Omer (p. 14, 17, 37), Comité d’Histoire du Haut-Pays (p. 9, 47), Daguerreobase (p. 4), Pierre Descelers (p. 15), Georges Lejosne (p. 50), Musées de Saint-Omer (p. 13), Carl Peterolff (p. 14-15, 17, 37), Photothèque Augustin Boutique-Grard de Douai (p. 16, 20, 39), Société Académique des Antiquaires de la Morinie (p. 30), Wikimedia Commons (p. 4). Impression : L’Artésienne Remerciements : Annie Boitel, Monsieur et Madame Michel Courtecuisse, Madame Debavelaere, Monsieur et Madame Pierre Descelers, Wael El Khader (Bibliothèque municipale de Lille), Dominique Fillière (Saint-Omer, Collège Saint-Bertin), Véronique Goblet (Bibliothèque municipale d’Aire-sur-la-Lys), Lucie Goujard (Université de Grenoble-Alpes), Richard Gracia, Sophie Léger (Comité d’Histoire du Haut-Pays), Georges Lejosne, Thérèse Lucas (Saint-Omer, Archives contemporaines), Marie-Lys Marguerite et l’équipe des Musées de Saint-Omer, Rose-Marie Pasquier (Société Académique des Antiquaires de la Morinie), Carl Peterolff, Eric Poteau, Isabelle Turpin (Douai, Photothèque Augustin Boutique-Grard), Laurent Vandromme et l’équipe du Centre de la mémoire urbaine d’agglomération - Archives de Dunkerque, Monsieur et Madame Gérard Vercaemer, et toutes les personnes qui nous ont aidés dans la réalisation de cette exposition. ISBN : 978-2-9553126-4-3 Photographie de la couverture : Les membres de la Société photographique de Saint-Omer en excursion à Clairmarais en 1896. Négatif sur plaque de verre. Douai, Photothèque Augustin Boutique-Grard.
Collections photographiques du Nord de la France
Une nouvelle découverte patrimoniale
La présentation inédite d’une collection photographique constitue toujours en France un événement à la fois singulier et particulièrement réjouissant.
Le patrimoine photographique – très complexe à sauvegarder, mal documenté, dispersé entre les institutions patrimoniales – reste en effet pour beaucoup soumis à l’errance. Et la conservation, l’étude et la valorisation des fonds photographiques résultent donc encore le plus souvent d’initiatives individuelles prises au sein même des institutions qui les conservent. Il faut véritablement attendre cette appropriation personnelle pour que ressurgissent tout à coup quelques corpus essentiels à l’histoire de la photographie. Sur ce sujet, le Nord-Pas-de-Calais a donc en quelque sorte connu une situation exceptionnelle. Après une série de préinventaires des collections menés par la DRAC (l’Etat) à la fois dans les archives, les bibliothèques et les musées, il a été le lieu d’une ambitieuse exposition-inventaire, 160 ans de photographie, sur l’initiative de l’Association des conservateurs des musées en Nord-Pas-de-Calais dès 2001. Depuis, les quelques expositions qui se sont tenues localement résultaient quant à elles à davantage d’affinités cultivées en interne.
Il faut donc louer ici la Bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer de s’être à son tour magnifiquement emparée du sujet pour la ville et son agglomération et avec, sans surprise, son lot de passionnantes (re)découvertes. L’exposition Les photographes à Saint-Omer de 1839 à 1914 – premier aperçu des fonds – apparaît en effet comme une étape essentielle de la connaissance de la photographie en région. Elle s’attache à remettre en perspective des séries suivant une méthodologie de longue et méticuleuse reconstitution, définie par les chercheurs en histoire de la photographie. Elle s’inscrit également dans le cadre d’un inventaire exhaustif et d’une étude approfondie des fonds dans le souci de les rendre accessibles au public et suscitera ainsi à n’en pas douter, tel est son souhait en tout cas, de nouvelles recherches et projets de valorisation.
Lucie GOUJARD Chercheur associée à l’université de Lille 3 et Maître de conférences en histoire de l’art contemporain / histoire de la photographie Université Grenoble-Alpes
Les débuts de la photographie (1839-1840)
C’est au cours du XIXe siècle, en pleine révolution industrielle et effervescence scientifique que la photographie est mise au point. Résultant de nombreuses observations et expérimentations effectuées depuis plusieurs siècles, un premier procédé, l’héliographie*, voit le jour vers 1825 grâce aux travaux de l’ingénieur français Nicéphore Niépce. Cette technique, trop peu performante pour trouver des applications, est alors améliorée par l’artiste peintre Louis-Jacques Mandé Daguerre. Il invente ainsi le daguerréotype* en 1837. Ce procédé repose sur l’emploi d’une plaque de cuivre recouverte d’une fine couche d’argent, soumise aux vapeurs d’iode afin de la rendre sensible à la lumière. Après une exposition d’environ trente minutes dans une chambre noire*, l’image est révélée au moyen des vapeurs de mercure et fixée aux sels marins pour ne plus subir les effets de la lumière. « Niépce lisant à Daguerre, après leur association, la description de son procédé pour la fixation des images de la chambre obscure », dans Les Merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes, par Louis Figuier, 1867, fig. 10. Daguerreobase. Collection Herman Maes, Belgique.
Une chambre daguerrienne « Le Daguerréotype », Susse Frères à Paris, 1839. Daguerreobase. Museum of Photography, WestLicht, Vienne.
Donnant des images uniques d’une grande précision, cette méthode photographique est donc suffisamment élaborée et fiable pour être commercialisée. Afin de convaincre le gouvernement du roi Louis-Philippe (1830-1848) de l’intérêt de cette invention, Louis Daguerre fait une démonstration de son procédé devant François Arago, scientifique et homme politique.
Ce dernier, membre de l’Académie des sciences de Paris, s’empresse alors de faire une déclaration sur le daguerréotype à l’Institut de France le 7 janvier 1839 et y sollicite la France pour qu’elle « dote noblement le monde entier d’une découverte qui peut tant contribuer aux progrès des Arts et des Sciences ». Cette annonce est alors relayée par la presse, notamment par le journal audomarois Le Mémorial Artésien du 17 janvier 1839. Quelques jours plus tard, le 25 janvier 1839, c’est au tour du Britannique William Henry Fox Talbot de présenter son procédé, le calotype*, à la Royal Institution à Londres. Plusieurs mois après ces communications, le gouvernement français acquiert, en juin 1839, le brevet du daguerréotype pour en faire don à l’humanité. L’année 1839 consacre ainsi l’invention de la photographie. À équidistance de Paris et de Londres, le Nord-Pas-de-Calais est un espace propice au développement de la photographie. Ainsi, parmi les élèves de Daguerre qui Le Panthéon à Paris. Daguerréotype d’Alphonse-Louis Poitevin, voyagent en France et à l’étranger pour faire 1842. Wikimedia Commons. The J. Paul Getty Museum, Los Angeles. découvrir son procédé, deux d’entre eux arrivent à Saint-Omer le 23 octobre 1839. Le Mémorial Artésien rapporte alors que, pendant quatre jours, ils présentent chez monsieur Ferru, demeurant rue Royale (actuelle rue Carnot), plusieurs vues obtenues grâce au daguerréotype (six vues de Paris, une vue du Havre, une vue des ruines de l’abbaye de SaintBertin) et un tableau contenant des essais du calotype. Outre l’accès à cette exposition pour 1 franc, ils proposent également des entrées à 2 francs afin d’assister à des démonstrations. La première a lieu le jeudi 24 octobre 1839, devant une douzaine de personnes : un daguerréotype des ruines de l’abbaye de Saint-Bertin, obtenu après trois-quarts d’heure d’exposition, et un du tout nouvel hôtel de ville en sont le résultat. Très rapidement, le daguerréotype devient un produit estimé. À Saint-Omer, il est notamment un lot de choix lors de tournois ou loteries, et quelques commerçants en font une activité complémentaire.
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Les premiers daguerréotypistes audomarois
Au début des années 1840, le daguerréotype se diffuse rapidement et devient le premier procédé photographique employé en France, en Europe et aux Etats-Unis. Pouvant avoir des applications diverses (paysages, voyages, évènements…), son domaine de prédilection est toutefois le portrait. En effet, les nombreuses améliorations apportées à ce procédé permettent notamment de baisser considérablement le temps de pose : celui-ci passe d’une quinzaine de minutes par temps clair en 1839 à environ dix secondes à partir de 1841. L’usage du daguerréotype se fait donc plus large et ainsi débute l’ère commerciale du portrait photographique, venant rivaliser avec le portrait peint. Pour le faire réaliser, deux solutions se présentent : soit profiter du passage d’un photographe ambulant, soit se rendre dans l’un des ateliers qui s’ouvrent dans les grandes villes à partir de 1842. À Saint-Omer, c’est Auguste Verneuil qui est le pionnier de la photographie : il exécute des portraits au sein de son magasin d’horlogerie, au n°26 de la rue des Arts, dès 1842.
Publicité du photographe Auguste Verneuil, n°26 place Royale, à SaintOmer. Extraite du Mémorial Artésien du 21 août 1842. Saint-Omer, BASO, 1PER13.
Après lui, quatre autres Audomarois s’adonnent également à la pratique daguerrienne : Adolphe Péron et Henri Péron à partir de 1843 ainsi que Lambert Raux et Casimir Duquenoy dans les années 1850. Certains de leurs clichés font d’ailleurs l’objet d’articles au sein du Mémorial Artésien, parmi lesquels le portrait mortuaire de Sœur Bertine par Adolphe Péron en 1850. Comme la plupart des autres daguerréotypistes, tous sont d’une formation étrangère à la photographie et conservent la plupart du temps leur ancien métier : Auguste Verneuil est à l’origine horloger, Adolphe Péron, armurier, Henri Péron, arquebusier, Lambert Raux, coutelier, et Casimir Duquenoy, artiste-peintre. Ils exercent alors le plus souvent leur activité de daguerréotypiste dans un espace spécialement aménagé. Henri Péron a son atelier au rezde-chaussée de son commerce, au n°20 de la Petite-place (actuelle place Victor-Hugo) en 1843, et Lambert Raux officie au premier étage de sa boutique de coutellerie, au n°3 de la Petite-place, en 1854. Quant à Adolphe Péron, œuvrant rue des Cuisiniers (actuelle rue Louis-Martel), il fait construire une terrasse spécialement pour l’exécution des portraits, à laquelle recourt Auguste Verneuil, devenu photographe ambulant à partir de 1843.
Publicité des daguerréotypistes audomarois, Henri et Adolphe Péron. Extraite du Mémorial Artésien du 26 août 1843. Saint-Omer, BASO, 1PER14.
Au sein de ces ateliers, le client audomarois débourse environ 10 francs en 1842, 6 francs en 1843 et 4 francs en 1853, afin d’obtenir son cliché. À titre de comparaison, au même moment, dans l’industrie, un ouvrier gagne en moyenne 2,50 francs pour une journée de travail. Le daguerréotype est donc réservé au départ à la bourgeoisie. Ces portraits, exclusivement monochromes (noir et blanc) dans un premier temps, vont faire l’objet peu à peu de retouches, notamment avec la colorisation. À Saint-Omer, il semble que c’est un photographe parisien de passage qui introduit ce procédé en mars 1843 : monsieur Baron propose ainsi des « portraits au daguerréotype en noir et en couleur ». Cette technique est reprise dès septembre 1843, par Adolphe Péron : ses portraits colorisés ressemblent alors à de « charmantes miniatures » selon Le Mémorial Artésien du 8 septembre 1849. Portrait d’un homme. Cliché du photographe audomarois Romuald Belle d’après un daguerréotype. Collection particulière.
En à peine dix ans, le daguerréotype atteint son apogée. Mais, dès les années 1850, il se voit concurrencer par des procédés pouvant être moins coûteux, plus rapides ou reproductibles : le ferrotype*, la photographie à l’albumine* et l’ambrotype*. Ce dernier, inventé en 1854, est un négatif* sur plaque de verre, dont l’image apparaît en positif* lorsqu’il est sur un fond noir. Il permet dès lors d’obtenir des images en seulement deux à quatre secondes d’exposition.
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Le succès de la photo-carte de visite
En 1851, l’invention du collodion humide* par l’Anglais Frederick Scott Archer est un pas décisif pour la photographie. Autorisant l’obtention rapide d’images, la plaque négative au collodion permet de diminuer les coûts de production en multipliant les tirages* à partir d’une seule prise de vue. Ce procédé donne alors naissance à deux grandes techniques photographiques : le négatif*, sur verre ou sur papier, et la ferrotypie*. Cette dernière technique est pratiquée essentiellement par les photographes ambulants. Parcourant les villes et surtout les campagnes, ils proposent à la population d’accéder à leur portrait pour des sommes modiques, grâce au ferrotype. Pour obtenir ce cliché sur feuille métallique, la mise en œuvre est très rapide et le tirage quasi instantané. Ces ferrotypes sont ensuite insérés dans un support carton, destinés à rejoindre les albums de famille. Quant à la technique du négatif sur verre, elle va permettre l’essor de la photo-carte*. À partir de 1851, le photographe marseillais Louis Dodéro commence à réaliser des portraits photographiques, collés sur des bristols, accompagnés des noms et fonctions des personnes. Et au même moment, le photographe parisien Eugène Disdéri a l’idée de mettre plusieurs objectifs devant son appareil pour séparer sa plaque négative en autant d’images que d’objectifs.
Portrait de Victor Lecointe (1874-1918), tailleur d’habits à Saint-Omer. Ferrotype, début XXe s. Saint-Omer, BASO.
Le 27 novembre 1854, il dépose le brevet de la photo-carte et en fait ainsi une activité de série. Pour ce format, les photographies positives sont tirées sur un papier ultra-mince et collées sur un carton (63 x 105 mm). Le principal papier alors utilisé est le papier albuminé*. Ce procédé de tirage, développé de manière industrielle par le Lillois Louis-Désiré Blanquart-Evrard, sera employé par tous les photographes jusqu’au début du XXe siècle. À la fin des années 1850, la photo-carte devient un phénomène de société grâce à la diminution des coûts : son prix est de 20 francs pour une série de douze images contre 25 à 125 francs pour un seul portrait selon sa taille. On assiste alors à une explosion des ateliers photographiques à Paris et en province. En France, entre 1864 et 1866, 400 millions de photoscartes sont produites par an.
Portrait en pied de Victoria (18191901), reine d’Angleterre. Photographie Valette à Paris, format carte de visite. Saint-Omer, BASO.
À l’origine, elles servent à promouvoir les célébrités et deviennent par conséquent, à partir des années 1860, un outil de propagande pour les personnalités politiques et artistiques (la reine Victoria, l’empereur Napoléon III…). Toutefois, dès 1865, les classes sociales moins aisées se les approprient car elles permettent une distribution facile à la famille ou aux amis. Ces photos-cartes sont alors le plus souvent insérées dans des albums qui regroupent tous les membres d’une famille, y compris les gouvernantes et les domestiques. Celles-ci présentent un certain nombre de codes : postures austères, décors luxueux, portraits en pied puis en buste à partir de 1880. Ces clichés sont à la fois l’image d’un individu mais aussi un reflet de sa position sociale. Ils constituent donc une incroyable encyclopédie visuelle de la société française de la seconde moitié du XIXe siècle. Au fur et à mesure, le support cartonné devient plus épais et le verso des cartes se transforme en une véritable publicité pour les ateliers photographiques, avec des décors enluminés et des renseignements exhaustifs (coordonnées, techniques utilisées, prix et médailles obtenus…).
Avec l’apparition des plaques sèches au gélatino-bromure*, la rapidité de fabrication augmente considérablement et le temps de pose est réduit, d’où l’apparition des très jeunes enfants dans les portraits. Vers 1900, la photo-carte périclite, puis, est complétement abandonnée en 1920. L’arrivée des automates à pièces sur les boulevards et dans les foires, dès 1892, est l’une des causes de ce déclin.
Portrait d’un bébé, assis sur un tabouret de forme curule. Cliché Edmond Surelle, photographe à Saint-Omer, début XXe s. Saint-Omer, BASO.
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Les photographes professionnels entre 1850 et 1880
À Saint-Omer, comme dans l’ensemble du Nord-Pas-de-Calais, l’essor des ateliers photographiques commence surtout à partir des années 1860. Ainsi, dans la cité audomaroise, si l’on compte deux ateliers dans les années 1840, deux studios supplémentaires s’installent dans les années 1850 et cinq autres voient le jour dans les années 1860. Ce développement régional est alors lié à plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’extension des villes et la concurrence accrue entre photographes professionnels conduisent à une expansion géographique des studios. Ensuite, les innovations techniques offrent des coûts de production moindres. En effet, désormais, les appareils de prise de vues sont plus performants, l’emploi du papier albuminé* s’intensifie et l’usage du collodion* réduit le temps de pose. La seconde moitié du XIXe siècle est donc l’âge d’or de la photographie. Saint-Omer, le bas de la rue de Saint-Bertin. Cliché Charles Becquereau, fin XIXe s. Saint-Omer, BASO, fonds Allan-Brogniart, 6Z8.
De ce fait, à Saint-Omer, comme ailleurs, la photographie devient un métier à part entière à partir de la décennie 1860. La profession de photographe peut alors correspondre à une reconversion. Ainsi, l’Audomarois Arthur Geoffray, vendeur de machines à coudre, se rend à Paris pour travailler sous la direction de plusieurs photographes avant d’ouvrir son atelier à Saint-Omer en 1864. Pour d’autres, la photographie est plutôt une extension de leur activité de peintre. Dans la cité audomaroise, c’est notamment le cas de Casimir Duquenoy, artiste-peintre et professeur de dessin, qui pratique également la photographie à partir de 1857.
Publicité du peintre-photographe Casimir Duquenoy, n°3 enclos Saint-Bertin à SaintOmer. Extraite de l’Almanach de Saint-Omer et de son arrondissement pour 1884, publié par Le Mémorial Artésien. Saint-Omer, BASO, inv. 18420.
Peu à peu, certains noms de photographes prennent de l’importance. Leurs ateliers deviennent dès lors de véritables « maisons », Portrait d’une jeune femme. Photo-carte Charles Becquereau, successeur de Romuald Belle, février 1880. Saint-Omer, BASO. signe de qualité de réalisation et de professionnalisme. C’est par les descendants ou les associés que ces commerces et leur savoir-faire peuvent perdurer. À Saint-Omer, l’un des studios majeurs de ces années 1860-1870 est la Maison Belle. Installé rue des Six-Fontaines (actuelle rue de Valbelle), Romuald Belle s’assure la collaboration du photographe Charles Becquereau en 1875 afin de « conserver sa maison à la hauteur de sa réputation ». Au décès de Romuald Belle en 1877, Charles Becquereau perpétue l’affaire et annonce dans la presse qu’il aura la même exigence de qualité que son prédécesseur. Outre leur atelier principal, certains photographes implantent une ou des succursales. Parmi les photographes audomarois, Célestin Houppe, qui possède un atelier au n°11 de la place de l’Arsenal, à Saint-Omer, depuis 1868, décide d’ouvrir une succursale à Aire-sur-la-Lys en 1879. Bien que les ateliers se multiplient, les photographes ambulants continuent cependant à proposer leurs services de ville en ville, lors de foires ou lors d’une étape chez un commerçant. Le Mémorial Artésien annonce ainsi la venue de plusieurs d’entre eux à Saint-Omer, notamment celles de monsieur Dulluard-Herbaux en 1860, de monsieur Hausser en 1861 ou de monsieur Sératsky lors de la foire de 1863.
Publicité du photographe ambulant Sératsky. Extraite du Mémorial Artésien du 25 février 1863. Saint-Omer, BASO, 1PER32.
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Les photographes professionnels à Saint-Omer de 1840 à 1880 ADRESSE
DATE DE DEBUT D’ACTIVITE
DATE DE FIN D’ACTIVITE
26, rue des Arts, puis, rue des Cuisiniers (actuelle rue Louis-Martel) (chez Adolphe Péron).
1842
Revient en tant que photographe ambulant en 1853.
Rue des Cuisiniers (actuelle rue Louis-Martel).
1843
1874
Petite-place (actuelle place Victor-Hugo).
1843
1884
3, Petite-place (actuelle place Victor-Hugo).
ca. 1850
1860
18, rue des Six-Fontaines (actuelle rue de Valbelle), puis, 42, rue de Valbelle.
ca. 1856
1877
Nombreuses adresses à Saint-Omer.
ca. 1857
ca. 1874
DUPRAY
années 1860
années 1860
PERSON
années 1860
années 1860
19, Marché aux poissons (actuelle place Pierre-Bonhomme)
1864
1870
Nombreuses adresses à Saint-Omer.
ca. 1866
ca. 1891
11, place de l’Arsenal, puis, 77, rue de Dunkerque.
1868
1891
11, place de l’Arsenal
années 1870
années 1870
Rue de l’Ecusserie
ca. 1871
1874
20, rue Allent
ca. 1872
ca. 1872
COURTIN
19, Marché aux poissons (actuelle place Pierre-Bonhomme)
1873
ca. 1874
Charles BECQUEREAU
42, rue de Valbelle, puis,
(1849-1899)
101, rue Carnot.
1875
1899-1901 : Veuve Becquereau
NOM
Auguste VERNEUIL (1812-1904)
Adolphe PERON (1805-1880)
Henri PERON (1803-1884)
Lambert RAUX (1796-1876)
Romuald BELLE (1815-1877)
Henri Casimir DUQUENOY (1822-1895)
Arthur GEOFFRAY, dit GEOFFROY (1840-1870)
Pierre PEPEZ (1822-1896)
Célestin HOUPPE (1844-1894)
Charles LANDOUZY (1854-….) Frédéric LANDOUZY
INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES
1843
Associé à Charles Becquereau à partir de 1875, puis, reprise de l’atelier par ce dernier en 1877.
Au service de l’atelier de Célestin Houppe.
(1860-….)
Joseph DELATTRE (1842-1874)
Eloi DUPONT (ca. 1842-….)
8 Photos-cartes de photographes audomarois. Saint-Omer, BASO.
1899
Succède à Arthur Geoffray.
Associé à Romuald Belle de 1875 à 1877. Maison reprise par Robert Carpot en 1901.
Les photographes professionnels entre 1880 et 1914 : naissance de la photographie instantanée
Au cours des années 1880, d’immenses changements dans les techniques photographiques et dans le matériel s’opèrent. Ainsi, c’est la fin du collodion, détrôné après près d’un demi-siècle d’activité par le gélatino-bromure d’argent*. Découvert en 1871 par l’Anglais Richard Leach Maddox, ce procédé présente de nombreux avantages : il peut être préparé à l’avance, de manière industrielle, et facilite la réalisation d’images instantanées. Au même moment, les appareils de prise de vues se perfectionnent également : leur taille diminue, ce qui permet aux photographes de se passer de trépied, l’obturateur* se généralise et de nouveaux objectifs sont créés. L’entreprise Eastman Dry Plate Company (fondatrice de la marque Kodak), qui a pour slogan « Pressez le bouton, nous faisons le reste », participe à ces changements dès les années 1880. Elle se charge des opérations en amont (fabrication des appareils et préparation des négatifs) comme en aval (développement et tirage), ce qui réduit l’acte photographique à la seule prise de vue.
Publicité de la Maison Raillon à Saint-Omer. Extraite de l’Annuaire de Saint-Omer et de son arrondissement pour 1910, publié par Le Mémorial Artésien. Saint-Omer, BASO, inv. 41835.
La photographie commerciale se maintient toujours à un niveau d’activité élevé. À Saint-Omer, entre 1880 et 1914, neuf ateliers s’y établissent, comme celui d’Auguste Gautron dans les années 1890 ou encore la Maison Raillon en 1900. Ils se concentrent alors essentiellement sur le portrait, sous ses différents formats : la carte visite, la carte album ou encore le grand portrait. Ces clichés sont ainsi réalisés au sein des studios, possédant encore des baies vitrées, qui s’équipent désormais d’un éclairage électrique.
La rue de Valbelle à Saint-Omer. Atelier d’Edmond Surelle, photographe, première maison sur la droite. Carte postale, vers 1908. Saint-Omer, BASO, collection Richard Gracia.
À Saint-Omer, Edmond Raillon annonce l’installation de la lumière « artificielle » en août 1900 : il peut alors exécuter des prises de vue jusqu’à neuf heures du soir ! À l’issue de la séance de pose, le photographe peut remettre un tirage sur papier dit « inaltérable » qui, à la différence du papier albuminé, ne jaunit pas et ne s’efface pas avec le temps. Parmi les procédés « inaltérables », celui au charbon*, breveté en 1855 et employé jusque dans les années 1920, permet d’obtenir une importante profondeur de noirs et une richesse des demi-teintes. À Saint-Omer, cette technique est notamment utilisée par la Maison Raillon et Edmond Surelle au début du XXe siècle.
Afin d’encourager les clients dans leur choix, les ateliers proposent des primes ou des réductions lors de certains évènements (fêtes religieuses ou locales, communions…). La possibilité de se rendre à domicile est également un argument publicitaire. Dans un numéro du Mémorial artésien d’avril 1901, le photographe audomarois Florian Bocher « a l’honneur de prévenir les habitants de la campagne » qu’il peut effectuer des commandes chez eux grâce à son automobile. En outre, ceux-ci promeuvent leur travail grâce à des expositions au sein de leurs vitrines. À Saint-Omer, en mars 1900, Edmond Surelle présente un ensemble de photographies des chars et groupes ayant participé à la fête de la Mi-Carême de la commune.
Vitrine du photographe Louis Baurain, n°92 rue de Calais à Saint-Omer. Collection Comité d’Histoire du Haut-Pays.
Au début du XXe siècle, le nombre d’ateliers photographiques baisse, petit à petit, partout en France. L’enthousiasme pour les collections de portraits s’essouffle et surtout, on assiste à l’essor des photographes amateurs qui réalisent eux-mêmes les portraits de famille avec leur propre matériel, délaissant ainsi les studios. Les photographes professionnels leur proposent d’ailleurs divers services. À Saint-Omer, en 1902, Florian Bocher vend du matériel d’occasion, tandis qu’en 1903, Henri Carpot met ses laboratoires à disposition des amateurs. La Première Guerre mondiale est également un tournant pour la photographie : alors que les ateliers se mettent en veille durant cette période, elle est au cœur de l’activité de renseignements et de propagande.
Portrait de Jeanne Boëgner, épouse Vandamme. Cliché Florian Bocher, photographe à Saint-Omer, fin XIXe s. Saint-Omer, BASO.
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Les photographes professionnels à Saint-Omer de 1880 à 1914
NOM
ADRESSE
Edmond SURELLE
42, rue Guillaume-Cliton, puis,
(1864-1937)
Florian BOCHER (1853-1939)
DATE DE DEBUT D’ACTIVITE
DATE DE FIN D’ACTIVITE
INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES
ca. 1891
ca. 1928
S’installe dans l’ancienne Maison Becquereau, au 42 de la rue de Valbelle, en 1901.
1891
1904
ca. 1896
ca. 1901
1897
….
42, rue de Valbelle.
113, rue de Dunkerque
Auguste GAUTRON
62, rue de la
(1850-….)
Poissonnerie
BERU
101, rue Carnot
Atelier géré par Augustin Elshoud de 1906 à 1911.
Albin RAILLON (1866-….) et
77, rue Saint-Bertin puis
Edmond RAILLON
85, rue Carnot
1900
1914
(1876-….)
Robert CARPOT (1874-1957)
Monsieur CHRISTOPHE, dit Ferdinand EMMANUEL
Julien PERCHERON (1868-….)
Augustin ELSHOUD (1865-….)
Opérateur chez Charles Becquereau.
Associé à monsieur Schmid-Dumas de 1911 à 1913. Maison gérée de 1913 à 1914 par Max Maïer.
101, rue Carnot
1901
1905
Atelier repris par monsieur Christophe, dit Ferdinand Emmanuel, en 1905.
101, rue Carnot
1905
….
Succède à Robert Carpot.
22, place Suger
ca. 1906
ca. 1906
82, rue Carnot
1906
1911
1908
1912
1909
1916
1911
1913
1911
1926
1913
1914
Gère la Maison Raillon.
Rue de Flandre (actuelle rue Marcel-Delaplace), puis, Louis FAVIERE (1878-1968)
49, rue du Pavé (actuelle rue Adrien-Danvers), à Arques. 27, rue de l’Ecusserie, à Saint-Omer.
Victor VANBESELAERE
8, place Suger, puis,
(1879-1916)
101, rue de Calais.
SCHMID-DUMAS
85, rue Carnot
Louis BEAURAIN (BAURAIN) (1883-1962)
Max MAÏER (1884-1964)
92, rue de Calais, puis, 92 bis, rue de Calais.
85, rue Carnot
Photos-cartes de photographes audomarois. Saint-Omer, BASO.
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Succède à Augustin Elshoud à la tête de la Maison Raillon.
Gère la Maison Raillon.
Photos-cartes de photographes audomarois. Saint-Omer, BASO. 11
Photos-cartes de photographes audomarois. Saint-Omer, BASO. 12
Une campagne photographique : le démantèlement des fortifications de Saint-Omer (1892-1899) L’expansion de la photographie dans la seconde moitié du XIXe siècle est l’occasion d’instaurer un genre nouveau : l’enregistrement des vues de sites et monuments, devenu « photographie urbaine ». Celui-ci donne une vision objective de la ville, de ses bâtiments, de la lumière au moment de la prise de vue. De cela, découle un « livre de ville », qui est à la fois un parcours et un récit de la cité. À Saint-Omer, le démantèlement des remparts est ainsi l’occasion pour les photographes amateurs et professionnels de réaliser pour la première fois une campagne photographique de la ville. Saint-Omer, le pont de la porte d’Arras en direction d’Arques. Cliché Charles Becquereau, vers 1892. Musées de Saint-Omer, inv. 2004.0.023.2. Photographie : L. Rangognio.
Saint-Omer, démantèlement des fortifications de la porte de Dunkerque. Cliché Auguste Lormier, vers 1892. Saint-Omer, BASO.
Album artistique et historique du démantèlement de Saint-Omer, publié en 1893 par Charles Becquereau, photographe. Saint-Omer, BASO.
Souhaité par la commune de SaintOmer dès 1850, ce démantèlement est autorisé par l’Etat en 1891, grâce à l’intervention d’Alexandre Ribot, alors ministre des affaires étrangères. Le 2 avril 1891, une convention est rédigée entre les représentants de l’Etat et ceux de la municipalité, afin d’y établir les conditions de cession des terrains militaires à la cité. Le démantèlement peut ainsi débuter en 1892, pour s’échelonner jusqu’en 1899. Durant celui-ci, Saint-Omer subit un profond changement dans son paysage urbain, marqué par une extension de la ville, jusqu’alors enserrée par les remparts et les marais. Des boulevards périphériques se substituent dès lors au tracé des fortifications : le boulevard de Strasbourg, le boulevard du Midi (actuel boulevard Clémenceau), la rue de Thérouanne, … Il permet également la création d’un jardin public, où une partie des remparts est conservée. Le photographe professionnel Charles Becquereau est captivé par ce démantèlement et par les évolutions urbanistiques, sociales et économiques de la cité audomaroise. En 1892, il a l’idée de prendre une série de prises de vues de la ville, destinées à être éditées dans un album intitulé L’album artistique et historique du démantèlement de Saint-Omer. Afin de le publier, Charles Becquereau lance une souscription au prix de 20 francs à partir de mai 1892. Le recueil paraît alors en avril 1893. Un second tirage restreint, au prix de 25 francs, est réalisé en juillet 1893.
Cet album se compose de 40 phototypies* issues de ses clichés pris en 1892. Elles résument les points les plus pittoresques des fortifications de Saint-Omer, ses quartiers, ses places et ses monuments. Louis de Lauwereyns de Roosendaële, bibliothécaire et professeur, s’associe à Charles Becquereau pour en rédiger les textes. Il s’agit de la première campagne photographique sur Saint-Omer. D’autres photographes vont aussi s’intéresser à ce démantèlement et réaliser des photographies de la cité audomaroise en cette fin du XIXe siècle : le photographe professionnel Auguste Lormier, ainsi que les photographes amateurs Ernest de Givenchy et Auguste Boitel.
Saint-Omer, démantèlement des fortifications. Batardeaux de la porte à l’eau de Calais. Cliché Auguste Boitel et Ernest de Givenchy, vers 1892. Saint-Omer, BASO.
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Les photographes amateurs
L’amateur, c’est « celui qui aime ». L’amateur est celui qui vient à la photographie animé par une curiosité sans cesse en éveil, d’autant plus aiguisée qu’elle est désintéressée. Avant les années 1880, il n’existe que peu de traces des activités des photographes amateurs. Au niveau local, monsieur Herbout de Staplande, de Saint-Omer, expose trois reproductions photographiques, à la quatrième exposition de la Société française de photographie organisée au Palais de l’Industrie à Paris du 1er mai au 31 août 1861. Deux années plus tard, Jules Lhote, artiste-peintre et professeur de dessin à Saint-Omer, prend, quant à lui, plusieurs vues photographiques de la ville et de ses monuments, qu’il propose à la vente. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que les amateurs s’emparent réellement de la photographie. Grâce à la simplification des techniques, cette dernière devient un médium facile à utiliser. L’avènement du procédé au gélatinobromure d’argent*, au cours des années 1880, provoque alors une véritable révolution. Il n’est en effet plus nécessaire d’être chimiste pour être photographe : les plaques en verre sont désormais prêtes à l’emploi et vendues en boîtes chez les marchands d’appareils.
Excursion des élèves du Collège Saint-Bertin de Saint-Omer. Plaque de verre, début XXe s. Saint-Omer, Collège Saint-Bertin. Numérisation : Carl Peterolff.
Une technique particulière, la stéréoscopie*, développée dès le milieu du XIXe siècle, connaît au début du siècle suivant un véritable engouement, favorisé par la commercialisation d’appareils de prise de vues destinés aux professionnels ou aux amateurs. Equipé d’un système de double optique, l’appareil stéréoscopique permet de prendre deux images légèrement décalées d’un même objet au même instant. Après développement, l’utilisateur les visionne dans un appareil binoculaire (stéréoscope), qui permet de restituer la vision en relief, le cerveau effectuant un travail de recomposition de la scène à partir des deux images. Plusieurs photographies stéréoscopiques sont ainsi prises à Saint-Omer au début du XXe siècle par Ernest Deligny, professeur au Lycée. Les amateurs vont très vite se constituer en sociétés organisées, tissant ainsi un véritable réseau d’échange de connaissances à l’échelle régionale, voire nationale. Celles-ci fonctionnent sur le modèle de leurs aînées dédiées à la peinture au début du XIXe siècle. Leurs membres sont des personnes cultivées et sensibles à l’art, en général issues des milieux aisés, de riches propriétaires Le Lycée de Saint-Omer. Photographie stéréoscopique prise par Ernest Deligny, début XXe s. Saint-Omer, BASO. comme Justin Deschamps de Pas, ou des notables comme Auguste Boitel. Des photographes amateurs se regroupent ainsi en 1895 pour créer la Société photographique de Saint-Omer.
Cependant, la photographie n’est pas l’apanage des sociétés qui lui sont purement dédiées. Un grand nombre de sociétés savantes locales, telles que la Société Académique des Antiquaires de la Morinie et la Société de géographie de Saint-Omer, voient leurs membres prendre des clichés au cours des différents voyages ou excursions qu’elles organisent. C’est le cas avec Gustave Faure, membre de la Société de géographie de Saint-Omer, qui réalise de véritables carnets de route au Tyrol, dans le Maghreb ou au Soudan. Excursion de la Société Académique des Antiquaires de la Morinie à Fauquembergues en 1904. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
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Quelques photographes amateurs audomarois
Portrait d’Auguste Boitel, vers 1885-1887. BASO, albums Boitel.
Auguste Boitel (1851-1929) est un notable audomarois. Il exerce la profession de négociant-industriel à Saint-Omer où il tient une fabrique de brosses, rue du Lycée. Il est également investi dans la vie de sa cité où il assume de très nombreuses fonctions : conseiller municipal, juge au tribunal de commerce, membre de la commission de l’école des Beaux-Arts et de celle de la bibliothèque publique... De plus, il est adhérent de plusieurs associations locales (Société Académique des Antiquaires de la Morinie, Association des anciens élèves du Lycée de Saint-Omer…). Il est d’ailleurs l’un des membres fondateurs de la Société de photographie de Saint-Omer en 1895. Il semble pratiquer la photographie dès les années 1880. La Bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer conserve ainsi un ensemble de onze albums contenant près de 1300 photographies, prises entre 1885 et 1910. Ceux-ci rassemblent des photographies de famille, de nombreuses vues de monuments de Saint-Omer et de ses environs, des reproductions de plans, de manuscrits et d’objets. Il y a également un bon nombre de photographies prises en Tunisie, en particulier des ruines romaines, et en Indochine.
Saint-Omer, une locomotive à vapeur passant sur le pont ferroviaire du faubourg de Lyzel, février 1887. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
Portrait de Justin Deschamps de Pas. Cliché de Florian Bocher, photographe à Saint-Omer, début XXe s. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
Auguste Boitel adossé à un arbre et deux hommes devant un cabaret de Clairmarais à la Grande Meer, août 1887. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
Justin Deschamps de Pas (1861-1937) est issu d’une riche et ancienne famille audomaroise. Il est le fils de Louis Deschamps de Pas, numismate éminent, sigillographe et archéologue. Justin Deschamps de Pas est lui aussi un grand historien local, collectionneur et bibliophile. Il est ainsi membre de diverses sociétés et associations, en particulier de la Société Académique des Antiquaires de la Morinie. Secrétaire de cette société de 1895 à 1937, il y publie également près de 240 articles. Il est aussi un des membres fondateurs de la Société de photographie de Saint-Omer. Dans ses albums, il compile ses souvenirs de voyages et d’excursions, des portraits de famille et des vues de monuments. Il y a également des clichés figurant les fêtes, cortèges et processions, organisés à Saint-Omer. Le thème de la fête est d’ailleurs bien représenté au sein des collections audomaroises.
Longuenesse, une calèche dans le parc du château des Bruyères, fin XIXe s. Saint-Omer, BASO, album Deschamps de Pas.
Saint-Omer, la procession de Notre-Dame des Miracles remontant la rue Saint-Bertin, fin XIXe s. Saint-Omer, BASO, album Deschamps de Pas.
Paul Descelers (1875-1956) est le fils de Louis Henri Paul Descelers, pharmacien sur la place Victor-Hugo, à Saint-Omer. Il devient rédacteur du journal Le Télégramme, puis agent d’assurances. Il fait partie de plusieurs associations locales, dont l’Union sportive de Saint-Omer. Il est aussi membre de la Société photographique de Saint-Omer, dont il est le trésorier en 1903. Il a pris notamment de très nombreux clichés illustrant divers évènements de la vie locale (manifestations sportives, cérémonies, fêtes…).
Portrait de Paul Descelers. Collection Pierre Descelers.
La construction de la gare de Saint-Omer. Collection Pierre Descelers. Numérisation : Carl Peterolff.
Louis Annocque dit « Quinze Capotes », Collection Pierre Descelers. Numérisation : Carl Peterolff.
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La Société photographique de Saint-Omer (1895-1914)
La première association d’amateurs dans le Nord et dans le Pas-de-Calais est la Société boulonnaise de photographie, créée en 1856. Presque quatre décennies plus tard, c’est la Société photographique de Saint-Omer qui est fondée en avril 1895. Elle est composée de quinze membres fondateurs : messieurs Albert Bacqueville, Auguste Boitel, Louis Chardon, Louis Danel, Edouard Delepouve, l’abbé Deschamps, Justin Deschamps de Pas, Doazan, Gaston Duquenoÿ, Edmond de Laage de Bellefage, Ernest de Givenchy, Paul Houcke, Albert Libersalle, Paul Poillou et Massé. Celle-ci est alors affiliée, dès sa création, à la Société photographique du Nord de la France. Cette dernière, constituée en 1885 et siégeant à Douai, regroupe plusieurs sections photographiques de la région, qui compteront près de 500 membres en 1900. Son but est ainsi de rassembler les photographes amateurs du Nord de la France et d’assurer la diffusion de la photographie. La Société photographique du Nord de la France fait également paraître, dès 1887, un bulletin, proposant des extraits des procèsverbaux des séances des sections, des articles sur les nouvelles techniques et perfectionnements en matière de photographie, l’organisation de concours, d’expositions et de conférences. Bulletin de la Société photographique du Nord de la France, juin 1895. Saint-Omer, BASO.
Quant à la Société photographique de Saint-Omer, elle se réunit une fois par mois dans la salle des fêtes du café de Belle-Vue. Les membres ont à leur disposition un laboratoire et une petite bibliothèque d’ouvrages et de bulletins spécialisés (Société Française de Photographie, Photo-Club de Paris, Le Photo-Journal…) chez le secrétaire de la société, Auguste Boitel, au n°17 de la rue du Lycée à Saint-Omer. Parmi les activités de la société, les adhérents se livrent à diverses expérimentations : certains se chargent des essais des divers papiers, reçus comme échantillons, d’autres testent les nouveaux appareils photographiques. Les différents membres partagent ensuite leurs expériences et présentent leurs épreuves à l’ensemble des membres. Les sociétaires participent aussi aux excursions organisées par les sections composant la Société photographique du Nord. Plusieurs d’entre elles ont lieu à Saint-Omer et Clairmarais. La section de Saint-Omer accueille notamment le mardi 24 mai 1896 les membres du cinquième Congrès de l’Union Nationale des Sociétés photographiques de France. Ils débutent la visite par les principaux monuments de la ville, dont les ruines de l’abbaye de Saint-Bertin et la cathédrale. Après le déjeuner, ils gagnent le faubourg de Lyzel et embarquent pour une balade dans le marais.
Portrait de famille par un photographe à Clairmarais, mai 1896. Douai, Photothèque Augustin Boutique-Grard.
Ils visitent l’île Sainte-Marie, le Romelaëre, le SaintBernard, l’entrée de la forêt et les ruines de l’abbaye de Clairmarais. Au cours de cette journée, les excursionnistes prennent de nombreux clichés, dont une immortalisant les membres du congrès devant l’entrée de l’ancienne abbaye. La Première Guerre mondiale marque le déclin de ces sociétés photographiques. Toutefois, à Saint-Omer, une nouvelle société photographique est fondée le 15 mars 1933, et perdure jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
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Bulletin de la Société photographique du Nord de la France, juin 1895. Saint-Omer, BASO.
La pratique de la photographie au début du XXe siècle Dès la fin du XIXe siècle, la photographie est utilisée dans les publications en tant qu’illustration. Mais, son emploi reste toutefois limité. Ainsi, deux photographies de Charles Becquereau sont proposées dans le journal Le Nord Contemporain en 1882 et 1883 : l’une figure la commune d’Arques et l’autre représente les ruines de l’abbaye de Saint-Bertin.
La commune d’Arques. Cliché Charles Becquereau. Extrait du journal Le Nord Contemporain, n°24, 1882. Bibliothèque municipale de Lille, portefeuille 97, 46
Des clichés du démantèlement des fortifications de Saint-Omer, pris par Auguste Lormier, sont ainsi reproduits dans l’hebdomadaire Le Monde Illustré du 14 mai 1892. Bon nombre de photographes locaux se lancent également vers le début du XXe siècle dans la production de cartes postales. Scènes pittoresques, édifices publics, vie quotidienne, artisanale ou industrielle, tout est prétexte à photographier. L’Audomarois Robert Carpot s’engage dans l’édition de cartes postales dès les années 1900. D’autres photographes de Saint-Omer, tels qu’Edmond Surelle et Louis Baurain, en proposent aussi.
L’apparition de procédés de reproduction photographique ou photomécanique, comme la phototypie ou la photogravure*, permet alors à l’image d’occuper les supports que sont la presse et la carte postale.
Arques, l’ascenseur à bateaux des Fontinettes. Cliché Robert Carpot, photographe à Saint-Omer. Carte postale, début XXe s. Saint-Omer, BASO, collection Richard Gracia.
Ce début de siècle est marqué également par l’arrivée de la couleur en photographie, avec l’autochrome*. Breveté en 1903 par les frères Lumière, ce procédé ne connaît une commercialisation industrielle qu’à partir de 1907. L’autochrome est une image positive sur verre (diapositive) en couleurs, non reproductible. Il consiste en une plaque de verre, sur laquelle ont été déposés d’infimes et innombrables grains de fécule de pomme de terre, colorisés dans les trois tons complémentaires, orange, vert et violet. Le tout est recouvert d’une émulsion* au gélatino-bromure d’argent sensible à la lumière. Ces images autochromes se révèlent lorsqu’elles sont éclairées au verso par une source lumineuse et sont donc, le plus souvent, projetées par des lanternes magiques*. La plaque autochrome est accueillie avec enthousiasme par la communauté photographique. La simplicité d’utilisation au regard de la qualité du résultat assure un succès immédiat : on estime qu’en 1913 la production annuelle d’autochromes atteint le million de plaques. Sa pratique dépasse le champ de la photographie amateur, à laquelle elle était initialement destinée, et pénètre aussi les milieux scientifiques et artistiques. L’année 1931 marque le lancement du Filmcolor*, support souple en nitrate de cellulose*, qui se substitue à l’autochrome. Le collège Saint-Bertin, à Saint-Omer, conserve quelques plaques autochromes prises par un amateur. Ce sont des vues de Saint-Omer et des environs (tour de l’abbaye Saint-Bertin, collège Saint-Bertin, le Grand Vannage à Arques, le puits Saint-Bertin à Houlle…) ou encore des fêtes costumées organisées au collège.
La cour du Collège Saint-Bertin à Saint-Omer. Autochrome, début XXe s. Saint-Omer, Collège Saint-Bertin. Numérisation : Carl Peterolff.
La Première Guerre mondiale marque un tournant dans la pratique photographique. Ce conflit entraîne, en effet, la mise en sommeil des studios professionnels et de l’activité des photographes amateurs.
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PORTFOLIO
Clairmarais, un moulin d’assèchement au bord de la Grande Meer, vers 1887. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
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Saint-Omer, le faubourg de Lyzel. Vue en enfilade de la rue Saint-Martin avec, sur la gauche, les arbres de la place AlfredGilliers. Négatif sur plaque de verre, cliché Augustin Boutique, 1896. Douai, Photothèque Augustin Boutique-Grard.
Clairmarais, promenade en bacôve sur la Grande Meer des membres de la Société de photographie de Saint-Omer. Négatif sur plaque de verre, cliché Augustin Boutique, 1896. Douai, Photothèque Augustin Boutique-Grard.
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Saint-Omer, escutes sur le cours d’eau le Hongrie dans le faubourg de Lyzel, le long de la route de Clairmarais, fin XIXe s. Saint-Omer, BASO.
Saint-Omer, le port au Lait battu et la porte de Calais après le démantèlement, fin XIXe s. Saint-Omer, BASO. L’emplacement du port au Lait battu correspond actuellement à la jonction du boulevard Pierre Guillain et du boulevard de Strasbourg, près de la Maison du Marais.
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Saint-Omer, vue des fortifications prise entre l’ancienne porte Sainte-Croix et la porte d’Arras. Cliché Auguste Lormier, vers 1892. Saint-Omer, BASO. On distingue, sur la gauche, la motte castrale et la cathédrale.
Saint-Omer, vue intérieure de la porte d’eau et de la porte de Dunkerque. Cliché Auguste Lormier, vers 1892. Saint-Omer, BASO. Au niveau du clocheton de la porte d’eau, on aperçoit le jacquemart Mathurin. Suite à d’importants dommages lors de la Seconde Guerre mondiale, le conseil municipal renonce à la reconstruction de cette porte d’eau en octobre 1940. Elle est donc rasée en 1963.
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Saint-Omer, démantèlement des fortifications entre le faubourg du Haut-Pont et la porte de Calais. Cliché Auguste Lormier, vers 1892. Saint-Omer, BASO. On distingue l’arrière du pensionnat Saint-Joseph, établi en 1854. Localisé aux n°24, n°25, n°26 et n°30 du quai des Tanneurs (actuelle rue Edouard-Devaux), cet établissement accueille des élèves jusqu’en 1908, date de sa fermeture suite à la loi du 7 juillet 1904, interdisant l’enseignement aux congrégations. De nos jours, son emplacement est occupé principalement par la Brasserie de Saint-Omer.
Saint-Omer, démantèlement des fortifications à proximité de la porte de Dunkerque. Cliché Auguste Lormier, vers 1892. Saint-Omer, BASO. On aperçoit derrière les remparts, les bâtiments industriels de la malterie Guilbert, situés quai des Tanneurs (actuelle rue Edouard-Devaux). Cette malterie, reconnaissable à son dôme, est installée dans les années 1880. Aujourd’hui, celle-ci a disparu suite à sa démolition en 1969. 23
Saint-Omer, démantèlement des fortifications entre la porte d’Arras et le moulin de Saint-Bertin. Cliché Auguste Lormier, vers 1892. Saint-Omer, BASO. On distingue le Marché aux bestiaux (actuelle place Perpignan), la poudrière et la tour de l’abbaye de Saint-Bertin.
Saint-Omer, travaux de démantèlement des fortifications de l’ancienne porte Sainte-Croix, fin XIXe s. Saint-Omer, BASO.
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Saint-Omer, vue prise du toit d’une maison, place Victor-Hugo, vers l’église Saint-Denis et la tour de l’abbaye de SaintBertin, entre 1890 et 1905. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
Saint-Omer, vue du jardin public prise du haut de la tour de la cathédrale. Photographie stéréoscopique réalisée par Ernest Deligny, vers 1901. Saint-Omer, BASO.
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Saint-Omer, vue prise de la tour de l’abbaye de Saint-Bertin en direction du Marché aux bestiaux. Cliché Auguste Lormier, vers 1892. Saint-Omer, BASO. On aperçoit au premier plan le couvent des Ursulines. Cet ordre, chassé lors de la Révolution, est restauré à Saint-Omer, en 1800. À partir de 1803, les Ursulines occupent alors une propriété rue du Jardin Notre-Dame (actuelle rue du Général Sarrail) où elles établissent un pensionnat, qui fonctionne jusqu’à sa fermeture en 1907. Quant au second plan, il s’agit de l’hôpital Saint-Louis, transféré en 1823 dans l’actuelle rue des Béguines. Grandement touché lors de la Seconde Guerre mondiale, il est jugé inutilisable aux deux tiers : l’hôpital est alors déménagé en 1943. Aujourd’hui, seul un bâtiment de l’hôpital Saint-Louis est encore présent et est intégré au lycée Jacques Durand.
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Saint-Omer, l’ancienne gare, entre 1890 et 1905. Saint-Omer, BASO, albums Boitel. La première gare de Saint-Omer est édifiée en 1848. Ses bâtiments sont alors implantés à mi-chemin entre la porte de Lyzel et la porte du Haut-Pont, à l’extérieur des remparts de la ville. Elle sera détruite avec la construction de la nouvelle gare de 1902 à 1904.
Saint-Omer, une locomotive à vapeur passant sur le pont ferroviaire du faubourg de Lyzel, vers 1887. Saint-Omer, BASO, albums Boitel. 27
Saint-Omer, l’hôtel de ville. Cliché Joseph Delattre, avant 1867. Saint-Omer, BASO. Il s’agit de l’un des plus anciens clichés représentant l’hôtel de ville.
Saint-Omer, la cathédrale Notre-Dame, vue du nord. Cliché Arthur Geoffray, entre 1860 et 1870. Saint-Omer, BASO. Il s’agit de l’une des plus anciennes photographies de la cathédrale de Saint-Omer.
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Saint-Omer, la place Saint-Denis, l’Êglise et la fontaine, 1907. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
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Saint-Omer, les ruines de l’abbaye de Saint-Bertin. Photographie Charles Becquereau. Extraite du journal Le Nord Contemporain, n°26, 1883. Saint-Omer, Société Académique des Antiquaires de la Morinie, fonds Bernard Level.
Saint-Omer, la tour de l’abbaye de Saint-Bertin, entre 1890 et 1910. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
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Saint-Omer, la grille d’entrée du jardin public, entre 1898 et 1905. Saint-Omer, BASO, albums Boitel. La grille du jardin public, réalisée en 1896, est installée, à l’origine, près de la place Paul-Painlevé. Puis, elle est déplacée à plusieurs reprises avant d’être établie à son emplacement actuel, allée du Parc.
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Saint-Omer, le monument commémoratif du 8e régiment d’infanterie, entre 1898 et 1905. Saint-Omer, BASO, albums Boitel. Ce monument est construit en 1898, par des soldats du 8e régiment d’infanterie de ligne, avec les anciennes pierres des fortifications. Celui-ci se trouve aujourd’hui place de Verdun. On aperçoit également en arrière-plan, l’ancienne poudrière, détruite en 1963, le champ de manœuvre et le jardin public.
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Eperlecques, le château de la Viergette, fin XIXe s. Saint-Omer, BASO. Le château de la Viergette est bâti sous le Second Empire (1852-1870) pour Léon de Givenchy et Louise de Saint-Just d’Autingues. Eprouvé par l’occupation des troupes en 1914-1918, il est démoli au lendemain de la guerre.
Saint-Momelin, le petit château de la famille du Teil, entre 1896 et 1908. Saint-Omer, BASO. Cette propriété est achetée en 1877 par Joséphine de Nonjon, veuve de Pierre Alexandre James du Teil. Le cavalier est Raymond du Teil, maire de Saint-Momelin. 33
Saint-Omer, barricade composée de chaises et d’échelles en bois installée dans l’église Saint-Sépulcre lors de la querelle des inventaires des biens de l’Eglise, vers 1906. Cliché Edmond Surelle. Saint-Omer, BASO, albums Boitel. Suite à la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, qui prescrit de faire l’inventaire des objets du culte et du mobilier des églises, les agents du fisc sont chargés de procéder à cette énumération. Mais, certains prêtres refusent l’accès et se barricadent dans leur église. Ce cliché, exposé dans la vitrine du photographe Edmond Surelle le 28 janvier 1906, témoigne ainsi de la protestation qui a lieu en l’église du Saint-Sépulcre de Saint-Omer.
Saint-Omer, les inondations dans le faubourg de Lyzel. Cliché Eugène Hélouin, 1894. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
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Arques, l’inauguration de l’ascenseur à bateaux des Fontinettes, le 8 juillet 1888, en présence de Pierre Deluns-Montaud, ministre des travaux publics. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
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Saint-Omer, les fêtes du couronnement de Notre-Dame des Miracles, le 18 juillet 1875. Photographie Belle et Becquereau. Saint-Omer, BASO.
Saint-Omer, le char du Chou-Fleur et le géant Mathurin, lors du cortège du 8 juin 1902. Saint-Omer, BASO, fonds Bernard-Machin. Le char du Chou-Fleur, réalisé par les habitants du faubourg du Haut-Pont, se compose d’un bacôve sur lequel se dresse un immense chou d’où surgissent des enfants tout de blanc vêtus représentant les fleurs de ce légume cultivé par les maraîchers.
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Saint-Omer, le cortège de Papa-Lolo défilant rue Faidherbe. Cliché Justin Deschamps de Pas, entre 1893 et 1895. Saint-Omer, BASO. Lors de Mardi gras, Saint-Omer voit défiler les masques et Papa-Lolo. Ainsi, autour du berceau de PapaLolo, homme déguisé en bambin, se trouvent, comme on peut le voir sur ce cliché, des esclaves quêteurs enchaînés, revêtus de peaux de bêtes, qui dansent sous les coups de fouet de leurs gardiens habillés en blanc et coiffés d’un bonnet blanc.
Saint-Omer, élèves costumés au collège Saint-Bertin. Autochrome, première moitié du XXe s. Saint-Omer, Collège Saint-Bertin.
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Saint-Omer, une fête aérostatique sur la Grand-Place, entre 1890 et 1910. Saint-Omer, BASO. Les fêtes aérostatiques, très prisées des Audomarois jusque dans les années 1930, se déroulent lors de la ducasse, en juin. Lors de celles-ci, plusieurs ballons décollent de la Grand-Place en soirée, pour une à deux heures de vol.
Saint-Omer, un carrousel sur la Grand-Place, entre 1890 et 1910. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
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Saint-Omer, le marché aux légumes sur la Grand-Place. Négatif sur plaque de verre, cliché Augustin Boutique, fin XIXe s. Douai, Photothèque Augustin Boutique-Grard.
Saint-Omer, la porteuse d’eau, près de la fontaine de l’enfant au cygne, rue Saint-Bertin. Négatif sur plaque de verre, cliché Augustin Boutique, fin XIXe s. Mention manuscrite d’Augustin Boutique : « Utile dulci miscere » « Saint-Omer – À la fontaine ». Douai, Photothèque Augustin Boutique-Grard.
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Saint-Omer, la rue du Lycée, entre 1885 et 1910. Saint-Omer, BASO, albums Boitel. On aperçoit le commerce Courageux-Dutérage, débitant de boissons, au n°8-10, l’estaminet Robbe-Massart au n°14 et l’épicerie-mercerie Barboul-Evrard au n°16.
Saint-Omer, l’Estaminet des Arts, rue de Wissocq. Cliché du photographe G. Billard, n°27 rue des Buisses à Lille, fin XIXe début XXe s. Saint-Omer, BASO.
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Excursion de la Société Académique des Antiquaires de la Morinie à Fauquembergues en 1904. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
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Saint-Omer, un homme et son chien dans une calèche posant sur les glacis au sud de la ville, entre 1890 et 1910. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
Clairmarais, la ferme de l’ancienne abbaye. Trois hommes posant à côté de leur bicyclette, entre 1893 et 1900. Saint-Omer, BASO.
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Clairmarais, un groupe de personnes pique-niquant dans la forêt, août 1887. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
Enfants jouant à la balançoire dans la région de Saint-Omer, vers 1888. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
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Portrait de Robert et Marcel Vandamme. Photographie Maison Raillon, vers 1900. Saint-Omer, BASO.
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Portrait de trois érudits audomarois : Justin Deschamps de Pas, debout, Henri Taffin de Givenchy et l’abbé Oscar Bled, entre 1880 et 1912. Saint-Omer, BASO, albums Boitel.
Portrait de Bernardine Merchier, à l’âge de 100 ans. Photographie prise le 20 avril 1906 par Auguste Boitel. Saint-Omer, BASO. Bernardine Merchier est née à Wittes-Cohem, près d’Aire-sur-la-Lys, le 10 mars 1806. Elle a célébré son centenaire le 22 avril 1906 au hameau de Brou, commune d’Heuringhem. Elle est décédée le 9 février 1907. 45
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D E S P H OTO G R A P H E S D E S A I N T- O M ER
NOTICES BIOGRAPHIQUES
BARON Monsieur Baron, photographe parisien (n°33 de la rue Royale, à Paris), arrive à Saint-Omer en 1843. Il s’installe alors au n°26 de la rue des Arts, ancienne adresse d’Auguste Verneuil, où il propose des portraits au daguerréotype en noir et en couleur.
Saint-Omer, BASO.
BEAURAIN (BAURAIN) Louis Edmond Joseph (1883-1962) Louis Edmond Joseph Beaurain est né à Saint-Pierre-lès-Calais (Pas-de-Calais), le 18 février 1883. Il est le fils d’Elie Beaurain, employé, et de Marie Félicie Bocquillon, ménagère. Son patronyme est « Beaurain » mais il signe sur les actes « Baurain ». Il épouse en premières noces à Calais (Pas-de-Calais), le 21 avril 1908, Marie Léonie Adèle Decroix (1879-….). Ils ont un fils, Pierre, né en 1908. Veuf, il épouse en secondes noces à Watten (Nord), le 29 décembre 1956, Ida Presat (1909-….). D’après son acte de mariage de 1908, Louis Beaurain exerce d’abord la profession de représentant de commerce. C’est de 1911 à 1926 qu’il s’installe comme photographe à Saint-Omer, au n°92, puis, au n°92 bis de la rue de Calais. Durant cette période, il est également éditeur de cartes postales : il propose notamment toute une série de vues de la cathédrale de Saint-Omer. Ensuite, on le retrouve comme gérant de commerce en 1926, au n°14 bis de la rue Carnot, puis industriel, au n°28 de la rue de l’Arbalète, en 1927-1928. En juillet 1928, il décide de quitter Saint-Omer pour s’installer à Calais, au n°113 de la Grande rue. Au moment de son second mariage en 1956, il est indiqué en tant que photographe, domicilié à Watten. C’est dans cette ville qu’il décède le 3 juillet 1962, en son domicile, au n°16 de la rue des Alliés.
Collection CHHP.
BECQUEREAU Charles Jean-Baptiste (1849-1899) Charles Jean-Baptiste Becquereau est né à Vendegies-sur-Ecaillon (Nord), le 5 avril 1849. Il est le fils de Jean-Baptiste Becquereau, cordonnier, et d’Henriette Bageux. Il épouse Mathilde Elisa Machart (1856-1917), à Saint-Omer, le 23 avril 1884. Ils n’ont pas eu d’enfants. En 1875, Charles Becquereau s’associe avec le photographe Belle qui tient un atelier réputé, au n°42 de la rue de Valbelle à Saint-Omer. Ils y proposent des portraits en tout genre et de toute dimension et aussi les principales vues de Saint-Omer. Suite au décès de Romuald Belle le 11 janvier 1877, il reprend à son compte l’atelier de photographie. Pour son activité, il utilise, en 1883, un appareil à chambre photographique grand format, employant un film négatif sur plaques de verre, recouvertes de gélatinobromure d’argent, qui permet des temps de pose très courts. En 1884, Charles Becquereau expose une série de clichés à l’exposition régionale industrielle et commerciale, organisée à Saint-Omer, où il est récompensé par une médaille d’argent. Lors de l’exposition organisée à Douai par la Société photographique du Nord, en juillet 1886, il obtient un diplôme de 1ère classe pour ses portraits aux sels d’argent et ses agrandissements au charbon. L’année suivante, en janvier 1887, il reçoit à l’exposition photographique nantaise, qui regroupe une centaine d’artistes de toute la France, une grande médaille d’argent, la plus importante récompense attribuée aux « photographies diverses et paysages ». En 1889, il photographie un nouvel ouvrage d’art construit à Arques (Pas-de-Calais), l’ascenseur à bateaux des Fontinettes. Un album de ses photographies est d’ailleurs remis en juin de cette même année à monsieur Carnot, Président de la République, venu visiter l’ascenseur à bateaux. Lors de l’exposition du Travail organisée à Paris au Palais de l’Industrie en août 1891, Charles Becquereau expose un grand choix de photographies pour lesquelles il reçoit une médaille d’or. Il obtient également le même mois, à l’exposition de Douai, une médaille de vermeil. En 1893, il publie un album du démantèlement de Saint-Omer comprenant 40 phototypies, d’après ses photographies prises en 1892. Il résume les points les plus pittoresques des fortifications de Saint-Omer, ses quartiers, ses places, et ses monuments. La même année, en mars 1893, pour cause d’extension, il installe son atelier de photographie au n°101 de la rue Carnot. Il s’y adjoint en 1897, les services de monsieur Béru, opérateur ayant travaillé dans les grandes maisons photographiques du Midi et ex-opérateur d’une première Maison de Paris. Charles Becquereau décède à Saint-Omer, le 28 mai 1899. Ses funérailles sont organisées le 1er juin 1899 en l’église Saint-Denis à Saint-Omer. Il est inhumé à Arques.
Saint-Omer, BASO.
Madame Veuve Becquereau continue la maison de photographie et s’adjoint en 1900 un collaborateur. La Maison Becquereau est reprise en 1901 par Edmond Surelle, photographe.
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BELLE Romuald Auguste Alfred (1815-1877) Romuald Auguste Alfred Belle est né à Bourbourg-Campagne (Nord), le 25 juin 1815. Il est le fils de Joseph Henri Belle, cultivateur puis marchand-brasseur à Bourbourg-Campagne, et de Marie Jeanne Dewintre. Il épouse en premières noces Victoire Antoinette Françoise Henin (1811-1861) à Bourbourg-Campagne, le 5 juillet 1843. Son épouse décède à Saint-Omer, le 6 août 1861. Il épouse en secondes noces sa domestique, Béatrice Léontine Duval (1834-1898) à Saint-Omer, le 3 mai 1871. Romuald Belle n’a pas pu se présenter à l’hôtel de ville, étant atteint de paralysie avec atrophie des membres inférieurs. Béatrice Duval avait eu une fille naturelle, Jeanne Léontine Joséphine Duval, née en 1868. Cette dernière est reconnue par sa mère le 7 mars 1869. L’enfant est également reconnu et légitimé par Romuald Belle le jour de son mariage avec Béatrice Duval. Romuald Belle est d’abord cité comme artiste, domicilié à Bourbourg-Campagne, dans son acte de mariage de 1843. Il s’installe ensuite avec son épouse à Saint-Omer où il ouvre un atelier. Le Mémorial Artésien du 6 septembre 1856 nous apprend alors que son studio connaît le succès : « M. Belle, peintre et photographe, rue des Six-Fontaines, 18, vient de s’adjoindre momentanément pour répondre à toutes les commandes qui lui sont faites, un habile photographe de Paris ». En octobre 1864, Romuald Belle est autorisé par le Maire de Saint-Omer à reproduire par la photographie les tableaux les plus intéressants du musée de la ville, même les peintures récemment entrées comme celles de messieurs Bailly et Deneuville. Au cours de ce même mois, il expose dans la vitrine de monsieur Tumerel-Bertram, libraire rue du Commandant (actuelle rue Carnot), une photographie du tableau de Léon Bailly intitulé les Pères Chartreux sortant de la chapelle de Notre-Dame de Casalibus.
Saint-Omer, BASO.
À partir de 1866, Romuald Belle apparaît dans les recensements comme photographe au n°42 de la rue de Valbelle (anciennement rue des Six-Fontaines) jusqu’à sa mort en 1877. En 1868, son atelier propose ainsi des grands portraits d’après nature (24 x 18 cm) pour 5 francs et des agrandissements, d’après une carte ou un daguerréotype, pour 6 francs. Les portraits de même grandeur, « véritablement artistiques », se paient de 30 à 60 francs, selon la perfection du travail demandé. Son atelier, très réputé, va produire également un nombre conséquent de photos-cartes. Pour le seconder dans son activité, il a sans doute plusieurs employés, dont probablement Joseph Delattre, photographe et témoin à son mariage en 1871. Puis, en 1875, il s’associe avec Charles Becquereau, photographe, et son commerce devient l’atelier Belle et Becquereau. Romuald Belle décède à Saint-Omer, le 11 janvier 1877. L’atelier de photographie passe alors entre les mains de son associé, Charles Becquereau.
BÉRU Monsieur Béru, opérateur en photographie, vient travailler à partir de 1897 au sein de l’atelier de Charles Becquereau, au n°101 de la rue Carnot, à Saint-Omer. Il était auparavant opérateur dans les grandes maisons photographiques du Midi et ex-opérateur d’une première Maison de Paris.
BOCHER Florian Marie (1853-1939) Florian Marie Bocher est né à Morlaix (Finistère), le 26 avril 1853. Il est le fils de François Marie Bocher, instituteur à Morlaix puis employé des ponts et chaussées à Angoulême (Charente), et de Joséphine Françoise Berton. Il épouse en premières noces Antoinette Renaude Marguerite Blanche Regraffe. Divorcé, il épouse en secondes noces à Abbeville (Somme), le 29 mai 1889, Elisa Sophie Josèphe Darguèse (1856-….). Divorcé le 8 décembre 1904, il épouse en troisièmes noces à Bordeaux (Gironde), le 27 mai 1905, Noémie Hélène Bouquillon (1873-….). Florian Bocher débute son activité de photographe vers 1881 à Abbeville où il ouvre une boutique, rue Saint-Jean-des-Prés. Par la suite, il déménage son atelier au n°2 de l’avenue de la Gare, à Abbeville. Il se spécialise alors dans les agrandissements et les émaux. À partir de 1891, il s’installe à SaintOmer, au n°113 de la rue de Dunkerque. Puis, dans la seconde moitié des années 1890, il ouvre également une succursale à Béthune (Pas-de-Calais), au n°34 du boulevard Frédéric-Degeorges, qu’il confie alors à un employé. À partir de mai 1900, il déménage au n°2 de la rue de Belfort, à Saint-Omer. Il s’y spécialise plus particulièrement dans les portraits, les cartes de visite et les cartes albums. Il reproduit et rectifie également des photographies de toute provenance. En 1904, après leur divorce, Elisa Darguèse reprend la boutique de Béthune et Florian Bocher part, avec sa troisième épouse, pour Périgueux (Dordogne). Il décède à Fontenay-le-Comte (Vendée), le 27 septembre 1939.
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Saint-Omer, BASO.
CARPOT Henri Léon « Robert » (1874-1957) Henri Léon « Robert » Carpot est né à Saint-Pierre-lès-Calais (Pas-de-Calais), le 22 juin 1874. Il est le fils d’Eugène Carpot, photographe, et d’Isabelle Félicie Alice Hénon. Il épouse Claire Amanda Mano (1871-….) à Lille (Nord), le 17 décembre 1900. Ils ont au moins une fille, Denise, née en 1903. Le couple divorce le 31 mai 1934. Son père, Eugène Carpot, fonde son atelier de photographie au n°83 de la rue des Fontinettes, à Saint-Pierre-lès-Calais, en 1869. Quant à Robert (qui se fait appeler par son troisième prénom) Carpot, il ouvre un atelier et une boutique de photographie au n°101 de la rue Carnot, à SaintOmer, dans les années 1890. Son travail est alors reconnu : il obtient une médaille d’argent en 1897 ainsi qu’une médaille de vermeil. À partir d’août 1902, Robert Carpot se met à la recherche d’un assistant pour l’aider dans son atelier. En effet, quelques mois après, le 2 janvier 1903, il procède à l’ouverture de nouveaux ateliers d’agrandissements. Le 5 juin 1905, il cède toutefois son fonds de commerce à monsieur Christophe, dit Ferdinand Emmanuel. On perd alors sa trace en tant que photographe à partir de cette date. Il décède à Paris, le 22 novembre 1957.
Collection particulière.
CHRISTOPHE, dit Ferdinand EMMANUEL
Monsieur Christophe reprend, par acte notarié du 5 juin 1905, le fonds de commerce du photographe Robert Carpot, au n°101 de la rue Carnot, à Saint-Omer.
COURTIN Un certain sieur Courtin succède à Arthur Geoffray, photographe, décédé le 9 octobre 1870, au n°19 du Marché aux poissons (actuelle place Pierre-Bonhomme), à Saint-Omer, à partir du 1er novembre 1873. Il exerce encore cette activité au début de l’année 1874.
Saint-Omer, BASO.
DELATTRE Noël « Joseph » (1842-1874) Noël « Joseph » Florimond Delattre est né à Saint-Omer, le 25 décembre 1842. Il est le fils de Jules Jean-Baptiste Delattre, maçon-entrepreneur, et d’Emilie Thérèse Verhaeghe. Il épouse à Ardres (Pas-de-Calais), le 26 septembre 1871, Marie Louise Eugénie Ursule Caron (1849-….), couturière en linge. Ils ont au moins un fils, Paul (1872-1916). Issu d’une famille d’artisans, « Joseph » Delattre débute en tant que maçon dans l’entreprise familiale, localisée au quai du Haut-Pont, à Saint-Omer. Il est ensuite cité comme sculpteur dans le recensement de 1866. En effet, élève en classe de dessin à l’école des Beaux-Arts de Saint-Omer en 1868, il y pratique notamment le dessin d’après la bosse et des essais de modelage et de sculpture, sous la direction de son professeur, monsieur Lhote. Dans les années 1860, « Joseph » Delattre est l’auteur d’une photographie de l’hôtel de ville de Saint-Omer (voir ci-dessus). Il s’agit de l’une des plus anciennes vues de la cité audomaroise.
Saint-Omer, BASO.
Il va alors exercer la profession de photographe. En effet, il est cité en 1871 comme photographe et témoin de Romuald Belle, photographe à Saint-Omer, dans l’acte de mariage de ce dernier. « Joseph » Delattre doit ainsi vraisemblablement être employé par la Maison Belle. Après son mariage en 1871, il s’installe rue de l’Ecusserie, à Saint-Omer, où il est toujours cité comme photographe. Il décède à Saint-Omer, le 27 mai 1874.
DUPONT Eloi Né vers 1842 à Daours (Somme), Eloi Dupont est marié à Flore Bocquet. Eloi Dupont est mentionné dans le recensement de Saint-Omer de 1872 en tant que photographe. Il est alors domicilié, avec sa femme, au n°20 de la rue Allent.
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DUPRAY Monsieur Dupray est indiqué dans le Répertoire des photographes de France au dix-neuvième siècle de J.-M. Voignier (Paris : éditions Le Pont de Pierre, 1993), comme photographe exerçant à Saint-Omer dans les années 1860.
DUQUENOY Henri « Casimir » (1822-1895) Henri « Casimir » Duquenoy est né à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), le 24 octobre 1822. Il est le fils de Casimir Duquenoy, ferblantier, et de Rosalie Delhay. Il a pour frère l’artiste-peintre Alfred Duquenoy. Il épouse Ida Irène Marie Gournaey (1834-….) à Cassel (Nord), le 4 août 1852. Ils ont plusieurs enfants. Dès 1842, Henri « Casimir » Duquenoy exerce la profession d’artiste-peintre à Saint-Omer, où il change à plusieurs reprises de domicile. Ainsi, en 1846, il propose, tous les jours de six heures à huit heures du soir, des cours de dessin, dans son atelier de la rue de l’Avoine (actuelle rue Hendricq). À partir de 1857, il est dit artiste-peintre et photographe : il pratique la daguerréotypie et applique aussi le procédé de la peinture à l’huile à la photographie. En 1872, il propose dans son atelier un nouveau procédé de photographie sur toile et sur bois, la reproduction de portraits-cartes et des leçons de peinture. Puis, en 1873-1874, il se charge de la reproduction de toute dimension sur toile peinte à l’huile des portraits-cartes et des anciens daguerréotypes. Il ne semble plus pratiquer la photographie les années suivantes. Il décède à Saint-Omer, le 17 août 1895, en son domicile, au n°17 de la rue de Wissocq.
Saint-Omer, BASO.
ELSHOUD Augustin Marie Henri (1865-….) Augustin Marie Henri Elshoud est né à Anvers (Belgique), le 27 juillet 1865. Il est le fils d’Henri Elshoud et de Marie Louise Sheeren. Il épouse Marguerite Blanche Valentine Bertrand (1875-….) à Lille (Nord), le 19 août 1893. Ils ont plusieurs enfants. Le 13 mars 1926, le mariage est dissous par jugement du tribunal civil de Lille. Dans les années 1890, Augustin Elshoud exerce en tant que dessinateur à Lomme (Nord). Là, il fréquente le milieu de la photographie, notamment le photographe Louis Delattre, et ses compétences artistiques lui permettent d’obtenir le poste de premier retoucheur dans des maisons de photographie lilloises. De plus, il s’y distingue par plusieurs récompenses. Ainsi, après une médaille d’argent à Poitiers en 1898, il obtient la médaille de bronze en photographie, en tant que collaborateur de l’atelier lillois Zarski (n°68 boulevard de la Liberté), à l’Exposition universelle de Paris de 1900. Il reçoit également une médaille de vermeil à l’exposition de Lille et une en or à Lyon la même année, en 1902. Enfin, il est choisi comme membre du jury, hors concours, à Marseille en 1903. Trois années plus tard, en 1906, Augustin Elshoud arrive avec sa famille à Saint-Omer et prend ses fonctions d’opérateur au sein de la Maison Raillon, au n°85 de la rue Carnot. Il y gère alors l’atelier jusqu’en octobre 1911, date où il est remplacé par monsieur Schmid-Dumas.
Saint-Omer, BASO.
FAVIÈRE Louis Joseph (1878-1968) Louis Joseph Favière est né à Lillers (Pas-de-Calais), le 22 septembre 1878. Il est le fils de Jules Joseph Favière, cordonnier, et de Flore Joséphine Martin. Il épouse en premières noces à Paris (19e), le 7 mai 1904, Julia Crépin (1885-….), ouvrière en chaussures. Il épouse en secondes noces à Lillers le 11 février 1907, Blanche Marie Emma Cousin (1875-….). Elle est la fille de Désiré Arnault Cousin, photographe à Lillers, et d’Emma Rosalie Wallart. Veuf, il épouse en troisièmes noces à Lillers, le 17 décembre 1938, Florine Joséphine Bruno (1895-….). Fils de cordonnier, Louis Favière est piqueur en chaussures à Paris (n°3 de la rue de Romainville) au moment de son premier mariage en 1904. Puis, en 1906-1907, il s’établit à Lillers où il exerce le métier de cordonnier. C’est dans les années qui suivent son installation lilléroise qu’il semble se mettre à la photographie, sans doute initié par son beau-père Désiré Cousin, photographe à Lillers (rue du Bourg d’Aval). En effet, il est indiqué comme photographe à Arques de 1908 à 1911, d’abord rue de Flandre (actuelle rue Marcel-Delaplace), puis, au n°49 de la rue du Pavé (actuelle rue Adrien-Danvers). Durant cette période, il pose devant un autre collègue pour faire la promotion de son commerce arquois (voir ci-dessus). On le retrouve ensuite en 1912, en tant que photographe à Saint-Omer, au n°27 de la rue de l’Ecusserie. Dans la seconde moitié de l’année 1912, il retourne sur Lillers. Lors de son troisième mariage en 1938, il est désigné à nouveau comme cordonnier à Lillers. Il y décède le 23 octobre 1968, à son domicile, au n°22 de la rue de la Gare.
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Collection Georges Lejosne
GAUTRON Auguste Né vers 1850, Auguste Gautron est marié à Elise Flahaut. Auguste Gautron est indiqué comme photographe à Calais en 1891, au n°50 bis de la rue Neuve. En 1895, il tient encore un atelier à Calais, d’après l’Annuaire général et international de la photographie. Il s’installe ensuite à Saint-Omer où on le retrouve dans les recensements de 1896 et 1901, au n°62 de la rue de la Poissonnerie. Il semble s’établir après à Bergues (Nord), au n°22 de la rue des Dames. Saint-Omer, BASO.
GEOFFRAY Arthur Alfred (1840-1870), dit Arthur GEOFFROY Arthur Alfred Geoffray est né à Saint-Omer, le 11 octobre 1840. Il est le fils de Philippe Désiré Geoffray, huissier à Saint-Omer, et d’Eugénie Charlotte Revel. En 1863, il exerce en tant que vendeur de machines à coudre, au n°19 du Marché aux poissons (actuelle place Pierre-Bonhomme) à Saint-Omer, au sein de la demeure familiale. Il part ensuite à Paris où il travaille sous la direction de plusieurs photographes. À son retour à Saint-Omer, il ouvre son atelier le 16 février 1864 au n°19 du Marché aux poissons, où il produit notamment des photographies au format carte de visite. Arthur Geoffray est également l’auteur d’une des plus anciennes vues de la cathédrale de Saint-Omer, prise dans les années 1860. Il exerce le métier de photographe jusqu’à son décès, survenu à Saint-Omer le 9 octobre 1870. Son atelier est alors repris par monsieur Courtin le 1er novembre 1873.
Saint-Omer, BASO.
HOUPPE Célestin Lambert Ferdinand (1844-1894) Célestin Lambert Ferdinand Houppe est né à Dunkerque (Nord), le 30 septembre 1844. Il est le fils de Norbert Célestin Désiré Houppe, marchand tapissier, et de Joséphine Raymonde Lormier. Ainsi, par sa mère, il est le cousin du sculpteur Edouard Lormier et du photographe Auguste Lormier. Célestin Houppe épouse Jeanne Leuillieux à Saint-Omer, le 24 février 1873. Il a quatre enfants de ce mariage. Suite au décès de sa première épouse le 26 mars 1879, il se remarie avec Eugénie Henriette Fany Magnard à Aire-sur-la-Lys (Pas-deCalais), le 5 avril 1880. Il décède à Aire-sur-la-Lys, le 28 décembre 1894. Tout en œuvrant en tant que photographe au n°9 de la place Jean-Bart, à Dunkerque, Célestin Houppe ouvre un atelier à Saint-Omer, au n°11 de la place de l’Arsenal en 1868. Dans cette boutique, il y réalise de grands portraits et des photos-cartes, notamment des nombreux militaires présents dans le quartier (avec la caserne d’Albret et la caserne d’Esquerdes), tout en s’intéressant aux évènements audomarois. Ainsi, en 1869, il photographie le bas-relief d’Edouard Lormier, Alexandre buvant, en présence de son médecin, le contenu d’une coupe qu’il peut soupçonner empoisonnée, exposé au musée de Saint-Omer. Mais, la guerre franco-prussienne éclate en 1870 et Célestin Houppe est mobilisé en tant que sous-lieutenant au sein de la garde nationale mobile, dans le 7e bataillon d’infanterie de l’arrondissement de Saint-Omer. À son retour du conflit, il continue son activité de photographe et recherche même un jeune homme d’une quinzaine d’années afin d’en faire son apprenti en 1871. Quatre années plus tard, en 1875, il développe son affaire : il installe un atelier spécialement affecté à la chromotypie* et il est le seul concessionnaire de la lambertypie* et de l’aristotype*, permettant de réaliser des épreuves à partir d’anciennes photographies et daguerréotypes, à Saint-Omer. C’est également lors du 18 juillet de cette année-là qu’il immortalise les fêtes du Couronnement de Notre-Dame des Miracles. En 1876, le recensement de Saint-Omer révèle qu’il est assisté à la boutique par deux photographes, les frères Charles et Frédéric Landouzy, dont le premier deviendra d’ailleurs son beau-frère en 1879.
Saint-Omer, BASO.
Célestin Houppe décide d’établir un second studio au n°49 de la rue de Biennes, à Aire-sur-la-Lys de 1879 à 1882. Celui-ci est alors géré dans un premier temps par sa mère, Raymonde Joséphine Lormier, veuve Houppe, de 1879 à 1880, puis, par son beau-frère, Charles Landouzy, de 1881 à 1882. Deux années plus tard, le 5 mai 1884, il installe de nouveau un atelier dans la cité airoise, au n°12 de la rue des Carbottes, ouvert les lundis et les vendredis. C’est durant cette décennie que Célestin Houppe est aussi récompensé pour son travail : en 1882, il obtient une médaille de bronze à l’exposition d’arts industriels de Lille et en juin 1884, il reçoit une médaille d’argent pour ses portraits lors de l’exposition industrielle et commerciale, se tenant à la galerie de l’enclos Saint-Bertin, à Saint-Omer. Quant à son atelier audomarois, il déménage au n°77 de la rue de Dunkerque le 15 août 1888. Mais, en 1891, Célestin Houppe décide de quitter définitivement la ville de Saint-Omer pour emménager à Aire-sur-la Lys. Là, son atelier du n°12 de la rue des Carbottes fonctionne jusqu’à son décès en 1894.
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LANDOUZY Charles Antoine (1854-.…) et Frédéric Joseph Paulin (1860-….) Charles Antoine Landouzy est né à Landouzy-la-Ville (Aisne), le 27 mai 1854. Il est le fils de Charles Paul Landouzy, officier de cavalerie, et d’Aimée Octavie Onésime Sainte-Claire Ravaux. Il se marie à Valentine Désirée Houppe (1854-….), sœur du photographe Célestin Houppe, à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), le 23 juin 1879. Ils ont au moins un enfant ensemble. Frédéric Joseph Paulin Landouzy est né à Landouzy-la-Ville (Aisne) le 26 juillet 1860. Il est le fils de Charles Paul Landouzy, ancien officier de cavalerie, et d’Aimée Octavie Onésime Sainte-Claire Ravaux. Il épouse Elisa Fournery à Marquion (Pas-de-Calais), le 28 avril 1890. Lorsque la famille Landouzy arrive à Saint-Omer dans les années 1860, avec leurs fils Charles et Frédéric, âgés respectivement de douze et six ans, elle habite dans un premier temps au n°27 de la rue de l’Arsenal. Puis, d’après le recensement de 1872, elle emménage au n°20 de la rue Allent, adresse où logent également le photographe Eloi Dupont et son épouse. Au cours des années 1870, Charles Landouzy et son frère Frédéric rentrent au service du photographe Célestin Houppe. Ainsi, tous les deux œuvrent en tant que photographes au sein de son atelier au n°11 de la place de l’Arsenal, à Saint-Omer. En 1879, Charles Landouzy devient le beau-frère de Célestin Houppe et se voit confier la gérance de l’atelier au n°49 de la rue de Biennes, à Aire-sur-la-Lys, de 1881 à 1882. Durant cette même période, Frédéric Landouzy quitte la photographie pour s’engager dans l’armée le 29 mars 1881. Après 1882, Charles Landouzy part d’Aire-sur-la-Lys et ouvre successivement plusieurs ateliers dans la région de Calais : au n°102 de la Grande Rue de Saint-Pierre-lès-Calais, et, au n°98 du boulevard Jacquard à Calais (Pas-de-Calais).
Collection particulière.
LORMIER Auguste (1850-1909) Auguste Lormier est né à Saint-Omer, le 25 mai 1850. Il est le fils d’Auguste Victor Lormier, marchand, et de Madeleine Florentine Peschots. Il est le frère d’Edouard Lormier (18491919), célèbre statuaire. Il épouse à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), en 1880, Léonie Ledez, dont il a au moins deux fils. Ceux-ci effectuent un apprentissage dans l’art de la photographie mais l’aîné, Raoul, va devenir hôtelier et le cadet, Marius, décède à dix-neuf ans sans avoir pu travailler avec son père. D’abord négociant à Saint-Omer, Auguste Lormier dirige l’agence commerciale de l’exposition industrielle, commerciale, horticole et des Beaux-Arts du 1er juin au 1er juillet 1884. Il est également investi dans la vie municipale de la cité audomaroise en tant que conseiller. En 1887, il commence son activité de photographe à Boulogne-sur-Mer où il ouvre un studio au n°3 de la rue des Pipots. Son travail est alors reconnu : il obtient un diplôme d’honneur en 1889 et une médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris en 1900. Il est également correspondant pour le journal Le Monde Illustré où plusieurs de ses clichés sont reproduits, notamment une vue du démantèlement de Saint-Omer (le numéro du 14 mai 1892) et une vue du démantèlement d’Aire-sur-la-Lys (le numéro du 19 août 1893). Il est d’ailleurs l’auteur d’un album de photographies sur le démantèlement de SaintOmer et d’Aire-sur-la-Lys. En 1895, il quitte la rue des Pipots pour s’installer au n°32 de la rue Thiers, à Boulognesur-Mer. À partir de 1897, il fait l’acquisition d’un cinématographe. Grâce à ce matériel, il filme notamment les fêtes de Boulogne-sur-Mer et le cortège officiel du Président de la République Félix Faure à Dunkerque en septembre 1897. Il envoie alors les épreuves de ses films aux frères Lumière à Lyon. À partir de 1898, il donne des séances de cinématographe à la population, qui vont connaître un vif succès. En parallèle, il photographie en 1897 le monument de Louis Martel à Saint-Omer, inauguré la même année (photographie ci-dessus), et réalise également un reportage photographique sur le déraillement du train de Lumbres en 1899. En 1908, malade, il cède son commerce à Paul Schwarzwälder. Auguste Lormier meurt à Boulogne-sur-Mer, le 3 mai 1909.
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Saint-Omer, BASO.
MAÏER Max (1884-1964) Max Maïer est né à Zurich (Suisse) en 1884. Il épouse Julienne Rollet à SaintOmer en 1913. Après un apprentissage chez Hermann Linck, à Winterthur (Suisse) entre 1900 et 1903, Max Maïer entre dans l’atelier d’Edouard Potterat à Montreux (Suisse). Puis, il effectue plusieurs voyages en France et se rend à Lyon, Mâcon (Saôneet-Loire), Paris et également Calais (Pas-de-Calais). Dans cette dernière ville, il semble travailler au sein de la Maison Raillon, n°72 du boulevard Jacquard, pendant plusieurs années, comme l’évoque l’annonce dans Le Mémorial artésien du mardi 8 avril 1913. Cette collaboration lui offre ainsi le poste de directeur de l’atelier d’art A. Raillon, à Saint-Omer, au n°85 de la rue Carnot, en avril 1913. Mais, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Max Maïer quitte la cité audomaroise et regagne la Suisse. Dans un premier temps, il rejoint l’atelier François Vachoux, anciennement Edouard Potterat, avant de le reprendre à son compte en 1920. Toutefois, la crise économique de 1929 l’incite à quitter à nouveau la Suisse et de s’établir à Calais. Son atelier y fonctionne alors jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, conflit durant lequel il subit d’importants dégâts : sept années de travail lui sont nécessaires afin de le reconstruire. À la fin de sa vie, malade, il repart pour la Suisse. Il y décède en 1964.
Saint-Omer, BASO.
PEPEZ Pierre Adrien Joseph (1822-1896) Pierre Adrien Joseph Pepez est né à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), le 5 juillet 1822. Il est le fils de Pierre Antoine Pepez, officier, chevalier de la Légion d’honneur, et de Catherine Charlotte Josèphe Lalande. Il épouse Sophie Rosalie Josèphe Soinne à Tilques (Pas-deCalais), le 9 juin 1846. De cette union, naissent plusieurs enfants. D’après les recensements entre 1845 et 1852, Pierre Pepez exerce d’abord la profession de fabricant de chandelles à Aire-sur-la-Lys. Puis, selon les recensements d’Aire-sur-laLys entre 1855 et 1858, il devient marchand. Par la suite, on le retrouve avec sa famille à Saint-Omer où il y pratique le métier de photographe, d’après les recensements de 1866 à 1896. Durant ce séjour audomarois, il change de nombreuses fois de domicile : n°7 de la rue des Corroyeurs (1866), n°107 du quai du Haut-Pont (1872), n°108 du quai du Haut-Pont (1874), n°27 du quai des Tanneurs (actuelle rue Edouard-Devaux) (1875-1878), n°2 de la rue du Soleil (1879-1881), n°96 de la rue Saint-Bertin (1886), n°15 de la rue de Cassel (1891) et n°7 de la rue de Garbe (1896). Il décède à Saint-Omer, le 1er avril 1896.
Saint-Omer, BASO.
PERCHERON Julien Frédéric (1868-….) Julien Percheron est né à Paris (18e arrondissement), le 31 juillet 1868. Il est le fils de Louis Frédéric Percheron, marchand de grains, et de Marie Victorine Brezet. Il est marié à Catherine Paquet. Au début des années 1900, Julien Percheron est photographe à Paris, au n°76 du Faubourg Saint-Denis. Il est ensuite mentionné comme photographe à Saint-Omer dans le recensement de 1906, au n°22 de la place Suger. Puis, il est indiqué dans le recensement de Lumbres (Pas-de-Calais) en 1911, toujours en tant que photographe.
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PERON Adolphe Joseph (1805-1880) Adolphe Joseph Péron est né à Saint-Omer, le 14 février 1805. Il est le fils de Louis Augustin Péron, armurier, et de Louise Rosalie Rieder. Il épouse en premières noces à Saint-Omer, le 10 février 1834, Marie Fidéline Lesage (1814-1850), avec qui il a plusieurs enfants. Suite au décès de son épouse le 19 décembre 1850, il épouse en secondes noces à Saint-Omer, le 17 février 1852, Jeanne Vifquin (1823-….), institutrice. Issu d’une dynastie d’armuriers, Adolphe Péron exerce d’abord cette profession, successivement au n°17, n°31 et n°30 de la rue des Cuisiniers (actuelle rue Louis-Martel), à Saint-Omer. Son magasin porte alors le nom « Au plaisir du chasseur ». Il est également canonnier au 1er bataillon de la garde nationale à Saint-Omer en 1835. De décembre 1842 au 1er février 1843, Adolphe Péron accueille dans son magasin le daguerréotypiste Auguste Verneuil. On peut ainsi lire dans Le Mémorial Artésien du dimanche 25 décembre 1842 qu’Auguste Verneuil y « a fait construire une terrasse spécialement consacrée à l’exécution » des portraits au daguerréotype.
Saint-Omer, BASO.
Après avoir reçu les enseignements de son hôte, Adolphe Péron se met à la photographie. En effet, Le Mémorial Artésien du mercredi 5 avril 1843 recommande « les portraits en noir et en couleur exécutés au daguerréotype par le sieur Péron. Au dire des personnes compétentes et qui ont été à même de voir des épreuves exécutées par les meilleurs photographes de la capitale, les portraits de notre concitoyen ne leur cèdent en aucune façon, ni pour la netteté, ni pour la ressemblance ». Ainsi, en juin 1843, il présente ses daguerréotypes lors de l’exposition des produits de l’industrie à Saint-Omer, organisée par la Société d’Agriculture de l’arrondissement de Saint-Omer. Il y obtient une mention honorable pour ses portraits au daguerréotype, exécutés en dix à quinze secondes. Pour la tombola ayant lieu lors de cette exposition, il offre d’ailleurs un daguerréotype, une Vue de l’ancien hôtel de ville de SaintOmer. En 1849, grâce à un nouveau procédé, il exécute des daguerréotypes qui sont mis en couleur, pour reproduire l’effet des miniatures. Puis, à partir d’août 1861, il propose désormais des portraits sur plaque, sur verre, sur émail, sur papier ou carte de visite dans son atelier au n°30 de la rue des Cuisiniers. Il y vend également des instruments pour faire de la photographie. En août 1874, il cesse son activité et met en vente sa maison à usage de commerce le 13 avril 1875. Quant à ses biens meubles, ils sont vendus le 11 mai 1875, notamment « une presse et instruments divers pour la photographie, produits chimiques, bouteilles vides et autres objets ». Il part ensuite pour Paris où il poursuit une activité dans le commerce des armes. Là, en septembre 1876, il réside au n°88 de la rue Lafayette. Il décède dans la capitale, le 1er février 1880.
PERON Henri Joseph (1803-1884) Henri Joseph Péron est né à Hazebrouck (Nord), le 13 novembre 1803. Il est le fils d’Isidore Alexis Joseph Péron, armurier à Hazebrouck, et de Pélagie Joseph Requin. Il épouse en premières noces à Bourbourg (Nord), le 18 août 1831, Joséphine Sophie Tartarre. Cette dernière décède à Saint-Omer, le 23 mai 1841, à l’âge de 31 ans. Il épouse en secondes noces à Saint-Omer, le 26 juillet 1843, Hélène Ambroisine Chifflart (1822-1892). Henri Péron est adopté par son oncle, Henri Joseph Péron, armurier à Saint-Omer. En effet, après avoir travaillé à Paris, il reprend en 1825 le commerce d’armurerie de son père adoptif, situé au n°20 de la Petite-place (actuelle place Victor-Hugo), à Saint-Omer. Dans cette même ville, il est aussi sergent-major en 1842, puis souslieutenant en 1844, au sein de la compagnie des pompiers.
Saint-Omer, BASO.
Comme son cousin, Adolphe Péron, Henri Péron se met aux portraits au daguerréotype en août 1843. En effet, comme l’indique Le Mémorial Artésien du 26 août 1843, il a « reçu des leçons des premiers photographes de la capitale ». Il installe ainsi un atelier au rez-de-chaussée de son commerce. En 1850, il exécute avec Lambert Raux, coutelier, des portraits au daguerréotype. Ils proposent alors, en 1852, des daguerréotypes aux amateurs de l’art photographique dans leur atelier. L’année suivante, en février 1853, ils reproduisent au daguerréotype les orgues de la cathédrale d’après la lithographie des frères Lagache. Il tient son commerce d’armurerie, au n°19 de la Petite-place, à Saint-Omer, jusqu’à sa mort, le 27 août 1884.
PERSON Monsieur Person est mentionné dans le Répertoire des photographes de France au dix-neuvième siècle de J.-M. Voignier (Paris : éditions Le Pont de Pierre, 1993), comme photographe exerçant à Saint-Omer dans les années 1860.
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RAILLON Albin (1866-…) et Edmond (1876-….) Albin Raillon est né à Montélimar (Drôme), le 16 août 1866. Il est le fils d’Antoine Noël Raillon, garde champêtre, et de Louise Mouton. Il épouse Eva Raillon. Ils ont ensemble au moins un fils, Albin Raillon, en 1893, qui deviendra également photographe. Edmond Edouard Raillon est né à Montélimar (Drôme), le 3 novembre 1876. Il est le fils d’Antoine Noël Raillon, devenu appariteur de police, et de Louise Mouton. Il épouse Jeanne Houppe, fille du photographe Célestin Houppe, à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), le 5 août 1901. De ce mariage, naît au moins une fille. Formé à l’Ecole des Beaux-Arts, le peintre-photographe Edmond Raillon débute notamment en tant que retoucheur à la Maison Pirou de Paris. Son travail est alors reconnu lors de plusieurs expositions : il obtient le 1er prix, médaille de vermeil à Tours en 1894 et il est hors concours à l’exposition internationale d’Armentières de 1900. C’est ainsi qu’en 1900, il s’associe à son frère Albin Raillon, également photographe-peintre, pour un atelier à Saint-Omer, au n°77 de la rue Saint-Bertin. Au cours de cette même année, les deux frères décident de transférer leurs activités au n°85 de la rue Carnot. Là, Edmond Raillon, patron de l’affaire, y fait côtoyer des productions graphiques (peinture, pastel, fusain,…), avec des tirages platine, ou platinotypes*, et des tirages au charbon (cartes albums, cartes visites et grands portraits). Au sein de ce commerce, Edmond et Albin Raillon proposent également le matériel nécessaire à la photographie (appareils, papiers, plaques, produits chimiques,…), des démonstrations et des formations théoriques et pratiques pour la réalisation de clichés. Ces leçons, gratuites pour les clients de la Maison Raillon, sont complétées par la possibilité de faire retoucher, tirer et coller les épreuves des amateurs. Au fil des années, l’atelier va sans cesse employer les derniers procédés : en 1900, la photographie en relief (photographie stéréoscopique) et en 1901, la lampe Raillon, permettant de poser jusqu’à neuf heures du soir ! Ainsi, en 1901, leur slogan publicitaire est : « En Photographie la maison fait des Innovations, mais en aucune façon ne cherche à faire des imitations ». La boutique audomaroise est alors ouverte tous les jours et les frères Raillon opèrent tous les dimanches dans leur succursale à Aire-sur-la-Lys, au n°12 de la rue des Carbottes, ancien atelier Houppe, en 1901. En 1903, leur travail est récompensé à l’occasion de la troisième exposition internationale de la Société photographique de Lille : leur établissement y reçoit le 3e prix dans la section « Plaquette d’art ». Mais, en juin 1905, Albin Raillon quitte Saint-Omer pour Calais (Pas-de-Calais), où il possède un atelier au n°72 du boulevard Jacquard. Il est alors rejoint l’année suivante par son frère, qui ouvrira, par la suite, un studio à Béthune (Pas-de-Calais), au n°66 du boulevard Frédéric-Degeorges. Néanmoins, durant les années 1906-1914, la boutique audomaroise est maintenue, avec à sa tête différents gérants, et fait la promotion de plusieurs techniques, dont l’appareil « Northlight » pour obtenir de nombreux effets d’éclairage en 1911. En 1913, la Maison Raillon est ainsi gérée par Augustin Elshoud. Suite au départ de ce dernier, Albin Raillon s’assure la collaboration de monsieur Schmid-Dumas à partir du 15 octobre 1911. Toutefois, en 1913, il est remplacé par Max Maïer, collaborateur de la Maison Raillon depuis plusieurs années à Calais. Il ne reste qu’une année, la Première Guerre mondiale l’amenant à quitter la cité audomaroise.
Saint-Omer, BASO.
RAUX Lambert Etienne (1796-1876) Lambert Etienne Raux est né à Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais), le 8 juin 1796. Il est le fils de Marie Lambert Raux et de Marie Ghislaine Félicité Dubuche. Il épouse Emilie Joseph Gouillart (1801-1876) à Béthune (Pas-de-Calais), le 9 juillet 1823. Ils ont plusieurs enfants. Lambert Raux tient un commerce de coutellerie sur la Petite-place (actuelle place Victor-Hugo), à Saint-Omer. Dans les années 1850, il se met à l’art du daguerréotype. Le Mémorial Artésien nous apprend ainsi qu’en 1850, il exécute avec Henri Péron, armurier, des portraits au daguerréotype. En 1852, tous les deux proposent donc des daguerréotypes aux amateurs de l’art photographique dans leur atelier. Ensemble, ils reproduisent également au daguerréotype une lithographie des orgues de la cathédrale de Saint-Omer, en février 1853. L’atelier de Lambert Raux est localisé au premier étage de sa boutique de coutellerie, au n°3 de la Petite-place, en 1854. Il y vend notamment des stéréoscopes et des épreuves stéréoscopiques de la Maison Gaudin de Paris en 1856. Dans les années 1860, son commerce de coutellerie est repris par son beau-fils, Paul Fréville, qui ne propose plus l’activité de photographie. Lambert Raux décède à Saint-Omer, le 29 juillet 1876.
Saint-Omer, BASO.
SCHMID-DUMAS Après s’être formé à l’Ecole de photographie de Munich (Allemagne), Monsieur Schmid-Dumas exerce comme premier opérateur dans différentes maisons de photographie de France et à l’étranger. Il arrive en 1911 à SaintOmer, avec son épouse, et remplace Augustin Elshoud en tant que gérant de la Maison Raillon, au n°85 de la rue Carnot. Cet atelier met alors en avant ses compétences d’opérateur-spécialiste pour la lumière électrique dans ses annonces, publiées dans le journal local Le Mémorial artésien. SchmidDumas y assure ainsi la direction jusqu’en 1913, année où il cède sa place à Max Maïer. Cependant, cette année-là, il demeure encore dans la cité audomaroise, au n°22 de la rue de Dunkerque.
Saint-Omer, BASO.
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SURELLE Edmond (1864-1937) Edmond Surelle est né à Saint-Omer, le 13 juillet 1864. Il est le fils de Benoît Joseph Surelle, chapelier, et d’Emélie Collet. Il épouse en premières noces, à Roubaix (Nord), le 9 août 1898, Louise Pauline Thérèse Delerue dont il a au moins deux enfants, Paul et Germaine. Le 14 juillet 1909, son épouse meurt mystérieusement suite à des manœuvres abortives. Edmond Surelle est suspecté et s’enfuit en Belgique. Il est arrêté à Ypres quelques jours plus tard. Le 14 août 1909, il rentre à Saint-Omer, suite à une ordonnance de non-lieu en sa faveur. Il épouse en secondes noces Léonie Marie Souliez (1876-….) à Merville (Nord), le 21 mars 1910. En 1880, Edmond Surelle est élève à l’école des Beaux-Arts de Saint-Omer et reçoit une mention au concours départemental d’Arras, dans la catégorie modelage de tête, en 1881. Dix ans plus tard, en 1891, il est cité comme photographe à Saint-Omer et habite au n°42 de la rue Guillaume-Cliton, puis, au n° 40 de la même rue dès 1896. En 1901, il reprend l’ancien atelier de photographie Becquereau, situé au n°42 de la rue de Valbelle, à Saint-Omer. Il y tient son commerce de photographie au moins jusqu’en 1926. Son fils Paul (1900-1984), lui aussi photographe, revient sur Saint-Omer en 1931 pour lui succéder. Le 30 août 1937, Edmond Surelle décède à Saint-Omer. Paul Surelle part alors pour Nîmes (Gard) en 1939. Saint-Omer, BASO.
VANBESELAËRE Victor Louis (1879-1916) Victor Louis Vanbeselaëre est né à Saint-Omer, le 29 mai 1879. Il est le fils de Victor Henri Vanbeselaëre, matelassier, et de Victorine Derepper, lingère. Il épouse Céline Louise Deheegre (1878-1924) à Saint-Omer, le 4 juin 1904. Ils ont plusieurs enfants. Victor Vanbeselaëre exerce d’abord la profession de peintre en bâtiment. Il tient ainsi une entreprise de peinture et de vitrerie (bois, décor, marbre…) au n°39 de la rue de Calais, à Saint-Omer. En 1909, il devient photographe au n°8 de la place Suger, puis, au n°101 de la rue de Calais, où il décède le 18 décembre 1916. Son fils Victor Charles Louis Vanbeselaëre (1900-1963) exercera également la profession de photographe à Lille (Nord), au n°38 de la rue Jules-Guesde.
Saint-Omer, BASO.
VERNEUIL Auguste Marie (1812-1904) Auguste Marie Verneuil est né à Paris (5e arrondissement), le 17 août 1812. Il est le fils de Jacques Auguste Verneuil, horloger, et de Marie Augustine Perrine Descotte. Il épouse Marie Valentine Gertrude Martel (1815-1854), marchande de nouveautés, à Saint-Omer, le 15 décembre 1838. Suite au décès de son épouse en 1854, il se remarie avec Marie Victoire Duchochois (1834-….) à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), le 8 mai 1858. Au cours de ces deux mariages, il devient père au moins à deux reprises. Au début des années 1830, Auguste Verneuil s’installe en tant qu’horloger à SaintOmer. Il y officie à différentes adresses, avant de transférer sa boutique, dénommée « Au chronomètre ! », au n°26 de la rue des Arts en 1839. C’est alors, qu’aux environs de 1840, il découvre la pratique de la photographie et se constitue une collection de daguerréotypes, parmi lesquels une vue de l’hôtel de ville de Saint-Omer lors d’un jour de marché. De plus, rapidement, dès 1842, il commence une activité de daguerréotypiste et annonce, dans le journal audomarois Le Mémorial artésien, l’emploi d’un nouveau procédé permettant de faire des portraits par tous les temps. Mais, le 1er février 1843, il décide de quitter Saint-Omer pour Arras (Pas-de-Calais) : les derniers mois dans la cité audomaroise, il réalise les daguerréotypes chez monsieur Péron, arquebusier, rue des Cuisiniers (actuelle rue Louis-Martel), où une terrasse a été construite spécialement pour l’exécution des portraits. Dès lors, il exerce en tant que photographe ambulant et s’installe temporairement dans de nombreuses villes du Nord-Pas-de-Calais. Ainsi, il ouvre notamment des ateliers à Boulogne-sur-Mer (au n°22 de la rue Victor-Hugo, puis, au n°32 de la rue Victor-Hugo) jusqu’en 1867, vient régulièrement à Saint-Omer (au n°37 du Marché aux poissons, actuelle place Victor-Hugo) en 1853 ainsi qu’à Dunkerque entre 1851 et 1856 (dans l’immeuble de monsieur Alliaume, au premier étage, sur la place Jean-Bart). En outre, en complément de la photographie pour laquelle il est récompensé en 1853, il vend aussi des vues pour stéréoscopes, tout ce qui concerne le daguerréotype et propose des leçons pour des amateurs. En parallèle de cette activité, il semble s’intéresser aux différents procédés photographiques : il se procure, par exemple, le procédé anglais de Talbot, le calotype, à Boulogne-sur-Mer, et effectue ses propres recherches. Par ailleurs, en 1853, dans des encarts publicitaires, Auguste Verneuil est présenté comme l’inventeur d’une préparation pour la coloration des portraits au daguerréotype, avec une grande richesse de teintes. Puis, en 1865, son représentant monsieur Catez, à Arras, dépose un brevet d’invention de quinze ans pour un appareil photographique pour l’agrandissement des clichés, fonctionnant par tous les temps, sans besoin de soleil et opérant en quelques secondes. À partir de 1850, Auguste Verneuil est aussi à Paris. Tout d’abord au n°32 de la rue de l’Ecu, il achète ensuite la Maison Bertrand, au n°34 de la rue Dauphine, en 1868. Il est alors reconnu pour ses photographies artistiques inaltérables au charbon. Mais, avec la guerre franco-prussienne, l’affaire décline et il l’abandonne vers 1879. Par la suite, en 1880, il s’installe au n°25 de la rue Humboldt où il fait des agrandissements en amateur. Auguste Verneuil décède à Paris, en 1904. 56
Saint-Omer, BASO.
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GLOSSAIRE
Ambrotype : l’ambrotype est un procédé photographique créé par James Ambrose Cutting en 1854. Il s’agit d’un négatif sur plaque de verre au collodion humide, dont l’image est blanchie par un traitement chimique. Pour que cette image unique apparaisse en positif, elle doit être posée sur un fond noir. Aristotype : le papier aristotype est le premier papier photographique fabriqué industriellement à partir de 1885. Celui-ci est constitué d’un support en papier enduit d’une couche de gélatine contenant un pigment, le sulfate de baryum, afin de le rendre lisse et blanc. Puis, par-dessus, est étendue une émulsion contenant du chlorure d’argent en suspension, permettant le noircissement direct. Autochrome : l’autochrome est un procédé couleur breveté par les frères Lumière en 1903 et commercialisé en 1907. Celuici est constitué d’une plaque de verre recouverte d’une couche de fécules de pomme de terre teintées en violet, orange et vert, sur laquelle est posée une émulsion en noir et blanc. Les grains d’argent présents dans l’émulsion vont alors plus ou moins masquer certaines parties colorées, ce qui recrée les couleurs par synthèse additive (par superposition des couleurs). L’autochrome ainsi obtenu est non reproductible et ne se révèle que par transparence lorsqu’il est éclairé au verso par une source lumineuse. Calotype : le calotype, appelé également « talbotype », est mis au point par William Henry Fox Talbot et breveté en 1841. Il permet l’obtention directe d’un négatif sur papier. Cela consiste en une feuille de papier enduite de nitrate d’argent, puis traitée avec une solution d’iodure de potassium afin que se forme l’iodure d’argent sensible à la lumière. Avant l’exposition, le papier est imprégné de gallo-nitrate d’argent (mélange d’acide gallique, d’acide acétique et de nitrate d’argent), puis, introduit dans l’appareil photographique. Le développement se fait ensuite dans une solution de gallo-nitrate d’argent et le fixage avec une solution de thiosulfate de sodium. Chambre noire (ou camera obscura) : l’invention de la « camera obscura », ou « chambre noire », remonte au XVIe siècle. Lorsque l’on perce un petit trou dans une chambre noire, le paysage qui est à l’extérieur se projette à l’envers sur la face opposée. Employée, à l’origine, pour le dessin, elle deviendra le principe même de l’appareil photographique au XIXe siècle. Charbon « inaltérable » (procédé au) : breveté en 1855 par Louis-Alphonse Poitevin, ce procédé consiste à introduire du noir de carbone, comme pigment, dans la gélatine. Cela a l’avantage de produire des images particulièrement stables. Chromotypie : c’est un procédé photographique d’impression au charbon. Collodion : c’est une solution obtenue par dissolution du nitrate de cellulose dans un mélange d’éther et d’alcool. Il est utilisé, après 1850, en photographie comme liant pour maintenir, sur du verre ou du papier, les sels sensibles. Il est également souvent employé comme vernis. Collodion humide (procédé au) : inventé par Frederick Scott Archer en 1851, le procédé au collodion humide remplace le procédé à l’albumine pour la prise de vue. Ayant une plus grande sensibilité que ce dernier, le procédé au collodion humide contraint néanmoins le photographe à se déplacer avec son laboratoire sur les lieux de la prise de vue. En effet, la plaque doit être impérativement développée dans les minutes qui suivent son insolation (exposition à la lumière), pendant qu’elle est encore humide. Une fois la plaque sèche, elle perd toute sa sensibilité. Le collodion humide rentre notamment dans la préparation des ambrotypes et des ferrotypes. Il est concurrencé, dans les années 1870, par le procédé au collodion sec, puis, par la plaque sèche au gélatino-bromure d’argent vers 1880. Daguerréotype : le daguerréotype est mis au point par Louis-Jacques Mandé Daguerre en 1837. Ce procédé repose sur l’emploi d’une plaque de cuivre recouverte d’une fine couche d’argent polie, soumise aux vapeurs d’iode afin de la rendre sensible à la lumière. Après une exposition d’environ trente minutes, l’image est révélée au moyen des vapeurs de mercure et fixée aux sels marins. Il est alors obtenu une image unique d’une grande précision, pouvant apparaître en négatif ou en positif, selon l’angle d’observation. Cette image daguerrienne est généralement inversée, comme une image dans un miroir. Développement : le développement est le traitement chimique qui consiste à transformer une image latente (invisible) en image visible. Emulsion : une émulsion photographique est composée de sels d’argent, sensibles à la lumière, uniformément répartis (en suspension) dans de la gélatine ou du collodion. Une fois coulée sur le support, elle constitue ainsi la couche sensible. Ferrotype : mis au point en 1853 par Adolphe-Alexandre Martin, le ferrotype est connu également sous le nom de « tintype » ou « mélanotype ». Il s’agit d’un positif direct obtenu grâce à une plaque de métal noircie, sur laquelle est étalée une base photosensible au collodion. Plus tard, la gélatine remplacera le collodion et fera perdurer le ferrotype jusque dans les années 1950. Ce procédé rapide et bon marché a surtout été popularisé par les photographes ambulants et les forains. Filmcolor : introduit sur le marché par la société Lumière dès les années 1930, le Filmcolor est une version de la plaque autochrome adaptée sur film souple en nitrate de cellulose. Gélatino-bromure d’argent : ce procédé a été inventé par Richard Leach Maddox en 1871. Il s’agit d’une plaque de verre enduite d’une suspension de bromure d’argent (sensible à la lumière) dans de la gélatine. Cette plaque est dite sèche pour être distinguée des plaques humides au collodion. Elle peut être conservée de longues périodes avant d’être utilisée, à la différence du collodion humide. Héliographie : découverte en 1825 par Nicéphore Niépce, l’héliographie est une photographie produite en sensibilisant un support (verre, métal, pierre…) par une couche de bitume de Judée. Lambertypie : procédé au charbon mis au point par Claude Léon Lambert en 1875, la lambertypie permet l’agrandissement des photographies. Lanterne magique : créée au XVIIe siècle par Christian Huygens, la lanterne magique est l’ancêtre des appareils de projection, notamment du projecteur de diapositives.
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Négatif : le procédé négatif a été conçu par William Henry Fox Talbot en 1840. Celui-ci permet ainsi d’obtenir une image dont les tonalités sont inversées par rapport à celles du sujet. À partir de ce négatif, il peut être produit des images positives en nombre illimité. Nitrate de cellulose : le nitrate de cellulose a été utilisé, à partir de 1889, comme support en plastique pour remplacer le support en verre des négatifs photographiques. Instable et inflammable, il a été interdit pour les films photographiques en 1951. Noircissement direct (procédé à) : le noircissement direct qualifie les procédés photographiques où l’image se forme par la seule action du soleil sans utilisation d’un révélateur. Obturateur : l’obturateur est un dispositif qui contrôle, en s’ouvrant et en se fermant, la quantité de lumière qui pénètre dans l’appareil de prise de vues et qui atteint le film ou la plaque. Papier albuminé : introduit par Louis-Désiré Blanquart-Evrard en 1850, le procédé consiste à couvrir le papier de blanc d’œuf (albumine), contenant du sel, avant de le sensibiliser avec une solution de nitrate d’argent. Cela permet d’obtenir une surface lisse et légèrement brillante capable d’enregistrer des détails très fins. Ainsi, après séchage, le tirage est fait par noircissement direct. Le papier albuminé sera très utilisé jusqu’aux années 1890. Photo-carte : procédé popularisé par Eugène Disdéri en 1854, celui-ci correspond à un portrait de petit format. Le photographe réalise alors de quatre à huit prises de vues sur une même plaque, tirée sur du papier albuminé. Puis, les tirages sont découpés et montés sur carton. Photogravure : apparue lors de l’Exposition universelle de 1900, cette technique permet la reproduction d’une image ou d’un texte sur un support qui permettra l’impression. Après avoir photographié le document ou l’objet devant être reproduit, on détache la pellicule du cliché obtenu pour l’appliquer à l’envers sur une plaque de zinc sensibilisée. Après avoir exposé le tout à la lumière pour fixer l’image, la plaque est nettoyée afin de dégager les blancs. On procède ensuite à des morsures successives à l’acide pour obtenir les creux nécessaires. Phototypie : c’est un procédé de reproduction d’images photographiques. Celui-ci repose sur l’emploi de la gélatine bichromatée qui possède la faculté de devenir insoluble sous l’action de la lumière. Exposée sous un négatif, la gélatine devient d’autant plus insoluble qu’elle est en contact avec les plages les plus transparentes : n’absorbant plus l’humidité, elle accepte alors l’encre lithographique. À l’impression, les parties de la plaque correspondant aux plaques transparentes du négatif retiennent donc l’encre et sont traduites par des valeurs sombres. Platinotypie : brevetée en 1873 par William Willis, la platinotypie est un procédé de tirage aux sels de platine : l’image est ainsi constituée de particules métalliques de platine dispersées dans les fibres du papier. Les platinotypes sont des photographies très stables, présentant une gamme étendue de demi-teintes du gris neutre au noir profond. En usage entre 1879 et 1916, ce procédé disparaît lorsque le coût du métal précieux augmente considérablement, après la Première Guerre mondiale. Positif : le positif est une image dont les tonalités correspondent à celles du sujet. Stéréoscopiques (vues) : mis au point au milieu du XIXe siècle, l’appareil stéréoscopique, rassemblant deux chambres photographiques et deux objectifs, permet d’obtenir un cliché stéréoscopique. Celui-ci se constitue de deux vues photographiques prises sous un angle légèrement différent et qui, observées à l’aide d’un système optique, recrées l’illusion du relief. Tirage : il s’agit de la production d’une image positive à partir d’un négatif. Il désigne également l’épreuve photographique ainsi obtenue.