De l'esquisse à la réalité • Roy Hession

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Maintenant, considérez votre vie spirituelle : voudriez-vous d’un ersatz de Jésus ? Il nous promet une vie de plénitude ! Pourtant… Nous passons à côté des plus grandes bénédictions que Dieu nous réserve ! Mais pourquoi nous contenter d’une simple « esquisse », alors que nous pourrions prendre pleine possession de la réalité de la vie en Christ ?

C’est le cœur du message de l’Épître aux Hébreux. C’est aussi le cri de roy hession qui revisite ce livre,

prédication enflammée qui s’adresse à tous ceux qui ont soif de plus. Qui ne veulent pas d’une spiritualité du dimanche. Ne passons pas à côté d’une vie véritable. Celle à laquelle Dieu nous appelle. Ne passons pas à côté du dessein de Dieu.

Saisissons-le !

Roy Hession • Évangéliste conférencier et homme de Réveil, Roy Hession a exercé un ministère international qui a influencé plusieurs générations et plusieurs mouvements dont OM. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages, dont le best-seller Le chemin du calvaire .

9 782362 491764

11,90 € ISBN 978-2-36249-176-4

adaptation

Alain Stamp

Roy Hession

De l’esquisse à la réalité

De l’esquisse à la réalité

Vous arrivez au boulot un matin, complètement groggy. Votre premier réflexe : mettre l’eau à chauffer et attraper une tasse. Mais alors que la bouilloire siffle, votre main hésite : Chicorée, ou café noir ? Le substitut, ou l’original ? Rester prudent, ou booster votre énergie… Voilà votre choix.

Roy Hession adaptation

Alain Stamp

De

l’esquisse À LA

réalité Ne passons pas à côté du dessein de Dieu



de l’esquisse à la réalité



Roy Hession adaptation

Alain Stamp

De

l’esquisse

À LA

réalité Éditions BLF • Rue de Maubeuge 59164 Marpent • France


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : From shadow to substance • Roy Hession © 1977 • Roy Hession book trust 3 Florence road, Bromley, Kent, BR1 3NU, England Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.

Édition en langue française : De l’esquisse à la réalité • Roy Hession © 2014 • BLF Europe Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : Jean-Marc Bréchet Adaptation du texte français : Alain Stamp Couverture et mise en page : Éditions BLF • www.blfeurope.com Impression n° 161/00 • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc

Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de La Bible du Semeur. Texte copyright © 2000 Société Biblique Internationale. Avec permission. Les italiques sont ajoutées par l’auteur du présent ouvrage. ISBN 978-2-36249-176-4 ISBN 978-2-36249-177-1 ISBN 978-2-36249-178-8 ISBN 978-2-36249-179-5

Broché ePub Mobipocket PDF

Dépôt légal 2e trimestre 2014 Index Dewey (CDD) : 227.87 Mots-clés : 1. Bible. Nouveau Testament. 2. Commentaire. 3. Sanctification. Persévérance. Jésus-Christ.


À propos de l’auteur de l’Épître aux Hébreux Pour Roy Hession Paul est l’auteur de l’épitre aux Hébreux. Un vieux débat. Origène disait à ce sujet : « Pour moi, si je donnais mon avis, je dirais que les pensées sont de l’apôtre, mais la phrase et la composition sont de quelqu’un qui rapporte les enseignements de l’apôtre […] ; ce n’est pas au hasard que les anciens l’ont transmise comme étant de Paul 1 ».

Les positions le plus récentes sont les suivantes : « Le pas décisif a été franchi au début du vingtième siècle : l’abandon de la paternité paulinienne, abandon définitif, selon toute vraisemblance 2 ».

Pour les éditeurs, la conviction personnelle de Roy Hession, sans doute à contre-courant sur ce point précis, ne diminue en rien les qualités spirituelles, la portée du message et la valeur de ce livre qui sert magistralement l’œuvre et la personne de Christ. Ils vous invitent à ne pas vous arrêter sur ce détail pour profiter pleinement de la lecture de cet ouvrage.

Les éditeurs

Cité par Eusèbe de Césarée, dans son Histoire ecclésiastique [En ligne]. Livre VI, chap. 25, § 13. URL : <http://levigilant.com/documents/eusebe/histoire6.htm> (page consultée le 10 mars 2014). 2 BUCHHOLD, Jacques, BENETREAU Samuel. « Introduction à la lettre aux Hébreux ». In Bible d’étude Semeur. Charols : Excelsis, 2005, p. 1880–1883. 1

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Table des matières chapitre un

Passons… de l’esquisse à la réalité..................... 9 chapitre deux

Passons… d’une vie dans le désert à une vie en Canaan................................................ 19 chapitre trois

Passons… de Jésus notre Aaron à Jésus notre Melchisédek................................... 45 chapitre quatre

Passons… de l’ancienne alliance à la nouvelle alliance.............................................. 63 chapitre cinq

Passons… du lieu saint au Saint des saints.................................................. 83 chapitre six

Entrons… dans le Saint des saints..................105 chapitre sept

La puissance du sang de Christ.......................117 chapitre huit

Qui n’avance pas recule......................................127 chapitre neuf

Persévérons jusqu’à la fin..................................139 chapitre dix

Le renégat irrécupérable ?.................................153 chapitre onze

Le parcours qui nous est proposé..................169 7



Chapitre un

Passons… de l’esquisse à la réalité

Hébreux 8 : 5 ; 9 : 23 ; 10 : 1 ; Colossiens 2 : 17

Il y a une grande différence entre un objet et son ombre. Les ombres peuvent être superbes. Comme celles, très allongées, des arbres à la fin d’un après-midi d’été. Elles ajoutent encore plus de vie au paysage. Il est recommandé à ceux qui visitent les tropiques de ne pas prendre de photos à midi, lorsque le soleil est à la verticale, mais l’après-midi, à cause des ombres. Les ombres ne possèdent pourtant pas de réalité, pas de substance propre. Le palmier majestueux revêt bien plus d’importance et de 9


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beauté que la silhouette qu’il projette. Tout le monde préfère normalement l’arbre à son reflet !

C’est exactement ce que les chrétiens hébreux, à qui Paul écrit, ne faisaient pas dans leur vie spirituelle. Eux se contentaient de l’ombre plutôt que de la réalité. Ces croyants, auxquels Paul s’adresse, vivaient une curieuse situation. Ils avaient probablement rencontré l’apôtre lors de sa dernière visite à Jérusalem. Pierre lui avait suggéré de faire attention à sa manière de les aborder : « Vois-tu, frère, combien de milliers de Juifs sont devenus croyants, et tous sont très attachés à la loi de Moïse. Or, ils ont entendu dire que tu enseignes à tous les Juifs disséminés à l’étranger d’abandonner les prescriptions de Moïse en leur disant de ne plus faire circoncire leurs enfants et, d’une manière générale, de ne plus suivre les coutumes juives3 ».

Ces croyants juifs étaient en pleine confusion. D’un côté, ils avaient reconnu le Seigneur Jésus pour leur Messie, de l’autre, ils étaient toujours zélés pour la loi de Moïse et observaient encore les rituels de l’Ancien Testament. Ils offraient scrupuleusement les sacrifices prescrits. Ils étaient tellement scrupuleux vis-à-vis de la loi, qu’ils étaient furieux contre Paul, lorsque celui-ci avait le malheur de laisser entendre que la grâce de Dieu avait remplacé la loi. Ils n’avaient apparemment pas compris que ces rituels n’étaient que des « ombres, l’esquisse de celui qui devait venir 4 ! » Maintenant que Dieu était effectivement venu, apportant tant de bonnes choses, ils n’avaient plus besoin des ombres. Dans les Actes des apôtres, d’autres groupes semblent avoir également penché pour une position intermédiaire : « Quelques anciens membres du parti des pharisiens qui étaient devenus des croyants intervinrent pour soutenir qu’il fallait absolument circoncire les non Actes 21 : 20-21. Hébreux 10 : 1.

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Juifs et leur ordonner d’observer la loi de Moïse5 ». Bien qu’ils aient sincèrement accepté Jésus comme leur Messie, ils demeuraient pharisiens, comme le souligne leur insistance sur le rite de la circoncision. Ils se préoccupaient donc toujours de l’esquisse. Actes 6 : 7 précise : « même de nombreux prêtres obéissaient à la foi ». Ces religieux nouvellement convertis continuaient-ils à officier comme prêtres, en offrant « les mêmes sacrifices qui ne peuvent pas enlever le péché » ? Ou étaient-ils passés immédiatement de l’esquisse à la réalité ? Changer sans transition, voilà qui aurait été très délicat et probablement scandaleux. J’imagine qu’ils ne l’ont pas tous fait ! C’est aussi à eux que cette épître était destinée. L’auteur écrit donc à tous ces groupes pour leur expliquer que ces pratiques, bien que divinement ordonnées, n’étaient que des ombres et pas la réalité elle-même. Elles n’ont d’ailleurs jamais été destinées à être autre chose ! L’épître précise même que les prêtres de l’Ancien Testament « sont au service d’un sanctuaire qui n’est qu’une image, que l’ombre du sanctuaire céleste6 ». Elle décrit la loi comme « ne possédant que l’esquisse des biens à venir et non l’expression même des réalités7 ». Ces biens à venir projetaient leurs ombres devant eux. Mais lorsque les promesses spirituelles se sont réalisées, ces croyants s’attachaient encore aux ombres symboliques. Pensez à l’entrée en scène du personnage principal lors d’une pièce de théâtre. Il se tient debout en coulisse, un projecteur derrière lui dessine son ombre sur l’estrade. Cette mise en scène théâtralise son entrée. Durant un instant, les spectateurs ne voient que son ombre. Soudain, ils aperçoivent sa silhouette ; il porte une épée. Mais dès qu’il

Actes 15 : 5. Hébreux 8 : 5. 7 Hébreux 10 : 1 – TOB. 5 6

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entre en scène, qu’ils perçoivent celui dont ils n’avaient vu que la silhouette, leur intérêt pour l’ombre disparaît.

Pendant des siècles Jésus-Christ s’est tenu dans les coulisses de l’Histoire. Il était celui que Dieu avait promis. Par lui, de bonnes choses allaient survenir : celles qui parlent de la rédemption de l’homme. Tandis qu’il se tenait là, se projetait son ombre, devant lui, à travers les pages de l’Ancien Testament. La loi de Moïse, avec l’instauration des prêtres, des sacrifices et des rituels n’était qu’une ombre. Ces dispositions n’étaient que des images, des préfigurations, une esquisse de celui qui allait venir. Elles préparaient Israël à reconnaître son Messie. Comment, sans cela, aurait-il été possible que le peuple comprenne ce que Jean-Baptiste voulait dire lorsqu’il s’écria : « Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! » Les Israélites avaient offert des agneaux durant des siècles pour le pardon de leurs péchés. Ils étaient familiarisés avec l’idée qu’« il n’y a pas de pardon des péchés sans que du sang soit versé8 ». Ce n’était, néanmoins, qu’une ombre de ce qui devait venir. Jean avait vu la réalité, le Seigneur Jésus lui-même qui, sur la croix du calvaire, allait porter les péchés du monde. C’est ce que Paul voulait dire lorsqu’il écrivait aux Colossiens : « Tout cela n’était que l’ombre des choses à venir : la réalité [ou le corps] est en Christ9 ». Je suis sûr que JeanBaptiste n’a plus jamais voulu offrir un agneau au temple après avoir rencontré Jésus ! Il avait découvert la réalité. Il était passé de l’ombre, de l’esquisse, à la réalité elle-même. Il n’en était pas ainsi pour ces chrétiens hébreux. Bien qu’ils aient cru au Seigneur Jésus, qu’ils aient souffert de grandes afflictions de la part de leurs compatriotes, qu’ils aient témoigné de diverses façons qu’ils avaient commencé à voir Christ10, ils n’étaient pas passés de l’esquisse Hébreux 9 : 22. Colossiens 2 : 17. 10 Cf. Hébreux 6 : 4-5 ; 6 : 9 ; 10 : 32-34. 8 9

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à la réalité. Ils étaient encore très marqués par la loi de Moïse et par ses rites. Pour cette raison, leur expérience de la grâce était limitée. Ils étaient plus influencés par la loi que par la grâce de Dieu. Spirituellement, ils étaient des bébés plutôt que des adultes, et Paul leur dit : « En effet, après tout ce temps, vous devriez être des maîtres dans les choses de Dieu ; or vous avez de nouveau besoin qu’on vous enseigne les rudiments des paroles de Dieu. Vous en êtes venus au point d’avoir besoin, non de nourriture solide, mais de lait11 ». Sur cette base, ils étaient en danger de céder, sous la pression de la persécution, le peu qu’ils avaient. L’épître souligne constamment l’alternative : passer de l’esquisse, de l’ombre à la réalité ou « se détourner du Dieu vivant12 » et « [retourner] en arrière pour aller se perdre13 » définitivement.

La vie chrétienne de l’ombre

Nous pouvons considérer l’esquisse et la réalité comme illustrant deux types de vie chrétienne. Il y a une forme de vie chrétienne qui n’est que l’ombre de la vraie. Les vérités spirituelles ne sont pas réelles pour celui qui essaie de les vivre de cette manière. S’efforcer de les appliquer, c’est ce qui conduit à la solitude.

En Angleterre, le parti politique d’opposition, met en place son propre gouvernement virtuel. Celui-ci est une réplique du gouvernement en exercice, et se nomme littéralement le gouvernement de l’ombre14. Il est composé d’hommes excellents aux idées remarquables. Pourtant, comme ils n’ont pas accédé au pouvoir, ils sont dans l’incapacité de les mettre en œuvre ! Hébreux 5 : 12. Hébreux 3 : 12. 13 Hébreux 10 : 39. 14 En anglais : le Shadows cabinet. 11 12

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La vie chrétienne de l’ombre développe elle aussi de bonnes intentions, formule des promesses, mais n’a pas le pouvoir de les réaliser. Il est possible, tout en vivant cette vie, d’être très actif au service de Dieu : s’impliquer dans la vie de l’Église, enseigner à l’école du dimanche, chanter dans la chorale, rendre des visites, être membre de différents comités, servir le thé ou le café et même… prêcher ! Il est possible d’accomplir tout cela sans expérimenter la réalité de ce que promet la Bible ! Il est possible de vivre les ombres de la réalité, mais pas la réalité elle-même ! La question se pose parfois : mais où est Jésus dans tout ce que nous expérimentons ? C’est lui, la réalité ! Or, ce que nous voyons n’est souvent que son ombre. L’esquisse est, évidemment, liée au sujet qu’elle dessine. Elle a la même forme et ne pourrait pas exister sans lui. Pourtant ce n’est qu’une silhouette : il n’y a aucune substance en elle.

Il en est de même de la vie chrétienne de l’ombre et de ses activités. Elles sont liées à Jésus-Christ. Il est possible de discerner en elles quelque chose qui lui ressemble. Elles ne pourraient pas exister sans celui dont elles sont le reflet. Qui se satisferait de l’ombre s’il pouvait posséder et être possédé par ce qui est réel ? Si nous sommes satisfaits, simplement par l’ombre, notre condition est semblable à celle des chrétiens hébreux à qui s’adresse cette épître. Elle est celle de bébés plutôt que d’hommes et de femmes bien enracinés en Dieu. Nous courrons le même danger qu’eux de renier notre foi lorsque de fortes pressions se feront sentir.

Par quel chemin passons-nous effectivement, dans l’épître aux Hébreux, de l’ombre à la réalité ? C’est par la foi ! La foi décrite comme « la réalité de ce qu’on espère15 ». Mais la foi en quoi ? Ou en qui ? En Jésus, évidemment ! Hébreux 11 : 1.

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Mais, notez-le bien, en Jésus, Sauveur et grand-prêtre des pécheurs.

Pour jouir d’un tel Sauveur, je dois reconnaître que je suis un pécheur. Comme j’ai à faire à un Dieu saint, de vagues généralités sur mon péché ne suffiront pas. Il me trouvera coupable sur des points précis. Si je m’humilie, me repens et suis honnête là où Dieu me l’a montré, je deviens un candidat à la grâce de Dieu. Celle-ci m’est accordée par Jésus, d’une manière toute nouvelle. Dans la vie chrétienne de l’ombre nous ne sommes pas vraiment authentiques avec Dieu. Notre perception de lui est légaliste. Nous pensons que nous ne pouvons pas nous permettre d’être vrais à notre sujet. Du coup, il n’est plus réel pour nous ! Selon la loi de Dieu notre bénédiction dépend de notre obéissance, du coup, nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir tort. Nous devrions être châtiés si cela nous arrivait ! Mais au calvaire, la compassion et la grâce sont gratuites. Le pardon multiplié. C’est là que notre âme chargée retrouve la liberté. Le pécheur peut se permettre d’y être authentique. À sa joie et à son soulagement, Jésus devient enfin pour lui une réalité. Arrivés à ce point, voici un avertissement. Il nous faut être certains de ne pas fausser notre image de la réalité. Siméon était un vieux lévite qui servait dans le temple. Il attendait la consolation d’Israël. Il espérait, de son vivant, la venue du Messie avec tout ce que cela signifierait. L’Évangile précise que le Saint-Esprit lui avait révélé qu’il ne mourrait pas sans avoir vu le Seigneur Jésus. Lorsqu’il l’a vu, tout ce qu’il a contemplé c’était un petit bébé amené par une pauvre paysanne ! Il aurait été facile pour lui d’avoir une fausse image de ce qu’allait être le Messie, de ne rien voir de ce qui se passait et de se détourner de cet enfant. Il a, au contraire, étreint ce nourrisson, béni Dieu 15


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et dit : « Mes yeux ont vu ton salut16 ». Siméon tenait dans ses bras, ce jour-là, la réalité éternelle ! Il tenait le réveil, la vie de victoire, la réponse aux besoins de tout homme, etc.

Nous avons une fausse image de ce qu’est le réveil, de ce que pourrait être l’expérience d’une vie chrétienne victorieuse ou de la manière dont nos besoins seront satisfaits. Nous imaginons souvent une réponse spectaculaire, soudaine, puissante. Or avec cette fausse image, nous ne trouverons jamais ce que nous cherchons. Nous devons découvrir que Jésus est le réveil. Il est la réponse à tous nos besoins, même si son action de renouvellement paraît discrète, n’opérant que dans un seul cœur : le nôtre. Après tout, le réveil doit commencer quelque part, et les débuts sont toujours petits. Mais si nous ne le voyons pas Jésus tel qu’il est vraiment, rien ne commencera. Dans notre désir d’obtenir à tout prix une réponse, nous risquons d’étreindre, d’embrasser quelque chose d’autre ; une nouvelle passion, une nouvelle doctrine, une nouvelle expérience ! Si nous avons, pour un temps, l’impression d’être satisfaits, nous finirons par découvrir que ce n’est que l’ombre et pas la réalité.

Hors du camp

Pour les chrétiens hébreux, passer de l’esquisse à la réalité allait être très difficile. Cela voulait dire : « Allons donc à lui en sortant en dehors du camp, et acceptons d’être méprisés comme lui17 ». Sortir du judaïsme ! Ces chrétiens s’étaient déjà exposés à de sévères persécutions pour avoir reconnu celui que la nation juive avait crucifié. Renoncer au judaïsme était cependant bien pire pour eux. Cependant, « Jésus, lui aussi, est mort en dehors de la ville pour purifier le peuple par son propre sang. Allons donc à Luc 2 : 30 – NEG. Hébreux 13 : 13.

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lui en sortant en dehors du camp, et acceptons d’être méprisés comme lui car, ici-bas, nous n’avons pas de demeure permanente : c’est la cité à venir que nous recherchons18 ». Jésus avait souffert aux mains des Juifs « en dehors de la ville » (v. 12). Il avait été traîné à l’extérieur de Jérusalem pour y être crucifié comme on le faisait avec les païens. Si eux aussi, sortaient du camp, ils ne pourraient pas éviter d’encourir le même opprobre que lui. Pour nous aussi, il pourra être coûteux de passer de l’ombre à la réalité. Parce que cela signifie sortir hors du camp, ce qui ne nous rendra certainement pas populaires ! Nous pourrions très bien nous retrouver à porter l’opprobre de Christ. Cela ne veut pas dire que nous devions nécessairement quitter notre Église ou notre dénomination. Peut-être simplement que nous ne serons plus d’ardents défenseurs de certains points de doctrine, que nous ne mettrons plus le même accent sur certains sacrements, que nous ne serons plus aussi passionnés par la toute dernière méthode évangélique ! Parce que nous verrons ces choses comme n’étant que des ombres, des esquisses, et pas la réalité. D’un autre côté, nous pourrions être conduits à ne pas renoncer trop vite à ce que nous reconnaissons aujourd’hui être de simples ombres. Ne serait-ce que pour aider d’autres à découvrir la réalité, à trouver Jésus Christ.

C’est d’ailleurs ce que Paul a exactement fait : « Car, bien que je sois un homme libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, afin de gagner le plus de gens possible à Jésus-Christ. Lorsque je suis avec les Juifs, je vis comme eux, afin de les gagner. Lorsque je suis parmi ceux qui sont sous le régime de la loi de Moïse, je vis comme si j’étais moi-même assujetti à ce régime, bien que je ne le sois pas, afin de gagner ceux qui sont sous le régime de cette loi19 ». Cependant, les ombres ne signifieront plus Hébreux 13 : 13-14. 1 Corinthiens 9 : 19-20.

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grand-chose pour nous, dès que nous aurons saisi la réalité. Passons donc de l’esquisse à la réalité quoi qu’il nous en coûte.

C’est le premier aperçu général de notre thème : « Passons de l’esquisse à la réalité » Alors que nous progresserons dans l’étude de l’épître aux Hébreux, nous noterons quatre aspects clairement définis vers lesquels nous devrions nous diriger. Ce qui impliquera quatre autres choses bien définies que nous devrons abandonner.

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Chapitre deux

Passons… d’une vie dans le désert à une vie en Canaan

Hébreux 3 : 6 à 4 : 11

L’auteur s’adresse à des croyants qui avaient pris un bon départ dans leur vie chrétienne, mais qui n’avaient pas progressé. Dans les chapitres trois et quatre de l’épître, il décrit leur situation en la comparant à celle de leurs pères qui, libérés de l’esclavage d’Égypte, ne parvenaient pas à entrer dans ce pays de Canaan promis par Dieu. Ils étaient comme assis entre deux chaises, durant leur périple quarante ans dans le désert. Leur cas était pathétique. Ils se 19


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sont arrêtés juste avant d’obtenir les bonnes choses que Dieu avait en réserve pour eux. L’auteur compare cette position à celle de ses lecteurs : il écrit pour les encourager à passer, sur le plan spirituel, d’une vie dans le désert à une vie en Canaan, en leur prodiguant tous les encouragements nécessaires. Cette longue période dans le désert n’avait jamais été l’intention première de Dieu. Lorsqu’il a racheté les Israélites de l’esclavage en Égypte, ce n’était pas uniquement pour les soustraire au fouet du Pharaon. Il voulait aussi les conduire dans un pays bien meilleur, où coulaient le lait et le miel. Un pays de montagnes et de rivières, très fertile, où ils pourraient manger du pain à satiété. Moïse l’avait dit : « Mais nous, il nous a fait sortir de là pour nous amener ici et nous donner le pays qu’il avait promis par serment à nos ancêtres20 ».

Pour entrer dans ce pays, le peuple devait traverser le désert hostile du Sinaï. Les Hébreux goûtaient la liberté pour la première fois. Ils étaient pleins de confiance dans leur grand Jahvé qui les avait si merveilleusement fait quitter l’Égypte. Sur la rive est de la mer Rouge, ils avaient chanté des louanges en son honneur, attendant, pleins de joie, d’entrer dans le pays qu’il leur avait promis. Mais cette foi toute fraîche a été durement testée dans le désert. Elle n’a pas tenu. Chaque fois que les conditions devenaient difficiles, ils doutaient, murmuraient contre Dieu et contre le chef qu’il leur avait donné. Ils seraient volontiers retournés en Égypte si cela avait été possible. Il n’est pas étonnant que la colère de Dieu se soit enflammée contre cette génération21. Le comble de leur incrédulité et de leur rébellion s’est manifesté à Kadesh-Barnea. Ils étaient à la frontière du pays promis. Impressionnés par les descriptions de villes fortifiées, d’hommes gigantesques, ils ont douté de Dieu une fois de plus et ont absolument refusé Deutéronome 6 : 23. Hébreux 3 : 10-11.

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Passons… d’une vie dans le désert à une vie en Canaan

d’aller livrer bataille. Ils ont même été jusqu’à se chercher un chef qui les ramènerait en Égypte ! C’est alors que Dieu a prononcé un terrible serment, jurant que personne de cette génération n’entrerait dans le pays. Pendant quarante ans, ils allaient errer dans le désert. Jusqu’à ce que toute cette génération meure. Ensuite Dieu ferait entrer leurs enfants dans le pays promis. Le désert est ainsi devenu leur cimetière. Seuls deux hommes de cette immense foule sortie d’Égypte sont entrés en Canaan : « Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, furent les seuls à rester en vie parmi les hommes partis explorer le pays22 ».

Ces événements devraient être pour nous des images et des préfigurations. Nous sommes tous nés dans une société gouvernée par un Pharaon, Satan, que Paul décrit ailleurs comme « le prince du monde23 ». Dieu a décidé d’avoir un peuple à lui, sauvé par la rédemption de son Fils. Nous formons son peuple. La manière dont Israël a été racheté est une image de notre rédemption. Les Israélites ont été acquis à la fois par le sang et par la puissance. Le sang d’un agneau, badigeonné sur les montants des portes de leurs maisons les a sauvés du jugement divin et de l’Égypte. Le miracle du partage des eaux de la mer Rouge, et leur reflux au bon moment pour noyer les Égyptiens, les a sauvés de la puissance du Pharaon. Pour cette délivrance, Israël a loué Dieu comme il ne l’avait encore jamais fait. Le Seigneur Jésus a accompli pour nous une bien plus grande délivrance. Par son sang répandu sur nos cœurs coupables, lorsque nous nous repentons avec foi, il nous sauve du jugement divin qui attend le monde. Par la puissance de sa main droite, il nous a relevés et nous a délivrés de notre ancienne façon de vivre. Nombres 14 : 38. Jean 14 : 30 ; cf. Éphésiens 2 : 2.

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Pourquoi Dieu nous a-t-il fait « sortir d’Égypte » ? Pour une raison glorieuse et positive : pour nous amener à toute la plénitude du Seigneur Jésus. Pour que toutes les aspirations de nos cœurs soient satisfaites dans notre communion avec lui. Pour que nous le voyions mettre en fuite nos ennemis et nous accorder la victoire sur le péché et sur Satan. Nos cantiques font souvent du pays de Canaan une illustration du ciel. Selon les chapitres trois et quatre d’Hébreux, nous sommes cependant invités à entrer en Canaan maintenant. Le mot revient cinq fois. Ainsi, Canaan est une illustration de cette vie de satisfaction et de liberté que Jésus veut nous offrir… maintenant ! Nous nous immobilisons souvent avant d’avoir atteint ce but. Il y a des moments où je sais parfaitement que je suis « sorti d’Égypte » sans pour autant avoir « atteint Canaan ». J’ai goûté cette joie, mais il y a longtemps. Pour l’instant, je ne peux pas dire que je la ressente comme avant. Je suis quelque part en route. Je suis dans le désert. Et le désert est un endroit très déplaisant. Les Israélites disaient parfois : « Nous étions plus heureux en Égypte qu’ici ! » Les chrétiens peuvent descendre si bas, au point de dire : « Nous étions plus heureux avant de nous convertir que dans le terrible désert où nous nous trouvons comme chrétiens ».

Il est possible de s’habituer au désert au point de s’en accommoder. Nous n’avons peut-être jamais connu grandchose d’autre. Nous sommes tentés de dire : « C’est peutêtre tout ce que le Seigneur Jésus voulait que je connaisse ». En aucune façon le but de Dieu ne peut être que nous vivions dans le désert ! Que nous ployions sans cesse sous la culpabilité du péché. Sans satisfaction ni chants de joie dans nos cœurs. Il nous a fait sortir pour nous faire entrer. Rien d’autre ne satisfera son cœur ni le nôtre. Quelle que soit votre expérience actuelle, rappelez-vous qu’il y a, quelque part, un pays promis que la grâce vous a réservé en Christ.

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Passons… d’une vie dans le désert à une vie en Canaan

Que représente Canaan ? Quelle est donc cette vie symbolisée par Canaan ? Si nous parvenons à la définir, selon ces chapitres d’Hébreux, nous verrons par contraste ce qu’est le désert dans lequel nous errons parfois. Nous serons alors à même d’apprécier le chemin qui nous permettra d’entrer et de jouir du « pays promis ». En avertissant les chrétiens hébreux des risques de « ne pas entrer dans le repos », l’auteur, au chapitre 3, cite le psaume 95. Dieu jure aux enfants d’Israël qu’ils n’entreront pas dans son repos, c’est-à-dire, le pays promis, Canaan24. L’apôtre précise, et c’est très important : « En effet, nous sommes associés au Christ, si toutefois nous conservons fermement, et jusqu’au bout, l’assurance que nous avons eue dès le début25 ».

Ainsi, « le pays promis », pour les chrétiens, c’est d’être « associés au Christ26 » ou « devenus participants de Christ27 ». Notez bien : pas simplement imitateur, pas même serviteur, mais participant du Christ. Dans cette union avec Christ, il devient nôtre, sa vie est nôtre, sa puissance est nôtre, sa position d’autorité sur ses ennemis est nôtre, son amour pour les autres est nôtre, etc. En bref, il vit à nouveau sa vie en nous, alors que nous sommes uni à lui. Notre vie ne s’est pas améliorée, c’est plutôt sa vie qui nous est accordée. Quelqu’un a dit : « Il n’y a qu’une vie victorieuse dans le monde et c’est la vie du Christ victorieux, qu’il veut vivre à nouveau en nous ». Le Seigneur Jésus lui-même est notre Canaan. Les conditions pour que nous soyons rendus participants du Christ sont définies par le verset cité. Cela se produit « si toutefois nous conservons fermement, et jusqu’au bout, l’assurance que nous avons Psaumes 95 : 11 (note de l’adaptateur, NDA). Hébreux 3 : 14. 26 Id. 27 Même expression, traduite par la version des Nouvelles éditions de Genève (NEG). Autre traduction : « nous sommes devenus les compagnons de Christ » – Segond 21. 24 25

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eue dès le début28 ». Ce n’est apparemment pas une expérience unique. Nous devenons participants de Christ si, et seulement si, nous conservons notre assurance. Cette condition peut être remplie aujourd’hui et ne pas l’être demain. Il est important que cela se produise maintenant. Et, après ce maintenant, lors du prochain maintenant. L’expérience de Canaan est continue et valable pour l’instant présent.

« Si toutefois » : mais si quoi ? Remarquez bien qu’il n’est pas dit : « si toutefois nous conservons fermement notre détermination » ni : « si toutefois nous conservons fermement notre consécration », mais bien : « fermement, et jusqu’au bout, l’assurance que nous avons eue dès le début ». Face au mot « confiance » ou « foi » ou « assurance » dans le Nouveau Testament, il faut toujours se demander : confiance (ou foi) en quoi ? Il ne suffit pas de répondre : confiance en Dieu ou en Jésus. Tout dépend de la conception de la divinité. Il ne sert à rien de dire à un homme de faire confiance si sa compréhension de Dieu est celle d’un père fouettard qui ne manquera pas d’utiliser la trique pour quelqu’un faillible comme lui ! Dans ce cas, autant demander à cet homme de croire plus fermement que jamais à sa propre condamnation ! Je crois que lorsque le mot « foi » (ou « confiance ») est utilisé, le mot « grâce » est sous-entendu comme son objet. C’est la foi dans la grâce pour les pécheurs qui donne confiance à celui qui reconnaît sa faillite et lui permet de s’approcher de Dieu. C’est la confiance dans la permanence de la grâce qui amène le saint à revenir à Dieu, après avoir chuté une fois de plus. Il nous est certainement demandé de placer notre foi dans la puissance de Dieu. Mais plus souvent, c’est dans sa grâce que nous devons croire. À cause de nos nombreux besoins, et de notre culpabilité. « Assurance » ou « confiance » selon les traductions (NDA).

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Passons… d’une vie dans le désert à une vie en Canaan

Le lépreux qui dit à Jésus « Si tu le veux, tu peux me rendre pur29 » croyait en la puissance de Christ, mais doutait de sa grâce. Il savait que le Seigneur pourrait le guérir, mais il n’était pas certain qu’un sale lépreux comme lui puisse être l’objet d’une bénédiction aussi grande que celle qu’il demandait ! La foi dans la grâce était quelque chose de nouveau pour lui. Il ne connaissait que si peu de chose du Seigneur. La femme cananéenne a fait preuve d’une grande certitude. Elle avait une si bonne connaissance de la grâce qu’elle ne s’est pas offensée lorsque Jésus l’a comparée à un petit chien : « Il ne serait pas juste de prendre le pain des enfants de la maison pour le jeter aux petits chiens30 ». Elle était prête à prendre sa place de « chien de païen ». Elle y voyait même une qualification pour cette grâce spécialisée dans le secours des paumés, des pauvres et des nécessiteux. Elle a osé dire : « Pourtant les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Jésus n’a pas résisté lorsqu’elle a parlé ainsi ! Il a dit : « Ô femme, ta foi est grande ! Qu’il en soit donc comme tu le veux ! Et, sur l’heure, sa fille fut guérie31 ».

La vérité est que la grâce ne peut jamais résister à la simple foi. Ainsi dans ce verset d’Hébreux 3 : 14, il est dit de persévérer dans notre confiance en la grâce, sans faille, du début jusqu’à la fin. La foi dans la grâce a certainement été au début de notre confiance lorsque nous sommes sortis d’Égypte. Nous avons réalisé que nous étions pécheurs, sans espoir en nous-mêmes. Nos efforts pour nous racheter et nous améliorer étaient voués à l’échec et ne faisaient qu’augmenter notre culpabilité. Jésus est venu, lui, la personnification de la grâce de Dieu. Nous avons vu qu’il avait de quoi répondre aux besoins des pécheurs dans notre situation. Quelque chose d’exclusivement des-

Matthieu 8 : 2. Matthieu 15 : 20-28. 31 Matthieu 15 : 28. 29 30

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tiné à ce type de personne. La confiance dans sa grâce a grandi dans notre cœur. Nous avons admis la vérité à notre sujet, et nous sommes venus à lui. Et il nous a fait sortir d’Égypte. C’était ou ce fut aussi simple, surprenant et rapide que cela ! C’est le résultat sans délai de la grâce, alors, il n’y a plus de travail à accomplir. C’était le début de notre confiance, n’est-ce pas ? C’est cette confiance qu’il nous est demandé de retenir fermement jusqu’à la fin. Cette confiance dans la grâce pour les pécheurs nous fera sortir du désert pour entrer en Canaan. La grâce nous donne accès à Jésus, là où nous sommes. Il n’y a pas de sommets spirituels à escalader où de profondeurs à sonder au préalable. Ce qu’il faut, c’est être brisé pour admettre que nous sommes dans le désert et venir comme cela à lui. Il nous faut, en toute honnêteté, nous asseoir dans le box des accusés en sa présence. Alors que nous le faisons, son sang purifie ce que nous confessons et sa grâce nous fait entrer en Canaan. C’est ainsi que nous « participons » continuellement du Christ. La vie, la plénitude du Seigneur Jésus sont toujours disponibles sur la base de la grâce. Pour être qualifié, nul besoin d’efforts ou de progrès. Tout ce qui est nécessaire, c’est de lui confesser notre sécheresse et notre besoin. Sous le régime de la grâce, un vide confessé est toujours la qualification nécessaire pour qu’il soit rempli.

Il peut y avoir des échecs et des insuffisances en Canaan. Mais en nous emparant fermement de cette confiance, nous savons que le Seigneur Jésus a anticipé ces choses et qu’il y a pourvu. Si vous possédez cette confiance, vous ne désespérerez pas et n’abandonnerez pas tout espoir. Si vous tombez ou si vous vous sentez déprimé, vous saurez comment vous repentir et revenir à Jésus. Vous aurez une sainte confiance dans la puissante efficacité de la grâce de Dieu pour ramener un pécheur comme vous dans la plénitude. L’opposé de cette confiance est mentionné dans Hébreux 10 : 35 : « N’abandonnez donc pas votre assurance : 26


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une grande récompense lui appartient ». La tentation de ne plus « conserver fermement » pour abandonner survient lorsque nous connaissons l’échec. C’est précisément ce que Satan veut que nous fassions. C’est pour cette raison qu’il a provoqué l’échec. Pas simplement pour que nous fassions quelque chose de contraire à notre éthique, mais pour qu’il ait la possibilité de nous accuser et de nous suggérer qu’il n’y a plus d’espoir. C’est ce que Jésus voulut éviter à Pierre à l’heure de son reniement. Jésus lui a dit : « Simon, Simon, fais attention : Satan vous a réclamés pour vous passer tous au crible, comme on secoue le blé pour le séparer de la bale. Mais moi, j’ai prié pour toi, pour que la foi ne vienne pas à te manquer32 ». Pierre allait passer par une sévère épreuve. Visiblement, le Seigneur fait allusion aux instants de sa chute. C’est sa foi dans la permanence de la grâce de Dieu qui allait être testée. À l’heure de l’échec, Pierre pourrait-il encore croire en la grâce porteuse d’espoir pour lui ou abandonnerait-il sa confiance ? Celui qui sait retenir fermement sa confiance dans la grâce sait ce qu’il faut faire en cas d’échec, grand ou petit. Contrairement à Judas, il ne désespère pas et ne cherche pas à mettre un terme à sa vie chrétienne ! À l’exemple de Pierre, il pleure, se repent, retourne au Seigneur… et poursuit sa route, libre, dans la joie et la plénitude de ce Jésus qui vit en lui. Si Canaan signifie devenir participant de Christ, si c’est en retenant fermement notre confiance dans la grâce que nous participons continuellement à sa vie et à sa plénitude, alors, nous devrions continuellement nous qualifier pour la grâce en reconnaissant constamment les péchés dans notre vie pour que le Seigneur nous les révèle. Un jour, j’ai trouvé dans la Bible de ma femme une petite feuille avec une liste de mots alignés les uns sous les Luc 22 : 31-32.

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autres : autoritaire, enquiquineuse, soucieuse, nerveuse, manque d’attention envers les autres, réservée, etc. — Que signifie cette liste ? lui ai-je demandé. Elle a répondu :

— Dieu m’a montré que ces choses sont parfois dans mon cœur et qu’elles constituent un péché. J’ai gardé cette liste pour vérifier si je les considère toujours comme péché ! Remarquez qu’elle ne m’a pas dit : « Je contrôle si elles reviennent ! » Elle est humaine et de telles réactions peuvent réapparaître. Mais elle m’a dit :

— Si elles reviennent, je vérifie que je continue toujours à les considérer comme péché. En d’autres mots, elle persévérait fermement dans l’attitude qu’elle avait eue au début, désirant garder cette attitude jusqu’à la fin.

Certains, évidemment, pensent avoir dépassé le stade où il faut se repentir de ce qu’ils ont confessé autrefois comme péché. Ils n’en sont pas troublés, et il y a longtemps qu’ils n’ont pas eu à demander pardon. Pourtant, se pourrait-il que ces choses soient bel et bien là, mais qu’ils ne les reconnaissent pas comme péché, comme ils le faisaient au début de leur vie chrétienne ? Que, par conséquent, ils ne retiennent pas fermement cette attitude de repentance et de foi en la grâce avec laquelle ils ont commencé ? S’il n’y a aucun péché spécifique que nous puissions reconnaître, nous sommes toujours « un vase vide » : vide de sainteté, d’amour, de puissance. Nous devons sans cesse retourner à Jésus pour confesser notre état si nous voulons jouir continuellement de sa plénitude. Je suis conscient que cette façon de vivre la plénitude de Jésus sera une surprise pour beaucoup. Que certains vont la détester. Franchement, sous certains aspects, je la déteste, moi aussi ! Je ne trouve pas facile d’être brisé de manière répétée dans la repen28


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tance. Je préférerais ne pas devoir continuer à me repentir ni à revenir devant le trône de la grâce comme pécheur. Mais l’expérience me montre que c’est le seul chemin vers la sainteté et la « participation permanente à Christ ». C’est pourquoi ces versets insistent tant sur « aujourd’hui ». Peu importe que je sois sorti d’Égypte et entré en Canaan hier ou avant-hier. Ce qui compte, c’est aujourd’hui. « Aujourd’hui », si j’entends sa voix, je ne dois pas endurcir mon cœur et faire comme les enfants d’Israël dans le désert33. « Aujourd’hui », il faut que mon frère m’exhorte afin que je ne m’« obstine [pas] à cause de l’attrait trompeur du péché34 ». Dieu fixe de nouveau un jour, qu’il appelle aujourd’hui35. Il m’invite à nouveau à revenir !

Canaan, c’est vivre avec Jésus maintenant, aujourd’hui. Il peut être trompeur de parler d’« entrer en Canaan ». Ce qu’il nous faut faire depuis le jour J de notre conversion à Dieu, c’est de conserver fermement, et jusqu’au bout, cette assurance que nous avons eue dès le début. Alors, nous sommes en Canaan. Dans la vie de tous les jours, nous ne le faisons pas. C’est pourquoi nous nous retrouvons dans le désert et avons besoin d’entrer à nouveau en Canaan, également appelé : « mon repos ». Cette expression revient dans les chapitres trois et quatre, et ce, pas moins de onze fois. Le plus souvent sous la forme : « ils entreront dans son repos », ou : « celui qui est entré dans le repos de Dieu se repose de ses œuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes36 ». Dieu s’est reposé de son œuvre de création le jour du sabbat. Jésus, lorsqu’il a achevé notre rédemption, s’est reposé, lui aussi, sachant qu’il était souverain pour amener un nombre infini de fils à la gloire. « Le Christ, lui, a offert un sacrifice unique pour les péchés, valable pour toujours, et il siège à la droite de Dieu où il attend désor-

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Hébreux 3 : 7. Hébreux 3 : 13. Hébreux 4 : 7. Hébreux 4 : 10.

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mais que Dieu mette ses ennemis comme un escabeau sous ses pieds37 ».

Nous sommes invités à entrer dans le repos, à cesser nos travaux comme Dieu et Jésus ont cessé les leurs. Renoncer à nous doter péniblement d’une sainteté qui ne peut être trouvée qu’en Christ. L’œuvre nécessaire pour nous procurer une paix parfaite et une pleine communion avec Dieu a déjà été accomplie. Et Jésus se repose, même si ce n’est pas notre cas. Il désire ardemment que nous entrions aussi dans son repos.

Que représente le désert ?

Vivre dans le désert, c’est l’inverse de vivre en Canaan ! Au lieu de réaliser notre sainteté en Christ, nous tentons de la trouver en nous-mêmes. « En soi-même » est le leitmotiv du désert. C’est là que nous essayons de trouver de quoi bâtir nos espérances de paix, quelque trace de foi, de sentiments ou de bienveillance, alors que notre cœur nous condamne parce que, précisément nous ne les y trouvons pas. Ce qui nous conduit immanquablement au désespoir. Si celui qui désespère, ne voit pas et ne croit pas qu’il y a encore de la grâce en réserve pour lui, pécheur, il pourrait bien vouloir en finir définitivement avec la vie chrétienne. Être dans le désert, c’est donc se trouver en grave péril. C’est pourquoi l’auteur adresse aux Hébreux plusieurs avertissements solennels : Prenez donc bien garde, mes frères, que personne parmi vous n’ait le cœur mauvais et incrédule au point de se détourner du Dieu vivant38. Ainsi donc, pendant que la promesse d’entrer dans le repos de Dieu est toujours en vigueur, craignons que l’un d’entre vous ne se trouve coupable d’être resté en arrière39.

Hébreux 10 : 12-13. Hébreux 3 : 12. 39 Hébreux 4 : 1. 37 38

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Passons… d’une vie dans le désert à une vie en Canaan Empressons-nous donc d’entrer dans ce repos afin que personne ne tombe dans la désobéissance à l’exemple des Israélites40.

C’est un fait, Dieu ne nous laisse aucun espoir de trouver de la sainteté en nous-mêmes ! Notre nature humaine est dominée, depuis la chute, par ce que Paul appelle « la chair ». Ce principe égocentrique a pénétré l’homme lorsque celui-ci a péché. Toutes les facultés extraordinaires de la personnalité, que la Bible appelle l’âme, sont maintenant contrôlées par l’égocentrisme. Et elles se prostituent à son service. Inutile d’espérer que cette nature produise de l’amour pour Dieu et pour le prochain. Ou quelque capacité pour vivre la vie chrétienne. Chaque tentative de discerner ces dispositions est une expérience décevante, aussi sérieux que nous soyons. Paul a essayé et il a fini par confesser : « Vouloir le bien est à ma portée, mais non l’accomplir41 ». Ses intentions étaient bonnes, mais les résultats nuls. Ce qui semblait être le début de la sainteté cédait toujours dans l’épreuve. Un auteur puritain a écrit : « Il est plus facile de faire sortir de l’huile d’une pierre que de la sainteté de la chair ». La chair est non seulement incapable de produire la sainteté, mais elle engendre, avec la plus grande facilité, son opposé : des actions et des réactions égocentriques. C’est le propre de la nature humaine. Or, l’égocentrisme est simplement un autre nom pour le péché. Il y a en anglais une jolie illustration : le mot « SIN » (péché) a comme lettre centrale le « I » qui veut dire : « moi, je » !

Vous pouvez consulter le triste catalogue des œuvres de la chair (il y en a dix-sept en Galates 5). À commencer par l’adultère, pour continuer par des choses plus policées – les disputes, les conflits, etc. – et terminer par l’ivrognerie et les orgies ! Tout cela, œuvres de la chair, policé ou non, est en horreur à Dieu ! La chair agit chez le croyant comme Hébreux 4 : 11. Romains 7 : 18.

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chez l’incrédule. Elle peut même, et c’est terrible, s’immiscer dans le service rendu à Dieu ! Ce qui explique la mort spirituelle et la désolation de certaines de nos Églises : la chair dans le service pour Dieu ! Et pendant ce temps, le Saint-Esprit attend l’occasion d’agir dans le cœur du chrétien. C’est pourquoi il n’est pas nécessaire pour le croyant de poursuivre ce travail harassant en essayant de faire de la chair un meilleur chrétien. Le Saint-Esprit est en nous, non pour améliorer notre chair, mais pour l’amener en jugement à la croix. Pour la remplacer par la vie, l’amour et la puissance de Jésus lui-même. C’est cela la sainteté, beaucoup plus accessible que ce que nous avions imaginé.

Celui qui est dans le désert ne voit pas cela. Bien qu’il ait reçu le Saint-Esprit lorsque Dieu l’a sauvé, il travaille toujours à l’amélioration de la chair. Et découvre que ce n’est rien d’autre qu’un désert. « Après avoir commencé par l’Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair42 ? » demande Paul. Pire, ce faisant, le chrétien vit sa vie chrétienne sous la loi plutôt que sous la grâce. Et quel symbole que ce désert, où ont tant souffert les Hébreux, le désert du Sinaï ! C’est là que la loi avait été communiquée au peuple. Avec ses exigences strictes, impossibles à remplir. La loi dicte ce qu’il faut faire, mais la chair n’a aucun pouvoir d’y obéir. La loi ne peut donc que condamner. Quel endroit sec, assoiffant que le Sinaï ! C’est invariablement là que nous nous retrouvons si nous ne sommes pas en Canaan. Charles Wesley avait compris cela lorsqu’il a écrit : Oh ! si je pouvais tout de suite monter, Ne plus m’arrêter de ce côté du Jourdain, Mais posséder maintenant le pays ; Cet instant marque la fin du temps que je dois faire, Tristesses et péchés et doutes et larmes, Une solitude aux terribles hurlements.

Galates 3 : 3 – NEG.

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La convoitise L’auteur établit un parallèle entre l’expérience des Hébreux et notre vie chrétienne : « Tous ces faits nous servent d’exemples pour nous avertir de ne pas tolérer en nous de mauvais désirs comme ceux auxquels ils ont succombé43 ». Il fait référence à l’épisode suivant : « Il y avait parmi le peuple un ramassis d’individus qui furent saisis de toutes sortes de désirs. Alors, les Israélites, à leur tour, recommencèrent à pleurer en disant : “Ah ! si seulement nous pouvions manger de la viande ! Nous regrettons le poisson qu’on mangeait pour rien en Égypte ! Et les concombres ! Et les melons ! Et les poireaux ! Et les oignons ! Et l’ail ! À présent, nous dépérissons. Nous sommes privés de tout, rien que de la manne, toujours de la manne44 !” »

Dans la Bible, le mot « convoitise » ne s’applique pas qu’au sexe. La convoitise est un souhait actif qui veut quelque chose, qui la demande maintenant, sans tenir compte de la volonté de Dieu. C’est désirer… désirer… désirer… ce que Dieu ne nous a pas donné. Que nous n’ayons pas cette chose ne signifie pas, pour le moment du moins, que ce n’est pas sa volonté pour nous. Peut-être nous la réserve-t-il pour le futur ? Or, nous ne sommes pas d’accord d’attendre. Nous la voulons maintenant. Israël convoitait, convoitait, convoitait des melons et des oignons d’Égypte. Or, Dieu ne leur avait pas donné ces fruits délectables. Il leur avait donné la manne. Cette convoitise leur avait fait perdre le goût pour ce que Dieu leur avait accordé, le précieux et miraculeux « pain du ciel ». « Nos yeux ne voient que de la manne, ont-ils dit, de la manne pour le petit-déjeuner, de la manne pour le déjeuner, de la manne pour le dîner ! » 1 Corinthiens 10 : 6. Nombres 11 : 4-6.

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Qui d’entre nous n’a pas désiré quelque chose que Dieu ne lui a pas encore donné ? Un emploi, des biens, un succès, une reconnaissance qui tarde à venir… Pour d’autres, un conjoint, des enfants ou une réussite professionnelle… que Dieu n’a pas encore accordés. La convoitise nous fait perdre le goût pour Jésus, le goût pour la manne céleste. Nous ne pouvons pas dire sincèrement qu’il nous satisfait, alors que la convoitise envahit notre cœur. Plus encore : nous ne sommes plus tout à fait sûrs de vouloir être satisfaits par lui… Puisque c’est autre chose que nous convoitons ! Hier, nous étions encore en Canaan. Puis nous nous sommes permis de convoiter, et nous voilà dans le désert ! Nous devons apprendre à nous repentir du péché de convoitise (désirer ce que Dieu ne nous a pas donnés) et l’apporter à Jésus pour être pardonnés et purifiés. Nous le redécouvrirons alors comme celui en qui nous avons toutes choses.

« La manne ressemblait à de la graine de coriandre, elle était transparente comme de la résine de bdellium. […] On la faisait cuire dans des pots pour en faire des galettes qui avaient un goût de gâteau à l’huile45. » À l’évidence, même si la manne ne ressemblait pas à grand-chose, son goût était délicieux. Il était possible d’en faire des gâteaux, et il y avait sans doute de nombreuses recettes pour l’apprêter ! Mais à cause de leur convoitise pour ce que Dieu ne leur avait pas donné, ils étaient « dégoûtés de cette nourriture de misère46 ! » L’épisode se termine lorsque Dieu leur accorde ce qu’ils demandaient et leur envoie des cailles. Dieu est courroucé par la convoitise d’Israël : « Pas un seul jour, ni deux jours, ni cinq jours, ni dix jours, ni même vingt jours, mais durant tout un mois vous en mangerez, jusqu’à ce qu’elle vous sorte par les narines et que vous en ayez la Nombres 11 : 7-8. Nombres 21 : 5.

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nausée47 ». Pire, « ils avaient encore la viande à la bouche quand la colère de l’Éternel éclata contre le peuple, et il le frappa d’une grave épidémie48 ». Des milliers de gens sont ainsi morts, et ils ont été enterrés dans une fosse commune appelée « Tombeau de la convoitise » ce qui est la signification du nom hébreux Qibroth-Hattaava.

Beaucoup plus tard, le psalmiste écrira une épitaphe solennelle sur cet incident : « Il leur a donné ce qu’ils demandaient jusqu’à ce que le dégoût les saisisse49 ». La pire chose que Dieu puisse nous accorder est souvent celle que nous avons convoitée. Cela ne nous convient que très rarement. Cet exaucement devient bientôt odieux et, finalement, ne procure que des misères. Sur les ruines, il nous faudra alors placarder l’écriteau : « Tombeau de la convoitise ». Faisons bien attention et repentons-nous des premiers signes de cette convoitise, de peur que Dieu ne nous accorde ce que nous désirons, contre sa volonté !

L’idolâtrie

« Ne soyez pas idolâtres comme certains d’entre eux  » se réfère à l’épisode de l’adoration du veau d’or. Membre du peuple de Dieu, nous sommes appelés à trouver notre satisfaction et notre intérêt en lui. Nous demeurons cependant des créatures de ce monde, avec nos divers appétits terrestres. Dieu a promis d’y pourvoir. Il le fait, mais ces choses ne doivent pas prendre une importance démesurée, ne pas devenir notre raison de vivre : « Dieu, qui nous dispense généreusement toutes ses richesses pour que nous en jouissions51 ». Sa générosité peut parfois nous créer des problèmes. Certains bienfaits dont il nous 50

Nombres 11 : 19-20. Nombres 11 : 33. 49 Psaumes 106 : 15. 50 1 Corinthiens 10 : 7. 51 1 Timothée 6 : 17. 47 48

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comble prennent tout à coup trop de valeur à nos yeux. Notre amour pour eux dépasse les bornes ; ils prennent la place du Seigneur dans notre vie ! Notre idolâtrie prend diverses formes. Elle peut ressembler à celle d’Israël qui se prosterna devant un veau d’or. Il n’est pas nécessaire d’être fortuné pour adorer l’argent ! Ceux qui en ont peu peuvent l’aimer et le désirer plus que ceux qui en ont beaucoup. Paul dit ailleurs que la cupidité est de l’idolâtrie : « la soif de posséder qui est une idolâtrie52 ».

Chaque fois que j’adore quelque chose ou quelqu’un plus que Jésus, que je m’attache aux choses de cette terre plus qu’à celles d’en haut, ou avec plus d’insistance que Dieu ne le voudrait, c’est de l’idolâtrie. Si je ne considère pas cet attachement comme un péché et que je ne m’en repens pas, je serai rejeté dans le désert. Puisque nous sommes partiellement des créatures terrestres, nous devons évidemment nous préoccuper de nombreuses choses d’ici-bas. Dieu est donc le seul à pouvoir nous montrer que nous sommes en train de tomber dans l’idolâtre.

L’impureté

La troisième chose est l’impureté : « Ne nous laissons pas entraîner à l’immoralité sexuelle comme firent certains d’entre eux et, en un seul jour, il mourut vingt-trois mille personnes53 ». L’auteur fait référence à l’incident rapporté en Nombres 25, quand les enfants d’Israël ont forniqué avec les filles de Moab et ont ainsi participé à des sacrifices à leurs dieux. Il n’y a pas d’épître dans laquelle Paul ne parle pas aux saints de l’impureté sexuelle. La société païenne de son temps était corrompue et permissive… comme la nôtre. Dieu a appelé les chrétiens à sortir de la fange. Il ne préjuge pas que chaque croyant soit Éphésiens 5 : 5 ; Colossiens 3 : 5. 1 Corinthiens 10 : 8.

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entièrement détaché du péché par le seul fait de s’être un jour converti et d’être devenu membre d’une Église ! Il sait que les chrétiens peuvent encore tomber. Nous avons besoin des mêmes exhortations aujourd’hui. Les croyants les plus avancés courent les mêmes dangers. Parfois sous une forme la plus grossière, parfois dans une forme plus subtile. Les tentations et les échecs dans ce domaine font très mal aux hommes, qui ne les connaissent que trop bien. Ce peut être subtil pour les femmes qui, se percevant respectables, ont parfois de la difficulté à admettre ce péché en elles.

J’ai connu une femme qui n’a jamais discerné ce péché jusqu’à ce que Dieu le lui montre et qu’elle s’en repente. Son comportement était très différent en compagnie des femmes : terne, discrète. Devant des hommes, elle jouait le petit chaton. Rien de plus ! C’était pourtant bien ce péché à la racine. Elle a heureusement pu prendre sa place de pécheresse à la croix de Jésus.

Dans ce texte, Paul vise le péché d’immoralité (littéralement : la fornication). Pourtant, ce qu’une personne considère comme immoral ne le sera pas pour une autre. Et à cette époque permissive, qui considère encore les relations sexuelles hors mariage comme immorales ou péché ? Paul considère cela comme un péché et, plus important, Dieu est du même avis. Il appelle cela « l’immoralité », et il dit que nous pouvons être rejetés dans le désert pour ça. L’apôtre est très clair : « Ne vous y trompez pas : il n’y aura point de part dans l’héritage de ce royaume […] pour les homosexuels54 ». Je me souviens d’un jeune homme dans une grande détresse : « Voilà mon problème, dit-il, me montrant ce verset et ce mot : homosexuel. Il est dit que je ne peux pas hériter le royaume de Dieu ! » 1 Corinthiens 6 : 9-10.

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Quel bonheur de lui montrer le message de la grâce et de la miséricorde dans le verset suivant : « Voilà bien ce que vous étiez, certains d’entre vous. Mais vous avez été lavés, vous avez été purifiés du péché, vous en avez été déclarés justes au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu55 ». Tous sans exception, nous pouvons « sortir du désert » et « entrer dans le pays où coulent le lait et le miel » par la purification complète de nos péchés par le sang de Jésus.

Tenter le Seigneur

« N’essayons pas de forcer la main56 au Christ, comme le firent certains d’entre eux qui, pour cela, périrent sous la morsure des serpents57 ». Tenter le Seigneur était l’un des péchés persistant d’Israël. « Vos ancêtres m’ont défié voulant me forcer la main, bien qu’ils m’aient vu à l’action. Pendant quarante ans, j’ai éprouvé du dégoût pour cette génération, et j’ai dit alors : “C’est un peuple qui s’égare, et qui ne fait aucun cas des voies que je lui prescris58” ». Le psaume 78, qui examine l’attitude d’Israël durant son périple de l’Égypte à Canaan, souligne une triple tentation contre le Seigneur : « Dans leur cœur, ils ont mis Dieu au défi en réclamant à manger à leur goût. […] Ils ont voulu forcer la main au Dieu très-haut et ils se sont rebellés contre lui. Ils n’ont pas gardé ses commandements59 ». En Nombre 14, le Seigneur se plaint de ces hommes « qui ont, déjà dix fois, voulu me forcer la main et qu’ils ne m’ont pas obéi60 ». Chaque fois, il semble qu’Israël ait provoqué la colère du Seigneur, ce qui entraîna de sévères punitions et des morts. 1 Corinthiens 6 : 11. Segond traduit : « Ne tentons pas le Seigneur » (NDA). 57 1 Corinthiens 10 : 9. 58 Psaumes 95 : 9-10. 59 Psaumes 78 : 18, 56. 60 Nombres 14 : 22. 55 56

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Tenter le Seigneur ? Quelle affirmation extraordinaire ! Qu’un homme puisse être tenté, d’accord, mais comment Dieu le pourrait-il ? Et qui plus est : par nous ? Visiblement, c’est possible. Quand Jésus a refusé la proposition de Satan de se jeter en bas du temple, il a souligné que cela reviendrait à tenter Dieu, et que cela était interdit. Le Dr Packer explique : « L’homme tente Dieu par des attitudes, des mots ou des comportements. Il le défie bel et bien, insolemment, afin d’éprouver la vérité de ses paroles ainsi que la bienveillance et la justice de ses voies ». C’est exactement ce qu’Israël a fait à l’occasion des épreuves par lesquelles Dieu a permis qu’ils passent. Lorsqu’ils ont manqué d’eau, ils ont discuté avec Moïse et dit : « Le Seigneur est-il parmi nous, oui ou non ? » Ils doutaient que Dieu soit avec eux et l’ont défié de le prouver : « Dans leur cœur, ils ont mis Dieu au défi en réclamant à manger à leur goût. Ils ont tenu des propos contre lui : “Dieu peut-il dresser la table au désert61 ?” ».

Ce n’était pas une simple question posée par la foi, mais une critique de ce qu’il ne l’avait pas fait et un doute qu’il puisse le faire vraiment. Cette attitude revenait à tenter Dieu. Le tenter de les traiter selon leur incrédulité. Le tenter d’être à la hauteur des intentions qu’ils lui prêtaient. Le tenter de les abandonner sans dresser de table pour eux dans le désert ! Si Dieu avait agi ainsi, personne n’aurait pu l’accuser d’injustice ! Parce qu’il est plein de grâce et de miséricorde, il ne l’a pas fait, et leur a fourni ce qu’il avait déjà prévu de leur donner. Cependant, la provocation était si terrible qu’il les a punis en leur envoyant, cette fois, une invasion de serpents venimeux qui a encore réduit leur nombre. De la même manière nous avons, nous aussi, tenté Dieu au cœur de nos épreuves. Nous avons douté de lui alors qu’il nous guidait et prenait soin de nous. Nous avons Psaumes 78 : 18-19.

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posé les mêmes questions médisantes qu’Israël : « S’il est avec moi, comment a-t-il pu permettre que je me retrouve dans cette situation ? Ne me parlez pas maintenant de lui faire confiance ! Comment pourrait-il garnir une table dans un désert aussi hostile que le mien ? » William Cowper, qui est passé par nombre d’épreuves pénibles, a écrit : Ne juge pas le Seigneur avec ton pauvre cerveau, Mais fais confiance à sa grâce ; Derrière la providence qui fronce les sourcils Il cache son visage souriant.

Nous jugeons bel et bien le Seigneur avec notre pauvre cerveau. Nous ne faisons pas confiance à sa grâce. Tout ce que nous voyons c’est cette providence qui fronce les sourcils. Et nous perdons de vue son visage souriant. Saviezvous que de telles attitudes d’incrédulité sont une tentation pour Dieu ? Il dit : « Vous me tentez d’agir comme si je n’étais pas de votre côté et comme si je n’allais pas vous accorder cette table dans le désert ». Il résiste évidemment à la tentation. Il ne change pas d’avis à notre sujet. Il nous punit néanmoins pour notre attitude. Nous sommes alors rejetés dans le désert, privés de sa plénitude et de sa bénédiction ! Qui d’entre nous n’a pas, durant l’épreuve, « tenté Dieu dans le désert » et choisi de croire au pire ? Si vous distinguez cette attitude comme une grave provocation, Dieu vous encourage à vous en repentir comme d’un péché. Sa grâce est là pour relever celui qui, une fois de plus, a chuté dans le pays promis.

Les murmures

« Ne vous plaignez pas de votre sort, comme certains d’entre eux, qui tombèrent sous les coups de l’ange exterminateur62 ». Se plaindre, murmurer était un autre péché 1 Corinthiens 10 : 10. Segond traduit : « Ne murmurez point » (NDA).

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habituel des Hébreux dans le désert. Je crois que c’est aussi l’un des nôtres. Se plaindre de ce que Dieu a permis ! Pourtant, soyez-en sûrs, tout ce qui se produit est permis par Dieu. Il n’y a pas d’autres causes. Se plaindre c’est pratiquement se rebeller contre lui. De plus, cela nous amène invariablement à blâmer les autres. En effet nous ne pouvons pas accuser Dieu directement, nous en faisons le reproche à quelqu’un d’autre. Ce qui rend malheureux celui que nous accusons. Parfois ce sont nos proches, à la maison, qui sentent le poids de notre réprimande. Parfois, c’est notre conducteur spirituel ou notre pasteur que nous jugeons. Exactement comme Israël l’a fait. Mais Moïse dut leur dire : « Qui sommes-nous, Aaron et moi ? Vous ne murmurez pas contre nous, mais contre le Seigneur ! Ces murmures ne sont pas des peccadilles aux yeux de Dieu. La preuve : ceux qui s’en sont rendu coupables “tombèrent sous les coups de l’ange exterminateur63” ». Pour que le Seigneur Jésus nous fasse sortir du désert, nous devrons désigner cette attitude comme péché. Nous agirons ainsi si nous réalisons que nos murmures n’ont pas été dirigés contre un homme mais contre Dieu. Lui qui avait permis que les choses soient ce qu’elles sont, pour les sages raisons qui sont les siennes. Peut-être que ces sages raisons sont simplement de nous apprendre de nouvelles leçons de patience et de soumission à sa volonté… que nous n’étions pas disposés à apprendre !

Quelle histoire que celle du peuple d’Israël dans le désert ! Une longue suite de provocations à l’encontre de Jahvé. J’ai compté au moins treize cas. De leur réaction à la proposition de l’Éternel de les délivrer de l’Égypte, à la mort de Moïse. À chaque épreuve c’était le même scénario. Ils ont blessé le Dieu qui les avait délivrés de l’esclavage et qui s’était engagé à les conduire dans la terre promise. Ibid.

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Cela leur a valu d’être sévèrement châtiés. Il n’est pas étonnant qu’il ait finalement déclaré : « C’est pourquoi, dans ma colère, j’ai fait ce serment : ils n’entreront pas dans mon repos64 ! ». Observons notre propre cheminement « depuis l’Égypte jusqu’à aujourd’hui ». Relevons les provocations du même caractère, confessons qu’il est juste en jurant dans sa colère que nous n’entrerons pas dans son repos ! Rien n’est plus important que cette attitude de brisement qui permet de dire : « Oh Dieu, tu as raison et moi j’ai tort ! »

Nous étant humiliés devant lui, notre privilège est de prier la grande prière de réveil d’Habakuk : « Mais dans ta colère souviens-toi de tes compassions65 ! ». C’est la requête de celui qui se repent. Celle que Dieu ne peut pas ne pas exaucer, car il fait du pardon ses délices. « La grâce est le point faible de Dieu ! » a dit quelqu’un. Ainsi quiconque sollicite son cœur obtient une réponse qui dépasse tout ce qu’il avait demandé ou espéré. C’est le chemin qui conduit de l’ombre, de l’esquisse chrétienne à la réalité. Jésus et son sang versé pour nos péchés sont le moyen de sortir de tous les déserts où nous nous sommes égarés par nos fautes. Lorsqu’Israël est finalement entré en Canaan sous la conduite de Josué, l’arche de l’alliance, juchée sur les épaules des prêtres, a traversé la première le Jourdain. Sur le propitiatoire (littéralement : le siège de la grâce) sur le dessus de l’arche, le sang du sacrifice annuel avait été répandu. Alors que les prêtres pénétraient dans la rivière, les eaux se sont séparées. Les prêtres sont restés dans le Jourdain, avec l’arche, jusqu’à ce que le peuple ait franchi le lit du fleuve. Le Jourdain qui semble barrer l’entrée dans le repos, reste coupé en deux, parce que le sang du sacrifice a conservé toute son efficacité. Revenons à lui à nouveau, tel un pécheur reconnaissant ses problèmes. Hébreux 4 : 3. Habaquq 3 : 2 – NEG.

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D’abord ceux de la chair, que l’esprit nous révèle, puis le couronnement de notre moi qui en est la cause. Nous découvrirons que, par la puissance de son sang, il nous pardonne et nous purifie de manière à nous ramener de ce désert pénible pour que nous trouvions notre plénitude en lui. Les avertissements sont pressants, actuels et contiennent un verbe à l’impératif : « Ainsi donc, pendant que la promesse d’entrer dans le repos de Dieu est toujours en vigueur, craignons que l’un d’entre vous ne se trouve coupable d’être resté en arrière66 ». Il serait pathétique de s’arrêter juste avant d’entrer dans son repos, si nécessaire et si clairement promis. Autrement dit, de ne pas être rendu participant de Christ. Un peu comme si un héritage de grande valeur n’était jamais réclamé par l’héritier désigné ! Quelle tristesse que cette promesse d’entrer dans son repos ne se réalise pas dans notre vie !

L’autre exhortation de ce texte est : « Empressonsnous donc d’entrer dans ce repos afin que personne ne tombe dans la désobéissance à l’exemple des Israélites67 ». Le drame pourrait être, non seulement de négliger ce qui est promis, mais aussi d’être définitivement rejeté dans le désert. Entendre qu’il faut s’efforcer d’entrer dans le repos, cela peut sembler antinomique dans les termes. L’auteur souligne que le chrétien doit entrer dans le repos de Dieu. Sa priorité numéro un est de ne rien laisser se mettre en travers de son chemin. Cette entrée en Canaan n’est cependant pas une expérience unique. À tout moment la voix de Dieu peut retentir : « Vous avez fait assez longtemps le tour de ces montagnes, prenez la direction du nord68 ». Nous réalisons que nous étions à nouveau en train de faire le « tour du mont Sinaï » nous lamentant sur nous-mêmes, encore une fois dans le désert. Mais Jésus, notre Canaan, Hébreux 4 : 1. Hébreux 4 : 11. 68 Deutéronome 2 : 3. 66 67

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est toujours là pour nous, et son sang précieux qui en ouvre le chemin, est toujours disponible, quel que soit le besoin que nous ressentions. La vie chrétienne, c’est simplement faire attention sans cesse à l’endroit où nous demeurons : dans le désert ou en Canaan. Seul Canaan peut nous satisfaire, il est disponible en tout temps et aux conditions les plus faciles. Ainsi, dès aujourd’hui, cessons de vivre dans le désert pour vivre en Canaan.

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Chapitre trois

Passons… de Jésus notre Aaron à Jésus notre Melchisédek

Hébreux 5 : 6 ; 6 : 20 ; 7 : 1-28

L’auteur explique : « C’est un sujet sur lequel nous avons bien des choses à dire69 ». Puis il ajoute : « qui sont difficiles à expliquer ; car vous êtes devenus lents à comprendre ». Je ne crois pas qu’elles soient si difficiles à comprendre, à moins que nous soyons devenus durs d’entendement, spirituellement parlant. Si nos cœurs sont affamés Hébreux 5 : 11.

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et ouverts à la voix de Dieu, convaincus, encouragés par sa Parole, nous ne trouverons rien de très compliqué. Paul introduit très vite l’idée que si Dieu avait donné à son peuple un souverain sacrificateur, il nous donne maintenant un équivalent spirituel en Jésus. L’auteur compare deux ordres, l’un selon Aaron et l’autre selon Melchisédek. Ces deux sacrificateurs sont des préfigurations et des images de Jésus. L’ordre selon Melchisédek est clairement supérieur à celui selon Aaron ; il le remplace. La première préfiguration du Christ est donc plus grande que la deuxième. La question est de savoir si nous nous sommes approprié ce que Melchisédek nous montre du Christ ou si nous ne connaissons que ce qu’Aaron en représente. L’auteur encourage à passer d’une connaissance de Jésus comme « notre Aaron » à celle comme « notre Melchisédek ».

Que représente Aaron ?

Un souverain sacrificateur « est choisi parmi les hommes et il est établi en faveur des hommes pour leurs relations avec Dieu70 ». Israël, qui avait une relation particulière avec Dieu, avait besoin d’un représentant. De quelqu’un qui s’occupe pour lui de tout ce qui touche cette relation. Il ne fallait pas se mettre Dieu à dos ! La prospérité du peuple et sa défense contre ses ennemis dépendaient de cette relation. Il avait besoin d’une personne qui sache comment maintenir intact ce contact et comment le restaurer. C’était la fonction du souverain sacrificateur. Dieu en avait consacré un : Aaron. C’est exactement la fonction que Jésus remplit pour les saints aujourd’hui. À travers toute l’épître aux Hébreux, il est présenté comme notre souverain sacrificateur : il s’occupe de notre relation avec Dieu, il l’entretient, il la restaure quand les choses vont de travers. Lorsque Paul s’arrête pour résumer ce qu’il a écrit, il Hébreux 5 : 1.

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précise : « Or, voici le point capital de ce que nous sommes en train de dire : nous avons bien un grand-prêtre comme celui-ci, qui siège dans le ciel à la droite du trône du Dieu suprême71 ». Nous avons un souverain sacrificateur assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux. Il est ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, dressé par le Seigneur et non par un homme.

Les trois qualifications du grand-prêtre

Un souverain sacrificateur devait avoir trois qualités pour remplir son office.

1. Il devait être choisi parmi les hommes

« Tout grand-prêtre est choisi parmi les hommes et il est établi en faveur des hommes pour leurs relations avec Dieu. Il est chargé de présenter à Dieu des offrandes et des sacrifices pour les péchés. Il peut avoir de la compréhension pour ceux qui sont dans l’ignorance et qui s’égarent, parce qu’il est lui aussi exposé à la faiblesse72 ». Celui qui représentait les hommes devant Dieu devait être un homme, sujet aux mêmes faiblesses qu’eux et donc capable d’avoir de la compassion pour leurs échecs et leurs erreurs. Aaron avait cette qualité. Il faisait partie du peuple qu’il était appelé à représenter.

C’est aussi le cas du Seigneur. Décrit, au chapitre 1, comme Fils unique de Dieu (héritier de toutes choses, rayonnement de la gloire de Dieu, expression de son être, soutenant toutes choses par sa Parole puissante), il est montré au chapitre 2 comme s’abaissant : « Il devait être rendu, à tous égards, semblable à ses frères ». En effet, ce Hébreux 8 : 1 Hébreux 5 : 1-2.

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lui qui s’est « acquis un rang bien plus éminent que celui des anges, dans la mesure où le titre que Dieu lui a donné est incomparablement supérieur au leur73 » est décrit dans le deuxième chapitre comme rendu inférieur aux anges, ne revêtant pas leur nature, mais descendant plus bas pour porter secours à la descendance d’Abraham. « Ainsi donc, puisque ces enfants sont unis par la chair et le sang, lui aussi, de la même façon, a partagé leur condition74 ». Nous le voyons comme un frère parmi les frères75, un adorateur parmi les adorateurs76, un croyant parmi les croyants77, un enfant parmi les enfants78. Dieu a rendu Jésus semblable à ses frères de toutes les manières envisageables. Il n’y a que deux points sur lesquels il n’est pas semblable à eux : sa naissance immaculée et sa vie sans péché. Pour tout le reste, il s’est identifié à eux dans leurs infirmités. Il n’y a pas de souffrance que ses frères endurent qu’il n’ait soufferte aussi.

Aucun homme, aussi pauvre soit-il ne peut s’adresser à Jésus ainsi : « Je suis plus pauvre que tu ne l’étais » ! François d’Assise avait l’habitude de dire que Jésus avait épousé Dame Pauvreté. Il n’avait pas où reposer sa tête. Aujourd’hui, il aurait couché sous les ponts. Il n’y a pas de larmes que ses frères aient versées, qu’il n’ait versées également. Il est dit qu’il a « présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort79 ». Et il n’a pas été délivré, mais il a dû boire cette coupe. Il n’y a pas d’atteinte aux droits de l’Homme, d’indignités dont ses frères aient souffert qu’il n’ait souffert, lui aussi, sur la croix : il a été mis au 75 76 77 78 79 73 74

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Hébreux 1 : 4. Hébreux 2 : 14. Hébreux 2 : 17. Hébreux 2 : 12. Hébreux 3 : 14. Hébreux 2 : 14. Hébreux 5 : 7.


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rang des malfaiteurs devant le sanhédrin, devant Pilate ; considéré comme tel par tous ; puis mis sur une croix alors qu’il n’était pas coupable. Dieu a rendu parfait, par la souffrance, le chef de notre salut. Il ne serait pas un bon souverain sacrificateur, s’il n’avait pas traversé tout ce que nous devons traverser. Jésus est humain, aussi bien que divin. Même dans la gloire céleste, il porte encore notre humanité. Il est toujours le Fils de l’homme, ce qui veut dire qu’il n’est jamais insensible à nos sentiments de faiblesse. À l’heure où nous souffrons, il nous dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés. Je suis votre frère, j’ai été rendu semblable à vous en toutes choses ».

La princesse Élisabeth, une fille du roi Charles Ier d’Angleterre, fut jetée en prison. Elle contracta la tuberculose et mourut triste, seule et abandonnée. Sa tête reposait sur une Bible ouverte à ce verset : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos80 ». Un historien fit ce commentaire : « Elle trouva du réconfort auprès de celui qui, comme un frère, avait été rendu semblable à elle en toutes choses. Seul Jésus est qualifié pour être notre Aaron ».

2. Il devait avoir quelque chose à offrir

Le Lévitique décrit les sacrifices et les offrandes que le souverain sacrificateur devait présenter à Dieu pour le peuple : « Tout grand-prêtre est institué pour présenter des offrandes et des sacrifices ; d’où la nécessité, pour lui aussi, d’avoir quelque chose à présenter81 ». Qu’est-ce que Jésus, fait homme, a pu offrir ? Il s’est offert lui-même ! Les offrandes de l’Ancien Testament n’étaient que des préfigurations, des images, de cette offrande suprême ! Il ne Matthieu 11 : 28. Hébreux 8 : 3.

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fallait rien moins pour racheter le péché et rétablir la relation entre l’homme et Dieu. « Le Christ s’est offert une seule fois en sacrifice pour porter les péchés de beaucoup d’hommes82 ». Aucune autre offrande n’aurait fait l’affaire, tant les fautes des hommes étaient grandes devant Dieu. Jésus n’est pas seulement celui qui présente l’offrande, il est lui-même l’offrande ! Je pense à Isaac, alors qu’il montait le mont Morija avec Abraham pour offrir un holocauste à l’Éternel. Il avait souvent aidé son père à offrir des sacrifices. Ils apportaient un agneau pour l’holocauste, ou capturaient une chèvre sauvage sur la colline. Il s’attendait à ce que la même chose se produise cette fois encore. Un peu étonné, il dit à son père :

— Nous avons le feu et nous avons le bois, mais où est l’agneau pour l’holocauste ? Je crois qu’Abraham a répondu d’une voix brisée : — Ce sera toi, cette fois !

C’est ce que le père céleste a dit à Jésus son fils. Durant des siècles, d’innombrables agneaux ont été sacrifiés, mais un jour Dieu a dit : — Ce sera toi !

Ce n’est que comme cela que le Seigneur pouvait être notre souverain sacrificateur et nous délivrer de la puissance de notre grand ennemi, Satan. Il a simplement revêtu notre chair et notre sang de façon à être rendu semblable à nous en toutes choses… et soit donc capable de compatir avec nos infirmités, mais surtout « il l’a fait pour réduire à l’impuissance, par la mort, celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et pour délivrer tous ceux qui étaient réduits à l’esclavage leur vie durant par la peur de la mort83 ». Hébreux 9 : 28. Hébreux 2 : 14-15.

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3. Il devait avoir été appelé par Dieu Telle est la troisième exigence pour œuvrer comme souverain sacrificateur : il ne devait pas être autoproclamé, mais avoir été appelé par Dieu : « De plus, on ne s’attribue pas, de sa propre initiative, l’honneur d’être grand-prêtre : on le reçoit en y étant appelé par Dieu, comme ce fut le cas pour Aaron84 ».

C’est ce qui s’est passé avec Jésus. « Ce n’est pas lui qui s’est attribué, de son propre chef, l’honneur de devenir grand-prêtre, mais c’est Dieu qui lui a déclaré : Tu es mon Fils ; aujourd’hui, je fais de toi mon enfant85 ». Ce n’est pas Christ qui s’est désigné lui-même notre souverain sacrificateur, mais le Père qui lui a dit : « Tu es prêtre pour toujours86 ». Cela me réconforte ! J’aurais pensé que Dieu m’accuserait pour mes échecs, qu’il manierait un gros bâton. Au lieu de cela, je le vois dans sa grâce m’offrant un souverain sacrificateur pour un pécheur comme moi. Ici, l’une des vérités fondamentales de l’Évangile resplendit : Dieu est pour l’homme, pas contre lui !

Et Jésus, pour sa part est « digne de la confiance de celui qui l’a établi dans ces fonctions87 ». Pas fidèle à moi, d’abord, mais à Dieu. C’est ce que signifie l’expression remarquablement précise de l’auteur : « un grand-prêtre plein de bonté et digne de confiance88 ». Miséricordieux à mon égard, fidèle envers Dieu ! Il n’échouera jamais dans le travail que le Père lui a confié : prendre soin des intérêts des saints les plus faibles devant lui. Peu importe s’ils ont souvent l’impression de chuter, peu importe s’ils sont déçus d’eux-mêmes. Ils ne manqueront jamais de trouver un ami pour les représenter devant le tribunal. Un ami vers 86 87 88 84 85

Hébreux 5 : 4. Hébreux 5 : 5. Hébreux 5 : 6. Hébreux 3 : 2. Hébreux 2 : 17.

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qui aller, tels qu’ils sont, chaque fois qu’ils en ont besoin. Le Père a ordonné les choses ainsi. En conséquence, ma paix avec Dieu ne dépend pas de ma fidélité envers lui. Elle ne dépend même pas de la fidélité de Christ envers moi, mais bien plus de la fidélité de Christ envers celui qui l’a nommé pour moi. Quel coussin sur lequel reposer sa tête !

Une plénitude assurée

En voyant Jésus comme notre Aaron nous apprenons à le découvrir dans ce rôle. L’apôtre s’efforce toutefois de dessiner une dimension supplémentaire de l’œuvre de Jésus. Comment ? En démontrant que le Père l’a nommé souverain sacrificateur d’un autre ordre infiniment supérieur. L’auteur répond à une objection évidente pour des lecteurs hébreux. Nous avons déjà un souverain sacrificateur. Aaron et ses descendants ont été choisis par Dieu luimême. L’un d’eux remplit aujourd’hui cet office. Nous en faut-il un autre ? Dieu nous en choisirait-il un autre ? Pour répondre à ces objections, Paul aborde le thème central de l’épître qui éclaire davantage encore la plénitude du Seigneur Jésus.

Un psaume dit : « L’Éternel l’a juré, il ne reviendra pas sur son engagement : Tu seras prêtre pour toujours selon la ligne de Melchisédek89 ». Ainsi le Messie ne sera pas un sacrificateur selon l’ordre d’Aaron, mais selon celui de Melchisédek. C’est en Genèse 14 qu’apparaît brièvement Melchisédek. Abraham revient victorieux d’une bataille, il est abordé par un homme qui est qualifié de « sacrificateur du Dieu très-haut ». D’où vient-il ? Cela n’est pas dit. Il n’existe pas de généalogie le concernant, pas de trace de sa mort. Il pourrait encore être vivant ! « L’Écriture ne lui attribue ni père, ni mère, ni généalogie. Elle ne mentionne ni sa naissance ni sa mort. Elle le rend ainsi semblable au Psaumes 110 : 4.

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Fils de Dieu, et il demeure prêtre pour toujours 90». Pas besoin d’une clairvoyance spirituelle particulière pour comprendre qu’il s’agit bien d’une préfiguration de Christ ! Melchisédek prend l’ascendant sur Abraham et le bénit en disant : « Que le Dieu très-haut qui a formé le ciel et la terre bénisse Abram, et béni soit le Dieu très-haut qui t’a donné la victoire sur tes ennemis91 ! ». « Or, incontestablement, c’est l’inférieur qui est béni par le supérieur92 ».

Abraham, de son côté, reconnaît sa supériorité et lui donne la dîme de tout son butin. L’auteur en tire une conséquence. Puisqu’Aaron et Lévi naîtront un jour de leur ancêtre Abraham, lorsque celui-ci rencontre Melchisédek et lui paie la dîme, eux aussi symboliquement lui paient leur dîme. Ceux qui, plus tard, seront ordonnés prêtres et recevront la dîme du peuple, l’ont payée à Melchisédek, reconnaissant ainsi la supériorité de son ordre sur le leur ! L’incident de Genèse 14 apparaît peu important au lecteur contemporain de la Bible. Pourtant, David, des siècles plus tard, soulignera son caractère prophétique par rapport au rôle du Messie dans sa fonction de sacrificateur. Paul dans son épître, en fait son argument principal pour démontrer que le Seigneur Jésus est sacrificateur d’un ordre supérieur à celui d’Aaron. Si Aaron est une image du Christ, Melchisédek l’est davantage. À quatre reprises, l’auteur précise : « Tu es prêtre pour toujours, selon l’ordre de Melchisédek ». À chaque occasion, il souligne un terme du verset.

La première mention met l’accent ainsi : « Tu es prêtre93 ». Christ ne s’est donc pas glorifié lui-même d’être souverain sacrificateur, mais il l’est devenu par l’appel et l’élection de Dieu. Nous avons déjà relevé ce fait à propos 92 93 90 91

Hébreux 7 : 3. Genèse 14 : 19. Hébreux 7 : 7. Hébreux 5 : 6.

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d’Aaron. Ainsi que le réconfort et l’encouragement que cela représente pour nous. Jésus, est « notre Melchisédek », sans cesser d’être « notre Aaron ».

La deuxième fois, l’accent est mis sur ces mots : « dans la ligne de Melchisédek94 ». Nous avons aussi souligné en quoi cet ordre est supérieur à celui d’Aaron.

Sacrificateur pour toujours

En Hébreux 7 : 17, un troisième accent est placé sur les mots : « Tu es prêtre pour toujours ». En opposition avec l’ancien ordre de souverain sacrificateur. Aucun n’a poursuivi son sacerdoce après sa mort. Mais Jésus est vivant, pour toujours. Il n’a « ni commencement […] ni fin95 ». Il reste un sacrificateur perpétuellement. Son ministère de sacrificateur en notre faveur est permanent et invariable. Ce que Jésus est pour nous, il l’est tout le temps.

La différence la plus importante entre l’ancien ordre des sacrificateurs et celui de Christ est que leur ministère se déroulait sur terre. Celui de Jésus est au ciel et il continue en ce moment même. En réalité, l’auteur suggère que si Jésus était resté sur terre, il ne serait pas sacrificateur. « S’il était sur terre, il ne serait même pas prêtre. En effet, ceux qui présentent les offrandes conformément à la loi sont déjà là96 ». Mais Jésus exerce son ministère pour nous dans le ciel : « Car ce n’est pas dans un sanctuaire construit par des hommes, simple image du véritable, que le Christ est entré : c’est dans le ciel même, afin de se présenter maintenant devant Dieu pour nous97 ». Et nous avons besoin de bien comprendre cette fonction céleste de Christ en tant que souverain sacrificateur. Que fait-il pour nous 96 97 94 95

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Hébreux 6 : 20. Hébreux 7 : 3 – NEG. Hébreux 8 : 4. Hébreux 9 : 24.


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au ciel ? « Il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur98 ». Il peut donc accorder un salut sans faille à ceux qui viennent à lui. Il est important que nous saisissions la portée de ces mots : « pour intercéder en leur faveur ». Notre vie doit être basée sur des vérités bien comprises.

C’est la question de la culpabilité qui est abordée ici. Celle-ci provoque un besoin permanent dans la vie des chrétiens. Ils n’en ont pas fini avec le problème du péché simplement parce qu’ils ont placé un jour leur confiance en Christ. Le poids de leur passé a certainement été ôté. Mais les échecs et les péchés qui ont suivi ont à leur tour laissé de la culpabilité et une mauvaise conscience devant Dieu. Quand nous péchons nous perdons notre paix, notre joie et tout sentiment de victoire. Nous savons que les choses ne sont plus en ordre entre nous et Dieu. Le saint qui pèche ne perd pas sa place dans la famille de Dieu, mais sa communion avec le Père céleste. Et pour qui a goûté la réalité et la tendresse d’une telle communion, cette perte est vraiment sévère ! C’est une réalité, les croyants éprouvent de la culpabilité presque tous les jours. Si ce n’est pas leur cœur qui les condamne à cause d’une l’infraction à loi divine, c’est en considérant la ferveur d’un frère pour Christ. Connaître le temps que passe un frère ou une sœur dans la prière peut provoquer de la culpabilité… parce que nous n’en faisons pas autant ! Toujours à nouveau elle nous atteint : d’un côté ou de l’autre. Parfois vraie culpabilité, parfois fausse culpabilité, mais culpabilité tout de même ! Le domaine de la culpabilité est le terrain de chasse de Satan. Il est appelé : « l’accusateur de nos frères, celui qui, jour et nuit, les a accusés devant Dieu99 ». Il est l’accusateur : pas seulement devant Dieu, mais aussi dans notre propre cœur ! À la manière dont il nous attaque à propos de nos échecs et de nos manquements, on pourrait presque pen Hébreux 7 : 25. Apocalypse 12 : 10.

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ser qu’il nous exhorte à la sainteté ! Il n’en est rien. Son but est de renforcer le sentiment de culpabilité chez les saints. Qui peut dire les dommages et les pertes subies, y compris dans la communion quotidienne avec Dieu ? Si seulement ils étaient conscients que le sentiment de culpabilité est un problème fondamental et récurrent ! L’épître montre clairement que la question de notre culpabilité et de notre souillure est le sujet de l’intercession continue de Christ dans les cieux. « Qui les condamnera ? Le Christ est mort, bien plus : il est ressuscité ! Il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous100 ». Il ne nous condamne évidemment pas ! Il intercède pour nous, dans le ciel, pas comme accusateur mais pour notre défense.

Je ne crois pas qu’il prie le Père de la même manière dont nous prions les uns pour les autres. Il fait infiniment plus que de supplier Dieu d’être miséricordieux envers nous. Sa seule présence au ciel est déjà une intercession pour nous. C’est merveilleux qu’il soit remonté au ciel, après avoir endossé la responsabilité de tous les péchés sur la croix ! Il a porté sur lui plus de péchés que n’importe qui. Un homme ne peut porter que ses propres fautes. Lui a pris toutes les transgressions du monde. Comment se peut-il, qu’avec le poids de toutes les désobéissances, il ait encore pu remonter au ciel ? L’auteur répond : « Il a pénétré une fois pour toutes dans le sanctuaire ; il y a offert, non le sang de boucs ou de veaux, mais son propre sang. Il nous a ainsi acquis un salut éternel101 ». Même Jésus ne pouvait entrer dans le sanctuaire autrement qu’avec son sang. « Le Dieu qui donne la paix a fait revenir d’entre les morts notre Seigneur Jésus qui est devenu le grand berger de ses brebis et a scellé de son sang l’alliance éternelle102 ». Romains 8 : 34. Hébreux 9 : 12. 102 Hébreux 13 : 20. 100 101

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Les portes, qui barraient l’entrée du sanctuaire éternel à tous les pécheurs, se sont ouvertes et ont laissé entrer le Roi de gloire lorsqu’il s’est présenté avec son propre sang. Ce sang témoignait que Jésus-Christ avait totalement expié les péchés qu’il avait endossés, et qu’il pouvait entrer. Si ce sang a été suffisant pour le ramener d’entre les morts et le faire entrer dans le sanctuaire, il est certainement suffisant pour moi. Que Christ soit au ciel aujourd’hui est la preuve que l’expiation au calvaire a été suffisante et affirme la puissance, la merveilleuse puissance, du sang de l’agneau. Je répète : si le sang versé par Jésus a été suffisant pour le ramener au ciel après qu’il a été fait péché sur la croix, il est assurément suffisant pour me donner la paix quant à mes péchés personnels et rétablir ma communion avec Dieu. Voilà donc en quoi consiste l’intercession du Seigneur pour moi, chrétien qui faute et qui chute. Il est au ciel, face à Dieu en réponse à mon péché. Sans qu’il ait à dire un mot, ses blessures intercèdent constamment pour moi tandis que Satan m’accuse et qu’un sentiment de culpabilité m’obscurcit l’esprit. Cela n’exclut pas qu’il y ait de nombreuses conversations entre le Fils et le Père à mon sujet ! Cependant, la base de l’intercession de mon divin Melchisédek reste toujours son sang. Ce fait est repris dans de nombreux cantiques, si ce n’est qu’à la place d’« intercéder » il y a souvent « plaider ». Plaider, ça ne veut pas dire s’arracher les cheveux en suppliant Dieu en notre faveur. C’est plutôt un terme légal. C’est l’image d’un avocat devant un tribunal qui défend son client. Il produit les preuves sur la base desquelles il s’attend à ce que celui-ci soit acquitté. Jésus fait cela tout le temps pour nous. Autrement, notre relation avec Dieu serait depuis longtemps nulle et non avenue. Et sa plaidoirie, c’est toujours son sang. Le résultat de cette intercession est que je peux faire aujourd’hui l’expérience d’un salut 57


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continuel. « Voilà pourquoi il est en mesure de sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui103 ».

D’abord, je peux connaître une purification continuelle de la culpabilité et de la souillure du péché dès que celui-ci survient. Le sang de Jésus ne parle pas pour moi seulement au ciel, il purifie mon cœur sur la terre dès que j’accepte d’appeler le péché « péché », et de me repentir. Rien ne nous encourage plus à être honnête et à accepter d’être brisé, que de savoir que toutes nos fautes ont été anticipées et réglées par le précieux sang que Christ présente en offrande devant le Père. Ce salut incessant inclut autre chose. De mon souverain sacrificateur qui est au ciel descend le flux continuel de sa propre vie. Imaginons le dialogue avec un scaphandrier (ancêtre de l’homme-grenouille) relié en permanence à la surface par un tuyau pour l’alimenter en air : — Comment peux-tu vivre ici sous l’eau ?

— J’ai un ami à la surface qui pompe l’air qui me parvient grâce à ce tuyau. Sans lui, je mourrais immédiatement !

À la surface, dans un bateau un homme est en train de tourner une manivelle pour pomper de l’air. — Ne me dérangez pas, je dois tourner la manivelle !

— Tu ne peux pas t’arrêter un moment, pour faire une pause ?

— Non, j’ai un ami là en bas qui dépend entièrement de moi. Tant qu’il se trouve sous l’eau, je dois tourner la manivelle ! Nous avons, toi et moi, un ami là-haut, notre divin souverain sacrificateur qui ne cesse d’intercéder pour nous. Il souligne perpétuellement la valeur de son sacrifice, offert Hébreux 7 : 25.

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une fois pour toutes. S’il n’existait pas, je mourrais tout de suite. Mais je ne cesse de revenir à Dieu par lui dans mon besoin. Il me communique sa vie de ressuscité. Je réalise que je peux vivre dans ce monde pécheur où tout lui est opposé. Personne ne peut le comprendre. Mon secret est : « J’ai un ami là-haut, par le Saint-Esprit je suis lié à lui et je partage sa propre vie ». Par sa mort et sa vie sans fin Jésus sauve.

Le Seigneur l’a juré

Une quatrième citation de cette prophétie se trouve dans le psaume 110 : « Le Seigneur l’a juré, il ne reviendra pas sur son engagement : tu es prêtre pour toujours104 ». C’est l’affirmation de la permanence de la grâce de Dieu. Le Seigneur l’a juré : son peuple aura un souverain sacrificateur céleste. Aussi pauvres ses enfants soient-il, aussi dégoûtés d’eux-mêmes, quels que soient leurs échecs, etc., il ne se repentira pas, il ne changera pas d’avis. Paul souligne le fait que l’ancien ordre des sacrificateurs avait été institué « sans un tel serment », mais que « Jésus est devenu prêtre en vertu d’un serment que Dieu a prononcé105 ». Une promesse que Dieu ne reniera jamais. Nos échecs et nos manquements ne changeront rien à l’élection de Christ comme souverain sacrificateur. La nature même de son ministère a déjà pris en compte toutes ces choses avant qu’elles aient lieu. Non seulement Dieu ne se repent pas de cette décision, mais il n’est même pas nécessaire qu’il le fasse. Notre souverain sacrificateur a anticipé et traité, par son œuvre sur la croix, tout ce qui, estiment les chrétiens, devrait dégoûter Dieu ! Quel espoir pour nous, chrétiens hésitants : « Le Seigneur l’a juré, il ne reviendra pas sur son engagement » ! Nous n’avons plus de raison de désespérer : « Approchons-nous donc du trône du Dieu de Hébreux 7 : 21. Hébreux 7 : 20-21.

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grâce avec une pleine assurance. Là, Dieu nous accordera sa bonté et nous donnera sa grâce pour que nous soyons secourus au bon moment106 ». « Cette espérance est pour nous comme l’ancre de notre vie, sûre et solide107 ». Les bateaux sont ancrés au fond de l’eau. Le croyant, lui, est amarré dans le ciel. Le verset continue, disant de cette ancre : « Elle pénètre, par-delà le rideau, dans le lieu trèssaint où Jésus est entré pour nous en précurseur. Car il est devenu grand-prêtre pour l’éternité dans la ligne de Melchisédek ». Les hommes de ce monde sont attachés à la terre, espérant trouver la paix et la sécurité dans les choses d’ici-bas. Un petit bateau était ancré au large à marée basse. Quand celle-ci est remontée, la tension sur l’amarre de l’ancre n’a cessé d’augmenter. Les marins ont essayé de la relever, sans y parvenir. L’ancre était irrémédiablement bloquée. Comme ils n’avaient pas d’outil pour sectionner le câble, le bateau a été entraîné au fond par la marée montante. Quelle image de la fin inévitable des hommes de ce monde qui ont leur héritage dans cette vie. Ils sont attachés à ce monde qui finira par les détruire. C’est tout différent pour l’enfant de Dieu qui a son espoir en Jésus, au-delà du voile. Saisissez-vous la différence entre connaître Jésus comme votre Aaron et le connaître comme votre Melchisédek ? Si vous ne le connaissez que comme votre Aaron, vous regarderez en arrière, à son œuvre sur la terre.

Le problème serait de ne voir que le Jésus de notre conversion. Il est vrai que nous pensons surtout à cette expérience lorsque nous chantons « Oh ! Happy day », c’està-dire : « Oh ! Quel jour heureux, le jour où Jésus a lavé mon péché ! » Notre témoignage est-il vieux de plusieurs années ? Nous n’avons rien de neuf à raconter ? Avonsnous été pardonnés aujourd’hui ? Nous n’avons pas mar Hébreux 4 : 16. Hébreux 6 : 19.

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ché « dans la lumière108 », si nous n’avons pas été honnêtes face à nos péchés présents. Pourtant Jésus est la réponse permanente.

Lorsque nous connaissons Jésus comme notre Melchisédek, nous ne regardons plus en arrière vers le calvaire, mais en haut vers le ciel où nous voyons un Sauveur éternel, pour nous dans la présence de Dieu. Comme réponse à tout péché et à toute accusation. Et il nous envoie toutes les grâces imaginables afin de nous aider lorsque nous sommes dans le besoin. Cela signifie que nous pouvons être vrais et honnêtes, et appeler « péché » le péché. Nous n’avons plus la pression de devoir prétendre que nous sommes meilleurs que ce que nous sommes réellement, mais nous pouvons faire l’expérience de nombreuses douces délivrances de la grâce. Ainsi, notre témoignage de Jésus devient glorieusement actuel. Passons donc d’une connaissance de Jésus comme notre Aaron à celle de Jésus comme notre Melchisédek. Passons d’un témoignage qui a, peut-être, quelques années à quelque chose de frais, d’actuel. Cela ne peut se produire que si nous venons à Christ avec nos péchés et nos besoins. Peut-être qu’hier, quelque chose a été de travers et que nous ne sommes pas venus l’apporter à Jésus. Mais lorsque nous le ferons, nous découvrirons que nous avons un Sauveur céleste qui est glorieusement permanent.

1 Jean 1 : 7.

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Maintenant, considérez votre vie spirituelle : voudriez-vous d’un ersatz de Jésus ? Il nous promet une vie de plénitude ! Pourtant… Nous passons à côté des plus grandes bénédictions que Dieu nous réserve ! Mais pourquoi nous contenter d’une simple « esquisse », alors que nous pourrions prendre pleine possession de la réalité de la vie en Christ ?

C’est le cœur du message de l’Épître aux Hébreux. C’est aussi le cri de roy hession qui revisite ce livre,

prédication enflammée qui s’adresse à tous ceux qui ont soif de plus. Qui ne veulent pas d’une spiritualité du dimanche. Ne passons pas à côté d’une vie véritable. Celle à laquelle Dieu nous appelle. Ne passons pas à côté du dessein de Dieu.

Saisissons-le !

Roy Hession • Évangéliste conférencier et homme de Réveil, Roy Hession a exercé un ministère international qui a influencé plusieurs générations et plusieurs mouvements dont OM. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages, dont le best-seller Le chemin du calvaire .

9 782362 491764

11,90 € ISBN 978-2-36249-176-4

adaptation

Alain Stamp

Roy Hession

De l’esquisse à la réalité

De l’esquisse à la réalité

Vous arrivez au boulot un matin, complètement groggy. Votre premier réflexe : mettre l’eau à chauffer et attraper une tasse. Mais alors que la bouilloire siffle, votre main hésite : Chicorée, ou café noir ? Le substitut, ou l’original ? Rester prudent, ou booster votre énergie… Voilà votre choix.

Roy Hession adaptation

Alain Stamp

De

l’esquisse À LA

réalité Ne passons pas à côté du dessein de Dieu


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