Le Grand Visiteur vous propose de faire la connaissance de quelqu’un d’extraordinaire et pourtant très controversé. Il a été dit et écrit tant de choses sur lui… Mais qui est-il vraiment ? Ce livre démontre que la réponse à cette question peut influencer votre vie, la bouleverser et avoir des conséquences jusque dans l’au-delà ! Voici une présentation fidèle, actuelle et sans concession de celui qui a marqué l’Histoire : le Christ. Dans un style direct et agréable à lire, l’auteur expose pourquoi Le Grand Visiteur est venu à notre rencontre. Vous allez apprécier ce portrait original, rigoureux et précis.
Le Grand Visiteur
gilles georgel
Le
Gilles Georgel est observateur attentif de notre société contemporaine, de ses interrogations et de ses aspirations spirituelles. Pasteur missionnaire en Picardie, il désire apporter des réponses bibliques claires aux questions que chacun se pose. Homme de contact, il aime communiquer le message de l’Évangile. Marié à Lydia, infirmière, il est père de cinq enfants.
9 782910 246068
ISBN 978-2-910246-06-8
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Un homme nommé Jésus
Grand Visiteur
Libre de le dire
Le Grand Visiteur
gilles georgel
Le
Un homme nommé Jésus
Grand Visiteur BLF Europe • Rue de Maubeuge 59164 Marpent • France
Le Grand Visiteur • Gilles Georgel © 2005 BLF Europe • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France info@blfeurope.com • www.blfeurope.com Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Couverture et mise en page : BLF Europe • www.blfeurope.com Impression nº XXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible du Semeur © 1992 Société Biblique Internationale. Avec permission. ISBN 978-2-910246-06-8 Dépôt légal 2e trimestre 2014 Index Dewey (CDD) : 232 Mots-clés : Jésus-Christ. Christologie.
Tous les siècles proclameront qu’entre les fils de l’homme, il n’en est pas né de plus grand que Jésus. Ernest Renan
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Incarnation Le naturaliste et les fourmis Un naturaliste s’était passionné pour une fourmilière. Chaque jour, le savant passait des heures courbé à étudier le quotidien complexe de ces fourmis. Il les connaissait si bien qu’il ressentait pour elles une vive sympathie. Un jour, le naturaliste vit arriver un bulldozer. Il en comprit immédiatement la raison. Une nouvelle route était en construction. Elle allait passer à l’endroit même où se trouvait la fourmilière. Paniqué, notre homme réfléchit longuement pour trouver une solution. Il pensa à édifier une clôture. C’était inutile : le bulldozer n’en tiendrait pas compte. Par poignées, il se mit à ramasser les fourmis pour les déplacer un peu plus loin. Elles ne comprirent pas son geste. En colère, elles l’attaquèrent pour le piquer. Il pensa, bouleversé : « Si seulement je pouvais leur dire quel danger les menace ! J’aimerais tant qu’elles sachent que je suis leur ami ! Une mort programmée les attend ! L’idéal serait que, tout en restant un homme, je devienne fourmi. Avec ma conscience d’homme, je garderais le contrôle de la situation. Devenu fourmi, je pourrais communiquer avec elles. Certes, je devrais changer de dimensions, accepter certaines limites ! Mais l’enjeu n’en vaut-il pas le sacrifice ? » 1
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Communication Assurément, le xxie siècle est celui de la communication. Téléphones portables, internet, satellites… : tout est fait pour relier les hommes entre eux. Si quelqu’un inventait le moyen de se connecter à Dieu, il ferait fortune. J’imagine le nombre de questions qui afflueraient de la terre vers le ciel : Dieu, qui es-tu ? À quoi ressembles-tu ? Que fais-tu de ton temps ? Que comprends-tu de ce que nous vivons ? Même si Dieu répondait par écran interposé, rien ne remplacerait une rencontre personnelle avec lui ! « Oh ! si tu déchirais le ciel et si tu descendais ! » 2 soupirait un prophète d’autrefois. Ce livre vous propose une rencontre. Avec Jésus, un homme unique ! Quatre récits permettent de faire sa connaissance : les Évangiles. L’exposé qu’ils font à son sujet est proprement éblouissant. En lui, Dieu s’est incarné. Soucieux de notre sort, « le Grand Naturaliste » est descendu dans la fourmilière du monde. Inclassable, Par Jésus, Dieu se connecte à l’humanité Jésus s’est pour se révéler… et répondre à toutes les questions que l’homme se pose sur lui. vu affublé Faites connaissance avec Jésus ! de toutes les Comment a-t-il été perçu par les hommes de son temps ? S’il est Dieu fait homme, étiquettes ! quels risques a-t-il pris en devenant l’un d’entre nous ?
Qui est Jésus ? Tout au long de l’histoire, cette question n’a cessé de poursuivre les chercheurs. Jésus est si original qu’il est impossible de le classer dans une catégorie humaine. Son existence historique, sauf peut-être pour quelques irréductibles, est reconnue par tous. La difficulté d’identifier Jésus réside d’abord dans la singularité de sa vie. Une vie d’homme, comme vous et moi, soumise aux mêmes aléas. Jésus connaît la faim, la soif, le besoin de sommeil, la
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fatigue… Mais il se distingue dans tant d’autres domaines que ses contemporains s’interrogent : « Personne n’a jamais parlé comme cet homme ! » 3 « Depuis que le monde est monde, jamais on n’a entendu dire que quelqu’un ait rendu la vue à un aveugle de naissance » 4. « Tout ce qu’il fait est magnifique ! » 5 s’étonnent les foules. Discret sur la question de son identité, Jésus n’en cache pourtant rien. Il déclare exister avant Abraham né des siècles avant lui 6. JeanBaptiste, le prophète précurseur de Jésus, le confirme : « Celui qui vient après moi m’a précédé car il existait déjà avant moi ! » 7 Pierre, disciple de la première heure, s’exclame, admiratif : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » 8 Mais déclarer cela est aujourd’hui risqué. Pour beaucoup, la vérité relève de l’opinion de chacun. Or, qui pourrait valablement se confronter à Jésus, s’il est Dieu fait homme ?
Les risques de l’incarnation L’idée de l’incarnation de Dieu n’est pas si étrange. Elle démontre ce que Dieu ne cesse de dire de lui-même tout au long de la Bible. Rien ne lui est impossible ! Pas même le fait de se mettre dans notre peau pour nous rejoindre et nous rencontrer ! Cependant, les risques liés à cette démarche sont au nombre de trois :
Le risque de la confusion C’est la fête de Jérusalem. Déjà célèbre, Jésus est le centre de toutes les conversations : – C’est quelqu’un de bien, assurent les uns. – Pas du tout, il trompe tout le monde, répondent d’autres. Certains attestent, convaincus : – C’est le Christ ! Ce à quoi, d’autres répliquent : – Le Christ pourrait-il venir de la Galilée ? L’Écriture ne ditelle pas que le Messie naîtra à Bethléhem, le village où David a vécu ? 9
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Toutefois, personne n’ose parler de lui ouvertement. La censure est déjà là. Ce n’est qu’en privé, et entre amis bien choisis, qu’on aborde la question. Les choses n’ont guère changé aujourd’hui. Selon Heinrich Schubert, un pasteur suisse, Jésus-Christ est le dernier grand tabou de notre société 10. « Après tout, pense-t-on, libre à chacun de croire ce qu’il veut. Il ne faudrait surtout pas trop approfondir la question. Le nom de Jésus a fait l’objet de tant de récupérations douteuses : guerres de religions, sectes bizarres… ! » Certes, il reste une figure marquante de l’histoire. Bien que gênant, le personnage fascine. À tel point que chaque révolutionnaire se l’approprie : premier communiste, hippie, superstar… ! Inclassable, Jésus s’est vu affublé de toutes les étiquettes !
Le risque de la tentation Quelle place Jésus va-t-il occuper dans l’humanité ? Dès son apparition, c’est la question qui perturbe le chef spirituel invisible de ce monde. La Bible l’appelle l’Adversaire ou Satan 11. Ennemi de Dieu, il cherche à dresser la création contre son Créateur. Dès l’origine, l’homme créé à l’image de Dieu est sa cible favorite. Par Adam, il réussit à faire entrer toute l’humanité dans la désobéissance. Aussi, la venue de Jésus lui pose-t-elle problème. Bien qu’homme, Jésus est un intrus. Le royaume qu’il représente échappe à tout contrôle ou manipulation. Comment l’intégrer dans le jeu ? Deux possibilités : s’en faire un allié… ou le détruire ! Mais où, quand et comment l’approcher ? L’occasion attendue se présente. À l’issue d’un jeûne de quarante jours, l’homme Jésus n’en peut plus. Il est faible, il est seul et il a faim. C’est le meilleur moment pour lui faire une offre. Et quelle offre ! Mesurant le potentiel de Jésus, Satan va lui faire une proposition sidérante. De nombreux conquérants ont parcouru la terre. Par la force, ils ont tous essayé de s’assujettir le monde : Alexandre le Grand, César
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ou, plus près de nous, Napoléon ou Hitler… Jésus n’a ni trône ni armée. Pourtant l’Adversaire n’hésite pas. Il montre à Jésus tous les royaumes de la terre, et lui dit : « Je te donnerai la domination universelle ainsi que les richesses et la gloire de ces royaumes. Car tout cela a été remis entre mes mains et je le donne à qui je veux » 12. La condition pour être bénéficiaire de l’offre est révélatrice de l’enjeu : « Si donc tu te prosternes devant moi, dit Satan à Jésus, tout cela sera à toi » 13. Il l’a compris : Jésus L’important contre lui, il perd tout. Jésus de son côté, il reste gagnant ! n’est pas que Jésus refuse. Il a une mission : sauver l’homme ait l’humanité en péril ! Pas question pour lui de s’en détourner ! Dès lors, une guerre marché sur invisible, mais sans merci, va se livrer. la Lune, mais Guettant chaque opportunité, le Prince des ténèbres va tout tenter pour dévier qu’en Jésus Jésus de son but. Il va manipuler ses plus Dieu soit venu proches, pousser la foule à le faire roi, utiliser les éléments déchaînés pour attenter marcher sur la à sa vie… Rien n’y fera. Jésus résistera. Il Terre. gardera le cap. Le Rocher ne bougera pas.
Le risque de la souffrance Jésus n’a pas un organisme différent du nôtre. Son corps est fait de nerfs et de muscles comme le nôtre. Les nombreux moustiques du Moyen-Orient ne l’épargnent pas plus que les autres. Quand l’un d’eux le pique, Jésus le sent. En devenant homme, l’expérience de la douleur et de la souffrance est, pour Jésus, le prix le plus élevé à payer. C’est le risque maximal qu’il courra toute sa vie. Une souffrance dont il connaîtra d’ailleurs toutes les variantes : physique par les coups et la torture, mentale par l’angoisse, affective par la trahison et l’abandon de ses plus proches.
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Jésus n’est pas étranger au vécu de notre condition humaine. « Le Fils de Dieu est entré dans le monde, en refusant de s’en tenir à distance » 14, écrit John Stott. Solitude, incompréhension, déception, brisement, découragement, humiliation… seront son lot. C’est pourquoi son oreille est si attentive aux cris du cœur qui montent vers lui ! S’il y a quelque chose qu’on ne puisse reprocher à Jésus, c’est l’insensibilité. La compassion sera le moteur principal de ses actions. Jésus ne passera jamais sans s’arrêter à côté de quelqu’un qui fait appel à lui. Il quittera la foule. Il s’isolera s’il le faut avec la personne. Mais il ne la laissera pas repartir sans l’avoir soulagée. Homme de douleur, la souffrance sera sa compagne jusqu’au dernier souffle. Jésus ne connaîtra pas une belle mort. Il ne fermera pas les yeux sur ce monde dans un lit douillet. Il mourra dans la force de l’âge, crucifié entre deux malfaiteurs !
Le Grand Naturaliste devenu fourmi Vous est-il arrivé de toucher ou de côtoyer quelqu’un d’important ? C’est comme un rêve ! Vous avez besoin de temps pour revenir à la réalité. C’est un peu de cette manière que Jean, un proche de Jésus, parle de lui après sa résurrection. Il se rend compte du privilège qui a été le sien. Compagnon de Jésus pendant trois ans, il écrira (et s’écriera) : « Celui qui est la vie s’est manifesté : nous l’avons vu, nous en parlons en témoins » 15. Jean ne quitte pas l’émerveillement ! Parcourir la vie de Jésus est passionnant. Rendez-vous compte ! En lisant l’Évangile, vous ne découvrez pas la biographie d’un homme, mais celle de Dieu en habits de chair. Beaucoup d’autres témoignent avec Jean de leur même fascination pour Jésus. C’est la « gloire de Dieu qui rayonne du visage de Jésus-Christ » 16, dit l’apôtre Paul. Ralph Shallis écrit : « Jésus, c’est Dieu traduit en termes intelligibles à l’homme » 17. Sa photocopie parfaite, son portrait authentique. Comme l’arc-en-ciel, décomposition de la lumière blanche et invisible, par Jésus s’expriment toutes les nuances de la personnalité
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de Dieu. Il y a quelques années, dans un chant peu connu intitulé La Prière des petits humains, France Gall, s’adressant à Dieu, disait : Dieu de là-haut Venez nous sauver du chaos Du malaise et du vertigo Dieu de là-haut Sortez de votre incognito Venez nous chercher illico Et partout supplient tous les fidèles, aidez-nous Ils prient tous à genoux l’Éternel, sauvez-nous Sauvez-nous de nous ! 18
Il l’a fait ! Le Grand Naturaliste a entendu le cri apeuré et désespéré qui monte de la fourmilière de l’humanité. « Sortant de son incognito », il s’est incarné. Il est devenu fourmi, un simple humain. Fils de l’homme est d’ailleurs son titre préféré pour se qualifier. Il est venu nous sauver du plus grand danger qui nous menace : nousmême, notre orgueil, notre folie. Après son voyage sur la Lune, l’astronaute américain James Irwin a écrit : « L’important n’est pas que l’homme ait marché sur la Lune, mais qu’en Jésus Dieu soit venu marcher sur la Terre ». « Jésus, écrit James Packer, n’était pas Dieu moins quelques attributs, mais Dieu plus tout ce qu’il s’est approprié en revêtant l’humanité. Celui qui avait créé l’homme « apprenait » désormais ce que signifiait être un homme ! » 19 Présentant Jésus couronné d’épines à ses adversaires, Pilate, le gouverneur romain qui l’a condamné, dira : « Voici l’homme ! » 20 Oui, pour Jésus, l’humanité, c’est sa passion ! Avec lui, pauvres et exclus sont rassasiés. Mais riches et bien-pensants restent sur leur faim. Comme l’eau toujours à la recherche des points les plus bas, Jésus n’en finira pas, tout au long de sa vie, de descendre. Il finira condamné, cloué sur une croix, rejeté comme un paria. Mais tournez la page. Découvrez maintenant les préparatifs d’entrée dans le monde de celui qui, de Dieu qu’il est, devint homme.
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Préparatifs Le seigneur et son bouffon Un seigneur avait un bouffon à son service. Un jour, le noble lui remit un bâton en le chargeant de le garder jusqu’à ce qu’il puisse le donner à plus fou que lui. Les années passèrent. Bien des troubadours et des ménestrels visitèrent le château. Aucun n’était plus insensé que lui. Un soir d’automne, le seigneur tomba malade. Sentant sa mort approcher, il appela son bouffon et lui dit : – Je pars pour un grand voyage ! – Quand reviendras-tu ? Dans un mois ? – Non, dit le maître, jamais ! Je vais dans un lieu d’où l’on ne revient pas. – J’imagine alors que tu t’es préparé pour une telle expédition ? – Non, je n’ai rien fait, je ne suis pas prêt ! – Tu pars pour toujours dans un pays d’où l’on ne revient pas, et tu ne t’es pas préparé ? Tiens, prends mon bâton, j’ai trouvé plus fou que moi…
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Prévoyance À moins d’être superficiel, personne n’agit avec précipitation pour des enjeux importants. Chaque projet de vie, chaque engagement exige une attitude responsable et un minimum de sérieux. Les choses ne sont pas différentes pour Dieu. Il est, de tous, le plus sérieux et le plus responsable. Pas question pour lui de laisser l’humanité se perdre et manquer le but pour lequel il l’a créée. La réussite d’un projet tient souvent à la qualité de sa préparation. Jésus souligne l’importance de ce sens de la responsabilité : « En effet, si l’un de vous veut bâtir une tour, est-ce qu’il ne prend pas d’abord le temps de s’asseoir pour calculer ce qu’elle lui coûtera et de vérifier s’il a les moyens de mener son entreprise à bonne fin ? Sans quoi, s’il n’arrive pas à terminer sa construction après avoir posé les fondations, il risque d’être la risée de tous les témoins de son échec. Regardez, diront-ils, c’est celui qui a commencé à construire et qui n’a pas pu terminer ! » 21 Pour obliger les hommes qui l’accompagnaient à aller jusqu’au bout, le conquérant espagnol Hernan Cortés brûla les navires qui les avaient amenés sur les plages du Mexique. La même détermination présida à l’entrée du Fils de Dieu dans le monde. Une fois incarné, impossible de faire demi-tour. La seule voie possible était d’aller jusqu’au bout. Le prix à payer était si grand qu’il ne pouvait qu’être mûrement réfléchi. Au travers de la Bible, entrons discrètement dans l’intimité de Dieu. Voyons par qui, et comment a été prise, dans la nuit des temps, la décision de notre salut !
La carte d’identité de Dieu Qui est Dieu ? De quoi est-il fait ? Est-il un ou plusieurs ? Voici quelques affirmations clés de la Bible qui le définissent :
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Dieu est un et plusieurs à la fois La Bible affirme ces deux réalités avec autant de force : « Écoute, Israël, l’Éternel est notre Dieu, il est le seul Éternel ! » 22 Il y a donc un seul Dieu qui existe et préside à la destinée de chacun. Évoquant la Divinité, Jésus recommande pourtant de baptiser ses nouveaux disciples au nom (au singulier) du Père, du Fils et de l’Esprit Saint 23. Comment un peut-il être à la fois trois, et trois, un ? Quelques analogies, limitées, peuvent nous aider à comprendre ce mystère : • Nous savons tous ce qu’est un cube. Il a trois dimensions égales : longueur, largeur, hauteur. L’espace n’existe que parce que ces trois dimensions sont présentes. Ôtez l’une d’elles et l’espace disparaît. L’espace est un, mais trois éléments égaux sont nécessaires pour le composer. • Dans un autre domaine, Jésus a aussi Comment un parlé de deux êtres qui n’en font plus qu’un. peut-il être Répondant à une question sur le divorce, il dira : « N’avez-vous pas lu dans les Écritures à la fois trois, qu’au commencement le Créateur a créé l’être et trois, un ? humain homme et femme et qu’il a déclaré : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront plus qu’un ? Ainsi, ils ne sont plus deux ; ils font un » 24. L’unité qui scelle l’union d’un couple est si profonde que Dieu ne voit plus deux êtres, mais un. • Un des jeux préférés de notre dernier fils est « le jeu du sandwich ». Alors que ma femme et moi nous nous serrons dans nos bras, il fait tout pour se glisser entre nous. Nous sommes trois, mais c’est le sentiment de ne faire qu’un qui pousse notre fils à agir ainsi. C’est, dans une faible mesure, l’image de ce qui rassemble le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il y a une telle fusion entre eux qu’ils sont un et non trois. La formule qui définit le mieux la Divinité n’est pas une addition, mais une multiplication. Non pas 1 (le Père) + 1 (le Fils) + 1 (le Saint-Esprit), mais plutôt 1 (le Père) x 1 (le Fils) x 1 (le Saint-Esprit), ce qui est toujours égal à 1.
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Les trois sont un, mais chacun à sa place et dans son rôle 25 Sans distinction, l’Écriture attribue les mêmes titres aux trois personnes composant la Divinité. « Que Dieu notre Père vous accorde la grâce et la paix » 26, écrit Paul. Parlant de Jésus, le Fils de Dieu, Jean indique : « Ce Fils est lui-même le Dieu véritable et la vie éternelle » 27. Mentir à l’Esprit Saint, c’est mentir à Dieu, affirme de son côté l’apôtre Pierre 28. S’il y a égalité de nature et de pouvoir, il y a cependant différence de position et de fonction dans la Divinité : • Le Père apparaît ainsi comme l’Auteur, l’Initiateur des choses. Il est le Concepteur, la Pensée créatrice. « Il n’y a qu’un seul Dieu : le Père, de qui toute chose vient » 29. • Le Fils se révèle comme le Réalisateur, celui qui, de tout temps, incarne parfaitement ce que le Père veut. Il est la Parole qui concrétise la pensée. Il est le rayonnement de la gloire de Dieu et l’expression parfaite de son être 30. C’est à lui que sera confiée la mission de l’incarnation par laquelle la Divinité, dans son entier, vient sauver l’humanité. • L’Esprit est aussi appelé le Souffle. C’est par lui qu’est donnée la vie : « L’Éternel Dieu façonna l’homme avec de la poussière du sol, il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant » 31. Sans le souffle, aucune parole prononcée n’est audible. L’apôtre Paul dit : « Qui peut savoir ce qui se passe dans un homme, si ce n’est l’esprit de cet homme ? De même, nul ne peut connaître ce qui est en Dieu si ce n’est l’Esprit de Dieu » 32. Sans le Saint-Esprit qui éclaire l’intelligence, aucun homme n’est apte à comprendre les paroles et les pensées de Dieu ! La Parole, expression parfaite de la personnalité de Dieu, s’est incarnée. En la personne de l’homme Jésus, le Dieu invisible vient habiter au milieu de nous. Il apporte une réponse claire, visible et compréhensible aux questions millénaires que l’homme se pose : – À quoi ressemble Dieu ? N’est-il que bonté ou que justice ? Regarde Jésus, dit Dieu, et tu le sauras !
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– Que pense-t-il de moi ? Comment me voit-il ? Que me réserve-t-il ? Écoute Jésus et tu l’entendras ! – Ma vie a-t-elle un sens ? Obéit-elle à un plan ou est-elle vouée au hasard ? Comment être sûr du chemin que j’emprunte ? Suis Jésus et tu le comprendras !
La préparation de l’incarnation L’accord parfait est établi au sein de la Divinité. Jésus se rendra dans le monde. Il reste à préparer les terriens à l’accueillir. Or, depuis Adam le premier homme, le doute sur les intentions bienveillantes de Dieu est semé dans l’esprit de l’humanité. Dieu avait défini pour leur bien, dans le jardin d’Éden, le cadre précis dans lequel devaient vivre nos premiers parents : – Mangez librement des fruits de tous les arbres du jardin, sauf du fruit de l’arbre du choix entre le bien et le mal. De celui-là, n’en mangez pas, car le jour où vous en mangerez, vous mourrez 33. Utilisant cette limitation minime de liberté comme argument, Satan invite Ève à la rébellion : – Mais pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Seulement Dieu sait bien que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, choisissant vous-mêmes entre le bien et le mal 34. Bien qu’avertis, Ève, puis Adam ne discernent pas le danger. Ils bravent l’interdit et tombent. La liberté dont jouissent nos premiers parents se retourne contre eux. Séparés de Dieu, ils se découvrent prisonniers d’une nouvelle dépendance. Celle des caprices de la nature humaine débridée. Chacun, depuis, est l’esclave de ce qui le domine. Le contentement a fait place à l’envie, alimentée par une convoitise incessante.
Chacun est l’esclave de ce qui le domine.
Les effets de la rupture consommée avec Dieu se font sentir dans tous les domaines. Le corps, autrefois plein de vitalité, dépérit, souffre et meurt. Les relations harmonieuses font place aux reven-
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dications, à l’accusation, puis à la guerre et au meurtre. La nature elle-même semble désorganisée. Une nostalgie étreint la création tout entière ! Comment retrouver la paix, l’unité, l’harmonie ? Qui ou quoi peut remplir le vide de nos cœurs ? La mort est-elle notre seule perspective ?
Dieu nous cherche Une bonne nouvelle nous parvient du fin fond des âges ! Adam, qui vient juste de se détourner de Dieu, entend sa voix qui l’appelle. Dieu le cherche. Adam et Ève se cachent et le fuient. À cause de leur mauvaise conscience, ils ont peur. Dieu s’approche et insiste : – Adam, où es-tu ? – Je t’ai entendu dans le jardin et j’ai eu peur, parce que j’étais nu. Je me suis donc caché. – Qui t’a dit que tu étais nu ? Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? – C’est la femme que tu as mise auprès de moi qui m’a donné de l’arbre et j’en ai mangé. Dieu demande alors à Ève : – Pourquoi as-tu fait cela ? – C’est le serpent qui m’a trompée, et j’en ai mangé 35. Les deux fautifs rejettent la faute sur un autre. Adam accuse Ève, qui lui a été donnée par Dieu. À son tour, Ève accuse le serpent. Ce scénario est toujours actuel. À propos d’une dispute familiale, André Adoul écrit : « J’ai découvert que, pour le couple, 2 + 2 = 100 ! En effet, quand je me dispute avec ma femme, j’ai la conviction d’avoir raison à 98 % et elle de même. Si chacun des deux s’efforce de remédier aux 2 % d’erreur qu’il se reconnaît ainsi et qu’il s’en excuse auprès de l’autre, la querelle est résolue à 100 % » 36. Pour l’instant, Adam et Ève n’en sont pas là. Il reste à Dieu à prendre l’initiative – c’est toujours lui qui le fait – de renouer les fils rompus de la relation brisée.
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Initiatives divines Tout au long de l’histoire, Dieu prépare la venue de celui qui réconciliera les hommes avec lui : 1. Par des promesses. À Adam et Ève, il fait une annonce stupéfiante. Une femme donnera le jour à une descendance qui écrasera la tête du serpent (symbole de Satan) 37. C’est déjà l’annonce de la venue programmée du Fils de l’homme. L’humanité ne restera pas indéfiniment dans la condition dans laquelle elle se trouve. Un homme, né d’une femme, un jour, changera tout. La prophétie au cours des siècles ne cesse de se préciser. Cet homme sera de la lignée d’Abraham, de Jacob, de la tribu de Juda… Il sera issu d’une jeune fille vierge, naîtra à Bethléhem, sera trahi pour trente pièces d’argent par l’un de ses proches… Près de 300 annonces, au sujet du Christ, émaillent le discours des prophètes. 2. Par le don d’une loi inviolable, universelle et normative définissant ce qu’est le bien et le mal. Dix commandements, révélés à Moïse sur le mont Sinaï, suffisent à Dieu pour définir les règles du vrai bonheur moral, social et spirituel de l’homme. Quatre sont relatives à la relation de l’homme avec Dieu : • 1re règle : Tu ne dois pas avoir d’autres dieux que moi. • 2e règle : Ne te fabrique pas de statues de dieux […]. Ne te mets pas à genoux devant ces dieux, ne les adore pas. e • 3 règle : Ne te sers pas de mon nom n’importe comment. • 4e règle : N’oublie pas de me réserver le jour du sabbat (le jour du repos). Les six autres concernent les relations des hommes entre eux : • 5e règle : Respecte ton père et ta mère. • 6e règle : Ne commets pas de meurtre. • 7e règle : Ne commets pas d’adultère. • 8e règle : Ne vole pas.
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Le Grand Visiteur • 9e règle : Ne témoigne pas faussement contre ton prochain. • 10e règle : Ne désire pas pour toi la maison de ton prochain. N’aie pas envie de prendre sa femme, ni son esclave, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne. Ne désire rien de ce qui est à lui 38.
Jésus résume ces dix commandements en deux propositions positives : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le commandement le plus grand et le plus important. Et voici celui qui vient en second rang et qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toimême » 39. 3. Par l’introduction du principe du sacrifice d’un innocent pour expier les fautes d’un coupable. Se découvrant nus après leur désobéissance, Adam et Ève sont saisis de honte. Leur premier réflexe est de fuir et de se cacher. Ils ne supportent ni le regard de Dieu ni celui de l’autre. Par une tentative maladroite pour se couvrir, ils se fabriquent des pagnes de feuilles de figuier. Déjà, Dieu a une solution. Sacrifiant un animal innocent, il prend sa peau pour en faire un habit dont il les revêt. Une substitution s’est produite. L’homme nu, fautif et honteux, est couvert par la peau d’une bête qui a payé de sa vie pour le rendre de nouveau présentable. Ce principe de substitution, repris et répété des milliers de fois avant la venue de Jésus, s’exprimera dans sa pleine mesure à travers lui. Il sera, lui seul, l’Agneau de Dieu donné pour ôter le péché du monde 40. Les préparatifs terminés, les temps accomplis, Dieu envoie son Fils, né d’une femme… 41
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L’entrée dans le monde La saga du martien Un martien décide de visiter la Terre. Déguisé en journaliste, il vient faire un reportage censé décrire qui sont les terriens. À l’arrêt d’un bus, il accoste un homme et lui demande : – Bonjour Monsieur ! Je suis reporter et l’histoire m’intéresse. Quel est, pour vous, l’événement le plus important qui se soit produit sur Terre ? – Pour moi, c’est la guerre du Golfe ! On a frisé la catastrophe, répond l’homme. Le martien ne note rien. Il demande simplement : – N’y a-t-il rien de plus beau qui soit arrivé sur cette planète ? – Si ! En 1969, pour la première fois, on est allé sur la Lune en fusée. C’est pas beau, ça ? – Bof ! Pour moi l’espace, ce n’est rien de nouveau ! Vous n’avez pas un événement qui ait marqué le monde entier ? – Si ! L’invention de la bombe atomique. C’est l’arme de destruction la plus terrible ! Elle peut rayer de la carte un pays entier en une seule fois ! Le martien s’exclame effrayé :
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Le Grand Visiteur – Quoi ! Vous avez fait une chose aussi affreuse et vous vous en vantez ? Je cherche du beau, de l’extraordinaire, du magnifique. Pas une horreur ! L’homme se creuse la cervelle. Puis il sourit : – Quand j’étais gamin, ma mère m’a raconté quelque chose. Ça s’est passé il y a deux mille ans environ. – Deux mille ans ? Si on s’en souvient encore, ça doit être important, dit le martien. – Il s’agit d’un homme pas comme les autres. Il disait qu’il venait du ciel ! – Là, ça m’intéresse. Et alors, comment l’avez-vous reçu ? Dans un palais, je suppose ? Vous avez fait la fête quand il est venu ? – Ben, c’est-à-dire que… Pas vraiment, admet l’homme confus. – Poursuivez. Un homme venu du ciel ? Je suppose que tout le monde était avide d’entendre ce qu’il disait ! L’homme, de plus en plus honteux : – Au début, beaucoup de gens voulaient connaître son message. Mais vers la fin… Le martien écarquille les yeux : – Quoi ! Que s’est-il passé ? Comment a-t-il fini ? L’homme gêné : – On l’a tué, Monsieur… Le martien abasourdi : – Quoi ! Tué ? Vous l’avez tué ! Secouant la tête, il s’éloigne : – Fous ! Ils sont vraiment fous ces terriens !
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Le signe Sept siècles avant la naissance de Jésus, le prophète Ésaïe est porteur d’une annonce incroyable : « Le Seigneur vous donnera luimême un signe : Voici, la jeune fille sera enceinte et elle enfantera un fils » 42. Derrière ces mots, trois réalités s’affirment, toutes aussi insolites les unes que les autres :
Jésus, le Fils de Dieu, naît d’une femme Il n’est pas comme E.T., l’extraterrestre sorti d’un vaisseau spatial ou parachuté du ciel sur la terre. Certes, il vient d’en haut. Mais, pour venir dans ce monde, il emprunte la même route que nous. Il est formé dans le secret du ventre d’une femme. Puis, il naît et apprend à vivre comme tous les autres enfants du monde. Que Dieu soit parmi nous sous la forme d’un bambin peut paraître bizarre. Porter des langes, être lavé et allaité par une femme, apprendre à marcher, tomber, puis se relever… Cependant, pour le Fils de Dieu, n’est-ce pas la meilleure façon d’entrer dans l’humanité ? Un homme n’est pas adulte du jour au lendemain ! Jésus ne le sera pas non plus. Il passe par les mêmes étapes de croissance que tous les autres enfants de son époque : il est circoncis en tant que juif le huitième jour, va à la synagogue, lit dans la Bible l’histoire des relations de Dieu avec Israël, se plie aux traditions religieuses familiales… Il fréquente d’autres enfants et apprend, à leur contact, ses premières leçons sur l’homme et sa nature. Jésus découvre la condition humaine sur le tas et non dans les livres.
Jésus, le Fils de Dieu, naît d’une femme encore vierge Marie est la mère de Jésus. Joseph n’est que son père adoptif. Le témoignage des Évangiles est formel. C’est avant leur union que Marie s’est trouvée enceinte par le fait du Saint-Esprit 43. Depuis, on a beaucoup ricané à ce propos. « Accepter, en dehors de toute relation sexuelle, qu’un être humain naisse directement de Dieu… C’est tout
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de même un peu gros ! » Je dirais la même chose si la suite de la vie de Jésus ne confirmait en tous points cette affirmation. À plusieurs reprises, Jésus met au défi ses adversaires venus pour le tuer : – J’ai accompli sous vos yeux un grand nombre d’œuvres bonnes par la puissance du Père ; pour laquelle voulez-vous me tuer à coups de pierres ? Les Juifs répliquent : – Nous ne voulons pas te tuer pour une bonne action, mais parce que tu blasphèmes. Car, toi qui n’es qu’un homme, tu te fais passer pour Dieu 44. Voilà bien le paradoxe dans lequel Jésus est prisonnier toute sa vie ! Il fait des choses que, de toute évidence, Dieu seul peut faire. Mais on lui refuse l’identité sous laquelle il ne cesse de se présenter. Il sera mis à mort, non à cause de ses prétentions, mais pour ne pas avoir été cru ! Sa naissance à elle seule suffit cependant à justifier la source de l’autorité de ses actes.
Jésus, le Fils de Dieu, naît d’une femme vierge, mais déjà fiancée Ce choix de Dieu ne paraît pas très judicieux. À l’époque, les fiançailles sont beaucoup plus sérieuses qu’aujourd’hui. Une dot est payée par le futur mari au père de la fiancée. Les futurs époux, liés par contrat, sont considérés par les familles comme déjà mariés. Toute infidélité équivaut à un adultère et peut entraîner, selon la loi juive, la peine de mort. Le risque pris par Marie, en acceptant de porter Jésus, est significatif. En se soumettant au plan de Dieu, elle sacrifie plusieurs choses, précieuses à ses yeux : • La confiance de Joseph, son fiancé ! Comment prendra-t-il la chose ? Pourra-t-il la croire ? Supportera-t-il la peine et la déception qu’elle lui cause ?
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• Sa réputation ! Marie n’est pas une fille légère. On le sait bien à Nazareth. Mais se retrouver enceinte par la vertu du Saint-Esprit ! Qui la croira ? Comme d’autres croyants après elle, Marie est prête à tout perdre pour Jésus, Jésus sera mis le Messie promis. Le Fils de Dieu n’a pas à mort, non à de prix pour elle ! Il vaut plus que tout, plus que n’importe quelle affection, plus cause de ses que toute considération ! Elle ne sera pas prétentions, déçue, elle ne perdra rien. Depuis, chaque génération l’appelle « bienheureuse » 45. mais pour ne pas Une fois la vérité connue, l’amour avoir été cru ! de son fiancé lui reviendra plus fort, plus beau. Dieu n’est pas voleur de bonheur ! C’est ensemble désormais que Joseph et Marie vont se battre pour préserver leur secret. Déjà apparaissent à l’horizon de lourds nuages noirs qui menacent la vie de l’enfant.
Jésus, un sans domicile fixe C’est dans une mangeoire que Jésus commence sa vie ! Marie aurait bien voulu le mettre dans un autre berceau, mais, dit l’Évangile, l’auberge est comble. Seule l’étable est disponible. Pas de place pour Jésus ! Un problème qui se répète tout au long de sa vie ! Étonnant, en effet, le nombre d’endroits d’où on voudra l’expulser, de lieux où il se retirera pour sa sécurité. Dissident, Jésus se plie aux aléas d’une vie itinérante souvent forcée. Il n’hésite pas à dire à un disciple enthousiaste qui se propose de le suivre : « Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête » 46. Comme un SDF, Jésus n’a rien à lui. Ici, des amis reconnaissants l’assistent de leurs biens 47. Là, il emprunte un bateau pour s’adresser à la foule 48. Plus tard, un anonyme lui ouvre sa maison
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pour préparer sa dernière Pâque avec ses disciples 49. Même l’âne dont il a besoin pour entrer à Jérusalem lui est prêté 50. Il finira entre le ciel qu’il a quitté et la terre qu’il est venu sauver, sur une croix, abandonné de Dieu et rejeté par les hommes. Il sera enseveli dans une tombe préparée pour un autre, un homme riche de la ville d’Arimathée 51. Venu pauvrement, pauvrement Jésus quittera ce monde. En attendant, d’autres dangers imminents guettent sa vie…
Jésus, le survivant Averti par des mages venus d’Orient de la naissance du futur roi des Juifs, un homme, à Jérusalem, est dans tous ses états. C’est Hérode, dit le Grand, installé sur le trône des rois d’Israël par l’empereur romain. Fils d’Antipas et de la princesse Cypros, aucun sang juif ne coule dans ses veines. Pourtant, c’est bien de la question juive qu’il est chargé comme roi de Judée. Véritable tyran, Hérode vit, comme la plupart des dictateurs, dans la crainte constante d’un complot. Il n’hésite pas, sur la base de rumeurs fondées ou non, à faire assassiner sa première femme Mariamme, et trois de ses fils. Sa cruauté envers les siens est telle que l’empereur Auguste dira de lui : « Mieux vaut être le Dieu n’est porc d’Hérode que ses fils ». pas voleur de La barbarie d’Hérode va au-delà de sa famille. La nation juive tout entière souffre bonheur. de ses abus de pouvoir. Impopulaire, il cherche à regagner la faveur du peuple qu’il opprime par des constructions grandioses et ostentatoires. Quarante-six ans sous son règne seront consacrés à la reconstruction de l’ancien temple de Salomon à Jérusalem. Mais Hérode n’est pas seulement cruel. Il est aussi rusé. Informé de la naissance de Jésus, il fait appeler secrètement les mages dans son palais. Il les envoie à Bethléhem en disant : « Allez là-bas et renseignez-vous avec précision sur cet enfant ; puis, quand vous
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l’aurez trouvé, venez me le faire savoir, pour que j’aille, moi aussi, lui rendre hommage » 52. Les mages ne retourneront jamais à Jérusalem. Furieux d’avoir été trompé, Hérode va mettre sur pied une sorte de solution finale. Il ordonnera l’extermination pure et simple de tous les enfants en dessous de deux ans vivant à Bethléhem et dans son territoire 53. À peine né, Jésus est déjà un Juif indésirable. Mais il survivra. Surnaturellement, Joseph et Marie sont avertis du projet du tyran. Ils s’enfuient précipitamment en Égypte, sauvant l’enfant in extremis. Mais le ton est donné. « Le visage d’Hérode le meurtrier considérant l’enfant avec haine était une sombre prophétie de la manière dont les puissances de ce monde devaient le persécuter et retrancher sa vie de la terre » 54, commente James Stalker.
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Jésus et sa famille L’histoire de ma vie 1er mai : Par amour, aujourd’hui, mes parents m’ont appelée à la vie ! 15 mai : Mes premières artères apparaissent et mon corps se forme très rapidement. 19 mai : J’ai déjà une bouche. 21 mai : Mon cœur commence à battre. Qui pourra mettre en doute le fait que je vive ? 22 mai : Je ne sais pas du tout pourquoi maman se fait tant de soucis. 28 mai : Mes bras et mes jambes commencent à croître. 8 juin : À mes mains poussent de petits doigts. Que c’est beau ! Bientôt, je pourrai saisir, grâce à eux. 16 juin : C’est seulement aujourd’hui que maman a appris que j’étais là. Je m’en suis bien réjouie. 20 juin : Maintenant, c’est sûr : je suis une fille. 24 juin : Tous mes organes se dessinent. Je peux sentir la douleur. 6 juillet : J’ai des cheveux et des sourcils. Ça me rend jolie. 8 juillet : Mes yeux sont finis depuis longtemps, même si mes paupières sont encore fermées. Bientôt, je pourrai
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tout voir : le monde si grand et si beau et, par-dessus tout, ma chère maman qui me porte encore. 18 juillet : Mon cœur bat magnifiquement. Je me sens protégée et je suis si heureuse. 20 juillet : Aujourd’hui, ma maman m’a fait mourir… 55
Le massacre des innocents Ils sont en France 220 000 par an dans ce cas. Éliminés à peine conçus, ils n’ont pas franchi la première étape de la vie : la naissance. Ni désirés ni attendus, ils ont débarqué au mauvais moment. Ils sont de trop, ils ne survivront pas. Conçu aujourd’hui, Jésus aurait couru le même risque. Malcom Muggeridge l’exprime en ces termes : « La grossesse de Marie, dans des conditions aussi précaires et en l’absence de père, aurait fait d’elle une candidate tout indiquée pour un avortement » 56. Orientée vers les services du planning familial, j’imagine le discours auquel aurait eu droit Marie : – Vous avez voulu cet enfant ? – Non ! – Qu’allez-vous faire de lui ? Vous n’allez pas le garder ? – Je ne sais pas. – Vous êtes encore jeune ! C’est une erreur de parcours qui peut être effacée ! – Mais cet enfant que je porte vit ! – Vous savez, l’embryon n’a pas de statut. On ne peut pas encore dire qu’il soit un être vivant ! Plus vite vous interromprez votre grossesse, mieux ce sera. Pensez à vous et à votre avenir ! – ! – Alors, on le prend ce rendez-vous ? Vous verrez, tout se passera bien ! Ce n’est pas douloureux et, à votre âge, on oublie vite… Notre cinquième enfant, Maxime, est né huit ans après Florine, notre seconde fille, atteinte de myopathie 57. À la nouvelle de cette grossesse, la gynécologue a demandé à ma femme ce qu’elle
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comptait faire. Le risque que notre garçon soit malade était réel. Des examens Chaque vie prénataux auraient pu nous révéler son état de santé. Nous les avons refusés. Qui est sacrée. sommes-nous pour décider qui doit vivre ou non ? Maxime est né en bonne santé. L’avortement nous aurait privés de la joie que sa venue a procurée à toute la famille !
Dieu et la vie Heureusement, Jésus est né ! Sa naissance, décidée par Dieu, atteste deux choses au sujet de la condition humaine :
Dieu est l’Auteur de la vie, pas l’homme ! Chaque créature est le fruit de la volonté divine. Elle correspond à un projet personnel et précis. Le roi David a écrit : « Mon corps n’était pas caché à tes yeux quand, dans le secret, je fus façonné et tissé comme dans les profondeurs de la terre. Je n’étais encore qu’une masse informe, mais tu me voyais et, dans ton registre se trouvaient déjà inscrits tous les jours que tu m’avais destinés alors qu’aucun d’eux n’existait encore » 58.
Dieu a droit de vie et de mort sur l’être humain, pas l’homme ! Chaque vie est sacrée, y compris celle en formation. Dans la pensée de Dieu, la responsabilité pénale de l’auteur d’un délit touchant à la vie s’étend aussi à celle de l’embryon. La Bible donne un exemple à ce sujet : « Si des hommes, en se battant, heurtent une femme enceinte et causent un accouchement prématuré, mais sans qu’il y ait d’autre conséquence grave, l’auteur de l’accident devra payer une indemnité dont le montant sera fixé par le mari de la femme et approuvé par arbitrage. Mais s’il s’ensuit un
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dommage, tu feras payer vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied » 59.
La famille de Jésus Le témoignage des Évangiles sur l’enfance de Jésus est succinct. Contrairement à une idée reçue, il n’est pas resté enfant unique dans le foyer de Marie et Joseph. Alors que Jésus enseigne à Nazareth, ses contemporains s’étonnent : « D’où tient-il cette sagesse et le pouvoir d’accomplir ces miracles ? N’est-il pas le fils du charpentier ? N’est-il pas le fils de Marie, et le frère de Jacques, de Joseph, de Simon et de Jude ! Ses sœurs ne vivent-elles pas toutes parmi nous ? D’où a-t-il reçu tout cela ? » 60 Jésus a donc au moins quatre frères et deux sœurs. Faire de Marie une femme définitivement vierge est :
Culturellement inacceptable Quel sens le mariage de Marie et Joseph a-t-il sans la possibilité de fonder une famille ? La Bible dit : « Des fils : voilà bien l’héritage que donne l’Éternel, oui, des enfants sont une récompense » 61. Dans la culture juive de l’époque de Jésus, une famille nombreuse est signe de bénédiction. Que Marie, choisie par Dieu pour porter son Fils, devienne mère de beaucoup d’enfants, n’est qu’un juste retour des choses.
Bibliquement incorrect L’évangéliste Matthieu est précis. Marie est bien vierge lorsque Jésus est conçu en elle. Elle le restera jusqu’à sa naissance. Troublé par la grossesse de sa fiancée, Joseph reçoit en songe la visite d’un ange qui le rassure sur l’origine de ce qui se passe en Marie. « À son réveil, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait commandé : Joseph prit sa fiancée pour femme. Mais il n’eut pas de relations conjugales avec elle avant qu’elle ait mis au monde un fils, auquel il donna le nom de Jésus » 62.
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Il y a quelque chose d’injuste à imaginer que Dieu exige de Marie et Joseph, légalement mariés, de rester indéfiniment vierges. Jusqu’où, dans l’expression de son amour pour sa femme, Joseph a-t-il le droit d’aller ? Lui est-il permis de l’embrasser ? Peut-il la caresser ? Que doit-il faire de ses désirs d’homme ? Pourquoi Dieu insiste-t-il tant auprès de Joseph pour qu’il épouse Marie Dieu donne si, par la suite, il lui interdit de s’unir à elle ? toujours Selon l’apôtre Paul, Dieu n’impose beaucoup plus jamais une épreuve qui soit au-dessus des forces humaines 63. Il ne peut exiger une qu’il ne réclame. telle chose du couple qu’il a choisi comme foyer d’accueil pour son Fils. Dieu donne toujours beaucoup plus qu’il ne réclame. La virginité perpétuelle de Marie ne peut être que le fruit d’une imagination pervertie. Elle n’est pas digne de Dieu.
Historiquement en voie d’être infirmé Plus que toute autre discipline, l’archéologie a contribué à crédibiliser la Bible. Des dizaines de découvertes ont permis d’exhumer des documents confirmant l’exactitude de nombreux récits concernant des lieux, des civilisations ou des personnages dont la Bible parle. La dernière trouvaille en date est celle de l’ossuaire de Jacques. En novembre 2002, André Lemaire, directeur d’études à l’École pratique de la Sorbonne, annonce une nouvelle stupéfiante : la découverte d’un ossuaire du 1er siècle portant l’inscription suivante en langue araméenne : « Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus ». Elle serait, selon les spécialistes, la première preuve épigraphique de l’existence du Christ et de son lien de parenté direct avec Jacques. Le débat fait rage. L’inscription est-elle authentique ou un rajout tardif ? 64 Pour les lecteurs honnêtes de la Bible, cette découverte n’est pas nécessaire. Elle confirme cependant un texte écrit par Paul : « Ce n’est que trois ans plus tard que je suis allé à Jérusalem pour faire la
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connaissance de Pierre, chez qui je suis resté quinze jours. À part lui et Jacques, le frère du Seigneur, je n’ai rencontré aucun apôtre » 65.
L’enfance de Jésus Luc, l’auteur grec d’un Évangile, a le souci du détail et de l’exactitude historique. La période de l’enfance étant la plus secrète de la vie de Jésus, il fait des recherches et s’informe de tout depuis les origines 66. Aucun miracle, aucun fait surnaturel ne marque cette période. La croissance de Jésus est intérieure et silencieuse. « Le petit enfant grandissait et se développait. Il était plein de sagesse, et la grâce de Dieu reposait sur lui » 67, écrit Luc. Plus loin, il ajoute : « Jésus grandissait et progressait en sagesse, et il se rendait toujours plus agréable à Dieu et aux hommes » 68. Qui souhaite un bouleau adulte dans son jardin n’aura pas à attendre trop longtemps. Qui désire un chêne devra faire preuve de patience. La croissance est plus lente. Mais la solidité et la longévité du chêne ne sont pas comparables avec celle du bouleau. Jésus est de la race du chêne. On s’étonne de l’impact de la vie et de l’enseignement de Jésus jusque dans notre siècle. Pourtant, sa vie publique, commencée à trente ans, ne dure que trois ans. Selon le principe de Dieu, la formation d’un outil compte autant que son utilisation. Les années secrètes de la vie de Jésus sont celles de sa préparation en vue de l’œuvre de sa vie.
Jésus à douze ans Un épisode de la vie de Jésus adolescent est rapporté par Luc. Pour la fête de Pâque, Jésus se trouve à Jérusalem avec ses parents. Il s’attarde au temple. Deux jours plus tard, Marie et Joseph, qui ont repris la route pour Nazareth, s’aperçoivent de son absence du
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cortège des pèlerins. Ils retournent, inquiets, dans la grande ville. Ils découvrent leur fils assis au milieu des maîtres juifs. Ceux-ci sont stupéfaits de la profondeur et de l’intelligence des réponses de Jésus. Face au reproche de Marie angoissée, il répond étonné : « Pourquoi m’avez-vous cherché ? Ne saviez-vous pas que je dois m’occuper des affaires de mon Père ? » 69 Sentant bouillonner en lui la passion de l’écrivain, le jeune Jules Verne a déclaré : « C’est parce que je sais ce que je suis que je sens ce que je serai un jour ! » À douze ans, Jésus sait déjà ce que sera sa vie à trente ans. Pour les rabbins juifs, Jésus est encore un inconnu. Il est normal que sa perspicacité spirituelle les étonne. Mais, Marie et Joseph ! Ne voient-ils pas tous les jours sa passion dévorante pour Dieu ?
Les frères et sœurs naturels de Jésus Quel type de relations Jésus a-t-il avec ses frères et sœurs ? Si les Évangiles sont muets sur la période de l’enfance, ils précisent que ses frères, à l’âge adulte, ne croient pas en lui. Ils ne manquent pas de le lui montrer. Marc rapporte un fait précis à ce sujet. Pour avoir accompli plusieurs miracles, Jésus est devenu populaire. Il draine des foules de plus en plus nombreuses. Suivis partout, Jésus et ses disciples n’ont même plus le temps de manger. « Quand les membres de sa famille l’apprirent, ils vinrent pour le ramener de force avec eux. Ils disaient en effet : Il est devenu fou » 70. Manifestement, le baromètre des relations familiales n’est pas au beau fixe. Sa famille est dépassée par le phénomène Jésus ! Elle craint peut-être que les choses tournent mal. Assez de croix sont dressées sur les routes de Judée pour savoir comment Rome traite les agitateurs. Et puis, l’honneur familial est en jeu. À cause de la réputation d’une personne, il y a des noms de famille difficiles à porter. Jacques, Joseph, Simon et Jude n’ont pas envie d’être affublés du sobriquet « frère d’un fanatique » !
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Le miracle de la foi se produira pourtant ! Au moment où Jésus est crucifié, seule Marie, sa mère, est présente 71. Mais après sa résurrection, ses frères la rejoignent. Ils feront partie, avec les apôtres, du premier groupe qui témoigne publiquement du retour à la vie du Fils de Dieu. Jacques et Jude, deux frères de Jésus, écriront chacun une lettre intégrée au Nouveau Testament, seconde partie de la Bible. Nul doute que leur adhésion à la foi en Jésus, Fils de Dieu, donne un poids particulier à la validité du témoignage rendu à ce grand frère auquel ils ne croyaient pas.
Libre de le dire
Le Grand Visiteur vous propose de faire la connaissance de quelqu’un d’extraordinaire et pourtant très controversé. Il a été dit et écrit tant de choses sur lui… Mais qui est-il vraiment ? Ce livre démontre que la réponse à cette question peut influencer votre vie, la bouleverser et avoir des conséquences jusque dans l’au-delà ! Voici une présentation fidèle, actuelle et sans concession de celui qui a marqué l’Histoire : le Christ. Dans un style direct et agréable à lire, l’auteur expose pourquoi Le Grand Visiteur est venu à notre rencontre. Vous allez apprécier ce portrait original, rigoureux et précis.
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gilles georgel
Le
Gilles Georgel est observateur attentif de notre société contemporaine, de ses interrogations et de ses aspirations spirituelles. Pasteur missionnaire en Picardie, il désire apporter des réponses bibliques claires aux questions que chacun se pose. Homme de contact, il aime communiquer le message de l’Évangile. Marié à Lydia, infirmière, il est père de cinq enfants.
9 782910 246068
ISBN 978-2-910246-06-8
gilles georgel
alain stamp
Un homme nommé Jésus
Grand Visiteur