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Introduction
À la recherche de la sagesse
Les êtres humains ont toujours eu besoin de sagesse, hier comme aujourd’hui. La sagesse nous aide à décider ce que nous devons faire, ce qu’il faut dire (ou ne pas dire), qui nous devrions épouser (ou ne pas épouser), etc. La sagesse nous oriente vers les bonnes habitudes qui tendent à rendre la vie plus douce et plus heureuse. La sagesse donne forme et sens à nos cris de souffrance et de joie. En règle générale, la sagesse nous permet de mieux comprendre notre vécu d’êtres humains.
C’est le sens habituellement donné à la sagesse. Qui n’en aurait pas besoin ? Tout au long de l’histoire, les cultures du monde entier ont prêté l’oreille à divers sages qui transmettaient leur sagesse par leurs paroles. Aujourd’hui, on se tourne plutôt vers des blogueurs populaires, des coachs de vie, des auteurs de best-sellers sur les thèmes de la réussite, de la santé et du bonheur. Bien des gens recherchent la sagesse auprès de personnalités médiatiques comme l’américaine Oprah Winfrey, dont les conseils sur la confiance en soi ont été recueillis et répertoriés sur des dizaines de pages Web ; on pourrait parler des « proverbes d’Oprah » !
La Bible présente une sagesse inspirée de Dieu*. D’un côté, cette sagesse nous est tout à fait familière dans la mesure où, comme la sagesse populaire, elle nous permet de mieux comprendre notre vécu d’êtres humains. Mais, d’un autre côté, elle est totalement différente. La sagesse de la Bible apporte un éclairage divin sur notre vécu d’êtres humains dans un monde créé et dirigé par l’Éternel, le Dieu des Écritures.
Des textes de sagesse apparaissent à travers toutes les Écritures, mais trois « livres de sagesse » se distinguent en particulier : Job, les Proverbes et l’Ecclésiaste (le Cantique des cantiques est aussi souvent inclus dans ce groupe). Ces livres offrent une sagesse inspirée par Dieu dans différents registres, comme différents genres musicaux. Job et l’Ecclésiaste sont comme des symphonies sombres qui abordent les questions les plus profondes et les plus obscures de la vie. Le Cantique des cantiques ressemble davantage à un opéra lyrique, célébrant l’amour entre un mari et sa femme. Le livre des Proverbes s’apparente plutôt à une leçon de piano, couvrant les gammes et les accords qui constituent les bases de toute la musique. Toutefois, il en jaillit régulièrement des mélodies d’un style différent. Le livre de sagesse des Proverbes aborde l’ensemble des activités et préoccupations humaines du quotidien : le manger et le boire, la façon dont nous nous parlons les uns aux autres, les relations familiales et sociales, les relations sexuelles, les affaires, etc.
Plus nous lisons le livre des Proverbes, plus nous percevons notre besoin de sagesse et plus nous ressentons le besoin de voir cette sagesse influer sur notre quotidien si souvent chaotique. La sagesse des Proverbes nous appelle à voir toutes les expériences de notre vie en rapport avec l’Éternel, qui a créé le monde et qui le gouverne. L’Éternel nous appelle avant tout à le craindre, et nous indique luimême comment faire.
* 2 Timothée 3.16 dit que la Bible a été « inspirée de Dieu », littéralement « soufflée » par Dieu. Cela signifie qu’elle vient directement de Dieu.
Attention à la forme !
Les Proverbes reconnaissent et reproduisent parfois le côté désordonné et arbitraire qui caractérise les activités et préoccupations de nos journées. Cependant, ce livre a été soigneusement mis en forme par plusieurs auteurs et éditeurs conduits par Dieu dans leur travail d’assemblage et d’organisation de cette partie des saintes Écritures. Le plan de base des Proverbes est donc clair : 1. Prologue (1.1-7) 2. Le fondement de la sagesse (1.8 à 9.18) 3. Les proverbes de Salomon (10.1 à 22.16) 4. Les paroles des sages (22.17 à 24.22) 5. Autres paroles des sages (24.23-34) 6. Les proverbes de Salomon copiés par l’entourage du roi Ézéchias (25.1 à 29.27) 7. Les paroles d’Agur (30.1-33) 8. Les paroles du roi Lemuel (31.1-9) 9. Épilogue (31.10-31)
Pendant des années, j’ai lu les Proverbes sans prêter attention à la manière dont ce livre de sagesse était globalement construit. On peut bien sûr isoler telle ou telle thématique des Proverbes et en tirer quelques bons enseignements. J’ai souvent organisé des études autour de certaines instructions du livre sur des sujets tels que les paroles, le travail, la famille, les amitiés, la générosité, le cœur et, bien entendu, la crainte de l’Éternel*.
Mais nous devons être vigilants lorsque nous tentons de réorganiser ce livre en lui donnant notre propre logique. Le risque est de ne pas recevoir pleinement le livre, du début à la fin, tel qu’il nous a été donné dans le plan souverain de Dieu. Dans un souci de clarté et d’efficacité, nous pourrions passer à côté, non pas de la beauté des thématiques individuelles, mais plutôt de la relation vitale
* Crainte de l’Éternel : profonds respect et révérence envers Dieu.
existant entre les différentes composantes. Nous risquons de ne pas prendre en compte la façon dont les proverbes individuels se font écho les uns aux autres. Nous risquons de ne pas voir de quelle manière les grandes sections du livre, prises dans leur globalité, nous aident à comprendre de quelle manière nous devons rechercher et assimiler la sagesse divine.
Une approche principalement thématique pourrait également nous empêcher d’accorder une attention particulière à la forme de la poésie écrite à l’origine en hébreu mais qui nous est étonnamment accessible dans la traduction. Ce que nous devons remarquer et savourer, c’est la manière dont la forme poétique est liée au contenu thématique et théologique. Par exemple, ce qui nous aide à comprendre les deux voies de la sagesse, la sagesse et la folie, c’est la combinaison de deux vers poétiques qui, très souvent, expriment un contraste de ces deux voies. Nous n’aborderons le sujet de la poésie en détail que lorsque nous atteindrons le chapitre 10 des Proverbes. Cependant, tout au long du chemin, nous observerons de quelle manière la poésie fonctionne : par le biais de parallélismes et d’images saisissantes qui, sous une forme précise et condensée, appellent à la sagesse.
Cet exposé relativement court des Proverbes ne constitue qu’un point de départ pour saisir l’ensemble du livre dans toute sa richesse. Mais allons-y. Commençons par observer de quelle manière les neuf premiers chapitres établissent un socle pour tout ce qui suit, socle qui ne cesse de réapparaître, voire de s’approfondir à des moments essentiels du livre. Savourons les parfums qui émanent des différents recueils de proverbes construits sur ce socle, et écoutons attentivement les thématiques qui se développent et s’entrelacent, un peu comme elles le font dans la vraie vie !
J’espère que ce voyage à travers le livre des Proverbes contribuera à renforcer l’éclat de cet ouvrage à vos yeux, tel un brillant appel à écouter et à suivre la sagesse de l’Éternel. J’espère que cette perspective vous inspirera à puiser dans la sagesse des Proverbes toute votre vie. Nous avons besoin de cette sagesse. Et elle vient à nous sous la forme d’un recueil exceptionnel de littérature de
sagesse, que nous faisons bien de commencer à lire et à étudier dans la forme littéraire voulue par Dieu.
À l’horizon : l’éclat de Jésus
Le livre des Proverbes a parfois été déconsidéré par certains parce qu’il ne semble pas contenir le message de l’Évangile. Ce message est bien présent dans le Pentateuque*, qui raconte l’histoire de la rédemption, ou dans les écrits prophétiques qui présentent le Roi-serviteur. Par contre, les Proverbes ne parlent pas beaucoup de quand et comment adorer Dieu. Cet ouvrage nous semble presque un peu… terre à terre.
Les Proverbes sont effectivement « terre à terre » dans la mesure où ils déclarent que la sagesse divine imprègne tout l’espace du monde créé par Dieu. Et c’est cela l’essentiel. Rien dans ce monde n’a de sens en dehors du Créateur de toutes choses. Inversement, tout a un sens au regard de celui qui a créé, au commencement, les cieux et la terre et tout ce qu’ils contiennent.
Les Proverbes n’établissent pas comme fondement une vérité abstraite au sujet de Dieu, le souverain Créateur et Régisseur de l’univers. Non, les Proverbes établissent une relation fondamentale avec ce Seigneur Dieu : une relation qui implique de le craindre. C’est là que se situe la différence fondamentale entre la sagesse telle qu’on la comprend habituellement et la sagesse de la Bible : la sagesse de la Bible appelle à une relation avec l’Éternel, une relation qui transforme chaque partie de notre vie à tout jamais.
Les Écritures dévoilent le plan de salut qui rend possible une relation entre l’homme déchu** et pécheur et son saint créateur. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique (Jean 3.16). Ce Fils s’est fait chair et il a habité dans le monde qu’il a créé ; Jésus a incarné la sagesse pratique dont parlent les Proverbes. En réalité, Jésus est la sagesse dont parlent les Proverbes. Le Nouveau Testament affirme
* Pentateuque : les cinq premiers livres de la Bible. ** Déchu : marqué par le jugement de Dieu qui est une conséquence de la chute.
que le Christ est notre « sagesse de Dieu » (1 Corinthiens 1.24). En lui « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Colossiens 2.3). C’est ce Christ qui a porté notre péché et qui est mort en endossant la colère de Dieu à notre place. C’est ce Christ qui est revenu à la vie, il est notre Sauveur ressuscité !
Les trésors de sagesse cachés en Christ sont des trésors éternels : de toute éternité, Jésus-Christ est la deuxième personne au sein de la Trinité. Depuis toujours, la sagesse n’a existé qu’en lui. Les diverses représentations poétiques de la sagesse dans les Proverbes pointent dans une seule et même direction : vers la source.
Mais creusons un peu. Plutôt que de parler des illustrations des Proverbes, observons-les. Plutôt que de défendre une certaine construction du livre, recherchons-la nous-mêmes dans le texte. Et plutôt que d’élaborer des théories à propos de la sagesse, il est préférable d’écouter la sagesse lorsque Dieu lui-même s’exprime dans sa parole inspirée. En regardant et en écoutant, nous entendrons effectivement la voix de Dieu et nous serons éblouis par l’éclat de son Fils à travers tout le livre des Proverbes.