Walter, la guérison du guérisseur

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VÉCU

COLLECTION

Walter

LA GUÉRISON DU GUÉRISSEUR Walter Vappiani

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INCLUS ÉVANGILE SELON MARC

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VÉCU

COLLECTION

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LA GUÉRISON DU GUÉRISSEUR Walter Vappiani

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ÉVANGILE SELON MARC

BLF Europe • Rue de Maubeuge 59164 Marpent • France


Walter – La guérison du guérisseur • Walter Vappiani © 2010 BLF Europe • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France info@blfeurope.com • www.blfeurope.com Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Assistante d’édition : Martine Cacard. Merci pour ton formidable travail ! Couverture et mise en page : BLF Europe • www.blfeurope.com Impression nº 91488 • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible du Semeur • © 2000 Société Biblique Internationale. Avec permission. ISBN 978-2-910246-73-0 Dépôt légal 3e trimestre 2010 Index Dewey (CDD) : 248.24 Mots-clés : 1. Vie chrétienne. Conversion. 2. Occultisme.


La collection « Vécu » La collection « Vécu » des Éditions BLF vous propose l’histoire plus ou moins extraordinaire d’hommes et de femmes qui ne sont pas des célébrités. Pourtant, leur vie est remarquable. Parce qu’elle a été marquée, transformée par une rencontre. Ce ne sont pas des écrivains. La plupart prennent la plume pour la première fois. Leur vécu est livré brut, sans commentaire, sans sermon ni prêchi-prêcha. Les faits tels qu’ils les ont vécus. Avec leurs émotions, leurs questions, leurs interrogations, leurs failles, leurs hésitations… r r r

Assurément, à la lecture du récit de Walter, vous allez vous poser des questions : – Mais quelle rencontre a-t-il faite ? – Quelle expérience a donc transformé sa vie ? Vous pourrez poursuivre votre découverte, notamment par la lecture de l’Évangile selon Marc. Encore une fois : brut, sans commentaire, tel que vous pourriez le lire dans une Bible. Bonne lecture ! A L A I N S TA M P, PRÉSIDENT DE BLF EUROPE

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r CHAPITRE   1

Une jeunesse fougueuse Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mon père quitte l’Italie pour chercher fortune en France. Ma mère le rejoint, sitôt ses 21 ans atteints. Je viens au monde, un jour de 1954, dernier d’une fratrie de trois garçons. Toute ma jeunesse se déroule à Neufchef, en Moselle, où mes parents s’installent en 1956. Mon père trouve un emploi dans la sidérurgie, omniprésente en Moselle. D’abord affecté au laminoir, à un poste très pénible, il accède ensuite à un emploi plus agréable de conducteur de locomotive. Il travaille fréquemment douze heures par jour, ce qui le rend peu disponible pour développer une relation avec ses fils. Venu sans un sou d’Italie, seul à rapporter un salaire, il doit faire vivre sa famille. Cela suffit à donner le sentiment du devoir accompli. Tant que je suis tout petit, il prend encore le temps de jouer un peu avec moi, mais avec le temps, nos relations se distendent. Je l’aime, mais je ne partage plus grand-chose avec lui. 7


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Brune et jolie, ma mère est une femme très affable et sociable, dynamique et positive. Malgré les difficultés, elle sait rendre notre vie de famille chaleureuse et agréable. Elle considère ses trois garçons comme la prunelle de ses yeux. Tout au long de ma vie, j’ai senti la chaleur de son amour inconditionnel qui m’a construit et permis d’aimer la vie. J’ai peu de souvenirs de ma petite enfance, mais, dans ma mémoire, sont gravés ces moments merveilleux quand, le soir venu, ma maman me borde. Elle prend toujours le temps de me cajoler quelques minutes pour ensuite prier avec moi le Notre Père en italien. C’est si bon ! Je ne sais pas si c’est mon enfance qui me prédispose à croire en Dieu et à aimer les autres ou si cette prédisposition est innée, mais je perçois une grande sensibilité au fond de mon cœur et une intense envie de faire le bien. Le rythme suit l’école publique la semaine et l’église catholique le dimanche. Studieux, j’apprends consciencieusement, y compris le catéchisme. J’en acquiers des bribes de culture chrétienne mais sans y trouver un intérêt particulier. Les prêtres qui enseignent les cours de religion ne croient ni aux miracles ni au surnaturel, enlevant ainsi une grande partie de leur crédibilité aux histoires bibliques. Cela n’aide pas à croire en Dieu. Leur enseignement tient plutôt de la morale ; ils mettent l’accent sur le comportement. Ce sont des éducateurs hors pair avec de bonnes valeurs humaines et sociales. Déjà pas si mal ! Mais rien à voir avec les aspirations profondes de mon cœur !

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De tout cela, reste ce que ma mère a planté dans mon cœur. Tout petit, j’ai vécu des moments d’une rare intensité de joie et de paix. Et ce souvenir me transporte. Quant à mon père, modèle de moralité et d’honnêteté, par sa manière de vivre, il m’a transmis ses valeurs. Ainsi, mes premières années passent-elles agréables et sans histoires. Petit dernier, je fais le bonheur de mes parents. En bonne santé, brillant à l’école, vif et bavard, je ne garde de cette période que des souvenirs heureux. L’adolescence s’avère plus difficile. Comme tous ceux de mon âge, je dois faire face aux bouleversements de mon corps et de mon esprit. Qu’il est difficile de gérer la violence des émotions amoureuses et des pulsions sexuelles. Plus encore, c’est la soif de liberté et d’accomplissement. Je suis impatient d’en découdre avec la vie. Au fond de moi, une fougue et une puissance intérieure me poussent dans toutes les directions. Le rugby me défoule. Je pratique aussi le karaté pour me défendre. Je voudrais tout découvrir, tout essayer ! Le dimanche entre copains, nous prenons toujours la direction de l’église mais bifurquons pour nous retrouver au café. Finalement, nous passons la matinée à jouer au baby-foot et au flipper. Et si on nous questionne sur ce qu’a dit le curé, nous répondons évasivement avec un sourire : « Il a parlé de

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Dieu et… il est plutôt pour ! » La plupart de mes amis ne croient plus. La page de la religion catholique est définitivement tournée. Et le lycée, quelle plaie ! Avec ses contraintes scolaires qui mettent constamment sous pression. Suivre une filière technique, quelle déception ! Ma passion, ce sont les sciences humaines, ce qui traite de l’homme avec son relationnel, ses questions existentielles. J’ai soif de connaissance et je dévore des tonnes de livres ! Avec une préférence très nette pour la psychologie, la philosophie et l’ésotérisme 1. Tout commence au Prisunic. Alors que je flâne dans le rayon des soldes, je tombe sur un livre dont le titre évocateur m’arrête pile : Vivre pleinement sa vie. Vivre pleinement ma vie ! Voilà justement ce à quoi j’aspire ! Alors que pour nous, enfants et adolescents, tout ce qui a autorité – parents, profs, curés – décide de ce que nous devons croire ou penser, voilà un livre qui affirme : « Prends ta vie en main » ! Ce parfum de liberté… Un vrai délice ! Quel pied ! J’ai 14 ans et Mai 68 bat son plein ! Captivant ! J’enchaîne avec Freud, Young, Reich. Ils abordent les sujets importants pour ma génération : la psychologie et la sexualité. Je pénètre progressivement dans le fonctionnement de l’homme et les mécanismes de ses passions. Le petit plus qui me manquait me vient surtout par un livre sur le Ésotérisme : 1. Partie de certaines philosophies dont la pratique devait rester inconnue des profanes […]. 3. Synonyme de occultisme. www.larousse.fr © Éditions Larousse 2009.

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bouddhisme tibétain : Le troisième œil. Il y est question d’une dimension spirituelle de l’être humain et des mystères de la vérité invisible. Cette vérité se cacherait derrière les apparences du monde matériel qui sont illusion – « Maya » comme le bouddhisme l’appelle. Même si la religion de mon enfance ne m’apporte plus rien, je m’oppose souvent à mes copains qui la rejettent : « Moi, je crois en Dieu ! Je ne sais ni qui il est ni comment il est, mais je le découvrirai ! » Certains scientifiques prétendent que nous sommes le « fruit du hasard et de la nécessité ». J’ai, au contraire, au fond de moi l’intuition de l’éternité. Oui, la vie a un sens ! Porté par l’enthousiasme de mon jeune âge, j’entreprends alors une recherche de la vérité sur la vie et sur Dieu. C’est vital pour moi de la trouver. Car si Dieu n’existe pas, le monde est uniquement matériel et la discussion est close. Mais s’il existe, que de perspectives et d’espérances à découvrir ! J’ai besoin de savoir pourquoi j’ai été créé, j’ai besoin de trouver ma place et mon rôle dans l’univers. Savoir cela me permettra, c’est certain, de revenir porteur de solutions aux souffrances et aux errances de l’humanité. Seize ans. En pleine quête spirituelle. En pleine soif d’accomplissement. Les anciennes convictions religieuses se désagrègent progressivement. L’esprit bouillonne. Je ne peux plus me contenter de ce qu’on m’a enseigné. J’ai besoin de forger mes propres convictions et de découvrir par moi-même la réalité et les mystères du monde spirituel ! 11


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Les religions et philosophies orientales ainsi que l’ésotérisme proposent de nouvelles conceptions du divin, de la nature de l’homme, de la vie et de la mort. Celles-ci s’imposent imperceptiblement à moi et façonnent ma pensée : je ne conçois plus Dieu comme une personne qui sépare le bien du mal, mais comme une force créatrice, une conscience cosmique. Une conscience pour laquelle le bien et le mal n’existent pas en tant que tels, mais sont comme le yin et le yang : deux facettes d’une même unité. Les contours du divin sont flous mais, par ignorance et par commodité, je continue à l’appeler « Dieu ». Cette liberté de croyance nouvelle me plaît : elle m’affranchit de mes tabous et m’autorise à tout expérimenter pour augmenter ma connaissance. Toutes ces choses me travaillent intérieurement : je vais bientôt devoir choisir entre ce que je découvre et la foi de mon enfance. Les derniers verrous sautent quand je commence à désacraliser Jésus, à le considérer comme un homme ordinaire. J’arrive à la conclusion qu’il est appelé « fils de Dieu » parce qu’il avait compris et assimilé la nature de Dieu ! Je considère que c’est une filiation par la connaissance, par l’éveil spirituel. Qu’il est ce que l’ésotérisme nomme « un initié », comme le Bouddha et bien d’autres ! Cette conclusion combine et harmonise mes croyances, ce qui m’apaise. Je crois avoir tout compris : une voie royale s’ouvre devant moi. Jésus étant lui-même un initié, plus rien ne s’oppose à ma découverte du monde invisible. 12


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Tout ce temps passé à lire et à méditer ne m’empêche pas d’avoir une vie sociale soutenue. Au contraire, mon charisme m’ouvre la sympathie des autres. Ils me perçoivent souvent avec un petit plus indéfinissable et cela suscite de nombreuses réactions de bienveillance à mon égard. Même le surveillant général du lycée, plutôt froid et avare de compliments, me dit un jour : « Vappiani, un peu moins de charme et un peu plus d’efficacité ! » En effet, j’adore passer des heures à discuter et à refaire le monde avec les gars et les filles de mon âge. Mon oreille est attentive et mon cœur sensible aux malheurs des uns et des autres. Il m’arrive de prodiguer des conseils souvent appréciés. Je me trouve des qualités de thérapeute et j’aimerais devenir psychologue. Mais le décès de mon père, juste après le bac, et la tristesse que cela engendre, me contraignent à gagner ma vie plus rapidement que je ne l’aurais souhaité. Après un bref passage d’un an comme technicien en sidérurgie, je pars au service militaire. Nous sommes en juin 1974 : j’ai 20 ans.

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r CHAPITRE   2

Un messager inattendu Enfin libre ! Me voilà dégagé des obligations militaires, mais pas assagi pour autant, loin de là ! J’ai toujours besoin de bouger et de découvrir le monde. Au grand désespoir de ma famille, je décide de tenter l’aventure : je ne reprends pas mon emploi. Finalement, je trouve une activité professionnelle qui correspond bien à ma nature indépendante et à ma personnalité de bohème : commerçant sur les marchés. C’est formidable ! Je peux vendre ma marchandise, pour l’essentiel des vêtements, dans n’importe quelle ville de France. Bien sûr, les aléas du commerce ne manquent pas, avec leur lot de difficultés financières, mais ce qui m’émerveille, c’est cet intense sentiment de liberté et d’aventure. J’aime cette ambiance de foire, cosmopolite et vivante, pleine d’éclats de voix et d’odeurs délicieuses. Quel plaisir ! J’adore discuter, marchander et plaisanter avec les clientes. 15


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Côté organisation, ce n’est pas mal non plus ! J’ai acheté une grande camionnette en Allemagne. La double cabine sert de camping-car, certains jours, tandis que la partie arrière séparée, abrite la marchandise et le matériel nécessaires à mon commerce. Avec Thierry, un ami au style de vie semblable, nous établissons notre base à Grenoble. Cette région est vraiment belle. C’est un bonheur de circuler et de travailler dans cet environnement de montagnes. De plus, les marchés sont nombreux, prospères et nous ne sommes qu’à une centaine de kilomètres de Lyon, où réside notre fournisseur et ami, Jean-Paul.

L’hypnotiseur Quelques mois passent. Un hiver assez rigoureux nous met sur la touche. Nous sommes alors contraints d’interrompre notre activité plusieurs semaines. Je profite de cette disponibilité pour voyager un peu. Comme je manque de soleil et de repos, je projette de rendre visite à un ami qui effectue son service civil en Tunisie. Je prépare mon départ quand survient une chose très étrange que je n’avais jamais expérimentée à ce jour : une vision. Je me vois, voyageant dans ce qui me semble être un train (au vu des sièges caractéristiques), assis à côté d’un homme qui me dit : « Je suis hypnotiseur ». Et la vision s’arrête là ! La scène semble si réelle par ses détails qu’elle me donne l’impression d’avoir regardé un film. Une bouffée d’émotion m’envahit tandis que je suis gagné par la conviction que cette vision va se réaliser. Au point 16


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d’annoncer à mes proches : « Je vais peut-être rencontrer un hypnotiseur ! » Mon séjour sur place est très agréable et m’apporte toute satisfaction. Il me donne aussi l’occasion de vivre une curieuse aventure ! À Tunis, je fais la connaissance de Francis, jeune routard français qui, en dépit d’apparences avenantes, cherche à me voler l’argent de mon billet de retour. Rien dans son comportement ne laisse supposer de telles intentions. Pourtant, après quelques heures passées avec lui, je ressens au creux de l’estomac un malaise tel que, n’y tenant plus, je lui dis : – Je ne peux pas, je ne dois pas rester avec toi. Surpris et curieux de cette situation peu ordinaire, il bafouille : – Mais… comment tu sais ? Et là, dans la confusion, il vient de se trahir ! Je prends conscience, qu’au fond de moi, quelque chose s’est animé : une sorte de système d’alarme. Un sixième sens vient de se manifester pour m’informer d’un danger que je ne soupçonnais pas ! Le lendemain, c’est le retour en bateau. L’aube se lève et la journée s’annonce très belle. La page de ma mésaventure avec Francis est tournée et mes pensées se portent vers l’avenir. Je contemple pendant de longues minutes le sillage du bateau qui s’éloigne du port, et les mille reflets du soleil levant sur la mer. Plein de cette vision féerique, je pars prendre un bon petit-déjeuner au bar. Je m’installe ensuite confortablement au salon. Il y a là plusieurs rangées de 17


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sièges… semblables à ceux que l’on trouve dans les trains. Quelques-uns seulement sont occupés. Un vieux monsieur s’installe à côté de moi, me salue et entame la conversation. Il est italien et fort aimable. Il parle aussi très bien le français. Après quelques banalités d’usage, il se fait plus sérieux et intéressé : « Je suis hypnotiseur. Enfin, je l’étais, je faisais même des spectacles d’hypnose. Mais maintenant que je suis vieux, je garde mes forces pour soigner, par magnétisme, mon petit-fils handicapé. » Et il ajoute avec enthousiasme : « Je dois vous le dire, vous avez les pouvoirs de faire ces choses, recherchez-les » ! Je suis surpris, sans vraiment l’être ! Il y avait en moi, depuis plusieurs années, quelque chose de particulier. Le sentiment d’être différent me poussait à chercher qui j’étais réellement. C’était presque douloureux, et voilà qu’enfin quelqu’un apportait un début de réponse ! À n’en plus douter, des pouvoirs parapsychiques m’habitent. Le moment est venu pour qu’ils se manifestent. Preuve en est dans le merveilleux du déroulement de ce voyage. En effet, en moins d’un mois, quatre manifestations du surnaturel ont surgi ! Tout d’abord, la vision d’une rencontre, puis cette protection toute particulière pour que je ne manque pas ce rendez-vous, ensuite, l’accomplissement de la vision et enfin, ce messager qui annonce mes pouvoirs. Quel bonheur ! Dieu conduit certainement mes pas et m’appelle à travailler pour lui. Le voici enfin à l’œuvre ! Ma vie ne sera plus jamais la même, main18


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tenant des preuves matérielles de son existence se sont manifestées. La discussion se poursuit mais je comprends vite que ce n’est pas ce monsieur qui m’emmènera plus loin. Manifestement, dans le plan divin, il n’est qu’un messager, laissant à un autre le soin de m’initier. Que faire pour connaître et maîtriser ces pouvoirs ? Peu après mon retour, plein de fougue et de confiance, je décide de rendre visite à un guérisseur installé à Ars-sur-Moselle, à vingt kilomètres de chez moi. Reçu dans son cabinet, je m’attends à une déclaration du même genre que celle qui m’a été faite sur le bateau. Mais alors là ! Pas du tout ! Il n’a rien remarqué de spécial chez moi. Quand je lui exprime le souhait de devenir guérisseur, il ajoute : « Eh bien, il faut manger des pommes » ! Quelle terrible déception ! Mais une fois la surprise passée, je me raisonne : Ne précipite pas les choses, sois patient et attends ! Mes lectures ésotériques m’avaient appris que « Quand l’élève est prêt, le maître arrive tout seul ».

Rencontre avec le guérisseur Quelques mois plus tard, je me trouve à Grenoble, dans un restaurant tenu par des amis. Une conversation à une table voisine relance aussitôt mon enthousiasme. Un homme raconte comment sa belle-sœur, souffrante depuis plusieurs années, se sent nettement mieux depuis qu’elle consulte un 19


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guérisseur. Intéressé, j’engage illico la conversation pour en savoir un peu plus. Mais manifestement, l’homme ne connaît rien de ce guérisseur, ni son nom ni son adresse, excepté la ville où il exerce : Le Teil, à côté de Montélimar. Je me sens immédiatement interpellé. Cette conversation n’est certainement pas le fruit du hasard ; elle fait partie du grand jeu de piste qui doit m’amener à prendre possession de mes pouvoirs. Une petite corde s’est mise à vibrer, et je sais ce qu’il reste à faire : tout mettre en œuvre pour retrouver ce guérisseur ! L’annuaire téléphonique ne livre aucune trace de cet homme. À l’évidence, la meilleure solution est d’aller sur place. Avec la liberté que me donne mon commerce, je pars rapidement à sa recherche. Le Teil est une petite ville. Tout le monde doit se connaître et notamment quelqu’un d’aussi atypique et particulier qu’un guérisseur ! Je suppose qu’à La Poste, je pourrai glaner quelques informations : – Désolée, je ne vois pas de qui il s’agit ! répond l’employée. Ma déception est de courte durée car une dame derrière moi m’interpelle à voix basse : – Je sais de qui vous parlez mais c’est un monsieur très discret. Il ne veut pas que ça se sache. Elle hésite un peu, puis accepte quand même de donner son nom et son adresse. Quelle surprise ! Les guérisseurs ne se cachent d’habitude pas… Au

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contraire ! Un malaise m’envahit : Comment va-t-il me recevoir ? Devant sa porte, une certaine appréhension me gagne et je dois me faire violence pour trouver le courage d’appuyer sur la sonnette. Un monsieur d’une soixantaine d’années ouvre et me dévisage longuement : – Que voulez-vous ? me demande-t-il. Je lui explique : – J’ai entendu parler de vous, et moi aussi, je voudrais devenir guérisseur. Satisfait et inquiet en même temps, je suis suspendu à ses lèvres. La tension est palpable…

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r CHAPITRE   3

La voie royale Après quelques secondes qui me paraissent interminables, sa réponse tombe : « Vous avez bien fait de venir ! » Ouf, je respire, mon cœur peut battre à nouveau ! Une fois dans le salon, il lance à son épouse : « Tu te rends compte chérie, ce monsieur veut devenir guérisseur ! Peux-tu nous préparer un petit café ? Il faut qu’on parle sérieusement ». Tiens, c’est étrange, il semble satisfait. Plus tard, j’apprendrai qu’il avait été coopté par un guérisseur appartenant à une société secrète : il devait donc, à son tour, transmettre son savoir à trois autres personnes. Pour lui, cette venue accomplissait le plan divin le concernant. Le salon est tout à fait ordinaire dans son ameublement et sa décoration, mais l’atmosphère qui y règne est tout de même spéciale, surprenante. L’air semble chargé d’électricité, d’un je-ne-sais-quoi qui hérisse le poil. Tout devient plus clair quand M. A. ex23


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plique que c’est dans cette pièce qu’il pratique habituellement ses guérisons. De taille moyenne, costaud, les cheveux gris, et les yeux très sombres, M. A est souriant, mais ne semble pas de caractère facile. Par contre, son épouse, une petite dame brune d’une certaine corpulence, est d’une extrême amabilité. Nos tasses de café fument, et nous conversons. Il me questionne un peu sur ma vie, sur ma profession. Suivent quelques banalités puis nous passons aux choses sérieuses : « De toute façon, dit-il, les pouvoirs, je ne peux pas vous les donner, mais on va vite savoir si vous les avez ». Il ajoute, en souriant : « ça m’étonnerait que vous ne les ayez pas, avec ce que j’ai ressenti en vous voyant ! » Délicieuses paroles ! Justement celles que j’attendais et qui m’apaisent. Il commence par la radiesthésie.

La radiesthésie – Vous devez savoir, explique-t-il, que la radiesthésie est une méthode de divination par laquelle certaines personnes sensibles aux oscillations d’un pendule ou d’une baguette, découvrent la présence de sources, de gisements ou de maladies. Je suis moi-même radiesthésiste, et je vais vous montrer comment je procède pour savoir de quoi souffrent les personnes qui viennent me consulter. Nous allons d’abord commencer par vous !

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Il s’installe en face de moi et étale sur la table une planche anatomique représentant les différentes parties du corps humain. Le pendule dans la main droite et sa main gauche posée sur la mienne, il commence la démonstration. Il fait lentement circuler le pendule au-dessus de chaque organe et semble attendre une réaction. Le pendule tourne énergiquement, et presque toujours dans le même sens. Il s’arrête pourtant deux ou trois fois et se met à tourner dans l’autre sens. M. A finit par fournir son diagnostic : – Vous êtes jeune et en bonne santé, je n’ai rien trouvé chez vous, excepté ces petites taches que vous avez au fond des yeux. Ça alors ! Moi seul connais ce détail ! Pas même mes parents ou mon médecin ne sont au courant ! Il ajoute : – À vous maintenant. Nous allons inverser les rôles : je suis le malade, et vous le guérisseur. Allez-y, essayez ! J’ai une faiblesse au niveau de ma santé : à vous de la trouver. Il met le pendule dans ma main et je le fais circuler à mon tour. Bizarre : il ne bouge absolument pas. Puis, je le passe au-dessus du cœur de mon « patient ». Sans prévenir, le pendule se met à trembler énergiquement. Avec un énorme sourire, M. A. me dit : – Bravo ! Dans le mille ! Le cœur, c’est en effet mon problème depuis de nombreuses années !

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Quelle aventure incroyable ! C’est ahurissant ! En un éclair, je me rends compte de ce qui vient de se passer, et des possibilités extraordinaires qui s’offrent à moi : je peux deviner les maladies ! Ouah ! Je viens de caresser le surnaturel et de faire mon premier pas d’initié dans le monde invisible. M. A. reprend : – Entraînez-vous et affinez la relation ! Le pendule devient une partie de vous-même qui vous livrera beaucoup de secrets, mais il faut le connaître et l’apprivoiser. Demandez-lui de tourner dans le sens des aiguilles d’une montre pour dire « Oui », et dans le sens inverse pour dire « Non ». C’est parce que vous n’avez rien convenu avec lui qu’il est resté immobile dans votre main. Voilà un mystère qui m’intrigue : – J’aimerais comprendre. Quel est le principe qui régit le pendule ? Il tente une explication en me parlant de radiations, de subconscient et d’inconscient collectif. Mais comme je semble perplexe, il finit par m’avouer : – Personne ne le sait vraiment ! C’est ça le pouvoir de la radiesthésie ! Un don de Dieu ! Je me familiariserai par la suite avec tous ces phénomènes paranormaux. J’en déduirai que la radiesthésie est une communication spirite qui ne déclare pas son nom. Je viens d’être confronté à une expérience vraiment étonnante et qui mérite réflexion. Je suis impatient de la tester sur d’autres afin de vérifier sa vé26


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racité et son efficacité. Dès le lendemain, je sollicite quelques amis disposés à me consacrer quelques minutes, et me mets à exercer mes nouveaux talents. Plein de petits secrets médicaux se dévoilent, ce qui surprend tout le monde, moi le premier ! Il en est ainsi de Véronique : d’abord incrédule, puis voyant que je commence à cerner son problème, elle prend les devants et m’avoue avoir subi une réduction mammaire. Eh oui ! Je m’habitue à connaître l’intimité de mes futurs patients ! Après quelques jours, une première déduction se dégage : ce phénomène est réel et donne de bons résultats. Le pendule répond aux questions que je pose sur l’état de santé de mes amis et, parfois, sur la cause du problème. Il n’agit pas d’une manière neutre, comme le ferait un instrument de mesure qui capterait une radiation. Mais plutôt comme un oracle, une intelligence qui répondrait à mes demandes. Et ses révélations sont avérées sur des faits dont je n’ai aucune connaissance. Mais ce n’est pas une science éprouvée. La pertinence des réponses dépend beaucoup de mon degré de sérieux et de concentration. Et lorsque l’exercice dure un certain temps, il me rend surexcité, vidé psychiquement et je n’arrive plus à rien. Depuis que j’ai rencontré l’hypnotiseur, je vis des réalités complètement nouvelles. Il ne s’est guère écoulé plus de six mois, mais ces réalités ont déjà fortement bouleversé toute ma logique. J’avais certes déjà beaucoup lu sur le paranormal et l’ésotérisme, 27


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mais jusqu’à cette année 1976, tout cela relevait, à mes yeux, du domaine de l’imagination. Je n’aurais jamais cru pouvoir dépasser les lois et les limites du monde matériel. Et je ne suis pas encore au bout de mes surprises !

Le magnétisme À notre troisième rendez-vous, M. A. dit : – Vous maîtrisez maintenant à peu près la radiesthésie, nous allons donc passer à l’étape suivante et voir si vous avez du magnétisme. Vous achèterez un steak ou une escalope que vous couperez en deux. Rentré chez vous, vous ne toucherez pas au premier morceau : il servira de témoin. L’autre, vous le magnétiserez plusieurs jours comme je vous ai expliqué, et nous verrons le résultat. Je respecte scrupuleusement les consignes de M. A. Après avoir passé mes mains au-dessus de la viande quelques minutes, plusieurs fois par jour pendant une semaine, elle est devenue dure comme du bois. Elle s’est momifiée, alors que l’autre morceau commence à se décomposer. Mon fluide a stoppé ce processus et je peux dire, en plaisantant, que ce fut ma première guérison ; et il ne s’agissait que d’une escalope ! Dès le lendemain, je ne résiste pas à la tentation d’essayer le magnétisme sur mes proches et sur moi-même. C’est passionnant d’avoir ce pouvoir de guérison et de se sentir capable de mettre la maladie 28


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en échec. Tout le monde ne guérit pas, mais j’obtiens des résultats très satisfaisants. Une de mes premières guérisons concluantes est celle de Pierre, un jeune homme qui souffrait d’une mononucléose. Il me téléphone quelques jours plus tard pour m’informer qu’il est guéri. J’ai moi-même un petit kyste sur le lobe de l’oreille droite. Une fois magnétisé, il commence à se résorber et disparaît complètement au bout de deux mois. Envoûté par mes nouvelles activités de radiesthésiste et de magnétiseur, je me donne sans compter. Je veux absolument connaître tous les aspects et sonder toutes les possibilités de ces étonnants pouvoirs. Pour compléter la formation, M. A. me présente un de ses collègues, M. D. Celui-ci est voyant et exerce non loin du Vieux-Port de Marseille. Feru de parapsychologie, M. D. organise des séminaires de formation, uniquement par amour de l’art, sans demander aucune participation financière. Son cabinet fait forte impression. Une ambiance feutrée, une lumière tamisée, une grosse boule de cristal sur son bureau en rotin, etc. Difficile de rester de marbre dans cet environnement ! Toute cette mise en scène soignée sert à créer une atmosphère étrange et surnaturelle qui provoque chez le patient, le plus souvent une patiente, une forte émotion qu’il utilise pour pratiquer sa voyance.

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En effet, les phénomènes paranormaux, ou encore médiumniques, se nourrissent de l’énergie psychique du praticien, considérablement augmentée par l’énergie émotionnelle des patients. Surtout s’ils sont impressionnés ou… effrayés. Nous sommes quatre à participer, à raison de deux fois par mois pendant six mois, à des séances portant chaque fois sur une autre spécialité. Celles que M. D. préfère, et pour lesquelles il est le plus doué, sont sans conteste la voyance 2 et le spiritisme 3, qu’il pratique en professionnel. Il nous initie aussi à la télépathie 4, à l’hypnose 5 et à diverses autres méthodes de divination. Chose étonnante, chacun de nous réussit, avec plus ou moins de succès, dans toutes les disciplines. C’est comme si tous ces pouvoirs, en apparence différents, s’alimentaient à la même source.

Voyance ou clairvoyance : Forme de perception extrasensorielle d’objets ou d’événements. www.larousse.fr © Éditions Larousse 2009. 3 Spiritisme : Doctrine fondée sur l’existence, les manifestations et les enseignements des esprits, le plus souvent des esprits humains désincarnés. (Un humain incarné est employé comme médium entre le monde des humains et le monde des esprits lors des séances spirites.) www.larousse.fr © Éditions Larousse 2009. 4 Télépathie : Transmission de pensées ou d’impressions quelconques d’une personne à une autre en dehors de toute communication par les voies sensorielles connues. www. larousse.fr © Éditions Larousse 2009. 5 Hypnose : État de conscience particulier, entre la veille et le sommeil, provoqué par la suggestion. www.larousse.fr © Éditions Larousse 2009. 2

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Toutes ces pratiques ne m’intéressent cependant pas. Encore moins cette répugnante magie noire. Un jour, sur un marché, un commerçant que je connaissais évoquait ses pratiques de sorcellerie. Je lui avais répondu : « Ce que tu fais est mal ! Tu n’as pas le droit d’utiliser tes pouvoirs pour nuire aux autres ! » Ce qui m’attire et me passionne, c’est de faire le bien et de progresser dans les pouvoirs de guérison.

La fin du pendule et le début du troisième œil Avec le temps et une pratique intensive, je constate une évolution étonnante du pouvoir de la radiesthésie. Le pendule, précis et fiable pendant plus de huit mois, devient subitement inefficace. Il oscille toujours, mais n’a plus aucun discernement. À la même période, je m’aperçois que je n’ai plus besoin de lui pour percevoir les maladies. L’image de l’organe malade jaillit directement dans mes pensées. Une espèce de portail ou de raccourci surnaturel s’est ouvert entre les autres et moi. Je vois maintenant le corps entier en transparence, rayonner d’énergies, de formes et de couleurs. Les parties malades se distinguent des parties saines par une intensité plus soutenue ainsi que par la densité et les formes que prennent les flux d’énergie. Quant aux comportements de la personnalité (émotions, traits du caractère, comportements sexuels, etc.), ils se repèrent aux couleurs, que j’ap-

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prends progressivement et comparativement à interpréter. Quelle n’est pas ma surprise lorsque je réalise que ce que je vois n’est autre que l’aura, découverte quelques années auparavant dans mes lectures sur le bouddhisme tibétain ! Dans cette religion, les moines et les lamas vouent leur vie à rechercher et à développer certains pouvoirs spirituels pour atteindre la connaissance de la vérité. L’un d’entre eux est le pouvoir du troisième œil qui permet de voir, au-delà du corps physique, le rayonnement lumineux et coloré du corps spirituel – ou corps astral. Ne serait-ce pas une nouvelle analogie avec la culture chrétienne, entre l’aura et l’auréole entourant la tête des saints ? Il y aurait là comme un nouvel aspect de l’harmonie entre les religions. Ce que je perçois dans l’aura est tout entier dirigé vers la guérison de mes patients. Toutes les informations reçues sont programmées pour me renseigner sur leurs problèmes. Honnêtement, cette évolution du pouvoir me convient bien car je me suis parfois trouvé dans des situations ridicules avec le pendule. J’apprécie de pouvoir établir un diagnostic simplement en regardant la personne (ou sa photo), par la seule puissance de l’esprit. Cela fait beaucoup plus sérieux, puissant et professionnel ! Je suis en même temps surpris et ravi d’être passé de la radiesthésie communément pratiquée dans notre culture, au troisième œil tibétain ! Ceci prou32


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vant d’ailleurs que sous des appellations différentes, il s’agit du même pouvoir. Tout cela est enthousiasmant et grandement satisfaisant. Je ne me sens cependant pas vraiment maître de ces pouvoirs. Ils sont apparus successivement et évoluent sans que je sache comment. Mais puisqu’ils vont dans le sens souhaité, cette évolution doit être une récompense d’en haut ? Malheureusement, je suis sujet à des fatigues et à des maux de tête qui gagnent en intensité, au fur et à mesure de mes progrès. Je paie de mon énergie vitale le droit de percer les secrets.

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r CHAPITRE   4

Une nouvelle direction En 1978, je me sens enfin prêt à mettre mon art au service des malades, en devenant professionnel. Même si je me plais à Grenoble, mon chez-moi est en Moselle. Pour des raisons affectives et des questions de commodités, je choisis de m’installer à Hayange, petite ville à quelques kilomètres du domicile familial. Je renoue joyeusement avec mes anciennes connaissances. Nous nous retrouvons régulièrement entre copains de jeunesse dans les cafés et d’autres lieux de loisir, où je leur présente mes nouveaux talents. Par curiosité ou par provocation, ils m’apportent des photos de leurs proches et me demandent de faire des diagnostics. Je m’y prête volontiers. Et même si le vocabulaire n’a rien de médical, mes descriptions correspondent bien à la réalité. Une fois passé ce test, convaincus que je ne suis pas un charlatan, ils louent ces dons et participent largement à répandre ma réputation. 35


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Au rez-de-chaussée d’un immeuble bien situé, j’ai loué un appartement fonctionnel qui se prête bien à mon activité. Après une publicité dans un journal gratuit, je commence à recevoir mes premiers clients. Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais demandé de contribution à personne, suivant ma devise : « J’ai reçu gratuitement, je donne gratuitement ». Mais ce cabinet est ouvert, il faut bien intégrer la notion de rémunération. Je décide donc de m’en remettre à l’appréciation de mes patients. J’identifie leur problème grâce à leur aura. Comme elle rayonne et déborde largement les limites du corps, je ne suis pas obligé de demander à ma clientèle de se déshabiller, ce qui arrange beaucoup de monde ! C’est souvent instantané. Il faut parfois quelques minutes pour briser la glace et établir le contact. Puis je les magnétise : sans aucun attouchement, les mains à plus de vingt centimètres. Les patients ressentent des picotements accompagnés d’une vague de chaleur, sensation qui peut fortement varier d’un individu à l’autre. Durant cette période, j’apprends avec surprise que je ne suis pas le premier guérisseur dans la famille. Une vieille tante avait confié à ma mère en vacances en Italie, que mon arrière grand-père l’avait aussi été. Voilà donc pourquoi des pouvoirs existent en moi avant même de les avoir désirés et recherchés : j’ai bénéficié de son héritage spirituel ! Je ne sais pas pourquoi, mais le fait est là : toutes mes

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connaissances présentant des pouvoirs importants ont, sans exception, un antécédent familial. Cette première installation à Hayange est très formatrice mais dure moins d’un an. Sur les marchés, je traitais des gens plus jeunes, avec des problèmes divers. J’avais plus de chance de guérir un herpès chez un jeune patient, que l’arthrose avancée d’une personne de 80 ans. Ici, beaucoup de mes clients sont des personnes âgées ou des cas très difficiles. À l’exception de certaines guérisons concluantes, j’ai beau donner le maximum, je me sens souvent limité et impuissant. Plus je m’épuise à bien faire, plus la frustration augmente. J’ai plusieurs fois l’impression de ne pas être à ma place, ou alors de ne pas être prêt ! Ce malaise atteint son paroxysme quand le père d’un ami, magnétisé pour des douleurs à la nuque, décède brutalement. C’est complètement déstabilisant : mes pouvoirs sont-ils en cause dans ce drame ? Le doute. L’angoisse. Impossible de continuer les consultations. Il me faut à tout prix une direction ! Je me sens désemparé. Comment les forces supérieures qui ont, jusqu’à présent, veillé sur moi, ont-elles permis que je me retrouve dans cette situation, alors que j’ai fidèlement suivi leurs directives ? C’est l’angoisse, mais il faut espérer, attendre un signe de leur part. Aussi, quand une amie me propose de rencontrer sa maman qui est voyante et tire les cartes, j’ac-

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cepte bien volontiers. Serait-elle le messager tant attendu ? Elle n’exerce pas en professionnelle mais veut bien me rendre ce service. C’est une dame très gentille, mais terriblement tourmentée. Ses pouvoirs de divination la perturbent énormément. Elle me confie que le plus pénible pour elle, ce sont tous ces visages de personnes décédées, qu’elle voit dans les reflets des vitrines, qui la hantent et qu’elle cherche à fuir. Je vois bien qu’elle aimerait que je lui apporte une solution, mais que puis-je pour elle ? Rien. Sa séance de voyance débute : – Comme c’est facile avec vous, me dit-elle. On voit que vous êtes de la partie, tout est si clair. Vous allez partir dans des îles où les habitants ne sont pas noirs mais bruns. C’est une communauté qui ressemble à un hôpital, avec beaucoup de sang, mais ça n’en est pas un. Puis elle ajoute : – Allez-y, vous serez bien reçu, ils vous attendent. – Mais où sont ces îles ? – Votre père vous le dira ! se contente-t-elle de me répondre. Bizarre… Mon père est mort depuis plus de quatre ans. Notre entretien s’arrête là mais j’ai la réponse que j’attendais : les puissances spirituelles viennent de me confier une nouvelle feuille de route. Elles me confirment par là dans ma mission et m’offrent en38


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core plus de pouvoir. Je suis donc bien dans leur volonté et dégagé de toute responsabilité dans le décès de mon patient. Décidé à reprendre mon voyage initiatique, je ferme mon cabinet. Mais auparavant, prenons un peu de recul. Je retrouve, à Lyon, Jean-Paul, cet ami très cher qui m’avait si souvent hébergé et aidé dans mes pérégrinations. Un soir, revenant de courses, il me dit : – Regarde ce que je t’ai trouvé ! Un livre sur les guérisseurs philippins, avec photos et adresses. Il est si compréhensif et attentionné que je m’exclame en plaisantant : – Jean-Paul, t’es un père pour moi ! Aussitôt, me revient en mémoire la parole de la voyante à propos de mon père ! Je me plonge immédiatement dans la lecture, à la découverte de ces guérisseurs qui prétendent pratiquer « des opérations à mains nues ». Leurs étranges exploits largement relayés par les médias provoquaient alors une vive polémique et un réel engouement de la part du public. Mais la critique assassine d’un prestidigitateur français et sa simulation d’une opération sur toutes les chaînes de télévision avaient fini par les discréditer. Quand à moi, je suis convaincu : c’est bien dans ces îles que mon destin m’attend. J’ai 26 ans.

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Les Philippines Comment entrer en contact avec ces guérisseurs ? Parmi la quinzaine que le livre répertorie, mon choix se porte tout naturellement vers celui qui présente un air de famille avec moi. Il est surnommé « Le troisième œil » pour son pouvoir de clairvoyance. Nul doute, c’est un signe et ce point commun m’ouvrira peut-être sa porte. Je lui envoie une longue lettre détaillant mes motivations et mon désir de le rencontrer. Trois mois passent. Toujours pas de réponse. Si je veux que quelque chose bouge, je dois me rendre sur place. Mais sans emploi et sans argent, impossible de financer ce voyage. Tiens, pourquoi ne pas solliciter l’aide de personnes que je connais ? Une quarantaine de personnes écoutent la description de mes projets et ont la gentillesse de m’avancer cent francs chacune. Les fonds réunis, je prends mon billet d’avion pour Manille. Après vingt heures de vol, j’arrive le soir, fatigué. Parti de Paris en boots en plein hiver, je me retrouve seul à l’autre bout du monde, dans une mégalopole asiatique, grouillante, surchauffée et polluée. Franchement, je me sens mal, j’ai la trouille et je me demande ce que je fais là ! Le temps de m’installer dans un hôtel et je pars aussitôt, à la recherche du destinataire de ma lettre. Aucune trace ! Il n’habite plus à cette adresse et personne ne sait où le trouver. Manifestement, le livre date de quelques années, et les informations aussi. 40


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Déçu et trop fatigué pour réfléchir, je remets toute analyse de la situation au lendemain, à tête reposée. Je parcours le livre et découvre qu’une grande partie des guérisseurs habite en province, notamment à Baguio. C’est une ville de moyenne montagne située à environ deux cent cinquante kilomètres au nord de la capitale. Plusieurs d’entre eux doivent s’y trouver et, notamment, le médiatique Tony Agpaoa. C’est là-bas qu’il faut se rendre. Je quitte Manille avec un grand soulagement. Quel plaisir de traverser en bus, ces campagnes verdoyantes, de contempler la beauté de ces paysages exotiques et d’échanger des sourires avec ces gens humbles et sympathiques ! Juste avant d’arriver à destination, mon regard s’arrête, fasciné, sur une tête de lion de la taille d’une maison, sculptée dans le rocher. Je me sens peu à peu revivre après le stress de la capitale ! Et quel contraste d’ambiance quand le bus atteint Baguio ! La ville jouit d’un climat plus frais et plus agréable. Elle est fleurie, aérée et très accueillante ; je m’y sens bien. Les gens sont aussi pauvres qu’à Manille mais ils ont l’air plus détendus, plus heureux. Après une nuit réparatrice dans un hôtel, je commence mes recherches à l’aide d’un plan de la ville. M. Agpaoa est propriétaire d’un hôtel de luxe, non loin du centre-ville. Renseignements pris auprès de l’un de ses employés, il n’opère « à mains nues » que deux jours par semaine et demande cent dollars par personne, seulement pour regarder ! Je n’ose 41


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pas imaginer combien il exige pour soigner une personne ! Ce n’est ni dans mes moyens, ni dans mes principes. Ce don de guérison, il l’a reçu gratuitement, il doit le donner gratuitement, afin de le rendre accessible à tous ! C’est pour moi le sceau de l’honnêteté et de la droiture, la signature de Dieu. Je ne peux pas me confier en quelqu’un qui aime à ce point l’argent : je le raye de ma liste. Les touristes en quête de guérison sont une manne pour l’économie locale. Certains petits malins se prétendent faussement guérisseurs. Ils sont souvent en cheville avec des chauffeurs de taxi qui, moyennant finance, leur rabattent les clients. Et bien entendu, c’est ce qui m’arrive le lendemain matin. Dans une technique d’approche parfaite et bien rôdée, un chauffeur de taxi athlétique gare son véhicule juste devant moi. – De quel pays venez-vous ? me demande-t-il en anglais. – De France. – Ça alors, ma nièce est mariée à un Français ! Que faites-vous à Baguio ? – Je cherche des guérisseurs ! – J’en connais un formidable ! Si vous voulez, je peux vous y emmener, ce n’est qu’à trois kilomètres. C’est ainsi que je me retrouve dans une petite maison où une dame m’accueille en me proposant un café. Alors que je suis dans la salle d’attente, une cliente, apparemment américaine, sort du cabinet 42


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en tenant à la main un morceau de déchet organique (ce qui semble être de l’œsophage de poulet, ou une grosse veine) en proclamant : « Il a sorti ça de mon corps ! » Le tout entre quatre yeux, sans témoins, sans personne pour vérifier ce qui s’était passé réellement. Je suis déjà refroidi à 90 % mais je me prête quand même à l’expérience. C’est mon tour. À peine entré, il ne s’écoule pas cinq minutes que je lui dis : « Stop ! Arrêtez ! Vous n’êtes pas guérisseur ». Retrouvant le chauffeur de taxi, je lui explique que ce monsieur est un charlatan. Pour lui prouver que je sais de quoi je parle, je lui fais remarquer qu’il a des douleurs musculaires au niveau des pectoraux. À mon contact, il grimace. Surpris, il avoue qu’effectivement, il a pris des coups à cet endroit quelques jours auparavant. Je rentre à l’hôtel effondré. Comment ai-je pu être assez bête pour croire en tout ça et faire des milliers de kilomètres pour rien ? Manifestement, c’est une arnaque pour touristes. Le soir, je suis déconfit et je m’endors triste à mourir, désespéré et mûr pour rentrer. Mais c’est sans compter sur celui qui veille sur moi et je suis loin d’imaginer ce qui m’attend…

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Suivez l’histoire vraie de Walter Vappiani, ancien guérisseur et magnétiseur professionnel. L’auteur décrit avec honnêteté son aventure intérieure. Chemins d’exaltation et d’angoisse, de puissance et de doute. Aujourd’hui, Walter est marié, père de trois enfants et agent immobilier.

Prémonitions, coïncidences troublantes : il se sent guidé par un esprit supérieur. Mais l’archange qui l’attire jusque dans un village reculé des Philippines, qui est-il vraiment ? Et cette force qui l’a toujours guidé, est-elle si bienveillante ?

H I S T O I R E

V R A I E

ISBN 978-2-910246-73-0

9 782910 246730

D’interrogations en malaises, Walter va découvrir les dangers d’un monde qui n’est pas ce qu’il prétend être…

COLLECTION

UN GUÉRISSEUR LIBÉRÉ DE SES POUVOIRS… ET FIER DE L’ÊTRE ! HALLUCINANT. IL DÉSIRAIT FAIRE LE BIEN AUTOUR DE LUI : POURQUOI EN VIENDRA-T-IL À SOUHAITER ÊTRE DÉBARRASSÉ DE SES POUVOIRS EXCEPTIONNELS ?

VÉCU

Walter Vappiani

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