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Chapitre 2| Connaître Jésus
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Jean 2 Connaître Jésus
Les six disciples qui ont maintenant mis leur confiance en Jésus commencent une marche avec lui qui durera toute leur vie. Dès le début, ils apprennent à le connaître davantage. Nous qui avons accès à tout le récit de l’Évangile, nous avons tendance à prendre ces événements pour acquis, mais ce n’est pas le cas des disciples. Chaque jour apporte son lot de nouveautés. Chaque nouvel événement leur réserve des prodiges difficiles à comprendre. Dans ce chapitre, Jean recense trois révélations merveilleuses au sujet de Jésus-Christ.
1. Sa gloire (2 : 1-12)
Le « troisième jour » de la « semaine » de Jean correspond à trois jours après l’appel de Nathanaël (Jean 1 : 45-51). Étant donné qu’il s’agit du quatrième jour de la semaine consignée dans l’Évangile (Jean 1 : 19, 29, 35, 43), les noces ont lieu le « septième jour » de cette « semaine de la nouvelle création ». Tout au long de son Évangile, Jean montre clairement un Jésus engagé dans un programme divin, obéissant à la volonté du Père.
Selon la tradition juive, les vierges doivent se marier le mercredi et les veuves le jeudi. En ce « septième jour » de la semaine spéciale de Jean, on s’attendrait à ce que Jésus se repose, tout comme Dieu s’est reposé au septième jour (Gen. 2 : 1-3). Mais le péché a interrompu le repos de Dieu, et le Père et le Fils ont dû se mettre au
travail (Jean 5:17 ; 9:4). En effet, Jean mentionne deux miracles que Jésus a délibérément accomplis les jours de sabbat (Jean 5 et 9).
Durant les noces, Jésus endosse trois rôles différents : l’invité, le fils et l’hôte.
Jésus l’invité (v. 1-2)
Notre Seigneur n’est pas un solitaire comme JeanBaptiste (Matt. 11:16-19). Il accepte les invitations aux réceptions, même si ses ennemis s’en servent comme argument pour l’accuser (Luc 15:1-2). Jésus assiste aux activités de la vie courante et les sanctifie par sa présence. Le couple qui l’a invité à son mariage fait preuve de sagesse !
Jésus est accompagné de sa mère et de ses six disciples. La venue de sept invités supplémentaires a-t-elle causé l’incident ? Si c’est le cas, il s’agissait alors d’un petit festin. Nous avons des raisons de penser que la famille terrestre de Jésus était modeste et ne comptait donc pas d’amis riches. Le vin manque peut-être parce qu’il s’agit d’une fête à petit budget.
Jésus et ses disciples ont-ils été invités à cause de Marie ou de Nathanaël (Jean 21:2) ? À ce moment-là, notre Seigneur n’a pas encore réalisé de miracle et n’est donc pas très connu. Il est peu probable qu’il soit invité parce que les gens savent qui il est. Il doit certainement son invitation à son lien de parenté avec Marie.
Jésus le Fils (v. 3-5)
Dans la tradition juive, les noces duraient une semaine, et pour cela, le marié devait prévoir assez de provisions. Imaginez à quel point il aurait été embarrassant de manquer de nourriture ou de vin. Une famille coupable d’un tel faux pas pouvait être poursuivie en justice ! Le fait de manquer de vin avait donc un coût aussi bien sur le plan financier que social.
Pourquoi Marie parle-t-elle du problème à Jésus ? S’attend-elle réellement à ce qu’il fasse quelque chose de spécial pour le résoudre ? Certes, elle sait qui il est,
même si elle n’a partagé cette merveilleuse vérité avec personne. Elle doit être très proche des mariés pour se sentir aussi concernée par la réussite de l’événement ou pour être au courant que la réserve de vin est épuisée. Marie a peut-être apporté son aide pour la préparation et le service du repas.
Marie ne dit pas à Jésus ce qu’il doit faire. Elle se contente de lui exposer la situation (comparez le message de Marie et de Marthe à Jésus quand Lazare était malade, en Jean 11:3). La réponse de Jésus semble froide et même dure, mais ce n’est pas le cas. « Femme » est une façon polie de s’adresser à elle (Jean 19:26 ; 20:13). Ses propos signifient simplement : « Pourquoi me mêles-tu à cette affaire ? ». Il explique clairement à sa mère qu’il n’est plus sous son autorité (Joseph est probablement déjà mort), mais qu’il fera désormais la volonté du Père. Il y avait déjà fait allusion quelques années auparavant (Luc 2:40-52).
C’est alors que Jean introduit l’un des éléments-clés de son récit : l’idée de « l’heure ». Jésus vit d’après un « programme céleste » préparé par le Père (voir Jean 7:30 ; 8:20 ; 12:23 ; 13:1 ; 17:1 ; notez aussi les paroles de Jésus en Jean 11:9-10). Nous aurons l’occasion d’observer, tout au long de ce récit, la façon dont Jean développe ce concept de « l’heure ».
Les paroles de Marie aux serviteurs montrent qu’elle est disposée à laisser son fils agir à sa guise et qu’elle lui fait confiance pour faire ce qui est juste. Nous serions bien avisés d’obéir aux paroles de cette femme ! C’est Jésus, et non Marie, qui prend les commandes dans la résolution du problème. Marie, pour sa part, envoie les serviteurs vers Jésus et non vers elle.
Jésus l’hôte (v. 6-12)
Le premier miracle de notre Seigneur n’est pas un événement spectaculaire observé par tous. Marie, les disciples et les serviteurs sont au courant, mais tous les autres ignorent qu’un miracle s’est produit. Son premier miracle est un événement discret lors d’un mariage,
contrairement à son dernier miracle raconté par Jean qui est un événement public après des funérailles (Jean 11).
Chacune des six jarres en pierre peut contenir environ 75 litres. Cependant, rien ne dit que toute l’eau dans les vases est transformée en vin. Seule la quantité apportée et servie est transformée en vin. Ce nouveau vin est d’une qualité tellement supérieure au précédent que le responsable du banquet en fait un éloge appuyé. Et, bien entendu, la famille du marié se réjouit de tant de compliments.
Selon Jean, cet événement marque le « premier de ses miracles », invalidant, de fait, tous les récits sur les miracles qu’il aurait prétendument accomplis durant son enfance. Ce ne sont que des fables et quiconque reconnaît l’autorité de la Bible ne peut que les rejeter.
Ce miracle a un impact sur ses disciples : il leur révèle sa gloire (Jean 1:14) et affermit leur foi. Certes, les miracles à eux seuls ne suffisent pas à prouver que Jésus est le Fils de Dieu (2 Thes. 2:9-10), mais la succession des miracles fera un tel effet sur eux qu’ils seront convaincus de sa divinité. Les disciples devaient bien commencer quelque part et, au fil des mois, leur foi s’affermira à mesure qu’ils apprendront à mieux connaître Jésus.
Si Jésus accomplit ce miracle, ce n’est certainement pas seulement pour répondre à un besoin humain ou préserver une famille de l’humiliation publique. L’Évangile selon Jean, contrairement aux trois autres récits de l’Évangile, entend partager le sens profond – la signification spirituelle – des œuvres de notre Seigneur. Il fait de chaque miracle une « prédication en action ». Nous devons faire attention à ne pas trop « spiritualiser » ces événements au point de les détacher de leur contexte historique. En même temps, nous ne devons pas trop nous focaliser sur la partie « histoire », au risque de passer à côté de « son histoire » (comme le disait A. T. Pierson).
Pour commencer, Jean n’emploie pas le mot dunamis (terme qui met l’accent sur la puissance), mais sêmeiôn :
« un signe ». Qu’est-ce qu’un signe ? Une chose qui renvoie à quelque chose de plus grand. Les gens ne devaient pas seulement croire aux œuvres de Jésus, ils devaient aussi croire en lui et en son Père qui l’avait envoyé (Jean 5:14-24). C’est la raison pour laquelle Jésus accompagne souvent ses miracles d’une prédication. Celle-ci sert à interpréter le signe. En Jean 5, la guérison du paralytique, le jour du sabbat, lui permet de délivrer un message sur sa divinité, « le Maître du sabbat ». Après avoir nourri cinq mille personnes (Jean 6), il prêche tout naturellement au sujet du pain de vie.
Si notre Seigneur avait prêché après avoir transformé l’eau en vin, qu’aurait-il pu dire ? Il aurait pu enseigner que la joie apportée par le monde est éphémère et que rien ne peut la renouveler. En revanche, la joie qu’il donne se renouvelle sans cesse et nous comblera toujours. (Dans les Écritures, le vin est le symbole de la joie ; voir Juges 9:13 ; Ps. 104:15.) De prime abord, le monde offre le meilleur. Puis, une fois que vous êtes « accro », la situation se dégrade. Jésus, par contre, va toujours offrir ce qu’il y a de meilleur jusqu’à ce que nous jouissions des meilleures bénédictions du royaume éternel (Luc 22:18).
Ce n’est pas tout. Notre Seigneur délivrerait certainement un message spécial ici pour son peuple, Israël. Dans l’Ancien Testament, la nation est comparée à une « mariée » à Dieu, infidèle à son alliance matrimoniale (Ésaïe 54:5 ; Jér. 31:32 ; Osée 2:2s). Israël était à court de vin et il ne lui restait que six vases vides ! L’eau dont il disposait servait aux nettoyages externes, mais il ne disposait de rien pour des nettoyages internes. Rien qui puisse apporter de la joie. Grâce à ce miracle, notre Seigneur apporte la plénitude là où il y a manque, de la joie à la place de la déception. Il apporte un élément interne pour ce qui était réservé à un usage externe (l’eau pour les ablutions rituelles).
Lorsque Jean mentionne « le troisième jour » (Jean 2:1), il s’agit peut-être d’une allusion à la résurrection de notre Seigneur. En effet, toutes ces bénédictions
peuvent se répandre à cause de son sacrifice sur la croix et de sa résurrection d’entre les morts (Jean 2:19).
Fait intéressant, le premier miracle de Moïse était un fléau, la transformation de l’eau en sang (Exode 7:19s). Un symbole de jugement. Le premier miracle de notre Seigneur, lui, nous parle de la grâce.
De ce miracle, nous pouvons aussi tirer une leçon quant au service pour Dieu. L’eau est changée parce que les serviteurs ont collaboré avec Jésus et obéi à ses ordres. Jean présente plusieurs de ces signes comme le résultat d’une coopération entre les hommes et Dieu : la multiplication des pains (Jean 6), la guérison de l’aveugle de naissance (Jean 9) et la résurrection de Lazare (Jean 11). Nous l’assistons toujours dans l’accomplissement d’un miracle, que ce soit pour distribuer du pain, laver de la boue ou rouler la pierre.
Il est important que les serviteurs connaissent la source de ce vin spécial (Jean 2:9). Lorsque Jésus a guéri le fils du haut fonctionnaire (Jean 4:46-54), ce sont les serviteurs qui en connaissaient le secret. Nous ne sommes pas uniquement ses serviteurs ; nous sommes aussi ses amis et nous savons ce qu’il fait (Jean 15:15).
À l’époque de Jésus, les gens avaient l’habitude de boire du vin. Ce miracle ne plaide pas en faveur de l’abus d’alcool, comme c’est le cas de nos jours. Un alcoolique m’a dit un jour : — Après tout, Jésus a transformé l’eau en vin !
J’ai répondu : — Si selon vous, Jésus est l’exemple à suivre en matière de consommation d’alcool, pourquoi ne suivez-vous pas son exemple dans les autres domaines ?
Ensuite, je lui ai lu Luc 22:18. Ce verset indique clairement que, désormais au ciel, Jésus ne boit plus d’alcool !
Les chrétiens honnêtes de notre époque prennent en compte des versets tels que 1 Corinthiens 8:9 ; 10:23, 31 avant de considérer la consommation d’alcool comme une pratique avisée. Je me souviens de l’histoire
de ce mineur de charbon alcoolique qui s’était converti et qui a commencé à annoncer Christ. Un de ses amis a essayé de le prendre au piège en lui demandant : — Crois-tu que Jésus a transformé l’eau en vin ? — Bien sûr ! a répondu le croyant. Chez moi, il a transformé le vin en meubles, en vêtements seyants et en nourriture pour mes enfants !
Enfin, sachons que les Juifs diluaient toujours le vin avec de l’eau (généralement trois mesures d’eau pour une mesure de vin). Certes, la Bible ne prône pas l’abstinence totale d’alcool, mais elle loue le fait de ne pas en consommer et met en garde contre l’ivrognerie.
2. Son zèle (2:12-22)
Jésus, sa famille et ses disciples restent quelques jours à Capernaüm, puis il se rend à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Chaque homme juif doit assister à trois fêtes annuelles dans la ville sainte : la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tabernacles (Deut. 16:16). Les fêtes que Jean mentionne dans son Évangile sont la Pâque (Jean 2:13 ; 6:4 ; 12:1), la fête des Tabernacles (Jean 7:2) et la Dédicace (Jean 10:22). La fête non nommée en Jean 5:1 pourrait être Pourim (Esther 9:26, 31).
Certes, Jésus a délibérément violé les traditions religieuses des pharisiens instaurées par l’homme, mais notre Seigneur obéit aux ordonnances de la loi et œuvre fidèlement au respect de la loi. Par sa vie et sa mort, il a accompli la loi pour qu’aujourd’hui, les croyants ne ploient plus sous ce « joug de servitude » (voir Actes 15:10).
1. Jésus montre tout d’abord son zèle pour Dieu en
purifiant le temple (Jean 2:13-17). Les prêtres avaient monté une petite affaire qui leur rapportait gros : ils échangeaient des devises étrangères contre de la monnaie juive et vendaient les animaux nécessaires aux sacrifices. Ce « commerce religieux » a certainement été mis en place au départ pour faciliter les choses. Les Juifs parcouraient de longues distances pour venir ado-
rer Dieu au temple. Mais au fil du temps, cette « facilité » s’est transformée en petite entreprise. Elle n’a plus rien d’un ministère. Le plus déplorable, là-dedans, c’est qu’elle se déroule dans la « cour des païens », dans le temple. Le lieu où les Juifs devaient rencontrer les nonJuifs pour leur parler du seul vrai Dieu. Un non-Juif à la recherche de la vérité n’allait certainement pas la trouver auprès des marchands religieux du temple.
Soudain, notre Seigneur fait irruption au temple et opère un grand nettoyage ! Il prend soin de ne détruire aucune propriété – il n’a pas relâché les pigeons –, mais il indique clairement qu’il est aux commandes. Le temple est la maison de son Père et il ne permettra pas aux chefs religieux de le souiller avec leurs affaires lucratives.
L’état du temple reflète parfaitement l’état spirituel de la nation. En Israël, la religion s’était convertie en une routine ennuyeuse. Ses chefs se laissent guider par l’esprit de ce monde et ne pensent qu’à asseoir leur autorité et à s’enrichir. Tout comme le vin avait manqué au mariage, la gloire de Dieu avait disparu du temple.
Les disciples de Jésus se sont souvenus du psaume 69 à la vue de son zèle plein de courage : « L’amour que j’ai pour ta maison est en moi comme un feu qui me consume » (v. 10). Le psaume 69 est de toute évidence un psaume messianique cité à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament : Psaumes 69:4 (Jean 15:25) ; Psaumes 69:8 (Jean 7:3-5) ; Psaumes 69:9 (Jean 2:17 ; Rom. 15:3) ; Psaumes 69:21 (Matt. 27:34, 48) et Psaumes 69:22 (Rom. 11:9-10).
Il reste toutefois quelques personnes pieuses en Israël qui aiment Dieu et respectent son temple (Luc 1:5-22 ; 2:25-38). La plupart des chefs religieux, quant à eux, ne sont que de faux bergers qui exploitent le peuple. Lorsque Jésus purifie le temple, quel message fait-il passer ? En fait, il est en train officiellement de « déclarer la guerre » à des autorités religieuses hypocrites (Matt. 23). Cet acte conduira finalement à sa mort. Son zèle pour la maison de Dieu l’a effectivement consumé !
2. Jésus montre également son zèle en donnant sa
vie (Jean 2:18-22). Les chefs religieux lui demandent à quelle source il puise son autorité. Logique. Après tout, ils sont les garants de la foi juive et ont le droit d’éprouver tout nouveau prophète : « Les Juifs demandent des miracles » (1 Cor. 1:22). À certaines reprises, pendant son ministère, les chefs religieux demandent à Jésus un signe, et il refuse de leur en donner à l’exception du signe de Jonas (Matt. 12:39s). Le « signe de Jonas » symbolise la mort, l’ensevelissement et la résurrection.
Jésus utilise l’image du temple pour transmettre cette vérité : « Détruisez ce temple [mon corps], et en trois jours, je le relèverai » (Jean 2:19). Ses auditeurs ne peuvent pas le comprendre, car ils sont spirituellement aveugles.
Vous trouverez, tout au long de votre lecture de cet Évangile, un tas de personnes qui interprètent mal les vérités spirituelles qu’elles reçoivent. Elles les comprennent de manière matérielle ou physique (Jean 3:4 ; 4:11 ; 6:52). La construction du temple d’Hérode a débuté en l’an 20 av. J.-C. et n’a été achevée qu’en 64 apr. J-C. Comment un homme pourrait-il le « relever » en trois jours ?
Cette déclaration est, évidemment, une prédiction de sa propre mort et de sa résurrection. Ses disciples s’en souviendront après sa résurrection. Ses ennemis s’en souviendront aussi et en feront mention lors de son procès (Matt. 26:59-61). Certaines personnes se moqueront de lui en utilisant cet argument, à sa mort sur la croix (Matt. 27:40).
Jean parsème son Évangile d’images fortes pour décrire la mort du Sauveur. La première est le sacrifice de l’Agneau en Jean 1:29. Elle indique que sa mort se substituera à celle des pécheurs. La deuxième est celle de la destruction du temple (Jean 2:19). Elle suggère une mort violente qui aboutira à une résurrection victorieuse.
La troisième image est celle du serpent élevé (Jean 3:14). Elle fait référence à Nombres 21:5-9. Le Sauveur
sera fait péché pour nous (1 Pi. 2:24). Sa mort sera volontaire (Jean 10:11-18), car le berger donnera sa vie pour les brebis. Enfin, l’image de la graine semée en terre (Jean 12:20-25) enseigne que sa mort produira des fruits pour la gloire de Dieu. Sa mort et son ensevelissement auront l’apparence d’un échec, mais à la fin, Dieu fera éclater la victoire.
Le temple est un élément important de la foi juive : il est la maison de Dieu. Il se trouve au cœur de toutes les cérémonies et de tous les sacrifices de la religion juive. Lorsque Jésus a annoncé la destruction du bâtiment précieux pour les Juifs, leur colère était prévisible. Après tout, si son corps est le temple, alors le temple juif ne sera plus nécessaire. Avec cette déclaration énigmatique, notre Seigneur prédit, en réalité, la fin du système religieux juif.
C’est précisément un des buts que Jean se fixe en rédigeant son Évangile : le système légal a pris fin et « la grâce et la vérité » sont venues par Jésus-Christ. Il est le nouveau sacrifice (Jean 1:29) et le nouveau temple (Jean 2:19). Jean dira plus tard que le nouveau culte dépendra de l’intégrité intérieure et non de l’apparence (Jean 4:19-24).
3. Sa connaissance (2:23-25)
Durant son séjour à Jérusalem pour la Pâque, Jésus accomplit des miracles qui ne sont détaillés dans aucun Évangile. Nicodème est probablement attiré par ses miracles (Jean 3:2). À cause d’eux, beaucoup de personnes prétendent croire en lui, mais lui ne se fie pas à leurs déclarations. Peu importe ce que ces personnes disaient ou ce que les autres disaient à leur sujet. Il n’acceptait pas les témoignages venant des hommes. Pourquoi ? En tant que Dieu, il sondait le cœur et l’esprit de chacun.
Les verbes « croire » (v. 23) et « se fier à » ou « faire confiance à » (v. 24) traduisent le même mot grec. Ces gens croient en Jésus, mais Jésus ne croit pas en eux ! Ce sont des « croyants non sauvés » ! C’est une chose
de réagir face à un miracle, c’en est une tout autre de croire en Jésus-Christ et de s’attacher à sa Parole (Jean 8:30-31).
Jean ne méprise pas les signes de notre Seigneur. En effet, il écrit justement son Évangile pour consigner ces signes et encourager ses lecteurs à croire en JésusChrist et à recevoir la vie éternelle (Jean 20:30-31). En revanche, Jean explique tout au long de son livre que pour être sauvé, il ne suffit pas de croire aux miracles. Voir les signes et y croire est un bon début. En fait, même les disciples ont commencé de cette façon et ont dû grandir dans leur foi (comparer Jean 2:11 et 22).
Jean le montre à plusieurs reprises : le peuple juif est divisé sur la signification de ces miracles (Jean 9:16 ; 11:45-46). Les mêmes miracles qui ont attiré Nicodème à Jésus ont poussé certains chefs religieux à désirer sa mort ! Ils sont même allés jusqu’à affirmer qu’il tenait sa puissance de Satan ! Les miracles de notre Seigneur étaient des témoignages (Jean 5:36) : ils attestaient sa filiation divine. Mais aussi des tests : ils révélaient le cœur des gens (Jean 12:37s). Les mêmes événements qui ont rendu la vue à certains en ont plongé d’autres dans un aveuglement plus profond (Jean 9:39-41).
Jésus a relié ses miracles à la vérité de son message. Il sait que le cœur humain est attiré par le sensationnel. Les cinq mille personnes qu’il a nourries ont voulu faire de lui leur roi ; jusqu’à ce qu’il prêche au sujet du pain de vie. C’est alors que des foules l’ont quitté ! « La grâce et la vérité n’ont leur source qu’en Jésus-Christ » (Jean 1:17). En s’appuyant sur la grâce, Jésus a nourri les affamés ; en se fondant sur la vérité, il a enseigné la Parole. Les foules voulaient la nourriture physique, mais pas la vérité spirituelle, alors elles l’ont abandonné.
« Il connaissait la nature humaine » : Jean le démontre à plusieurs reprises dans son Évangile. Jésus connaissait Simon (Jean 1:42). Il connaissait les pensées de Nathanaël (Jean 1:46s) et il a dit à la Samaritaine « tout ce qu’elle avait fait » (Jean 4:29). Il savait que les chefs religieux juifs n’aimaient pas réellement Dieu
(Jean 5:42) et qu’un de ses disciples ne croyait pas vraiment en lui (Jean 6:64). Il a vu la repentance dans le cœur de la femme adultère (Jean 8:10-11) et le meurtre dans le cœur de ses ennemis (Jean 8:40s). Plusieurs fois dans le message de la chambre haute, Jésus a révélé à ses disciples leurs propres sentiments et questionnements.
Suivez le ministère de notre Seigneur dans l’Évangile selon Jean : voyez-vous la progression ? Nous le voyons s’éloigner progressivement des feux de la rampe de la popularité et s’engouffrer dans les ténèbres du rejet. Au départ, les foules n’ont aucun mal à le suivre et à assister à ses miracles. Puis, ses paroles commencent à pénétrer les cœurs, à dénoncer le péché. Or, ce genre de conviction conduit soit à la conversion soit à l’opposition. Personne ne peut choisir d’être neutre. Il faut faire un choix et la plupart de ses auditeurs choisissent de s’opposer à lui.
Oui, Jésus connaît le cœur de l’homme : « Si vous ne voyez des miracles et des prodiges, vous ne croirez donc point ! » (Jean 4:48). Ceux qui acceptent ses œuvres mais rejettent sa Parole ne pourront jamais partager sa vie. « Voir, c’est croire » : cette approche n’a rien de chrétien (Jean 11:40 ; 20:29). Nous croyons d’abord, ensuite, nous voyons. Les miracles ne peuvent que nous conduire à la Parole (Jean 5:36-38), et la Parole engendre la foi qui sauve (Rom. 10:17).
La connaissance exacte que Jésus a du cœur humain fournit une preuve supplémentaire de sa divinité. En effet, seul Dieu peut sonder la personne intérieure. Ce court paragraphe fait office d’introduction à l’entretien avec Nicodème, au chapitre suivant. Notez la répétition du mot « homme » de Jean 2:25 à 3:1. Nicodème voulait mieux connaître Jésus, mais il a fini par en apprendre davantage sur lui-même !