Les retrouvailles
Je n’ai jamais cru en l’amour. Selon moi, un mari sert uniquement à payer les comptes. À vingt-et-un ans, je suis toute à faite heureuse seule. En ce jeudi quatorze février, je ne me sens ni seule ni abandonné comme la plupart des filles célibataires à cette date. Pour moi, ce n’est qu’un jeudi banal. Cependant, ma meilleure amie, Amélia, adore tout ce qui touche à l’amour. Elle collectionne les petits amis. Comme elle a un bon coeur, elle ne veut pas me laisser seule, car elle s’imagine que cela me dérange, mais en fait, c’est un choix. Elle a décidé de m’emmener je ne sais trop où, puisqu’elle refuse de me révéler l’endroit. Comme je la connais, elle m’a sûrement arrangé un rendez-vous avec le cousin de son petit ami actuel. Je m’y rends uniquement pour lui faire plaisir.
Quand j’avais dix-huit ans, ma mère, Clara Bonneville, est décédée d’un cancer. Cela a bouleversé ma vie, puisqu’en plus, je vivais seule avec elle depuis ma naissance. Je n’ai jamais connu mon père. J’ai longtemps cru que celui-ci m’avait abandonné. Cependant, quand j'atteins l’âge de l’adolescence, ma mère m’a avoué que mon père n’a jamais su qu’elle était enceinte et qu’elle est partie de la France, son pays natal, pour venir étudier ici, aux États-Unis, en étant obligée de quitter mon père. À part ça, elle en parlait très rarement. Je voyais que cela la faisait souffrir.
À vingt heures, Amélia vint me chercher chez moi. Elle m’emmena dans une bâtisse en brique rouge, à environ cinq minutes de chez moi. Je lui demandai ce qu’on faisait ici et elle me répondit que c’était pour changer mon opinion négative de l’amour. Elle m’a dit qu’après cela, j’allais devenir comme elle. Je pensai que c’était impossible, mais le gardai pour moi. Mon idée était faite et rien au monde n’allait changer cela, mais je demeurai tout de même intriguée. Nous rentrâmes dans une pièce où les sièges étaient de velours rouges. Il y en avait environ cinquante. Peu de gens étaient dans la salle et seulement une trentaine de personnes étaient arrivées. Je me dis que ce ne devait pas être un spectacle très réputé. Quand on vit à Los Angeles, on s’attend à ce qu’il y ait de grandes
foules partout où l’on va. C’est avec une mentalité pessimiste que je m’assis au troisième rang avec Amélia. Au contraire de moi, celle-ci était très enjouée. Les portes de la salle se fermèrent et Amélia se tourna vers moi. Elle me dit ce que nous étions venus voir. Ce que je croyais être un spectacle était en fait une scène libre aux écrivains. C’est-à-dire, les écrivains qui le voulaient bien venaient raconter les histoires qu’ils avaient écrites. Il fallait que celles-ci soient d’amour, car c’était un spécial Saint-Valentin. Je roulai des yeux, mais restai tout de même.
Après cinq histoires racontées, je me dis que je n’avais vraiment pas ma place ici. Ces histoires, qui firent pleurer Amélia, ne me touchèrent aucunement. J’étais incapables de m’associer à ces histoires, aussi belles soient-elles. C’est à ce moment qu’un homme d’une quarantaine d’années arriva sur la scène. Il était un assez bel homme, grand et fort. Il avait de beaux cheveux noirs et des yeux si bleus... Bref, il attira mon attention, mais je me dis que quand il allait ouvrir la bouche, cela gâcherait tout, puisqu’il allait me rendre indifférente, comme tous les autres avant lui. Il s’installa sur le tabouret, également rouge, et fixa l’auditoire durant deux longue minutes. Enfin, il entama son récit:
Roberto était un grand rêveur. Il avait seulement dix-neuf ans, mais il avait beaucoup de projets. Il s’était fait rejeter plusieurs fois déjà, mais jamais il ne se laissait décourager. Le fait qu’il vivait seul et dans un quartier très pauvre ne l’aidait pas. En fait, il vivait dans le coin le plus pauvre de Paris, dans le quartier de la Goutte d’Or. Un matin, il se rendit dans un café à la limite de la ville, puisqu’il connaissait bien le propriétaire, donc il avait un café gratuit par mois. Il s’y rendit en autobus, puisqu’il ne faisait pas assez beau pour y aller à la marche, malgré qu’il était habitué de marcher de longues distances dans des conditions misérables. Le petit café était situé à deux pas de la tour Effiel. Par ce temps grisâtre, elle était beaucoup moins belle et majestueuse qu’à l’ordinaire. Du point où il était, il la voyait quelque peu incliné sur le côté. Le fond était très gris. Quelques personnes se promenaient autour. En arrivant au café, qui était petit, mais accueillant, ni trop pauvre ni trop riche, il vit une jeune fille d’environ seize ans. Il la trouvait si belle. Elle avait l’air d’un ange dans sa robe bleue d’été. Il resta figé
CAUCHEMAR Par Delphine Latulippe
Mes pas résonnent sur le lino blanc. Mon sang se glace. Je ne devrais pas être là, mais il faut que je vois. Autour de moi, il y a des murs capitonnés à perte de vue et une lumière d’un blanc aveuglant droit devant. Je dois aller jusqu’au bout du couloir. Quelque chose m’attend je le sens, je le sais. Quelqu’un crie au loin, une plainte à faire trembler le plus courageux des hommes. J’ai peur, mais on m’a dit de ne pas m’arrêter, jamais. Un vieillard à mes pieds me supplie de m’enfuir, c’est ma dernière chance. Sa jambe est munie d’une chaîne en fer, ses bras enveloppés d’un tissu qui me rappelle vaguement quelque chose. Mais quoi? Ses yeux sont voilés de rouge et des larmes coulent sur ses joues, descendent vers son cou, mouillent sa peau cireuse, verdâtre. Toute sa personne est négligée, sale. Il me dégoûte, m’effraie. Je continue toujours, malgré ses hurlements qui heurtent les murs pour mieux rebondir dans ma direction. La poignée est tendue vers moi, comme pour me permettre d’ouvrir la porte au plus vite. Mes doigts s’élancent, mais juste au moment où je vais enfin savoir, des draps surgissent dans mon champ de vision. Puis un oreiller. Ma chambre. Je suis trempée de sueur et étrangement amère. Je me lève et déjeune. Mes céréales ont un goût de déception, mais, déjà, mon rêve s’estompe. N’en reste que la vision de cette lumière si persistante. Comme d’habitude, je suis seule chez moi. D’ordinaire, j’apprécie ces moments de calme, mais, aujourd’hui, le silence me semble pesant. Au collège, la journée se passe dans un brouillard complet, je n’écoute pas. D’ailleurs, je n’ai même aucun souvenir d’avoir quitté la maison. La nuit s’amène avec une lenteur épouvantable. La porte. Elle est toujours là, au bout du même couloir, comme si je n’étais jamais partie. Mes jambes sont en mouvement, pourtant je n’ai pas l’impression de bouger d’un pouce. Le même sentiment d’urgence que la nuit précédente se manifeste. Ma vie dépend de ce qui se trouve derrière cette masse de fer métallique. J’y suis presque lorsque, soudain, la silhouette de l’homme torturé se dessine devant moi. Il hurle. Un cri de désespoir comme je n’en ai jamais entendu. Je dois continuer, il le faut. La poignée. Je dois atteindre cette poignée. Mon réveil sonne. Routine de la journée. Cette fois l’apathie fait place au malaise. Suis-je normale? Rêver à ce genre de chose ne me semble pas très bon signe. Je suis exténuée, vidée. Ces rêves commencent à m’inquiéter.
Encore ce couloir, cette porte. Je dois bouger, je sais ce que je dois faire, mais je ne le veux plus. Je ne contrôle rien. Mon corps se tend tout entier vers l’avant, impossible de m’arrêter. L’homme. Il souffre. J’avance toujours, toujours, toujours. Mon champ de vision se réduit à ce qui se passe devant moi. Même ma vue est entièrement concentrée sur mon but. Plus vite, plus vite. Mon cerveau me crie d’aller plus vite. M’arrêter, il faut que je m’arrête. Non! Je dois aller jusqu’au bout. Je n’en peux plus. Continuer, toujours. La poignée. À quelques centimètres de ma peau. Je vais y toucher. Contact avec l’oreiller. J’ai peur, j’angoisse. Et si je ne pouvais plus dormir normalement? Et si j’étais toujours hantée par les mêmes visions pour le reste de ma vie? Je ne dormirai pas cette nuit. Plus question de revivre ce cauchemar. Plus jamais. L’épuisement. On dit que c’est la clé du sommeil paisible. Je vais donc attendre d’être au bout du rouleau. Je ne m’autoriserai à fermer l’oeil qu’à ce moment. La caféine est le meilleur ami de l’homme. J’en suis à ma troisième tasse. Je n’ai pas du tout sommeil. Mes yeux papillonnent. Je pourrais les fermer quelques secondes. Ça ne peut pas faire de mal, non? Juste quelques secondes. Le couloir surgit devant moi. J’avance. Le vieillard est là aussi. Il hurle toujours, mais, cette fois, une lueur de détermination brille dans ses yeux rouges. Comme à l’habitude, je passe près de lui. Il me saisit la jambe et s’y cramponne de toutes ses forces. Pour la première fois, je crie. Ma voix me terrifie. Elle exprime une souffrance qui frise la démence. Je me débat. Hurle plus fort. Ses bras sont étonnamment fermes autour de ma cheville. Avant même de comprendre mon geste, je lui balance mon autre pied dans la figure. Un craquement très satisfaisant se fait entendre. Je cours à en perdre haleine. Ses gémissements accompagnent le bruit de mes pas qui martèlent le sol. J’y suis. La poignée est juste devant. Contact de ma paume sur le métal froid. Je pousse la porte. Mes yeux scrutent une pièce. Une étroite pièce. Sans fenêtre. Des murs capitonnés. Mon regard se tourne vers le sol. Je recule, recule. Non. C’est impossible. À mes pieds, une jeune femme au regard fou, les bras ceinturés, se débat pour se libérer de sa
camisole de force. Cette jeune femme, c’est moi.
SAUVÉE PAR LE DIABLE Par David Péloquin
Je me réveille. Je regarde à ma gauche, il y a une merveilleuse vue sur la tour d'appartements d’à côté. Je regarde à droite, il y a le reste de mon piteux un et demi. Travailler en ville, c’est difficile. Il faut partir du bas et aller jusqu’en haut. Il faut se faire un nom, devenir la tête d’affiche, le Tout-puissant, mais à vingt-trois ans c’est un peu difficile. Il faut commencer en tant qu’ouvrier pour devenir chef. Je travaille à la Tour. Je suis la toute nouvelle secrétaire d’un bureau d’avocats. Si tout se passe bien, je pourrai travailler en tant qu’avocate pour ce bureau dans un mois. Je sors du lit et je me dirige vers mon tout nouveau grille-pain à quatre tranches. Je me prépare une rôtie tartinée de confiture de framboises et je regarde la télévision : « Un écrasement d’avion en Russie, trente morts, cent-vingt blessés.» La vie est si dure, mais une chance que rien ne m’arrive à moi. Ma rôtie sort du grille-pain et brise le silence qui pèse sur mon appartement. Je mange, je me mets sur mon trente-et-un et ensuite je me dirige vers la salle de bain. Je m’observe dans la glace et je me demande qu’est-ce que je suis devenue. Je suis habillée comme si je me présentais au sénat et mes cheveux blonds bouclés me font honte. Je me brosse les dents et me dirige vers la porte; une autre journée commence. Je marche dans le long couloir peint en jaune moutarde et je sens que j’ai le tournis. Finalement, je descends les cinq étages par la cage d’escalier et me retrouve à l’extérieur. Je lève mon bras et je crie. Un taxi s’arrête et j’y embarque. Mon lieu de travail se trouve à quinze minutes de chez moi. Je passe devant un parc où je n’ai jamais eu l’opportunité de mettre les pieds.
Les couleurs des arbres brillent sous la lumière du soleil. Le gazon vert éclatant détruit par les années me fait penser à un lit mou, chaud et douillet. Un étang à poissons est placé au tout milieu du parc et autour il y a plusieurs bancs de bois faits pour accueillir les personnes ayant un petit mal de jambe ou simplement les individus voulant observer la vue. Les enfants y jouent, les parents y surveillent et quelques personnes âgées prennent juste une bonne bouffée d’air frais. La fontaine de couleur or est vieillie par les températures les plus difficiles. Le chemin de béton entourant l’étang est éclairé,
lors du soir, par des lanternes d’un vert saillant. J’ai à peine vu la beauté du parc que je l’ai déjà dépassé.
J’arrive enfin au cabinet. J’entre dans la Tour et prend l'ascenseur illico, car je suis très en retard. J’appuie sur le bouton de l’étage quarante-six et une minute plus tard je suis déjà arrivée à mon niveau. Je salue mes collègues et me dirige le plus rapidement possible à ma table de travail. La frustration commence. Sur mon bureau, il y a huit documents d’au moins vingt pages chacun que je devrai corriger et retranscrire pour ce soir au plus tard. Je relève mes deux manches et je commence. J’observe le document, corrige et retranscris. Armée de mon clavier d’ordinateur, je travaille sans répit pendant quatre heures et ma journée de travail est déjà à moitié terminée. J’entends mon nom être appelé. De son bureau, mon patron me crie de venir le voir. Je me lève. La promotion, elle est là. Je la sens venir. Je suis certaine que je vais l’avoir. Cela fait deux mois que je travaille jour et nuit pour enfin devenir une vraie avocate. Mon excitation augmente de plus en plus. Mon salaire va sûrement doubler, même tripler. Fini le un et demi et la pauvre vie. Ma mère va être si contente. Moi, sa fille, une avocate. J’arrive au bureau : « Vous êtes congédiée.» Je réponds par un quoi hésitant. Mon patron me répète d’un voix sans émotions que je suis congédiée. Je suis abasourdie. Je lui réponds d’une voix enragée: «Comment ça renvoyée?» Il m’explique que je ne suis pas assez travaillante, car je n’ai pas fait le moitié des documents et nous sommes déjà à la moitié de la journée, je ne mérite pas une place dans son cabinet d’avocats. Il me dit de prendre mes affaires et de quitter. Je me fâche immédiatement . Cela fait deux mois que je travaille avec acharnement et je suis maintenant renvoyée. Ce patron mérite juste de crever. Je retourne à mon bureau je lance les documents par terre. Je crie sans relâche. Je commence à jurer et ,ensuite, je prends le peu de chose qui m’appartient comme mes photos et mes clés. Il va mourir, je vais le tuer, il ne mérite pas de vivre. Il est le Diable incarné. Je n’avais pas encore vu ses cornes cachées dans ses cheveux blancs de fou. Oui, il l’est. Le Diable. Je sors au plus vite du cabinet d’avocats - toujours en jurant et criant pour ne pas causer un carnage. Je descends dans l’ascenseur et j’y pense. Je vais vraiment le tuer, il a gâché ma vie alors je vais gâcher la sienne. En plus, je sais où il habite. Il me faut qu’un couteau, un
petit coup au bas-ventre et il périra d’une longue et lente mort. L’ascenseur est arrivée au rez-de-chaussée, je sors de la Tour toujours aussi fâchée et je le vois. Un avion percute la Tour. Le Diable est mort en ce onze septembre deux-mille-un. Il voulait en épargnée une seule et c’était moi.
Les pas silencieux Par Jessie Auclair
Je n’arrive pas à m’endormir. Il est passé deux heures du matin et ma tête ne cesse de me rappeler les scènes d’horreur du dernier film d’épouvante que j’ai écouté avant d’aller au lit. Mes parents sont à un banquet dans le cadre de leur travail et moi, je suis restée à la maison avec pour seule compagnie ma peluche préférée dont je ne peux me séparer. J’ai l’habitude d’être seule à la maison de jour, mais de nuit, c’est une toute autre affaire. J’habite un quartier riche de Londres où je me plais bien. Cependant, ce n’est pas la richesse du quartier qui empêche les voies de faits et les entrées par infraction dans les grosses baraques. La semaine dernière, mon voisin s’est fait agresser et voler. Il n’ont pas retrouvé le coupable du méfait, donc il ère dans le coin, prêt à faire de nouvelles victimes. Cependant, les policiers ont été en mesure de faire un portrait robot. C’est un jeune homme de grande taille avec de larges épaules. Il n’a pas l’air bien agressif, bien au contraire, il a un visage avec lequel on a envie de sympathiser et des cheveux bruns peignés vers l’arrière avec soin. Sa mâchoire est carrée, ses joues légèrement creusées et des lèvres minces réduisant sa bouche quasiment à une simple ligne. Son nez est un peu retroussé et prend peu de place dans son minois. Cependant, son regard est légèrement troublant. Des yeux bleus comme l’océan. Mais au fond de cet océan paisible, on peut sentir les prédateurs rôder sous les reflets métalliques de la surface près à martyriser et torturer d’innocentes victimes pour les réduire en pathétiques lambeaux de chair. Je frissonne en me remémorant son visage. Je suis terrorisée à la simple idée qu’il puisse être dans l’ombre d’un recoin de ma chambre à attendre que je m’endorme pour commettre un autre de ses horribles crimes. Cette idée me fait délirer sur des scènes macabres qui repassent en boucle dans ma tête. J’ai l’impression que les ombres projetées sur les murs par les veilleuses de nuit se déforment et s’agitent. Chaque fois que je me détourne de celle-ci, je crois apercevoir quelque chose bouger ou ramper dans ma direction. Mon imagination me rend folle. J’aurais peut être préféré être dans la pénombre totale. Puis encore, mon imagination m’aurait joué des tours et à chaque minute j’aurais ouvert ma petite
lampe rose de ma table de chevet pour vérifier si tout était normal. Mince ! Mon téléphone portable n’est pas sur ma table de nuit. Je viens de me souvenir que je l’ai laissé au rez-de-chaussée suite à un des appels réguliers de ma mère. Je songe à aller le récupérer, mais l’idée de marcher dans ce labyrinthe d’ombres me fait hésiter. De toute façon, je devrai le reprendre car mes parents pourraient appeler d’une minute à l’autre pour s’assurer que je respire toujours. Je pompe un bon coup et m’encourage mentalement. Je pose mon pied sur le sol froid de bois franc de ma chambre. Je frissonne. Au milieu de juillet, le sol n’est pas supposé être froid, non ? Bref c’est sûrement à cause de la climatisation. Je marche sur ce sol inconfortable et me rend à mon cadre de porte.
J’observe le couloir de gauche à droite avec un œil craintif.
J’entends le
ronronnement bruyant du climatiseur. Outre ce bruit régulier, tout semble paisible dans la maison. Des meubles créént des ombres intimidantes sur les murs et c’est presque l’obscurité totale au bout du couloir près de la chambre de mes parents. On dirait qu’il n’y a que la région de ma chambre qui est plongée dans cette ambiance de claire obscure. Je jette un dernier regard inquiet dans la direction de la zone sombre et m’élance vers l’escalier central. Le plancher de bois craque sous mes pas et derrière moi. J’entends un bruit irrégulier. On dirait une respiration profonde derrière celle de l’air climatisée. Je sens mon poil se dresser sur mon dos. Je m’arrête et tends l’oreille. Je reste quelques secondes à attendre un signe anormal quelconque, mais rien d’autre ne se manifeste. La respiration a disparu et le climatiseur fait résonner la sienne sur l’étage. Je reprends ma cadence vers l’escalier. Je le descends lentement, presque par précaution. Ses tournants me semblent infinis, me donnant l’impression de descendre une spirale. Le haut de l’escalier grince. Je n’y porte pas trop attention. Elle échappe souvent des grincements de la sorte. J’atteins le palier principal après ce qui m’a semblé une éternité. Le plancher est plus tiède à cet étage. L’escalier lâche un autre grincement plaintif. Un autre bruit de fond. La même respiration qu’à l’étage. Je l’ignore me disant que ce n’est que mon imagination et marche vers la table de la cuisine où mon téléphone y est posé. Une petite lampe électrique semblable à celle du haut éclaire la cuisine. Je saisis mon cellulaire et profite de l’occasion pour me prendre un verre d’eau et le monter a ma chambre. J’ai toujours soif la nuit. Je reviens sur mes pas jusqu’à l’escalier. Un grincement résonne à l’étage. Il est long et plaintif. Comme
si quelqu’un marchait dessus. Ma respiration s’accélère et je suis prise de sueurs froides. Un frisson glisse sur ma peau telle un serpent rampant sur tout mon corps. Je déglutie ravalant la boule qui me coince la gorge. Je tente de me convaincre que ce n’est qu’une vieille maison et que c’est bien normal qu’elle craque. Je monte l’escalier légèrement accroupie mon verre d’eau dans une main et mon portable dans l’autre. Je suis à mi-chemin de ma chambre quand un craquement autant plaintif que le précédent se fait entendre derrière moi. Je tourne la tête légèrement vers la gauche. À peine un pivot. Ma gorge se noue et mes yeux s’agrandissent avec une expression de terreur. Ma respiration est saccadée presque paniquée, mais je me retiens pour ne pas crier. Les sueurs froides reviennent et le serpent de l’angoisse revient glisser sur mon corps. Mes membres sont mous et je n’ai plus de contrôle sur ceux-ci. Il est derrière moi. Je le vois du coin de l’œil. Cette respiration et les grincements, c’était lui. Il est aussi grand que moi. Je distingue une arme allongée dans l’une de ses mains et son autre en poing fermé. J’avance d’un pas pour m’assurer qu’il est bien réel, le regardant en biais. Ce n’est pas mon imagination. Il est là. Il avance à mon rythme et attend sans doute que je me retourne. Les larmes me montent aux yeux. Non pitié pas moi. S’il vous plaît, mon dieu, épargnez-moi d’un martyre. J’ai les mains moites et je crois que je ne respire même plus. Je ferme les yeux, me résolvant à lui faire face. Je prends une grande respiration et tourne lentement la tête. L’obscurité de mes yeux fermés me fait sentir en sécurité, mais je n’ai pas le choix de les ouvrir. Je prends une dernière respiration, relâche mes mains et ouvre les yeux. Je sens mon être entier s'écrouler et mes jambes trembler. Il n’y a rien derrière moi. Mon ombre sur le mur, me dépassant d’une tête. Le verre d’eau donnant l’impression d’une arme imposante et mon cellulaire celui d’un poing fermé. Je respire librement de nouveau. Le serpent est parti et je retrouve le contrôle de moi-même. Foutue vieille maison qui me fait des peurs !
CES ANNÉES-LÀ Par Rébecca Beaulieu
Plus tard, on surnommera ces années-là les années folles. Ces années où des emplois étaient disponibles à tous. Ces années d’entre guerres où les artistes ont révolutionné la face du monde. Ces années au cours desquelles nous avons assisté à la naissance d’une culture propre au peuple. Ces années où le monde du spectacle s’est diversifié à n’en plus finir. Ces années où l’économie n’aurait pu aller mieux. Oui, ces années-là.
Comme tous les soirs, lorsque Maria terminait sa représentation, elle se rendait sur la chaussée et elle s’accotait sur un des réverbères jonchant le Boulevard de Clichy. Tout en fumant tranquillement une cigarette, elle observait les derniers fêtards vagabondant d’un arrondissement de la Ville Lumière à l’autre. Les demoiselles courant d’un logement à l’autre qui n’étaient que peu vêtues. Elle observait également l’imposante façade du Moulin Rouge à laquelle elle faisait face. Elle était d'un rouge ayant perdu de sa vivacité au fil des années. Il était d’ailleurs entièrement construit de bois de peuplier. Cette structure surplombait la plupart des bâtiments du boulevard, qui eux ne dépassaient que rarement les quatre étages. Il tournait comme toujours, en faisant un léger bruit quelque peu désagréable à cette heure tardive. La maison fêtait d’ailleurs ses quarante années depuis l'ouverture en mille-huit-cent-quatre-vingt-neuf. Elle avait cependant dû fermer ses portes un certain temps dans la deuxième décennie du nouveau siècle. Cette façade avait été observée par des milliers de gens comme elle. Des gens tous aussi troublés qu’elle, peut-être même davantage. C’était un lieu de réflexion et de méditation pour elle.
Elle repensa à la journée passée comme elle le faisait quotidiennement. Elle songea alors à tous ces murmures et à tous ces visages au teint clair semblant effrayés qu’elle avait remarqués sans trop y porter attention. Elle repensa aussi à tous ces hommes bien vêtus, à l’air piteux, auxquels elle avait porté attention. Elle sentait que quelque chose se tramait, mais elle ne pouvait malheureusement
rien déduire de cette intuition. Elle laissa tomber et se mit à penser à son chat Whisky, qu’elle avait négligé de nourrir à son départ pour le travail. Elle y était très attachée, car il était pratiquement le seul être avec qui elle se permettait de libérer ses états d’âme.
Lorsque sa cigarette fut achevée et qu’elle fut prête à s’en retourner, un exemplaire du journal du jour s’envola au vent et s’agrippa à son sac à main récemment acheté à une boutique du quartier. Elle le décrocha et en fit un survol rapide. Considérant sa modeste éducation, elle eut du mal à le déchiffrer entièrement. Elle y reconnut tout de même un homme accompagné de deux de ses collègues. Ils étaient vêtus de façon plus que sophistiquée. Derrière eux apparaissaient d’énormes flèches dirigées vers le bas. Elle laissa entrevoir un sourire légèrement coquin, car l’homme qui y figurait était celui avec lequel elle passait les quelques heures les plus appréciables de sa misérable existence. Il n’était de passage à Paris qu’une ou deux fois par année et cela l'attristait grandement. À l’exception de son cher Whisky, il était le seul qui savait la rendre heureuse. L’homme en question travaillait dans le domaine des affaires à New York et y était très influent. Un soir, avide de nouveaux plaisirs, il s’était rendu au Moulin Rouge, là où aucun homme ne repart déçu. Il fit alors la rencontre de Maria, cette jeune femme inexpérimentée au talent prometteur. Elle s'exécutait d’une façon qu’il jugeait tout à fait exquise. Dès lors, ils s'éprirent l’un de l’autre. Sitôt que l’homme faisait irruption dans la ville qu’il surnommait la cité de l’amour, il allait rendre visite à sa bien-aimée. Il prenait plaisir à entrer par effraction dans son logement situé entre deux bordels parisiens et à la réveiller par surprise au petit matin. Toujours installée sur la chaussée, Maria n'arrivait pas à oublier la photographie de son amant à la une du journal. Elle tenta d'établir un lien entre cette photo et tous les hommes en veston-cravate qu’elle avait croisés depuis le matin et qui avaient l’allure si maussade. Elle eut soudain un malaise et pensa que l'homme auquel elle tenait tant vivait probablement des moments difficiles. Ce malaise ne dura pas plus d'un instant, car elle fut bientôt submergée de bonheur. Puisqu’il semblait se passer quelque chose d'anormal en Amérique, dans le milieu des affaires, son amant allait forcément revenir au bercail dans les plus brefs délais. Il y resterait probablement pour une période
considérable. Cette idée rendit Maria heureuse comme elle ne l'avait jamais été auparavant.
Elle se précipita dans le music-hall où elle performait tous les soirs pour y récupérer ses effets personnels. Elle informa également Amélie, son amie la plus proche, qu’elle serait absente à la représentation du lendemain, car elle avait rendez-vous avec son amant. Sans une seconde d’hésitation, cette amie accepta de la remplacer. Maria lui avait souvent rendu le même service. Elles étaient devenues toutes deux très complices en travaillant régulièrement ensemble. Même si Maria n’était pas du genre à se confier facilement, elle avait avoué son aventure à Amélie.
Dès que Maria fut rentrée, elle alla nourrir son chat Whisky et lui chuchota à l’oreille : « Whisky, demain, Antoine sera de retour à notre réveil. Il revient d’Amérique parce que son travail ne va pas très bien. Je pense même qu’il restera avec nous pour toujours. Il nous emmènera sûrement dans son palace en banlieue de Paris. J’ai tellement hâte! Bonne nuit, mon minet ». En se mettant au lit, Maria pensa à la magnifique vie qui s'annonçait. Elle se coucha du côté droit du lit afin de laisser l’autre côté libre pour son bien-aimé.
Aux alentours de quatre heures du matin, Maria s’éveilla en entendant des pas précipités dans la cage d’escalier. Il est déjà là, qu’est-ce que je vais faire? Ah oui, je vais faire semblant de dormir pour ne pas briser la magie de nos retrouvailles. Elle se déplaça encore un peu plus vers la droite. Il ouvrit la porte du logement et agita brusquement Maria. Maria était à l’apogée de son bonheur, elle n’avait jamais cru pouvoir accéder à un tel bien-être. Elle s’approcha de lui pour l’embrasser, mais il l’interrompit avant qu’elle ne l’ait même frôlé.
— Maria! Regarde le journal...
Amélie lui tendit un exemplaire fraîchement sorti de l’imprimerie. On y apprenait qu’Antoine s’était enlevé la vie le jour précédent. Nous étions le vingt-six octobre mille-neuf-cent-vingt-neuf.
Oui, ces années où tout semblait si parfait et si harmonieux. Ces années de folies qui furent si brusquement interrompues à l’annonce d’un des plus gros krachs économiques de l’histoire. Le vingt-quatre octobre mille-neuf-cent-vingt-neuf marqua le début de cette grande dépression économique. En quelques jours seulement, tout ce qui avait été bâti depuis des années s’écroula soudain. Ces quelques journées où certains des plus influents hommes d’affaires du globe, comme Antoine, se retrouvèrent à la rue. Dans ce moment de souffrance et de désespoir, il aura pris la décision qui lui semblait la plus facile sans penser aux conséquences de ses actes. Amélie fut retrouvée quelques jours plus tard, gisant sur le plancher de son appartement, un flacon de poison à la main. Oui, ces années-là.
GEORGES ADAMS ET PETER WILLIAM Par Marie-Jeanne Plante
Je m’appelle Georges Adams. J’ai 47 ans. Depuis que je suis tout petit, on me dit que je suis différent. Je pense même que mes parents auraient préféré que je sois quelqu’un d’autre. Je n’ai jamais eu beaucoup d’amis. Les gens ne m’apprécient pas en général. Je n’ai jamais compris pourquoi d’ailleurs, car je suis un homme d’une beauté exceptionnelle, je suis grand, je suis musclé, j’ai les cheveux bruns parfaitement coiffés, un regard perçant et un visage symétrique. Lorsque je suis quelque part, les femmes se détournent pour m’admirer. Je suis d’une classe à part. Je crois que les gens ne m’apprécient pas, car ils sont jaloux. J’ai un seul ami. Peter Williams. Il ne me ressemble pas du tout et je crois que c’est pour cette raison que nous nous entendons si bien. Nous nous complétons. Peter est mon meilleur et mon seul ami depuis toujours. Je ne me souviens même pas comment nous nous sommes rencontrés, car j’étais très jeune. Peter ne s’en souviens pas non plus. Contrairement à moi, Peter est relativement petit, maigrichon et courbé, une coiffure désordonnée, un regard vide et un visage commun qui ne sort pas de l’ordinaire. Petit, il se faisait souvent intimider. Je suis en quelque sorte son ange gardien, je le protège et je le défends du monde extérieur. Je le suis partout. Nous sommes inséparables. Je ne pourrais pas vivre sans lui et il ne pourrait pas vivre sans moi.
Aujourd’hui, nous allons nous promener dans le parc. Il fait beau. C’est une merveilleuse journée ensoleillée. Il n’y a pas la moindre trace de nuages dans le ciel bleu. Il y a une douce brise. L’air sent l’herbe humide, car c’est le printemps et le sol dégèle. Les arbres sont en bourgeons. Les sportifs sont sortis pour venir faire leur jogging, les parents sont venus avec leurs enfants pour jouer au ballon, les personnes âgées sont venues respirer de l’air frais en se reposant sur les bancs de bois usés, les femmes sont venues faire du social et Peter et moi sommes venus observer tous ces gens. -
Regarde la femme là-bas! dis-je à Peter en lui pointant du doigt une jeune femme qui se baignait dans l’étang à peine dégelé.
-
Elle est folle, dit Peter.
-
Et regarde les hommes qui se disputent sans raison dans le stationnement!
-
Cela n’a aucun sens!
-
Il y a des fous partout de nos jours.
-
Nous ne pouvons même plus nous promener en sécurité dans les parcs!
Un couple de personnes âgées passe devant Peter et moi en nous dévisageant comme s’il y avait quelque chose d’anormal chez nous. C’est probablement parce qu’ils se demandent ce qu’un bel homme comme moi peut bien faire en compagnie d’une personne aussi ordinaire que Peter. Je suis habitué à ce genre de regard. Le regard qu’on les gens en nous regardant. Un mélange d’incertitude, de questionnement et de dégoût. Je continue à discuter avec Peter en marchant autour de l’étang. Une petite fille vient me voir. -
Excusez-moi monsieur, me dit-elle.
-
Oui ma petite? Qu’est-ce qu’il y a? Tu ne trouves plus ta maman?
-
Non. Je me demandais seulement vous parliez à qui.
Je regarde Peter intrigué. Il me regarde de la même façon. Nous ne sommes pas certains de bien comprendre la petite. -
Pardon? Je ne comprends pas ce que tu veux dire.
-
Vous parliez à qui? Je regardais les canards dans l’étang et je vous ai entendu parler, mais vous êtes seul…
La mère de la jeune fille arrive à la course et lui dit de ne pas parler aux étrangers. Elle s’excuse du dérangement que sa fille aurait pu me causer. Je les regarde s’éloigner et j’entends vaguement leur discussion. -
Mais maman le monsieur parlait à qui?
-
C’est Peter Williams. Il parle souvent tout seul. Ne t’approche plus de lui!
-
Ah c’est lui le…
Elles sont rendues trop loin. Je n’entends pas la fin de la phrase.
Je me demande pourquoi les gens croient que je suis Peter. Nous sommes si différents…
Il se fait tard. Après cette longue journée je retourne chez moi. On m’ouvre la porte. J’entre dans le long corridor aux carrelages noir et blanc. Les néons clignotent. Le corridor semblable interminable. Les murs de bétons sont froids. Les portes métalliques grincent. Les hommes et les femmes aux uniformes blancs y marchent occupés. Il y a des cris qui retentissent derrière les murs. Je n’aime pas cet endroit. Je n’aime pas où je vis. On me mène à ma chambre. On m’y enferme. «Bonne nuit patient 251».
L’évasion
Kunthi était un jeune homme de vingt ans, pensionnaire dans l’asile psychiatrique Yayasan Galuh située à Bekasi, en Indonésie. Il était résident de cette « prison », comme il la définissait, depuis l’âge de huit ans. En effet, suite à un malheureux incident, il fut jugé comme inapte à vivre en société et envoyé à Yayasan Galuh.
L’accident qui l’avait fait entrer dans cet asile s’était déroulé chez lui. Sa mère était en train de faire la cuisine. Elle coupait des carottes pour les ajouter à sa délicieuse soupe. Kunthi, à coté, l’aidait en lavant les patates qui allaient aussi se faire trancher. Soudain, sa mère poussa un cri de douleur : elle s’était entaillée profondément le doigt avec son long couteau affûté. En voyant la plaie et tout ce sang, il entra en sorte de transe. Sa vue commença à se brouiller et il fut pris de nausées. Tout à coup, il vit ou crut voir des scarabées sortir du doigt blessé de sa mère. Les insectes sortaient par dizaines de la plaie et se jetaient sur le pauvre petit Kunthi. Pris de panique et voulant à tout pris éloigner les parasites de son corps, il poussa violemment sa mère. Celle-ci, étonnée, perdit pied et s’écroula sur le sol. Par malchance, sa nuque heurta le comptoir. Lorsque les policiers arrivèrent sur les lieux, ils découvrirent Kunthi roulé en boule dans un coin, se tenant la tête à deux mains et sa mère, étendue sur le plancher dans une mare de sang. Il dut passer un bon nombre d’examens pour que les médecins découvrent qu’il avait des hallucinations en voyant une goutte de sang.
Le jeune homme se réveilla. Il était couché sur son lit crasseux dans sa cellule. Pour la première fois depuis qu’il croupissait ici, il était heureux. En effet, pendant son sommeil, il avait décidé qu’il allait s’évader. « Je suis écoeuré d’être dans ce trou. La nourriture est horrible, on prend notre douche avec un tuyau d’arrosoir et on se fait maltraiter », pensa Kunthi. « Je ne comprends pas pourquoi je suis encore dans cet asile de fous. Cela fait douze ans que je me fait soigner pour m’empêcher d’halluciner. Je dois être guéri. S’ils ne veulent pas me laisser partir, alors je partirai par mes propres moyens ».
Il avait conçu le plan parfait. Premièrement, il allait créer une escarmouche entre lui et un autre pensionnaire. Par la suite, on allait l’envoyer dans l'isoloir. Cet endroit est situé en dehors de l’établissement dans une cabane sans fenêtre. Là-bas, on enchaîne à une poutre le résident jugé dangereux et il ne voit personne pendant trois jours. De là, avec un objet tranchant, il allait couper la chaîne et avec deux morceaux de métal assez fins, il allait forcer la serrure. Enfin, il serait libre et on ne remarquerait son absence que trois jours plus tard.
Vers midi, on vint porter à Kunthi son repas. « C’est mon jour de chance! On mange du poulet.», pensa Kunthi. Il engloutit la volaille et garda un os qu’il jugea assez long. Après que le responsable vint reprendre le cabaret de nourriture, il passa à l’action. Pendant tout l’après-midi et toute la nuit, Kunthi lima patiemment son os à l’aide d’une pierre trouvée dans le fond de sa cellule. À l’aube, il avait créé une petite scie extrêmement coupante qui allait rompre la chaîne en un rien de temps.
Pendant qu’il déambulait dans les corridors, il vit soudain un vieux climatiseur en piteux état. Il eut une idée de génie. Il arracha deux petits morceaux de métal. De retour dans sa cellule, il repris sa roche à limer et commença sa longue besogne qui consistait à tailler les deux pièces pour qu’il puisse forcer la serrure. Après une journée de dur labeur, il était finalement prêt à mettre son plan à exécution.
Il sortit dans le couloir et chercha un pensionnaire qui pourrait être sa victime. Il en trouva un assis sur une chaise. Il s’approcha et sans prévenir, donna un coup de poing de toutes ses forces sur le visage tout maigre de son adversaire. Celui-ci tombât aussitôt au sol, inconscient à moitié. Tout de suite, un infirmier se jeta sur lui et le plaqua au sol. Kunthi se débattait de toutes ses forces en poussant des cris comme s’il était possédé. Un deuxième aide-soignant arriva avec une seringue pleine de morphine et l’administra au jeune homme. On le traîna en dehors de l’asile. Kunthi avait la tête qui tournait et ses pensées n’étaient pas vraiment cohérentes. On lui fit contourner le grand
bâtiment et on l’emmena dans le petit cabanon. Les infirmiers ouvrirent la porte et le jetèrent au sol. Aussitôt, ils enchaînèrent sa cheville à une immense poutre.
Lorsque les effets de la morphine se dissipèrent, Kunthi regarda autour de lui. La pièce était extrêmement sale. Le plancher en céramique blanc était recouvert d’une fine couche de poussière. Il n’y avait aucun meuble dans la pièce. Aussi, il faisait assez sombre, car il y avait seulement une petite ampoule en plein centre de la pièce pour éclairer. Kunthi se félicita pour ses talents d’acteur lors de la bataille et il sortit sa petite scie faite maison. Il examina la chaîne. Elle était faite de mailles assez petites. « Je ne devrais pas avoir trop de difficulté à la couper », se réjouit Kunthi. Il prit la chaîne de sa main gauche et avec l’autre, il commença à scier.
Au bout de quelques minutes, il dut se rendre à l’évidence, la chaîne était indestructible. « Je vais encore rester dans ce maudit trou à rats », se désespéra le jeune homme, «À moins que... ». Kunthi pris une grande respiration. Il venait de prendre la douloureuse décision qu’il allait se couper la jambe avec sa scie. Il était tellement déterminé à s’évader qu’il était prêt à se la sacrifier. Il enleva son chandail et le déchira en deux. Avec la première partie, il se noua le haut de la jambe où y était attaché la chaîne afin de couper la circulation. Avec l’autre morceau, il le roula en l’inséra dans sa bouche pour qu’il puisse mordre dedans et essayer de contrer la douleur.
Il débuta la douloureuse opération. Au premier coup de scie, sa peau se fissura et laissa apparaître une mince filet de sang. À sa vue, Kunthi commença à délirer. Sa vision se brouilla et il commença à être étourdi. Il s’encouragea: «Tiens bon Kunthi, tu seras bientôt libre!» Déterminé d’en finir au plus vite, il serra les dents et repris son opération.
Il avait les larmes aux yeux. La douleur était si intense qu’il frôlait l'évanouissement. Les yeux mi-clos, un peu désorienté, il décida d’accélérer le mouvement pour en avoir fini le plus rapidement possible. Il était rendu à son tibia. En poussant un cri de rage, il projeta sa jambe contre le mur.
N’ayant pas atteint son but, il recommença à frapper sa jambe contre le mur de béton. Il réussit finalement à briser l’os. Il poussa un cri de douleur en pleurant toutes les larmes de son corps. Pendant ce temps, il continuait à être désorienté. Finalement, la main tremblante, il ramassa sa scie plein de sang et finit de couper ce qui restait de sa jambe.
Il avait réussi! Sa jambe gisait à terre. Kunthi poussa un hurlement de joie. Il était libre! Il était heureux de pouvoir enfin retourner vivre normalement et aussi parce qu’il avait réussi cette dure épreuve. En reprenant ses esprits et en essuyant les larmes qu’il lui restait, il regarda sa jambe nouvellement coupée. Avec horreur, il découvrit qu’il avait sectionné la mauvaise.
Le passé Dominique Vallée
Toc Toc -Allez entrer. -Bonjour Madame, je vous remercie de me laisser dormir chez vous. -Attendez, je vais prendre votre manteau. -C’est une belle maison que vous avez là, madame? -Dufresne J'ôtai par la même occasion ma tuque et mes gants. Il va sans dire que le froid qui régnait à l’extérieur n’était pas très amical. Je pénétrai dans la maison de cette madame. L’ambiance me réchauffait et était accueillante. Je m’approchai et observai la salle de séjour. Il y avait plusieurs cadres et plusieurs plantes. -Voulez-vous prendre du café? J’imagine que le voyage à été long et éprouvant. -Avec plaisir -Alors qu’est-ce qui vous amène dans une maison comme ici perdue dans le nord. -En fait je travaillais dans une entreprise de pâtes et papier mais ils ont été obligés de couper un peu partout. Ils m’ont envoyés travailler ici. Tout en discutant, je remarquai déjà ses cheveux blond et ses yeux ridé par le temps. Je ne voulait pas lui demander son âge et encore moins dans sa maison. Je n’étais pas mieux placé pour parler d’ailleurs, j’avais déjà des cernes proéminentes autour des yeux et un corps frêle pour le métier que je faisais. Cette madame me rappelait d’ailleurs un peu ma femme dans un sens. Elle lui ressemblait en tout point mais en plus vieille, il va sans dire. Après une soirée intense de discussion sur la région nordique, je partis me coucher. -Où est ma chambre? -Elle est à l’étage, c’était celle de mes enfants. -Est-ce qu’ils vous voient encore? Tout en disant cela je voyais de légères larmes couler sur les joues de la vielle dame et préférais me
coucher que d’abuser de son hospitalité en discutant d’un sujet qui visiblement la blessait. Je passai plusieurs jours à mon nouveau travail sans évidemment oublier de contacter ma famille, restée en ville, jusqu'à mon retour. Je commençai à m’habituer aux gens autour de moi. Aujourd’hui pourtant je fus à la maison de la dame qui m’hébergeait et avec qui j'avais découvert quelques faits intéressants. Son nom de famille correspondait au mien, et en plus son visage me rappelait beaucoup le mien. -On rentre tôt aujourd’hui mon petit Gilbert. -Oui il m’ont coupé pour tout l’après-midi. -Voulez vous discuter un peu dans la cuisine? -D’accord, après tout quoi de mieux. En entrant dans la cuisine c’était comme si tout avait changé. Je redécouvrais toute la pièce. Il y avait un bordel incroyable. La table ronde au milieu de la pièce était maintenant dans un coin, le frigo normalement au fond de la petite pièce était maintenant tout près de la cuisinière. Je m’assis sur la petite chaise en bois et elle engagea la discussion. - Alors, Gilbert est-ce que ta famille te manque? - Oui bien sur mais on s’habitue vous savez. - Comment s’appelait votre femme déjà? - Josée - Est-ce que vous avez des enfants? - Oui trois un de deux ans et les deux autres de 6 ans chacun. Je la trouvai bien insistante pour des sujets aussi communs desquels nous avions déjà parlé. - Vous savez monsieur moi aussi j’ai eu des enfants. - Vont-ils bien? - Oui je peux vous l’assurer. Elle disait cela les yeux en l’air comme si elle cherchait à se souvenir en affichant un grand sourire. Toutes ces questions me faisaient un peu froid dans le dos et je la trouvais très insistante. Je tentai de me lever lorsqu’elle fit de même et me suivait en continuant de me poser des questions. J’allai me cacher dans ma chambre qui était plutôt la chambre d’un ses anciens enfants. J’en profitai pour regarder les photo sur les armoires auquel je n’avais jusqu'à présent que peu porté attention. On aurait presque dit mes enfants. Le lendemain matin en me réveillant il y avait une note sur le frigo
demandant de nettoyer la maison avant son retour. Je m’appliquai en cherchant une logique derrière tout ça. Lorsqu’elle revint me voir elle tenait des papier dans les mains. Peut-être était-ce à cause de mon retour chez moi dans environ une semaine. - Gilbert j’ai découvert quelque chose d’important. - Je vous écoute. - Quel est votre vrai nom? Martin Dufresne. - Comment savez vous? - Venez j’ai quelque chose à vous montrer avant que vous partiez. Elle m’amena devant un cadre et me montra un photo de ses enfants. Le lendemain j'appelai ma femme avant de partir. -Chéri j’ai deux nouvelles à t’annoncer: j’ai retrouvé ma mère. -Et la deuxième -Nous sommes jumeaux.
Réelle poursuite?
Je marchais vers la longue file. L'endroit était bondé de monde. Je regardai ma montre une bonne dizaine de fois avant d'être presqu'au comptoir. Les gens couraient dans toutes les directions. En faisant le focus à travers tous ces gens, je vis, assis sur un banc à ma droite, un homme qui me regardait fixement derrière son journal. Son air équivoque me rendait mal à l'aise. Je me surpris à sautiller d'impatience dans cette file stagnante. À ma gauche, je décelai une autre paire d’yeux dont j’étais la cible. Et puis une troisième très mal cachée derrière un poteau. Mon rythme cardiaque s’accélérait à chaque regard que je découvrais. Le trouillard que j’étais me fit me retirer de la file pour m’amener à la porte de l’édifice. Mon cœur me disait de ne pas me retourner, mais ma tête, qui cherchait rassurance, me fit balayer des yeux mes arrières. Les trois se hâtaient à me suivre. Ils s'arrêtèrent brusquement en voyant mes yeux effrayés, puis accélérèrent. Une poussée me fit sprinter hors du bâtiment. Devant la rue d’un vieil arrondissement, je pris la droite. Je courais vite, mais pas assez. Ils étaient sur mes talons. Pourquoi moi? Que me veulent-ils? Courir. Simplement s’enfuir, se cacher. Deux coins de rue après, j’arrivai à une impasse. Les trois hommes me bloquèrent la sortie. J’étais pris, fait à l’os. Qu’allait-il m’arriver? Le plus dantesque des trois s’approcha et me frappa au visage. Je tombai par terre, tout sens perdu. Je crus discerner qu’on m’enfila un sac sur la tête… Et le néant, suivi du réveil brutal qui nous ramène à la réalité. J’étais couvert de sueur et avais les muscles tendus. Je me levai du sofa et découvrit l’heure tardive à laquelle je m’étais réveillé. Aurais-je le temps d’aller chez Telus avant le travail? Je vais essayer. Ce fut peut-être la douche la plus rapide que je pris de ma petite vie laconique, mais mon changement de contrat de cellulaire pressait. Je mangeai en vitesse et quittai le petit appartement de mon oncle. L’avantage d’habiter au centre-ville était la proximité des services. Trois rues plus loin, j’entrai dans le magasin de Telus. Je me postai près de la lignée d’individus faisant la queue à la caisse, attendant qu’on me réponde. J’aimais le thème mignon d’animaux de cette boutique. Il y avait en face de moi une image magnifique : un guépard et son petit. Ils se tenaient debout à travers les longues herbes jaunes de la savane. Ils jouaient calmement portant leur sublime pelage tacheté. Le petit félin s'entraînait à se battre pendant que sa mère ne lui faisait aucune opposition. Il était debout, étiré, les deux pattes sur la tête de sa mère impassible. Ils étaient beaux à voir. Lorsque mon regard se détacha de l’image du mur, il se posa sur deux
hommes calmes. L’un d'eux me dévisageait. Il frappa du coude son compagnon de derrière et sembla me pointer, ou peut-être était-ce le garçon impatient à ma droite? Pour distraire mon imagination loufoque, je contemplai à nouveau l’image. Étonnement, j’avais chaud. Quand je me rendis compte que c’était bien moi qu’ils regardaient si intensément, ma température fit un bond impressionnant. Quelques gouttes de sueur perlèrent sur mon front. Du coin des yeux, je les surveillais avec angoisse. Chaque mouvement, je le verrais. L’un d’eux avança vers moi d’un pas franc, l’autre fit de même. Voilà, c’en était trop. Je conjecturais les horribles événements qui m’attendaient et décanillai en vitesse. Hors de la boutique, je courus en direction de mon arrêt d’autobus en souhaitant que l’une d’elle arrive juste au bon moment. Je vérifiai mes arrières, enfin, comme dans mon rêve, en souhaitant que j’aie divagué. J’y vis malheureusement deux hommes habillés de noir ainsi que les deux hommes qui m’avait fait décamper. Mon dieu! Encore?! Mais pourquoi? Bon. J’y retournerai une autre fois... Vite, se dépêcher, se mettre en sécurité! Courir. Aussi vite qu’un guépard, que les jolis guépards du magasin. Pitié, pas de cul-de-sac cette fois ci! Un premier coin de rue. Mais merde. Pourquoi suis-je si lent? Pourtant j’ai l’impression de voler, mais ils volent plus vite que moi. Non, non, non! Ils se rapprochent! Je les sens, je les entends! Un deuxième coin de rue. J'aperçus, au loin, une voiture de police tourner sur la rue. Ses gyrophares étaient allumés. Ah! J’étais sauvé! Je n’avais qu’à attirer leur attention. J’agitai les bras bien haut en leur direction tout en courant aussi vite que possible. La voiture s'arrêta violemment sur le côté de la rue tout près de moi. Enfin en sécurité. Les deux officiers sortirent rapidement du véhicule et claquèrent les portent. Ils couraient en ma direction! Le premier officier de police m’attrapa le bras et le tourna. Je fus obligé de m’agenouiller au sol et de m’y coucher. Que faisait-il? Mais il s’était trompé de personne! - Monsieur! Qu’ai-je fais? Ce n’est pas moi qu’il faut arrêter, c’est eux! Les quatre hommes qui me poursuivaient arrivèrent. Les deux en noir s’approchèrent tandis que les deux autres se retirèrent derrière. Le blond dit aux policiers de me fouiller. - Mais qu’ai-je fait? Pourquoi me fouiller? - Jeune homme, vous êtes accusé de vol, répondit durement le policier à la moustache.
- Nous vous avons vu sortir à la course du magasin! ajouta le blond. Je m’étirai la tête afin de voir mes interlocuteurs. Les deux hommes aux chandails noirs portaient un logo de Telus à gauche de la poitrine. - Fouillez-moi! Je n’ai rien volé! Je ne faisais que me sauver! Le policier moustachu fouilla toutes mes poches et mon sac. Il ne trouva rien appartenant à Telus. - Alors pourquoi vous sauviez vous? lança le deuxième officier. - Ce sont ces deux homme-là qui m’ont effrayé! Ils s’écartèrent et laissèrent place au deux hommes qui attendaient tout près. Ceux-ci s’avancèrent afin de mieux entendre la conversation. - Messieurs? Qui êtes-vous? - Je suis Justin Cartier et lui, c’est Anthony Gagnon. Nous sommes de vieux amis d’Antoine, enfin, de ce gars par terre, répondit le plus grand des deux. - Vous les connaissez, monsieur? me demanda l’officier moustachu. J’étudiai leur visage un après l’autre, et ça me revint. Cinquième année du primaire, classe de madame Julie. Je les avais perdus de vue après le primaire. Je commençai à avoir chaud de nouveau, mais ce n’était pas la même chaleur. Une chaleur concentrée dans les joues, cette rougeur de honte. Je me levai tranquillement, tout en continuant de regarder mes amis longtemps perdus. Je fis signe que oui, et leur souris. Ils avaient tellement changé, mais restaient toujours ces bons vieux Justin et Anthony.
Florence Rioux
http://voyage.ca.msn.com/diaporama.aspx?cp-documentid=255638209&page=2
VENGEANCE Par Loucas Tremblay-Cusson Il courrait comme jamais il n’avait couru, poursuivant sa proie. Sur les montagnes du Nord, à plus d’une centaine de mètres d’altitude, deux ombres se pourchassaient. Une tempête d’une violence rare secouait les pins et les sapins qui parsemaient ces montagnes. Le vent, intense et sans pitié, balayait tout sur son passage : autant il faisait plier les arbres qu’il secouait les quelques animaux qui étaient encore en activité à cet heure-là. Accompagnant ce vent soufflant, la pluie tombait à flots intense, créant des milliers de petits bruits quand ces petites gouttelettes tombaient sur le sol de pierre et de mousse qu’était l’environnement des montagnes. Une pluie qui n’aurait aucune incidence grave pour toute espèce de vie si elle n’était pas accompagnée par ce vent, le rendant encore plus glacial. Puis, finalement, pour compléter ce duo, des éclairs tombaient un peu partout sur les montagnes, qui étaient les monts les plus hauts à des lieux à la ronde. Les éclairs émettaient une lumière vive quand ils tombaient, carbonisant un arbre çà et là et créaient des trous béants dans la terre et dans le roc. De plus, le tonnerre grondait de manière puissante et sec, secouant la terre elle-même . Cette tempête était magistrale, comme si le ciel lui même se déchaînait contre sa volonté. Le poursuivant était un homme d’une taille d’environ un mètre soixante. Il portait un agencement de cuir, assemblés par du fer clouté, qui était constitué d’un pantalon fait de cuir clouté avec une léger fil de mailles qui descendait le long des cuisses et des tibias. Le haut du corps était lui entièrement constitué de peau d’ours qui était superposé sur du cuir bouilli qui était allongé de manière à former une capuche que l’homme avait mis sur sa tête. Il avait une carrure solide pour sa taille et avait des jambes musculeuses qui lui permettaient d’être capable de ne pas laisser son adversaire le semer. Ses cheveux dépassaient de sa capuche, créant le contraste entre ceux-ci, blonds, avec son habit brun. De la sueur sur son front se mêlait avec la pluie qui lui tombait le long du corps et sur les épaules. Le vent lui glaçait les os, combiné au fait qu’il était tout trempé. Les éclairs l’aveuglaient de temps à autre, lui faisant perdre peu à peu la piste de sa proie. Cette proie était un être à part. Certains disaient que c’était un animal sauvage. D’autre disaient que c’étaient un homme qui avait fait un pacte avec le diable pour résister à n’importe quel blessure, en échange de son âme et de tout ce qui le rendait humain. Quelques septiques diront que c’est un humanoïde avec un instinct de survie très puissant. Mais ceux qui ont vu sa fureur savent très bien que cette créature n’avait pas d’humanité. Il pillait les villes et villages depuis plusieurs siècles. Peu d’hommes avait pu survivre à un combat
contre elle et aucun ne pouvaient se vanter de l’avoir blesser. Certains l’appelaient Dent-de-mort, d’autres tout simplement la Bête. Les sages du Conseil, eux, l’appelaient autrement : le Rievak , soit Monstre du carnage en ancien langage. Il y a de cela quelques années, cette bête avait fait une descente dans une petite ferme isolée composée d’une famille de fermiers. Il avait pénétré dans la petite maisonnée, qui était alors en plein repas et avait commis un horrible carnage. Il avait arraché la tête de la petite fille de la famille, projetant ainsi un flot de sang sur la face de son père et sur les plats. Il avait ensuite tiré le corps de la fillette sur la mère et avait planté ses crocs dans le cou de son père. Ce carnage fit cinq victimes, mais aurait pu en faire une sixième si l’adolescent de la famille n’était pas partit au village pour prendre sa formation de prêtre auprès d’un sage du Conseil. Il revint le lendemain, découvrant le massacre : la tête de sa petite soeur sur la table ; son corps inerte à côté ; le corps de son père affalé sur sa chaise ; le corps de sa mère démembré et les corps de son grand frère et de sa grande soeur dévorés. Et le sang, du sang partout. Et l’odeur de la mort. Cet événement avait foudroyé l’adolescent. Sa mentalité avait changée : de l’innocence qui faisait preuve, il y avait laissé place à une très grande maturité : il était devenu un homme très renfermé sur lui même et avec un désir de vengeance inassouvie. Et cet ancien adolescent était présentement en train de courir après la cause de ses malheurs. Jeune adulte, il avait entendu, il y a trois jours, que la bête avait été aperçue à la frontière Nord du Royaume, se dirigeant vers les montagnes. Le jeune adulte avait sauté sur sa chance. Rassemblant son équipement de combattant, il était parti avec son armure, des vivres, son arbalète et son couteau de chasse. Après trois jours de traque, il l’avait repéré et il lui avait donné la traque. Le chasseur qu’était le Rievak était devenu sa proie. Sa proie pour sa vengeance. Fou de sa rage passé, l’homme courait à en perdre haleine : l’ombre qu’était la bête dans cette tempête était difficile à suivre. Sa vitesse et sa force physique surpassaient celle de l’humain, mais la volonté et la rage qui habitait son coeur et son esprit dupliquait ses forces et ses énergies. L’humain, en se concentrant pour poursuivre la bête, avait des émotions qui lui submergeât le corps. Sa haine envers celui qui avait tué sa famille créait une énergie flamboyante, brûlante et déchirante. Ensuite, il avait un profond sentiment de peur enfouie en dessous de sa rage, le sentiment que sa vie
allait peut-être s’achever dans les méandres ténébreuses qu’offrait la tempête. L’homme pensa : Et si je courrais droit à ma perte? Il oublia cette pensée aussi vite qu’elle était venu, refusant de supposer que la bête s’en sortirait vivante. Il s’arrêta, furibond. L’ombre qu’était la bête avait disparu. Il avait perdu sa trace. Il fulmina, jurant devant dieu pendant que la pluie incessante continuait à tomber sur ses épaules et sur sa capuche. Il ressentit pour la première fois la caresse du vent, froide et mortelle. Il entendit un mince bruissement à sa droite. Une seconde plus tard, la bête était sur lui. Il voulut se débattre furieusement, mais en n'eut pas l’occasion. Un éclair tomba en arrière de la bête, le projetant au loin et l’aveuglant de manière si soudaine. L’arbre qui se tenait il y a quelques secondes en bon état était maintenant au prise avec les flammes. Accoté à ses coudes, allongé par terre, il regardait l’arbre brûler. Et il vit une forme qui s’élançait par dessus lui, brûlante elle aussi. Il se retourna pour la voir s’enfuir et celle-ci, à quelques mètres de lui, se retourna et rugit d’une puissance tel que l’homme ne réagit pas, hébété et terrifié . Avec ce court laps de temps , il vit que le flan de la bête brûlait et que sa tête était sanglante. Elle se remit à courir vers l’orée des bois et disparu du champ de vision de l’homme. L’homme resta à terre, paralysé. Elle a probablement été blessé par l’éclair, se dit-il. Lui même était blessé : il avait mal aux côtes, le Rievak les ayant serré. Il reprit son arbalète qui avait tombée lors du court combat et hésita. Le regard que la bête lui avait lancé avait été presque humain. Elle lui avait donné un avertissement clair : part ou meurt. Est-ce que je veux vraiment mourir? Est-ce cela mon but en pourchassant cette bête? Il secoua la tête. Non, il était la pour se venger, pour venger tout ceux qui étaient mort à cause de cette créature monstrueuse. Il recommença à courir, mais le doute était désormais dans son esprit. Il était désormais sorti de la forêt, laissant le sol terreux et mousseux pour laisser place au roc des montagnes. Les arbres étaient pratiquement disparu, remplacé par les parois rocheuses et les quelques arbustes ici et là. La pluie tombait toujours avec la même intensité et le vent était toujours aussi puissant, faisant trembler l’homme pendant un instant. De plus, les éclairs tombait beaucoup plus souvent, éclatant la roche et ébranlant la terre. Il voyait la forme de la bête au loin, la voyant s'engouffrer dans une cavité où l’eau coulait à flots incessant, dirigé vers le fond de cette grotte naturel. L’humain eut un sursaut d’énergie, sachant que la bête ne pourrait probablement pas sortir à une autre place que le tunnel qu’elle venait de
prendre. Il marcha vers celle-ci et au bout de quelques minutes où le froid, la pluie et le tonnerre se déchaînaient sur lui, il arriva à cette entrée. Il entra dans le tunnel. Celui-ci était assez grand pour laisser passez deux hommes de large et permettre à ceux-ci d’avancer sans avoir à se replier. Pourtant, la couleur de la roche des parois de ce tunnel était d’une matière orange-cendré, avec des teintes de blanc ici et là. L’homme toucha à la parroi, puis eu une certaine inquiétude. Lisse. Trop lisse pour que cette caverne soit naturelle ou causée par l’érosion. Encore là, l’homme eut un mouvement d’hésitation avant de se décider à avancer. La noirceur du tunnel ne laissait pas voir de quel longueur celui-ci était, mais l’homme s’en foutait. Tirant son arbalète de sa ceinture, il encocha un carreau sur celle-ci et avança avec prudence. Ce n’est pas le moment de perdre ma vie après trois jours de traque, ce disait-il. Un pas en avant de l’autre, il marcha dans l’obscurité la plus totale avec pour seul bruit le clapotis que ses pieds causaient au contact de l’eau, se fiant à son ouïe pour repérer quelque danger que ce soit. Après quelques minutes de marche à l’aveugle, il entendit un hurlement, qu’il reconnut comme celui de la bête. Mais un hurlement différent de celui que le Rievak avait pousser peu avant. Un hurlement de...douleur? Il voulait bien croire que le Rievak avait été atteint par l’éclair et qu’il avait la fourrure en feu, mais il était reconnu pour guérir vite de ses blessures, et pour encore pour ne jamais avoir mal? Cela augmentait les soupçons de l’homme, qui croyait de plus en plus que quelque chose ne tournait pas rond. En premier lieu, la Bête aurait pu le tuer après que l’éclair soit tombé. Ça, il n’avait aucun doute. Avant, il se disait qu’elle voulait retourner dans sa tanière, mais maintenant... Ses cris de douleurs avaient changé la perspective des choses. Il pouvait toujours se tromper. Mais ces deux éléments le rendait presque certain de son hypothèse. Il poursuivit sa route avec encore plus de prudence, les cris de la bête s’étant apaisées. Le tunnel bifurqua, puis ouvra sur une salle plus massive, ronde et circulaire. La bête se tenait là, mais à côté d’elle se tenait un homme en tunique que le chasseur reconnut. Mais il ne comprit pas. Puis, passé son hébétement, après avoir vu que la bête était comme n’importe quel chien avec son maître, il comprit. Il comprit l’insistance de l’homme les années auparavant. Il comprit son insistance quand il lui avait fait son offre, son faux air désolé quand sa famille était morte, pourquoi il s'intéressait à lui, pourquoi il avait été ainsi.
Il comprit tout, et une énergie féroce et sauvage monta en lui. «VOUS! hurla-t-il à plein poumons d’une voix empreinte de colère. C’est vous qui êtes responsable de leurs MORTS!» Une rage énorme grandit en lui, le fait d’avoir été trahi, d’avoir été trompé pendant toute sa vie, sa fureur envers cet homme désormais plus énorme que celle contre le Rievak. L’homme qui se tenait devant lui était en habit blanc, une robe de prêtre et un lourd bouquin taché de sang. L’homme qui se tenait devant lui était le prêtre qui l’avait éduqué. Il rit à son nez. Il rit? Il rit devant moi? Il mourra de ma main, pour tout ceux ayant périt par sa faute! Il ne demanda pas d’informations supplémentaires. Il leva son arbalète chargé, l’eau coulant goutte par goutte le long de ses bras. Il visa la tête du prêtre qui avait encore son sourire sardonique et il semblait attendre le carreau avec impatience. Le temps semblait ralentir. La bête à ses côtés replia ses jambes, s’apprêtant à bondir, voyant que son maître courait un grave danger. Le prêtre se mit à rire. L’homme inspira. Puis il approcha son doigt de la détente. Puis tout se figea.
*** Dans un sous-sol obscur, un garçon d’environ dix ans était devant un hologramme. Il portait des lunettes noires énormes et il s’affairait devant celui-ci, lorsqu’une voix l'interrompit. « Marc, lâche l’ordinateur, il est temps que tu aille à l’école! -Mais maman, protesta l’enfant, je viens de commencer à jouer à Chasseur de Bêtes et de Démons! En plus, je suis presque en train de tuer ce satané prêtre! - Tu y rejoueras en revenant de l’école, répliqua sa mère. Allez, viens!» Le garçon fulmina, ferma l’hologramme, ôta ses lunettes et monta les escaliers. Il ferma la porte, laissant son histoire là où elle était...
CAUCHEMAR SUR NEW YORK Par Camille Pitre
Le soleil se levait à New York en ce beau mardi de septembre. Il était environ 6 h du matin et le soleil commençait à se montrer derrière les hauts édifices du centre-ville. Déjà, il prenait des couleurs magnifiques et plutôt inhabituelles pour un jour de septembre. Il était possible d’apercevoir un peu de jaune en passant par l’orangé et le rose, depuis les banlieues de New-York. Un petit brouillard flouait les couleurs pour en faire un beau mélange. Les travailleurs commençaient à se lever et en voyant ce paysage, prédirent une bonne journée. La ville qui ne dort jamais commença à ouvrir ses magasins, entreprises et bureaux où les nombreux travailleurs débutaient leur journée. Ensuite, ce fut au tour des touristes de commencer à arriver, aux environ de 8h, dans les endroits les plus touristiques tels que Central Park, Time Square, la Statue de la liberté et l’Empire State Building. Dès 8h30, la ville bourdonnait joyeusement. Contrairement à New-York, le centre de contrôle de Boston était dans un état de panique. Un message venait d’être envoyé rapportant que le Boeing 767 transportant 81 passagers en direction de Los Angeles, venait d’être détourné et faisait un rapide changement de direction vers l’est. Le gros avion avançait trop rapidement vers New-York. À 8h45, les New-Yorkais voyaient arriver au loin un avion qui était beaucoup trop bas et qui s’approchait dangereusement du centre-ville. Beaucoup se posèrent des questions, mais aucun ne pensait qu’une minute plus tard, le boeing frapperait de plein fouet une des tours les plus importantes de New-York: la Tour Nord du World Trade Center. Elle défonça la face nord de la première tour. L’avion et la tour prirent feu. Une épaisse fumée noire sortait du trou et se répandait partout dans la ville. Des gens mouraient chaque minute intoxiqués, brûlés ou en sautant d’une centaine d’étages du sol. Pendant ce temps, le vol 175 United Airlines, un Boeing 767 transportant 51 passagers, était détourné de sa destination de Los Angeles pour New York. À peine 18 minutes plus tard, le deuxième avion percuta la face sud de la Tour Sud du World Trade Center tuant instantanément au moins 300 personnes. Le carnage fut incroyable. La tour du nord ainsi que celle du sud s’effondraient
précisément à 9h58 ainsi qu’à 10h28, en emportant au total 2353 vies. L’atmosphère habituellement trépidante de la ville passa rapidement à la panique et l’horreur. Les passants hurlaient et s’enfuyaient, les enfants criaient et pleuraient, d’autres établissements s'effondraient, c’était l’affolement total. Depuis 8h40, des pompiers, policiers, ambulanciers et militaires venaient aider les blessés et les personnes bloquées dans les tours. Parmi les travailleurs prisonniers des tours, 200 ont préféré sauter au sol. Même si tous ces secouristes faisaient leur possible, il était difficile pour eux de soigner tous les blessés et de protéger le plus grand nombre de citoyens. C’est pourquoi ils demandèrent plusieurs dizaines de personnes pour leur venir en aide. De nouveaux renforts arrivèrent ensuite à chaque minute en provenance de 75 casernes et stations différentes. 400 intervenants perdirent la vie durant ces manoeuvres. Déjà, des images du premier attentat furent diffusées, alors que le deuxième était filmé en direct à travers le monde. Les familles pleuraient la mort d’un être cher à leurs yeux: un frère, une soeur, un mari, une femme, un papa, une maman ou même, deux parents. Pendant que tout le monde croyait que le carnage était fini, un troisième attentat éclata. Un Boeing 757, le vol 77 d’American Airlines, fit un changement de 330 degré et s’écrasa dans la partie Ouest du Pentagone. La crash tua 184 personnes, dont 125 civiles et militaires qui travaillaient dans le Pentagone. Suite au troisième attentat, la tension monta d’un cran. Y en aurait-il un autre, où serait-il, qui viserait-il et qu’arrivera-t-il? furent les questions que la population se posait. Les gens habitant en Pennsylvanie furent les premiers à avoir une réponse lorsque le Boeing 757 en provenance du New Jersey s’écrasa dans un champs. Malheureusement ce crash ne fit aucun survivant parmi les 40 personnes à bord. Puisque cet avion ne détruisit pas de bâtiment, les rumeurs commencèrent à circuler à propos d’un possible détournement. Effectivement, la Maison Blanche était la principale cible, mais certains membres de l’équipage furent capable de faire dévier l’avion et d'éviter une autre catastrophe. Plus le temps avançait, plus les craintes se propageaient. Ils vont revenir, disaient certains. D’autres croyaient que tout était fini. Tout le monde avait une opinion différente, mais la population, s’entendait sur une chose: Al-Qaïda était responsable, aucun doute possible. Oussama Ben Laden et son équipe de terroristes étaient derrière ces évènements tragiques. Ils ont enlevé des milliers de
vies et ont détruit pour des milliers de dollars en infrastructures. S’ils cherchaient la guerre, ils allaient l’avoir. Mais ils ne s’en tireraient pas comme ça, ils allaient le payer. Pendant ce temps, un homme très bien habillé, très bien coiffé et très bien payé regardait la télévision et voyait tous ces reportages sur les quatre attentats commis ce matin même. Il éprouvait en lui cette satisfaction d’avoir réussi, mais aussi, sans le démonter à personne, cette tristesse pour les familles dévastées. Il se leva et prit un énorme dossier avec lui, marcha quelques minutes et entra dans une pièce où un homme l’attendait. Il prit son souffle et déclara d’une voix forte et confiante: “ Mission accompli, M. Bush! ”
ROUGE MEURTRIER Par Samuel Beaudoin
- Vous dîtes que vous l’avez trouvé dans cette position ce matin en vous réveillant? dit une voix masculine.
- O-oui, une autre voix féminine répondit dans un sanglot, la nuit dernière nous revenions d’une sortie romantique au restaurant. Mon mari avait pris un verre de trop et nous nous rendâmes donc directement au lit après avoir pris chacun une douche. Aucun bruit cette nuit n’aurait pu me réveiller car vous savez l’effet que l’alcool a sur les humains. Je me suis réveillé ce matin en trouvant le lit vide, je me suis tout de suite inquiétée. J’ai appelé son nom dans toute la maison sans aucune réponse. Lorsque je suis arrivée dans le salon c’est là que je l’ai vu. (Silence) . J-Je ne savais pas quoi faire, j’ai vu le sang, ses yeux vides qui fixait le mur et … (sanglots) Je suis tombée à genoux, j’étais paralysé, plus aucun son ne voulait sortir de ma gorge... J-je suis désolé si je ne suis pas capable de fournir plus de détails. Après que j’eus retrouvé mes esprits, je me jetai sur le combiné. Vous savez la suite.
- Merci Mme. Stratford. Je vais examiner le corps, si vous le voulez, vous pouvez aller vous asseoir à la cuisine, un agent viendra vous tenir compagnie.
- Merci infiniment Agent Warbler, dit la femme.
- (à lui même) mmhh, quelle belle femme, elle est étonnamment resplendissante et bien maquillée pour un évènement pareil. Si je n’étais pas tant obnubilé par mon travail, je considérerais sérieusement à essayer de la connaître mieux. On ne peut rester célibataire toute sa vie. Et me revoilà, je pense encore trop aux femmes. Bon Dieu, elle vient de perdre son mari et moi je songe déjà l’inviter à sortir. Parfois je me décourage moi-même. Bon continuons l’enquête, espérons qu’elle me change les idées ...
Cet agent est Edward James Warbler, détective au Scotland Yard et très réputé à travers Londres. Il se trouve en ce moment sur le dossier d’un meurtre commis aux domiciles des Stratford. M. Stratford à été retrouvé assassiné ce matin par sa femme. La pauvre est secoué et ne sait plus où donner de la tête.
Warbler , après que Mme. Stratford fût reconduite dans une autre pièce, s’empressa de se pencher sur le corps. Visiblement, ce n’était pas la première enquête du détective et la vue d’un cadavre ne le troublait pas le moins du monde. Il commença par examiner la blessure de M. Stratford. Une profonde entaille, encore rouge de sang non coagulé. Il se fît la note mentale d’un meurtre récent. La blessure semblait à priori avoir été faite par un gros couteau de cuisine. Malheureusement, il avait déjà fouillé la maison de fond en comble et n’avait trouvé aucun indice permettant d’identifier l’arme du crime. Les seules indices indiquant qu’un délit avait été commis étaient les traces d’effraction et celles de batailles dans le salon. Ce qui voulait soit dire que 1: Le meurtrier était parti avec l’arme et s’était déjà probablement débarrassé d’elle ou 2: Il avait utilisé un autre type d’objet pour le tuer et l’entaille n’était qu’un bouc émissaire. Ce qui expliquerait les marques de strangulation et les traces de batailles. Décidément, le détective n’était pas sorti de l’auberge. Il avait même interrogé un médecin légiste présent sur la scène de crime plus tôt. Selon lui, il n’y avait aucune trace de poison ou d’autres forme de drogue dans l’organisme de la victime. Le meurtre remontait vraisemblablement à environ dix heures. S’il considérait qu’il était environ 9:00, cela situait le meurtre aux alentours d’environ 23:00 et minuit. Continuant son inspection, il vit les marques rouges sur le cou de la victime, trace évidente d’un étranglement. Il avait vérifié précédemment et aucune empreinte digitale n’avait été relevée sur le corps de la victime. L’enquêteur commençait à se sentir découragé. Si c’était vraiment un inconnu qui était entré par effraction et était tombé par hasard sur M. Stratford, il était probablement déjà loin et avec les indices qu’il possédait, l’enquête se terminera probablement en queue de poisson.
Poussant un soupir, il continua minutieusement son inspection.
Après une fouille complète du corps minutieuse, aucun autre indice n’avait été découvert.
- C’est vraiment ma chance, grommela-t-il. Je n’ai pratiquement aucun indice et nous ne sommes mêmes pas certains de l’ordre du crime.
Il regarda encore une dernière fois le visage du défunt. Ses yeux sans vie et vide, sa peau pâle et froide, les lèvres rouges écarlates, l’odeur rance qui caractérise les morts, l’...
- Attends, quoi? L’inspecteur regarda plus attentivement le visage de M. Stratford. Il avait en effet les lèvres d’un rouge éclatant. Étrange pour un mort, dit-il perplexe.
Comment avait-il fait pour passer à côté d’un tel indice! Son cerveau marchait maintenant à 100 miles à l’heure, assemblant tout les indices avec une précision presque effrayante. Soudainement, le casse-tête était complet. La force de l’impact que provoquait cette révélation faillit le faire chanceler. Secoué par ses dernières trouvailles, il se dirigea vers la cuisine.
- Mme Stratford ? appela-t-il.
- Oui inspecteur, que puis-je faire pour vous?
- Je vous demanderais de m’accompagner au poste de police. Vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre de votre mari Alexander James Stratford. Vous avez le droit de garder le silence.
- Quoi !? Vous m'arrêter sous quelle prétexte, quelle preuves avez-vous?
- Eh bien madame, j’ai le regret de vous annoncer que la trace de rouge à lèvres sur celles de votre mari, en tout point semblable à celui que vous portez en ce moment, prouve que vous étiez présente lors du meurtre et que votre version des faits ne corrobore pas.
- Vous verrez comment mon avocat me sortira de cette injustice, vociféra-t-elle. Je vous poursuivrai inspecteur, dit-t-elle alors qu’un autre agent lui menottait les mains et l’emmenait déjà dans la voiture.
- Je l’espère Mme. Stratford, je serai déçu que vous ne vous défendiez pas. Vous avez bien joué la comédie mais à la fin, le baiser mortel que vous avez donné à votre mari, il vient de vous le rendre d’outre-tombe.
L’HOMME MYSTÈRE Par Carol-Ann Durand-Coulombe
Infirmière depuis bien des années, on me demanda d’aller au front où mon frère et ma soeur servent depuis plus de deux ans afin de faire mon travail bénévolement pour quelque temps. Comme je ne les voyais que très rarement, j’acceptai avec plaisir alors je les accompagnais dans une mission humanitaire au Kenya, en Afrique de Sud. Je ne savais pas la raison de ma présence dans ce voyage avec eux, mais on m’a dit que je ne tarderais pas à le découvrir. Je crois qu’ils tentaient en fait de me faire cesser de poser la question. Le jour de mon arrivée, je partis explorer les alentours. Je fis une longue promenade, car j’aimais la sensation du vent frappant mes long cheveux bruns. Devant moi, un long dépotoir s’étendait jusqu’à perte de vue. Les femmes et les enfants tentaient de découvrir des petites merveilles qui pourraient par la suite constituer leurs repas. Quelques animaux étaient également présents, une chose qu’ils avaient tous en commun était un regard de détresse. C’est alors que je vis que le Kenya nécessitait vraiment plus d’aide que ce que l’on pouvait voir de l’extérieur, et je me surpris à me promettre de faire ma part. Le lendemain, on me réveilla afin de suivre les soldats et je découvris la véritable raison de ma présence ici. On m’expliqua que je me tenais à quelques mètres d’un très grand réseau de trafic d’enfants, et que lorsque les troupes fonceraient, je devais m’assurer que les enfants étaient en bonne santé et alors d’en faire ma priorité. J’étais terrifiée à l’idée de voir des gens devenus des amis au cours du voyage foncer tête baissée à travers un tel risque, mais je comprenais la raison pour laquelle il agissait ainsi. Pendant des jours et des jours, pendants que les troupes préparaient leur plan d’action, je tentais de m’équiper de tout matériel médical possible afin de pouvoir aider le plus d’enfants lorsque le temps serait venu. Je ne connaissais pas les épreuves et les blessures que ces enfants ont dû endurer. On vint alors me chercher pour m’expliquer le déroulement de ce qui se passerait le jour suivant. Les troupes partiraient en groupe de cinq à divers endroits placés stratégiquement autour du réseau. Ils
seraient tous armés. Le groupe d’infirmière et moi devront nous placer dans un véhicule dissimulé non loin de là. À partir de ce moment, je n’écoutais plus vraiment, je pensais seulement aux enfants qui allaient bientôt sortir de cet enfer. Le temps passa tellement vite que je me trouvais, en ce qui me sembla seulement quelques heures, dans le camion qu’on m’avait assigné. Je regardais autour de moi, toutes les femmes présentes étaient toutes aussi stressées que moi, mais toutes heureuses à la fois de pouvoir aider. On nous dit alors par radio que les premiers groupes s'avançaient vers le noyau de ce réseau. Puis, on entendit les coups de feu, les bruits sourds des grenades et des bombes lacrymogènes. Puis, la radio se fit entendre, quelqu’un criait à tous les soldats de se replier, qu’ils avaient été piégés à l’intérieur et qu’on les entouraient. Ils avaient réussi à libérer les enfants, mais ils n’avaient pu y sortir à temps. Comme je devais accomplir la tâche pour laquelle j’étais venue, malgré la peur qui m’habitait, je dus accourir vers les enfants. Ils étaient que partiellement blessés, quelques entailles et déshydratations, mais rien d’inquiétant. C’est alors que le bruit retentit, un bruit sourd, frissonant, qui remplit toute personne présente de terreur. Puis, des hélicoptères se mirent à décoller, des véhicules à s’enfuir et des gens à courir, les trafiquants d’enfants partaient. Soudainement, je regardai au loin, la place avait entièrement brulé, tout avait explosé. Les soldats pris au pièges se trouvaient par terre, pleins de sang, des membres se trouvaient sur mon chemin, mais je ne pouvais m’arrêter de courir, je devais les trouver, je devais les aider. Je m’arrêtai devant un corps, il était tellement brûlé qu’il ne pouvait même pas être identifié. J’entendis une voix qui disait de partir à la recherche des survivants. Malheureusement, ils ne furent pas nombreux. Nous trouvâmes quelques bras, jambes, corps mais aucun n’était complet, aucun ne serait identifié. C’est alors que je fus prise de panique, des membres de ma famille étaient venus avec moi dans cette aventure! Je criai leurs noms, mais ne reçus aucune réponse, alors je continuai ma quête espérant les trouver. Même s’ils ne seraient pas vivants, avoir leur corps, savoir qu’ils ont été trouvés m’apporterait un grand réconfort. C’est alors que je vis au loin des gens crier, ils avaient trouvé des survivants! Je courus dans leurs directions et tentait de reconnaître leurs visages, six étaient identifiables et partiellement blessés, quelques brûlures dues à l’explosion, mais ils s’en sortiraient. Je les suivis jusqu’au point le plus éloigné pour être sécuritaire et commençai à les examiner, et je
procédai à leurs remises en forme. Ils furent chanceux puisque le cas le plus graves de ce groupe fut une brûlure au 3e degré sur l’avant bras gauche. Je me retournai et perçus ma soeur au loin, elle était vivante. J’accourus vers elle, et elle m’expliqua qu’elle avait reçu l’alerte avant que son groupe puisse s’avancer vers l’intérieur du réseau. Nous sommes parties à la recherche de dépouilles pour apporter du réconfort aux familles des victimes. Quelques heures de recherche plus tard, je découvris le médaillon de mon frère, il était entre quelques membres, recouvert par ce qui me semblais des cendres, il était fondu par partie mais assez visible pour voir son nom, je crus alors que mon monde s’effondrait, mon frère était mort. Je ne pouvais pas continuer, je devais retourner à notre lieu de séjour, je devais respirer. Je partis avec le groupe de ma soeur qui retournait à la base. Nous étions en pleurs. Tout de suite arrivée, je partis me coucher, j’avais besoin de me reposer, de vider ma tête. Le lendemain, je n’avais pas de choix, je devais accomplir la raison de ma présence ici. Je partis m’occuper des survivants pendant que le reste des troupes ramenait les enfants chez eux et tentait de joindre les familles des victimes. Aussitôt que je fus entrée, on me donna la liste des patients dont je devais m’occuper. Certains avaient continué à rechercher des survivants pendant la nuit, et ces rescapés seraient mes patients. Je décidai de vider ma tête de ma peine et essayer d’éviter la peine aux autres familles. Je consultai ceux-ci un après l’autre en commençant par une visite et une simple évaluation. Un cas très spécial attira particulièrement mon attention. Son corps était entièrement sauf, la seule partie touchée était son visage. Celui-ci était entièrement brulé et d’autres infirmières l’avaient soigné et recouvert d’un bandage sur tout le visage. Ma tâche était de m’assurer qu’il allait se remettre en bon état. Jour après jour, je fus surprise de constater qu’il ne recevait aucune visite, je décidai alors lors de passer du temps avec lui. Il était amnésique et donc ne se souvenait pas de beaucoup de chose, mais il savait rire et écouter, et c’est tout ce dont j’avais besoin. Il fus d’une grande aide pour passer par dessus la mort de mon frère. Son traitement ne durait que 19 jours alors je savais que son départ approchait et pour être franche, cela m'inquiétait car je savais qu’il allait me manquer. Le jour du départ arriva, je lui mis le miroir dans les mains, il était tout excité de voir son visage. Il avait envie de partir et de découvrir qu’ il était vraiment. Je commençai à dérouler le bandage. Je n’avais pas vraiment envie de le faire, j’avais envie de lui
demander de rester. Mais ce n’étais pas mon travail. J’étais ici pour l’aider, et ce qui l’aiderait était de partir retrouver les gens qui l’aimaient. C’est alors que je le vis. C’était le visage de mon frère!
Fin!
TRAHISON FATALE Par Étienne Godin
— C’est confirmé, le boss a été arrêté, dit Carlos.
Vito n’osait le croire. Après l’arrestation de plusieurs associés, c’était à présent au tour de Luciano lui-même d’être victime d’une arrestation. Il venait à l’instant de réaliser la véritable ampleur de la nouvelle pour son avenir. Vito sortit de la pâtisserie artisanale de Allen street qui se situait dans un petit quartier abritant la majorité des immigrants de la grande ville de New-York. Il prit un dédale d’allées sombres où régnait une odeur d’humidité et de moisi. Il déboucha finalement dans une rue plus éclairée et passante. Il aimait bien l’atmosphère qui se dégageait de cette rue en cet automne tardif. Les arbres se balançaient au gré du vent et les nuages avançaient paisiblement dans le ciel gris. Les façades en briques des maisons lui rappelaient des souvenirs de sa douce enfance avant d’arriver aux États-Unis. Les passants joyeux lui souriaient et les enfants gambadaient dans leurs jeux innocents. Il prit sur la gauche et monta les escaliers. Le cimetière ne ruinait en rien l’ambiance, mais apportait plutôt une touche de réalisme à la scène qui s’offrait à lui. Il franchit l’allée centrale et s’arrêta devant une tombe tout à fait ordinaire et qui ressemblait à toutes les autres tombes autour d’elle. Banales, modestes et écaillées en majorité, elles ne représentaient en rien les vies excitantes de ceux et celles dont elles gardaient le repos éternel. Il prit un moment pour se recueillir et apprécier les courtes minutes de liberté qu’il lui restait. Vito savait pertinemment que la police fédérale le suivait depuis un moment déjà et il n’avait pas manqué de remarquer le véhicule qui l’accompagnait depuis qu’il était sorti de la pâtisserie familiale. Il ne se défendit même pas et son arrestation ne dura que quelques minutes.
Vito Genovese fut emmené par ses gardes dans une petite pièce éloignée du centre de détention primaire. Il se préparait mentalement à ce qu’il allait devoir faire dans quelques instants. Ce qui lui
semblait plus tôt une partie de plaisir devenait maintenant un véritable défi. Il avait passé les deux derniers jours dans le confort de sa cellule. Il bénéficiait d’une cellule pour les personnalités importantes. Il était très flatté de cette attention qui ne faisait que gonfler son estime personnelle déjà immense. Il avait alors appris par ses gardes que le FBI avait dû arracher son inspecteur en chef d’une importante affaire de prohibition à Chicago pour qu’il règle son cas, qui aux yeux des enquêteurs, semblait être prioritaire aux magouilleurs de la ville des vents. Assis sur une petite chaise de bois inconfortable, il sentait l’air humide et glacial d’une froide nuit d’automne percer ses vêtements. Un homme fit irruption dans la pièce défraîchie et devant le spectacle que lui offrait l’homme menotté sur la chaise, il se rappela à quel point il aimait son métier. L’inspecteur Tom Sawyer était dans la quarantaine avancée, ses cheveux, autrefois d’un noir de jais, capitulaient déjà devant l’état avancé de sa calvitie. On pouvait voir dans ses yeux la confiance et l’expérience. Son visage semblait avoir été sculpté dans la roche tout comme sa carrure digne d’un athlète de haut calibre.
— Salut, Sawyer, dit Vito.
— Salut Genovese, tu parles d’une bonne surprise. Je vais t’avouer que je ne les ai pas crus quand qu’ils m’ont dis qu’ils t'avaient eu toi aussi. Tu n’aurais pas dû être négligent et te montrer ainsi en public parce que maintenant c’est la fin de ton petit jeu.
— Tu ne penses quand même pas mon arrestation n’était pas volontaire.
— Arrête ton manège. Rien ne te sert de m’impressionner ici, tu es à moi et je compte bien avoir toutes les réponses à mes questions en quittant cette prison où, je tiens à te le souligner, tu moisiras pour un sacré bail.
— Vraiment c’est trop gentil de ta part. Commençons alors.
— De quelle organisation fais-tu précisément partie et qui est le patron de cette entreprise ?
— Je fais partie de la plus importante famille des cinq familles criminelles de cette ville. La famille Luciano est la principale importatrice de narcotiques de la ville et aussi la plus importante revendeuse de drogue sur le marché noir. C’était mon rôle en tant que soldat de m’assurer du bon déroulement des activités de ce marché risqué.
— Tu admets donc avoir participé directement dans plusieurs actions criminelles.
— Oui, c’est exact.
— C’est drôle, il n’y a pas une semaine j’ai arrêté un Italien comme toi qui m’a raconté le même discours mot pour mot.
— Ah oui ? C’est étrange, dit Vito avec un petit ricanement.
— J’en ai assez pour le moment. Mon voyage a été long et même un inspecteur aussi brillant que moi dois se reposer.
— Je n’en doute pas, être un génie tel que toi doit être épuisant à la longue.
— Tu as tout compris. On poursuivra le petit exercice demain. Pour l’instant, tu passeras la nuit avec ton congénère. Tu dois le connaître c’est un certain Joseph Valachi.
— Ouais sa me dit vaguement quelque chose.
— Bon et bien parfait.
Prenant un chemin différent, les gardes l'emmenèrent dans une toute petite cellule encore plus éloignée et miteuse que la sienne. L’eau coulait du plafond et la moisissure était omniprésente sur les quatre murs. Son occupant était tout aussi pathétique à voir. Il avait les cheveux graisseux, le regard fuyant et des poches sous les yeux. Il n’avait sûrement pas dû dormir énormément ces derniers jours. Les gardes partis, Vito se concentra sur ce qu’il avait maintenant à faire. Il devait retirer les pommes pourries du panier pour protéger les autres. Il n’échangea pas un seul mot avec Joseph qui ne semblait pas vouloir converser. Celui-ci réalisa la raison de sa présence lorsque Vito vient lui baiser la joue. Sa lassitude se transforma aussitôt en panique. Le coup partit, déchirant le silence environnant. Joseph s’affala sur le sol inerte. Les gardes corrompus de Vito vinrent immédiatement chercher le corps du défunt pour s’en débarrasser. L’arme avait été un jeu d’enfant à se procurer. Les gardes, très coopératifs à la vù des billets verts avaient fait un excellent travail et lui avait procuré un Lupara, l’arme de prédilection des mafiosi italiens de son calibre. De plus, selon une vieille coutume sicilienne, on devait tuer un homme avec cette arme s’il avait trahi sa famille. Vito était un homme de traditions et comptait bien rendre hommage à ses origines. Valachi avait trahi l’Omertà. En donnant des informations capitales, il avait fait arrêter Luciano, le parrain de sa propre famille et d’autres membres importants. Joseph était appelé à comparaître devant le Sénat américain pour qu’il révèle plus d’informations sur la Cosa Nostra. C’était l’empire criminel new-yorkais au grand complet qui risquait de s’effondrer si personne n’intervenait. Vito, ravi de son geste, s’alluma une cigarette et fêta silencieusement sa victoire. Son but était finalement atteint. La famille Luciano était à présent la famille Genovese. Il avait joué le tout pour le tout. En mettant en jeu toute la mafia new-yorkaise, il avait fait un pari avec le diable. S’il échouait s’en était fini pour tous le monde. Il avait lui-même ordonné à Valachi d’aller dénoncer son parrain et ses rivaux à la police pour que les autorités les arrêtent et les jettent en prison. Toute concurrence écartée, il ne lui restait que Valachi à éliminer et c’est ici que son intelligence et son audace faisaient leurs preuves. Il s’était lui-même livré à la police pour pouvoir tuer de ses propres mains l’infâme Valachi qui avait
osé trahir l’omertà. De ce fait, il reviendrait en héros dans sa communauté et en retirait tous les éloges. Il serait perçu comme étant le sauveur de la Cosa Nostra et il deviendrait le plus puissant parrain que cette ville n’ait jamais connue. C’était le pari de sa vie, mais le risque avait rapporté ses fruits. Il était en extase devant son génie personnel. L’extase fut de courte durée. Le personnel de la prison, alarmé par le coup, s’était empressé d’entourer la section où se trouvait Vito pour le maîtriser. Vito entendit les gardiens arriver armés jusqu’aux dents prêt à l’abattre. Pris de panique il empoigna le Lupara et se suicida. Homme de coutume de façon définitive, Vito avait perpétué la tradition en éliminant celui qui avait trahi la famille, et ce même s’il s’agissait de lui.
L’OMBRE Par Laurent Gilbert D’origine écossaise, Axel était installé à Paris, dans le quartier Montparnasse, avec sa famille depuis deux ou trois années. À 24 ans, il était étrangement grand par rapport au reste de sa famille, environ six pieds, cheveux moyennement longs (un peu en haut des épaules) roux foncé, proche du brun, petite barbichette sous le menton, bref tout pour le confondre avec un Irlandais. Il avait les traits du visage assez prononcés, on pouvait dire qu’il était beau, mais ça pouvait varier tout dépendant de l’opinion des gens. Malgré ses longs cheveux un peu épars, il avait l’air d’un gentleman, il avait de la classe. Il avait encore de la difficulté à bien maitriser le français. Parlant avec un très fort accent indéterminable. Par contre, il réussissait toujours à se faire comprendre. Les gens l’adoraient. Son père, toujours parti à l’étranger pour le travail, n’était pas vraiment là pour lui. Par contre sa mère, elle, ne le quittait jamais. Il était un peu embêté par ce comportement, car il voulait bientôt emménager avec sa fiancée, mais il se disait que c’était mieux que de n’avoir personne. Chaque jour, que ce soit en été quand il revenait de son travail ou en hiver quand il revenait de l’université, il passait par la gare Montparnasse. Cette magnifique gare en béton. Il l’aimait, car à chaque fois qu'il y passait il voyait quelqu'un ou quelque chose de nouveau. Il passait toujours du temps avec sa fiancée au café du coin. C'était le seul endroit, avec l’appartement de sa dulcinée, où ils pouvaient être seuls. Bref, on pouvait dire qu'il était heureux dans sa vie. Il passait plusieurs heures avec sa fiancée cherchant un appartement pour y emménager. Trois et 1/2, quatre et 1/2, cinq et 1/2, ils n'arrivaient pas à decider. Finalement, après deux semaines de recherche, ils avaient trouvé leur appartement parfait; quatre et 1/2 deuxième étage d'une maison traditionnelle française, à environ 15 minutes a pied de la gare Montparnasse, moderne et en même temps champêtre, bref tout ce qu'un jeune couple pouvait espérer. L'ancien propriétaire leur vendit assez rapidement, ce que Axel trouvait un peu bizarre. La dernière parole de ce mystérieux propriétaire fut: '' Ne vous fier pas aux apparences.'' Axel, étant assez fier, essaya de cacher sa peur. Sa fiancée le convainquit qu'il ne fallait pas s'en faire. Lors de l'été, un an après avoir aménagé dans leur nouvel appartement, Axel passait à chaque jour devant une petite ruelle à deux blocs de son appartement pour aller travailler. Elle n'avait rien de spécial sauf pour un homme qui était toujours assis dans l'ombre environ à la moitié de la ruelle. Il portait de jeans et des bottes de travailleur. Sa description s'arrêtait là, car il était à moitié caché dans l'ombre. Chaque matin, Axel le saluait en passant sans vraiment porter attention s'il avait une réponse ou pas. Cela dura deux mois. C'était rendu une habitude de saluer cet homme, il le faisait
sans s'en rendre compte. Un jour, l'homme n'était plus là. Axel, un peu déconcerté car ça brisait son habitude continua son chemin vers son travail. Mais le lendemain ce dernier était bel et bien à son poste. Axel décida d'aller le voir pour lui parler un peu, sur un coup de tête. En marchant vers l'homme une idée passa dans sa tête: si l'homme était un tueur? Avec tous les films d'horreur qu'il avait vus les derniers jours il se donnait des idées. En même temps il se disait: ''Voyons Axel tu t'en fais trop pour rien.'' Mais l'idée du tuer lui restait toujours dans le derrière de la tête. Plus il y pensait plus il était craintif. Il n'avait jamais pensé à ça au début; un homme mystérieux, qui ne parle jamais, assis dans une ruelle dans l'ombre. Peut-être était-ce une stratégie pour attirer ses proies et les tuer. Il eut soudainement un ''flashback'' où il voyait sa vie défiler devant lui, comme dans les films. Il commençait vraiment à avoir peur de cet homme. Trop tard il était rendu devant lui. Même à un mètre de celui-ci on ne pouvait voir son visage. Axel remarqua que soudainement il faisait plus sombre. Il prit son courage à deux mains et s’adressa à l’homme: “Bonjour monsieur, je passe ici à chaque matin et je vous dis salut a chaque matin, j’aimerai juste connaitre votre nom.” Il n’avait pas de réponse. Un peu fâché par la réaction de l’homme, Axel reposa la question. Toujours rien. Au bout d’un moment, Axel s’embêta et brassa un peu l'épaule de l’homme. Peut-être dormait-il. L’homme tomba de la chaise et Axel vit le trou de balle qu’il avait entre les deux yeux. Il était mort.
OSER Par Carol-Ann Fiset Épuisé, les yeux à moitié ouverts, je regarde le cadran qui indique 8 h 30. Normalement, je ne suis jamais debout à cette heure sauf si on m’y oblige. Ce matin, j’aurais très bien pu rester dans mon lit douillet. De plus, je n’ai pratiquement pas dormi, mon sommeil était tourmenté par son visage angélique. Je n’arrive pas à me le sortir de la tête. Titubant, je me dirige vers le miroir. Mon reflet me fait presque peur, on ne dirait pas que c’est moi, je ne me reconnais pas. Les cheveux tout ébouriffés, des gros cernes sous les yeux, le teint pâle, les yeux bouffis... Eh oui! C’est moi, Thomas. Aujourd'hui, je vais déclarer mon amour à celle qui hante mes nuits, depuis trop longtemps. Je ne suis ni trop beau, ni trop moche. Je suis une grande perche de 6 pieds, aux cheveux châtains ondulés et à la barbe naissante. J’ai un petit accent du Saguenay. Généralement, dans la vie je n’ai pas beaucoup confiance en moi. Je suis le genre de mec qu’on croise dans les corridors et à qui on ne porte pas attention. Je suis coincé; les filles me terrorisent. Lorsqu’on est timide, on attend souvent que ça soit l’autre qui fasse les premiers pas. Dans mon cas, ce n’est jamais arrivé. À cause de ma timidité, je n’ai jamais eu le courage de lui avouer ce que je ressentais pour elle depuis le début du secondaire. J’ai donc décidé de prendre les choses en main, j’espère que ma peur va s’estomper. J’ai toujours été conscient qu’on ne pouvait pas contrôler notre amour envers quelqu’un. Habituellement, avec le temps il s'atténue et ce foutu sentiment finit par disparaître. Le seul problème dans tout ça c’est que je pense à elle tous les jours. Je me souviens, comme si c’était hier, de la première fois que je l’ai aperçue. C’était la rentrée scolaire. En allant à mon premier cours, je me suis complètement trompé de local et en retournant sur mes pas je l’ai vue au loin. La cloche venait de sonner et, comme moi, j’ai su qu’elle s’était perdue dans cette immense école, car elle courait. Ses cheveux bruns tressés lui arrivaient au milieu du dos et elle portait un jeans taille haute avec un chandail en laine. Ses yeux étaient d’un bleu pétillant et elle était rayonnante. Je lui lançai un sourire amical et elle me rendit un de ses sourires craquants. Elle était très mignonne. En passant près de moi, je sentis son parfum fruité, sucré. Elle me dit en riant : « Toi aussi, tu t’es perdu? ». Je regardai autour de moi et finis par lui répondre par l'affirmatif, en hochant la tête, trop stupéfait
qu’elle puisse me parler à moi. Nous décidâmes d’aller trouver quelqu’un qui puisse nous indiquer notre chemin et en marchant j’en appris un peu plus sur elle. J’étais un peu mal à l’aise et je sentis mes joues rougir. Elle m’intimidait plus que n’importe quelles filles. Elle s’appelait Camille et elle habitait tout près du cimetière, à quelques rues de chez moi. Nous ne pûmes continuer la conversation bien longtemps, car un professeur nous dirigea vers nos locaux respectifs. Durant tout mon premier cours, je ne cessai de penser à elle. Le reste de la journée, je ne la croisai pas de nouveau. Une fois rentré à la maison, j’appréhendai la journée du lendemain, car nous avions deux cours ensemble. Nous sommes vite devenus amis, car c'était une personne très sociable qui débordait de joie de vivre. Cependant, de mon coté je sentais que j’étais maladroit et je perdais mes moyens. Lorsque nous étions ensemble, j’avais les mains moites et mon coeur battait à toute allure. Je faisais souvent exprès de passer près de son casier seulement pour la croiser. J’usais de quelques tactiques pour être en sa compagnie le plus souvent possible. Lorsque nous étions ensemble, je voulais être intéressant et je finissais par dire un tas de banalités. Je savais que parfois je pouvais me montrer froid avec elle, et je ne la regardais jamais dans les yeux, un autre signe de ma timidité. Je crois que c'était le coup de foudre. Pour moi seulement, car elle n’en sut jamais rien. Bon, assez de me rappeler ces souvenirs dévastateurs, je m’habille en vitesse, prends une tranche de pain en sortant et pars chez le fleuriste. Lorsque j’irai la voir, je lui offrirai des fleurs. L’immense bouquet que je choisis est composé de diverses sortes de fleurs où domine un tournesol qui rayonne comme son sourire rayonnait. Il sentait le printemps. Les fleurs étaient colorées et j’ai choisi ces couleurs-là, car elle aimait beaucoup les couleurs de l'arc-en-ciel. Les fleurs roses me rappelaient ses lèvres. Les pétales étaient délicats et doux tout comme elle. Je sors du magasin, prends mon courage à deux mains et d’un pas assuré je me dirige vers chez elle. Un moment plus tard, je m’installe à ses cotés, fleurs à la main et lui dis les mots que je n’avais jamais su dire. Ce fut un moment libérateur. Après toutes ces années, elle savait. Par contre, jamais je n’eus de réponse. J’avais trop tardé. Je déposai les fleurs sur sa pierre tombale et quittai le cimetière.
IMPRÉVU FATAL Par Ludovic Martin Robert Girard est un homme avec des études supérieures en génie mécanique et travaillant dans une entreprise de construction de bâtiments. L’entreprise dans laquelle il travaille a participé en partie à la construction de la prison de Starke en Floride. Son frère est accusé du meurtre du frère de la vice-présidente et il est condamné à mort. En attendant sa mise à mort, il est enfermé dans la prison de Starke en Floride. Cependant, le meurtre pour lequel il est accusé est un crime organisé puisque Patrice n’a tué personne. C’est pour cette raison que Robert veut sortir son frère, Patrice, de cette prison avant qu’il ne soit exécuté. Pour réussir, il a préparé un plan incroyable et sans aucune erreur ou oubli. La première partie de son plan est de se faire tatouer tout le haut du corps. Ensuite, Girard se rend dans une banque armée de deux pistolets et il demande à la caissière de lui donner l’argent. Tout le monde se couche par terre et personne n'ose bouger lorsqu’ils voient qu’il est armé. Il arrive alors à la prison de Starke. Les gardiens le conduisent à sa cellule. En entrant, il voit deux lits superposés du coté gauche de la cellule. Dans le fond de la pièce, il y a un petit lavabo avec une petite toilette en acier inoxydable. Cette petite toilette est très à découvert, ce qui veut dire que tout le monde voit lorsqu’il a les culottes baissées. Bref, c’est une cellule comme toutes les autres. Lors de ses premiers jours dans la prison, il se tient tranquille pour obtenir la confiance des gardiens et du directeur. Pendant ce temps, il entame son projet d’évasion en récoltant les objets nécessaires au commencement. Tous ses mouvements sont calculés. Il ne fait rien qui pourrait éveiller des soupçons. Il doit d’abord trouver une vis dans la cour qui a la forme parfaite pour dévisser les vis qui tiennent la toilette de la cellule au mur. Cette vis se trouve vissée après l’une des estrades qui se trouvent dans la cour. Lorsqu’il aura trouvé cette vis et qu’il aura enlevé celles qui se trouvent sur la toilette, il pourra commencer à défoncer le mur qui se trouve en arrière de celle-ci. Le mur défoncé, il peut commencer à explorer la prison en suivant les chemins de l’établissement tatoués sur son corps. En fait, il n’explore pas vraiment puisqu’il sait exactement où aller, il est certain de ses plans. Il se retrouve alors dans une salle abandonnée où il doit défoncer un des murs de la pièce. Pour défoncer ce mur, Robert doit laisser des marques à des endroits spécifiques pour faciliter l’opération. Avec cela, le mur sera affaibli et ce sera très facile de terminer la tâche. Les conduits d’égout se trouvent de l’autre côté de cette masse de béton. Pour sortir de cette prison, il doit absolument passer par l’infirmerie puisque c’est là que se trouve le câble qui leur permet de passer par-dessus les barricades de cet établissement de haute sécurité. La seule façon d’accéder à l’infirmerie est de passer par les égouts. Durant sa troisième sortie de cellule, il parvient à percer le
mur et il peut accéder aux égouts. Il se rend alors dans une salle avec plein de produits chimiques quelconques. Cette salle est en fait juste en dessous de celle de l’infirmerie. Elle contient plusieurs étagères, qui elles sont remplies de n’importe quoi. Pour accéder à l’étage du dessus, il doit creuser le plafond afin d’avoir un petit trou, mais juste assez gros pour que celui-ci puisse passer. Robert est une personne de grande taille avec les épaules quand même assez larges, ce qui veut dire que le trou sera d’une taille moyenne. Pour ce qui est de Patrice, Girard avait pensé à tout. Il lui avait dit de se blesser sur un mur afin de se faire transférer à l’infirmerie et ainsi être à coté de l’endroit où Girard arriverait. Robert lui avait aussi fourni un petit médicament pour avoir l’air de souffrir. Ils pourraient ensuite sortir ensemble. C’est le grand soir, Robert profite de l’heure de liberté que tous les détenus ont hors de leur cellule pour s’échapper par le chemin habituel. Il arrive alors dans les conduits d’égout et il marche jusqu’à ce qu’il arrive dans un grand espace. C’est là que l’on accumule les égouts. Il avait lui-même installé une corde lors de ses nombreuses expéditions afin de pouvoir remonter dans la salle des produits chimiques. Il grimpe alors en haut à l’aide de la corde et entre finalement dans la salle aux produits chimiques. Aussitôt, il entend les gémissements de son frère encore sous les effets du médicament sur l’étage du dessus. Il sent une immense vague de satisfaction monter en lui. Il se dirige vers l’endroit où il a creusé le plafond. Tout en marchant, il pense à quel point il est fier de ses accomplissements et que son plan se soit si bien déroulé. Il arrive et regarde au plafond. Il est alors surpris et manque de tomber par ce qu’il voit. Le trou qu’il avait fait a été réparé!
LES RIVES Dave-Alexandre Grant
En 1960, dans un village au nord du Québec, des marchands (ou bien des gens sortants des bars) clament avoir vu les statues bouger seules pendant la nuit. Ces statues sont au bord de l’océan pacifique et sont censées protéger des malheurs. Les statues sont érigées sur des piquets. Elles ressemblent à trois enfants hauts de un mètre jouant à grimper aux arbres. Les statues sont sombres et peu de gens vont près d’elles. Elles sont placées entre des roches afin qu’elles tiennent debout. Ces êtres de marbre ont des filets fixés au sommet de leur piquet. Tout autour, il y a des roches. Pour les atteindre, il est nécessaire d’avoir un bateau ou de nager puisqu’elles sont à environ sept mètres de la rive. Malgré leurs origines protectrices, les statues effraient plusieurs personnes. Certains, comme dit précédemment, disent les voir bouger la nuit. Cependant, Fums, un habitant de la place, n’en croit rien. Il affirme que les statues n’ont pas bougé depuis plusieurs siècles. Fums est un homme de dix-sept ans et il est un pêcheur. Il habite au milieu du village et est le locataire d’une marchande de fruits séchés. Cette marchande s’appelle Linda et c’est avec ses dires que tout a commencé. Une nuit, elle a crié alors qu’elle rentrait chez elle. Fums l’a entendue et s’est précipité à son secours. La dame criait encore quand il arrivait et n’arrivait qu’à dire : « -C’est elles! Je les ai vues… ce sont les statues qui m’ont attaquée! » Fums, souhaitant rassurer sa propriétaire d’immeuble, pointa du doigt les statues. Toutes les trois étaient là, rien ne semblait avoir bougé. Il se moquait secrètement de la situation : quelle histoire, des statues qui bougent! Les deux villageois rentrèrent, suivis du regard des curieux qui avaient ouvert leurs portes pour voir l’origine des cris. Dans un petit village, les rumeurs se répandent vite : bientôt, tout le monde parla des statues qui semblaient renaître.
« -Étrange, se disait Fums, les statues que tout le monde semblaient avoir oubliées font l’objet principal de toutes les discussions… Haha, quelles histoires. » Le jeune homme ricanait lorsqu’il entendait parler les gens. Il les trouvait idiots.
Le lendemain, la même chose se produisit. Une femme cria dans la rue; et ce n’était pas Linda. Fums accourut, encore une fois : même histoire. La dame expliquait qu’elle avait été prise par l’épaule et qu’elle avait vu, du coin de l’œil, des formes bouger au niveau des statues. Les deux acteurs de la scène et les témoins rentrèrent peu après. La journée suivante, le pêcheur était indécis par rapport aux statues. Il les regardait d’un air suspicieux. « Bah, se dit-il, je vais prouver à tout le monde que les statues ne bougent pas! » D’un coup de rame incertain, il atteignit les trois statues et fit une ligne en dessous du pied de chacune d’eux. De cette façon, si l’une d’entre elle bougeait, il verrait la différence avec la ligne.
La troisième nuit, un très grand cri. Fums sortit. C’était une dame nommée Jacqueline et à qui il devait de l’argent, mais qu’il considérait comme une mère. Cependant, l’homme ralentit lorsqu’il vit la scène. Un couteau était planté dans la poitrine de la femme! Le pêcheur accourut et tenta d’extraire l’arme de la plaie ; il ne réussit pas. Il appela à l’aide et trois hommes apportèrent la pauvre marchande à l’hôpital. Les gens, effrayés cette fois rentrèrent. La nuit n’ayant pas été très reposante, Fums, inquiet, avait décidé d’aller voir les marques au pied des statues. À sa grande frayeur, il remarqua qu’un pied dépassait de la ligne : il était pourtant sûr que les marques avaient été faites directement en dessous des pieds… mouillés? Les bras aussi, d’ailleurs… et la tête. Fums rama le plus vite qu’il pouvait au rivage. Il ne voulait plus qu’un incident du genre arrive. Il était maintenant certain que les statues étaient meurtrières. Après avoir mangé un morceau, l’homme effrayé prit une résolution : il guetterait les statues et tenterait de protéger les gens qui pourraient se faire attaquer. La nuit, il se cacha dans une ruelle et attendit. Il souhaitait s’assurer que les statues ne feraient plus de mal. Il attendit jusqu’au matin et rien ne se produisit. Il prit congé de son travail et dormit.
Vers dix heures trente, quelqu’un toqua à sa porte. Mal réveillé, il alla répondre. Deux policiers étaient présents et lui annoncèrent d’une voix autoritaire : « Monsieur Fums, vous êtes en état d’arrestation. Vous êtes accusé du meurtre de madame Jacqueline. Vos empreintes ont été retrouvées sur l’arme du crime et plusieurs témoins vous ont aperçu à l’extérieur lors des deux accidents survenus sur cette côte. Vous avez le droit de garder le silence. »
LE RENDEZ-VOUS Par Flavie Morin-Doré De nouveau seule dans sa maison, Élisabelle Mcgraw prit siège sur le divan de cuir. Elle détestait ce temps de l’année, car il ramenait toujours le vieux sentiment de solitude qui la rongeait de plus en plus. Tous les invités venaient de partir et la maison était de nouveau vide. Élisabelle prit une grande respiration. Elle détestait se sentir dépérir, laissée à elle-même, seule, désespérée. De sa place, elle put voir, à travers la fenêtre, la dernière voiture noire rouler lentement, comme pour s’éloigner des mauvais présages que pouvait transmettre la jeune femme. Élisabelle était une jolie jeune femme de 30 ans, célibataire. Quelques années plus tôt, son mari l’avait quittée de façon inattendue. Elle ne s’était jamais remise de son départ. Il avait amené avec lui une partie de son être, de son coeur. La jeune fille n’avait d’ailleurs jamais essayé de reprendre contact avec l’homme de sa vie. Mais elle savait qu’elle devrait le faire un jour pour être capable de reprendre possession de son être. Elle replaça une mèche brune rebelle derrière son oreille, mais celle-ci retomba aussitôt. Pourquoi tous ces gens doivent-ils revenir à chaque année pour raviver ses vieux sentiments? Pourquoi se sentent-ils obligés de se déplacer pour cette occasion? Elle n’avait jamais trouvé de réponses à ces questions et n’y tenait pas. Elle se leva, laissant le cuir reprendre sa forme initiale, et se dirigea vers la cuisine. Elle se prépara un Diner Kraft puis sortit dans le jardin pour manger. Dehors, c’était une journée d’automne venteuse, où le ciel menaçait en tout temps de tomber sur nos épaules. Les feuilles, virevoltant au vent, achevaient de rendre cette journée morne. La vieille villa de Mme Mcgraw était située dans une campagne du Vermont. Des saules pleureurs agitaient leurs bras mous dans l’étang proche du jardin. Les fleurs perdaient peu à peu de la couleur en ce temps de l’année. N’ayant rien de mieux à faire pour compléter cette affreuse journée, Élisabelle se mit au lit, le coeur en peine.
Au matin, dans son lit, elle réalisa qu’elle en avait assez de cette vie pleine de remords. Elle prit la décision qu’elle irait voir son mari pour lui dire tout ce qu’elle n’avait jamais eu le temps de lui dire
avant qu’il ne la quitte. Elle prit le combiné et composa le numéro qu’elle savait par coeur, malgré les années.
Son coeur battait à tout rompre et ses mains tremblaient. Elle allait avoir un rendez-vous avec lui! Tout allait devoir être parfait pour leur rendez-vous. Il lui faudrait une robe! Leur rencontre se ferait le lendemain après-midi. Comme avant chacune de leurs rencontres jadis, elle fit donc toute la journée un grand ménage de sa maison. La maison était impeccable. Le lendemain, la journée lui parut une éternité. Elle était sceptique, douteuse et stressée. Deux heures avant son rendez-vous, elle commença à se préparer. Elle prit d’abord une longue douche. Lorsqu’elle eut fini, elle se sécha à l’aide d’une serviette. Elle se dirigea par la suite dans sa chambre où elle enfila ses habits. Elle revêtit une robe de soie noire qui arrêtait à la hauteur des genoux. Sur la robe se trouvait une attache en argent qui faisait plier le tissus dans une forme de boucle. Deux larges bretelles remontaient sur les épaules frêles d’Élisabelle. Le bas de la robe était assez large. La jeune femme revêtit aussi une paire de souliers à talon haut de couleur argentée avec une bande transparente qui passait sur le pied. Elle laissa ses cheveux frivoles retomber sur ses épaules, mais en attacha quelques mèches à l’aide d’une pince de la même couleur que celle de sa robe. Elle était fin prête. Avant de quitter la maison, elle appliqua une bruine de son parfum préféré au creux de son cou. Après avoir verrouillé la porte de la maison, elle monta dans sa BMW et démarra. En roulant le long de l’allée, à travers les ormes centenaires, elle réfléchit aux souvenirs que rappelait cette voiture. C’était avec cette voiture qu’il était venu la chercher pour leur tout premier rendez-vous. C’était dans cette voiture qu’ils s’étaient embrassés pour la premières fois. C’était dans cette voiture qu’ils étaient partis pour leur voyage de noces... Lorsque son compagnon de coeur était parti, il lui avait laissé, comme pour lui faire ressentir sa présence à chaque fois qu’elle l’utilisait. Rendue au village, elle s’arrêta chez le fleuriste pour acheter des fleurs. Elle savait qu’elle n’en recevrait pas. Il oubliait toujours ce détail. Elle repartit. Plus elle approchait de la destination, plus son coeur battait et ses mains devenaient moites. Que lui dira-t-elle? Ça faisait si longtemps... Elle arriva finalement à l’endroit de rencontre. Elle descendit de la voiture et traversa le stationnement de gravier. Elle ne le
voyait pas. Mais elle était arrivée en avance. Elle continua d’avancer, anxieuse, à travers le champ rocheux. Elle le vit enfin. Son coeur se serra et les larmes lui montèrent aux yeux. Il était là. Elle sortit son bouquet de fleurs et s’approcha lentement de celui qu’elle aimait encore. Il était immobile. Il lui semblait entendre murmurer son nom. Lorsqu’elle se trouva devant lui, à quelques pas, elle s’immobilisa. Les larmes se mirent à couler silencieusement sur ses joues. Elle s’accroupit et déposa son bouquet de fleurs sur la tombe.
MA VIE AU KENYA Par Coralie Gagné
Vingt-deux mars Cher journal, Je m'apelle Amélia. Je suis au Kenya. Je n’aime pas cela. Je serais prête à donner tout ce que j’ai pour être ailleurs. Le problème, c’est que je n’ai pas grand chose... Blâmer la pauvreté. Vingt-trois mars J’ai chaud, j’ai soif, mais par dessus tout, j’ai faim. Je n’ai pas mangé depuis longtemps. Trop longtemps. Une chance que je suis habituée. Mon dernier repas consiste en des restants de pain il y a de ça plus de dix-neuf heures. Malheureusement, c’est ce qui est considéré normal, ici, au Kenya. J’attends patiemment, depuis quelques heures déjà, que la compagnie parte de mon garde-manger. Garde-manger. C’est un bien grand mot, car en fait, mon garde-manger est ce qu’une infime partie de la population appelle un dépotoir. Si j’attendends que les compagnies partent, c’est en fait parce qu’elles viennent chercher de la nourriture pour nourrir les animaux. En fin, c’est ce que mon amie Faith m’a dit. Nous passons après les animaux. Je m’en contente, je n’ai pas trop de choix. C’est soit peu manger ou rien manger. C’est une magnifique logique, celle de l’argent avant tout. Savez-vous tout ce que je serais prête à faire, en ce moment, pour un tout petit peu d’argent? Vingt-quatre mars Je ne sais pas ce que je ferais sans Faith. Elle m’a tout appris. La vie ici est difficile. Elle est encore plus difficile sans parents. J’ai rencontré Faith il y a longtemps. Elle fut ma sauveuse, maintenant elle est mon ange gardien. Son nom en français signifie «espoir». Je trouve qu’elle porte très bien son nom. Elle est mon espoir. Elle est l’espoir de beaucoup de gens du village. Peut-être qu’un jour elle vivra des jours meilleurs. Elle les a connus, ces jours meilleurs. Personne ne sait pourquoi elle a tant d’espoir, car elle a tout perdu. C’est plus dur de commencer en haut et de finir en bas. Tout le monde sait cela. J’espère ne jamais finir en bas complètement. Tous les gens du village ont confiance et espoir en des jours meilleurs. Ils savent qu’ils ne peuvent plus vraiment tomber encore plus bas. Ils ne peuvent qu’avoir mieux. Ils ont espoir en des jours meilleurs.
Vingt-cinq mars Le dépotoir est vraiment grand. Il semble être une mer de déchets. Pourtant, il ne semble plus rien rester de «potable». Devant moi, il y a Faith. Elle est avec son gros sac. Quelques cochons sont occupés à fouiller pour de la nourriture autour d’elle. Elle semble pessimiste avec sa tunique zébrée corail et blanche toute trouée. Elle fixe l’horizon, cette mer de déchets. Je me demande à quoi elle peut bien penser. J’espère qu’elle n’a pas perdu espoir. Ici, l’espoir est plus qu’important. Il nous faut croire en l’espoir des jours meilleurs. Il nous faut de l’espoir pour ne pas abandonner. Il nous faut de l’espoir pour survivre. Nous ne songeons même pas à vivre. C’est très difficile. C’est une habitude à prendre. C’est horrible que des gens aient à vivre dans ces conditions. C’est horrible que j’aie à vivre dans ces conditions. Par contre, je ne dois pas m’apitoyer sur mon sort. Il me faut de l’espoir. Ma vie pourrais être pire... Vingt-six mars Enfin, j’ai mangé un repas presque complet. Cela faisait quatre jours que j’attendais. Bien entendu, j’ai partagé mon repas avec Faith. Nous avons savouré notre nyama choma. C'est un plat typique du Kenya. Je n’aime pas être ici, dans ma ville natale. Elle est cruelle, remplie de pauvreté. Les jours sont difficiles. Les rares jours où il y a vraiment de l’espoir, comme aujourd’hui, nous sommes quand même très prudent. Nous restons rationnel. Nous économisons ce que nous avons obtenu. Nous avons tellement travaillé. Vingt-sept mars Encore une autre journée. J'ai hâte de dormir pour passer à un autre jour. Je suis écoeurée. J'ai espoir de connaître mieux. Du haut de ma montagne de déchets, j'ai l'impression de voir jusqu'au bout du monde. D'ici, les déchets semblent tout dominer. Il est si difficile de croire que des gens aisés, même des gens riches, habitent de l'autre côté de cette mer non potable. Réfléchir à ce monde me fait mal. Je n'aime pas savoir que je pourrais avoir mieux, mais que je ne l'ai pas. Il faut garder espoir. Vingt-huit mars Je m'ennuie tellement de mes parents. Je les ai sous-estimés. Ils étaient des gens bien. Je ne peux m'empêcher de réfléchir du haut de cette montagne de déchets. D'ici, je vois jusque très loin. Je crois enfin apercevoir mon chauffeur. Il va me ramener à l'hélicoptère. Il était temps. Je ne comprends toujours pas pourquoi mes parents ont voulu me faire voir d'où je venais. J'ai eu une
semaine d'enfer. Une chance que je n'ai pas perdu espoir.
UN VOYAGE INOUBLIABLE par Vincent Allard Par un beau samedi matin de juin, Bruno M, jeune homme dans la vingtaine avancée, lisait son journal assis tranquillement avec son café de torréfaction supérieure, un lait un sucre, comme il l’aimait. Quelques fois, il levait les yeux afin d’admirer son tout dernier achat, un aquarium GIGA 3000 Turbo Washer qui lui avait coûté environ deux mille beaux dollars. Dans son salon couleur turquoise, sa dernière acquisition se confondait vraiment au décor tout neuf de son appartement de Saint-Gabriel de Valcartier tout dernièrement loué. En effet, depuis qu’il enseigne le français à l’école secondaire Mont-Saint-Sacrement, Bruno est devenu obnubilé par tout ce qui est faune aquatique. Il a appris ce dernier terme lorsqu’il a assisté à un cours d’histoire au début de l’année scolaire. Mais bon, ne dévions pas de cette journée du samedi matin. En effet, il aimait tout ce qui vit dans l’eau. Depuis plusieurs semaines déjà, il passait les midis et les soirs à regarder les truites du lac du Mont en compagnie de son ami Willy. En cette matinée calme et paisible, il tourna la page de la rubrique Sports du Journal de Québec. Le professeur de français arriva sur une page d’expéditions sauvages assez intéressante. L’un des articles attira particulièrement son attention puisqu’il présentait un séjour dans les Caraïbes où il était possible de faire une excursion et d’y voir les fonds marins. Pour un prix qui dépassait légèrement mille dollars, il était possible de passer trois jours en plongée sous-marine. En voyant cela, Bruno sauta de sa chaise tellement il était émerveillé: -Wow!, s’écria-t-il. J’espère bien qu’avec mon salaire minable de professeur je pourrai me payer ça! Malheureusement, il lui était impossible de trouver cette somme dans les délais requis. Par chance, Bruno était toujours capable d’arriver à une solution avec son imagination. On aurait même pu dire qu’il vivait en symbiose avec son esprit. Il était le genre de personne à pouvoir inventer des histoires plus ou moins vraisemblables en un rien de temps et à vivre dans un univers quasi-parallèle. C’est pourquoi il avait choisi la profession d’enseignant en français au niveau secondaire. Afin de pouvoir approfondir ses connaissances sur la faune aquatique et de faire vivre son expérience à ses élèves par la suite, Bruno M décida qu’il était prêt à tout pour aller plonger et découvrir le monde des poissons de plus près. C’est exactement ce qu’il fit... Deux jours après, prenant congé pour l’occasion, le jeune homme était fin prêt à partir à l’aventure des fonds marins. Il avait tout préparé: son masque, son tuba, ses palmes, son appareil photo pouvant photographier jusqu’à 10 m sous l’eau, sa bombonne d’air, sa combinaison de plongé et bien sûr son magnifique sourire qui faisait tant charmer ses collèges féminines de l’école.
Et puis, le moment tant attendu par le professeur arriva. Au bord d’un océan entièrement turquoise, il se glissa tranquillement la tête dans l’eau et commença sa fameuse expédition. Tout était parfait, plus il avançait, plus le jeune explorateur était en extase devant ce qu’il voyait. Il ne faut pas oublier que c’était sa première expérience dans la fameuse eau salée. Soudain, une image digne d’un photographe professionnel se présenta devant lui. On pouvait y voir une multitude de poissons multicolores, ils passaient tous du bleu, au rouge et ensuite au mauve. Le contraste de la belle journée ensoleillée faisait une ambiance remarquable puisque ceux-ci reflétaient, tous à leurs manières, cette belle lumière. Bien entendu, son préféré était celui de couleur turquoise, celui qui avait un aileron jaune et le devant de la tête noir. L’adepte des fonds marins estima que ce magnifique poisson pouvait valoir aux alentours de cent dollars dans une animalerie. Il en avait également vu de semblables la fois où il était allé à l’Aquarium de Québec en compagnie de Willy. En tournant la tête vers la droite, Bruno M pouvait voir de nombreux coraux de différentes couleurs. Il en trouva un plutôt étrange puisque ce corail-là avait de petits trous noirs où l’on pouvait voir des bulles en sortir et se diriger vers la surface. En suivant les bulles, Bruno remarqua qu’il était assez près de la surface de l’eau. Continuant son aventure aquatique, le fan de l’eau remarqua à peine un bruit plutôt étrange. Il n’entendit seulement que quelques sons qui pouvaient ressembler à ça: Tooo.... Tuuuu. Pendant quelques instants, on pu lire la peur sur le visage de Bruno: ses pupilles étaient exorbitées, son nez était retroussé, ses joues se contractèrent étrangement puisque sa bouche s’ouvrit d’une manière assez invraisemblable. Tellement, qu’il se sentit mal, l’homme des fonds marins retourna, en panique, sa tête de chaque côté afin de voir s’il n’y avait pas un requin dans les parages. À ce moment, précisément à 15 h 39, Bruno sortit la tête de son aquarium GIGA 3000 Turbo Washer en se rappelant que le bruit était en fait celui de la sécheuse qui indiquait que le cycle de lavage était terminé.
UN TRAVAIL D’ÉQUIPE Par Catherine Bérubé
C’était samedi midi, la veille du marathon de Paris et je m’apprêtais à sortir pour me rendre tout près des Champs Élysées avec mon fidèle compagnon Figaro. Nous étions au début d’avril et j’étais persuadé que le lendemain matin allait être la journée idéale pour cette compétition d’envergure internationale. Depuis le début de la semaine, il n’était pas tombé une seule goutte de pluie et le soleil était timide, mais pas trop; juste assez pour ne pas créer une chaleur insupportable. Sérieusement, cela s’annonçait pour être la journée avec les conditions rêvées! Malgré le fait que je détenais plusieurs médailles d’or en athlétisme, que je m’étais classé premier lors de nombreux marathons et aussi que chacun des concurrents souhaitait me détrôner afin d’atteindre cette renommée tant désirée, je ne ressentais pas le moindre stress. J’étais très confiant quant à mes chances de réussite et rien au monde ne parvenait jamais à me distraire lorsque je courais.
En ce beau début d’après-midi où le soleil était au rendez-vous, je mangeai en vitesse et décidai d’amener mon chien à l’Arc de Triomphe pour m’entraîner une dernière fois avant la compétition du lendemain tout en profitant de cette magnifique journée. Il faisait un soleil radieux et le ciel était d’un magnifique bleu azur. Cependant, quelques nuages s’étaient glissés par-ci par-là, rompant ainsi la monotonie de l’immense ciel. Alors que Figaro courait à mes côtés, plusieurs gens étaient sur la place afin d’admirer le monument, relaxer, ou encore préparer les installations que nécessitait l’évènement international qui allait débuter dans moins de douze heures. Au milieu de l’Arc de Triomphe, véritable chef-d’oeuvre parisien, se tenait un énorme drapeau de la France sur lequel nous pouvions facilement voir les trois couleurs emblématiques de la nation. En effet, la légère brise était suffisante pour faire voguer le fanion et afficher ses couleurs aux yeux de tous. Les arbres étaient d’un beau vert éclatant et ils ajoutaient une petite dose de vie au milieu de ce paysage urbain.
Mon chien Figaro était bien plus qu’un simple animal de compagnie pour moi. Cela faisait huit ans que je l’avais rencontré et il m’avait apporté de grandes choses. C’était lors du marathon de Chicago, ma deuxième course de quarante-deux kilomètres, que je l’avais rencontré. À cette époque, je n’étais pas le coureur que je suis maintenant, donc j’étais très stressé! Aussi, le fait que mon père avait quitté ce monde une semaine auparavant n’était pas très bon pour mon moral. Ce matin, là, alors que je faisais mes échauffements et que je tentais par tous les moyens imaginables de me libérer l’esprit et de penser à autre chose, j’ai remarqué un superbe chien sans maître qui s’approchait tranquillement vers moi. C’était un berger allemand, assez jeune, qui semblait très timide et qui avait besoin de quelqu’un qui s’occuperait de lui. Il avait accouru vers moi et cela m'avait procuré énormément de bien. À la fin de la journée, lors de la remise des médailles, je me trouvais pour la première fois de mon existence sur le podium des vainqueurs et je recevais ma première médaille d’or à vie! Depuis ce jour, Figaro devint mon compagnon de course et je l’entraînai à courir à mes côtés. Ce chien représentait toute ma vie.
Après avoir parcouru plus de trente kilomètres, je retournai à ma demeure pour relaxer et faire un peu de jardinage avant de préparer mon souper. Vint l’heure de me coucher afin d'être prêt pour mon lever à l’aube. Je me glissai confortablement sous les couvertures et m’endormis paisiblement comme un loir. Au milieu de la nuit, un bruit étrange me réveilla. Je me levai pour voir ce qui se passait et j’aperçus Figaro qui se tenait sur le bord de la porte; il semblait vouloir sortir. Étrange, non? Ah, c’est vrai, avant de me coucher, il n’avait pas voulu sortir dehors. J’ouvris donc la porte et le laissai sortir. Je retournai me coucher car j’avais sommeil, Figaro allait rentrer tout seul par sa porte spécialement aménagée pour lui.
Dring, Dring! Je me réveillai aussitôt et mangeai un bon petit déjeuner. Lorsque je préparai la nourriture pour Figaro, je m’étonnai de ne pas le voir s’approcher. En autant qu’il revenait avant que je parte pour le marathon, me disais-je. Je me préparai donc et, au moment de partir, je constatai
qu’il n’était toujours pas revenu. C’est alors que je ressentis un léger stress m’envahir. Sans mon compagnon et sa présence rassurante avant le départ, je n’allais jamais y parvenir! Rien à faire, il ne se pointa pas le bout du museau!
Me voilà sur la ligne de départ, sans avoir fait de cajoleries à mon chien. J’étais nerveux. Paw! C’était le signal de départ, mais j’étais tellement perturbé par la disparition de mon compagnon que j’étais resté sur la ligne, alors que tous les coureurs s’élançaient sur la piste de course! J’étais déjà en retard, un retard qu’il me fallait absolument rattraper. Progressivement je parvins à corriger mon erreur, si bien qu’au kilomètre douze, je me trouvai parmi les dix coureurs de tête. Je tentai d’oublier Figaro et de me concentrer sur le moment présent, mais cela m’était impossible. À l’approche du kilomètre vingt, les choses s’étaient grandement détériorées pour moi; j’étais maintenant le quinzième et le premier de tous les coureurs avait une avance de plus de deux kilomètres sur moi! À ce moment précis, une inquiétude grandissante s’installa en moi. Alors que je m’étais toujours cru invincible et imbattable, j’étais en train de perdre.
Au vingt-huitième kilomètre, je me rattrapai graduellement, si bien qu’à moins de huit kilomètres de la fin, j’avais enfin réussi à dépasser plusieurs concurrents, ce qui me mettait en deuxième position. Au quarantième kilomètre, je me trouvai à moins de cinq cents mètres du premier. À cet instant précis, ma pression augmenta car je voulais vraiment remporter cette course. Alors qu’il ne restait que mille mètres à franchir, je suivais mon adversaire de très près, mais lui aussi semblait très déterminé à remporter l’or. Je vis enfin la ligne d’arrivée au loin, ce qui me fournit une bouffée d’adrénaline qui me permit de rejoindre et même de dépasser mon rival. Celui-ci me lança un regard assassin et la compétition entre nous devint de plus en plus féroce. Malheureusement, une fraction de seconde d’inattention me valut une erreur incorrigible à ce stade-ci de la compétition. Mon compétiteur avait réussi à me dépasser et il ne me restait que quelques secondes pour le rattraper et le dépasser. Tout à coup, je sentis une pression dans mon dos, une poussée qui me fit perdre le pied et tomber face contre sol.
Paf! J’étais au sol. Dans ma tête, tout tournait très vite. C’était définitivement terminé pour moi; plus aucune chance de gagner. Quelques secondes plus tard, j’entendais les spectateurs applaudir le vainqueur. J’étais très déçu et surtout humilié. Mais lorsque j’ouvris enfin les yeux, prêt à affronter cette défaite, Figaro était là à me lécher le visage. C’était lui qui m’avait fait tomber. Je remarquai soudainement que la ligne rouge était juste en dessous de moi. Grâce à lui, je gagnais cette course très serrée. À ce moment précis, une joie immense m’envahit; je n’aurais jamais cru y arriver. En tant que bon gagnant, j’allai féliciter mon adversaire et nous nous serrâmes la main. Encore une fois, Figaro et moi avions fait preuve d’un excellent travail d’équipe!
APPARENCES... Par Camille Robitaille
Sur le bord de la mer se trouvait le petit village français, Saint-Martin-de-Ré. Cette petite localité, d’un peu plus de deux mille habitants, survivait grâce aux bonnes pêches que tous les jours les hommes au teint basané ramenaient et vendaient aux trop nombreuses poissonneries. Toutes les maisons de ce petit village étaient de brique orangée ternie par les années et l’air salin, sauf une.
Aurélia était une jeune femme qui passait ses journées à travailler à la poissonnerie de son époux, Emeric. Elle y travaillait tous les jours avec ferveur et dévouement, mais détestait cet endroit qui empestait le poisson, l'anguille, les mollusques et toutes les autres petites créatures marines pas toujours fraîches que son beau-frère ramenait. De plus, dû à la proximité du port, le vent apportait avec lui les odeurs de vieux loups de mers. Elle sortait régulièrement parce qu’elle se sentait nauséeuse. Lors de ses courtes pauses, elle allait s’asseoir sur un petit banc qui tenait à peine à un fil. Elle regardait la mer et contemplait les vagues qui roulaient sur la plage ainsi que les oiseaux marins, qui au loin imitaient les pêcheurs. Elle adorait ces moments, car elle pouvait se détendre et se perdre dans les eaux d’un bleu azur, mais foncies par le sol pierreux des alentours. Emeric, parfois, venait la rejoindre, mais depuis quelques temps, il jouait au dialogue silencieux. On pouvait parfois les entendre parler à leur futur enfant, mais sans plus. Lui aussi se perdait dans sa contemplation de ce si vaste océan, qui lui semblait tellement imposant, menaçant et d’une profondeur sans fin. Il ne restait pas très longtemps sur la plage, contrairement à sa douce qui aurait pu y rester de longues heures, car celui-ci la berçait et la réconfortait.
Un jour où le vent soufflait du nord et apportait avec lui un froid qui vous pénètre jusqu’au os, les pêcheurs décidèrent de rester à l’intérieur à la chaleur de leur foyer. Le petit couple fit de même, de toute façon, par cette température, personne ne penserait à s’aventurer dehors. Personne sauf
Aurélia, qui détestait rester à l’intérieur à s’occuper de ses enfants qui lui demandaient toujours trop, et qui, en raison de ce congé exceptionnel, étaient turbulents. Mais aujourd’hui, Emeric sortit en coup de vent de la maison familiale, sans un mot, sans une note, il laissa sa deuxième femme seule et prise au dépourvue. Lorsqu’elle se rendit à la cuisine pour commencer à débarrasser la table du petit-déjeuner, elle trouva le journal de la veille ouvert et la page de l’immobilier manquait.
Aurélia imagina plusieurs scénarios des raisons pour l’absence de son mari, elle s’inquiétait pour lui, car la météo n’était pas clémente. Vers l’heure du dîner, elle entendit la porte de devant claquer et les enfants se diriger vers leur père. Elle se contenta de rester à la cuisine pour continuer le repas familial. Lorsqu’Emeric arriva pour la saluer elle se retourna soulagée, mais plutôt contrariée. Celui-ci ne comprit pas pourquoi sa compagne agissait de la sorte. La soirée aussi fatigante que cette journée inhabituelle passa rapidement. Égaux à eux-mêmes, les enfants se rebellèrent contre l’autorité épuisée de leur mère, pour allonger l’heure fatidique d’aller se mettre au lit. Pendant que son époux se lavait, elle découvrit que la chemise de celui-ci portait une odeur florale et printanière. Elle n’était pas certaine d’où se parfum venait, mais c’était indéniable, le parfum était celui d’une femme autre qu'elle. Ce qu’elle avait découvert cette nuit, là, l’affecta au plus profond d’elle-même. Elle était déçue de son mari.
Plus les jours passaient, plus Emeric trouvait que sa douce était agressive et le questionnait souvent sur les raisons de ses sorties imprévues, qui devenaient fréquentes. Il pensa que ses agissements étaient causés par l’ampleur de sa tâche à la boutique et à la maison. Il décida alors de lui donner une semaine de congé pour se reposer avant la venue de leur enfant. Lorsqu’Aurélia venue faire une petite visite de courtoisie à son mari entra dans la boutique, elle sentit une odeur de fleurs, au printemps. Au même moment, elle croisa par hasard la jeune femme parfumée. Sur le moment présent, celle-ci crut qu’il s’agissait de la femme d’un voisin qui était venue faire des courses. Elle avait un teint foncé et des cheveux d’un brun chocolat au lait, qui réflétaient les rayons du soleil. Sa bouche était rose comme des joues d’un bébé et elle avait des lèvres charnues. Elle était vêtue d’un
tailleur bien cintré et d’une jupe moulante sur les hanches. À ce moment, Emeric sortit de l’arrière-boutique. Aurélia se retourna vers lui et vit son visage devenir rouge comme des pivoines; elle rectifia sa pensée et partit sans avoir dit bonjour à personne. Elle se mit à courir sur la plage comme elle ne l’avait jamais fait et elle faillit trébucher sur de nombreux petits galets ronds et polis. Elle s’arrêta à bout de souffle et s’installa sur l’un des quelques bancs qui ornaient cette partie de la grève jusqu’alors inconnue pour cette dernière. Elle se mit à penser à toutes ces années où elle avait cru que cela pourrait arriver, maintenant il ne s’agissait plus d’un doute, mais d’un fait. Après tout, avant de se marier avec lui, elle aussi avait été l’amante de son époux et avait brisé le mariage de celui-ci avec sa première femme, Eugénie.
Après un certain temps où les pleurs et les idées confuses se mélangeaient, un bruit la tira de ses songes. Lorsqu’elle se retourna vers le haut de la colline sablonneuse pour y diriger son regard, elle remarqua un écriteau qui annonçait une belle grande maison qui était à vendre. Sur celui-ci il y avait une photo de l’agente immobilière, Jacinthe Sanscoeur. Celle-ci avait des cheveux bruns chocolat et un teint foncé, une bouche rose et des belles lèvres charnues. Elle se rendit compte que cette Jacinthe ressemblait beaucoup à la jeune femme de la poissonnerie. Mais ce n’est pas ce qui l’intéressait. La demeure avait d'immenses fenêtres et se distinguait par sa couleur plutôt de caramel au beurre. Elle avait un toit de tuiles qui se mariait avec les quelques nuages qui perçaient le ciel. Elle avait une cour avec des balançoires et un magnifique jardin. L’herbe y était d’un vert tendre avec quelques brins jaunis. Elle semblait tellement parfaite, surtout qu’elle était sur le bord de la mer. Aurélia était si absorbée par sa contemplation qu’elle ne remarqua pas qu’Emeric, essoufflé, arrivait. Il était surpris de la trouver à cet endroit spécifique. Il lui adressa la parole, mais celle-ci ne répondit pas, elle était toujours en train d’admirer la maison qui se trouvait devant eux. -Est-ce que tu aimes cette maison sur le bord de la mer, mon amour? - Oui vraiment! - Alors tant mieux, car nous y déménageons samedi prochain.
LA DOUBLE DISPARITION par Camille Dumaine
Depuis mon accouchement, mes enfants sont ma plus grande priorité. Je côtoie moins leur père puisque nous sommes divorcés et que ça ne c’est pas vraiment passé à l’amiable. De toute façon, je n’ai pas envie de le voir plus fréquemment. Mes joyaux ont maintenant six ans et des poussières et l’un des jumeaux a même perdu sa première dent. Ils sont entrés à l’école primaire cet automne, à mon grand dam, et ils ne font plus aussi attention à ma présence et mon amour pour eux. J’ai repris mon emploi de psychologue à temps partiel depuis qu’ils sont à la garderie, donc depuis bientôt trois ans, et je vais peut-être augmenter mes heures de travail à un temps plein l’an prochain. Depuis le début des vacances scolaires, en juin, mes enfants et moi avons un peu voyagé à travers les îles des Caraïbes et nous partons dans quelques heures pour les Alpes du nord de la France.
J’entends les jumeaux arriver du camps de vacances. Ils rentrent et me demandent tout de suite si quelque chose à manger est prêt. Ils mangent leurs collation et on prend la voiture pour nous rendre à l’aéroport. À l’aéroport, les enfants me suivent partout en courant à travers tout le bâtiment pour aller à la bonne porte d’embarquement. Les hôtesses nous aident à trouver nos places et on réussit finalement à s’installer à nos places sans nous relever au bout de dix secondes. Les films proposés ont bien l’air de plaire à mes enfants puisqu’ils ne font que regarder leurs écrans durant le trajet. Arrivés à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, on prend notre deuxième avion et, après quelques temps de: “Je suis tanné.” et de “Maman, est-ce qu’on arrive bientôt chez le Yéti?”, on descend enfin de l’appareil pour aller chez notre guide, un homme des montagnes. Tout chez lui indique le confort et la simplicité, rien n’est inutile et rien n’est assez usé pour ne pas remplir ses fonctions. Il nous accueille avec un bon bol de bouillon et nous allons tous nous coucher en vue de notre journée du lendemain. Je fais une nuit sans rêve et me réveille au son d’enfants qui courent autour de mon lit de camp. Nous mangeons encore un petit repas léger et nous apportons toute une
panoplie de collations pleines d’énergie pour notre randonnée. Devant nous se dresse dans son immensité la plus belle montagne que j’aie jamais vue. Couverte d’une légère couche de neige, sa magnificence n’est que mieux mise en évidence. Sa silhouette évoque celle d’une vieille dame face au soleil et au vent qui vient soulever ses cheveux de neige en mèches rebelles qui se détachent les unes des autres tout en formant un tout resplendissant. Le visage de la dame, formé de pics et de caves, donne l’impression qu’elle a vu autant de jours passer que la Terre elle-même. Un peu plus près de nous se tient une belle et grande vallée recouverte d’un lourd tapis de neige très dense. Ce tapis enveloppe ses formes tel deux corps s’épousant, collés l’un contre l’autre, le premier se fondant presque dans le second.
Une fois la marche commencée, plus le temps de regarder autour et d’admirer tant notre énergie est sollicité dans la montée du premier versant de la petite montagne à laquelle on s’attaque aujourd’hui. Notre petit groupe arrivé au sommet, je regarde autour de moi. La vue est saisissante, j’ai l’impression de dominer le monde tout en me sentant comme un grain de sable dans un désert face à l’étendue de la Terre et la plénitude de l’espace vierge de présence humaine. Nous mangeons notre frugal dîner et repartons rapidement pour arriver au chalet avant le crépuscule.
La descente se passe bien, sans anicroche, et rendue devant la porte de l’habitation, je me tourne pour demander aux enfants si l’expérience leur a plu et... mes enfants ne sont plus là! Je me demande quel tour ils ont bien pu me jouer. Je les appelle quelques fois tout en cherchant autour de la petite maison puisque je sais qu’ils ne seraient pas allés très loin si tout ça était une blague, ils auraient voulu voir ma réaction. Au bout de quelques minutes, je ne trouve plus ça drôle du tout et j’annonce à notre guide que je vais jusqu’à la station de police la plus proche pour demander de l’aide. Il me dit que c’est une bonne idée et qu’il va préparer un souper chaud pour lorsqu’on reviendra tous les trois, sains et saufs.
À la station de police, toutes les personnes présentes me regardent avec un drôle d’air pendant que
je raconte mon histoire. Puis, une bonne vieille femme s’approche de moi et me dit que je ne retrouverais jamais mes enfants, que c’est l’abominable homme de la montagne qui les a enlevés pour les manger. Je ne la crois pas, mais un doute s’installe dans mon esprit, elle vient tout de même de confirmer ce que je pensais, mais n’osais croire: que mes enfants que j’aime ont été enlevés par quelqu’un dans la montagne. Je culpabilise. Mes pauvres enfants qui ne souhaitaient pas particulièrement venir ici ont été enlevés parce que je les ai forcés à venir avec moi et à faire la randonnée avec moi.
Pendant que j’absorbe le choc de cette révélation, les autres auditeurs de mon histoire acquiescent aux dires de la dame. Même le policier en charge me regarde avec cet air désolé avec lequel on regarde quelqu’un en deuil ou aux funérailles. Je lui demande s’il est quand même possible d’enquêter sur la disparition de mes enfants malgré la superstition locale de l’homme de la montagne. Il me répond que son escouade et lui allaient partir à leur recherche, mais qu’il ne fallait pas trop espérer. Je décide d’y aller avec eux, autant être en action plutôt que de me ronger les sangs et à pleurer sur mon sort.
Dès que toute l’escouade est réunie, on y va. Tout d’abord, le capitaine désire faire le tour des autres chalets au cas où quelqu’un aurait vu quelque chose se passer. À la porte de la première maison, le locataire nous dit avoir vu une grande silhouette masculine prendre par la main deux enfants qui, selon lui, ressemblaient vaguement à la description que je lui ai faite. Il nous dit les avoir vus partir en direction des chalets vers la gauche. Nous partons donc dans cette même direction. Au fur et à mesure que la distance qui nous sépare de la dernière maison diminue, mon stress augmente. Et si les silhouettes que l’homme avait vues étaient seulement son imagination? Et si c’était en fait réellement l’homme de la montagne qui a enlevé mes enfants? Et si ma précieuse progéniture était là, dans un buisson en train de se moquer de leur mère qui agit de façon tout à fait ridicule? Non, la dernière option n’est pas envisageable. Ils se seraient montrés plus tôt, avant le rapatriement de l’escouade de recherche. Trop de conséquences découleraient de ces actes.
Enfin, nous arrivons à la dernière maison de ce côté-ci. Je cogne à la porte et on entend des pas approcher. Je reconnais tout de suite l’homme qui nous ouvre la porte, c’est le bras droit de mon ex-mari. Que fait-il ici? Je ne savais même pas qu’il avait droit à des vacances puisqu’il travaille aux côtés de mon ex-conjoint. Je crois qu’il me reconnais aussi, car il paraît soudainement très embarrassé. L’inspecteur lui pose les mêmes questions qu’aux autres locataires, je crois, mais je ne suis pas du tout attentive. Je vois dépasser la botte de ma fille du corridor. Je me rue à l’intérieur sans poser de question. J’entends le nom de mes enfants se répercuter sur les murs autour de moi, et je crois bien que c’est moi qui crie comme une folle. Ce dont j’ai probablement l’air.
Ma fille accoure, j’imagine qu’elle m’a entendu. Je lui demande où est son frère et elle me répond qu’il la suivait alors qu’ils sortaient de la chambre dans laquelle ils étaient retenus. Je relève la tête et je vois alors mon fils retenu par leur ravisseur qui se débat pour venir dans mes bras. Le chef de police arrive dans son dos et lui menotte les deux mains sur le devant. J’attrape mon fils et le serre contre mon coeur.
L’inspecteur s’approche de l’homme et débute les questions. Que me veut-il? Pourquoi a-t-il mes enfants? Qui le paie? Et ainsi de suite, je n’ai pas tout écouté, j’avais les oreilles entre mes deux enfants. Ce que j’ai entendu, c’est que mon ex-mari l’a engagé pour m’enlever mes enfants pour que je perde leur garde et qu’il les ait pour lui seul. Lorsque l’inspecteur appelle mon ancien conjoint, celui-ci avoue tout parce qu’il ne pouvait pas me savoir en contrôle des vies de nos deux enfants et parce qu’il avait besoin d’argent.
Je demande au policier quel est le lien avec l’argent. Je me demande s’il avait demandé une rançon et que je n’avais pas entendu. Il hausse des épaules. Je demande à l’inspecteur plus d’information sur ce détail. Il fait poursuivre la question à travers le téléphone. Mon ex-mari répond qu’il a des
contacts et qu’il aurait vendu nos enfants, si seulement j’avais été aussi tête en l’air que j’en ai l’habitude. Je ne comprends vraiment plus ce qui m’avait prise d’épouser un homme dérangé comme lui. Peu m’importe, mes enfants sont sains et saufs et auprès de moi. Je ne crois pas que je retournerai un jour dans cette région, vu les dégâts psychologiques reçus par mes enfants et moi-même.
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