Pessahim Editions Bnei Torah by Bnei Torah

Talmud Bavli Editions Bnei Torah Comprendre et approfondir la

Guemara

Traité Pessa’him Tome 1

Traduction et explications des commentaires de

Rachi, Tossefot, Richonim et A'haronim Collection dirigée par

Rav Dov Lumbroso-Roth

5771 – ~" '~ ~

Equipe de rédaction Travaux dirigés par Rav Dov Lumbroso-Roth Rédacteur principal : Rav Michael Sammoun Maître Raphaël Ettedgui, Rav Malkiel Bloch, M. Julien Darmon, M. Robert Abergel Relectures et conseils : Rav Guershon Elie Cahen

Edition 2011 Impression 2011 Editions Bnei Torah

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Beith Hamidrach Bnei Torah 64 rue de Crimée 75019 Paris Veuillez adresser toutes vos remarques et corrections à l'auteur :

Rav Dov Lumbroso-Roth 193 Avenue Jean Jaurès 75019 Paris E-mail: ravdov@guemara.com Tel : + 33 (0)1 40 40 74 74

Editions Bnei Torah ISBN 978-2-9534461-1-1

Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah Cet ouvrage a nécessité de gros efforts et d'importants investissements. En conséquence, ce livre ne peut être traduit, reproduit, ou photocopié partiellement ou totalement, sous quelque forme que ce soit, y compris par des moyens électroniques, même pour un usage personnel sans l'autorisation préalable de l'auteur. Toute infraction contrevient aux lois religieuses et civiles.

PrĂŠface du Grand Rabbin de France sur le premier tome Baba Batra

Jeudi 6 Iyar 5769 (31 Avril 2009)

Je soussigné atteste par la présente de la grandeur de cet érudit en Torah et en crainte de D.ieu et dont le nom est digne de louange - Rav Dov Lumbroso Roth, qu'il vive longtemps et en bonne santé- qui a pris l'initiative de publier le Talmud de Babylone avec les commentaires de Rachi, des Tossefot et des autres commentateurs en les traduisant en français. Ainsi il en facilite l’étude pour nos frères qui ont l'habitude de penser et de parler dans cette langue et il leur permet de s'immerger avec davantage d'enthousiasme dans l'océan du Talmud. Avec l'aide d'une équipe d’érudits qui ont travaillé avec acharnement afin que la traduction soit claire et exacte, il a réussi grâce à D.ieu dans son entreprise avec le premier volume qu'il a publié sur le premier chapitre du traité Baba Batra. Maintenant il s'apprête à publier le traité Ketouvot. Je viens par la présente témoigner que le peu que j'en ai vu atteste que c'est une oeuvre considérable et importante. Nombreux sont ceux qui ont déjà profité de cette traduction. Je le bénis afin que D.ieu l'aide à diffuser encore davantage l’étude de la Torah. Malgré l'importance de ce livre, je voudrais souligner que l'essentiel de l’étude doit se faire avec beaucoup d'efforts afin de parvenir à comprendre la langue du Talmud ainsi que le texte a été consigné par les Tanaïm et les Amoraïm (les auteurs de la Guemara) - que leur mérite nous protège. On connaît les paroles de Tossefot-Rid au début du traité Meguila à propos de tout ce qui touche à la traduction et donc au manque d'efforts que cela pourrait entraîner dans l’étude. Cependant, je suis sûr que la traduction en français de ce traité permettra à la longue au public de s'investir dans l’étude de la Torah comme il convient. C'est avec une grande affection pour tous ceux qui étudient la Torah dans un effort de vérité que je signe Chmouël Aquiba Yaffé-Schlésinger Rav et Av Beth Din de la communauté de Strasbourg

Introduction Le but de cet ouvrage est de rendre accessible au plus grand nombre l’Etude telle qu’elle est étudiée dans les Yechivot, écoles talmudiques traditionnelles. Cette méthode consiste à étudier de manière approfondie non seulement le texte du Talmud, mais aussi un nombre important de ses commentaires, dans un souci d’exégèse approfondie. Nous nous sommes efforcés de présenter une version aussi claire que possible dans un souci constant de fidélité à ces textes millénaires. LE TALMUD – LA GUEMARA La Torah donnée à Moché Rabbeinou (Moïse notre maître) se compose de deux parties : la Torah écrite (le ‘Houmach) et la Torah orale, transmise de maître à élève sans interruption au fil des générations, et sans cesse enrichie des divers commentaires des maîtres de chaque époque. Au temps de l’occupation romaine, et suite à la destruction du Temple de Jérusalem, le besoin de retranscrire ces enseignements se fit si pressant que Rabbi Yehouda Hanassi entreprit de les rédiger de manière systématique dans ce que l’on appelle la Michna. Mais pour conserver la véritable nature de ces enseignements, Rabbi Yehouda Hanassi usa de son génie pour compiler et rédiger un texte aussi précis et rigoureux que difficile d’accès. Conséquences : dès sa parution, les paroles des maîtres qu’elle cite (les Tanaïm) firent débat : qu’a voulu dire tel Tana ? Où trouve-t-il sa source ? Comment comprendre et généraliser ce concept qu’il amène pour justifier ses propos ? Toutes ces questions, et bien d’autres encore, furent débattues par les Amoraïm et furent consignées, à la fin du cinquième siècle de l’ère moderne, dans la Guemara. A leur tour, les paroles des Amoraïm suscitèrent des discussions et des commentaires, d’abord ceux des Richonim, puis ceux des A’haronim. Toute cette « vie » autour du Talmud continue aujourd’hui, et s’enrichit de nouveaux commentaires et de commentaires sur les commentaires. L’auteur de la Michna a donc atteint son objectif : il a transmis un enseignement précieux tout en lui conservant sa vocation originale, « l’oralité », tant il est nécessaire de parler, de débattre et d’échanger pour en pénétrer la sagesse. Au final, la Guemara est plus qu’une encyclopédie : c’est une masse considérable de lois, de considérations philosophiques, de récits, de sagesse quotidienne, d’histoires et d’Histoire, de science, de technique et parfois d’humour. COMPRENDRE ET APPROFONDIR LA GUEMARA : OBJECTIFS Ce sous-titre s’est imposé, car après des années d’expérience dans l’enseignement de la Guemara, nous nous sommes rendu compte que beaucoup de personnes étaient frustrées de ne pouvoir l’étudier que superficiellement. Impossible pour beaucoup d’entre eux d’en pénétrer la signification profonde, ni donc de profiter de cette vie incessante autour de ces textes fondateurs, et encore moins d’y participer ! Or il n’existait aucun support en français (ni dans aucune autre langue d’ailleurs) sur lequel un étudiant pouvait s’appuyer pour accéder à une étude pédagogique, dynamique, complète et

didactique du Talmud, incluant les commentaires complets de Rachi et Tossefot. Nous avons voulu offrir cet outil, en nous fixant un double objectif : En premier lieu, nous souhaitions offrir une traduction littérale du texte afin de permettre au lecteur de s’approprier le langage et la syntaxe de la Guemara et de s’y familiariser, pour progressivement acquérir une certaine autonomie dans l’étude. En second lieu, il s’agissait aussi de « repousser les limites » de chacun d’entre nous : nous l’avons vu, si l’exégèse des textes du Talmud a un début, elle n’a en revanche pas de fin ! En facilitant l’accès aux premiers commentaires du Talmud, ceux de Rachi et des Tossefot, nous permettons au lecteur de se frotter aux suivants, ainsi qu’aux commentaires de ces commentaires. En mettant en évidence la puissance de tous ces textes, nous espérons de surcroît susciter sa curiosité et lui donner l’envie de creuser les concepts qui en ressortent. En d’autres termes, nous agrandissons le cercle de sa connaissance pour agrandir son champ d’investigation. Pour atteindre le premier objectif, nous offrons ici une traduction littérale du texte de la Guemara, des commentaires de Rachi et de ceux de Tossefot. Pour une minorité de ces derniers, toutefois, nous avons laissé de côté une traduction littérale rigoureuse afin d’en faciliter la fluidité de lecture et la compréhension. Pour répondre au second objectif, nous avons ajouté de nombreuses incises dans les traductions, afin d’expliciter les argumentations qui nous semblaient insuffisamment explicites même après traduction. Nous avons par ailleurs éclairé le texte de commentaires de Richonim et A’haronim bien choisis. Ils représentent un intérêt certain pour l’étude : soit en fournissant des clés supplémentaires pour une bonne compréhension de la Guemara, de Rachi et de Tossefot, soit pour donner un nouvel éclairage, une nouvelle façon de comprendre le texte, montrant ainsi son infinie richesse. Insistons toutefois sur le fait qu’un tel ouvrage n’a pas vocation à offrir un tour d’horizon complet du chapitre du Talmud étudié. Outre que cela est impossible, ce n’est ni souhaité, ni même souhaitable, le sens du Talmud étant de laisser une large part à la confrontation des idées qu’un écrit, parce qu’il est figé, ne permet que modérément. Il s’agit d’un outil destiné à faciliter l’étude du Talmud : sa vocation première est de donner le goût et l’envie à l’étudiant d’acquérir plus d’autonomie encore et d’approfondir les sujets abordés dans les nombreux commentaires que nous offre notre patrimoine. Par ailleurs, rappelons que toute étude gagne à être sous la tutelle d’un Rav compétent, à même d’orienter ses élèves, en fonction de leurs caractéristiques propres, dans le dédale des commentaires de la Torah. Cet ouvrage s’adresse donc à tous : Le novice aura accès à une première compréhension du texte, ce qui lui permettra d’appréhender les raisonnements et les concepts maniés par les Talmudistes. L’initié trouvera des réponses à certaines de ses interrogations, et sera orienté vers des auteurs de référence pour approfondir son étude. Nous espérons ainsi que ce livre stimulera les étudiants à acquérir une nouvelle dimension de l’Etude de la Guemara. Nous pensons que le titre résume bien ces objectifs. « Comprendre et approfondir la Guemara » : faciliter la compréhension des textes pour permettre de les approfondir. CHOIX DU PREMIER CHAPITRE DU TRAITE PESSA’HIM Le premier chapitre de Pessa’him traite de notions qui sont à première vue familières de tous, telles que l’interdit de posséder du ‘hamets pendant Pessa’h, l’annulation du ‘hamets, la

recherche et l’élimination du ‘hamets, l’interdit d’en tirer profit ainsi que la vente du ‘hamets. Mais au fur et à mesure de l’étude, l’étudiant sera confronté à de multiples cas de figure, à de nombreuses questions et à diverses opinions qui l’obligeront à définir ces notions de manière de plus en plus précise. Par ce biais, l’étudiant aura la possibilité d’acquérir une autonomie dans la lecture de la Guemara et de Rachi, une rigueur indispensable à la compréhension de Tossefot, et surtout une méthode d’analyse des notions évoquées. L’étude de ces sujets nécessita la traduction et l’explication du premier chapitre jusqu’à la page 14a ainsi que de certaines pages du second chapitre (intitulé Kol Cha’a) : pages 21ab, 27b, 28ab et 29a. Au final, cette étude donnera un sens à tous ces actes que nous faisons chaque année lors des préparatifs de Pessa’h, et aussi une compréhension profonde de cette fête, tout en lui laissant son cachet divin. PRESENTATION ET MISE EN PAGE DE L’OUVRAGE Même si une grande attention a été portée à la traduction mot à mot, pour les raisons explicitées plus haut, nous avons jugé nécessaire d’ajouter, tant dans les traductions de la Guemara que dans celles des Rachi et des Tossefot, des mots et phrases entre crochets [], pour fluidifier le texte et le rendre intelligible. En effet, en plus du style volontairement aride de la Guemara, la traduction des mots mis bout à bout n’a pas de sens. A titre d’exemple, " Quoi entre eux" deviendra : " Quelle [différence pratique y a-t-il] entre [ces deux réponses]" Nous avons mis en caractères gras les mots que Rachi commente pour guider le lecteur et lui indiquer rapidement quels passages font déjà l’objet d’un premier niveau de commentaire, celui de Rachi, qui rappelons-le, s’efforce à fournir une compréhension linéaire du texte. Par ailleurs, les incises évoquées plus haut ont été ramenées entre crochets entre les paragraphes traduits de la Guemara et de Rachi. Dans Tossefot, nous avons choisi de les mettre en italique et dans une police réduite, car elles sont en général vouées à être plus importantes dans ce commentaire particulièrement réputé pour sa complexité. Les commentaires pertinents des Richonim et A’haronim, dont nous avons souligné l’importance, sont proposés dans des cadres dédiés pour permettre au lecteur d’en saisir immédiatement la teneur et l’intérêt. Par ailleurs, nous avons rapporté dans des notes de bas de page des éléments qui éclairent le lecteur et qui auraient trop chargé le texte principal pour y trouver leur place. C’est également à cet endroit qu’on trouvera les auteurs de référence qui permettront aux étudiants qui le souhaitent d’approfondir encore le sujet. Enfin, afin d’être abordable pour tous, ce livre comprend, en appendice, un résumé de tous les sujets traités. Sur un plan pédagogique, nous avons privilégié une approche mettant en exergue la structure du texte : introductions, conclusions, questions – réponses sont visuellement identifiables. Tout cela a vocation à faciliter la compréhension de la structure et donc du texte lui-même. Cela a surtout vocation à faire de l’étude basée sur cet ouvrage une étude vivante, mettant en valeur le cœur de ce que doit être la Torah orale : un « combat » pour retrouver la Vérité de la Torah, à force d’arguments et de débats. Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter d’avoir autant de plaisir à étudier avec cet ouvrage que nous en avons eu à le confectionner ! Be-Hatsla’ha.

Sujets traités DAF

2A3B

4B 5B

THEME ABORDE • •

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LA TORAH SUIT-ELLE L’ORDRE CHRONOLOGIQUE DES DIFFERENTS CHAPITRES QUI LA COMPOSENT ? POURQUOI ET QUAND DOIT-ON ANNULER LE ’HAMETS ?

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CAS D’UN PAIN MOISI DONT ON NE DISTINGUE PLUS SA QUALITE DE ’HAMETS ET ETABLISSEMENT DE LA PRESOMPTION (’HAZAKA) A PARTIR DU DERNIER USAGE UTILISE-T-ON LA FORME NOMINALE (’AL) OU VERBALE (LE) DANS LA BENEDICTION QUI PRECEDE LA RECHERCHE DU ’HAMETS ? LA BENEDICTION DOIT PRECEDER LA REALISATION DE LA MITSVA

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7B 8A

72 116 144 144 144 150 160 173 181 185 217 219 238 240 244 250 256 261 265 275

SOURCES ET RAISONS DE LA RECHERCHE DU ’HAMETS A LA LUEUR D’UNE BOUGIE CARACTERISTIQUES DES ENDROITS DANS LESQUELS ON EST TENU DE RECHERCHER LE ’HAMETS CAS DE LA RECHERCHE DANS DES ENDROITS DANGEREUX

• •

RISQUE-T-ON UN DOMMAGE LORS D’ACTIONS ENTREPRISES EN VUE DE LA REALISATION D’UNE MITSVA ? POURQUOI LES FRUITS DE GUINOSSAR ET LES SOURCES D’EAU CHAUDE DE TIBERIADE NE SONT PAS A JERUSALEM

•

QUELLE CAVE A VIN DOIT ETRE VERIFIEE ET QUELLES SONT LES RANGEES DE LA CAVE QUI DOIVENT ETRE

•

343 347 355

•

360 368

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POURQUOI FAUT-IL CACHER LE ’HAMETS DE PEUR QU’UNE BELETTE NE LE PRENNE ? ETUDES DE DIFFERENTS CAS TRAITANT D’UN EVENTUEL BESOIN D’UNE SECONDE

381

RECHERCHE

ET LEURS RESOLUTIONS GRACE AUX REGLES ETABLIES POUR LE TRAITEMENT DES DOUTES DANS D’AUTRES DOMAINES DE LA TORAH

•

FAUT-IL

389

ELIMINER UN ’HAMETS DEPOSE EN HAUT D’UNE POUTRE, AU FOND D’UN TROU OU DANS LA

BOUCHE D’UN SERPENT

11B

307 307

POURQUOI NE SE FONDE-T-ON PAS SUR LE FAIT QU’UNE BELETTE MANGE LE ’HAMETS QU’ELLE TRAINE (‘UN DOUTE NOUS SORT-IL D’UNE CERTITUDE ?’) NOUS FONDONS-NOUS SUR UN DOUTE PROCHE D’UNE CERTITUDE POUR SORTIR D’UNE CERTITUDE ?

9B10B

10B

288

321 332 340

• •

VERIFIEES

PAGES

LE MOT ‘OR’ SIGNIFIE-T-IL LA NUIT OU LE JOUR ? PARLER UN LANGAGE DECENT ET ENSEIGNER LES FORMULES LES PLUS CONCISES LES ZELES S’EMPRESSENT D’ACCOMPLIR LES MITSVOT POURQUOI RECHERCHE-T-ON LE ’HAMETS LA NUIT ? PEUT-ON ETUDIER AVANT LA BEDIKA ? A QUI INCOMBE L’OBLIGATION DE FAIRE LA BEDIKA, AU PROPRIETAIRE OU AU LOCATAIRE ? UNE MAISON LOUEE A UN ISRAËL EST-ELLE PRESUMEE AVOIR ETE VERIFIEE ? LE CREDIT ACCORDE AU TEMOIGNAGE DES FEMMES ET DES ENFANTS PEUT-ON ANNULER LA LOCATION D’UNE MAISON QUI N’A PAS ETE VERIFIEE ? SOURCE DE L’INTERDIT DE CONSERVER DU ’HAMETS A PARTIR DE ’HATSOT LA VEILLE DE PESSA’H PEUT-ON PRENDRE EN DEPOT LE ’HAMETS D’UN NON-JUIF ? SOURCE DE L’INTERDIT DE CACHER DU HAMETS REGLES CONCERNANT LE PREMIER NE D’UNE BETE SOUMISE A LA DIME ROYALE PRELEVEMENT DE LA ’HALLA D’UNE PATE SOUMISE A LA DIME ROYALE STATUT DU ’HAMETS D’UN NON-JUIF OBLIGATION DE CELUI QUI TROUVE DU ’HAMETS PENDANT YOM-TOV FAUT-IL ELIMINER LE ’HAMETS LORSQUE L’ON QUITTE SA MAISON AVANT PESSA’H ? ETUDIER LES LOIS DE PESSA’H TRENTE JOURS AVANT LA FETE

• • •

? JUSQU'A QUEL MOMENT DOIT-ON RECHERCHER LE ’HAMETS ? DANS QUELLES CIRCONSTANCES PREND-ON UN DECRET TRANSGRESSENT INVOLONTAIREMENT ?

AFIN

D’EVITER

QUE

QUELLE MARGE D’ERREUR ACCORDE-T-ON AUX TEMOINS DANS LEUR DEPOSITION ?

LES

GENS

435 439 446 473

• •

12B

•

POURQUOI ET DE COMBIEN D’HEURES LES SAGES ONT AVANCE L’INTERDIT DU ’HAMETS AVANT ’HATSOT RAPPORT ENTRE L’HEURE A LAQUELLE LES GENS MANGENT LEUR PREMIER REPAS DU JOUR ET LEUR

503

ACTIVITE

507

CONTRADICTION ENTRE DEUX TEMOIGNAGES SUR LA QUESTION DE SAVOIR SI LES FAITS SE SONT

509 520

DEROULES AVANT OU APRES LE LEVER DU SOLEIL

13A

•

QUAND

13B 21A 21B 27B 28A

JUSQU'A QUEL MOMENT PEUT-ON MANGER DU ’HAMETS ET QUELLES ’HALOT ETAIENT PLACEES SUR UNE ESTRADE AU

SIGNALER LE MOMENT DE BRULER LE ’HAMETS

• • • • • •

• •

MONT

TEMPLE

AFIN DE

JUSQU'A QUEL MOMENT EST-IL PERMIS DE TIRER PROFIT DU ’HAMETS ? PEUT-ON TIRER PROFIT D’UN ’HAMETS QUE L’ON A BRULE ? EPOUSER UNE FEMME EN LUI DONNANT DU ’HAMETS AU DEBUT DE LA SIXIEME HEURE SOURCE DANS LA TORAH DE L’INTERDIT DE MANGER ET DE TIRER PROFIT DU ’HAMETS QUE FAIT-ON AVEC UNE NEVELA ? DOIT-ON BRULER LE ’HAMETS AFIN DE L’ELIMINER ? FAUT-IL EMIETTER LE ’HAMETS ET BROYER UNE IDOLE AVANT DE JETER CES DERNIERS A LA MER ? REGLES CONCERNANT LE ’HAMETS D’UN JUIF OU D’UN NON-JUIF QUI A PASSE PESSA’H

537 554 565 567 571 571 585 598 608

Introduction générale Le traité Pessa’him contient la loi orale relative à la fête de Pessa’h. La Torah dit : « ʤʲʡʸʠʡ ʯʥʹʠʸʤ ʹʣʥʧʡ ʥʬʫʠʺ ʺʥʶʮ ʭʩʮʩ ʺʲʡʹ 'ʤʬ ʺʥʶʮʤ ʢʧ ʤʦʤ ʹʣʧʬ ʭʥʩ ʸʹʲ ʤʹʮʧʡʥ ,'ʤʬ ʧʱʴ ʭʩʡʸʲʤ ʯʩʡ ʹʣʧʬ ʭʥʩ ʸʹʲ - Au premier mois, le quatorze du mois, vers le soir, ce sera Pessa’h pour Hachèm ; et au quinzième jour de ce mois, ce sera la fête des azymes pour Hachèm, durant sept jours vous mangerez des azymes » (Exode 23, 4-5). Le quinze Nissan est le jour où le peuple juif est sorti d’Egypte et le vingt-et-un Nissan, celui où Hachèm a fendu la mer Rouge afin d’y faire traverser les enfants d’Israël et noyer l’armée égyptienne. Outre le fait de célébrer la libération de l’esclavage, cette fête marque la naissance même du peuple juif, comme le dit le verset : « 'ʤ ʭʫʬ ʤʹʲ ʸʹʠ ʬʫʫ [...] ʭʩʺʴʥʮʡʥ ʺʺʠʡ ʺʥʱʮʡ ʩʥʢ ʡʸʷʮ ʩʥʢ ʥʬ ʺʧʷʬ ʠʥʡʬ ʭʩʷʬʠ ʤʱʰʤ ʥʠ ʪʩʰʩʲʬ ʭʩʸʶʮʡ ʭʫʩʷʬʠ – et quelle divinité entreprit-elle jamais d’aller se chercher un peuple au milieu d’un autre peuple par des signes et des prodiges (…), comme tout ce qu’a fait pour vous Hachèm votre Dieu, en Egypte, à tes yeux ? » (Deutéronome 4, 34). Ce traité est composé de trois parties : la première traite des interdits relatifs à la possession et à la consommation de ’hamets ; la deuxième partie, des lois relatives à l’offrande du korban pessa’h (l’agneau pascal) enfin, le dernier chapitre traite des lois relatives au sédèr que l’on célèbre le premier soir de Pessa’h. Le premier chapitre du traité Pessa’him est consacré principalement à l’interdit de posséder du ’hamets pendant Pessa’h et au devoir de l’éliminer. 1. Qu’est-ce que le ’hamets ? On appelle ’hamets gamour (pur ’hamets), toute pâte fermentée, composée d’eau et de l’une de ces cinq céréales (le blé, l’orge, l’épeautre, le seigle et l’avoine). Il est interdit d’en consommer pendant Pessa’h car il est écrit : « ʵʮʧ ʬʫʠʩ ʠʬʥ – et qu’il ne soit pas mangé de ’hamets » (Exode 13, 3), et celui qui en mange est passible de la peine de retranchement 1 (karèt) car le verset dit : « ʤʺʸʫʰʥ ʺʶʮʧʮ ʬʫʥʠ ʬʫ ʩʫ – car quiconque mange de ce qui est levé, [celui-là] sera retranché » (Id., 12, 19). Néanmoins, celui qui mange du ’hamets non comestible (’hamets noukché ) ou mélangé à d’autres ingrédients n’est pas passible de karèt mais des trente-neuf coups. Notons enfin, en raison de sa faculté à faire lever d’autres pâtes, que le levain (sé’or) a le statut de ’hamets gamour bien qu’il ne soit pas comestible. La Guemara rapporte au second chapitre (28a et 28b) différents avis concernant l’interdit d’en tirer profit ou d’en consommer la veille de Pessa’h2. 2. Les interdits de posséder du ’hamets : Bal Yéraé et Bal Ymatsé Deux lavim (commandements négatifs) interdisent de garder du ’hamets chez soi pendant Pessa’h : - ʪʬʥʡʢ ʬʫʡ ʸʥʠʹ ʪʬ ʤʠʸʩ ʠʬʥ ʵʮʧ ʪʬ ʤʠʸʩ ʠʬʥ « et le ’hamets ne sera pas vu à toi, et le levain ne sera pas vu à toi dans tous tes territoires » (Exode 13, 7). Cet interdit s’appelle Bal Yéraé. - ʭʫʩʺʡʡ ʠʶʮʩ ʠʬ ʸʥʠʹ ʭʩʮʩ ʺʲʡʹ « sept jours ne sera pas trouvé de levain dans vos maisons » (Exode 12, 19). Cet interdit s’appelle Bal Ymatsé. a. Bal Yéraé et Bal Ymatsé sont-ils un seul et même interdit ou deux interdits distincts ? Dans son Séfèr ha-Mitsvot, le Rambam considère Bal Yéraé et Bal Ymatsé comme deux interdits distincts3 . Le Réèm 4 conteste néanmoins cette distinction en se fondant sur un autre enseignement du Rambam 5 d’après lequel, lorsque la Torah énonce plusieurs interdits similaires, on les considère comme un seul et même interdit, ce qui semble être le cas de Bal Yéraé et Ymatsé qui interdisent tous deux de posséder

Karèt, littéralement retranchement. C’est une condamnation à mort que seul le Tribunal Céleste est habilité à exécuter. Voir à ce sujet le Rambam (’Hamets ou-Matsa, 1, 8), le Ra’avad (là-bas) ainsi que le Tour (443). 3 Séfèr ha-Mitsvot, commandements négatifs, 200 et 201. 4 Réèm : acronymes de Rabbi Eliahou Mizra’hi. Il pose cette question dans son commentaire sur le SMaG (Sefèr Mitsvot Gadol, 2

commandements 77-78). 5 Introduction au Séfèr ha-Mitsvot, principe 9.

du ’hamets. Le Kessèf Michné (’Hamets ou-Matsa, 1, 3) affirme que ces deux interdits sont effectivement distincts et qu’on ne transgresse Bal Yéraé que pour un ’hamets visible. Qu’ainsi, dans le cas d’un ’hamets enterré, seul l’interdit de Bal Ymatsé aurait été transgressé. Cependant, le Roch (ch. 1, 9) soutient que la violation de l’interdit de Bal Yéraé ne dépend pas du fait de voir le ’hamets1. b. Le moment de l’interdit Le Ra’avad (’Hamets ou-Matsa, 3, 8) et le Méiri (6b, ʪʥʺʮʥ ʤ''ʣ) déduisent des mots « sept jours » (Exode 12, 19), que ces interdits ne sont en vigueur que durant les sept jours de Pessa’h, et le Maguid Michné (ibid.) écrit que le Rambam partage cet avis. Néanmoins, le Tsla’h (63a, ʡʩʩʧ ʤ''ʣ) et le ’Hok Yaacov (443, 1) relèvent que Rachi a écrit à plusieurs reprises (Pessa’him 4a, ʸʩʠʮ 'ʸʬ ʤ''ʣ et Bava Kama 29b, ʹʹʮ ʤ''ʣ) que l’interdit de Bal Yéraé commençait la veille de Pessa’h, à partir de la septième heure du jour2, et le Noda Bihouda (Ora’h ’Haïm I, 20) attribue également cette opinion au Rambam. Le Tossefot Yom-Tov ( ʣ''ʮ ʤ''ʴ ʡʩʩʧ ʤ''ʣ) démontre que même selon Rachi cet interdit ne commence qu’à l’entrée de Yom-Tov. Voir également le Min’hat ‘hinoukh (commandement 11, 1) ainsi que le Cha’ar ha-Tsyoun (443, 2). Tous les décisionnaires reconnaissent néanmoins qu’il est interdit de garder du ’hamets chez soi la veille de Pessa’h à partir de la septième heure du jour. c. Les limites de l’interdit • • • •

Nos Sages déduisent de l’expression du verset : « ne sera pas vu à toi » que cet interdit ne s’applique pas au ’hamets appartenant à un non-Juif, ou qui a été consacré au Temple (hekdèch). De là vient l’habitude de vendre le ’hamets à des non-Juif avant Pessa’h3. Lorsqu’un Juif reçoit en dépôt du ’hamets appartenant à un non-Juif et qu’il s’en porte garant, il lui est interdit de le garder chez lui pendant Pessa’h. Les Richonim 4 discutent du degré de responsabilité minimum sur le ’hamets qui interdit de le prendre en dépôt. Le Ramban tient qu’on ne transgresse aucun interdit5 en possédant du ’hamets en dehors de chez soi, tandis que Rachi6, Rabbeinou Yona7 et le Roch8 soutiennent que cela constitue la transgression de Bal Yéraé et Bal Ymatsé. Selon le Ba’h (443) et le Maguèn Avraham (443, 5), on ne transgresse aucun interdit lorsque l’on a chez soi du ’hamets appartenant à un autre Juif puisqu’il ne nous appartient pas ; selon le Gaon de Vilna (443, 2) cela est interdit (midéorayta)9.

3. La mitsva d’éliminer le ’hamets : Tachbitou Il est écrit : ʭʫʩʺʡʮ ʸʥʠʹ ʥʺʩʡʹʺ ʯʥʹʠʸʤ ʭʥʩʡ ʪʠ « seulement le premier jour, vous annulerez le levain de vos maisons » (Exode, 12, 15). La Guemara (4b) démontre que le « premier jour » dont il est question ici fait allusion à la veille de Pessa’h, autrement dit le jour du quatorze Nissan. En outre, les Sages relèvent que le terme « seulement » implique toujours une restriction, et en déduisent que le devoir d’éliminer le ’hamets ne commence qu’à partir de la moitié de la journée, ou ’hatsot ha-yom. Ce moment n’est pas midi, mais se situe exactement entre le début et la fin du jour, à savoir, six heures saisonnières après le début du jour10.

1 Voir Rabbeinou David (5b, ʸʮʠʰʹ ʤ''ʣ) qui traite aussi de ce sujet. Voir aussi le Min’hat ‘hinoukh (commandement 20, 1) qui envisage un accord entre le Roch et le Kessèf Michné. 2 Les « heures » dont il est question ici sont des cha’ot zmaniot (heures saisonnières). En été s’il fait jour pendant 15 heures, une heure saisonnière correspond à 1h15. Inversement, en un jour d’hiver qui dure 9 heures, une heure saisonnière correspond à 45 minutes. La manière de mesurer la longueur du jour fait l’objet d’une discussion. Selon le Maguèn Avraham le jour se mesure depuis l’aube (alot ha-cha’har) jusqu’à l’apparition de trois étoiles (tsèt ha-cokhavim) ; selon le Gaon de Vilna, celui-ci commence au lever du soleil (nèts ha-‘hama) et se termine au coucher du soleil (chkiat ha-‘hama). 3 Voir Choul’han Aroukh (Ora’h ’Haïm, 448, 3). 4 Daf 5b. 5 Voir ’Hidouché ha-Ramban (daf 6a) ainsi que dans les commentaires du Ramban sur la Torah (Exode 12, 19). 6 Commentaire sur la Torah (ibid.). 7 Rapporté dans le Roch (ch. 1, 4). 8 Ibid. 9 Voir à ce sujet le Pné Yéochoua (4a, ʤʩʰʩʮ ʠʲʡ ʤ''ʣ et 5b, ʸʮʠʰʹ ʩʴʬ ʤ''ʣʡ ʩ''ʹʸʩʴʡ ʤ''ʣ) ; le Cha’agat Arié (83-85), le Tsla’h (29a, ʤ''ʣ ʳʩʬʩʥ) ; le Mékor ’Haïm (440, 5) et le Cha’ar ha-Tsyoun (443, 20). 10 Voir plus haut la note explicative de ce sujet.

a. Sens de Tachbitou Le Rambam (’Hamets ou-Matsa, 2, 1) écrit que cette mitsva nous enjoint à éliminer le ’hamets avant qu’il ne soit interdit à la consommation, c’est-à-dire avant ’hatsot ha-yom. Rachi1 et le Ramban (4b, ʥʹʷʤʹ ʤʮʥ ʤ''ʣ) sont également de cet avis. D’après cette opinion, la mitsva de tachbitou consiste à faire en sorte que le ’hamets ne soit plus présent lorsqu’il devient interdit. A l’inverse, Tossefot (4b, ʠʺʩʩʸʥʠʣʮ ʤ''ʣ) écrivent que cette mitsva ne nous incombe qu’à partir du moment où le ’hamets est interdit au profit (après hatsot ha-yom), car selon eux la mitsva consiste dans le fait même d’éliminer physiquement le ’hamets. Le Min’hat ‘hinoukh (9, 1) dit que ʥʺʩʡʹʺ peut s’entendre dans le sens de ‘annulez’ ou dans celui de ‘faites qu’il soit annulé’ (ʺʡʹʥʮ), et conclut que ces deux interprétations constituent le fond de la discussion entre Rachi, le Ramban et Tossefot. b. Accomplissement de Tachbitou La Michna (ch.2, 1) rapporte une discussion entre Rabbi Yéhouda et les Sages portant sur la manière adéquate d’accomplir cette mitsva. Selon Rabbi Yéhouda, la seule façon d’éliminer le ’hamets est de le brûler, d’où la célèbre formule « ʤʴʩʸʹ ʠʬʠ ʵʮʧ ʸʥʲʩʡ ʯʩʠ – l’élimination du ’hamets ne se fait que par combustion ». Selon nos Sages, tous les moyens sont bons pour éliminer le ’hamets. Les Guéonim (rapportés dans le Roch, ch.2, 3), le Rambam (’Hamets ou-Matsa, 3, 11), le Baal ha-Maor (pages du Rif, 5a), le Ritva et d’autres encore tranchent comme nos Sages, ces derniers étant plus nombreux que Rabbi Yéhouda. Néanmoins, Rachi et Tossefot (27b, ʸʥʲʩʡ ʯʩʠ ʤ''ʣ) tranchent comme Rabbi Yéhouda. Le Choul’han Aroukh (445, 1) tranche comme les Sages mais le Rama ajoute que l’habitude consiste généralement à brûler le ’hamets. Nous verrons par la suite2 que selon Rachi et le Rambam, on peut également accomplir cette mitsva en annulant le ’hamets dans le cœur (bitoul ba-lev), à savoir, en déclarant que le ’hamets nous appartenant est comme la poussière de la terre et qu’il n’a aucune valeur (voir daf 4b et 6b). c. Implications de Tachbitou Au dernier chapitre de Témoura (34a), une Beraïta enseigne, qu’il est permis de tirer profit des cendres de tous les objets interdits au profit, qui nécessitent d’être brûlés. Tossefot (21b, ʩʣʤʡ ʤ''ʣ) en déduisent que pour Rabbi Yéhouda qui soutient que le ’hamets doit être brûlé, les cendres devraient également être permises au profit, tandis que d’après les Sages, elles devraient être interdites. Toutefois, Rabbi Akiva Eiger (Choul’han Aroukh, 445, 1)3, le Mékor ’Haïm (445, 1) et le Avné Milouïm (Tchouvot, 19) expliquent que la raison pour laquelle la cendre des objets qui doivent être brûlés est permise, se trouve dans le fait que la mitsva de les brûler destine ces objets uniquement à l’accomplissement de la mitsva. Ainsi, lorsque la mitsva a été accomplie (ʥʺʥʶʮ ʺʩʹʲʰ), l’interdit est levé et les cendres sont permises. Puisque d’après les Sages, on peut accomplir la mitsva de tachbitou par tous les moyens possibles, ces derniers devraient également reconnaître qu’il est autorisé de tirer profit des cendres4. d. Limites de Tachbitou Le Mékor ’Haïm (431, Pti’ha, 4) écrit que bien qu’il soit interdit de garder chez soi du ’hamets appartenant à un non-Juif sur lequel on s’est porté garant, on n’est néanmoins pas tenu de l’éliminer, car la mitsva de tachbitou n’incombe qu’au propriétaire réel du ’hamets. Aussi, il dit que cette mitsva n’a pas été énoncée pour un ’hamets qui se trouve dans un endroit qui nous appartient sans toutefois être notre maison (un puits par exemple). Le Noda Bihouda (Ora’h ’Haïm I, 20) et le Cha’agat Arié (78) le désapprouvent sur les deux points, car selon eux les limites de Tachbitou sont identiques à celles de Bal Yéraé et Ymatsé.

Voir Rachi (4b, ʭʩʮʩ ʺʲʡʹ ʤ''ʣ) ; Tossefot (id., ʡʩʺʫʥ ʤ''ʣ) ainsi que le Maharcha là-bas. Paragraphe 4. 3 Rapporté dans le Choul’han Aroukh éditions Friedman. 4 Voir les ’Hidouché Rabbeinou Haïm ha-Lévi (Soloveitshik), ’Hamets ou-Matsa (1, 3), qui explique que la discussion entre Rabbi Yéhouda et nos Sages entraîne une différence de fond dans la compréhension des interdits de Bal Yéraé et Bal Ymatsé. Voir également les ’Hidouché Rabbi Chlomo (Heymann) sur Pessa’him ('ʢ 'ʩʱ), le ’Hazon Ish (124, 27b) et le Avi Ezri (’Hamets ou-Matsa, 3, 11). 1 2

e. Y a-t-il une relation entre Tachbitou et les interdits de Bal Yéraé et Bal Ymatsé ? Dans notre Guemara (95a), il est écrit que Bal Yéraé et Ymatsé sont un lav ha-nitak lé-assé1, c’est-à-dire que celui qui garde du ’hamets pendant Pessa’h peut et doit réparer sa faute en accomplissant la mitsva d’éliminer son ’hamets (tachbitou)2. D’ailleurs, Tossefot (29b, ʡʸ ʤ''ʣ) disent que cette opinion est celle de Ri. Cependant, le Rambam (’Hamets ou-Matsa, 1, 3) écrit que celui qui transgresse Bal Yéraé et Ymatsé n’est pas passible des trente-neuf coups parce que c’est un lav que l’on transgresse passivement ( ʥʡ ʯʩʠʹ ʥʠʬ ʤʹʲʮ). Le Rambam tranche par conséquent que celui qui achète du ’hamets pendant Pessa’h est passible des trente-neuf coups 3. 4. Le Bitoul ’hamets (l’annulation du ’hamets) : un moyen de ne pas transgresser Bal Yéraé et Bal Ymatsé La Guemara (4b) dit que du point de vue de la Torah, il serait suffisant d’annuler le ’hamets dans le cœur. Selon Rachi (4b, ʠʮʬʲʡ ʬʥʨʩʡʡ ʤ''ʣ), on l’apprend du verset : « seulement le premier jour vous annulerez le levain de vos maisons » (Exode 12, 15), car le verset n’enjoint pas d’éliminer physiquement le ’hamets mais de l’annuler, et une annulation dans le cœur suffit. D’ailleurs, le Rambam (’Hamets ou-Matsa, 2, 2) écrit que l’annulation du ’hamets est l’accomplissement de l’injonction de tachbitou. Selon le Ramban (ʸʹʴʠʥ ʤ''ʣ), on apprend cela du verset « il ne sera pas vu à toi » (Id., 13, 7), que nos Sages interprètent dans le sens de « annule dans ton cœur ». Tossefot (4b, ʠʺʩʩʸʥʠʣʮ ʤ''ʣ) désapprouvent Rachi sur ce point et estiment que le fait d’annuler dans le cœur le ’hamets n’est qu’une façon d’éviter la transgression des interdits de Bal Yéraé et Bal Ymatsé (en rendant le ’hamets hefker) et non une façon d’accomplir le commandement positif de Tachbitou. a. Bitoul : faut-il le prononcer, ou le simple fait d’annuler le ’hamets dans le cœur suffit ? Rachi (6b, ʷʣʥʡʤ ʤ''ʣ) écrit que l’annulation se fait dans le cœur, et le Choul’han Aroukh (437, 2) et le Biour ha-Gra (437, 2) tranchent ainsi. Voir également les Richonim (6b) et le Biour Halakha (437, ʥʡʬʡ ʤ''ʣ). b. Le Bitoul est-il effectif concernant un ’hamets que l’on sait pertinemment être chez soi ? Le Ran (pages du Rif, 1a, ʠʬʠ ʤ''ʣ) et le Pri ’Hadash (431, 1, ʩʺʫʠʥ ʤ''ʣ) disent qu’on peut même annuler un ’hamets que l’on sait être chez soi. Mais le Kessèf Michné (’Hamets ou-Matsa, 2, 2) tient que selon le Rambam on ne peut pas annuler un tel ’hamets, et que la seule solution est de l’éliminer physiquement. Voir également le Beit Yossef (431, ʭ''ʡʮʸʤ ʩʸʡʣʮʥ ʤ''ʣ), le Ba’h (431, ʩ''ʡ ʡʺʫʹ ʤʮʥ ʤ''ʣ), le Pné Yéochoua (4b, ʯʥʩʫ ʭʹ ʤ''ʣ) et le Kéhilot Yaacov (Pessa’him, 2). 5. La Bdikat ’hamets (recherche du ’hamets) Bien qu’au regard de la Torah, le bitoul soit suffisant pour ne pas transgresser Bal Yéraé et Ymatsé, les Sages ont institué de rechercher le ’hamets la veille du quatorze Nissan et de l’éliminer le lendemain avant la sixième heure du jour. Les Richonim justifient cela de trois manières différentes : a) Selon Tossefot (2a, ʸʥʠ ʤ''ʣ), les Sages ont institué de rechercher le ’hamets et de l’éliminer afin que les gens n’en mangent pas par inadvertance. b) Selon le Ran (pages du Rif, 1a, ʠʬʠ ʤ''ʣ), les Sages ont craint que les gens n’annulent pas sincèrement leur ’hamets. c) Le Barténoura (ʠ''ʮ ʠ''ʴ) explique que les Sages ont craint qu’en cas de découverte d’un gâteau appétissant les gens ne regrettent de l’avoir annulé et veuillent en manger. En effet, le fait même de vouloir en manger contredirait et invaliderait le bitoul, et provoquerait la transgression des interdits de Bal Yéraé et Ymatsé en l’absence même de passage à l’acte.

Lav ha-nitak lé-’assé : c’est un commandement négatif que l’on peut réparer en accomplissant une mitsva. La transgression d’un tel lav ne rend pas passible des trente-neuf coups, mais elle oblige à faire la mitsva qui le répare. 2 Voir Tossefot Rabbeinou Pérèts (4b, ʠʺʩʩʸʥʠʣʮ ʤ''ʣ). 3 Voir ’Hidouché Rabbeinou Haïm ha-Lévi (Soloveitshik), ’Hamets ou-Matsa (1, 3) et le Avi Ezri (’Hamets ou-Matsa, 3, 11).

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ʭʩʧʱʴ – ʯʥʹʠʸ ʷʸʴ – ʸʹʲ ʤʲʡʸʠʬ ʸʥʠ INTRODUCTION : La première Michna du traité Pessa’him traite de l’obligation de rechercher le ’hamets la nuit qui précède Pessa’h. Après avoir posé le principe et le moment de la recherche, la Michna en énonce les limites.

MICHNA

– La veille1 du quatorze [Nissan], nous recherchons le ’hamets [pain levé qui pourrait éventuellement se trouver en notre possession] à la lueur d’une bougie, [en vue de l’éliminer par après]. Tout endroit dans lequel nous n’introduisons pas de ’hamets ne nécessite pas de recherche. Et dans quel cas [nos Sages] ont-ils dit [ci-dessous, qu’il fallait le rechercher. Dans le cas de] deux rangées [de tonneaux de vin disposés] dans une cave à vin ? [On n’y introduit pourtant pas de ’hamets ?] [Réponse : il s’agit d’]un endroit dans lequel on [peut avoir] introduit du ’hamets, [comme par exemple, la cave à vin de la maison dans laquelle il arrive qu’une personne y aille pour chercher du vin au cours du repas, et qu’elle y entre avec du pain]. [Quant à l’obligation de rechercher tout au long de deux rangées,] Beit Chammaï disent [que les] deux rangées [en question s’étendent] sur toute la surface de la cave, et Beit Hillel disent [qu’il s’agit] des deux rangées extérieures, qui sont [en fait les deux rangées] du haut.

Commentaires de Rachi

ʸʹʲ ʤʲʡʸʠʬ ʸʥʠ la veille du quatorze : Telle est [la bonne] version. ʸʰʤ ʸʥʠʬ à la lueur d’une bougie : La Guemara en explique [plus loin] la raison. ʯʩʷʣʥʡ nous recherchons : afin qu’il ne transgresse pas [les injonctions de la Torah2 stipulant que tout ’hamets] « ne doit être ni vu3 (ʤʠʸʩ ʬʡ) ni trouvé (ʠʶʮʩ ʬʡ) » [en notre possession]. ʥʸʮʠ ʤʮʡʥ dans quel cas ont-ils dit : [Ils en parlent] plus loin dans notre Michna. ʺʥʸʥʹ ʩʺʹ deux rangées : de tonneaux disposés dans une cave à vin, il faut rechercher [le ’hamets qui pourrait se trouver] entre eux. [Ce sur quoi le Tana demande :] après avoir dit que tout endroit dans lequel nous n’introduisons pas de ’hamets ne nécessite pas de recherche, pourquoi [ces deux rangées de tonneaux] nécessitent-elles une recherche ? [En réponse,] il explique qu’ils n’ont dit cela que pour des caves dans lesquelles on [peut avoir] introduit du ’hamets, comme par exemple une cave de laquelle [le maître de maison] se sert du vin [pour l’apporter] à sa table : parfois, le valet se trouve là pour servir le vin [tout en tenant] son pain dans la main, et lorsqu’il n’y a plus de vin, il va à la cave pour apporter du vin [avec son pain encore dans la main et il pourrait y avoir laissé du ’hamets au passage]. ʳʺʸʮʤ ʬʫ ʩʰʴ ʬʲ ʺʥʸʥʹ ʩʺʹ deux rangées sur toute la surface de la cave : La Guemara (8b) explique ce que cela veut dire. 'ʥʫ ʺʥʰʥʶʩʧʤ ʺʥʸʥʹ ʩʺʹ les deux rangées : La Guemara (8b) l’explique.

Le mot ‘Or’ désigne ordinairement la lumière. La Guemara s’interrogera sur la signification de ce mot ici, et parviendra à la conclusion qu’il désigne la nuit. La nuit du 14 Nissan signifie la veille de Pessa’h (le nouveau jour commence toujours à partir de la nuit dans le calendrier hébraïque). 2 Rachi semble dire ici que l’obligation de rechercher le ’hamets trouve sa source dans la Torah écrite elle-même (mi-de-Orayta). En effet, l’interdit étant de ne pas posséder de ’hamets, lorsque nous le recherchons afin de l’éliminer nous accomplissons de fait l’injonction de la Torah de ne pas en posséder. Voir Tossefot (s.v. Or le-arba’a ‘assar) qui désapprouve Rachi sur ce point. 3 Cet interdit ne signifie pas qu’il est interdit de voir le ’hamets, mais qu’il est interdit de l’avoir chez soi en sorte qu’on puisse le voir.

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ʭʩʧʱʴ – ʯʥʹʠʸ ʷʸʴ – ʸʹʲ ʤʲʡʸʠʬ ʸʥʠ Commentaires de Tossefot

La veille du quatorze [Nissan] nous recherchons le ’hamets – ʵʮʧʤ

ʺʠ ʯʩʷʣʥʡ ʸʹʲ ʤʲʡʸʠʬ ʸʥʠ

Rachi explique [qu’on doit le rechercher] pour ne pas transgresser [les injonctions de la Torah stipulant que tout ’hamets] ne doit être ni vu ni trouvé [en notre possession].

QUESTION : [Cette thèse est] difficile [à accepter] pour Ri car [dès lors qu’]il faut [de toute façon] annuler le ’hamets [dans son cœur], comme le dit la Guemara : « celui qui recherche [le ’hamets] doit [également l’]annuler », [et que d’autre part,] d’après la Torah, le simple fait d’annuler [le ’hamets] suffit [à lui seul] pour [ne pas transgresser les injonctions de] la Torah1 [évoquées par Rachi], pourquoi nos Sages ont-ils imposé la recherche [du ’hamets] ? REPONSE : Il semble à Ri que, bien que la simple annulation [du ’hamets] suffise [du point de vue de la Torah], nos Sages ont [imposé] une conduite de rigueur [et ont institué] de le rechercher et de l’éliminer afin qu’on n’en vienne pas à en manger [par inadvertance]. Cette [réponse] se voit confortée plus loin par la Guemara (10b), [où] Rava demande [s’il faut chercher puis éliminer] un pain qui se trouve dans les tuiles faîtières [car n’étant pas censé tomber, on ne risque pas d’en venir à le manger2 et donc nous sommes dispensés de l’obligation de le chercher puis de l’éliminer ? Ou] peut-être, [faut-il quand même le rechercher et l’éliminer car il arrive] parfois [qu’]il tombe, et on [pourrait en] venir à le manger », [ce qui démontre bien que l’obligation de rechercher et d’éliminer le ’hamets est liée au risque d’en manger, comme le dit Ri].

QUESTION SOUS-ENTENDUE : Une fois établi que la recherche du ’hamets est une institution de nos Sages qui ont pris en compte le risque de manger du ’hamets par inadvertance, Tossefot s’interrogent sur les raisons qui ont motivé nos Sages à ne pas prendre en considération ce même risque concernant d’autres objets interdits par la Torah3. REPONSE 1 : La raison pour laquelle [nos Sages] ont adopté ici [à propos du ’hamets] une conduite de rigueur plus que pour d’autres [objets] dont il est interdit de tirer profit – qu’ils n’ont pas imposé d’éliminer physiquement – tient au fait que le ’hamets est autorisé [à la consommation] toute l’année et n’est interdit que pendant Pessa’h, et [lorsque Pessa’h arrive,] ils [les gens] ne s’en séparent pas [automatiquement, et ils pourraient aisément en venir à en manger du fait de l’habitude], comme le dit la Guemara plus loin (11a4), [d’où la nécessité d’instituer que le ’hamets soit éliminé physiquement]. Et [c’est en cela que le ’hamets] ne ressemble pas à de la viande [qui a été cuite] dans du lait5, à un fruit de ’orla6 ou aux mélanges du vignoble7, car l’interdit [qui porte] sur ces derniers est en vigueur perpétuellement. Quant au nazir, ce qui lui est interdit [à savoir, le vin et les produits de la vigne,] est autorisé aux autres, [c’est-à-dire qu’il s’abstient de consommer ce que l’on consomme habituellement, et dans ces conditions, il ne risque pas de boire du vin par inadvertance].

L ETUDE APPROFONDIE On appelle nazir une personne ayant fait le vœu de s’abstenir de vin et de tout produit de la vigne. Le temps de son vœu, il est interdit au nazir de se couper les cheveux ou de se rendre impur (voir Nombres ch. 6). Si quelqu’un fait vœu de nezirout sans en préciser la durée, elle est de trente jours ; c’est à ce cas que se réfèrent Tossefot dans la mesure où, si l’on parlait d’un vœu de nezirout perpétuelle, on en reviendrait aux cas déjà traités, comme le mélange de viande et de lait. Au contraire, la nezirout de trente jours présente avec l’interdit de ’hamets la particularité supplémentaire d’être limitée dans le temps. Le Maharcha demande : étant donné que la question de Tossefot porte sur des objets interdits à la consommation et au profit, pourquoi Tossefot ramènent également le cas du nazir pour qui, seule la consommation des produits de la vigne est interdite, mais pas le profit qu’il peut en retirer (il peut par

1 Pour Tossefot (4b, s.v. Mi-de-Orayta), annuler le ’hamets dans son cœur signifie s’en déposséder par le biais d’une déclaration verbale (le rendre hefker), et cela suffit pour être quitte de l’injonction de la Torah de ne pas posséder de ’hamets. En effet, celle-ci est formulée en ces termes : « et ne sera pas vu pour toi du pain levé » (Exode 13, 7) et nos Sages interprètent (Pessa’him, 5b) « tu ne peux pas voir ton ’hamets mais tu peux voir celui des autres ». Rachi (4b, s.v. Be-bitoul be-’alma) donne une autre explication de la notion d’annulation du ’hamets. 2 Voir commentaire n°4. 3 Cette question découle directement de la précédente réponse, car si nous nous en tenions à la réponse de Rachi, cette question n’aurait pas lieu d’être, puisque selon lui la recherche du ’hamets a pour fonction d’éviter la transgression de ʠʶʮʩ ʬʡʥ ʤʠʸʩ ʬʡ ceux-ci étant des interdits spécifiques au ’hamets (Kol Mevasser, Rabbi Moché Rosilio). 4 La Guemara utilise cet argument pour expliquer pourquoi R. Yehouda interdit à celui qui a oublié de rechercher le ’hamets en son temps de le rechercher une fois qu’il est interdit, de peur qu’il n’en mange, bien qu’il autorise de manipuler la nouvelle récolte (’hadash) avant que le ‘omer (offrande qui autorise la nouvelle récolte à la consommation) n’ait été offert. 5 Si de la viande a été cuite dans du lait, le tout est interdit à la consommation et au profit (voir Exode 34, 26 et Rachi sur place). 6 Lorsque l’on plante un arbre fruitier en Erets-Israël, les fruits qu’il produit les trois premières années, appelés fruits de ’orla, sont interdits à la consommation et au profit (Lévitique, 19, 23). 7 Il s’agit de produits agricoles issus d’un champ où ont poussé à proximité l’un de l’autre de la vigne et deux autres plantes, qu’il s’agisse de céréales, de légumes ou de fruits (voir Lévitique 19, 19).

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ʭʩʧʱʴ – ʯʥʹʠʸ ʷʸʴ – ʸʹʲ ʤʲʡʸʠʬ ʸʥʠ (Suite de la Guemara)

INTRODUCTION : La Guemara cherche à comprendre pourquoi nos Sages ont institué de faire la bdika pendant la nuit du 14 Nissan. [QUESTION :] – A présent que nous avons établi que d’après tous [les avis] or désigne la nuit, [il faut donc rechercher le ’hamets dans la nuit du 14 Nissan.] Or, puisqu’aussi bien selon Rabbi Yéhouda que selon Rabbi Méir le ’hamets n’est interdit [par la Torah] qu’à partir de la [fin de la] sixième heure [du jour,] que l’on recherche [le ’hamets] au [début de] la sixième [heure] ! ? Et si tu dis que [cela se trouve justifié par le fait que] les zélés anticipent l’[accomplissement des] mitsvot, que l’on recherche le ’hamets à partir du matin, car il est écrit [concernant la circoncision] « et le huitième jour, sera circoncise la chair de son prépuce » (Lévitique 12, 3), et une Beraïta enseigne : « tout le [huitième] jour est valable [pour accomplir] la circoncision, mais les zélés anticipent l’[accomplissement des] mitsvot 1, comme il est écrit [à propos du sacrifice d’Isaac] « Abraham se leva de bon matin » (Genèse 22, 3), [ce qui démontre, que bien qu’Abraham se soit empressé d’accomplir l’ordre divin d’aller au Mont Moriah, il n’est pas parti avant la nuit qui précédait l’obligation. Aussi, réaliser la bdika le matin du 14 Nissan aurait déjà constitué la marque d’un empressement particulier. Pourquoi nos Sages ont-ils donc institué de rechercher le ’hamets dès la nuit du 14 Nissan 2] ? [REPONSE :] – Rav Na’hman bar Ytsh’ak dit : [ils ont institué de la faire le soir,] au moment où les gens se trouvent dans leur maison et où la lueur de la bougie est bonne pour la recherche. [ABBAYE TIRE DE CETTE REPONSE UNE APPLICATION PRATIQUE (NAFKA MINA) :] – Abbayé dit : par conséquent, que ce jeune disciple des Sages n’entame pas son temps [d’étude] le soir du 13 [Nissan], veille du 14 [Nissan], [avant d’avoir recherché le ’hamets, car,] peut-être son étude se prolongera-t-elle et pourrait-il en venir à négliger la mitsva [de recherche du ’hamets 3]. L ETUDE APPROFONDIE La Guemara dit que nos Sages ont institué de rechercher le ’hamets pendant la nuit parce qu’à ce moment-là les gens sont chez eux et que la lueur de la bougie est plus efficace la nuit. Selon Rabbeinou David et le Ran, le Ba’al ha-Maor (pages du Rif, 4a) soutiendrait que Rav Na’hman ne justifie la réalisation de la bdika le soir qu’en raison du fait que les gens sont chez eux le soir, tandis que le fait d’utiliser des bougies se trouverait être seulement la conséquence du fait de se trouver chez soi à la maison. Voir le commentaire sur Tossefot ʸʮʠʰʹ ʤ''ʣ où il est expliqué que ce principe peut se comprendre de deux façons : soit que les zélés accomplissent immédiatement la mitsva qui se présente à eux, soit qu’ils anticipent la mitsva avant qu’elle ne se présente à eux, c’està-dire qu’ils font en sorte d’être prêts à l’accomplir lorsque le moment viendra. Nous voyons d’ici que celui qui ne circoncit pas son fils dès le lever du soleil n’est certes pas qualifié de ‘zélé’, mais on ne considère pas non plus qu’il annule la mitsva de circoncire son fils tant qu’il ne l’a pas circoncis. Voir à ce sujet le ’Hidouché ha-Gra’h (8, 18) et le ’Hazon Ish (Yoré Déa, 153, 5). 2 Pour une autre explication de ce passage, voir Rabbeinou David. 3 L’interdit d’entamer une étude avant la bdika concerne tout le monde, pas seulement les disciples, mais le ’Hatam Sofèr explique que la Guemara dit plus haut que nos Sages ont institué de rechercher le ’hamets à la tombée de la nuit parce qu’à ce moment-là les gens rentrent chez eux et sont disponibles pour la bdika. Ainsi, il y aurait eu lieu de penser que cette raison n’était pas valable pour un disciple toujours préoccupé par son étude, que ce soit à la maison ou à l’extérieur. C’est pour cela que la Guemara précise ici, que même lui doit rechercher le ’hamets à la tombée de la nuit. 1

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ʭʩʧʱʴ – ʯʥʹʠʸ ʷʸʴ – ʸʹʲ ʤʲʡʸʠʬ ʸʥʠ Ils expliquent quant à eux que la Guemara invoque en fait deux raisons : 1) les gens sont chez eux, disposés à rechercher le ’hamets ; 2) la lueur de la bougie est plus efficace de nuit que de jour, et ils en déduisent que selon le Ba’a ha-Maor, il serait permis d’avancer la bdika au jour du 13 Nissan. Eux soutiennent toutefois qu’on ne peut faire la bdika que pendant la nuit parce qu’en journée la bougie est de moindre efficacité. Le Taz (431, 1) explique que selon les Richonim qui partagent l’opinion de Rabbeinou David et du Ran, la Guemara était obligée d’invoquer ces deux motifs. En effet, si la raison se trouvait uniquement dans le fait que les gens sont chez eux en soirée, la bdika pourrait être réalisée dès que les gens rentrent chez eux, et ce, avant même la tombée de la nuit. Inversement, pour le seul motif d’une meilleure luminosité de la bougie la nuit, on aurait pu faire la bdika toute la nuit. C’est donc la conjonction de ces deux motifs qui justifie que l’on doive faire la bdika précisément à la tombée de la nuit. Voir également le Tsla’h. Quant à savoir si on peut avancer la bdika à la nuit du 13 Nissan, voir le Maharam ’Haliwa sur place ainsi que le Michna Broura (433, 1) et le Cha’ar ha-Tsyoun (id., 5). –

Abbayé dit que puisque la raison pour laquelle nos Sages ont institué de faire la bdika la nuit est liée au fait que la lueur de la bougie est plus efficace, il ne faut pas commencer à étudier avant d’avoir fait la bdika. On en déduit que si la raison de faire la bdika la nuit se trouvait dans le fait que les zélés anticipent l’accomplissement des mitsvot (zrizin makdimin), il aurait été permis d’étudier avant de faire la bdika. Quelle est la différence entre ces deux motifs ? Le Ran répond que puisque pendant la nuit la bougie est plus efficace, il y a lieu de craindre que l’étude ne se rallonge et qu’on ne recherche le ’hamets que le lendemain matin, lorsque la bougie sera de moindre efficacité. A l’inverse, prendre le risque de ne pas anticiper la mitsva n’est pas une raison d’interdire d’étudier.

–

Les A’haronim se demandent pourquoi il est permis d’entamer une étude avant la prière du soir alors que c’est interdit concernant la recherche du ’hamets ? Le Ba’h (431, ʯʫʬ ʹ''ʮʥ ʤ''ʣ) répond que la prière du soir est quotidienne et que l’on ne risque pas de l’oublier. Voir également le Taz (431, 2) et le Tsla’h.

Commentaires de Rachi

ʤʣʥʤʩ ʩʡʸʬ ʯʩʡ ʸʩʠʮ 'ʸʬ ʯʩʡ puisqu’aussi bien selon Rabbi Méir que selon Rabbi Yéhouda : qui sont en discussion dans la Michna [plus loin] (11b) à propos de la mesure préventive [littéralement la « mesure d’éloignement »] que nos Sages ont instituée [afin d’éviter la transgression de l’interdit] biblique [de consommer du ’hamets], car le ’hamets n’est interdit par la Torah d’être vu (bal yéraé 1 ) et d’être mangé qu’à partir de la sixième heure, [c’est-à-dire] dès que sont passées [les] six [premières] heures [du jour], comme la Guemara l’apprend plus loin des [versets] « seulement 2 [le premier jour vous annulerez le levain de vos maisons » (Exode 12, 15)], [qui indique que le verset] a partagé [ce jour en deux parties : la première moitié de la journée où il est permis de garder le ’hamets, la seconde où il doit être éliminé], [et on apprend aussi cela du verset] « ainsi tu ne feras point couler en présence de ’hamets [le sang de l’agneau pascal] » (Exode 34, 25). ʷʥʣʡʰ que l’on recherche : le ’hamets au début de la sixième heure 3 , et avant qu’il ne devienne interdit, qu’on l’élimine ! Pourquoi tant anticiper ? Si or désignait le jour, on aurait compris que notre Michna également parlait de [rechercher le ’hamets] pendant la sixième heure, mais maintenant [que nous avons établi que or désigne la nuit], on se pose la question. ʠʸʴʶʮ ʷʥʣʡʰ que l’on recherche le ’hamets à partir du matin : pour qu’il y ait un empressement [comme] pour les zélés ainsi que nous le trouvons concernant la circoncision et de l’empressement d’Avraham à propos duquel il est dit :

Le Tsla’h (6b), le Roch Yossef (sur place) et le Cha’ar ha-Tsioun (443, 2) prouvent d’ici que selon Rachi, l’interdit de Bal Yéraé commence dès la septième heure du jour. 2 Le mot ‘ʪʠ – seulement’ indique toujours une restriction. Ici il limite le devoir d’annuler le ’hamets à la seconde partie de la journée du quatorze Nissan. 3 Le Min’hat Chlomo (Rav Chlomo Zalman Auerbach ʬ''ʶʦ, I, 16) relève que ces propos de Rachi laissent entendre qu’on peut garder du ’hamets chez soi pendant la sixième heure, car bien que nos Sages aient extrapolé l’interdit d’en manger à la cinquième heure, ils n’ont pas extrapolé l’interdit de le posséder, opinion que partagent le Noda Bihouda (Ora’h ’Haïm, 21) et le Pri Yts’hak (I, 18). Mais le Min’hat Chlomo réplique que le langage « on brûle au début de la sixième heure » laisse entendre que nos Sages ont aussi avancé le devoir d’éliminer le ’hamets au début de la sixième heure.

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ʭʩʧʱʴ – ʯʥʹʠʸ ʷʸʴ – ʸʹʲ ʤʲʡʸʠʬ ʸʥʠ INTRODUCTION :

si la seule bénédiction ordonnée explicitement par la Torah est le birkat hamazon1, nos Sages ont néanmoins institué de nombreuses brakhot (bénédictions) que les Richonim ont classées en trois catégories : 1)

Birkat ha-néhénin, à savoir les bénédictions que l’on récite avant et après avoir joui d’un aliment, d’une boisson ou d’une odeur agréable. Le principe de ce genre de bénédictions est que l’on n’a pas le droit de profiter de ce monde sans reconnaître son Créateur (voir Brakhot, 35a), ce qui implique qu’il faille d’abord réciter la bénédiction pour ensuite tirer le profit recherché.

Birkat ha-mitsvot, c'est-à-dire les bénédictions que l’on doit réciter avant de faire une mitsva 2 ce que les Richonim expliquent de diverses manières : a)

En récitant la bénédiction, on se consacre (ʹʣʷʺʤʬ) à la mitsva et on déclare qu’on ne l’accomplit qu’afin de réaliser la volonté d’Hachèm (Ritva)3.

La récitation des bénédictions est un devoir de l’âme, et celui-ci doit précéder la réalisation de la mitsva qui est un devoir du corps (ibid.).

Le Rambam (Hilkhot Brakhot 1, 3) écrit que l’on doit réciter une bénédiction avant de faire une mitsva pour la même raison que l’on doit en réciter une avant de tirer un profit matériel. Il découle de cette analogie que de même que l’on doit reconnaître le Créateur avant de profiter de ce monde, on doit aussi reconnaître Celui qui nous a donné la Torah et ses commandements avant de les accomplir.

Birkat ha-chéva’h qui correspondent aux bénédictions que l’on récite à la vue de certains phénomènes naturels qui témoignent de la puissance, de la grandeur ou du génie du Créateur. Ainsi, on récite une bénédiction au son du tonnerre et à la vue de l’éclair car ils témoignent de la puissance d’Hachèm. De même, celui qui a satisfait ses besoins naturels doit réciter une bénédiction (ʸʶʩ ʸʹʠ) dans laquelle il reconnaît les merveilles du métabolisme. Certains Richonim4 disent que les brakhot que l’on récite le matin (ʸʧʹʤ ʺʥʫʸʡ) se rattachent également à cette catégorie.

Avant de rechercher le ’hamets, nous devons réciter une bénédiction qui entre évidemment dans le cadre des birkat ha-mitsvot. Le sujet de notre souguia consiste à déterminer la formule adéquate de cette bénédiction.

GUEMARA – –

Rav Yéhouda dit : celui qui [s’apprête à] faire la bdika doit réciter une bénédiction.

[QUESTION :] – Quelle bénédiction doit-il réciter ? [REPONSE :] – Rav Papi dit au nom de Rava : on [doit] dire : ‘[Béni sois-Tu l’Eternel, notre D. le Roi du monde, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné] d’éliminer (léva’er) le ’hamets ’. [Selon] Rav Papa au nom de Rava : ‘[Béni sois-Tu l’Eternel, notre D. le Roi du monde, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné] l’élimination (’al bi’our) du ’hamets ’.

L ETUDE APPROFONDIE On notera que tous reconnaissent que cette bénédiction porte sur la mitsva d’éliminer le ’hamets (Bi’our ’hamets) et non sur celle de le rechercher, ce qui ne va pas de soi. En outre, nous verrons par la On notera que pour le Ramban (Séfèr Hamitsvot, ʯ''ʡʮʸʤ ʺʲʣʬ ʤʹʲ ʺʥʥʶʮ, ʥ''ʨ ʤʥʶʮ), le devoir de réciter une bénédiction avant d’étudier la Torah est d’ordre biblique. 2 A l’exception de l’immersion dans un mikvé (bain rituel), comme nous le verrons à la fin de la souguia. Le Rambam (Hilkhot Brakhot, 11, 6) écrit que si l’on n’a pas récité la bénédiction avant d’avoir accompli la mitsva, on ne peut plus la réciter après. Néanmoins, le Hagahot Achri (’Houlin, ch.1) le désapprouve sur ce point. Le Cha’kh (Yoré Déa, 19, 3) tranche comme le Rambam. Voir à ce sujet Rabbi Akiva Eiger (ibid.) et le Avi Ezri (Hilkhot Brakhot, 11, 6). 3 Voir également la note sur Tossefot ʸʲʡʬʡ ʤ''ʣ. 4 Il s’agit du Ramban (ʲʣʥʩ ʩʥʤʥ ʤ''ʣ), du Ran (ʠʬʬʫ ʩʠʤʥ ʤ''ʣ), du Maharam Haliwa (ʯ''ʡʮʸʤʥ ʤ''ʣ) et d’autres encore. Néanmoins, le Rambam (Hilkhot Téfila, 7, 7), Tossefot (Brakhot 60b, ʲʮʹ ʩʫ ʤ''ʣ), le Roch (id., ch.9, 23) et le Tour (46, 8) soutiennent que ces brakhot font partie des Birkat ha-néhénin, ce que tranche le Choul’han Aroukh (46, 8). Le Rama (ibid.) tranche comme la première opinion, et le Kaf ha-’Haïm (46, 49) écrit qu’en pratique, même les Sépharadim suivent le Rama sur ce point. 1

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ʭʩʧʱʴ – ʯʥʹʠʸ ʷʸʴ – ʸʹʲ ʤʲʡʸʠʬ ʸʥʠ suite qu’il faut réciter la bénédiction juste avant de réaliser la mitsva, et puisque cette bénédiction porte sur la mitsva d’éliminer le ’hamets, il aurait été plus logique de la réciter non pas avant la bdika, mais le lendemain lorsque l’on brûle le ’hamets ! ? 1)

Le Ritva explique que bien que l’élimination du ’hamets soit l’objectif de la mitsva de Tachbitou, celle-ci nécessite préalablement la réalisation de la bdika afin de trouver ledit ’hamets à brûler. C’est pour cela que d’une part, la bénédiction porte sur l’élimination du ’hamets, parce que c’est l’essentiel de la mitsva, et que d’autre part, on doit la réciter avant la bdika car celle-ci conditionne la mitsva et en fait partie.

Le Roch explique que l’on doit réciter cette bénédiction avant de rechercher le ’hamets car elle porte essentiellement sur l’institution rabbinique de le rechercher (afin ne pas en venir à en manger). Cependant, on emploie le terme de ‘bi’our – élimination’ pour englober le bitoul ’hamets (annulation du ’hamets dans le cœur) que l’on fait juste après la bdika et qui est la façon d’éliminer le ’hamets que l’on n’a pas trouvé. Le Roch ajoute que l’on ne récite aucune bénédiction lorsqu’on brûle le ’hamets, parce que la mitsva de Tachbitou n’a été dite que pour celui qui a trouvé du ’hamets en sa possession pendant Pessa’h1.

Rachi écrit (ʲʮʹʮ ʠʸʷʩʲʮ ʤ''ʣ) que le terme ‘bi’our – élimination’ s’entend aussi dans le sens de ‘bdika – recherche pour faire sortir’, signifiant ainsi que la bénédiction porte sur la bdika. Cette idée est d’ailleurs reprise dans le Séfèr ha-Pardès (que l’on attribue à Rachi), et Rachi la fonde à partir du verset ‘ʺʩʡʤ ʯʮ ʹʣʷʤ ʩʺʸʲʩʡ – j’ai fait disparaître de la maison les choses saintes’ (Deutéronome 26, 13), où la Torah emploie le terme de bi’our dans le sens de ‘faire sortir’. En effet, nous avons vu plus haut 2 que selon Rachi, la mitsva de Tachbitou consiste à faire le nécessaire pour ne plus avoir de ’hamets chez soi pendant Pessa’h, et par conséquent, la bdika est l’accomplissement même de cette mitsva.

– Les Richonim se posent ici une autre question : lorsqu’on fait pour la première fois une mitsva qui

revient de période en période (ʯʮʦʬ ʯʮʦʮ), on doit réciter la bénédiction du Chéé’héyanou (‘Béni sois-Tu l’Eternel, notre D. le Roi du monde, qui nous a accordé la vie, nous a entretenus et nous a menés jusqu’à ce moment-là’). Nous la récitons par exemple le premier jour de Souccot avant de prendre le loulav. Cependant, nous ne la récitons pas avant de rechercher le ’hamets bien qu’on ne fasse cette mitsva qu’une fois par an. Pourquoi ? 1)

Le Ritva rapporte au nom de certains commentateurs (Yèch méfarchim) qu’on ne récite pas cette brakha avant la bdika car on ne la fait pas à une date fixe. En effet, nous avons vu plus haut (6a) que celui qui quitte sa maison avant le 14 Nissan doit faire la bdika la veille de son départ.

Le Ra’a répond que le but de la recherche du ’hamets est de l’éliminer, ce qui implique une perte financière, et on ne récite pas Chéé’héyanou pour ce genre de mitsvot.

Le Roch répond que la recherche du ’hamets n’a été instituée que pour éviter d’en manger pendant Pessa’h. Ce n’est donc pas une fin en soi, mais une préparation à la fête, et on dira Chéé’héyanou pour la fête de Pessa’h lorsque l’on récitera le kiddouch le premier soir.

Le Méiri répond qu’on ne récite pas cette bénédiction pour une mitsva qui ne consiste qu’à éviter une transgression, ce qui est le cas de la bdika que nos Sages n’ont instituée que pour éviter qu’on ne mange du ’hamets pendant Pessa’h.

Notons que le Itour rapporte certaines opinions selon lesquelles on récite Chéé’héyanou avant la bdika, tout en concluant que ceci n’est pas notre coutume.

1 2

Nous avons rapporté plus haut (4b) une discussion entre Rachi et Tossefot à ce sujet, et le Roch partage l’opinion de Tossefot. Voir daf 4b Tossefot ʠʺʩʩʸʥʠʣʮ ʤ''ʣ et la note explicative de l’opinion de Rachi.

302

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ʭʩʧʱʴ – ʯʥʹʠʸ ʷʸʴ – ʸʹʲ ʤʲʡʸʠʬ ʸʥʠ (Suite de la Guemara)

[LA GUEMARA RAPPORTE UNE BERAÏTA :] – Nos Sages ont enseigné : on ne recherche [le ’hamets] ni à la lumière du soleil1, ni à la lumière de la lune, ni à la lumière d’une torche, mais à la lumière d’une bougie, parce que la lumière d’une bougie est bonne pour la recherche. Et bien qu’il n’y ait pas de preuve à cela, il y a une allusion, ainsi qu’il est dit : « sept jours ne se trouvera point de levain dans vos maisons » (Exode 12, 19), et il est dit : « l’[intendant] rechercha, commença par le plus grand, [etc.] » (Genèse 44, 12), et il est dit : « à ce moment-là Je chercherai [i.e. J’examinerai] Jérusalem avec des bougies » (Tséphania 1, 12), et il est dit : « l’âme de l’homme est la bougie d’Hachèm qui cherche [i.e. qui scrute] tous les recoins des entrailles » (Proverbes 20, 27).

[QUESTION SUR LA BERAÏTA :] – Cette [interdiction de rechercher] à la lumière du soleil, dans quel cas s’applique-t-elle ? Si on dit [qu’elle s’applique à la vérification d’]une cour, Rava a pourtant dit qu’une cour n’a pas besoin d’être vérifiée parce que les corbeaux s’y trouvent fréquemment [et mangent le ’hamets au fur et à mesure2] » ! ? [NOUVELLE REPONSE :] – Alors, [il doit s’agir de la vérification] d’une véranda. [OBJECTION :] – Mais pourtant Rava a dit qu’une véranda [pouvait] être vérifiée à sa propre lumière [i.e. à la lumière du jour3] » ! ? [REPONSE :] – Cet [enseignement] n’est nécessaire [que] pour [la vérification] d’une pièce dans laquelle [se trouve] une trappe [au plafond]. [APPROFONDISSEMENT DE CETTE DERNIERE REPONSE :] – De quel côté [de la pièce est-il interdit de rechercher à la lumière du jour] ? S’[il s’agit de la partie centrale qui se trouve] en face [i.e. en-dessous] de la trappe, c’est le même [cas] que [celui de] la véranda [dans lequel on a dit que l’on pouvait rechercher à la lumière du soleil] ? Mais [il faut dire que l’enseignement de la Beraïta est nécessaire] pour [ce qui est de la recherche] dans les côtés de la

Les Richonim rapportent au nom du Talmud de Jérusalem qu’il s’agit de quelqu’un qui n’a pas fait la bdika la veille du quatorze Nissan et qui doit la faire le jour du quatorze Nissan. Les Richonim rapportent également l’opinion du Ba’al ha-Maor selon laquelle on peut avancer la bdika au treize Nissan, pourvu qu’on la fasse de nuit à la lumière d’une bougie. Mais ils la désapprouvent, car s’il était possible de faire la bdika avant le quatorze Nissan, le Talmud de Jérusalem aurait pu dire que la Beraïta parlait d’un tel cas. 2 Le ’Hazon Ish (124, sur daf 9a) prouve d’ici que s’il y a des corbeaux, il n’est même pas nécessaire d’annuler le ’hamets dans le cœur (bitoul). En effet, la Guemara aurait pu maintenir que la Beraïta parlait de la vérification d’une cour parce qu’à l’époque de la Beraïta, nos Sages n’avaient pas encore institué d’annuler le ’hamets dans le cœur et que c’est pour cela qu’il fallait rechercher le ’hamets des cours, tandis qu’à l’époque de Rava cette institution était déjà en vigueur, et il exemptait de faire la bdika parce que de toutes les façons les gens annulaient leur ’hamets. On en déduit que si la Guemara n’a pas répondu cela, c’est que Rava dispense même d’annuler le ’hamets. Quant à savoir si Rava exempte seulement de rechercher la partie centrale de la cour ou même ses côtés, voir le Rambam (’Hamèts ou-Matsa, 2, 4), le Ran, le Lé’hèm Michné (ibid.) et le ’Hok Yaacov (433, 11). 3 On trouve chez les Richonim trois opinions à ce sujet : 1) selon Rachi, on peut faire la bdika le treize Nissan. 2) selon le Rambam (ibid.), il faut a priori faire la bdika la veille du quatorze à la lumière d’une bougie. S’il ne l’a pas faite la veille, il doit la faire le lendemain à la lumière d’une bougie, et la Beraïta vient nous apprendre que s’il a inspecté la véranda à la lumière du jour, il est quitte a posteriori. [Voir également le Maguèn Avraham (433, 2)]. 3) Le Roch explique qu’il faut faire la bdika le quatorze, mais il peut la faire a priori à la lumière du jour.

326

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[Est-il vrai que l’on ne peut] pas [faire la bdika avec] une torche ? Pourtant Rava a dit : « quel [est le sens du verset] :« Et [ce sera] un éclat [éblouissant] comme la lumière [qu’Hachèm utilisa lors de la création du monde1], des rayons [émanant] de Sa main, et là-bas [se dévoilera] Sa force [qui était] cachée [jusque-là] » (’Habakouk 3, 4). A quoi ressemblent les Justes en présence de la Chékhina [i.e. présence divine] ? A une bougie devant une torche. »

[Nous voyons donc que la lumière d’une torche est plus puissante que celle d’une bougie.] De plus, Rava a dit « [utiliser] une torche pour la havdala2 est la meilleure [manière d’accomplir la] mitsva » [parce que la lumière d’une torche est plus puissante, ce qui prouve une fois de plus que si l’on peut faire la bdika avec une bougie, a fortiori doit-on pouvoir la faire avec une torche] ! ? [REPONSE DE RAV NA’HMAN B. YTS’HAK :] – Rav Na’hman B. Yts’hak répond : celle-ci [i.e. une bougie], il peut l’introduire dans les trous et les fentes ; celle-là [i.e. une torche] il ne peut pas l’introduire dans les trous et les fentes. [REPONSE DE RAV ZEVID :] – Rav Zévid répond : celle-ci [i.e. la lumière d’une bougie] éclaire devant ; celle-là [i.e. la lumière d’une torche] éclaire derrière, [or celui qui recherche le ’hamets cherche le ’hamets qui se trouve devant lui]. [REPONSE DE RAV PAPA :] – Rav Papa dit : celle-ci [i.e. avec une torche] il craint [d’incendier la maison] ; celle-là [i.e. avec une bougie] il ne craint pas. [REPONSE DE RAVINA :] – Ravina répond : celle-ci [i.e. une bougie] a une flamme continue, celle-là [i.e. une torche] a une flamme entrecoupée.

L ETUDE APPROFONDIE Le Roch écrit que l’on a l’habitude de faire la bdika uniquement avec une bougie en cire car si la flamme est alimentée par des graisses on craint de salir les ustensiles et les habits. En outre, si on utilise une lampe à huile, on ne peut pas introduire sa lumière dans les trous et les fentes. Dans le cas où quelqu’un aurait utilisé une torche ou des lampes à huile ou à graisses, est-il quitte, a posteriori, de l’obligation de bdika ? 1)

Le Maguèn Avraham (433, 5) explique qu’il y a une différence notable entre les deux motifs évoqués par le Roch, à savoir, que celui qui a fait la bdika avec une lampe à huile (ou une torche) n’est pas quitte a posteriori et doit refaire la bdika, tandis que celui qui l’a faite avec une lampe à graisses n’a pas besoin de la refaire.

Rachi sur Genèse 1, 4 explique qu’Hachèm ‘cacha’ la lumière qu’Il utilisa lors de la création du monde pour la réserver exclusivement aux Justes dans le monde futur. 2 A la sortie de Chabbat nous allumons une bougie parce qu’à ce moment-là D. a donné à Adam l’intelligence de frotter deux silex pour produire du feu. La bénédiction qu’on récite est ‘Béni sois-tu l’Eternel, notre D. le Roi du monde, qui a créé les lumières du feu’. On dit ‘les lumières’ : soit parce que la lumière blanche est en fait une composition de rayons lumineux de différentes couleurs (Rachi dans Brakhot 52b, ʺʥʸʥʠʮ ʤʡʸʤ ʤ'ʣ) ; soit parce que le feu sert à de multiples utilisations (Brakhot 52b, Chita Mékoubétsèt au nom du Ra’avad).

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