BOLLY&CO 9th EDITION

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VOTRE MAGAZINE SUR L'UNIVERS DU CINÉMA INDIEN, DEPUIS 2010 !

GRATUIT

KALKI KOECHLIN

l'originale SUD Premam : une ode à l'amour...

NEW FACE Radhika Apte, l'indomptable !

CRITIQUE Sultan, Sanam Teri Kasam, Saala Khadoos... L'année Bollywood passée à la loupe... NE PEUT ÊTRE VENDU FA N Z I N E G R AT U I T

B O L LY & C O AWARDS 2015

les résultats !

PRESSE Kangana Ranaut. et Rangoli Chandel :. les sœurs se racontent..

MODE Imran Khan,. le geek chic !.

ET PLUS ENCORE


PHOTO CI-DESSOUS :

kalkikanmani (instagram)

"Ceux qui ne croient pas en la magie ne la connaĂŽtront jamais." ROALD DAHL


édito Bolly&Co est de retour ! 2016 a représenté l’année du changement et de la réorganisation pour notre équipe ! Ces trois derniers mois, nous avons travaillé sur ce numéro exclusif du premier e-magazine français sur le cinéma indien, notre neuvième. Le défi était de taille : parvenir à monter une parution intégrale sur ce temps plus limité. Nous avons fait des choix, réduit le nombre de certains articles pour ne pas alourdir le magazine. Car l’objectif principal est de (re)devenir régulières dans nos sorties, pour que vous n’ayez plus à attendre toute une année après une nouvelle publication de Bolly&Co.

Cela n’a pas été facile, mais nous y sommes parvenues. Notre voyage à Madrid pour assister aux IIFA Awards a sonné comme une véritable prise de conscience. C’est là-bas que nous avons réalisé l’ampleur de notre potentiel. Surtout, c’est grâce à la confiance que nous ont accordé les organisateurs de la cérémonie (et que vous nous communiquez depuis nos débuts !) que nous avons réalisé notre légitimité en tant que support informatif autour des cinémas indiens. Depuis, nous nous sommes engagées à trouver une organisation qui nous permette d’être plus productives. C’est une façon de vous remercier de votre incroyable patience et de votre soutien perpétuel. Nous avons également couvert la quatrième édition du Festival du Film d'Asie du Sud, qui s'est tenue en octobre dernier à Paris. A cette occasion, l'équipe de Bolly&Co' a pu s'entretenir avec plusieurs personnalités éminentes du sous-continent, notamment le grand Manoj Bajpayee. Nous tenions par ailleurs à remercier Nedjma et Deep, qui nous ont apportées leur aide précieuse durant cette semaine. Depuis notre précédent numéro, l’année a été marquée par les prestations de Ranveer Singh et Priyanka Chopra dans Bajirao Mastani, Deepika Padukone et Amitabh Bachchan dans Piku ainsi que Kangana Ranaut et Kangana Ranaut dans

Tanu Weds Manu Returns ! Mais au sein de notre équipe, nous avons toutes été bouleversées par la prestation poignante de Kalki Koechlin dans Margarita, with a straw. Et pour faire la lumière sur l’une des actrices les plus intéressantes (mais aussi hélas sous-valorisées) de Bollywood, la sublime française native de Pondichéry est notre ‘cover girl’ ! Dans le sud du pays, c’est la transformation de Vikram dans le drame romantique I qui a bluffé les cinéphiles. Mais d’autres acteurs ne sont pas en reste ! On a ainsi pu apprécier Nagarjuna, Karthi et Tamannaah dans une version indienne du succès français Intouchables. Les industries dravidiennes ont surtout mis les femmes à l’honneur dans des rôles puissants, de Sai Pallavi pour Premam à Jyothika dans 36 Vayadhinile, en passant par Nayanthara dans Naanum Rowdy Dhaan et Amala Paul avec Mili. Avec ce nouveau numéro, vous découvrirez les films qui ont ponctué l’année grâce à nos critiques exclusives, vous évaluerez les looks de nos stars avec les articles mode et tendance d’Elodie, vous serez au parfum sur les actualités de Fatima Zahra et aurez un éclairage sur ces films méconnus mais qualitatifs que vous présentera notre rédactrice. Vous bougerez au rythme de nos playlists et vous vous informerez sur les industries dravidiennes à travers notre rubrique sud. De la part de l’équipe rédactionnelle de Bolly&Co, nous vous remercions encore de faire partie de cette aventure, de nous suivre avec dynamisme depuis 6 ans et d’avoir toujours été fidèles à nos travaux, et ce malgré notre irrégularité à certaines périodes charnières de nos vies. Mais nous sommes désormais plus motivées et impliquées que jamais, et cela grâce à vous !

Bonne lecture à vous tous, en espérant que vous savouriez cette édition inédite au même titre que les précédentes. ASMAE, RÉDACTRICE EN CHEF


sommaire apéro UN PEU DE LECTURE... [ 006 PRIVATE TALKIES BOLLY&CO' EN MODE GOSSIP'... [ 008 BOLLY&CO AWARDS 2015 LE VERDICT... [ 010 REVUE DE PRESSE KANGANA ET RANGOLI, DEUX CONTRE LE MONDE [ 020

] : ] : ] : ]

the new face RADHIKA APTE , L'INDOMPTABLE [ 026 CRITIQUES DE HARAM [ 032 PHOBIA [ 037

] : ] ]

on the cover KALKI KOECHLIN, RETOUR SUR SA CARRIÈRE [ 042 ] 5 FILMS POUR ILLUSTRER SON PARCOURS [ 054 ] 4 CHANSONS, UNE ACTRICE [ 058 ]

pop corn MOVIE TALKIES [ 060 LES FILMS D'HORREUR À BOLLYWOOD [ 066 BAJIRAO MASTANI : L'HISTOIRE RÉELLE [ 080 LUMIÈRE SUR SOHAIL SEN, CHANTEUR ET COMPOSITEUR [ 088 PLAYLIST NORD SPÉCIAL BHANGRA [ 092

] ] ] : ] : ]

bolly&co en action IIFA 2016 : LE BILAN [ 096 ] FFAST : INTERVIEW DE MANOJ BAJPAYEE [ 106 ]


une tasse de thé CRITIQUE OLD IS GOLD : [ 112 ] PARINDA CRITIQUES DE L’ANNÉE : [ 120 ] SULTAN [ 125 ] SAALA KHADOOS [ 128 ] SANAM TERI KASAM [ 134 ] TE3N [ 138 ] DILWALE

un parfum du sud [ 152 ] LES 5 NEWS DRAVIDIENNES À NE PAS RATER ! [ 154 ] SAI PALLAVI : UNE STAR PAS COMME LES AUTRES. CRITIQUES SUD : [ 158 ] PREMAM [ 164 ] KALI [ 168 ] INJI IDUPPAZHAGI [ 174 ] RAJA RANI [ 178 ] GOVINDUDU ANDARIVADELE ET SI ON COMPARAIT LES REMAKES ? [ 185 ] BAAGHI VS VARSHAM PLAYLIST SUD : [ 188 ] SPÉCIAL A.R. RAHMAN

parlons mode FASHION REVIEW : [ 192 ] IMRAN KHAN, LE GEEK STYLÉ PAR EXCELLENCE. INSPIRATION : [ 196 ] PERNIA QURESHI, LA RÉVOLUTIONNAIRE. CRÉATEUR À SUIVRE : [ 198 ] MASABA. TENDANCE : [ 200 ] LES 90'S ALL OVER AGAIN. [ 202 ] LA DERNIÈRE MINUTE MODE.

la cerise sur le gâteau [ 204 ] INSTA MOMENT : LA VRAIE KALKI. [ 206 ] THE MEETING PLACE : QUATRIÈME CHAPITRE... CREDITS


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un peu de lecture MOTS PA R A S M A E

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Le sari rose de Javier Moro L'histoire d'une italienne devenue l'héritière de la plus grande dynastie politique indienne... Ou comment la relation amoureuse entre Rajiv Gandhi et Sonia Maino a fait de cette dernière le porteétendard du Parti du Congrès après la mort de sa belle-mère, Indira, puis de son époux. Dans la lignée d'Une passion indienne (autre roman semibiographique de l'auteur), Le sari rose constitue une parfaite introduction à la politique indienne, entre vérités historiques et libertés artistiques. Si le ton reste très consensuel, parfois même très enjolivé quant à certains faits, l'œuvre constitue un récit fascinant sur la plus indienne des femmes italiennes.

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L'extraordinaire voyage d'un Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea de Romain Puertolas Ajatashatru Lavash Patel est fakir. Jusqu'ici, tout va bien. Il souhaite faire l'acquisition d'un lit à clous, sans doute pour exécuter l'un de ses tours... Pourquoi pas... Les habitants de son village du Rajasthan, fous de lui, se cotisent pour l'envoyer à l'Ikéa de Paris afin de se le procurer... Un peu tiré par les cheveux, mais soit... Arrivé sur place, il n'a ni l'argent pour acheter le lit précité, ni même pour manger ou dormir dans la capitale... Ca commence à se gâter... Tout ça pour finalement élire domicile, pour quelques heures, dans Ikéa même et se retrouver embarqué dans le plus improbable des périples, coincé dans une armoire du célèbre magasin... Aussi dingue que cela puisse paraître, l'aventure déjantée de ce fakir malhonnête est saisissante ! On n'en perd pas une miette, le ton est drôle sans pour autant manquer d'intelligence... On y évoque aussi bien la condition des migrants que l'art du premier amour. La littérature française a pour réputation d'être cynique, corrosive et sombre. Romain Puertolas prouve le contraire avec un ouvrage aussi délirant que positif.

La fille qui marchait sur l'eau de Siddharth Dhanvant Shanghvi Anuradha et Vardhmann se marient de façon arrangée. De cette union conçue par leurs familles naît une passion dévorante et un amour absolu entre les époux. De nombreux drames vont ponctuer leur relation, ainsi que le destin de leur fille Nandini, totalement détachée des conventions et du conservatisme de l'Inde des années 1920. Un livre qui se vit avec intensité et violence, qui mêle réalisme cru et références à la mythologie indienne. Ce roman de Siddharth Dhanvant Shanghvi n'a pas froid aux yeux ! On y parle de luxure, d'espoirs, de révolte et de profondes blessures avec beaucoup de savoir-faire, de fougue et de générosité, quitte à choquer parfois. 007


L I S A H AY D O N // I N S TA G R A M

private talkies M O T S PA R A S M A E


C'est l'amour ! LES ACTEURS KANNADA R A D H I K A PA N D I T E T YA S H S E S O N T F I A N C É S L E 12 A O Û T D E R N I E R . Ils se sont donnés la réplique

dans la comédie romantique Mr and Mrs Ramachari en 2014 et vivaient depuis une très belle idylle. Le mariage est prévu pour le mois de décembre.

L ' A C T R I C E D R AV I D I E N N E N I K I TA T H U K R A L A É P O U S É L'INDUSTRIEL GAGANDEEP S I N G H M A G O E N O C TO B R E 2016.

Fils du politicien Mahinder Singh Mago, il est tombé amoureux de la belle Nikita lors du mariage de son cousin en décembre 2015. Félicitations au couple !

N A G A C H A I TA N YA E T S A M A N T H A S ' A I M E N T ! C'est officiel ! Après avoir joué

ensemble dans Ye Maaya Chesave en 2010, ils avaient chacun suivi leurs routes. On a prêté à Naga une relation avec Anushka Shetty. Samantha a quant à elle été en couple avec le comédien Siddharth Narayan. Mais depuis, les deux vedettes se sont retrouvées pour le drame familial Manam. Les fiançailles et le mariage sont prévus pour 2017.

LE PETIT FRÈRE DE NAGA C H A I TA N YA , A K H I L , VA É G A L E M E N T S E M A R I E R ! Le jeune

acteur de 22 ans va épouser sa petite-amie Shriya Bhupal. Son mariage se tiendra avant celui de son aîné. Tous nos vœux de bonheur !

LA COMÉDIENNE ET MANNEQUIN L I S A H AY D O N A É P O U S É S O N P E T I T- A M I , L ' E N T R E P R E N E U R B R I TA N N I Q U E D I N O L A LVA N I .

Le couple s'est uni sur une plage lors d'une cérémonie intimiste le 29 octobre dernier Félicitations à eux !

L'ACTEUR NEIL NITIN MUKESH N'EST PLUS UN COEUR À P R E N D R E ! Il s'est effectivement fiancé à

la jolie Rukmini Sahay, originaire de Mumbaï, le 11 octobre dernier. Le couple s'est connu par le biais de leurs familles il y a un mois et a décidé d'officialiser. Toutes nos voeux de bonheur à eux !

Carnet rose LA VEDETTE SHAHID KAPOOR ET SA JEUNE ÉPOUSE MIRA RAJPUT SONT DEVENUS LES PA R E N T S C O M B L É S D ' U N E P E T I T E F I L L E L E 26 A O Û T D E R N I E R . Elle porte le nom de Misha,

mélange des prénoms de ses parents (Mi[ra] sha[hid]).

LES ACTEURS DE TÉLÉVISION K A R A N V I R B O H R A E T T E E J AY SINDHU, MARIÉS DEPUIS PLUS D E 10 A N S, S O N T D E V E N U S PA R E N T S P O U R L A P R E M I È R E F O I S . Après avoir fait les joies des

téléspectateurs, ils se sont lancés dans le plus beau projet de leur vie : fonder une famille ! Teejay a donné naissance à des jumelles en octobre dernier, pour le plus grand bonheur de son époux

the end E N T R E K A R I S H M A TA N N A E T U P E N PAT E L , C ' E S T F I N I ! Le

couple qui s'était rencontré dans le cadre de l'émission de télé-réalité Bigg Boss s'était fiancé et avait aussi participé à l'émission de danse Nach Baliye. Mais depuis, ils ont décidé de mettre fin à leur relation et se seraient même disputés en pleine rue...

S O U N D A RYA R A J I N I K A N T H E T SON MARI ASHWIN RAMKUMAR O N T D I V O R C É . Le couple s'était uni

en 2010 lors d'une cérémonie grandiose qui a accueilli la crème de la crème du cinéma indien. Ils ont eu un fils, Ved, âgé de 1 an. 009


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Bolly&Co awards

2015

Bolly&Co

AWARDS 2015 M O T S PA R A S M A E

Depuis deux ans consécutifs, l'équipe rédactionnelle de Bolly&Co tient à instaurer ses propres récompenses, à l'instar des Filmfare Awards, IIFA Awards et autres Screen Awards. Cette année encore, vous avez eu l'opportunité de voter pour vos œuvres et artistes préférés de l'année 2014.

Voici le palmarès des Bolly&Co' Awards 2015...

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meilleur réalisateur, meilleur film V I S H A L B H A R D WA J, HAIDER Avec Haider, Vishal Bhardwaj a conclu sa trilogie de films inspirés par les puissantes œuvres de Shakespeare. Il nous confirme par la même occasion qu'il est le seul à pouvoir s'inspirer d'histoires cultes tout en développant un univers unique et saisissant. Haider est un film qui nous dépasse, nous captive.

64 % V I S H A L B H A R D WA J ( H A I D E R ) 24% V I K A S B A H L ( Q U E E N ) 7% A B H I S H E K C H A U B E Y ( D E D H I S H Q I YA )

67% H A I D E R 25% Q U E E N 5 % D E D H I S H Q I YA

011


meilleur acteur

SHAHID KAPOOR POUR HAIDER Impossible de ne pas être convaincu par Shahid Kapoor dans ce rôle aux multiples facettes. Son évolution dans l'histoire nous fascine. Shahid est Haider, et cette prestation impeccable est difficile à oublier.

51% S H A H I D K A P O O R P O U R H A I D E R 26% A A M I R K H A N P O U R P K 22% R A N D E E P H O O D A P O U R H I G H WAY

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meilleure actrice

P R I YA N K A C H O P R A POUR MARY KOM Dans la peau de la boxeuse Mangte Chungneijang Mary Kom, Priyanka Chopra a énormément travaillé physiquement et mentalement. Son implication et sa justesse lui valent cette distinction dans la catégorie de la meilleur actrice.

43% P R I YA N K A C H O P R A P O U R M A R Y K O M 25% R A N I M U K E R J I P O U R M A R D A A N I 21% K A N G A N A R A N A U T P O U R Q U E E N

013


meilleurs seconds rôles masculin et féminin RITEISH DESHMUKH

POUR EK VILLAIN

57% R I T E I S H D E S H M U K H ( E K V I L L A I N ) 26% A B H I S H E K B A C H C H A N ( H A P P Y N E W Y E A R ) 9% K AY K AY M E N O N ( H A I D E R )

Avec ce rôle négatif, Riteish Deshmukh a prouvé qu'il n'était pas qu'un acteur de comédie. Surtout, il a été capable de faire de l'ombre aux têtes d'affiche sans peine et avec une aisance surprenante.

TA B U

POUR HAIDER

A chaque nouveau film, Tabu explore de nouveaux personnages et le résultat est toujours le même : elle est subtile, portant parfaitement sur ses épaules l'aura déroutante de Ghazala et parvient à nous convaincre en un clin d'oeil.

6 7 % TA B U P O U R H A I D E R 1 4 % J U H I C H AW L A P O U R G U L A A B G A N G 1 2 % A M R I TA S I N G H P O U R 2 S TAT E S

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meilleurs espoirs masculin et féminin TIGER SHROFF ET KRITI SANON P O U R H E R O PA N T I Très bon danseur et spécialiste des arts martiaux, les débuts de Tiger Shroff dans ce masala coup de point n'ont pas laissé indifférents, en particulier grâce à sa complicité avec Kriti Sanon. Cette ancienne mannequin, qui a déjà officié à Tollywood aux côtés de Mahesh Babu, marque surtout les esprits pour sa fraîcheur et l'efficacité de son sourire.

37% T I G E R S H R O F F ( H E R O PA N T I ) 35% FAWA D A F Z A L K H A N ( K H O O B S U R AT ) 12% TA H I R R A J B H A S I N ( M A R D A A N I )

4 1 % K R I T I S A N O N ( H E R O PA N T I ) 2 4 % PAT R A L E K H A ( C I T Y L I G H T S ) 8% M I S H T I (K A A N C H I)

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meilleure bande-originale

M I T H O O N, A N K I T T I WA R I E T SOCH POUR EK VILLAIN C'est sans nul doute l'album le plus entraînant de l'année qui a récolté le plus de votes. La musique de Ek Villain a marqué les esprits pour ses morceaux romantiques empreints de sonorités rock lancinantes.

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64% M I T H O O N , A N K I T T I WA R I & S O C H ( E K V I L L A I N ) 14% S O H A I L S E N ( G U N D AY ) 6% V I S H A L B H A R D WA J ( H A I D E R )


meilleur chanteur meilleure chanteuse A N K I T T I WA R I POUR « G A L L I YA N » DE EK VILLAIN

5 1% A N K I T T I WA R I " G A L L I YA N " ( E K V I L L A I N ) 15% S U K H W I N D E R S I N G H "B I S M I L" (H A I D E R) 1 3 % S A N A M P U R I " I S H Q B U L A AVA " ( H A S E E T O H PHASEE)

Cette ballade est restée en tête des charts pendant des mois et ce même après la sortie du film. Douce et rêveuse, la mélodie met en avant la voix mélancolique d'Ankit Tiwari qui nous raconte un amour naissant et passionnant.

MOMINA MUSTEHSAN P O U R « AWA R I » DE EK VILLAIN En opposition directe avec "Galliyan", Momina Mustehsan prête ici sa somptueuse voix pour ajouter toute la noirceur et la douleur qui se trouve au cœur même du personnage de Rakesh.

37% M O M I N A M U S T E H S A N " AWA R I " ( E K V I L L A I N ) 19% S O N A M O H A PAT R A " N A I N A " ( K H O O B S U R AT ) 12% J A S M I N E S A N D L A S " YA A R N A A M I L E Y " ( K I C K )

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meilleur duo meilleure chorégraphie RANVEER SINGH ET ARJUN KAPOOR P O U R G U N D AY

3 6 % R A N V E E R S I N G H & A R J U N K A P O O R ( G U N D AY ) 26% FAWA D A F Z A L K H A N & S O N A M K A P O O R ( K H O O B S U R AT ) 25% S H A H I D K A P O O R & TA B U ( H A I D E R )

C'était dans l'émission Koffee With Karan que le duo a conquis les coeurs à coups de blagues délirantes, et de "baba" affectueux. Dans Gunday, ils partagent un alchimie fraternelle qui se ressent et s'apprécie inévitablement.

« TU MERI » DE BANG BANG La chorégraphie a toujours été une part importante des chansons de film. Avec Tu Meri, nous avons l'occasion de retrouver l'un des meilleurs danseurs de l'industrie du cinéma : Hrithik Roshan. Il exécute parfaitement ses pas au rythme rapide de cette chanson 'feel good'.

43% "T U M E R I" (B A N G B A N G) 27% "B I S M I L" (H A I D E R) 1 4 % " H A M A R I ATA R I YA " ( D E D H I S H Q I YA )

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meilleur film dravidien

B A N G A L O R E D AY S ( M A L AYA L A M ) V E L A I YA L L A PAT TA D H A R I ( TA M O U L ) Bangalore Days est l'un des films les plus attachants et authentiques de l'industrie de Mollywood. Quant Ă Velaiyalla Pattadhari, il a permis de consolider le statut d'acteur saisissant de Dhanush au Tamil Nadu, formidablement soutenu par la lumineuse Amala Paul. 24% B A N G A L O R E D AY S ( M A L AYA L A M ) 24% V E L A I YA L L A PAT TA D H A R I ( TA M O U L ) 13% O H M S H A N T H I O S H A A N A ( M A L AYA L A M )

019


r

revue de presse

DEUX

CONTRE

LE MONDE A RT I C L E É C R I T PA R S A N D I PA N D A L A L P O U R L E M A G A Z I N E F E M I N A S O RT I A U M O I S D E M A R S 2015 T R A D U I T PA R E L O D I E . P H O T O G R A P H I E S PA R P R A S A D N A I K .

Kangana Ranaut et sa sœur Rangoli Chandel (qui est aussi son manager) ont affronté les caprices de Bollywood et l’attaque d’acide qui a laissé à Rangoli de profondes cicatrices, ensemble. Alors qu’elles discutent avec Sandipan Dalal sur leur enfance et plus encore, la loyauté qu’elle ont l’une pour l’autre est flagrante. Nous disons souvent que les sœurs ont un lien particulier. La superstar Kangana Ranaut et sa sœur Rangoli Chandel ne sont pas différentes. En parlant de leur enfance, elles se souviennent à quel point leur différence d’âge les a empêché d’avoir les mêmes intérêts. Quand elles parlent de leur vie, leurs ambitions et leur lien semblent se renforcer. Et puis soudain, parler de l’ignoble attaque d’acide que Rangoli a subi, les rend toutes les deux très sombres. Elles bougent leurs têtes à la mémoire de leur première année à travailler ensemble et rient en pensant à toutes ces fois où elles se sont poussées à bout l’une et l’autre, tout comme ces moments où elles ont su tempérer leurs caractères respectifs. 020

En les suivant, nous les voyons sourire fièrement l’une à l’autre, elles ont un lien qui ne fait que devenir plus fort, qui les rend meilleures et plus heureuses. Voici l’extrait d’une extraordinaire interview :

Racontez-nous votre enfance à Bhambla, en Himachal Pradesh. Kangana : Rangoli est plus âgée que moi de quatre ans, ce n’était pas énorme, mais avec le temps c’est devenu une vraie différence. Nous étions chacune dans notre coin et pas particulièrement fan l’une de l’autre. Alors que j’entrais au lycée, elle utilisait déjà du vernis, du rouge à lèvres et des serviettes hygiéniques. Pour moi, elle était le genre de personne trop cool qui avait l’occasion de profiter de tout. Et j’étais la petite-sœur chiante. Rangoli : Non, pas chiante. (rires). Elle était vraiment sensible et passionnée. Et j’étais une enfant faible et désintéressée. K : J’étais studieuse, mais j’apportais toujours des problèmes. Je me suis déjà battue avec mes camarades de classe. (Elle était dans une école publique), et ceux qui étaient dans la classe de ma soeur venaient me frapper. ►



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revue de presse

021


J’allais souvent voir Rangoli en pleurant, mais elle ne faisait rien comme si elle ne me connaissait pas. R : Je l’ai déjà vu se battre à l’école, mais je n’étais pas le genre à intervenir. Je laissais mes parents s’occuper de ça. (rires) Et quand elle ne créait pas de problème, elle avait l’habitude de se focaliser sur des vêtements drôles comme porter un chapeau de paille ou des shorts déchirés. Nous avions un cousin plus jeune qui adorait porter des vêtements similaires aux siens. K : J’étais le Docteur Démoniaque et il était un Mini-moi. (rires) Toute la ville de Bhambla avait honte à cause de nous. Et en public, Rangoli préférait avoir ce visage qui disait : « - Enchantée de vous connaitre, mais vous êtes qui ? »

Quand êtes-vous devenues plus proches ? R : Peu après l'attaque d'acide que j'ai subie, en 2006. K : C’était un véritable choc pour moi et j’ai aussitôt suggéré à mes parents que Rangoli vienne à Mumbai pour un traitement. C’était vraiment inconfortable de vivre avec elle au tout début. Quand elle est presque arrivée à la fin de ce traumatisme émotionnel et physique, j’avais du mal à me faire une place dans l’industrie du cinéma. Je ne travaillais pas, et j’avais mes propres problèmes avec des connaissances dans ma vie privée. Petit à petit, nous nous sommes habituées l’une à l’autre et nos mondes ont fusionné. R : Elle n’avait que 19 ans. Je n’avais pas ce visage-là à l’époque. K : Et puis l’autre problème qu’il y a eu à ce moment-là, c’est que son fiancé a annulé le mariage après l’attaque. Nous avons commencé à dépendre l’une de l’autre après ça.

Combien de temps cela vous a pris pour guérir ? K : Cela a pris deux ans. Pendant la guérison, son amour d’enfance, Ajay (Chandel) était venu la chercher à Mumbai. Il est de nouveau entré dans sa vie. La chose la plus incroyable, c’est que l’amour est de nouveau apparu dans sa vie. Et lorsqu’elle a enfin guéri, il l’a demandé en mariage.

Rangoli, quels étaient les plus gros défis pour Kangana à ce moment-là ? R : Tout le monde la critiquait à cause de sa façon de parler, de communiquer et ses looks peu conventionnels. Alors que je découvrais l’amour, Kangana a évolué en une actrice et une personne bien meilleure

A quel moment avez-vous commencé à travailler ensemble ? K : Alors qu’elle se faisait suivre pour son traitement à Mumbai, elle était souvent laissée de côté et ne savait pas quoi faire. Ce qui était tout à fait naturel vu le traumatisme qu’elle a subi. Elle a commencé à travailler pour moi lorsque je lui demandais de faire des petites courses. R : Je gérais surtout ses finances et m’occupais de coordonner certaines choses pour elle, mais je ne l’ai officiellement rejoint qu’en 2011.

Avez-vous eu des désaccords au début ? R : C’était difficile pour moi quand j’ai commencé à être son manager en 2011, parce qu’elle était devenue un vrai phénomène et elle travaille très très vite. C’est un être humain formidable et je suis une personne normale. Alors la suivre à chaque étape était vraiment difficile. K : L’industrie du divertissement n’est pas un monde facile. Certains travaillent dur et seuls ceux qui sont vraiment passionnés et patients peuvent tenir longtemps. C’est une vie trépidante et quand je travaille, il y a tellement d’appels, d’emails et de choses à suivre. Un faux-pas peut vous mener à une fin prématurée. Alors, ça l’a rendu folle.

Est-ce que vous vous êtes déjà séparées en tant que professionnelles ? K : Nous sommes passées par une phase où nous avons décidé de ne pas travailler ensemble. Elle travaillait ailleurs (elle s’est occupée de la production de Main Aur Charles) pendant six mois. Mais nous avions vécu ensemble pendant cinq ans, alors c’était difficile ne pas travailler ensemble après ça. Rangoli s’est résignée à suivre mon rythme. ►

023


R : Ce n’était pas seulement une histoire de rythme. Il fallait que je fasse tout à la perfection. Que ce soit dans sa vie privée ou dans sa vie professionnelle, Kangana aime que tout se passe à la perfection.

Qu’est-ce qui vous a le plus manqué durant ces six mois ? K : Ce qui m’a le plus manqué, c’est le confort émotionnel et cette sensation d’être à ma place, d’être protégée quand elle était là. L’autre chose, c’est que je n’avais pas à vérifier ce que Rangoli pensait ou faisait par rapport à mon travail et à ma situation.

Rangoli, vous donnez des conseils à Kangana sur les relations et l’amour ? R : Tout le temps. K : Cela devient embêtant quand je sors avec le « mauvais garçon » selon elle. C’est comme avoir une seconde conscience qui me remet en question. Elle est très directe sur ce qu’elle aime et ce qu’elle n’aime pas chez un garçon. Alors que moi, je suis en mode : ‘Tu ne vas pas coucher avec lui, alors pourquoi t’es si embêtée par ça ?’ (rires)

Vous pouvez nous en dire plus sur les talents cachés de votre sœur ? R : Kangana écrit des poèmes. C’est une poétesse incroyable. Mon mari Ajay et moi-même sommes de grands fans. K : C’est une excellente cuisinière. La plupart de mes réalisateurs comme Anand (L. Rai) et Vikas (Bahl) adorent ce qu’elle fait. Alors elle doit exceller en tant que manager et hôtesse. R : Je cuisine des plats végétariens comme le Rajma Chawal, Kari Pakoda et le Gajar Ka Halwa. Et mon mari s’occupe de tout ce qui n’est pas végétarien.

Quel genre de copain voulez-vous pour Kangana ? R : Il devrait être calme et posé, extrêmement intelligent et propre sur lui. Peut-être quelqu’un qui s’est déjà retrouvé sur une liste des ‘100 024

‘‘ Cela devient embêtant quand je sors avec le « mauvais garçon » selon elle. C’est comme avoir une seconde conscience qui me remet en question. Elle est très directe sur ce qu’elle aime et ce qu’elle n’aime pas chez un garçon.’’ personnes les plus riches’ mais il ne doit pas être trop vieux. Je lui ai déjà proposé quelqu’un, mais elle n’est pas sûre. K : Rangoli est contre les relations avec des hommes trop âgés. Comme je suis non-loin de mes trente ans, elle veut que je trouve quelqu’un qui n’ait pas loin de la trentaine. Mais je pense qu’il faut simplement que je sois avec quelqu’un qui me respecte et me comprenne aussi bien moi que mes valeurs.

Quels sont vos projets pour l’avenir ? K : Je veux écrire et réaliser. R : Nous aurions notre propre maison de production. K : Elle a eu une brève expérience dans la production et comprend le milieu. Je ne me vois pas travailler toute ma vie, mais Rangoli continuera à produire des films. Je vais réaliser bientôt... dans moins d’un an. Mais ce sera une collaboration avec un autre studio.

Comment vous vous voyez plus vieilles ? R : On s’installera à Manali. K : Je suis une voyageuse et je pense que je voyagerai encore. J’ai une ferme à Manali et Rangoli a aussi acheté des terres là-bas pour construire une écurie. Je pense que j’écrirais quand je serai plus vieille. Et si j’ai encore beaucoup d’argent, je ferai quelque chose pour ceux qui en ont besoin. ▲


fan tas tiki ndi a P R E M I E R P O R TA I L W E B FRANCOPHONE SUR LE CINÉMA INDIEN Fantastikindia est une association portée par la passion de ses membres, dont l'objectif est la promotion du cinéma indien sous toutes ses formes et dans toute sa variété du Nord au Sud.

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RADHIKA APTE l'indomptable... Radhika Apte, personne ne l'a vu venir !

Elle est pourtant active au cinéma depuis 2005 et a disséminé un peu de son talent dans nombre de films indiens plus ou moins populaires. Mais cela fait clairement deux ans que l'actrice s'impose littéralement dans les différentes industries du sous-continent. Belle, charismatique et audacieuse, elle est de la veine de Kalki Koechlin, Huma Qureshi, Konkona Sen Sharma ou encore Richa Chadda, fascinée par l'idée de faire de chaque opportunité une occasion de se dépasser et d'étonner son public. Qu'importe si elle n'est pas en tête d'affiche ou si les grandes maisons de production la boudent. Radhika croit dans le contenu de ses histoires et est perpétuellement à la recherche de rôles qui vont l'amener à se dévoiler de façon tout à fait inédite. Et parce qu'en plus, la langue ne représente pas une barrière pour elle, la comédienne s'est illustrée dans 9 idiomes et au sein des industries les plus prolifiques du pays. Ainsi, Bolly&Co vous propose de revenir sur le parcours singulier de la fascinante Radhika Apte... M O T S PA R A S M A E , P H O T O G R A P H I E PA R J AY E S H M I S T RY 026


Fille d'un couple de médecins d'origine marathi, Radhika a appris le kathak auprès de la sommité en la matière Rohini Bhate, et ce durant 8 ans. Elle est encore étudiante lorsqu'en 2005, elle signe son premier rôle à Bollywood. Elle est alors âgée de 20 ans. Dans le film pour enfants Vaah ! Life Ho Toh Aisi !, elle incarne la petite sœur de Shahid Kapoor, avec également Sanjay Dutt et Amrita Rao. Mais le métrage comme la prestation de l'actrice ne marquent pas les esprits. En 2006, elle joue dans un court-métrage intitulé Darmiyan, dans lequel elle campe une jeune étudiante au service d'une atmosphère beaucoup plus réaliste. La jeune femme est une touche-à-tout et son parcours n'est en rien linéaire. De films indépendants en blockbuster bourrins, en passant par des courts-métrages, des œuvres régionales, des projets télévisuels et des pièces de théâtre, Radhika Apte veut vivre l'expérience de la comédie dans son entièreté, qu'importe le support, le budget ou le prestige du projet en question. « J'ai commence le théâtre à l'université, puis je

me suis lancée dans le théâtre expérimental, des films régionaux se sont ensuite présentés à moi et s'en sont suivis des métrages en hindi. »

En 2009, elle joue dans l'œuvre en langue bengalie Antaheen, avec Aparna Sen, Sharmila Tagore et Rahul Bose. Elle y campe une journaliste de télévision. Dans ce film à l'atmosphère sombre, l'actrice est surprenante de vivacité, de naturel et de justesse. Si elle constitue la révélation de l'œuvre, celle-ci ne lui permet malheureusement pas de se faire connaître du grand public.

Car Radhika va devoir s'armer de patience avant de voir son potentiel enfin apprécié massivement... La même année, elle est à l'affiche du film marathi Samaantar dans lequel elle est la fille adoptive d'Amol Palekar. Le métrage lui permet surtout de donner la réplique pour la seconde fois à la grande Sharmila Tagore. Elle tourne encore dans sa langue maternelle pour Gho Mala Asala Hava, qui l'illustre en jolie villageoise.

2010 signe un premier tournant dans sa carrière. Principalement parce qu'elle revient à Bollywood avec deux métrages étonnants. Elle est d'abord au casting du thriller psychologique The Waiting Room, film à petit budget avec Raj Singh Chaudhary. Mais elle est surtout à l'affiche du très attendu diptyque de Ram Gopal Varma Rakta Charitra, avec Vivek Oberoi, Sudeep et Surya. Tourné en hindi et en télougou, le métrage reçoit un accueil critique laudatif et permet à la comédienne d'être pressentie pour le Screen Award du Meilleur Espoir Féminin. On la retrouve aussi dans un court-métrage intéressant, Vakratunda Swaha, tourné sur 12 ans. L'année suivante, Radhika propose deux métrages enthousiasmants à bien des égards. Elle fait d'abord partie du projet I Am, film d'anthologie poignant que l'on doit au brillant réalisateur Onir. Elle est ensuite du métrage produit par Ekta Kapoor Shor In The City, avec notamment l'acteur international Senthil Ramamurthy (rendu célèbre par la série américaine Heroes). Si le film lui permet de se faire connaître, l'actrice a cependant d'autres aspirations. « Je suis allée à

Londres avant la sortie du film (Shor in the City, ndlr). Je voulais vraiment apprendre la danse et j'étais comme amoureuse de cette expérience, à tel point que j'ai voulu la mener à bien jusqu'au bout. »

Passionnée de danse, elle a justement étudié au conservatoire Trinity Laban de Londres l'analyse des mouvements corporels pendant un an, ce qui l'a aidé dans son métier d'actrice et a surtout redéfini le rapport qu'elle avait avec son corps. «

J'ai appris la danse contemporaine et la thérapie de la libération, et cela a donné tellement plus de vigueur à chacun de mes mouvements. » En 2012, elle joue dans le film historique marathi Tukaram, œuvre éponyme basée sur le célèbre poète dans laquelle Radhika campe sa seconde épouse Aawalibai. Cette année-là marque surtout ses débuts à Kollywood dans Dhoni, aussi tourné en télougou et dans lequel elle donne la réplique à Prakash Raj. Le métrage lui vaut d'être nommée dans la catégorie du Meilleur Second Rôle ► 027


Féminin lors des cérémonies des SIIMA Awards et des Vijay Awards. C'est durant cette année qu'elle épouse le violoniste anglais Benedict Taylor. Si elle n'a jamais cherché à occulter son statut marital, elle explique que certains noms de l'industrie voient en sa conjugalité un frein pour ses ambitions professionnelles. « Je n'ai jamais caché

Elle débute l'année avec l'un de ses rôles les plus captivants, les plus déroutants aussi : Badlapur, qui lui offre un personnage dérangeant. Et c'est clairement ce film qui change la donne pour Radhika, enfin mise en lumière par les médias pour ses indéniables talents d'interprète.

En 2013, c'est sa prestation dans la production bengalie Rupkatha Roy qui marque les esprits.

lorsqu'on m'a narré le scénario de Badlapur parce que le personnage que je campe est une femme indépendante et cultivée, mais qui soutient tout de même son mari sans être pour autant certaine de l'innocence de ce dernier. »

le fait que j'étais mariée. Mais cela compte pour certains réalisateurs et acteurs. Et on m'a déjà conseillé d'éviter de parler de mon mariage. »

Elle y campe une étudiante mère célibataire dont le passé ne cesse de la troubler. Le métrage fera le tour des festivals et y recevra un accueil dithyrambique. Elle joue ensuite dans un nouveau court-métrage dirigé par Anurag Kashyap (dont elle semble être devenue la muse) intitulé That Day After Everyday, qui traite du harcèlement sexuel. Elle tient enfin un rôle secondaire dans la comédie romantique tamoule All in All Azhagu, où elle incarne une amoureuse rétro face à Karthi. C'est aussi cette année-là qu'elle explose au théâtre dans la pièce marathi Uney Purey Shahar Ek. Un an plus tard, Radhika est de plus en plus productive et démontre d'une véritable polyvalence dans ses choix artistiques. On la retrouve d'abord en bengali dans Pendulum, où elle tombe amoureuse d'un homme plus jeune qu'elle, puis à Tollywood dans le blockbuster Legend, avec Nandamuri Balakrishna et Sonal Chauhan. L'actrice s'illustre par la suite dans le thriller en langue tamoule Vetri Selvan dans la peau d'une avocate, pour apparaître plus tard face à Riteish Deshmukh dans le masala marathi Lai Bhaari, réalisé par Nishikant Kamath. Le dernier devient par ailleurs le film marathi le plus rentable de l'histoire lors de sa sortie.

C'est en 2015 qu'elle est la plus active, aussi bien en termes de quantité que de diversité. 028

L'ambivalence de son personnage, bien que demeurant au second plan, a séduit les critiques mais aussi l'actrice elle-même lorsqu'elle a signé le projet de Sriram Raghavan. « C'était intéressant

La comédienne sera pressentie pour les prix du Meilleur Second Rôle Féminin aux Stardust Awards et aux Guild Awards. L'actrice ne s'attendait clairement pas à un tel retour : « Vous

savez, c'est tellement bizarre, je n'ai tourné que 6 jours pour Badlapur et je n'aurais jamais pensé que le film me vaudrait un si bel accueil. » Par la suite, on la retrouve dans son premier film en malayalam : Haram, avec l'acteur Fahadh Faasil. Elle y campe Isha, la femme qu'il aime et qui le tourmente. Changeant radicalement de style, elle est ensuite l'héroïne de Hunterrr, une comédie avec Gulshan Devaiah qui évoque les péripéties d'un jeune homme qui souffre d'addiction au sexe. Un personnage qui l'a intéressé par sa mutation au fil du temps : « Mon personnage Tripti est une

jeune fille simple originaire de Pune, qui a une vision traditionnelle de l'amour et des relations affectives. Lorsqu'elle arrive à Mumbai et qu'elle y vit seule, son regard sur la question change. »

Elle joue avec Balakrishna pour leur second film commun mais dans un rôle qui demeure assez réducteur pour le thriller télougou Lion. Elle officie ensuite à la télévision dans la série Stories by Rabindranath Tagore, dans laquelle elle est Binodini dans le cadre de l'histoire Chokher Bali, déjà adaptée en 2003 pour un métrage du même nom avec Aishwarya Rai. Sous la direction de Sujoy Ghosh, elle campe une femme enchanteresse dans le court-métrage Ahalya, tourné en bengali. Elle incarne par la ►


RADHIKA APTE DANS LAI BHAARI

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N AWA Z U D D I N S I D D I Q U I E T R A D H I K A A P T E D A N S M A N J H I - T H E M O U N TA I N M A N


suite l'épouse de l'exceptionnel Nawazuddin Siddiqui pour le bouleversant Manjhi – The Mountain Man, qui reprend le périple insolite de cet homme qui voulait littéralement déplacer une montagne pour donner accès à l'hôpital le plus proche. Elle sera nommée pour le Stardust Award de la Performance de l'Année avec cette œuvre poignante. Enfin, elle figurait dans le drame social Kaun Kitne Paani Mein, qui évoque la pénurie d'eau en Inde et qui illustre la comédienne en diplômée spécialisée dans l'agriculture face à Kunal Kapoor. Elle figure dans les courtmétrages engagés The Bright Day (sur l'histoire d'un homme en quête de liberté) et The Calling (sur la discrimination des femmes enceintes dans le monde du travail) ainsi que dans le film d'anthologie X : Past is Present, où elle est la femme trompée de Rajat Kapoor.

En 2016, elle enfonce le clou avec un court-métrage : Madly, qui lui vaut le trophée de la Meilleure Actrice au prestigieux Festival de Tribeca. La jeune femme est ensuite fascinante dans le thriller Phobia, qui donne à la voir en jeune artiste agoraphobe. Plus tard dans l'année, elle est dirigée par Shirish Kunder dans le petit film Kriti, avec Manoj Bajpai et Neha Sharma. Elle interprète une thérapeute dans ce court-métrage diffusé directement via la plateforme Youtube. Elle joue aussi dans le film tamoul événement Kabali, où elle prête ses traits à la femme de la Superstar Rajinkanth. « Travailler avec Rajinikanth était

vraiment incroyable, une expérience qui ne se présente qu'une fois dans une vie. »

Enfin, elle est à l'affiche, notamment en France, de La Saison des Femmes, un film « coup de poing » produit par Ajay Devgan sur la condition féminine au cœur d'un village du Gujarat au fonctionnement phallocrate. Sur le plateau du talk-show Koffee With Karan en avril 2011, le présentateur Karan Johar demande à la productrice Ekta Kapoor qui de Deepika Padukone et Sonam Kapoor représentait selon elle le plus grand espoir de l'industrie hindi. Contre toute attente, Ekta répond par le nom de

Radhika Apte. On peut dire qu'elle a eu du flair puisqu'à aujourd'hui 31 ans, l'actrice fait partie intégrante du paysage cinématographique indien, et de façon plus prégnante et originale que ses consœurs précitées.

La jeune star s'est essayée à tous les univers dans nombre d'industries et de genres, un parti-pris qu'elle n'a jamais calculé mais qu'elle revendique avec fierté. « Je n'ai aucune barrière aussi bien pour la

langue que pour le style. Je me fiche de l'image que je renvoie, donc je ne me pose pas la question de savoir ce que je dois faire ou ne pas faire. Originaire du Maharashtra, j'ai fait des films en marathi, puis Rahul Bose a vu ma pièce et m'a offert un projet en bengali, et ensuite Ram Gopal Varma m'a donné l'occasion de jouer dans Rakta Charitra en hindi et en télougou. Et c'est comme ça que je me suis retrouvée à tourner dans toutes ces langues. » D'ailleurs, Radhika n'aime pas l'idée qu'on veuille lui coller une étiquette, ni même dissocier la qualité de ses films sur la seule base de leur potentiel commercial. « Je ne fais pas de différence entre

les films commerciaux et les films d'art et d'essai. Pour moi, ce qui est excitant, c'est le rôle que je tiens. J'ai tourné des court-métrages comme Ahalya et Kriti, qui n'ont pas bénéficié d'une grosse sortie en salles mais qui m'ont donné l'opportunité de me surpasser d'une manière nouvelle. » Radhika Apte est une sorte d'OVNI dans son pays. De films osés et contestataires en

œuvres plus 'grand public', l'actrice ne cède jamais à la facilité et aime les héroïnes complexes et torturées, qui lui permettent de mettre à nu sa sensibilité. Elle fait partie de ces actrices qui touchent à toutes les ambiances, confirmant au passage leur polyvalence qui dépassent largement celles des starlettes populaires. Parce que Radhika n'a pas besoin de promotion ou de rumeurs pour susciter l'intérêt. Sa filmographie riche et atypique parle pour elle... Tout simplement. ▲ 031


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cr i t i q u e

HARAM M O T S PA R A S M A E

Je voulais parler de Haram afin de restituer deux œuvres de Radhika Apte, à l'honneur de notre rubrique The New Face. Je souhaitais surtout illustrer sa polyvalence en évoquant un de ses films hindi indépendants (en l'occurrence Phobia) et un de ses métrages dravidiens. J'avais finalement sélectionné dans sa riche filmographie Haram. Parce que c'est jusqu'alors son seul projet à Mollywood et que j'ai développé depuis quelques années un véritable attrait pour cette industrie. J'ai tenté de le regarder une première fois, franchement attirée par l'emballage romantique porté par Radhika Apte et son partenaire Fahadh Faasil sur les images promotionnelles de l'œuvre. Je me suis arrêtée à la moitié. Je m'ennuyais. Je ne m'attendais pas à cela, à vrai dire. Du coup, je l'ai laissé de côté au profit de Sanam Teri Kasam, Inji Iduppazhagi ou encore Premam. Des mois plus tard et uniquement pour les besoins du magazine, j'ai trouvé le courage de le revoir. En entier. Et ce que j'en retiens, c'est que ce film est particulier. Intéressant mais nullement divertissant. Avec des attentes adaptées, je suis parvenue à apprécier le film à sa juste valeur et à saisir son intention. Mais avant toute chose, revenons sur la trame de Haram...

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Un homme abuse de la boisson. Nostalgique, il repense à celle qu'il aime et dont il est désormais séparé. Le métrage alterne les séquences de flashback et celles du présent. On découvre ainsi cet homme, Balu (Fahadh Faasil) et l'évolution de sa relation avec la belle Isha (Radhika Apte). Comment ce couple amoureux et épanoui a-t-il pu se déchirer ? En parallèle, une doublure pour le cinéma, Ameena (Rajshri Deshpande) se fait violemment agresser. Cet incident émeut l'opinion publique, qui s'en saisit pour dénoncer la condition féminine en Inde...

Haram n'est pas un film romantique. Il possède une atmosphère assez atypique et n'a pas vocation à nous faire rêver. C'est plutôt le genre d'œuvres à bousculer les consciences et à pousser à la réflexion. Moi qui l'avais démarré à l'origine pour me détendre, je me suis complètement fourrée le doigt dans l'œil ! Parce que Haram sollicite toute notre attention et mobilise notre concentration. Parce qu'il faut réfléchir, élaborer et faire des liens tout en regardant le métrage. Ce qui me marque dans Haram, c'est sa portée profondément féministe. De plus, l'originalité réside dans le fait que ce soit au final le personnage principal masculin qui soit le plus féministe de tous. Mais absolument pas dans le sens réducteur où il incarnerait une sorte de héros omnipotent qui préserve l'honneur de la pauvre demoiselle en détresse ; incapable de défendre sa cause seule.... Non ! C'est plutôt et très justement dans le fait que Balu est un 'Monsieur Tout Le Monde' et qu'il peut tout à fait être féministe par pure conviction et sans être forcément une femme. Un homme peut aussi avoir cette sensibilité pour la cause féminine. Balu défend les femmes pas en tant que créatures vulnérables, mais justement dans le sens où elles ne devraient pas avoir besoin de l'être tant elles ont autant de légitimité que les hommes. Lorsque l'actrice Ameena se fait agresser, Balu intervient sans réfléchir à sa propre sécurité, pour tenter de la secourir. Les médias se saisissent de l'événement qui fait écho à la situation

préoccupante des femmes en Inde. Elles sont violentées, abusées, violées et harcelées sans que la majeure partie des gens ne réagissent. Balu est bouleversé par la violence dont a été victime Ameena et souhaite que la justice fasse son travail dans ce sens. C'est un citoyen qui défend ses idées et ses convictions avec cœur et entièreté. Face à l'inertie du système, Balu perd pied et laisse la rage et la colère le gagner. L'évolution de ce personnage, passant de l'homme ordinaire à l'être révolté qui veut absolument que justice soit rendue à Ameena, est fascinante. Haram parle de ces sociétés destructrices qui ignorent la teneur de la violence pour mieux la perpétuer, et même l'amplifier.

Haram parle de ce sexisme normalisé dans le monde du travail, mais aussi dans les relations humaines. Les femmes se victimisent sur la seule base de leur sexe mais ne se mobilisent pour autant pas toutes pour faire bouger les choses. Lorsqu'il se manifeste, Balu dénonce un fonctionnement et un état d'esprit plus que des hommes en particulier. Il est plus féministe qu'Isha, qui est prête à saborder son intégrité physique ou morale pour un travail ou une relation affective.

Parce que la société indienne, mais aussi ses films, banalisent une mentalité misogyne au point où les femmes elles-mêmes minimisent les inégalités dont elles sont victimes. Rien que dans ses histoires d'amour, le cinéma illustre les relations hommes/femmes de façon complètement inadaptées, le harcèlement que l'on présente comme une technique de drague, l'homme violent vendu comme fort et attirant, les femmes qui sont chosifiées, monnayées entre le héros et l'antagoniste, toujours vulnérables et susceptibles d'avoir besoin du secours d'un homme... ► 033


J'ai eu l'occasion de voir des scènes inadmissibles au cinéma, comme celle du héros qui gifle sa dulcinée pour la « rassurer » et lui témoigner qu'elle n'avait plus à craindre les autres hommes. En gros : « PAF ! *Claque qui secoue l'héroïne* Pourquoi tu pleures ?! - J'ai peur ! J'ai peur d'eux ! - PAF ! *Claque qui décoiffe, l'héroïne en perd son brushing* Banane, et moi, je compte pour du beurre ?! - Mais... - PAF !!!!!! *Claque qui édente l'héroïne* Arrête de chialer ! Tu vois pas que je t'aime ?! - Euh... Oui ? *L'héroïne se jette dans les bras du héros* »

Mais elle continue de pleurer. Le cinéma traduit

cette scène et sa conclusion comme la réponse positive de l'héroïne à la « déclaration d'amour » du héros. Désolée de plomber l'ambiance mais moi, je vois la situation tout à fait différemment ! A mes yeux, l'héroïne a peur, elle continue de pleurer dans les bras du héros car elle ne veut pas recevoir une quatrième baffe si elle le contrarie de nouveau. L'hyper-violence masculine est illustrée comme une vertu, là où le cinéma recouvre souvent une vocation éducative.

Quel enseignement ressort-on donc d'une telle connotation de la femme ? Quel message faisonsnous passer sur ces hommes qui distribuent les coups ? Quelle lecture faisons-nous des passages à l'acte violent auprès du jeune public, qui s'identifie à ces protagonistes omnipotents sans peur ni reproche ? Personnellement, ça me questionne dans la mesure où le cinéma indien fédère comme aucun autre au monde, et ce au-delà des classes sociales, des ethnies et des religions. Je me répète mais cela induit donc que ce qui est retranscrit à l'écran est pris pour argent comptant par les spectateurs.

Il relève du devoir public de faire du cinéma un outil pédagogique, avec une vigilance quant à ce qui y est montré. 034

En ce sens, Haram fait largement son boulot. Il donne de vraies leçons et a le souci de secouer les esprits. Il constitue une œuvre responsable et intelligente. Je radote mais Haram n'est absolument pas romantique. Il est en revanche fondamentalement humaniste. On y traite de relations entre hommes et femmes bien au-delà du sentiment amoureux. On parle du regard qu'ils portent l'un sur l'autre, mais également sur eux-mêmes. Ceci étant, le film est long, son rythme lent. Surtout, l'œuvre manque de relief. La difficulté quand on exploite le support filmique pour faire de la pédagogie, c'est qu'il doit aussi conserver un quotient divertissant, avec un certain souffle. Les chansons peuvent jouer ce rôle. Hélas, Haram gagne en pertinence là où il perd en efficacité. L'œuvre est en tout cas portée par son casting, superbement interprétée. C'est ce qui nous tient devant le film jusqu'à sa conclusion. Des deux héros aux seconds couteaux, tous rendent justice à cette histoire engagée. Le plus marquant reste Fahadh Faasil, célèbre comédien malayalee que j'ai eu l'occasion d'apprécier précédemment dans Bangalore Days, avec son épouse Nazriya Nazim. L'acteur est ici irréprochable dans un rôle d'intellectuel aux valeurs fortes, complètement dévoré par l'environnement délétère dans lequel il évolue. Il incarne Balu, cet homme ordinaire et sincère que sa société malsaine et déséquilibrée a mis à bout. Fahadh confirme ainsi sa sensibilité avec son jeu émouvant et emprunt de véracité. Pour lui donner la réplique, Radhika Apte est très juste dans la peau d'Isha, fille de classe moyenne qui intègre le sexisme comme une fatalité. On s'identifie sans problème à Isha tant elle nous ressemble aussi bien dans sa dépendance émotionnelle aux hommes que dans l'acceptation dont elle fait preuve face au fonctionnement patriarcal du monde du travail. Isha est un être individuel qui pense, comme beaucoup, à son avenir personnel. Elle ne veut pas mettre en péril sa situation professionnelle pour défendre des principes. ►


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Elle incarne la société du « chacun pour soi », qui choque sur le papier mais dont une majorité d'entre nous fait partie. Radhika est impeccable mais reste dans le registre de fille torturée qu'on lui connaissait déjà dans les films Badlapur et Phobia.

C'est d'ailleurs cette opposition entre les opinions de Balu et celles d'Isha qui précipite leur séparation. Balu aime Isha mais ne la comprend pas. Isha aime Balu mais ne le soutient pas. Quand Balu sympathise avec Gargi, jeune journaliste impliquée dans des causes humanitaires, il semble trouver quelqu'un en mesure de comprendre et même de partager sa conception des choses. Après avoir pleuré la perte de son amour, il perçoit son avenir avec un regard neuf et plus optimiste grâce au dynamisme et à la générosité de la jeune femme. La débutante Sagarika Bhatia prête ses traits à Gargi dans un rôle secondaire solaire. Elle impulse chez Balu l'envie de se bouger et de se sortir de cette phase dépressive, pour mieux agir au service de ceux et celles qui en ont besoin. La jeune femme est désarmante de naturel et trouve sans problème sa place dans ce film où chacun joue un rôle dans l'intrigue. Rajshri Deshpande est Ameena, l'actrice agressée dont l'histoire sert de parallèle au conflit entre Isha et Balu. Vedette de télévision et de théâtre, Rajshri est aussi une des figures du cinéma indépendant. Dernièrement, elle était l'une des héroïnes de l'œuvre 'coup de poing' de Pan Nalin Déesses Indiennes en Colère. Ici, elle campe cette actrice de série B, doublure d'une vedette sulfureuse. Véritable symbole d'une génération de femmes qui ne se cachent pas, son agression est récupérée par les médias comme une atteinte à la liberté individuelle des femmes. Rajshri fait forte impression dans un rôle difficile.

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Au niveau musical, la bandeoriginale de Haram est composée par le groupe poprock Thaikkudam Bridge. Les morceaux s'inscrivent dans le ton du métrage, très urbains et énergiques. Cependant, aucun ne m'a réellement marqué, si ce n'est la ballade « Kaanal Kaatte ». Ce n'est clairement pas ce qu'on retient de l'œuvre.

e n con clu sion HARAM EST UN FILM Q U I FAT I G U E TA N T I L D E M A N D E D ' I M P L I C AT I O N A U S P E C TAT E U R . Il s'agit d'une œuvre qu'on regarde comme on lirait un ouvrage de philosophie : complexe et stimulant, il nous pousse à nous questionner et nous émeut pat le sentiment amer qu'il nous laisse. Maintenant, il faut aussi vouloir s'engager dans ce film, qui n'est efficace que sur la base d'une interaction avec le spectateur. Vous ne pourrez pas végéter devant Haram comme vous le feriez devant R... Rajkumar ou Andaz Apna Apna. Il est nécessaire d'être disposé à être attentif pour suivre le métrage, comme on suivrait un cours. Ce n'est pas distrayant mais ça a au moins le mérite de nous instruire. ▲


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critique

PHOBIA

Il m'a fallu du courage pour me lancer dans le visionnage de Phobia ! Je fuis comme la peste les films d'horreur, préférant largement les romances et œuvres sociales, beaucoup plus accessibles en terme d'analyse. Regarder une nana terrifiée se faire zigouiller pendant 2h, ce n'est effectivement pas mon truc ! Je ne tire aucun plaisir devant ces métrages, ils ne me correspondent pas et ce malgré la qualité certaine de quelques uns d'entre eux (en ce sens, je vous invite à lire avec attention l'article de Fatima Zahma sur les meilleurs films d'horreur du cinéma hindi, disponible dans ce numéro). Après des semaines de stratégies d'évitement, je me retrouve finalement face à Phobia, après avoir épuré la majeure partie des articles que je devais rédiger. Je n'ai plus d'excuse, plus d'échappatoire. Ceci étant, je suis tout de même curieuse de découvrir Radhika Apte dans ce rôle qui lui a valu les éloges de la critique. Mais en réalité, qu'est-ce qui dissocie Phobia des autres métrages du genre ? En quoi ce film en particulier vaut-il le détour ? ► M O T S PA R A S M A E 037


Mehak (Radhika Apte) est une jeune artiste contemporaine. Le soir de son vernissage, elle est victime d'une agression et développe une sévère agoraphobie à la suite de cet événement traumatique. Son ami Shaan (Satyadeep Mishra) tente du mieux qu'il le peut de l'aider à dépasser sa peur maladive de l'extérieur. Mais la jeune femme commence à avoir d'étranges hallucinations à propos de Jiah (Amrit Bagchi), une hôtesse de l'air portée disparue, qui vivait dans l'appartement où réside désormais Mehak... Avant d'entamer la rédaction de cet écrit, j'étais soucieuse de comprendre les symptômes de l'agoraphobie ainsi que de savoir si cette pathologie était correctement retranscrite à l'écran. Se dit donc de l'agoraphobie la peur des grands espaces et des lieux publics. Il ne faut pas la confondre avec l'ochlophobie, qui désigne la peur de la foule. Ce trouble se manifeste suite à un traumatisme psychique (une agression, un deuil, un accident...) et peut générer des crises de panique aigües chez la personne qui en souffre. Celles-ci peuvent présenter plusieurs caractéristiques, de palpitations en tremblements, mais aussi résulter en un sentiment d'étranglement. Parfois même, la personne phobique peut entrer dans des phases de déréalisation (perception irréelle du monde extérieur) ou de dépersonnalisation (prise de recul et dissociation d'elle-même, comme si elle se voyait de l'extérieur).

Phobia est parvenu à illustrer l'agoraphobie dans sa complexité et dans ses multiples manifestations. Radhika s'est saisie avec une incroyable justesse des différents symptômes de la maladie, à tel point qu'on croirait l'actrice elle-même atteinte de ce trouble. Les visions de Mehak peuvent aussi trouver leur sens et prendre racine dans le phénomène de déréalisation. Cependant, je reste circonspecte face à la manière dont elles

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sont traduites dans le film, où elles semblent plutôt s'apparenter à des hallucinations. Mais je reviendrai plus tard sur ce point précis, qui a suscité chez moi quelques interrogations...

S'il ne devait exister qu'une seule raison de découvrir Phobia, elle résiderait dans la performance époustouflante de Radhika Apte. L'actrice est Mehak du début à la fin. Elle incarne l'agoraphobie comme si elle en souffrait. Ses tremblements, son regard, sa voix... Tout en elle nous permet de croire pleinement en la pathologie de Mehak et en la détresse qui l'habite. Radhika prouve avec ce film l'entièreté de son jeu, usant des langages corporel, para-verbal et de ses expressions faciales pour extérioriser les émotions de son personnage. C'est elle qui porte le métrage sur ses épaules, grâce à une prestation de haute volée et à la sensibilité désarmante de son jeu d'actrice. Pour lui donner la réplique Satyadeep Mishra campe Shaan, l'ami et amoureux transi de Mehak. Shaan incarne surtout l'objet masculin qui personnifie le rapport de Mehak aux hommes. Séductrice et dominatrice, elle sait dire 'non' et s'imposer aux sollicitations masculines. Son aplomb déstabilise les hommes qui l'entourent. Lorsqu'elle se fait agresser, on a le sentiment que cet épisode est largement minimisé par son entourage. Pourtant, il remet intégralement en cause l'identité de la jeune femme et l'assurance qui la caractérisait. « Tu n'as pas été violée ! », comme si la tentative ne valait pas l'acte effectif. Mais le fait d'avoir été touchée contre son gré, que son intégrité physique et sa volonté aient été bafouées ce soir-là constitue un viol en soi ! Mehak est terrifiée par l'extérieur et par la possibilité d'être de nouveau abusée. Mais plus encore, elle est effrayée par le contact à l'autre et ne se sent sécurisée qu'avec ses proches. Quand sa voisine Nikki, interprétée par Yashaswini Dayama, l'aborde, elle se braque et tente de se protéger. ►



Le regard interrogateur des gens de l'extérieur sur son comportement l'amène d'ailleurs à les craindre encore plus. Mais Nikki se montre au contraire ouverte, positive et tolérante envers Mehak, nouant ainsi avec elle une relation de confiance inattendue. Ce qui n'est pas pour plaire à Shaan, car ce dernier se complaisait dans le rôle d'unique sauveur de la jeune femme. Il se satisfaisait implicitement de sa profonde détresse et de sa dépendance dans les actes du quotidien, ne sollicitant que lui et amplifiant donc sa toutepuissance. Nikki remet totalement en cause ce fonctionnement et offre à Mehak un nouvel espace de parole, plus sain que celui de Shaan. Satyadeep Mishra est correcte dans le rôle de l'ami douteux. Mais c'est Yashaswini Damara que l'on retient. En jeune adolescente courageuse et sincère, elle marque les esprits et complète sans fausse note la prestation de Radhika Apte par sa présence solaire. 040

En emménageant dans l'appartement de Jiah, Mehak a des visions du meurtre de cette dernière, qui a mystérieusement disparu. Shaan mais aussi Anna, la sœur de Mehak, pensent à des hallucinations, songeant que la jeune femme exploite l'histoire de Jiah comme dérivatif afin de ne pas faire face à sa phobie. Pourtant, Nikki accorde du crédit aux apparitions et propos de Mehak et essaye d'y mettre du sens. C'est là que je me suis interrogée pendant le visionnage : le réalisateur a-t-il correctement cerné la maladie ? Car bien qu'elles trouvent une explication dans son histoire, Mehak a bien des hallucinations ! Je me suis donc demandée si les hallucinations constituaient bien un symptôme de l'agoraphobie, où si cet élément était né de l'imagination du cinéaste ?


n

S'il a bien identifié la maladie dans ses autres aspects, il s'agit tout de même d'un point de questionnement pour ma part. Mehak voit des choses, de nature prémonitoire ou chimérique, mais mon interrogation ne réside pas dans le contenu de ces visions. Je me demande, en rationaliste que je suis, de quoi elles proviennent. De son agression ? Pourtant, il semble qu'elles se soient déjà manifestées, de manière plus subtile à travers ses œuvres d'art. Sur ce point, je reste sceptique quant à la cohérence de l'écriture. La photographie de Jayakrishna Gummadi ainsi que le montage de Pooja Ladha Surti s'imprègnent à merveille de l'ambiance sombre et énigmatique du métrage. La caméra joue avec l'esprit du spectateur et sa perception, le faisant passer d'un point de vue à un autre et s'appuyant sur une certaine bipolarité contemplative chez celui-ci. « Suis-je du côté de Mehak ? Ou plutôt de celui de Shaan ? » Telle est la question que l'on se pose pendant toute la durée de Phobia... Le cinéaste en vient à nous faire frôler une certaine instabilité psychique tant on est en incapacité de se positionner en faveur d'un personnage du début à la fin de l'œuvre.

Ce qui fait l'intérêt de Phobia, c'est qu'il s'éloigne des sempiternels schémas du genre. Loin des histoires mystiques de possession, de force surnaturelle ou d'épouvante ; le métrage nous fait plonger dans la psyché de son héroïne et s'apparente en ce sens plus au thriller psychologique qu'au classique film d'horreur. Il constitue une expérience saisissante et inédite, bien qu'elle ait un peu de mal à démarrer. Si des comparaisons ont été émises avec le métrage Kaun (dirigé par Ram Gopal Varma et comptant Urmila Matondkar à sa distribution), Phobia possède néanmoins une identité forte et s'appuie sur le talent de Radhika Apte, de la même façon que Kahaani existait grâce à la puissance de Vidya Balan.

new face

e n con clu sion J E N E P E U X PA S D I R E QUE LE VISIONNAGE DE PHOBIA A ÉTÉ FACILE POUR MOI. Mais il se vit dans la mesure où il tire sa force dans sa capacité à embarquer le spectateur dans les troubles de son héroïne.

Radhika est l'âme de Phobia et, que vous soyez fan de l'actrice ou non, sa performance vous marquera. Véritable aventure dans les apparitions de Mehak, Phobia constitue une expérience déroutante et éreintante, mais surtout brillante. ▲

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k kalki koechlin

kalki koechlin RETOUR SUR SA CARRIÈRE... M O T S PA R A S M A E , P H O T O G R A P H I E PA R T R I L O K J I T S E N G U P TA

Kalki Koechlin est une vraie indienne. Elle en a l'histoire, l'héritage et le cœur. Parlant un tamoul parfait, l'actrice a appris le hindi en seulement six mois pour les besoins de son premier film, en 2008. Elle n'a rien à envier aux vedettes de cinéma populaire, pouvant même leur transmettre son naturel et son goût pour les rôles audacieux. Kalki est indienne par essence tant elle est enracinée dans ce pays qui l'a vu naître, là où Deepika Padukone a vu le jour au Danemark et où Imran Khan et Priyanka Chopra ont passé une bonne partie de leurs vies aux Etats-Unis. Pourtant, personne n'a jamais osé remettre en doute leur 'indianité' là où celle de Kalki est souvent questionnée, du fait de son teint clair et de ses cheveux châtains. ►

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Son père est alsacien, sa mère périgourdine. Joël Koechlin et Françoise Armandie se sont pourtant rencontrés en Inde, en plein mouvement hippie, et sont tombés amoureux. Françoise enseigne alors le français à Auroville. Elle a un fils, Vrata, né d'un précédent mariage. C'est alors que naît de l'union des deux français la petite Kalki, en date du 10 janvier 1984 à Pondichéry. Elle passe toute son enfance au Tamil Nadu. « Je suis née dans

un petit village de pêcheurs [...] et j'ai grandi en apprenant la pêche. » A l'époque, Julia Roberts est son actrice préférée, et Kalki ne se lasse jamais de regarder Pretty Woman !

Son éducation est ancrée dans l'Inde tamoule. Elle est élevée comme ses camarades du souscontinent. Mais ses parents cultivent également son identité française. « Je ne peux pas rejeter

le fait que je suis française. Je suis française, quelque part. J'ai grandi avec une culture française. J'ai grandi avec le cinéma français et des films comme A bout de souffle, Les enfants du paradis... » Elle a quelques souvenirs de la France, où elle a passé des vacances en famille durant sa jeunesse. « J'allais voir mes grands-

parents dans les Vosges. C'est la première fois que j'ai vu de la neige. » Ses parents divorcent, son père épouse une indienne avec laquelle il a un fils, Auriel. Kalki a noué une énorme complicité avec son cadet, avec lequel elle s'illustre sur les réseaux sociaux. «

Mon petit frère est comme moi. Il aime toujours faire des blagues et se faire remarquer. » Vrata, son frère aîné par sa mère, est plus inhibé. « Il est astrophysicien, je le traite de savant fou. » Elle a 18 ans lorsqu'elle décide d'aller à Londres pour étudier la comédie à l'université de Goldsmiths. Elle y fait l'expérience du théâtre, qui constituera l'un des électrochocs de sa vie. Sur place, elle est épaulée par son frère aîné Vrata. Son père Joël lui envoie un peu d'argent. Mais Kalki doit travailler pour vivre correctement à Londres. Elle trouve un job de serveuse pendant les week-ends, entre les pièces qu'elle écrit et celle dans lesquelles elle joue pour la compagnie Theatre of Relativy. Kalki revient en Inde en 2006, avec l'espoir de faire du métier d'actrice son gagne-pain. Elle vit 044

quelques temps à Bangalore avec Vrata, puis s'installe à Mumbaï, là où tout est possible. Sa maman Françoise s'inquiétait à l'époque du devenir de sa fille dans cette industrie clanique et surtout impitoyable : « A l'époque, je me disais

'qu'est-ce qu'elle va faire ?', est-ce qu'elle va arriver à survivre parce que Bombay est connu comme une jungle. » La jeune femme enchaîne les castings, tourne quelques publicités. Mais son look d'européenne ne convient pas aux producteurs du Bollywood convenu et commercial. Elle peine à faire sa place et trouve dans le théâtre non seulement un espace d'expression mais aussi un lieu pour faire valoir son potentiel.

L'année 2009 constitue un tournant majeur. Elle co-écrit d'abord la pièce Skeleton Woman avec Prashant Prakash, dans laquelle elle joue également et qui lui vaut un prix lors du Festival de Théâtre Hindu Metroplus de Chennai. La même année, elle décroche son premier rôle au cinéma avec l'une de ses prestations majeures : Dev D. Le réalisateur Anurag Kashyap voit en elle l'incarnation décadente de Chandramukhi et lui offre l'un des rôles phares de l'œuvre. «

Quand Anurag m'a rencontré la première fois, il pensait que j'étais une nana russe un peu trash.

» Dans la peau d'une étudiante innocente le jour et d'une prostituée fantasque la nuit, Kalki est tout bonnement exceptionnelle et constitue la révélation de cette relecture contemporaine de Devdas, avec Abhay Deol et Mahie Gill pour lui donner la réplique. Elle recevra le Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin, pourtant nommée face aux grandes dames Dimple Kapadia et Supriya Pathak Kapur notamment. Le tournage de Dev D est aussi le théâtre de l'idylle naissante entre Kalki et Anurag, qui lui a permis d'éclore aux yeux du grand public. Anurag a surtout vu en Kalki la raison de se sortir luimême du Devdas qu'il était en train de devenir. « J'étais en plein divorce, cocaïné, alcoolique,

je me battais. Ma vie n'allait nulle part. Kalki m'a donné beaucoup de force. » L'actrice et son

chéri de cinéaste vivent une histoire d'amour peu conventionnelle. Elle, la jolie française au teint de porcelaine. Lui, le réalisateur révolté, divorcé et ►


KALKI DANS LE RÔLE DE C H A N D A ( D E V D , 2009) 045


KALKI DANS LE RÔLE DE R U T H ( T H AT G I R L I N Y E L L O W B O O T S , 2011)

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père d'une petite Aaliyah. Ils vivent d'amour et de cinéma, collaborant à de multiples reprises pour Bollywood. L'année suivante, elle est à l'affiche de The Film Emotional Attyachar, dont le titre est directement repris de l'un des morceaux phares de son premier métrage « Emotional Attyachar ». Elle y campe Sophie, qui doit récupérer un sac plein d'argent dérobé à son petit-ami. L'œuvre est boudée par la critique, mais prouve que Kalki a le souci de surprendre. Elle ne ressemble en rien aux héroïnes indiennes traditionnelles, et c'est ce qui fait d'elle une personnalité aussi fascinante et originale. Juste après la sortie de Dev D, le réalisateur Bejoy Nambiar a proposé à Kalki l'un des rôles principaux de son projet à venir, intitulé Shaitan. Mais le film peine à se faire, manquant d'investisseurs. C'est alors qu'Anurag Kashyap, qui a lancé la carrière de Kalki à Bollywood, accepte de produire le métrage à condition que le budget prévisionnel d'origine soit revu à la baisse. Shaitan sort finalement en 2011 et reçoit des critiques positives. La prestation de Kalki dans ce rôle ambivalent constitue d'ailleurs l'atout principal de l'œuvre, pour laquelle la jeune femme sera nommée aux Screen Awards dans la catégorie de la Meilleure Actrice.

2011 est également l'année de son mariage avec son compagnon Anurag. Ils s'unissent lors d'une cérémonie intimiste à Ooty, « surtout pour faire plaisir à (leurs) parents » selon la comédienne. L'actrice avouera d'ailleurs que le mariage est la chose la plus folle qu'elle ait pu accomplir par amour ! Plus tard dans l'année, elle figure dans son premier projet populaire, son premier film à gros budget aussi. Il s'agit pour la comédienne d'un tournant pour son statut dans l'industrie. Car si le rôle en lui-même reste accessoire et ne constitue rien de clairement novateur pour la comédienne, il lui permet de se faire connaître d'un plus large public et de voir son potentiel mis en relief auprès des producteurs commerciaux du cinéma hindi. Avec Zindagi Na Milegi Dobara, elle retrouve

Abhay Deol et donne aussi la réplique aux vedettes Hrithik Roshan et Katrina Kaif, en plus de jouer avec l'artiste polyvalent Farhan Akhtar. En petite-amie exigeante, elle demeure convaincante dans un rôle qui aurait pu devenir tête-à-claques. Elle sera d'ailleurs pressentie pour le trophée du Meilleur Second Rôle Féminin aux Filmfare Awards, aux IIFA Awards et aux Screen Awards.

Forte de ce succès public colossal, l'actrice continue sur sa lancée et devient de plus en plus productive. Ne lésinant jamais sur la qualité de ses projets, elle comprend qu'elle peut à la fois tenir des rôles forts dans des œuvres d'art et d'essai et s'illustrer en intéressant second couteau pour des films plus populaires. Toujours en 2011, elle est l'héroïne de That Girl In Yellow Boots, petit projet qu'elle a co-écrit avec Anurag Kashyap et que ce dernier a dirigé. Elle y prête ses traits à Ruth, une jeune anglaise venue en Inde à la recherche de son père. Tournée en 13 jours, l'œuvre sera projetée lors de divers festivals et s'appuie principalement sur la prestation impeccable de son héroïne. Enfin, elle conclue l'année sur un de ses rôles à contreemploi, très éloigné des personnages torturés dont elle est coutumière. Dans My Friend Pinto, elle est Maggie, une jeune danseuse qui croise le chemin du facétieux Michael Pinto, campé par Prateik Babbar. Produit par Sanjay Leela Bhansali, le métrage ne trouve pas son public mais donne à voir la comédienne dans un registre plus léger et rafraichissant, nous permettant surtout de découvrir sa générosité et son sourire communicatif. Pourtant, nombre des cinéastes qui la castent dans leurs productions lui collent cette étiquette de 'blanche de service', dans des rôles de fille occidentale libérée du carcan familial et parfois même quelque peu débridée. Au micro de BFM TV, elle déclarait : « Je dois être réaliste. Je ne peux pas faire un rôle qui ne me va pas du tout. ►

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Ca veut dire que je ne peux pas faire un rôle très rural d'une femme d'un village dans le sud de l'Inde. Il faut toujours que je sois une fille un peu moderne qui n'est pas complètement indienne. » En 2012, elle sort Shanghai, un thriller politique avec Abhay Deol (pour leur troisième projet commun) et Emraan Hashmi. Avec ce film, on arrête de lui coller une étiquette d'héroïne occidentale puisque son personnage est indien dans son entièreté, et non anglais ou métis comme la plupart de ses rôles antérieurs. Elle interprète Shalini Sahay, une activiste qui tente d'élucider la tentative d'assassinat de son professeur. Projeté au Festival du Film de Toronto, Shanghai reçoit un accueil mitigé mais s'appuie fortement sur son casting, absolument irréprochable.

Un an plus tard, elle est à l'affiche de deux films, dont un qui changera la donne. Elle annonce également sa séparation à la ville d'avec Anurag Kashyap. Le couple ne se comprend plus, et c'est Kalki qui prend la décision de mettre fin à leur union. « J'ai trouvé ça très

difficile, quand j'ai quitté Anurag... La première année... C'était dur. J'ai grandi en internat et j'ai ensuite toujours partagé mon espace de vie avec d'autres personnes. Je n'ai donc jamais vécu seule. Mais c'est quelque chose que j'avais vraiment besoin d'apprendre. »

Au cinéma, elle joue en premier lieu dans le film fantastique Ek Thi Daayan, dans lequel elle campe une jeune femme soupçonnée d'utiliser la magie noire. Pour la première fois de sa carrière, elle s'essaye à l'exercice du 'lip sync', de l'art de chanter en play-back pour une séquence musicale au cinéma. Elle emprunte ainsi le timbre de Sunidhi Chauhan pour le morceau « Yaaram ». Mais c'est son second projet de l'année qui marque les esprits. Elle est à l'affiche de la comédie dramatique Yeh Jawaani Hai Deewani, produite par Karan Johar et avec Ranbir Kapoor, Deepika Padukone et Aditya Roy Kapur à sa distribution. Kalki joue ici Aditi, la meilleure amie déjantée des deux héros masculins, qui sert d'ailleurs de fil rouge à cette trame sur l'ambition 048

et les relations humaines. C'est Kalki qui retient l'attention du spectateur tant son jeu est juste. Pourtant, le tournage n'a pas été facile, le réalisateur Ayan Mukherjee lui reprochant une trop grande inhibition dans son jeu. « J'avais

pourtant l'impression de me comporter comme dans un cartoon ! » La jeune femme danse

d'ailleurs pour la première fois dans le cadre d'une scène chorégraphiée. Cette production constitue son plus gros plébiscite populaire et lui vaut surtout plusieurs nominations dans la catégorie du Meilleur Second Rôle Féminin, aux Filmfare Awards, aux Screen Awards et aux IIFA Awards.

Avec ce film, elle révèle son potentiel comique et souhaite l'exploiter dans des projets futurs. C'est ainsi qu'elle signe en 2014 Happy Ending, une romcom avec Saif Ali Khan et Ileana D'Cruz. Dans la peau d'une jeune dentiste obsédée par l'écrivain Yudi (campé par Saif), elle est hilarante et démontre que son talent dépasse largement les supports indépendants. Pourtant, Happy Ending fait un bide au box-office et ne permet pas à Kalki d'être réellement mise en avant.

C'est aussi l'année durant laquelle elle est la plus active sur les planches. En effet, la comédienne s'illustre dans plusieurs projets théâtraux. Elle co-écrit d'abord la pièce Colour Blind, qui restitue plusieurs regards croisés sur le poète Rabindranath Tagore. Elle y tient d'ailleurs un double-rôle qui fait sensation. On la retrouve également dans la pièce de Rajat Kapoor (avec lequel elle collabore beaucoup au théâtre) Hamlet – The Clown Prince, relecture décalée de l'œuvre de Shakespeare. Elle s'illustre la même année dans la comédie Trivial Disasters, dans laquelle elle partage la scène avec Purab Kohli, Cyrus Sahukar et Richa Chadda. ►


D E E P I K A PA D U K O N E ( N A I N A ) E T K A L K I K O E C H L I N ( A D I T I ) D A N S Y E H J AWA A N I H A I D E E WA N I (2013)

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KALKI DANS LE RÔLE DE L A I L A ( M A R G A R I TA , W I T H A S T R AW, 2 015)

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Si le métrage est présenté au Festival du Film de Toronto en 2014, c'est en 2015 que sort sur les écrans indiens le rôle le plus fort de l'actrice : Margarita, with a Straw. Kalki Koechlin y incarne Laila, une jeune femme atteinte de paralysie cérébrale qui quitte le cocon familial pour étudier à New-York. L'œuvre nous embarque dans la découverte de la sexualité de Laila, mais aussi dans son rapport à son corps, ses émotions et son être profond. On en vient presque à oublier que Laila est handicapée tant le film se focalise sur son questionnement identitaire plus que sur sa maladie. Kalki y est exceptionnelle et fait preuve d'une incroyable abnégation en restant clouée à cette chaise roulante, qui ne la limite pourtant nullement en termes d'expressivité et de générosité.

Les critiques sont unanimes : la performance de Kalki fait partie des plus marquantes de l'an. Pourtant, les Filmfare Awards la boudent injustement et ne lui accordent même pas une nomination. Qu'à cela ne tienne, elle remporte le Screen Award de la Meilleure Actrice selon la critique, parmi d'autres distinctions. Surtout, elle est gratifiée d'une mention spéciale aux National Awards pour cette œuvre dirigée par Shonali Bose. Toujours en 2015, elle dirige sa première pièce, Living Room, une comédie sur la vie et la mort. Elle choisit Neil Bhoopalam (qui s'est illustré dans des films comme No One Killed Jessica et NH10) et Sheeba Chaddha (célèbre pour ses rôles dans les séries Hitler Didi et Kumkum Bhagya) pour camper les personnages principaux. C'est aussi à ce moment-là que son divorce avec Anurag est prononcé. Elle jure que désormais, elle ne parlera plus de sa vie sentimentale dans les médias, souhaitant qu'on ne parle d'elle que pour son

travail. La jeune femme admet désormais envisager les relations humaines avec plus de maturité et de confiance en elle. « Je ne vais pas

aimer quelqu'un juste parce qu'il m'aime, ce qui était le cas avant. » Cette année, elle est l'héroïne de Waiting, dans lequel elle retrouve la pointure Naseeruddin Shah. Ce film poignant sur la vie de deux personnages dont les conjoints respectifs sont dans le coma est captivant par l'authenticité de ses protagonistes et son souci de réalisme dans son propos. Sa complicité avec Naseeruddin est bouleversante et Kalki s'assure une nouvelle fois les avis dithyrambiques de la presse locale. Elle retrouve ensuite Rajat Kapoor dans sa nouvelle adaptation shakespearienne pour la pièce What is done, is done. Il s'agit d'une version 'humour noir' du célèbre Macbeth. L'actrice présente aussi une émission de voyage et de découverte, Kalki's Great Escape, en duo avec son père Joël et diffusée sur la chaîne Fox Life. La première réalisation de Konkona Sen Sharma dans laquelle Kalki tient le rôle pivot, A Death With Gunj, a été projetée lors de plusieurs festivals cette année, et sortira en Inde en 2017. Elle est aussi attendue dans des films comme Love Affair (avec Gulshan Devaiah et Ali Fazal) et CandyFlip (avec Prakash Raj et Gulshan Devaiah). Elle participera également au documentaire de la pakistanaise Sabiha Sumar, intitulé Azmaish - Trials of Life, et qui porte sur la situation conflictuelle entre l'Inde et le Pakistan.

Kalki fait surtout partie de ces actrices engagées, à la manière de Shabana Azmi, qui défendent de nombreuses causes et qui exploitent leur notoriété dans ce sens. C'est ainsi qu'en 2013, elle participe à la vidéo satirique It's Your Fault, qui dénonce le viol des femmes en Inde. Dans ce sketch, elle explique en quoi et pourquoi les femmes sont manifestement responsables des agressions dont elles sont victimes. ►

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« Les tenues sont trop provocantes. Les filles se baladent sans escorte masculine. » A travers cette vidéo, elle dénonce la banalisation des violences faites aux femmes et porte un message fort en leur faveur. Deux ans plus tard, elle joue dans un épisode de la web-série Man's World, qui parle des différences entre les sexes dans la société, notamment dans le monde du travail. En 2016, elle prend part au documentaire Freedom Matters, qui traite du trafic d'êtres humains. Pourtant, loin d'elle l'idée de se présenter comme une ambassadrice de la philanthropie. « Tout le monde

doit contribuer. Puis cela génère un effet domino. Mais j'ai toujours maintenu le fait que je suis aussi humaine et que je fais des erreurs. Ne me prenez pas trop au sérieux. » Elle s'est récemment autorisée à parler de l'un de ces traumatismes qui bouleversent un destin et changent une personne. « J'ai été violée à l'âge

de 9 ans, sans vraiment comprendre ce que cela voulait dire et ma plus grande peur était que ma mère l'apprenne. J'avais le sentiment que c'était de ma faute et je l'ai donc caché pendant toutes ces années. Si je m'étais sentie mise en confiance ou rassurée pour en parler à mes parents, cela m'aurait permis d'éviter de passer plusieurs années à complexer et à me sentir mal par rapport à ma propre sexualité. C'est important que les parents lèvent le tabou autour des mots 'sexe' ou 'parties intimes' pour que les enfants puissent parler librement et se protéger d'un potentiel abus. » La lutte contre les abus faits aux femmes comme aux mineurs deviendra son combat.

A désormais 34 ans, Kalki Koechlin est l'une des figures les plus percutantes du cinéma indien contemporain. Lorsqu'un magazine la cite comme celle qui a "brisé les stéréotypes des héroïnes au cinéma hindi avec son physique atypique", l'actrice réagit avec aplomb et beaucoup d'intelligence : « Est-ce

que vous essayez de dire que je suis moche ? Les gens sont beaux et attirants de tas de façons différentes. » Son look fascine autant qu'il interpelle. Mais c'est depuis devenu indéniable : 052

Kalki est belle. Elle est d'une beauté rare et sincère, loin des canons de beauté qui se contentent de respecter les codes. La jeune femme a même réussi à taper dans l'œil d'un certain Christian Louboutin, qui n'a jamais oublié leur rencontre. « Elle portait un sari

noir aux reflets d'or et d'argent et un diadème brodé. J'ai vu en elle à la fois une indienne à la peau très claire et une altesse royale du XIXe siècle. Eugénie en sari ! » Parmi ses modèles

elle cite sa mère, Meryl Streep, Daniel Day Lewis et Sœur Nivedita. Elle rêve de travailler avec Michel Gondry et se présente comme une fan de Lars Von Trier et Michael Haneke. Si elle devait changer de bord, elle se verrait bien avec Charlotte Gainsbourg ! L'actrice est aussi éclectique que ses choix de carrière, ne souhaitant pas créer de barrière entre les films populaires de Dharma et les œuvres expérimentales à tout petit budget. Et c'est ce qui plaît en elle : il est facile de s'identifier à elle, de voir une part de soi dans sa personnalité, mais aussi dans les rôles qu'elle choisit de porter. Kalki est originale, dynamique et évanescente. Elle est toujours en mouvement, en quête perpétuelle du projet, de l'aventure qui la stimulera et la surprendra. Surtout, elle semble être l'incarnation de la 'jeune fille en colère', pendant féminin d'Amitabh Bachchan plus jeune et électrique. Pourtant, il semble qu'elle ait plutôt tiré cet aspect de son caractère du côté de son père. « Cette révolte totale en elle, elle a dû l'hériter de moi, » affirme ce dernier. Kalki Koechlin est surtout le visage d'une Inde qui bouge, qui tend vers une certaine remise en question de son système, particulièrement notable à travers la tournure que prend son industrie cinématographique. Si des films comme Queen, Piku ou encore NH10 ont pu voir le jour, c'est parce qu'il y a eu Kalki pour oser des projets comme Dev D, Shaitan et Shanghai. Dans la continuité de ce qu'ont pu faire avant elle Shabana Azmi, Nandita Das et Seema Biswas, Kalki Koechlin a su faire de son travail un vecteur d'apprentissages et de leçons. Et elle promet de nous éblouir encore et encore...▲


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k kalki koechlin

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FILMS MARQUANTS M O T S PA R E L O D I E

Kalki Koechlin a une carrière atypique, pleine de surprise et d'essai. Il y a des films marquants, des films qui bousculent et qui nous donnent un véritable aperçu sur son jeu incroyable et de son puissant talent. Débutant en 2009, elle est aujourd'hui l'un des visages les plus appréciés du cinéma indien à travers le monde. Mais Kalki et ses films ne sont pas toujours les plus populaires, les plus vus, les plus partagés.

Pour vous aider à véritablement plonger dans la filmographie de la comédienne, voici une sélection de ces 5 métrages que vous devez voir au moins une fois dans votre vie...

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Le premier film.

De v. D (2 0 0 9 ) Dev (Abhay Deol) est en pleine dépression lorsque son chemin croise celui de Chanda (Kalki Koechlin). En effet, le grand amour de sa vie, Paro (Mahie Gill), vient d'en épouser un autre, tout ça parce qu'il a été assez stupide pour croire aux rumeurs qui donnaient à la jeune femme une très mauvaise réputation...

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Cette relecture de Devdas dans une modernité complexe, entre le Punjab et Delhi, offre à Kalki un premier rôle de choix. En tant que Leni, une jeune étudiante qui doit faire face à un scandale tenant dans un MMS, l'actrice est resplendissante. Déshonorée par sa famille, Leni décide de mener une vie bien différente : prostituée la nuit, étudiante le jour. Sous le surnom de « Chanda », elle trouve une certaine indépendance et même un certain équilibre dans sa nouvelle identité. Pour ce rôle, Kalki remporte le Filmfare Award de la Meilleure Actrice Secondaire.

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Meilleure actrice, meilleure méchante.

S h aitan ( 2011)

Après la tentative de suicide de sa mère, Amy (Kalki Koechlin) quitte Los Angeles pour Mumbai, où elle rencontre KC (Gulshan Devaiah) et son gang. Un soir, après une course de voiture remportée, ils renversent un couple sur un scooter, morts sur le coup. L'inspecteur Malwankar (Rajkummar Rao) en profite pour faire du chantage au gang afin qu'il 'abandonne' l'affaire en échange d'argent et leur propose de prétendre à un kidnapping pour trouver l'argent le plus vite possible... C'est Amy qui jouera la victime du rapt simulé... Il aura fallu deux ans avant d'obtenir les fonds nécessaires pour concrétiser ce thriller haletant. Les critiques positives encensent l'histoire parfaitement écrite et mise en scène, et le jeu impeccable des acteurs, dont celui de Kalki, tout à fait captivant. Kalki sera doublement nommée aux Screen Awards dans les catégories de la Meilleure Actrice et de la Meilleure Prestation dans un rôle négatif.

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Premier essai à l'écriture.

Tha t Gi r l i n Ye l l o w B o o t s (2 0 11 ) Ruth (Kalki Koechlin) quitte l'Angleterre pour Mumbai afin de retrouver son père. Elle peine à se faire une place dans la ville, se perdant parfois dans un environnement qui lui parait aussi étrange que familier. Sa relation avec Prashant (Prashant Prakash), un drogué, n'arrange rien... Utilisant son expérience personnelle pour aider à l'écriture de ce film, Kalki a fait preuve d'une justesse nouvelle et d'une curiosité forte. Elle prouve qu'elle est capable de donner une réalité profonde à ses films, mettant en avant sa différence et son évolution en Inde. Avec des thèmes difficiles, le métrage fait énormément parler de lui lors des festivals du monde entier. That Girl in Yellow Boots est surtout un film qui prouve que Kalki est capable de porter un métrage seule et de convaincre quel que soit son rôle.

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3 Le film qui a fait l'unanimité.

Ye h Jawaan i Hai Deewan i ( 2013) Quand Naina Talwar (Deepika Padukone) croise Aditi Mehra (Kalki Koechlin), elle se rend compte qu'elle ne profite pas assez de sa vie. Sur un coup de tête, elle décide de retrouver son ancienne camarade de classe en embarquant pour un voyage à Manali, où elle retrouve Bunny (Ranbir Kapoor) et Avi (Aditya Roy Kapur)... Dans un rôle plus léger, Kalki est passionnante. Dans la peau d'Aditi, une jeune fille pleine de ressources, joyeuse et fière, elle est l'amie que nous rêvons tous d'avoir. Aditi lui permet d'explorer un autre genre de personnages, mais aussi de plaire à un public plus large. Avec Yeh Jawaani Hai Deewani, elle fait aussi preuve d'humour, de laisser-aller, et montre l'importance de ces rôles secondaires qui ne sont pas là uniquement pour servir de faire-valoir aux héros, mais bien pour porter l'histoire tout autant que les vedettes principales. Brillante, elle sera de nouveau pressentie pour divers prix du Meilleur Second Rôle Féminin.

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La preuve ultime de son talent.

Margarita, with a S traw ( 2015) Laila (Kalki Koechlin) est une étudiante de Delhi qui écrit et compose pour un groupe musical. Lorsqu'elle est rejetée par le chanteur du groupe, elle a le cœur brisé et décide de passer à autre chose en se rendant à New York pour un semestre avec sa mère, inquiète pour sa fille paraplégique et par les complications que ce voyage pourrait causer. A New York, Laila rencontre Khanum (Sayani Gupta), une jeune fille aveugle qui fera battre son cœur différemment... Avec ce film, il n'y a plus de doute sur ce que peut accomplir Kalki au cinéma. Margarita, with a straw ne parle pas seulement d'une fille en fauteuil roulant qui découvre la vie. Laila est aussi (et avant tout !) une femme. Elle est curieuse et intelligente. Elle aime, comme elle peut détester. Elle a des besoins, des désirs. Dans un rôle unique, Kalki marquera les esprits en tant que jeune fille en quête d'identité et d'indépendance.

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k kalki koechlin

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CHANSONS, UNE ACTRICE

M O T S PA R A S M A E

Sélectionner 4 chansons de la carrière de Kalki Koechlin qui soient susceptibles de représenter au mieux son parcours n'était pas aisé. En effet, si elle n'est active à Bollywood que depuis 2009, chacun de ses projets recouvre une identité forte, avec des morceaux possédant une véritable empreinte.

Ainsi, Bolly&Co' vous propose de revenir sur 4 titres qui, selon nous, représente au mieux la carrière de la brillante comédienne...

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3

« Paayaliya » Dev D (2009) Interprété par Shruti Pathak et composé par Amit Trivedi, ce titre illustre la transformation de la jeune étudiante Leni en la prostituée sophistiquée Chanda. Morceau alternatif qui contraste avec le timbre enlevé de sa chanteuse, « Paayaliya » met parfaitement en lumière l'équilibre instable qui se joue entre l'étudiante investie qu'est Leni et la fille de joie tentatrice qu'est Chanda.

2

« Duaa » Shanghai (2012) Interprété par Nandini Iyer, Shekhar Ravjiani et Arijit Singh et composé par le duo Vishal-Shekhar, « Duaa » met en image la lutte de l'activiste Shalini, campée par Kalki, pour trouver le responsable de l'accident commandité contre le Dr Ahmadi, et ce avec l'aide de Jogi alias Emraan Hashmi. Ce morceau poignant marque par la voix singulière de sa chanteuse, qui va formidablement avec le jeu sensible de l'actrice.

« Yaaram » Ek Thi Daayan (2013) Interprété par Sunidhi Chauhan et Clinton Cerejo et composé par Vishal Bhardwaj, ce son mystérieux illustre Lisa Dutt, une des personnalités obscures de ce thriller surnaturel empreint de magie et au casting de rêve : Emraan Hashmi, Huma Qureshi et Konkona Sen Sharma y donnent effectivement la réplique à Kalki. La voix de Sunidhi Chauhan est ici mise en valeur dans sa nature très 'jazzy', loin des item number clinquants dont elle est coutumière.

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« Badtameez Dil » Yeh Jawaani Hai Deewani (2013) Interprétée par Benny Dayal et Shefali Alvares et composée par Pritam, cette chanson festive met en scène les retrouvailles entre Bunny (Ranbir Kapoor) et sa meilleure amie Aditi (Kalki Koechlin), lors des fiançailles de cette dernière. Aditi se lâche lors de cette séquence musicale énergique, avant d'abandonner son carcan de fille déjantée pour enfiler celui d'épouse. Le timbre frais de Shefali Alvares va de pair avec la prestation délirante de la comédienne, qui partage aussi cette scène avec Deepika Padukone.


A R J U N K A P O O R // I N S TA G R A M

movie

talkies


Le duo Amrita Singh-Arjun Kapoor de retour sur grand écran. Le réalisateur Anees Bazmee prépare son prochain film, intitulé Mubarakan avec un casting intéressant : l'oncle Anil Kapoor et son neveu Arjun Kapoor se donneront ainsi la réplique pour la première fois. Le tournage a démarré en octobre dernier à Mumbai. Ce n'est pas tout. L'actrice Amrita Singh, qui a joué la mère d'Arjun Kapoor deux fois par le passé (dans Aurangzeb et 2 States), a rejoint le casting pour interpréter une nouvelle fois ce rôle. Selon les sources, elle campera une femme punjabi au caractère fort. Il semblerait que le rôle ait suffisamment plu à Amrita pour l'amener à le signer instantanément.

Akshay Kumar ne fera pas partie du film Five. L'année 2017 s'annonce bien remplie pour Akshay Kumar qui, comme à son habitude, figurera dans plusieurs films comme Jolly LLB 2, Toilet - Ek Prem Katha et Crack. L'acteur devait faire partie du nouveau projet du réalisateur Omung Kumar. Mais cela ne sera plus le cas. A cause de son calendrier bien chargé, Akshay a récemment annoncé qu'il ne pourra pas faire partie du projet Five. Il s'agit du premier film de son réalisateur centré sur le personnage masculin, auquel on doit les métrages Mary Kom avec Priyanka Chopra et Sarbjit avec Aishwarya Rai Bachchan. La chasse à l'acteur principal de Five continue donc, et seul le temps nous dira qui sera finalement choisi par le cinéaste pour remplacer Akki.

Lisa Haydon, poursuivie en justice par l'un de ses producteurs. Nous étions les premiers à partager avec vous une première image de tournage du film Atithii Iin London, suite du succès Atithi Tum Kab Jaoge ? et à vous en dire plus sur une partie de

son casting. Cependant, l'actrice principale changera, parce que Lisa Haydon a décidé de quitter le projet à la dernière minute. Annonçant récemment ses fiançailles, l'actrice a décidé de mettre en pause ses projets cinématographiques pour se focaliser sur son mariage, chose qui n'a pas plu à Abhishek Pathak, producteur du projet Atithii Iin London, qui s'est donc résolu à la poursuivre en justice. Même si le tournage du film a débuté avec Kartik Aaryan, l'actrice principale qui remplacera Lisa n'a toujours pas été officialisée.

Ittefaq Unplugged, une nouvelle version d'un film culte. Inspiré lui-même du film anglais Signpost to Murder (1965), le métrage produit par B R Chopra et réalisé par Yash Chopra Ittefaq (1969) est l'un des thrillers indiens les plus appréciés de son époque. Une nouvelle version entièrement modernisée est en train de se préparer, avec à la tête de son casting Sidharth Malhotra et Sonakshi Sinha. Ittefaq avait offert à son public une performance inoubliable de Rajesh Khanna, dans le rôle d'un fugitif psychologiquement instable, qui trouve refuge chez une jeune femme. A la fin de l'oeuvre, tout le monde découvre qu'il est tombé au mauvais endroit, étant donné l'identité en réalité criminelle de son hôtesse. Selon les sources, la fin d'Ittefaq Unplugged sera totalement différente pour maintenir le suspens. De plus, si le premier film était le quatrième de l'histoire du cinéma hindi à n'avoir aucune chanson, la nouvelle version en contiendra plusieurs.

Aamir Khan donnera la réplique à Amitabh Bachchan dans Thugs Of Hindostan. C'est officiel ! Pour leur prochain projet ambitieux, Aditya Chopra et sa bannière Yash Raj Films ont décidé de remplacer l'acteur Hrithik Roshan par Aamir Khan dans le film Thugs Of Hindostan. Réalisé par Victor Acharya (aussi connu sous le nom de ► 061


Vijay Krishna Acharya), qui a déjà travaillé sur la franchise Dhoom pour le célèbre studio, le film compte à son casting Amitabh Bachchan dans un des deux rôles principaux. La raison derrière ce remplacement soudain reste toutefois inconnue, car Hrithik Roshan était concerné par ce film depuis quelques années maintenant. Selon les sources, l'acteur avait même contribué à l'avancée du script.

Munnabhai 3, c'est reparti ? Depuis sa sortie de prison, Sanjay Dutt n'a toujours pas signé de nouveau film, préférant se focaliser sur sa vie de famille pendant un moment. Pourtant, ce ne sont pas les offres qui manquent. Malgré son passé, l'acteur garde tout de même une certaine influence dans l'industrie, ce que confirme le producteur Vidhu Vinod Chopra tout en affirmant le fait que le script du troisième film de la franchise Munnabhai est en cours d'élaboration. Si tout se passe comme prévu, le tournage de Munnabhai 3 débutera en 2017, dans lequel Sanjay Dutt et Arshad Warsi reprendront leurs rôles de Munna et Circuit respectivement. Réalisée par Rajkumar Hirani, cette franchise est l'une des plus populaires en Inde, avec jusqu'à présent deux films à son compte : Munna Bhai M.B.B.S sorti en 2003, et Lage Raho Munna Bhai sorti en 2006.

Harshvardhan Kapoor dans le prochain film de Sriram Raghavan. Le fils d'Anil Kapoor vient de signer son troisième métrage : il s'agit du prochain film de Sriram Raghavan, réalisateur de Badlapur. Appréciant sa première collaboration avec Varun Dhawan, le réalisateur avait décidé de lui offrir le rôle principal dans ce film également. Pourtant, Varun le refusera, au profit d'Harshvardhan Kapoor qui a finalement obtenu le rôle. Sriram décrit son prochain film comme étant une oeuvre d'humour noir accompagnée d'une touche de thriller. Il ajoute également que le rôle principal masculin est celui d'un musicien qui prétend être aveugle. La raison derrière le refus de Varun 062

Dhawan reste à déterminer, mais la rumeur dit que l'acteur préfère se focaliser sur le cinéma commercial et qu'il n'a pas été convaincu par la capacité du film de Sriram à générer de bons revenus au box-office. Actuellement, Harshvardhan est en plein tournage pour son second film Bhavesh Joshi, tandis que Varun bouclera bientôt ses scènes pour Badrinath Ki Dulhania avant de commencer le tournage de Judwaa 2.

Golmaal Again pour Diwali 2017. Un nouveau film de la franchise comique Golmaal se prépare. Réalisé une nouvelle fois par Rohit Shetty et avec Ajay Devgn dans le rôle principal, le métrage intitulé Golmaal Again devrait sortir pour la fête de Diwali prochain, date préférée d'Ajay qui a sorti cette année son film Shivaay lors de cette célébration. Le casting reste tout de même à finaliser. A part les acteurs masculins qui reprennent leurs rôles respectifs, à savoir Ajay Devgn, Arshad Warsi, Shreyas Talpade et Tusshar Kapoor, reste à savoir quelles seront les actrices à les accompagner. A en croire les rumeurs, Kareena Kapoor Khan et Shraddha Kapoor pourraient être de la partie.

Milan Luthria revient avec Baadshaho. Le réalisateur Milan Luthria reviendra en mai 2017 avec son prochain film, Baadshaho, comptant à sa distribution Ajay Devgn et Emraan Hashmi dans les rôles principaux. Inspiré d'une histoire vraie, le métrage sera contextualisé durant l'état d'urgence des années 1970 en Inde, qui a duré 21 mois. Le casting comporte également Vidyut Jammwal, Esha Gupta et Ileana D'Cruz. Au début, le film devait également sortir le 26 janvier 2017, mais à la demande de Ritesh Sidhwani et Rakesh Roshan, dont les productions Raees et Kaabil devaient aussi sortir la même date, Milan a décidé de repousser la sortie de Baadshaho jusqu'au 12 mai 2017. ►


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Aamir Khan boucle le tournage de Secret Superstar Alors qu'il prépare doucement la sortie de Dangal, l'acteur Aamir Khan a aussi terminé le tournage de ses séquences pour le métrage de son ancien manager et ami Advait Chandan. Intitulé Secret Superstar, le film devrait sortir durant la seconde partie de l'année 2017 et Aamir Khan y campera le mentor du héros qui souhaite devenir chanteur.

Le tournage de Dragon commence en Mai 2017 Après un long hiatus, Ayan Mukerji reprend finalement le travail sur son prochain film Dragon, avec Ranbir Kapoor et Alia Bhatt. Ce métrage est la première partie d'une trilogie ambitieuse que le réalisateur souhaite élaborer. Pour jouer le rôle du super-héros, Ranbir Kapoor a déjà commencé le travail à Londres il y a quelques mois, et il compte également affiner sa technique pour améliorer ses futures scènes d'action. Les détails sur le rôle féminin tenu par Alia Bhatt ne sont pour l'heure pas connus. Si certaines sources disent qu'elle interprétera également le rôle d'une super-héroïne, d'autres affirment qu'il n'en sera rien. Dragon fait partie d'un contrat d'une dizaine de films qui lie la maison de production de Karan Johar, Dharma Productions, et Fox Star Studios. ▲ 054

AAMIR KHAN SUR LE TOURNAGE D E S E C R E T S U P E R S TA R


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LES FILMS

D'HORREUR À B O L LY W O O D M O T S PA R FAT I M A Z A H R A .

Le film d'horreur est un genre cinématographique inspiré d'un style littéraire macabre, connu depuis plus d'une centaine d'années. La base de ce genre est de provoquer un sentiment de peur et de terreur chez le spectateur, en utilisant pour y arriver des éléments de surnaturel (fantômes, esprits, démons...) ou de macabre (mort, sang, torture...). Dans l'industrie cinématographique indienne, ce genre est souvent mélangé à d'autres styles, les plus communs d'entre eux étant le thriller et/ou le cinéma pseudo-érotique. Les films d'épouvante ont toujours fait partie des films bollywoodiens et ce depuis la création de cette industrie. Cependant, reprenant souvent les éléments des films d'horreur internationaux, les thèmes abordés dans ces films sont souvent

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les mêmes : un tueur en série qui vise un groupe précis de personnes, une maison hantée par son ancien propriétaire, une présence démoniaque qui tourmente les héros principaux pour une raison X ou Y... Bien que la qualité de ces films soit loin d'être bonne dans la plupart des cas, ce genre a bien évolué au fil des années, principalement depuis le début des années 2000, chose qui a apporté beaucoup d'argent à l'industrie avec des hits tels que Raaz, Bhoot, 1920, Ragini MMS et bien d'autres. Ce succès inattendu a ouvert les portes de Bollywood à plusieurs producteurs afin de créer des franchises durables, les unes plus intéressantes que les autres.

Bolly&Co fait pour vous le point sur les films d'horreur avant de vous présenter les meilleurs du genre, souvent méconnus.


C O M M E N Ç O N S AV E C U N P E U D ' H I S T O I R E .

Selon les sources, le tout premier vrai film d'horreur à avoir vu le jour à Bollywood est sorti en 1949 avec comme titre Mahal. C'était un gros succès à l'époque, et il comptait à son casting deux acteurs de calibre : Ashok Kumar et Madhubala. Son thème principal portait sur la réincarnation, un sujet qui deviendra récurrent par la suite. Au-delà du fait qu'il s'agissait du tout premier film sur la réincarnation à Bollywood, il est également connu pour avoir propulsé Madhubala et avoir fait découvrir la légende Lata Mangeshkar au grand public. Cette époque constituait probablement l'âge d'or des films d'horreur pour une simple et bonne raison : toutes les histoires étaient nouvelles et différentes les unes par rapport aux autres. Le genre était peu exploité en Inde avant les années 40 et c'était un véritable atout pour les scénaristes qui pouvaient jongler entre les différents types et thèmes sans se soucier de leur originalité. D'autres films notables du genre sont : Bees Saal Baad (1962), Bhoot Bungla (1965), Gumnaam (1965)... A partir de 1970, le genre a évolué une nouvelle fois. C'est avec le multistarrer Nagin en 1976 que le premier film d'horreur/fantastique voit le jour. Inspiré de la nouvelle « The Bride Wore Black » de Cornell Woolrich, ce film comportant un casting phénoménal pour son époque (entre autres Feroz Khan, Jeetendra, Mumtaz, Rekha...) a ouvert la voie à d'autres films dans les années 70 et 80, notamment Gehrayee (1980), la version indienne de l'incontournable Exorciste, Red Rose (1980) avec un Rajesh Khanna dans le rôle d'un tueur psychopathe, et bien d'autres... L'essor des films d'horreur pendant les années 80 a permis à plusieurs producteurs et réalisateurs d'en profiter, et à un acteur bien précis de se propulser dans l'industrie. Javed Khan, cet acteur et ancien mannequin était aux films d'épouvantes de l'époque ce qu'est Emraan Hashmi aujourd'hui à la franchise Raaz : indispensable. Khooni Mahal (1987), Kabrastan (1988), Khooni Murdaa (1989), Kafan (1990) font partie des œuvres auxquelles il a pris part.

Arrivent alors les années 1990. Durant cette décennie, le genre s'est littéralement essoufflé, et chaque film d'horreur qui sortait arrivait au même sort : un bide au box-office. Le seul film qui y faisait exception était Raat (1992). Imaginé par Ram Gopal Varma et produit par Boney Kapoor, Raat fut un succès dans toutes ses versions (la version en hindi ainsi que la version doublée en télougou) aussi bien auprès des critiques que du public indien. Ce n'est que dix ans plus tard que la malédiction des films d'horreur en Inde cessa avec le premier film de la franchise Raaz sorti en 2002. Avec Bipasha Basu et Dino Morea, qui n'étaient que des débutants à l'époque, il s'agissait du remake non-officiel du film Apparences de l'an 2000 avec Harrison Ford et Michelle Pfeiffer. Durant les années 2000, les films d'horreur ont regagné en popularité auprès de l'audience, cependant l'intérêt des critiques pour ces métrages ne se manifestait que très rarement. De plus et pendant longtemps, seule une maison de production parvint à exploiter le genre : celle de la fratrie Bhatt. Avec 1920 (2008), Haunted 3D (2011), Horror Story (2013) ainsi que la franchise Raaz et, selon certains cas, la franchise Murder (le premier film entrant surtout dans le genre du thriller, tandis que le second touche au gore et au macabre qui font partie intégrante du genre de l'horreur). Occasionnellement, Ram Gopal Varma a goûté au succès une nouvelle fois dans cet univers avec Bhoot (2003) et Phoonk (2008). Aujourd'hui, à part les Bhatt, très rares sont ceux qui osent s'aventurer dans les films d'horreur en Inde. Sachant que la majorité des succès actuels s'inspirent d'une façon ou d'une autre de plus gros films venant de l'autre côté du globe, il est difficile pour ce genre cinématographique de continuer son évolution, tant les thèmes sont répétitifs. La triste vérité est que ce genre devient avec le temps strictement commercial, avec l'ajout de chansons cultes et de scènes à connotation sexuelle. C'est devenu une source d'argent plus qu'autre chose pour ses producteurs, ce qui ne laisse pas forcément de place au scénario et aux histoires.

D É C O U V R E Z AV E C B O L LY & C O U N E L I S T E - N O N E X H A U S T I V E - D E BONS FILMS D'HORREUR ET ASSIMILÉS DE CES DERNIÈRES ANNÉES, Q U E V O U S D E V E Z A B S O L U M E N T V O I R AVA N T D E M O U R I R . ► 067


LES FILMS D'HORREUR 2004

RAKHT surnaturel Rakht est un film d'horreur surnaturel sorti en 2004, et constitue le remake non officiel du film Intuitions. Son casting comporte Bipasha Basu, Sanjay Dutt, Dino Morea, Sunil Shetty, Amrita Arora, Neha Dhupia et Abhishek Bachchan dans une apparition spéciale. Si Bipasha Basu est considérée depuis ces 5 dernières années comme étant la 'Scream Queen' de Bollywood, du fait de sa participation intensive à des films du genre, il est à noter que Rakht fait partie des tous premiers films qui lui ont permis de s'illustrer dans cet univers, avec le premier Raaz sorti deux ans plus tôt.

Points faibles Comme tous les films de ce genre, le rythme peut par moment porter préjudice à l'histoire. Parfois lent, parfois trop soutenu, la cadence générale de Rakht est instable. La conclusion laisse à désirer. Même si les écrivains ont fait un bon boulot en donnant à tous leurs personnages assez de substance afin de pouvoir évoluer, ils sont tout de même passés à côté de leur fin, qui manque d'engagement et de sens. La manière dont le dénouement a été tourné est clairement une déception.

Poin ts f orts Après une série de films dans lesquels Bipasha ne servait à rien d'autre qu'à montrer sa plastique, Rakht était sans doute le premier film où elle a fait montre d'un véritable potentiel d'actrice avec une performance simple et convaincante. Les performances étaient qualitatives en général, à l'exception de Suniel Shetty, qui avait probablement le personnage le moins élaboré du lot.

Globalement, Rakht est un film qui a du bon et du mauvais. Il est néanmoins assez bien construit pour garder l'attention du spectateur. 068


LES FILMS D'HORREUR 2005

KAAL natural horror Ce film est la première co-production entre Karan Johar et Shahrukh Khan ainsi que le premier film de son réalisateur Soham Shah (qui n'a réalisé que Luck en 2009, avant de disparaître du paysage cinématographique indien). Ce qui caractérise ce film est avant tout son genre. Le « Natural Horror » est un sous-genre de films d'horreur où l'antagoniste est incarné par un élément de la nature : des animaux qui attaquent des humains à la 'Shark Attack' pour citer un exemple. L'histoire du film tourne autour de Krish Thapar (John Abraham), sa femme (Esha Deol) et une bande d'amis composée de Lara Dutta, Vivek Oberoi et Vishal Malhotra, qui se retrouvent tous coincés au beau milieu d'un parc national, au sein duquel ils se battent pour survivre.

Points faibles

Poin ts f orts

Le plus gros défaut du film reste les performances de ses acteurs principaux. Bien que certains d'entre eux arrivent à laisser une bonne impression, la plupart d'entre eux, à noter surtout Esha Deol et Lara Dutta, ne font pas grand chose à part courir et crier.

Ajay Devgn. Bien que son personnage ne soit introduit que peu de temps avant l'entracte, il arrive très facilement à attirer toute l'attention sur lui. Son jeu d'acteur est impeccable, et il en dit plus avec ses regards et sa gestuelle qu'il ne le ferait verbalement.

Pour rejoindre le point précédent, les personnages féminins du film ne servent strictement à rien à part à porter des minijupes et un make-up trop exagéré étant donné les circonstances dans lesquelles elles se retrouvent.

L'histoire est intéressante, et vu ce que les films d'horreurs nous offrent habituellement, Kaal arrive à se démarquer du lot en nous offrant même un message significatif : il faut préserver la nature.

Kaal a peut-être sa part de clichés, mais c'est un film frais et intéressant. 069


LES FILMS D'HORREUR 2008

1920 possession L'histoire du film se déroule en 1920, année durant laquelle Arjun Singh Rathod (Rajneesh Duggal) tombe amoureux de Lisa (Adah Sharma), une catholique et décide d'abandonner sa famille pour vivre avec elle loin de tous. Réalisé par Vikram Bhatt qui depuis le début des années 2000 s'est imposé comme le spécialiste des films d'horreur à Bollywood, 1920 est le premier opus d'une franchise de films portant sur un thème précis : le vintage. Au-delà de l'histoire en elle-même, c'est surtout le choix de l'époque qui fait toute la différence.

Points faibles Même si Rajneesh et Adah ont fait tout leur possible pour tenir leurs rôles respectifs, nous devons tout de même admettre qu'avec un casting plus expérimenté, les deux personnages principaux auraient marqué les esprits de façon plus prégnante. Comme tous les films basés sur la possession ou la présence d'un esprit démoniaque dans une maison hantée, la trame globale de l'histoire est assez prévisible.

P oin ts f orts Le choix de l'époque où se déroulent les événements du film est un atout ! Le style victorien des décors ainsi que le fait d'avoir introduit et joué sur l'élément du conflit culturel entre deux individus entièrement différents à une époque où la marge de tolérance culturelle était étroite constitue un véritable intérêt. La musique du film et ses mélodies de fond collent à l'esprit du film et s'insèrent parfaitement à l'histoire.

1920 est un film à voir pour sa simplicité et parce qu'à aucun moment Vikram Bhatt ne cherche à « forcer » l'élément de terreur dans son histoire. Cela étant dit, à choisir entre les trois volets de la franchise, le meilleur reste le second : 1920 Evil Returns. 070


LES FILMS D'HORREUR 2011

HAUNTED 3D maison hantée Lors de sa sortie en salles en Mai 2011, Haunted 3D a battu le record boxoffice des plus grosses recettes d'un film d'horreur pour son premier jour à l'affiche. Ce fut le tout premier film en 3D du pays, ce qui était une expérience notable pour le public à ce momentlà. L'histoire commence avec le jeune Rehan (Mahaakshay Chakraborty) quand son père, un agent immobilier, l'envoie inspecter une maison qu'il compte mettre sur le marché. Arrivé sur les lieux, les habitants de la petite ville essayent de lui expliquer que la maison en question est hantée depuis au moins une soixantaine d'années.

Points faibles L'inconvénient qui se répète dans presque tous les films d'horreur de Vikram Bhatt est le manque d'expérience de ses acteurs principaux. Choisir des petits nouveaux et les faire découvrir au public est une bonne chose, mais pour un genre cinématographique aussi sensible, le choix des acteurs peut faire un film franchement marquant, tout comme il peut le rendre facilement oubliable. Encore une fois, bien que la performance des deux acteurs principaux demeure passable, les deux personnages auraient pu posséder une meilleure présence avec des acteurs expérimentés. Le passage romantique entre les deux personnages principaux, et les séquences musicales sont mal placés dans le film. Bien que Haunted 3D a l'un des meilleurs albums musicaux produits pour un film de Vikram Bhatt (avis entièrement subjectif, mais les chansons sont selon moi excellentes), il est difficile de croire à une histoire d'amour dans un tel contexte.

P oin ts f orts L'histoire est bien ficelée. Au-delà du film d'horreur dans une maison hantée, Haunted 3D marie très bien cela au voyage dans le passé. La vraie histoire commence quand Rehan se retrouve projeté dans les années 1930 pour découvrir ce qui a bien pu s'y dérouler. La réalisation de Vikram Bhatt est efficace. En regardant le film, on le sent plus précis dans ce qu'il fait, sentiment qu'il va perdre dans ses réalisations les plus récentes, comme Raaz 3.

Malgré ses petits défauts, Haunted représente une belle tentative de changement de la part de Vikram Bhatt, une tentative rafraîchissante et relativement réussie. 071


LES FILMS D'HORREUR 2011

RAGINI MMS pseudo-documentaire esprit vengeur Inspiré des techniques de Paranormal Activity, Ragini MMS fut l'un des films les plus étonnants de l'année 2011, parce qu'il était en partie basé sur une histoire vraie. Bien que le côté surnaturel reste à prouver, le film s'inspire de l'histoire de Deepika, une étudiante de Delhi dont un MMS scandaleux avait fait le tour d'internet. Ragini (Kainaz Motivala) décide de partir pour un weekend en tête-à-tête avec son petit-ami Uday (Rajkummar Rao) dans une maison isolée. Sans rien dire à Ragini, Uday décide de filmer secrètement leur nuit dans cette maison, sans s'attendre à ce qui était sur le point de leur arriver.

Points faibles

P oin ts f orts

Le style du pseudo-documentaire peut rendre la tâche de s'accrocher aux événements difficile. Une fois habitué aux premières minutes, le spectateur peut s'adapter à cette façon de filmer sans souci. Mais il faut tout de même s'accrocher vu que la qualité visuelle s'approche beaucoup des home-made video.

Rajkummar Rao, pour commencer. Bien qu'il ne s'agissait que de son second film, sa performance était très bonne. Il interprète à la perfection le rôle d'Uday, ce personnage impulsif et insensible. Sa nature indifférente est parfaitement mise en scène à tel point qu'on apprend vite à aimer le détester.

Le film a un peu de mal à démarrer. La première trentaine de minutes se passe très lentement, ce qui peut décourager à poursuivre le visionnage. Cependant, une fois les actions de l'esprit maléfique lancées, le film promet de bons rebondissements..

La seconde partie du film devient vite intéressante à suivre, et je conseille aux âmes sensibles de s'abstenir.

Contrairement à sa suite qui arrivera trois plus tard sous la forme de Ragini MMS 2, ce premier volet est frais, bien réalisé et très bien joué. Il restera dans les esprits pour très longtemps comme étant l'un des meilleurs films produits par Ekta Kapoor. 072


LES FILMS D'HORREUR 2014

DARR @ THE MALL esprit vengeur Le titre du film peut déjà donner une idée de son contenu : tout se passe dans un centre commercial, dans lequel se déroulent des choses effrayantes. Prévisible jusqu'à un certain degré, la simplicité du film reste son principal point fort. Amity Mall est un endroit réputé pour ses récents décès inexpliqués. Lors de la fête d'inauguration, Vishnu (Jimmy Shergill) est embauché comme agent de sécurité pour s'assurer que la soirée se déroule à la perfection. C'est bien sûr sans compter sur la présence de fantômes qui hantent l'endroit pour une raison encore inconnue.

Points faibles Le film s'inspire lourdement des autres films du genre. Après avoir vu deux ou trois films sur ce thème, vous ne serez que très rarement - voire jamais - surpris par ce qu'un endroit hanté peut cacher. Hélas, c'est bien un point négatif chez la quasi-totalité des films d'horreur, aussi bien en Inde qu'ailleurs. Le choix des acteurs laisse à désirer pour certains. Bien que la plupart des personnages présents ne sont que des seconds couteaux qui attendent tranquillement la mort dans un coin, ce sont souvent ces petits personnages qui façonnent un film.

Poin ts f orts Jimmy Shergill ne déçoit pas. Il se démarque rapidement et facilement du reste de ses camarades, et à l'instant où le film se termine, il est celui qu'on retient. L'histoire derrière les meurtres et les esprits qui hantent ce centre commercial est assez touchante. Bien que prévisible, elle est tout de même bien insérée au fil des événements.

Darr @ The Mall est loin d'être une grosse production avec un énorme budget. Cependant c'est un film simple, qui n'en fait pas trop, et qui reste en tout cas appréciable. 073


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pop corn

LES THRILLERS PSYCHOLOGIQUES A Bollywood, il existe un autre genre de films qui est souvent confondu avec de l'horreur et de l'épouvante, à tel point que même les créateurs de ces films les promeuvent comme tel : il s'agit des thrillers psychologiques. C'est un genre de films particulier qui est associé à d'autres comme le mystère, le gothique ou le gore, et se base sur le comportement psychologique anormal d'un ou plusieurs de ses personnages. Ces films jouent souvent sur les ambiguïtés entre la réalité et le surnaturel pour se créer un monde, presque parallèle, accroché entre les deux.

Au milieu des vagues de films d'horreurs, le cinéma indien offre d'autres choix dans cette catégorie qui sont beaucoup plus réalistes pour la plupart. Personnellement, j'ai tendance à beaucoup plus les apprécier qu'un film d'horreur typique, et je vous invite à découvrir mes préférés.

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LES THRILLERS PSYCHOLOGIQUES

2007

BHOOL B H U L A I YA A Catégorisé comme étant un film d'horreur comique - alors qu'il est loin de l'être Bhool Bhulaiyaa (BB pour les intimes) est une preuve que le cinéma hindi peut très bien réussir ses remakes. Réalisé par Priyadarshan, c'est le remake officiel du film malayalam de 1993 Manichitrathazhu avec Mohanlal et Shobhana. Siddharth (Shiney Ahuja) revient après des années aux EtatsUnis chez lui accompagné de sa femme Avni (Vidya Balan). Il est l'héritier d'une grande dynastie, qui vit dans un palais réputé dans tout le village comme étant hanté par l'esprit de Manjulika, une danseuse qui habitait en ces lieux il y a fort longtemps.

Points faibles Une première partie qui semble longue et interminable. Le film prend beaucoup de temps pour mettre en place les événements nécessaires à son développement, et cette lenteur est essentiellement due à une dizaine de scènes comiques forcées qui auraient pu être enlevées sans avoir aucun impact sur l'histoire. Ameesha Patel n'a jamais fait partie de mes actrices préférées, cependant je m'attendais à mieux de sa part. Elle reste fade dans la majorité des scènes, bien que sa complicité avec Akshay Kumar reste appréciable.

P oin ts f orts Les performances d'Akshay Kumar dans le rôle d'Aditya, le psychiatre intelligent et ironiquement idiot de service, ainsi que celle de Vidya Balan dans le rôle d'Avni, la femme moderne aux deux facettes, portent nettement le film. Leur alchimie est notable, bien qu'ils ne partagent pas l'écran dans des rôles d'amoureux, mais leurs scènes ensemble sont un véritable délice. La musique ajoute une touche légère et fraîche à l'ensemble, et chacune des chansons présentes est bien ajustée au reste.

Bhool Bhulaiyaa est mémorable pour moi, et à mes yeux un remake qui dépasse même l'original, pour la simple raison qu'il reprend la base de l'histoire, sans le masala et l'exagération cinématographique qu'on peut voir dans les autres remakes (Rajnikanth qui fait son entrée en fracassant 30 hommes avec un coup de pied dans la version tamoule Chandramukhi ? Je passe.) 075


LES THRILLERS PSYCHOLOGIQUES

2011

404 ERROR NOT FOUND Dans la 6ème édition de Bolly&Co, j'avais rédigé la critique de ce petit bijou rien que pour vous. Vous pouvez revenir dessus pour plus de détails (Edition 6, Page 91). Mais 404 est un film à ne pas rater pour les amoureux du genre ! L'histoire tourne autour d'Abhimanyu (Rajvvir Aroraa), jeune étudiant en médecine qui vient tout juste de s'installer dans la chambre portant le numéro 404 pour prouver à tous ses camarades que cette pièce n'a rien d'une pièce hantée, et que les fantômes n'existent pas.

Points faibles La musique d'arrière-plan n'a rien de novateur. A l'exception du thème principal (404 Theme) qui illustre certains passages, le reste essaye de forcer un sentiment de peur inutilement. Les dialogues peuvent être très longs par moment et semblent parfois interminables.

P oin ts f orts Le casting en entier est admirable. Pour une fois, le choix d'acteurs débutants (Rajvvir Aroraa et Imad Shah) a payé car ces deux-là interprètent leurs personnages de manière saisissante. Tisca Chopra et Nishikant Kamath sont aussi géniaux. La réalisation et l'histoire du film sont innovantes. Évitant le cliché intelligemment, Prawaal Raaman arrive à forger un film appréciable, intrigant et bien ficelé.

404 fait partie des rares films de ce genre qui ont obtenu l'applaudissement unanime des critiques cinématographiques, ainsi que de son audience en 2011. A ne pas rater.

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LES THRILLERS PSYCHOLOGIQUES

2014

PIZZA 3D Après un début dans le décevant Isi Life Mein (2010), Akshay Oberoi revient quatre ans plus tard avec un film d'horreur - vendu en temps que tel en tout cas - et s'assure cette fois de laisser une bonne impression. Film à petit budget et remake du film tamoul du même nom, Pizza 3D fut l'une des plus agréables surprises de 2014. Kunal (Akshay Oberoi) est un livreur de pizzas comme les autres. Sa vie n'est pas comme il l'espérait mais son petit quotidien bascule le jour où il entre dans une maison hantée pour livrer une pizza.

Points faibles Si vous avez déjà vu le film d'origine, Pizza 3D n'aura probablement rien de nouveau à vous offrir. C'est une copie conforme de la version originale tamoule, ce qui peut pousser tout le monde à se demander pourquoi avoir fait un remake ?C'est bien là où demeure la problématique de la majorité des remakes en Inde.

P oin ts f orts La seconde partie du film et le dénouement final sont notables. Si vous arrivez à tenir jusqu'à la fin du film, vous ne serez pas déçu. Le jeu d'acteur est bon, principalement Akshay Oberoi et son interprétation convaincante du mec normal ainsi que Rajesh Sharma.

L'élément de frayeur est un poil forcé par moment. Beaucoup de scènes avec des portes qui grincent, des gens qui virent en hystérie totale ou qui crient sans s'arrêter auraient pu être évitées.

Si durant les premières minutes de Pizza 3D, vous jugez que c'est un film d'horreur typique, repensez-y ! La raison derrière cette confusion continuelle entre les films d'horreur et les thrillers psychologiques dans le cinéma indien vient souvent du fait que, pour tromper les spectateurs, un événement lié à du surnaturel - dans les trois exemples, il s'agit d'un endroit hanté et de l'existence ou non des fantômes - est utilisé dans l'histoire. Ce n'est au final que la partie visible de l'iceberg. 077


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pop corn

LES FILMS

D'HORREUR À B O L LY W O O D CONCLUSION Pour ce qu'ils valent, les films d'horreurs ne sont peut-être pas ce qu'il y a de mieux à Bollywood, ou les autres industries cinématographiques indiennes d'ailleurs. Parfois ils sont même involontairement drôles alors que ce n'est pas leur but (je dois avouer que j'ai rigolé beaucoup plus devant Raaz 3D que je n'ai rigolé devant les films comiques d'Akshay Kumar de ces six dernières années). Mais dans ce lot de productions répétitives et manquant cruellement d'inspiration, se trouvent quelques films qui méritent d'être découverts au moins une fois, que ce soit pour leur jeu de ses acteurs (Je connais des gens qui ont peur de revoir la séquence musicale "Mere Dholna" de Bhool Bhulaiyaa parce qu'ils ont encore à ce jour des frissons en regardant Vidya Balan), que pour leur petite touche certes simple, mais atypique. ▲

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BEI NG HUM AN CLO THI NG EUR OPE Being Human, la fondation de Salman Khan a été créée en 2007 afin de permettre aux plus démunis l'accès à l'éducation et aux soins en Inde. La fondation ne fait pas d'appel aux dons, ses fonds proviennent principalement des revenus de Salman Khan (films, publicités) et de la marque de vêtements éthique et solidaire qu'il a créée : Being Human Clothing. Chaque vêtement contribue ainsi à améliorer et sauver la vie de centaines d'enfants à travers l'éducation et la santé.

www.beinghumanclothing.eu


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Bajirao Mastani L'HISTOIRE VRAIE M O T S PA R FAT I M A Z A H R A

Avant de commencer à vous raconter l'histoire tumultueuse qui a un inspiré celui connu comme étant l'un des plus grands réalisateurs de films en Inde à travers ce qui s'annonçait comme son projet le plus ambitieux, je dois vous avertir : si vous portez une quelconque affection pour Bajirao Mastani, passez votre chemin ! Car ce que vous êtes sur le point de lire risque de changer la vision que vous avez du dernier né de Sanjay Leela Bhansali. Vous devriez également esquiver cet article si vous n'avez pas encore vu le film car il risque de contenir plusieurs spoilers. ►

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AVA N T D E D É P I S T E R L E M Y T H E A U T O U R D E C E S U C C È S C O M M E R C I A L , C O M M E N Ç O N S D ' A B O R D PA R E N R A P P E L E R L'HISTOIRE. L'HISTOIRE FICTIVE, L A V I S I O N D E S O N C R É AT E U R . . .

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Lors d'une mission militaire, un messager de Bundelkhand s'introduit de force dans la tente du Peshwa Bajirao (Ranveer Singh) pour lui demander de l'aide dans sa lutte contre leur ennemi Moghol. Ce messager obstiné se trouve être Mastani (Deepika Padukone), princesse Rajput, fille du Raja Chhatrasal et de sa concubine musulmane Ruhaani Bai. Les talents de persuasion de Mastani payent et Bajirao accepte de lui offrir son aide. Pour le remercier, le Raja insiste pour que Bajirao passe la fête de Holi avec eux, pour profiter de l'hospitalité de la communauté Rajput. Durant le court séjour du Peshwa, Mastani réalise qu'elle est folle amoureuse de lui, et décide de le suivre jusqu'à sa capitale, Pune, parce qu'elle estime être mariée à Bajirao. En effet, avant le départ de ce dernier, il lui offre sa dague comme remerciement pour lui avoir sauvé la vie, sans se douter que ce geste est synonyme de mariage chez les Rajputs.

même pas pris la peine de partager cette information avec lui. Finalement, il avoue partager les mêmes sentiments pour elle (non, sans blague !) et lui rappelle que vu son statut d'homme marié ainsi que sa religion, son entourage risque de ne jamais accepter Mastani comme l'une des leurs. Malgré cet avertissement, et parce que leur amour (de deux semaines, grand maximum !) est plus puissant que le reste du monde, Mastani accepte d'être sa femme.

A Pune, Bajirao est accueilli par sa femme Kashi (Priyanka Chopra). Peu de temps plus tard, Mastani fait son entrée dans la capitale où elle est traitée sévèrement par Radha Bai, mère de Bajirao. Pour la dissuader des plans de la belle pour conquérir son fils, Radha Bai la loge avec les courtisanes. En dépit du bon sens, Mastani accepte cette offre qui est pourtant une insulte pour son statut royal et danse devant Bajirao à l'occasion d'une fête. Radha décide de pousser la rudesse de son traitement plus loin en offrant à Mastani le poste de danseuse royale, dans le but de l'éloigner plus encore de son fils Bajirao.Quand la princesse est invitée à danser devant le roi, elle se présente avant de refuser de danser, tout en expliquant à sa majesté, ainsi qu'à toutes les personnes présentes, la raison de sa venue ici : l'amour qu'elle partage avec Bajirao et son envie d'être unie à lui. Le Peshwa la suit jusqu'au palais en ruine où Mastani réside depuis quelques jours pour lui demander des explications sur son comportement : la tradition des Rajputs étant inconnue pour lui, Mastani n'avait

Après la sortie de Hum Dil De Chuke Sanam en 1999, Bajirao Mastani devait être son prochain métrage. Cependant, prenant en considération la délicatesse du sujet (Bajirao I est une figure importante de l'histoire indienne), le réalisateur a décidé de prendre son temps pour bien cerner la vision qu'il voulait présenter à son public. Une année après l'autre, le projet semblait s'évaporer, avec un casting qui ne cessait de changer à tout bout de champ (de Shahrukh Khan à Salman Khan, en passant par Ajay Devgn et Hrithik Roshan pour le rôle masculin, de même pour les rôles féminins entre Rani Mukherjee, Kareena Kapoor Khan et Aishwarya Rai Bachchan).

Il est à noter que ce film représente au moins quinze années de travail sur ses détails, et a découlé de recherches intenses de la part de Sanjay et de son équipe.

Ce n'est finalement qu'en 2014 que le film commence enfin à prendre forme quand le réalisateur officialise son casting et décide de lancer le tournage. Ranveer Singh, Deepika Padukone et Priyanka Chopra étaient donc les chanceux choisis pour présenter au monde entier une histoire aussi épique, aussi importante et ►



aussi précieuse que celle de Baji Rao, Bajirao I, le Peshwa (un équivalent de premier ministre à l'époque) du roi Shahuji Bhosle.

Hélas, l'histoire imaginée de Sanjay Leela Bhansali n'a rien d'épique, rien d'important, et rien de... réel. En réalité, le film présente beaucoup trop d'incohérences avec la réalité des faits. A tel point qu'à la fin, il ne reste plus grand chose de véridique, en partant des exploits jusqu'au cœur même des personnages. Bajirao Mastani est un film monté de toutes pièces, ou presque, tout droit sorti de l'imagination de ses créateurs, bien qu'ils aient passé plus d'une décennie à se renseigner sur l'ère et ses figures historiques pour en faire une oeuvre avec un souci de respect de la véracité des événements. Quelque part, avec cette surenchère visuelle et cet angle romantique qui n'en est pas réellement un, bien au contraire, Sanjay semble s'être perdu et a finalement décidé de se focaliser sur ce qui a marché pour lui la première fois qu'il a fait un film avec Ranveer Singh et Deepika Padukone : leur attraction physique et leur beauté esthétique. Rien de plus. LA LISTE DES CHOSES QUI N E F O N C T I O N N E N T PA S D A N S L'HISTOIRE DU FILM EST I N T E R M I N A B L E ... Je vais donc essayer de me limiter aux éléments les plus importants qui, à mes yeux, étaient primordiaux pour non seulement respecter un minimum la grandeur de ces figures historiques, mais aussi pour offrir une véritable expérience cinématographique avec une certaine profondeur. N'étant pas historienne, mais plutôt une passionnée qui aime lire sur le sujet, je vais surtout porter mon attention sur les personnes réelles qui se cachent derrière les personnages fictifs, plus que sur les incohérences historiques comme les guerres et leurs dates (je n'ai jamais été douée pour retenir les dates de toute façon...).

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D U R A N T L A P R E M I È R E PA R T I E D U F I L M , M A S TA N I E S T P R É S E N T É E C O M M E É TA N T U N E C I N G L É E ! DÉSOLÉE, UNE ROMANTIQUE ! Parce qu'apparemment c'est ainsi qu'on définit le romantisme de nos jours : en quelques jours seulement, elle est séduite par le caractère et la personnalité de Bajirao (et par caractère et personnalité, comprenez : pectoraux...) et décide qu'il sera son grand amour pour toujours et qu'elle est prête à le suivre partout pour la simple raison qu'il lui a offert sa dague, symbole de mariage dans la culture de la princesse. Un détail dont elle omet de faire part à son cher et tendre qui rentre chez lui, auprès de son épouse, sans se douter de rien. Je ne sais pas pour vous mais selon moi, ceci n'a rien à voir avec de l'amour. C'est même ce qu'on pourrait décrire de nos jours comme du harcèlement. Le film progresse pour montrer que Mastani n'était qu'une simple concubine qui n'a jamais réussi à atteindre le statut d'épouse légale et c'est là que les choses commencent à être tirées dans tous les sens, pour souligner le côté "amour impossible" de la relation entre Mastani et Bajirao. C E P E N D A N T, L A R É A L I T É E S T L O I N DE TOUT CELA. Car en fait, Mastani était légalement et aux yeux de tous la seconde épouse de Bajirao dès le départ. Il est vrai que la famille de son mari ne l'a jamais accepté et qu'elle n'a jamais été aussi bien traitée que Kashibai. Mais cela n'empêche qu'ils étaient bel et bien mariés. Cette union fut d'ailleurs proposée par le père de Mastani lui-même pour remercier le Peshwa de l'avoir aidé à vaincre Muhammad Khan Bangash (fun fact : Bajirao ne l'a pas tué, comme cela est mis en scène dans le film. En réalité, Muhammad a vécu jusqu'à 80 ans, et Bajirao est décédé bien avant lui), suite à quoi il a offert à Bajirao une mine de diamants ainsi que plusieurs villages en guise de dot pour sa fille. L'un des plus gros problèmes du film c'est qu'il n'a pas cessé de présenter Mastani comme étant victime d'intolérance religieuse, exclue de la vie de son mari et de ses activités. Il est vrai que selon certaines sources le fait qu'elle soit musulmane lui créa beaucoup de tensions. Ceci dit, la véritable haine qu'elle générait contre elle ne venait pas que de là...


Dans la version de Sanjay, Mastani ne fait rien de sa vie à part parler en poèmes, danser, courir dans tous les sens et attendre que son Bajirao vienne à elle parce qu'on lui a interdit de le voir... FAUX ! L'une des principales raisons pour lesquels Mastani était détestée par les proches du Peshwa était son implication importante dans ses affaires ! Elle avait une influence redoutable sur lui, il lui arrivait même de partir avec lui durant ses missions militaires, selon les récits de certains historiens. Toutes ces choses ne faisaient pas d'elle une femme au foyer, forcée à rester isolée entre quatre murs mais une femme distinguée avec un caractère affirmé pour son époque. Il y a également pas mal de choses que Sanjay Leela Bhansali a raté dans son esthétique ! C'est beau à voir, oui, mais c'est inapproprié pour l'époque qui sert de contexte à son histoire. La chanson "Pinga" et toutes les critiques négatives qu'elle a reçues sont un exemple : ce n'est parce que tu as Deepika Padukone et Priyanka Chopra dans un film que tu dois les faire nécessairement danser. Non seulement la danse choisie (le lavni) était inadaptée car c'était une danse que seules les danseuses avaient le droit d'exécuter. Mais il était également impossible pour des femmes du statut de Kashibai et de Mastani de danser en public. C'était même insultant. D'autant plus que Kashibai était atteinte d'arthrite depuis son plus jeune âge et ne pouvait donc pas danser, même si elle l'avait voulu. Les choix de costumes ont également été remis en cause car à l'époque, les sarees et tenues portées par les femmes de statut couvraient l'intégralité de leur corps, et ne montraient même pas leurs ventres (au passage, parfaitement plats et dessinés). Cette critique fut également destinée à la chanson "Malhari" avec Ranveer Singh, parce que ce qui s'applique aux femmes s'applique également aux hommes quand il s'agit de danser en public et de se donner en spectacle. Sa superficialité mise de côté, le coup de grâce ultime fut la fin de Bajirao Mastani. Dans un élan d'émotions et de torture, Bajirao rend son dernier

souffle suite à de graves blessures, en même temps que Mastani rend le sien suite à son emprisonnement et à sa torture. Je ne sais pas ce que Sanjay a avec les histoires où l'un de ses personnages principaux meurt, ou les deux en même temps, mais encore une fois : FAUX ! Après le départ de Bajirao à la guerre, Mastani n'a jamais été emprisonnée ou torturée. Au court de sa vie, plusieurs personnes ont essayé de la tuer à cause de l'influence et du pouvoir qu'elle avait sur le Peshwa, en effet. Mais ce trait de caractère faisait justement d'elle une femme redoutable et difficile à abattre. De plus, Bajirao n'est pas mort lors d'une bataille, mais suite à une fièvre soudaine. Mastani est morte plusieurs jours plus tard, dans des circonstances à ce jour indéterminées.

Certains historiens optent pour un suicide, d'autres disent qu'elle est morte de chagrin, refusant de se nourrir jusqu'à en devenir trop faible. Mais tous affirment que la version transmise par Bajirao Mastani au grand public n'est qu'un gros coup de dramatisation qui ne touche en rien la réalité. L'argument qui ressort souvent quand ce genre d'incohérences est relevé, peu importe le film en question, c'est l'idée suivante : le réalisateur, son scénariste, et tous ceux qui travaillent sur le projet ne font que s'inspirer des faits et prennent une vraie liberté artistique. C'est un point que je comprends, car il ne faut tout de même pas prendre tout ce qui est produit pour divertir les masses comme une vérité absolue. Mais la question qui se pose réellement est la suivante : si le but derrière chaque film historique basé sur des faits réels à Bollywood n'est en fait que de garder les noms de ses protagonistes, à quoi cela sert-il vraiment ? N'aurait-il pas été mieux pour Sanjay Leela Bhansali de créer une histoire quelconque sur un guerrier quelconque et une princesse quelconque, dans une période quelconque, sans avoir à déchirer l'histoire réelle de Bajirao et de Mastani au nom d'un médiocre divertissement ? ► 085


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pop corn

Pourquoi a-t-il investi des années et des années de travail, pour effectuer des recherches sur le sujet, affiner les détails, tout cela pour finalement proposer quelque chose qui n'a rien à voir avec l'histoire du grand guerrier et de sa reine guerrière ? Il aurait pu faire tellement plus simple en créant une histoire entièrement fictive car au final, la seule chose qu'il n'a pas inventé pour Bajirao Mastani, ce sont les noms de ses personnages ! Au lieu de cela, il a préféré créer un personnage féminin complètement décevant, alors que son inspiration est un symbole beaucoup plus puissant, ainsi qu'un personnage masculin fébrile qui ne fait que sauter dans le vide pour montrer oh combien Ranveer Singh a un joli physique, alors que Bajirao était plus connu pour son sens de la stratégie, et pas seulement pour ses qualités de guerrier.

En somme, Bajirao Mastani est une arnaque ambitieuse. Esthétiquement, il est au même niveau que tous les autres films fournis par Sanjay : très soigné avec des décors magnifiques qui donnent même l'impression que tout ceci a été tourné dans un palace indien cinq étoiles. Dans le fond, il est également au même niveau que presque tous les autres films de Sanjay, à quelques exceptions près : vide de toute cohérence et de tout sens. M A I S , C H U T, I L N E FA U T PA S L E D I R E : C ' E S T D U D I V E R T I S S E M E N T. Et que Dieu nous garde des bons divertissements, avec de bonnes histoires, et des bons éléments qui ne tournent pas autour du désir charnel d'un homme et d'une femme, pas vrai ? ▲ 086

M A S TA N I

QUELQUES ŒUVRES SUR L'HISTOIRE VRAIE DE BAJIRAO ET MASTANI : 1. The Cambridge History of India: The indus civilization par Henry Dodwell (1958) 2. The Making of Modern India: From A. D. 1526 to the Present Day par Shripad Rama Sharma 1951 3. A Comprehensive History of India: Comprehensive history of medieval India par B.N. Puri et M.N. Das 2003


Ma sta ni B E B O L L Y, B E C R A Z Y, B E M A S TA N I ! Entrez et ouvrez la porte du monde pailleté et coloré de chez Mastani, que vous soyez débutant ou déjà initié, de 7 a 77 ans, vous serez vite contaminé par le virus Bollywood et ne voudrez plus jamais en repartir.

mastani.fr

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m musique

La musique indienne occupe une place primordiale dans le cinéma indien et constitue une composante essentielle du succès d'un film. La musique a évolué, au même titre que le cinéma lui-même, et incarne à elle seule le syncrétisme culturel dû à la globalisation. Cependant, l'Inde reste l'un des rares pays à avoir su sauvegarder son folklore, phénomène remarquable à travers la musique notamment. Par le biais de cette rubrique musicale, vous découvrirez les grands artisans de la musique indienne d'hier et d'aujourd'hui. Chanteurs, paroliers et compositeurs, les classiques comme les jeunes révélations...

LUMIÈRE SUR...

Sohail Sen

M O T S PA R A S M A E

Compositeur et chanteur, Sohail Sen se fait discret à Bollywood. Il est pourtant actif depuis 2008 et a composé pour les plus grandes stars du cinéma indien, de Salman Khan à Priyanka Chopra, en passant par Ranveer Singh, Akshay Kumar et Deepika Padukone. Pourtant, son don pour la composition est encore à ce jour méconnu... Issu d'une famille de musiciens, Sohail a été très influencé par son père, Samir Sen, lui-même compositeur au sein du duo Dilip-Samir. Il a d'ailleurs participé à plusieurs scores pour le cinéma hindi des années 1990 comme Aaina, Yeh Dillagi et Aflatoon. Sohail compose pour la première fois à l'âge de 13 ans, lorsqu'il dirige la musique du téléfilm Roshni. L'éminente Kavita Krishnamurthy pose sa voix sur sa musique, 088

PHOTO CI-DESSUS : W W W. J U N G L E K E Y. I N

un honneur pour ce jeune garçon. Cette expérience le conforte dans son ambition de devenir compositeur. Pourtant, Sohail veut se perfectionner et travailler avant de poursuivre dans cette voie. C'est ainsi qu'il assiste son père pendant 9 ans avant de se lancer par lui-même au cinéma. S'il a travaillé sur la musique du film entre 2005 et 2006, Sirf et sa bande-originale sortent finalement en 2008 dans l'indifférence générale. Un an plus tard, sa contribution à la musique de The Murderer passe également inaperçue. C'est plus tard qu'il signe le projet qui le lance clairement dans l'industrie : What's Your Raashee ?, comédie romantique d'Ashutosh Gowariker avec Harman Baweja et Priyanka Chopra. Le cinéaste ayant se passer d'A.R


Rahman, il souhaitait trouver un musicien qui soit capable de créer de véritables atmosphères autour des 12 personnages campés par Priyanka. Il compose 13 chansons pour le film, qui reçoivent un accueil dithyrambique lors de la sortie de l'album. Cette BO lui vaut une nomination pour le Stardust Award du Meilleur Compositeur. En 2010, le cinéaste le sollicite de nouveau pour son métrage suivant : le film engagé Khelein Hum Jee Jaan Sey. Sohail s'adapte aux ambiances des films qu'il met en musique avec une justesse désarmante. Pour ce métrage, il s'est imprégné de sa portée contestataire et a utilisé les sonorités de la musique des années 1930. Il est pressenti par deux fois aux Stardust Awards pour son travail sur l'œuvre. L'année suivante, la prestigieuse bannière Yash Raj Films lui confie la bande-son de la comédie Mere Brother Ki Dulhan, avec Katrina Kaif, Imran Khan et Ali Zafar. L'œuvre fait un tabac au boxoffice et permet au musicien d'être pressenti pour le Filmfare Award de la Meilleure Bande-Originale. Sa participation à la musique de From Sydney With Love, en 2012, ne marque pas les esprits. La même année, il contribue au film événement Ek Tha Tiger, pour lequel il compose 3 morceaux. Encore une fois en capacité de respecter l'univers de l'oeuvre, il prouve son adaptabilité avec ce film d'action plus commercial. Il reçoit d'ailleurs le Big Star Entertainment Award de la Meilleure Musique. Avec cette seconde collaboration, la maison Yash Raj lui accorde surtout toute sa confiance. Il faut ensuite attendre 2014 pour qu'il nous revienne avec de nouvelles compositions, et pour sa troisième participation à une production d'Aditya Chopra : il s'agit du masala dramatique Gunday, qui compte à son casting Ranveer Singh, Arjun Kapoor et Priyanka Chopra. Il se plonge ainsi dans l'atmosphère musicale des années 1970 avec des influences bengalies. Si la musique fait partie des chartbusters de l'an, Sohail Sen disparaît de l'industrie, pour mieux revenir en 2016. Il participe humblement à la bande-originale du film Housefull 3, pour laquelle il dirige une chanson : « Taang Uthaake ».

Surtout, on lui doit la musique de la romcom Happy Bhag Jayegi, produite par Aanand L. Rai avec Diana Penty et Abhay Deol dans les rôles principaux. Une fois de plus, on retrouve un Sohail Sen plus versatile que jamais, imbibant le film et son histoire pour que sa musique lui corresponde parfaitement.

Sohail Sen est un caméléon. Il excelle dans l'exercice de titres 'peppy' dansants, comme « Tujhpe Fida » de Sirf (2008), « Do Dhaari Talwar » de Mere Brother Ki Dulhan (2011) et « Asalaam-E-Ishqum » de Gunday (2014). Il peut à la fois délivrer des tubes à l'accent bhangra comme « Gabru Ready To Mingle » de Happy Bhag Jayegi (2016), des chansons aux influences bengalies comme « Tune Maari Entriyaan » de Gunday (2014), des titres marqués par la musique écossaise comme « Banjaara » de Ek Tha Tiger (2012) tout en s'inspirant des mélodies cubaines pour le même film avec « Laapata ». Mais cet excellent musicien nous a également livré des mélodies douces très réussies. Il l'a prouvé avec des ballades romantiques comme « Pyaari Pyaari » de What's Your Raashee ? (2009), « Naino Ne Naino Se » de From Sydney With Love (2012) et « Jiya » de Gunday (2014). On lui doit aussi de magnifiques complaintes telles que « Koi Jaane Na » et « Bikhri Bikhri » de What's Your Raashee ? (2009), « Isq Risk » de Mere Brother Ki Dulhan (2011), « Saiyaara » de Ek Tha Tiger (2012) et « Saiyaan » de Gunday (2014). Le compositeur sait aussi teinter ses albums de tonalités pop-rock avec, par exemple, les chansons « Jao Na » de What's Your Raashee ? (2009), « Dhunki » de Mere Brother Ki Dulhan (2011), « Pyaari Pyaari » de From Sydney With Love (2012) et « Jashn-E-Ishqa » de Gunday (2014). Sortant du registre commercial, il bouleverse aussi avec le titre fédérateur « Khelein Hum Jee Jaan Sey » de l'œuvre du même nom (2010) ou avec une superbe chanson sur l'amitié intitulée « Zara Si Dosti » de Happy Bhag Jayegi (2016). ►

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m musique

Sohail Sen n'est efficace que dans le travail d'équipe. Il s'appuie sur le talent de ses chanteurs et sur les œuvres que sert sa musique pour composer de façon pertinente et efficace. De tubes en chansons plus subtiles, Sohail Sen est un bosseur acharné et un perfectionniste. Chaque morceau possède ses nuances et ses touches d'originalité. Egalement chanteur, il a posé son timbre enlevé sur certaines de ses compositions comme « Su Chhe » de What's Your Raashee ? (2009), « Yes Des Hai Mera » de Khelein Hum Jee Jaan Sey (2010) et « Aashiq Tera » de Happy Bhag Jayegi (2016). A désormais 32 ans, Sohail Sen préfère miser sur la qualité que sur la quantité. Chacun de ses travaux a permis de découvrir de nouvelles facettes de sa créativité et de confirmer sa singularité, au milieu des Vishal-Shekhar et autres Pritam. Il composera prochainement pour une production de Ronnie Screwvala. Et comme il mérite que le public (re)connaisse son potentiel, Bolly&Co souhaitait le mettre à l'honneur... Nul doute qu'il fera bientôt partie des compositeurs les plus convoités de l'industrie hindi. ▲

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PHOTO CI-DESSUS : W W W. B O L LY W O O D M A N T R A . C O M



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playlist BHANGRA

RANI M U KH ER J I D AN S D IL BOLE H AD IPPA!

P L AY L I S T

BHANGRA M O T S PA R A S M A E

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« Singh Is Kinng »

« Jogi Mahi »

C O M P O S É PA R P R I TA M , I N T E R P R É T É PA R S N O O P D O G G , R D B E T A K S H AY KUMAR.

C O M P O S É PA R V I S H A L - S H E K H A R I N T E R P R É T É PA R S U K H W I N D E R S I N G H , S H E K H A R R AV J I A N I E T H I M A N I KAPOOR

de Singh Is Kinng (2008)

Cette composition bénéficie effectivement de la participation du rappeur américain Snoop Dogg pour la promotion de la comédie Singh Is Kinng. Le titre est clairement empreint des sonorités punjabi, avec en prime une séquence rappée par l'acteur principal luimême, Akshay Kumar, non sans humour. Le groupe punjabi RDB a également participé à ce morceau entêtant et efficace.

« Bhangra Bistar » de Dil Bole Hadippa! (2009)

C O M P O S É PA R P R I TA M , I N T E R P R É T É PA R A L I S H A C H I N O Y, S U N I D H I CHAUHAN ET HARD KAUR

de Bachna Ae Haseeno (2008)

Cette séquence musicale aussi rythmée que poignante sert les retrouvailles du couple Jogi (Kunal Kapoor) et Mahi (Minissha Lamba). C'est clairement le timbre unique de Sukhwinder Singh qui marque les esprits, sublimant au passage la composition du duo Vishal-Shekhar. Un titre punjabi par son âme et sa générosité...

« No. 1 Punjabi »

de Chori Chori Chupke Chupke (2001) C O M P O S É PA R A N U M A L I K I N T E R P R É T É PA R S O N U N I G A M & JASPINDER NARULA

Cet item number de la sulfureuse Rakhi Sawant met surtout en image l'hilarante Rani Mukerji en homme punjabi qui sautille partout dans le contexte d'un théâtre folklorique. Titre décalé et accrocheur, « Bhangra Bistar » s'inscrit dans une ambiance punjabi au même titre que le film qu'il sert.

Ce morceau emblématique tiré du film Chori Chori Chupke Chupke donne à voir Salman Khan et Rani Mukerji se dandiner sur des rythmes bhangra endiablés, là où ceux sont plutôt les danses inspirées du kathak qui faisaient légion à Bollywood à cette époquelà. Véritable bouffée d'air frais, le titre a aussi contribué à faire la lumière sur la vivacité de la musique punjabi, qui sera dès lors surexploitée dans nombre de bandes-originales hindi.

« Shera Di Kaum »

« Maahi Ve »

C O M P O S É PA R S A N D E E P C H O W TA I N T E R P R É T É PA R L U D A C R I S E T R D B

C O M P O S É PA R S H A N K A R - E H S A A N L O Y, I N T E R P R É T É PA R U D I T N A R AYA N , S O N U N I G A M , S A D H A N A S A R G A M , S H A N K A R M A H A D E VA N & MADHUSHREE

de Speedy Singhs (2011)

Akshay Kumar nous gratifie d'une apparition pour le clip de ce titre dont il produit le métrage, avec Vinay Virmani, Anupam Kher, Rob Lowe et Camilla Belle. Pas tout à fait bhangra, les influences punjabis se ressentent tout de même malgré une instrumentalisation qui frise le rock à bien des moments. Pourtant, le titre garde cette identité indienne et profondément punjabi par la contribution une nouvelle fois efficiente de RDB.

de Kal Ho Naa Ho (2003)

Tube du film culte Kal Ho Naa Ho, « Maahi Ve » illustre les fiançailles entre Naina (Preity Zinta) et Rohit (Saif Ali Khan), ou l'union entre une punjabi et un gujarati. Titre moderne aux influences bhangra, on a droit à un son catchy et dynamique, qui donne envie de danser et de crocher la vie à pleines dents. 093


« Malamaal »

« Punjabiyaan Di Battery »

C O M P O S É PA R M I K A S I N G H E T M I L L I N D G A B A , I N T E R P R É T É PA R MIKA SINGH, AKIRA, MISS POOJA ET K U WA R V I R K

C O M P O S É PA R S A C H I N G U P TA I N T E R P R É T É PA R M I K A S I N G H E T Y O YO HONEY SINGH

de Housefull 3 (2016)

Ce morceau complètement déluré sert un métrage qui l'est tout autant. « Malamaal » nous donne surtout l'occasion d'apprécier la voix de la vedette punjabi Mika Singh, qui excelle dans ce registre fun et enjoué. Mêlées au hip-hop et à la pop, les sonorités bhangra donnent du relief à une composition à la base assez linéaire pour résulter en une chanson clairement addictive.

« Gabru Ready To Mingle Hai »

de Happy Bhag Jayegi (2016) C O M P O S É PA R S O H A I L S E N I N T E R P R É T É PA R M I K A S I N G H , TA R R A N U M M A L I K , N E E T I M O H A N E T DANISH SABRI

Cette chanson également portée par Mika Singh déménage franchement ! Véritable machine à tubes, le chanteur punjabi nous livre avec ce titre un morceau purement bhangra, avec la joie de vivre et la générosité qui vont avec. Car au delà de l'aspect musical, c'est l'état d'esprit de la communauté punjabi que nous communique « Gabru Ready To Mingle Hai » : fiers, drôles, prodigieux et positifs.

« Miraksam »

de Waqt : The Race Against Time (2005) C O M P O S É PA R A N U M A L I K E T A AT I S H K A PA D I A , I N T E R P R É T É PA R S U D E S H BHOSLE, SONU NIGAM, MAHALAKSHMI IYER ET SUNIDHI CHAUHAN

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« Miraksam » nous permet d'abord d'apprécier la voix de Sonu Nigam dans ce registre qui lui va à ravir, bien qu'il ne s'y essaye pas aussi fréquemment qu'un certain Mika Singh. C'est aussi l'opportunité de voir l'exceptionnel Amitabh Bachchan se déhancher comme jamais. Et en prime, le film lui-même est magnifique, que demande le peuple ?

de Mere Dad Ki Maruti (2013)

Duo entre Mika Singh et le rappeur phénomène Yo Yo Honey Singh, cette séquence musicale sert de conclusion à la comédie de Y-Films avec Saqib Saleem, Ram Kapoor et Rhea Chakraborty. Chanson électrisante et complètement folle, « Punjabiyaan Di Battery » est tout ce qu'il y a de plus respectueux du style bhangra, aussi bien dans sa musicalité que dans sa danse.

« Sadi Gali »

de Tanu Weds Manu (2011)

C O M P O S É PA R R D B , I N T E R P R É T É PA R LEHMBER HUSSAINPURI

Pas de mise en scène pour ce titre pourtant phare de l'album... Impossible de ne pas le mentionner parmi les titres de la musique filmi qui prennent racine du Punjab et de sa musique ! « Sadi Gali » est un morceau à la bonne humeur contagieuse, sur lequel on a franchement envie d'exécuter une danse bhangra sur le champ, même sans s'y connaître !

« Kala Chashma » de Baar Baar Dekho (2016)

C O M P O S É PA R B A D S H A H , I N T E R P R É T É PA R A M A R A R S H I , N E H A K A K K A R E T BADSHAH

Chartbuster de la rentrée 2016, « Kala Chashma » conclut la comédie romantique Baar Baar Dekho avec décontraction et lâcher-prise. On s'éclate avec les acteurs et on singe maladroitement les pas de la sculpturale Katrina Kaif. Qu'importe si le morceau est quasiment intégralement pompé sur le tube de Amar Arshi sorti en 2000. C'est un titre efficace qui donne envie de danser, avec toujours cette influence majeure de la musique punjabi. Un plaisir !


SID H ART H M ALH OT R A ET KAT R IN A KAIF D AN S BAAR BAAR D EKH O « KALA C H ASH M A »


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I I FA awards 2016

L'HISTOIRE D'UN PÉRIPLE... M O T S PA R A S M A E

Lorsque nous avons lancé le e-magazine Bolly&Co en octobre 2010, jamais nous n'aurions imaginé qu'il prendrait une telle ampleur. Nous étions chacune nichées dans nos environnements respectifs, de Lens à Rabat en passant par Toulouse, avec peu de gens autour de nous susceptibles de partager notre passion pour Bollywood. Bolly&Co constituait surtout un vecteur de lien plus d'être une plate-forme d'échange et d'interaction sur le cinéma indien. De 7 rédactrices, notre équipe a été clairement affaiblie par l'investissement requis par ce projet, qui prenait de plus en plus de mesure et de place dans nos quotidiens.

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Nous n'envisagions absolument pas d'être à ce point prises au sérieux, encore moins d'être associées à des acteurs effectifs de la promotion des industries cinématographiques indiennes en France. Nous ne pensions pas avoir cette légitimité, ni même la capacité d'y prétendre.

Lorsqu'il est annoncé que la 17ème cérémonie des IIFA Awards se tiendrait à Madrid, soit à seulement 2 heures d'avion de mon Pas-de-Calais résidentiel, je me suis imaginée y aller sans oser en parler à mes collègues tant tout cela nous semblait inaccessible...


C'es t concr et, on s e l a nc e ! Pourtant, en date du 25 juin 2016, au cœur de la ville de Beauvais, je me suis retrouvée face à cette jeune toulousaine aux cheveux longs pour la première fois, et ce alors que nous travaillions ensemble depuis 6 ans via Internet. C'était Elodie. Sur le chemin pour la rencontrer, l'amie qui m'accompagne me dit « Si ça se trouve, c'est

Grâce à elle, nous avons donc pu obtenir les fameuses accréditations. Ce n'est pas sans regret que nous embarquions pour ce périple sans elle, d'autant que l'un des animateurs de la cérémonie, Farhan Akhtar, est sa personnalité favorite à Bollywood. C'est donc en n'ayant de cesse de penser à elle que nous nous sommes lancées à la conquête des IIFA Awards.

aucune appréhension concernant sa fiabilité. J'avais plutôt peur de la décevoir. Parce qu'une personne physique dans une relation réelle est plus exhaustive et plus frontale. On ne peut pas effacer ce qu'on est en train de dire ou attendre des heures pour répondre à une question. Peutêtre ne serais-je pas à la hauteur de ses attentes ? Peut-être allais-je l'effrayer ? Peut-être que ce séjour allait résulter en cruelle déception, et même éventuellement mener à la dissolution du magazine ?

Le vol de deux heures est passé à une vitesse folle, Elodie et moi évoquant sans lassitude nos films préférés et nos récentes découvertes des industries indiennes, l'appréhension ayant totalement cédé la place à la joie de nous retrouver et à l'excitation face à la journée qui nous attendait. Car tout va se jouer ce jour. Nous n'avions que quelques heures pour atteindre notre hôtel (encore fallait-il le trouver!), puis nous rendre à la succursale IFEMA pour y retirer nos badges et ensuite identifier le lieu de la cérémonie ainsi que l'accès au « tapis vert » sur lequel allaient défiler les stars.

un vieux mec de 45 ans auquel tu parles depuis tout ce temps ! » Mais je n'avais aucun doute,

A peine le temps de se saluer et de réaliser que nous sommes bien l'une en face de l'autre qu'il nous faut courir pour ne pas manquer notre avion. Car en effet, nous avons osé solliciter une accréditation auprès des organisateurs des IIFA Awards en tant que membres de la presse, sans toutefois beaucoup de conviction. Nous ne sommes en effet pas journalistes, et notre magazine n'a aucune existence légale. Allez savoir, notre bagout a dû les convaincre. Pour mettre toutes les chances de notre côté, nous avions d'ailleurs missionné Fatima Zahra, notre troisième rédactrice, pour effectuer cette démarche par courriel, persuadées qu'elle était la seule à pouvoir défendre notre légitimité le mieux possible. Nous connaissions sa détermination et son culot, là où l'une de nous deux aurait formulé une demande beaucoup plus timide.

Mais nous avons déjà eu bien du mal à sortir de l'aéroport ! Entre le terminal 1 et le terminal 4, nous ne parvenions absolument pas à nous repérer, pendant un temps précieux pour finalement trouver l'accès au métro qui devait nous diriger vers notre hôtel. Alors que j'étais déjà en train de perdre mes moyens, j'ai pu m'appuyer sur le sang-froid (et l'excellent sens de l'orientation) de ma comparse ! Non sans mal et après avoir perdu plus d'une heure de notre précieux temps (en nous trompant accessoirement de métro, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?), nous arrivons enfin à notre chambre d'hôtel. Tout juste le temps de poser nos affaires, de nous rafraîchir et de mettre à jour notre page Facebook qu'il nous faut déjà repartir pour récupérer nos accréditations. ►

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Nous y s ommes , l e s c ho s e s s ér ieu s es com m e nc e nt ! Le sort semble cette fois de notre côté car nous atteignons la succursale IFEMA sans encombre. Mais la chance sera de courte durée car le 'media center' auquel nous devons nous rendre est introuvable ! Usant de mes fébriles notions d'espagnol, je sollicite les membres de la sécurité, qui ne savent même pas nous orienter. Une catastrophe ! Il est 13h35 et le media center ferme ses portes à 14h ! En pleine pérégrination, nous entrons dans un local bardé de vigiles dans lequel nous croyons entendre la voix de Farhan, puis celle de Shahid... C'est l'hystérie ! Mais il nous faut poursuivre notre course ! Dans un élan de désespoir, j'interpelle un énième agent de sécurité, demandant dans mon espagnol piteux où se trouve ce maudit media center. Dans ma demande, je glisse accessoirement que nous sommes françaises. C'est alors que notre interlocuteur, qui deviendra notre ange gardien, nous répondra dans un français impeccable ! Cerise sur le gâteau, il a pu nous indiquer où se situait le media center ! Nous arrivons à temps,

nous présentons mais devons attendre que la personne en charge de l'attribution des badges arrive. Nous sommes sereines, notre demande d'accréditation ayant été confirmée par mail. Lorsque la jeune femme précitée arrive, elle affirme n'avoir jamais réceptionné notre mail de réponse et que, en ce sens, nous ne disposons pas de badges. Tragédie ! Avons-nous fait tout ce trajet pour rien ? Notre aventure aux IIFA va-t-elle s'arrêter là ? Nous renvoyons le dit courriel en catastrophe, la jeune femme nous imprime gentiment les badges en dernière minute... Tout s'arrange, nous ferons bien partie des médias conviés aux IIFA Awards. Ceci étant, le badge ne donne pas accès à la cérémonie, et il nous fallait attendre la fin du 'green carpet' pour demander si des places étaient toujours disponibles. Car qui dit budget serré dit impossibilité de débourser de l'argent en plus pour acheter un billet pour l'événement. C'est à une véritable partie de poker que nous nous livrons donc, sans certitude aucune de pouvoir finalement assister à la soirée.

Le s és ame en po c he , l e s o r t nous fait le plus b e a u d e s cadeau x . . . Étant donné notre propension à avoir la guigne, nous souhaitons identifier l'entrée consacrée aux médias pour le tapis vert. Nous nous sommes naturellement dirigées vers notre ange gardien, mais il avait changé de poste. Malheur ! Nous errions comme deux âmes en peine, à la recherche de quelqu'un qui serait susceptible de nous informer... Au loin, j'aperçois des jeunes indiens avec des badges tels que les nôtres. Je m'adresse à l'un d'eux, qui semble 098

complètement perdu mais tout de même soucieux de nous aider. Il nous demande de le suivre et, sans trop savoir ce qui nous attendait, nous nous sommes exécutées. Le jeune homme en question nous amène dans une sorte de grand hangar. C'est alors qu'Elodie et moi nous retrouvons en pleines répétitions pour les IIFA Awards, strictement interdites aux médias ! Et surtout, nous sommes à deux mètres de Farhan Akhtar et Shahid Kapoor ! Mon coeur


s'accélère à la vue de mon acteur préféré... J'ai envie de hurler, de pleurer, de l'apostropher ! Mais nous n'avons théoriquement pas le droit d'être là, c'est un incroyable coup du sort qui nous a permis de nous retrouver face à eux ! Le jeune homme qui nous accompagnait s'est quant à lui volatilisé. Sans doute devait-il être mobilisé ailleurs... En tentant de rester discrètes, nous nous installons au premier rang pour contempler nos chers acteurs, dans l'attente qu'un agent de sécurité nous grille et nous invite prestement à quitter les lieux. Sur les sièges qui nous entourent sont inscrits les noms de Hrithik Roshan, Ranveer Singh, Anil Kapoor... J'ai pour ma part emprunté sa chaise à Neha Dhupia ! Pendant de nombreuses minutes, nous avons admiré Shahid et Farhan en train de répéter. A notre grande surprise, ils sont ensuite arrivés chacun sur un âne dans la fosse, pour se retrouver juste à côté de nous. Entre l'euphorie et l'émotion, je n'ai eu de cesse de lancer des sourires niais à Shahid, cet acteur que je suis depuis 2008... Il était enfin devant moi ! Est ensuite arrivée Deepika Padukone pour répéter sa prestation dansée. Le temps que l'équipe s'installe, elle salue Shahid et Farhan. Le premier profite de cette pause pour manger une banane tandis que le second ne trouve rien de mieux à faire que de rouler à vélo sur la scène ! Cela va sans dire, nous avons énormément pensé à notre Fatima Zahra,

émue de voir l'artiste qu'elle aime tant en face de nous, avec un pincement au cœur du fait de son absence à nos côtés. Car ce moment rare, on le lui doit ! Nous aurions pu rester encore longtemps. Aucun vigile ne nous a mises dehors, la seule interdiction résidant dans le fait de ne pas prendre de photos. Si je m'étais écoutée, je serais restée à les regarder pour quelques temps. Mais je n'étais pas là pour moi. Elodie et moi étions présentes pour le magazine. Et en ce sens, nous devions trouver le 'green carpet' puis nous presser à notre hôtel pour récupérer l'appareil d'Elodie et nous préparer en vue de la soirée mouvementée qui nous attendait, recouvrant pour enjeu de VOUS satisfaire et de revenir de ce séjour avec un maximum d'images pour toutes les personnes qui suivent Bolly&Co. Avec une légère frustration mais tant d'images en tête, nous nous dirigeons vers la sortie pour continuer à mener à bien notre mission pour le magazine avant tout. Juste à la sortie, nous retombons sur notre ange gardien ! Un brin taquin, il souligne non sans humour que nous ne devrions pas être ici ! Il a ensuite été en mesure de nous guider jusqu'à l'entrée du 'green carpet' destinée aux membres de la presse. Heureusement qu'il était là pour nous guider ! Toujours souriant et agréable, il nous a ainsi permis de rattraper le temps que nous avions perdu en restant aux répétitions.

Le devoir n ou s a p p e l l e , c'es t par t i ! Ni une ni deux ! Nous retournons à notre hôtel. L'appareil photo d'Elodie (que lui a généreusement prêté une de ses amies, un grand merci à elle !) semble chargé au maximum, ma collègue ayant également pris son ordinateur pour actualiser notre page au fil de nos péripéties (décidément ! Heureusement qu'elle était là pour penser à tout !). Quant à moi, j'ai clairement explosé mon forfait téléphonique en n'ayant de cesse de « snapper » nos moindres gestes, pour en publier ensuite les vidéos sur notre page Facebook.

Surtout, il nous faut enfiler nos tenues de soirée en vue du 'green carpet' qui s'annonce des plus élégants. Nous sommes plutôt efficaces puisque nous arrivons juste à 17h pour l'ouverture annoncée du 'green carpet'. Et pour le coup, ceux sont les organisateurs qui sont en retard puisqu'ils nous feront attendre près de 2 heures dehors avant d'ouvrir leurs portes ! Ainsi, je me déchausse (je ne suis pas faite pour porter des talons...) et m'installe sagement dans l'herbe, en profitant pour échanger avec les journalistes présents. ► 099


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E t s i on s 'intér es sa i t à no us ? L'un d'eux, du nom de Subodh Gupta, est installé près de nous en compagnie de son épouse Barbara. Il nous demande d'où nous venons, ce qui nous a amené à découvrir le cinéma indien et depuis combien de temps nous nous connaissons. Lorsque nous lui avons dit que nous travaillions ensemble depuis plus de 5 ans mais que nous nous étions rencontrées le matin-même, il était surpris par la force fédératrice de Bollywood, qui nous a en tout cas permis de nouer cette solide amitié à travers Internet et surtout à travers Bolly&Co. C'est ainsi qu'il nous a proposé de nous interviewer chacune, son reportage portant sur l'essor de Bollywood dans les pays européens. Dans le mille ! Tour à tour, nous répondons aux questions de ce journaliste indépendant très engagé, qui a mené des enquêtes sérieuses sur les enjeux implicites du Brexit, par exemple. « Quel est votre film préféré ? Votre acteur

favori ? Sur une échelle de 1 à 10, à combien évalueriez-vous l'industrie de Bollywood ? Et ce

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en comparaison avec les industries britanniques et américaines ? Qu'est-ce qui vous touche spécifiquement dans les films indiens ? » Les questions fusent et dans un anglais franchement perfectible pour ma part, nous nous prêtons au jeu de l'interview au micro de Subodh et face à la caméra de Barbara. Nous nous sentons comme des gamines, hystériques d'avoir pu, nous aussi, « faire les stars » et d'avoir suscité l'intérêt de médias. Et ce n'était que le début ! Sur place, nous croisons nos collègues francophones du groupe ♥ La Famille Bollywood Dobara ♥, en l'occurrence Meghna et Fabienne, qui étaient présentes depuis plusieurs jours sur les lieux. En conférence de presse, elles ont rencontré Deepika Padukone et ont même pu s'entretenir avec Priyanka Chopra ! Un plaisir pour nous de constater que la France est représentée en force lors de cet événement majeur ! Nous échangeons aussi brièvement avec une jeune allemande fan de SRK et à l'énergie débordante.


Nous s ommes accr éd i t é e s e n t a nt que média, à nous d e j o ue r ! Lorsque les portes s'ouvrent enfin (à presque 19h, tout de même !), il faut taper un sprint et jouer des coudes pour être bien placées et vous garantir les meilleures images ! On est bien loin des bons sentiments des films hindis ! Ici, c'est chacun pour soi ! Ainsi, certains n'hésitent pas à se pousser et même à se disputer pour être quelques millimètres plus proches de la barrière qui nous sépare des artistes. Si nous ne sommes pas des professionnelles, nous avons en tout cas su nous démarquer durant les 4 heures qu'a duré le tapis vert. Parmi les journalistes et photographes de profession, Elodie occupait effectivement une place particulière. Vive et lumineuse, elle connaissait et savait identifier les personnalités présentes mieux que quiconque, amenant les photographes espagnols (au passage

complètement largués !) à la solliciter pour connaître les noms des stars qui étaient en train de poser ! J'ai tenté de lui prêter main forte, hurlant accessoirement comme une groupie dégénérée à l'apparition de chaque acteur. « Vicky Kaushal ! Haaaaaaaaaa ! Riteish

Deshmukh ! Haaaaaaaaaaaaaa ! Anil Kapoor ! Haaaaaaaaaaaaaa ! » J'avais pour rôle d'attirer

l'attention des vedettes, de leur parler pour les mener à poser leur regard sur l'objectif d'Elodie. Je me suis sentie très à l'aise dans cet exercice, complimentant de-ci de-là Shreya Saran, Aditi Rao Hydari et Priyanka Alva (l'adorable femme de Vivek Oberoi), souhaitant également un joyeux anniversaire à Aftab Shivdasani (avec un tout petit peu de retard...) et recevant un baiser de loin de la part de Karan Singh Grover.

Moment 'fan gir lin g' un p e u g ê na nt , mais tellement m é m o r a b l e . . . Pourtant, j'ai littéralement perdu mes moyens devant un acteur que j'adore depuis des années : Abhay Deol. Comme avec les autres, je tente de l'interpeller. Mais le seul mot qui sort de ma bouche, c'est : « Merci ! » (Oui, ça n'a aucun sens, je sais ! ) Manque de pot, il m'a parfaitement entendu et m'a demandé en quoi et pourquoi je le remerciais, ce à quoi je n'ai rien trouvé de mieux à dire que « Merci... d'être toi ! » Et là, Abhay Deol qui éclate de rire, moquant sans doute ma platitude d'esprit... La honte totale ! Des membres espagnols du staff des IIFA nous ont même sollicité pour les aider à identifier les différents acteurs. Un comble ! « Mouni Roy ? On

sait ! Sonu Sood ? On sait ! Rakeysh Omprakash Mehra ? On les a perdu ! Mais on le savait aussi. » Nous entendons deux journalistes indiens s'exprimer en hindi sur notre compte (et oui, on

les a compris, pas peu fières de nos milliers d'heures de visionnage qui nous ont au moins permis d'acquérir de vraies bases dans cet idiome !) « Elles connaissent tout, elles sont incroyables ! - Elles sont vraiment trop mignonnes. » C'est alors que la journaliste m'interroge : « Tu es indienne ? » Lorsque je lui réponds par la négative, elle semble interloquée. « Et tu as quel

âge ? - 25 ans. - Tu as l'air plus jeune. En tout cas, bravo. »

Bravo pour quoi, au juste ? Notre dynamisme et notre propension à crier les noms de tous les acteurs sans nous tromper a dû les amuser. Nous n'avons rien calculé, mais il semble que notre naturel suffise à servir notre cause. Tant mieux, continuons ainsi ! ► 101


Nos #Bollypotes s o nt s ur p l a c e ! Oh bonh e ur ! Soudainement, j'entends quelqu'un s'exclamer « Bolly&Co ! » à plusieurs reprises. Lorsque nous nous tournons, nous voyons Flore du Collectif Bollyciné. Elle est accompagnée de Sarah, présidente et fondatrice du dispositif. Les filles ont eu l'occasion de rencontrer de nombreuses stars durant la semaine des IIFA. Surtout, elles ont pu s'entretenir avec Kabir Khan, Sarah ayant pu faire valoir le travail qu'elle a mené autour du film Bajrangi Bhaijaan, réalisé par le célèbre cinéaste. Car le métrage a non seulement conquis les salles obscures françaises, mais a également été présenté à des lycéens. Un moyen de démontrer que les films indiens vont bien audelà de leur fonction divertissante. En tout cas, si d'autres opportunités se présentent, nous

souhaiterions les partager avec elles, comme pour unir les forces de Bolly&Co et du Collectif Bollyciné, acteurs si différents mais surtout si complémentaires du cinéma indien en France. C'en sont suivis l'apparition de Shilpa Shetty avec son mari Raj, ainsi que les défilés remarqués de Sonakshi Sinha et Deepika Padukone sur le tapis vert. Quand soudain, Elodie m'annonce que la batterie de son appareil est faible. Nous n'en sommes pourtant qu'au milieu de la soirée et plusieurs autres personnalités, parmi les plus populaires, sont encore attendues. Instant de panique ! Ma chère compagne d'aventure s'arme donc de son self-control légendaire et me rassure, expliquant qu'elle parviendra à gérer la batterie restante.

Poupée ... Tr ès jolie... Bi sous... Ranveer.

O up s ! La b o ul e t t e !

C'est alors qu'arrive Ranveer Singh, plus déjanté que jamais ! Charmeur et excessif, Ranveer était à l'époque en plein tournage parisien pour le très attendu Befikre. Usant de notre statut de « frenchies » avec nos collègues de Bollyciné, nous parvenons à attirer son attention. C'est alors que je me suis retrouvée à échanger des mots doux dans la langue de Molière avec un Ranveer des plus solaires. De « Je t'aime » en « Ma chérie », l'acteur m'a séduite comme il sait le faire. De quoi largement rendre Deepika jalouse !

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Salman est ensuite passé en coup de vent, alors que Karan Johar et Fawad Khan se sont éternisés sur le 'green carpet'. La journaliste indienne qui nous a complimentées plus tôt dans la soirée revient vers nous et nous demande notre carte de visite, probablement intéressée par ce que nous sommes en mesure de proposer. Malheur ! Nous n'en avons pas ! Nous ne pensions pas en avoir besoin, et n'avions même pas la prétention de croire que nous pouvions en posséder. Nous écrivons sur une feuille volante nos coordonnées, un peu honteuses. Comment avons-nous pu ne pas y penser ? Mais qu'importe, cela nous servira de leçon. Dès que nous rentrerons, nous créerons des cartes de visite !


Apr ès l'effor t, le r é c o nf o r t ! Nous apercevons ensuite furtivement la chanteuse Kanika Kapoor puis décidons de solliciter, au culot, l'une des membres de l'équipe des IIFA afin de lui demander si nous pouvons assister à la cérémonie. Elle sort deux invitations de sa poche et nous les remet. Nous allons pouvoir nous poser et admirer le show ! Nous sommes installées dans la fosse, juste derrière le carré V.I.P. où sont positionnées les célébrités. Sooraj Pancholi et Athiya Shetty viennent de recevoir le prix du Meilleur Couple Débutant pour leur métrage Hero. Ils remercient chaleureusement Salman Khan, producteur de l'œuvre qui a ainsi largement contribué à lancer leurs carrières à Bollywood. Ensuite, Shahid et Farhan annoncent la prestation dansée de Sonakshi Sinha en hommage à l'une de mes actrices favorites : la grande Sridevi. Je connais une bonne partie des chansons par cœur, je ne peux m'empêcher de taper des mains, de pousser quelques cris d'encouragement et de chanter en chœur sur les tubes « Nainon Main Sapna » ou encore « Naa Jaane Kahan Se Aayi Hai ». J'ai enfin retiré ma peau de rédactrice en chef et laissé place à celle de fan ! J'ai envie de pleurer, je ne fais que sourire et mes yeux pétillent face au spectacle que j'ai devant moi.

C'en suit un sketch musical durant lequel Shahid et Farhan se disputent le titre de meilleure 'rockstar'. C'est le moment que choisit Hrithik Roshan pour arriver. Accompagné par Ranveer Singh et Anil Kapoor, ils entonnent des versions détournées de « Pichle Saath Dinon Mein » et de « Chitta Ve » pour le plus grand bonheur de leur audience. Sarah et Flore nous rejoignent et s'assoient à nos côtés. Nous partageons ensemble cette récompense après être restées plusieurs heures en station debout et en pleine chaleur en attendant les vedettes sur le 'green carpet'. Il faut savoir que la cérémonie est enregistrée puis montée pour ensuite être diffusée ultérieurement. Dans les faits et lorsqu'on assiste à l'événement en direct, on se rend compte qu'il existe pas mal de moments de flottement entre les différentes performances scéniques. Car les équipes doivent installer et désinstaller les éléments des diverses mises en scène. Il est presque 2h du matin, nous devons être à l'aéroport dans deux heures. A contre cœur mais avec sagesse, nous décidons de quitter la cérémonie. Si nous n'avons pas pu

rester jusqu'au bout, il s'agissait tout de même pour nous de l'aboutissement idéal de cette journée extraordinaire.

A nous de jou er le s v e d e t t e s . . . Lorsque nous sortons de la salle, les agents de sécurité nous font passer par le 'green carpet', au même titre que les stars invitées. Nous croisons Tiger Shroff, auquel je lance un grand sourire en le saluant : « Hi, Tiger ! ». Il me répond timidement mais également très gentiment par un « Hi ». Sur le tapis vert, je demande à Elodie s'il

lui reste un semblant de batterie, car je veux moi aussi ma photographie sur le 'green carpet' au même titre que les stars ! Nous croisons ensuite l'acteur de télévision Arjun Bijlani, la jeune comédienne Sayani Gupta et l'acteur et chanteur Meiyang Chang, que nous saluons chaleureusement. ►

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I l es t temps de r e nt r e r, d es s ouven ir s ple i n l a t ê t e . . . Nous prenons un taxi pour rentrer à l'hôtel. Quand nous arrivons à notre chambre, il est 1h45 et nous sommes affamées ! Petit détour à pied vers le McDonald le plus proche, encore ouvert à cette heure tardive. Brin de toilette rapide, nous nous endormons pour un peu plus d'une heure. Nous nous levons pour 4h, réglons notre chambre pour ensuite réaliser qu'il n'y a aucun métro qui circule à cette heure. Comment allons-nous faire pour atteindre l'aéroport ? Il fait nuit noire et je suis championne dans l'art de perdre mes moyens. Face à mon regard d'effroi, l'employé de l'hôtel nous indique avec minutie la route à emprunter pour arriver à l'aéroport, à pied. A pied ? Je me dis que nous n'y arriverons jamais. Encore une fois, je me sens bénie d'avoir eu Elodie à mes côtés. « Ne t'inquiète pas, je gère ! » Elle se retrouve sans aucun problème dans le Madrid nocturne, et nous arrivons bien à l'heure

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à l'aéroport, et au bon terminal ! Merci Elodie ! Durant une heure, nous attendons de pouvoir embarquer. C'est sans doute à ce moment-là que nous réalisons ce que nous avons eu la chance de vivre. Il a eu quelques loupés, des moments de doute et de frayeur, mais je pense que nous pouvons tout de même nous satisfaire de la façon dont nous avons mené à bien ce premier déplacement au titre de Bolly&Co. Dans l'avion, nous nous écroulons, complètement épuisées par l'intensité de la journée qui a précédé. Il nous faut ensuite prendre un train entre Beauvais et Paris, Elodie profitant du trajet pour faire le point sur les clichés qu'elle a pris durant le 'green carpet'. Nous nous quittons au cœur de la gare du Nord, avec beaucoup d'émotion mais surtout la ferme intention de remettre le couvert lors d'un événement futur.


L' he ur e d u b i l a n. . . Nous avons en tout cas tenté de garder notre posture de membres de la presse. Les IIFA nous ont fait confiance en nous attribuant cette accréditation et en nous mettant au même niveau que les journalistes de télévision et de presse écrite professionnels. Le but n'était donc pas nous obtenions des selfies avec nos acteurs préférés, mais que l'on puisse voir le plus de personnalités et que nous puissions nous saisir des meilleures opportunités pour le magazine, et donc pour vous. Cela va sans dire, nous sommes fans ! Mais notre priorité était de vous satisfaire. ◄ APERÇU DES PHOTOS PRISES DURANT LA SOIRÉE, POSTÉES LE LENDEMAIN SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX.

..et des r emer ci e m e nt s ! Vos messages et vos commentaires ont ponctué notre journée. Nous avons été touchées par l'amour et la gentillesse que vous nous avez communiqués. Votre bienveillance et votre soutien nous ont porté et nous ont aussi amené à être plus audacieuses. Cette journée n'aurait jamais constitué une telle réussite sans ma directrice de publication préférée, ma collègue et mon amie Elodie. J'ai pu m'appuyer sur sa patience, son intelligence et sa positivité là où j'ai souvent eu tendance à perdre mon calme, à angoisser et à envisager les pires scénarii. Si Bolly&Co a été si bien représenté lors des IIFA, je le lui dois. Fatima Zahra nous a quant à elle terriblement manqué ! Merci à elle d'avoir tout déclenché, d'avoir permis de faire naître ce projet, que nous n'osions envisager que dans nos esprits. Sans

elle, Bolly&Co aurait vécu les IIFA à travers Internet, comme les années précédentes. Cette aventure était aussi la sienne, et nous espérons pouvoir en partager de nouvelles à ses côtés. Elle le mérite. Cet événement représentait l'opportunité de faire valoir Bolly&Co en tant que véritable support média, et pas uniquement comme une page de fans. Le travail que nous menons depuis 6 ans semble avoir trouvé sa place parmi les autres acteurs français. Nous souhaitons continuer ainsi pour tendre, pourquoi pas, vers une véritable professionnalisation de notre plate-forme. Bolly&Co deviendra une association à but non lucratif suite à cette cérémonie, qui a enclenché plusieurs remises en question et surtout nombre de projets au sein de notre équipe. Car nous sommes un magazine avant tout. Mais surtout, nous ne sommes que des fans, comme vous tous.

Merci à vous de votre confiance durant ces 6 années. Merci de voir en nous une source fiable et qualitative autour des cinémas indiens. Je vous assure que nous n'en resterons pas là. Le meilleur est à venir... 105


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interview

INTERVIEW Manoj Bajpayee M O T S PA R A S M A E

Dans le cadre de la quatrième édition du Festival du Film d'Asie du Sud, Bolly&Co a été sollicité en tant que partenaire média. En ce sens, j'ai eu l'immense privilège de m'entretenir avec l'invité d'honneur de la cérémonie d'ouverture : le grand Manoj Bajpayee. Parce qu'il s'agit de la première personnalité du cinéma indien que nous avons eu l'honneur de rencontrer et surtout parce que cette rencontre était pleine d'émotions, nous avons eu le souci de vous restituer cet échange à l'état brut, de mes questions très formelles aux éclats de rire que j'ai partagé avec Manoj. Un grand merci aux organisateurs du festival pour cette incroyable opportunité, ainsi qu'à la merveilleuse Nedjma, sans qui rien de tout cela n'aurait été possible.

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Bolly&Co : C'est un plaisir de vous rencontrer, Monsieur. Manoj Bajpayee : Tout le plaisir est pour moi. B&C : Je suis venue du Nord de la France. MB : Le Nord de la France ? B&C : J'ai fait la route pour vous voir. (rires) Je suis très impressionnée, mais ça va aller ! MB : Oh, merci. B&C : Alors... Vous êtes parvenu à construire un pont entre cinéma populaire et œuvres parallèles. Qu'est-ce qui vous amène à signer presque simultanément un film comme Tevar pour ensuite vous illustrer dans un métrage tel que Aligarh ? MB : Vous savez, c'est très important pour un acteur de comprendre la valeur du marché. Une image doit être acceptable pour le public. Pas seulement pour vous-même mais aussi pour le genre de cinéma dans lequel vous croyez, pour le genre de cinéma qui vous passionne.

Quand je fais un film comme Tevar, je constitue ma propre valeur commerciale. Tout cela afin de pouvoir faire beaucoup de films comme Aligarh. Cela me donne une force sur le marché du cinéma pour que les producteurs n'hésitent pas à financer un film comme Aligarh dans lequel je figurerais. Si je touche à un film comme Aligarh, il y aura toujours un producteur ou un distributeur susceptible de s'y intéresser parce qu'il y a Manoj Bajpayee. Manoj Bajpayee est un visage connu du grand public. Un visage solide au niveau commercial. C'est pourquoi je dois faire un Tevar ou deux par an. B&C : Tout cela afin de pouvoir prendre part à cinq ou six Aligarh... MB : Oui. B&C : C'est vraiment très intéressant, je n'ai jamais vu les choses de la sorte. J'ai vu dans

votre filmographie que durant l'entièreté de votre carrière, vous avez pris part à des courtsmétrages, à des films dravidiens... Mais qu'estce qui vous amène à signer un film ? Quel est l'élément le plus important qui vous fait signer un projet ? MB : Quand je fais un film populaire, ce qui compte, c'est que mon personnage dispose d'un espace respectable. Quand je fais un film comme Gangs of Wasseypur, Aligarh, Budhia Singh ou Saath Uchakkey qui vient juste de sortir, j'y recherche une singularité et une originalité. Il faut que l'histoire que ce film raconte soit unique et inédite, qu'on n'en ait jamais entendu parler avant. Qu'elle laisse une marque dans l'esprit des spectateurs. Il faut que ce métrage me marque personnellement pour qu'à travers moi, l'histoire atteigne le public.

En premier lieu, le projet doit me secouer par son contenu, par sa narration, par son écriture... Toutes ces choses comptent pour moi. J'ai fait deux ou trois courts-métrages, le premier était tourné en un mois. J'ai participé à des courtsmétrages parce j'ai le sentiment que le support digital, c'est l'avenir. Il est actuellement détourné et utilisé négativement. Nous devons y amener du contenu pour que les gens voient ce qu'est du bon travail et comprennent ce qui est en fait créatif, ce qui est en fait consistant. Pour habituer le public à un travail de qualité, c'est très important de faire autant de courts-métrages que possible pour des acteurs comme moi ou plus encore pour des réalisateurs. C'est une formidable démonstration de leur talent. Donc si vous ne signez pas de films, vous devriez juste prendre une caméra, tourner une histoire fantastique avec de très bons acteurs et la mettre en ligne. Mais il doit y avoir un excellent contenu. Cela ne peut pas être tout et n'importe quoi. Si de jeunes artistes utilisent ce média sérieusement, cela peut les amener où ils le souhaiteront. C'est accessible à tout le monde à travers la planète. B&C : Et légalement. MB : Et légalement. Et il n'y a pas de censure.► 107


B&C : J'ai d'ailleurs vu Kriti juste avant de venir. Je ne l'avais jamais visionné avant et j'ai trouvé cela fascinant. Le film m'a un peu effrayé, à vrai dire, mais c'était excellent ! On voit dans votre filmographie que vous avez participé à des films comme Satya, Shool, Gangs of Wasseypur, ce dernier étant d'ailleurs projeté durant ce festival. Mais vous avez aussi tenu des rôles secondaires très intéressants comme dans Veer-Zaara, Special 26... Qu'est-ce qui est le plus difficile, selon vous ? Être l'acteur principal d'un film comme Aligarh ou tenir un second rôle impactant dans une œuvre comme Raajneeti, par exemple ? MB: Jouer, c'est ce qu'il y a de plus difficile ! Je pense sincèrement que le métier d'acteur est pris à la légère. Mais ce travail d'entrer dans la peau de quelqu'un d'autre, de changer votre état d'esprit complètement, c'est destructeur... Vous savez, mentalement. Être posé et sain tout le temps pour un acteur, c'est très très difficile. Parce qu'il incarne tant de personnages et il les prend très au sérieux.

Chaque rôle qui contient suffisamment de matière est très difficile à camper. Vous devez vraiment y mettre votre cœur et votre âme. Que ce soit Veer-Zaara dans lequel j'ai tourné 4 scènes ou Raajneeti dans lequel je joue un Duryodhana des temps modernes. Ou même Special 26 dans lequel j'incarne un enquêteur pour le gouvernement indien. Ceux sont des films à gros budgets. Mais quand vous participez à des films comme Gangs of Wasseypur, Budhia Singh, Saath Uchakkey, ils vous prennent une part de vous-mêmes. Ceux sont des projets très stimulants. Donc me détendre après le tournage, c'est très important à mes yeux. Me détendre, pour moi, c'est juste m'asseoir avec mes amis, mes partenaires et déguster deux verres de vin blanc. B&C : C'est le bonheur ! MB : J'éteins l'acteur en moi et je vais dormir. 108

B&C : Vous redevenez Manoj. MB : Oui, c'est ça. B&C : Vous avez joué dans beaucoup de films de Prakash Jha. Existe-il une relation professionnelle privilégiée entre vous ? Ou quelque chose dans ses projets vous donne le sentiment que vous devez y figurer ? MB : Non, vous savez, avant lui, Ram Gopal Varma a longtemps travaillé avec moi. Après cela, Prakash a collaboré avec moi. Cela vient juste de l'amour et de l'affection de ces cinéastes à mon égard. Ils étaient satisfaits par mon travail et mon professionnalisme. Ils voient aussi que je me centre sur mon boulot et que mes exigences sont relativement basiques. Je suis à l'heure, j'apprends mes lignes rapidement et je les restitue sans souci. B&C : Vous êtes un bon acteur, à proprement parler. MB :

Je ne suis pas un acteur chiant à leurs yeux. Ils aiment le travail que je fournis et la passion qui m'anime pour la comédie. Ils m'apprécient pour cela. Si un acteur est doué et s'il ne fait pas chier son monde, chaque réalisateur serait ravi de bosser avec lui. Parce que les acteurs sont très lunatiques. Je le suis, mais en dehors des plateaux. Je ne le suis pas en plein tournage. Cela doit être la raison pour laquelle ils m'aiment tant ! (Rires) B&C : Je pense qu'ils aiment surtout votre talent ! MB : Merci. B&C : Vous avez aussi tourné dans des films dravidiens. J'ai vu ce film commercial intitulé Happy... MB : Oui... (Manoj grimace) B&C : Vous n'avez pas l'air d'en être très fier. Mais j'ai adoré vos scènes, à vrai dire ! ►


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MB : Vous savez, j'ai fait deux ou trois films du sud de l'Inde. B&C : Oui, vous avez aussi tourné un film, Anjaan, avec Surya. MB : Je n'ai pas fait ces métrages pour l'argent, ni pour les rôles en eux-mêmes. Je les ai signé parce que les réalisateurs me voulaient désespérément.

MB : Mon film préféré ? Il y en a trop, pour dire vrai. B&C : Choisissez-en un ou deux. MB : Je dirais... J'adore les films de Scorsese.

B&C : Vous voyez, vous êtes une star !

B&C : Oui, il est fascinant.

MB: Non, pas vraiment. Ils m'appréciaient juste. Ils parlaient d'autres langues, différentes de la mienne. Mais ils aimaient tant mon travail que j'avais le sentiment que je devais contribuer à leurs projets.

MB : Quel est ce film ? J'ai oublié le nom. (rires) Il y a John Travolta et Samuel L. Jackson.

Quand quelqu'un vous admire tant pour l'acteur que vous êtes, pour le travail que vous menez et qu'il vous veut absolument dans son film, vous vous dites juste... « D'accord, allons-y et amusons-nous ! » Dans une autre langue en plus, je le vis comme un pique-nique.B&C : Justement, n'est-ce pas difficile d'entrer dans la peau de votre personnage quand vous devez l'incarner dans une autre langue ? MB : Désormais, je ne le ferai plus. C'est trop de travail. C'est trop risqué parce que la plupart du temps, je ne comprenais même pas ce que je disais ! B&C : Je me demandais justement si c'était le cas. MB : Oui, ça l'est. C'était très difficile. Et quelque part, j'avais le sentiment de ne pas être honnête avec moi-même. Du coup, je ne le fais plus. B&C : J'ai quelques questions pour conclure, un

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'Rapid Fire Round', et ensuite, je vous libère ! Je voulais vous demander, quel est votre film préféré ?

B&C : Peut-être Pulp Fiction ? MB : Pulp Fiction ! J'adore Scarface. Martin Scorsese et Tarantino, je les adore... Aussi Devdas. Avec Dilip Kumar. B&C : C'est aussi ma version préférée. MB : Dilip Kumar était tellement bon dans ce film. J'adore aussi les films populaires d'Amitabh Bachchan. Dans sa jeunesse, il était fantastique. B&C : Comme Deewar, Coolie, Sholay... MB : Oui ! Je n'ai jamais vu aucun acteur générer ce genre d'émotions auprès du grand public. C'est incroyable !

Naseeruddin Shah est mon acteur préféré, j'ai tant appris de lui rien qu'en le regardant. Om Puri a quant à lui contribué à faire connaître les acteurs indiens à travers le monde. Il y en a trop, vous savez ! C'est très difficile de choisir. B&C : Je comprends. Je vais être vraiment méchante parce que je vais vous demander quelest votre partenaire préféré à l'écran ?


MB : Mon partenaire préféré ? Il y en a trop, à vrai dire.

d'Abhay Deol dans une version moderne, un peu comme Dev. D. Même s'il est très doué.

B&C : Je comprends !

MB : Oui, il est très doué.

MB : Comme je le disais, je ne suis pas un chieur. Je m'entends bien avec tout le monde. Même s'il est difficile de travailler avec certains de mes collègues, je parviens à m'entendre avec eux quand même. Je n'ai jamais eu de problème avec qui que ce soit. La plupart d'entre eux, en tout cas... Rajkummar Rao dans ce film (Aligarh, ndlr), il est tellement doué. J'aime sa passion, j'aime la façon dont il choisit ses projets... Mais c'est très difficile de choisir.

B&C : Pour terminer, un mot pour définir votre parcours ? MB : Les montagnes russes. ▲

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B&C : Quels sont pour vous les acteurs les plus prometteurs de l'industrie ? Que ce soit dans le cinéma populaire ou d'art et d'essai ? MB : Je pense à Rajkummar Rao. Je crois que s'il continue à choisir ses rôles intelligemment, une grande carrière l'attend. B&C : Un film dans lequel vous auriez aimé jouer ? MB : Dans lequel j'aurais aimé figurer ? B&C : Oui. MB : Devdas. B&C : La version avec Dilip Kumar, peut-être ? Cette version est votre favorite, si j'ai bien compris, non ? MB : Oui, celle avec Dilip Kumar est ma préférée. B&C : Et celle de Sanjay Leela Bhansali ? N'estelle pas un peu excessive ? MB : Non... Vous savez, Sanjay m'a proposé le rôle de Jackie Shroff dans Devdas. Mais j'ai refusé, car tout ce que je voulais, c'était jouer Devdas. Je lui ai dit que s'il me proposait le rôle de Devdas, je ferais partie du film. Je ne me voyais pas jouer un autre rôle. B&C : Je vous imagine très bien à la place 111


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critique old is gold


parinda M O T S PA R A S M A E

Parinda est une œuvre à découvrir.

Mais au lieu de vous en rédiger la critique, je préfère partager avec vous la conversation que j'ai entretenue avec Sarah, une fan amatrice de films indiens modernes, plus adepte de John Abraham et Katrina Kaif que de Shashi Kapoor et Madhubala. Comment ai-je fait pour la convaincre ? J'ignore même si j'y suis parvenue, pour tout vous dire. Cependant, cet échange restitue ce que j'ai ressenti face à ce métrage mieux que n'aurait pu le faire l'un de mes écrits analytiques habituels...

Moi : Sarah, ma belle, je viens de finir Parinda ! C'est une tuerie ! Sarah : Vraiment ? Je connais pas, il est sorti quand ? En 1989, c'est un film sur le cartel indien, sur son engrenage et ses conséquences. Oh non, Asmae ! Un vieux film ?! Trop peu pour moi ! T'aurais pas plutôt un pur Bolly à me proposer ? Un truc de 'hardcore romantic' à la Sanam Teri Kasam ? Non mais Sarah, C'EST un PUR BOLLY ! Déjà parce que c'est un classique dans son genre, là où Kuch Kuch Hota Hai et Veer-Zaara sont des classiques en matière de romance. Ensuite, il faut le voir pour le casting ! Justement, qui joue dedans ? Anil Kapoor, Madhuri Dixit, Jackie Shroff et Nana Patekar. Jackie Shroff, le père de Tiger ?

Ouais. Même si je trouve assez effrayant qu'on le réduise à son statut de « père de » avec la carrière qu'il a derrière lui. Tu sais, moi, je n'ai vu de Jackie que son rôle dans Happy New Year, donc rien de folichon... Et bien, justement ! Raison de plus pour le découvrir dans un registre dans lequel tu ne l'attends sans doute pas. C'est lui, le héros de ce film ! Il est incroyable de justesse et de sincérité. Son rejeton a beaucoup à lui envier. D'ailleurs, le jour où fiston Tiger nous délivrera une performance pareille et signera un projet de l'envergure de Parinda, là et seulement là, il portera dignement le nom de son père ! D'accord... Tu commences à m'intéresser mais bon, n'empêche que c'est pas un film romantique ! Et Madhuri, elle est comment ? Elle a un rôle un peu plus limité... Ah merde !

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Non mais attends, il est plus limité mais consistant ! En fait, elle joue Paro, l'amoureuse de Karan, joué par Anil Kapoor. Mais bon, hors contexte ça n'a pas de sens... En effet, je t'avoue que je suis un peu larguée... Bon, je t'explique grosso modo l'histoire. En fait, Kishen (Jackie Shroff) a élevé seul son jeune frère Karan (Anil Kapoor). Pour subvenir à ses besoins, il commence à travailler pour Anna Seth (Nana Patekar), le plus grand trafiquant de drogue de Mumbaï. Karan ne sait rien de ces activités. Lorsqu'il revient de ses études à l'étranger, il est heureux de retrouver son aîné, mais aussi son ami d'enfance Prakash (Anupam Kher) devenu policier. Il est également amoureux de la sœur de ce dernier, Paro (Madhuri Dixit). Il se trouve que Prakash enquête pour coincer les hommes d'Anna. Pour s'assurer de son silence, les malfrats tuent Prakash sous les yeux de Karan, qui jure de trouver ceux qui ont tué son ami, sans savoir que son propre frère est impliqué dans cette affaire... Ah, du coup j'imagine qu'entre Karan et Paro, ça va devenir compliqué non ? C'est tout à fait ça ! T'imagines bien que ça va être compliqué pour elle d'épouser le frangin de l'assassin présumé de son frère ! Madhuri est formidable dans un rôle qui, sur le papier, ne prend pas beaucoup de place. Mais en fait, ce que j'ai aimé, c'est que Karan et Paro incarnent les rêves inaccomplis de Kishen. Il veut que son frère concrétise la vie qu'il n'a pas pu vivre lui-même. Il permet à Karan de faire des études, il l'aide à se marier, et veut qu'il ait sa maison, qu'il construise sa famille... Bref, l'amour entre Karan et Paro, 114

c'est le seul espace d'optimisme que nous donne cette histoire très sombre car ancrée dans le réel. C'est aussi les quelques séquences 'pur Bolly' que nous livre le film. On se retrouve pendant quelques instants dans un film hindi romanesque tant la relation entre Karan et Paro est douce et authentique, contrastant nettement avec la dureté du quotidien de Kishen et la gravité de ton de l'œuvre. Là, tu m'intéresses, même si c'est peut-être un peu trop métaphorique pour moi... Non, tu verras que le film reste très accessible. Mais du coup, Anil Kapoor joue un second rôle ? Pas vraiment, je dirais plutôt qu'il est le 'second lead' du film avec Jackie. Lui, il personnifie l'innocence, la droiture et l'idéalisme, là où Kishen incarne l'instinct de survie, la fatalité et la noirceur du milieu dans lequel il évolue. Il a un rôle assez intéressant parce qu'au début, il semble très lisse. Il a ce côté un peu naïf qui peut au début agacer face aux sacrifices qu'a fait son frère pour lui permettre de concrétiser ses objectifs. Mais très vite, il devient l'avatar honnête de son frère et lutte à son niveau pour que justice soit faite. Je ne peux pas t'en dire plus au risque de te dévoiler trop d'éléments de la trame, mais je peux te dire que le personnage de Karan évolue de façon très surprenante dans l'œuvre ! Anil est très juste, il avait à l'époque cette apparence très juvénile et guillerette. Le personnage lui va comme un gant ! Mais 1989... Les films hindi vieillissent mal, ça doit pas trop briller visuellement, non ? Ça tombe bien que tu en parles, parce que j'ai été frappée par la qualité ►


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technique, d'autant plus que, comme tu le dis très justement, la plupart des métrages de l'époque affichent une image et un style datés. La qualité de Parinda est franchement comparable à un film américain de cette période. On sent que Vidhu Vinod Chopra y a attaché de l'importance et accordé du soin. L'œuvre a effectivement très bien vieilli et permet d'apprécier l'histoire à sa juste valeur sans être distrait par un aspect négligé qui pourrait rebuter. Bon, si je résume, ça joue bien, c'est bien écrit et bien réalisé, c'est ça ? J'oublie Nana Patekar, exceptionnel en antagoniste écoeurant. Je crois qu'il a remporté un National Award pour ce film, qu'il mérite amplement. Il m'a traumatisé ! Je ne vois pas qui c'est... Tu vois, dans Shakti, avec Karisma Kapoor ? C'est lui qui jouait le beau-père impitoyable qui s'approprie le fils de Karisma. Ah lui ! Mais oui, je m'en rappelle, il était effrayant ! Et donc, il est dans le même registre ? Encore PIRE ! Et la musique ? Parce que c'est super important, la musique ! Et je suis d'accord avec toi ! D'ailleurs, C'est quand même l'une des légendes de la musique hindi qui a composé la bande-originale de Parinda. Qui ça ? A.R. Rahman ? Pritam ? Vishal-Shekhar ? Il faut revoir tes classiques, ma belle ! Car celui qui a dirigé la musique a inspiré nombre des artistes que tu

viens de citer. On doit la bande-son de Parinda au grand R.D. Burman. Je ne connais pas.. . Mais si ! Tu vois le film 1942 – A Love Story, avec Anil Kapoor et Manisha Koirala ? Je l'ai vu il y a longtemps, je me souviens de la chanson « Ek Ladki Ko Dekha To »... Voilà ! Et bien, c'est R.D. Burman qui a composé cette chanson ! La musique de Parinda est d'ailleurs très belle, même si je t'avouerais que le seul titre qui me soit resté en mémoire, c'est « Tumse Milke Aisa Laga », une ballade devenue culte. C'est le genre de morceau qui te rappelle à quel point les voix féminines de l'époque étaient magnifiques. Ca fait un bien fou de réentendre le timbre d'Asha Bhosle ! Bon, ça a l'air chouette mais déprimant, quand même... Carrément ! C'est pas un 'feel good movie', bien au contraire ! C'est à chialer ! Mais c'est le genre de films qu'il est bon de voir, comme pour se remémorer que le cinéma indien ne se résume pas qu'à la romance contrariée. C'est sûr, d'autant que moi aussi, j'ai tendance à l'oublier. Faut dire que je suis fan des romances... Ah mais moi aussi, ma belle ! J'en suis complètement dingue ! C'est avec ses films sentimentaux que j'ai été amenée à découvrir et à m'éprendre du cinéma indien, soyons claires ! Et j'aime les films romanesques à la Sanam Teri Kasam, Veer-Zaara, Jab Tak Hai Jaan ainsi que les romcom plus légères comme Salaam Namaste, Hum Tum et Jab We Met. Ça fait partie intégrante de l'identité du ►

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cinéma indien. Mais il y a aussi d'autres films, moins oniriques, qu'il faut aussi découvrir pour se rendre compte qu'au même titre que les autres industries, Bollywood s'est diversifié de tous temps et a cherché à expérimenter. D'accord, je le tenterai... Quand tu m'auras recommandé une romance ! Si c'est ce dont tu as besoin maintenant, tu peux te lancer dans les visionnages de Ishaqzaade, Band Baaja Baaraat, AkaashVani, Mujhse Fraaandship Karoge, Isi Life Mein, Ek Vivaah...Aisa Bhi, Hasee Toh Phasee, Humpty Sharma Ki Dulhania... Wahou ! J'en ai vu certains mais il y a même des titres que je ne connais pas ! Je regarderai l'un d'eux ce soir ! Et Parinda, je le verrai. Peut-être pas dans l'immédiat, mais j'essayerai...


Fes tiva l des Cin éma s Ind ien s de Tou lou se FÊTE SES 5 ANS E N AV R I L 2017 !

Le Festival des Cinémas Indiens de Toulouse a pour défi de proposer chaque printemps une sélection de films indiens aux spectateurs du sud de la France (auteur, populaire, intermédiaire, documentaire...) avec l'attribution d'un Prix du Public !

www.facebook.com/ ToulouseIndianFilmFestival


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S U LTA N M O T S PA R A S M A E

Un film sur la lutte... Salman Khan en slip kangourou... De la bagarre... Beaucoup de bagarre... J’ai peur... Très peur ! D‘autant plus que le dernier film en date que j’ai vu de Sallu, à savoir Bajrangi Bhaijaan, fut l’un des plus beaux moments de cinéma qu’il m’ait été donné de vivre depuis bien des années. En comparaison, je me dis donc que Sultan ne pourra jamais être à la hauteur, particulièrement au vu de ce nous vend sa bande-annonce : un métrage de sport, avec des scènes de combat à gogo et un Salman plus herculéen que jamais...

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Ma seule consolation : la présence de l’excellente Anushka Sharma au casting, qui a toujours eu le don de choisir des projets qui la mettent en valeur, et qui lui offrent des rôles aussi intelligents que précis. J’ai eu l’occasion de découvrir Sultan lors d’une séance française proposée par le distributeur Aanna Films et négociée par le Collectif BollyCiné. La salle était remplie, ce qui m’a clairement surprise pour une projection en Province. C’est toujours particulier de voir un film au cinéma, de le découvrir en même temps que plein d’autres, plutôt que d’en visionner une version


piratée sur son ordinateur. La sensation est différente, et c’est ainsi que toutes mes appréhensions d’alors se sont évanouies, pour laisser la place au plaisir de voir un film indien au cinéma, en toute quiétude et en présence aussi bien de fans que de curieux... Sultan (Salman Khan) est un quadragénaire meurtri. Il vit seul depuis que sa femme Aarfa (Anushka Sharma) l’a quitté. Pourtant, il était l’une des gloires de la lutte indienne et a remporté de nombreuses compétitions dans ce domaine. Aakash (Amit Sadh) cherche quant à lui à imposer la discipline du MMA en Inde, et souhaite solliciter une grande figure locale dans les sports de combat. Endetté jusqu’au cou et dans un ultime élan pour sauver son projet, il vient à Sultan pour lui demander de reprendre le combat, celui de toute sa vie... Sultan ne vaut pas Bajrangi Bhaijaan. Car Sultan est très différent de celui-ci.Je me demande même comment j’ai pu songer à la comparaison, leur unique point commun résidant dans la présence de Salman à leurs distributions respectives.

Clairement, Salman délivre sa meilleure prestation depuis des années avec ce métrage ! On le voit mûrir et passer du jeune amant dynamique à l'homme anéanti par les épreuves de la vie. Sans préciser laquelle, une scène vous tirera les larmes des yeux en plus de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Salman n'y prononce pas un seul mot. Pourtant, sa douleur nous atteint comme jamais. Ses gestes, son regard font tout le travail. On ne peut qu'accompagner sa détresse et pleurer avec lui. C'est à se demander si, à travers Sultan, le comédien ne libérait pas une part de sa propre souffrance tant il transpire d'authenticité dans cette séquence. Il n'y a guère que dans deux films où j'ai le souvenir d'avoir été à ce point bouleversée par le jeu de l'acteur : Tere Naam (sorti en 2003, avec Bhumika Chawla) et Kyon Ki (sorti en 2005, avec Kareena Kapoor). Entre temps, Salman s'est perdu, a signé un peu tout et n'importe quoi

pour ensuite s'imposer comme le 'masala boy' de l'industrie hindi avec des films populaires comme Wanted, Dabangg et Ready.

Mais depuis peu, l'acteur semble avoir trouvé son équilibre, et être surtout parvenu à effectuer le bon dosage dans ses projets, entre pur divertissement et film humaniste. C'est comme s'il était né de l'étrange mais fascinant métissage entre Sylvester Stallone et Tom Hanks ! Ses films parlent à tous, possèdent tous les ingrédients d'un masala populaire entre danse, romance et scènes de baston. Mais ils portent surtout en eux de vrais messages et génèrent de profondes émotions chez le spectateur, bien au-delà de leur fonction purement récréative. Salman a ainsi trouvé son credo : celui d'un cinéma grand public sans pour autant être dépourvu d'âme. Ali Abbas Zafar est l'un des cinéastes qui m'intéressent fortement depuis quelques années. Son premier film, Mere Brother Ki Dulhan, reste à mes yeux l'une des comédies les plus rafraîchissantes de cette décennie. Il a ensuite dirigé l'original Gunday, qui n'a malheureusement pas reçu l'accueil critique qu'il méritait. En tout cas, il est parvenu à surprendre en proposant des œuvres de qualité. Lorsque j'apprends qu'il réalise Sultan et qu'il dirige, de fait, Salman Khan, j'ai cependant quelques appréhensions. Je crains effectivement qu'on essaye de l'amener vers un cinéma qui ne lui ressemble pas. J'ai peur qu'on lui demande de constituer un métrage qui corresponde à ce à quoi Salman nous a déjà habitué, entre Kick et Ek Tha Tiger. Je crains qu'on veuille tout simplement qu'il s'oublie artistiquement pour se mettre au service d'attentes purement pécuniaires. Je me suis clairement méprise puisqu'il a offert au comédien un véritable rôle de composition avec Sultan, loin de ses personnages de brute épaisse impénétrable. Sultan est doux, sensible et vulnérable. ►

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Sultan montre ses failles et ses blessures. Sultan est un être humain, pas un surhomme. Encore moins un super-héros. Sultan nous ressemble dans ses rêves, ses déceptions et ses regrets. Et c'est pour ça qu'il nous touche avec autant de force.

Il y en a une qui constitue quant à elle la révélation de ce métrage, c'est Anushka Sharma. Lorsque j'apprends que l'une des actrices les plus pointilleuses de la jeune génération signe un film aux côtés de Salman Khan, je me dis une chose : on l'a perdu, la p'tite ! « Anushka ! Pourquoi tu vas jouer les faire-valoir dans une grosse production quand tu es en capacité de porter un métrage puissant sur tes seules épaules ? » Puis l'équipe du film dévoile un teaser portant sur Aarfa, le personnage campé par la jeune femme, et là... Grosse claque ! Anushka incarne une lutteuse, loin des rôles glamour et décoratifs de Jacqueline Fernandez dans Kick, Sonam Kapoor dans Prem Ratan Dhan Payo ou encore Sonakshi Sinha dans Dabangg. Lorsque je découvre le film, je comprends ainsi pourquoi elle l'a accepté, et surtout pourquoi Ali Abbas Zafar l'a sélectionné. Anushka est impressionnante, entre nuance et générosité. Selon moi, elle fait partie des rares actrices de la nouvelle génération à pouvoir réellement exister face à Salman Khan. C'est aussi l'une des rares avoir signé un vrai rôle de femme, fort et impactant, face au monument qu'est Sallubhai. A 28 ans, Anushka prouve ainsi qu'elle n'a absolument rien à envier aux Deepika, Priyanka et autres Kangana. A son rythme, elle devient l'une des grandes dames de l'industrie hindi, et Sultan le corrobore avec ce qui reste l'une de ses prestations les plus criantes de sincérité. Ancienne vedette de la télévision, Amit Sadh était révélé au cinéma en 2013 dans l'encensé Kai Po Che, face à Sushant Singh Rajput et Rajkummar Rao. Mais depuis, il lui manquait de nouvelles opportunités de faire valoir son talent. L'acteur

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campe ici Aakash, le mentor de Sultan. Avec ce film, il prouve qu'il a un potentiel incroyable, parmi l'un des plus sous-employés de Bollywood. Si son personnage demande à Sultan de défendre son projet sur le ring, le combat de cet homme pour une cause bien plus noble permet surtout à Aakash à donner du sens à ses actions et ses aspirations. Le métrage nous gratifie également de l'apparition remarquable (et remarquée !) de l'un des acteurs les plus captivants de ces dernières années : Randeep Hooda. On le retrouve dans la peau de Fateh, entraîneur de Sultan et star déchue des arts martiaux. Le comédien est toujours aussi impeccable, comme il a eu l'occasion de le prouver avec ses performances magistrales dans Rang Rasiya, Highway et plus récemment Sarbjit. Il avait déjà donné la réplique à Salman dans Kick mais ce qui frappe dans Sultan, c'est leur profonde complicité. C'est le soutien indéfectible dont fait preuve Fateh à l'égard de Sultan. C'est comme s'il souhaitait, à travers lui, retrouver la fierté qu'il a perdue. L'histoire de Sultan et sa soif de revanche viennent ainsi compléter celle, inachevée, de Fateh.

Côté musique, le duo VishalShekhar nous concocte une bande-originale de qualité, qui se veut moderne mais aussi ancrée dans ses sonorités indiennes. L'entraînante « Baby Ko Bass Pasand Hai » marque avec la danse loufoque de Salman et Anushka mais aussi grâce aux timbres de ses chanteurs Vishal Dadlani et Shalmali Kholgade. « 440 Volt » constitue une ballade rock 'n' roll à laquelle se marie parfaitement la voix du punjabi Mika Singh. Papon excelle quant à lui sur la touchante « Bulleya », teintée de nostalgie. « Tuk Tuk » illustre le quotidien d'un homme qui se bat contre la fatalité, le dos courbé et la tête baissé, mais sans jamais perdre sa verve. « Sachi Muchi » narre avec gaieté la relation qui se tisse entre Sultan et Aarfa, avec les timbres de Mohit ►



Chauhan et Harshdeep Kaur. La chanson titre que l'on doit à Sukhwinder Singh et Shadab Faridi possède un dynamisme comparable à celui de Sultan durant ses combats. Mais le point d'orgue de la bande-son reste la magnifique « Jag Ghoomeya », magistralement interprétée par Rahat Fateh Ali Khan. Sa version féminine portée par Neha Bhasin conclut par ailleurs admirablement le métrage.

en c o nc l usi o n Sultan est une œuvre prodigieuse, formidablement servie par son casting et qui donne à voir un Salman Khan plus authentique que jamais. Anushka lui donne merveilleusement la réplique, leur alchimie étant magnifiée par la réalisation soignée d'Ali Abbas Zafar, mise en valeur par la musique irréprochable de Vishal-Shekhar. Merci à Aanna Films d'avoir distribué cette œuvre,

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et surtout merci au Collectif BollyCiné de m'avoir permis de vivre le visionnage de ce superbe métrage dans des conditions optimales, sur grand écran et pas trop loin de chez moi. C'est grâce à leur travail de proximité que j'ai découvert ce petit bijou de l'an 2016, à côté duquel je serai certainement passée sinon, comme j'ai failli ne jamais voir Bajrangi Bhaijaan si ce n'était lors d'une séance exclusive au cinéma de Roubaix, encore une fois grâce à eux.

Sultan vaut la peine que l'on fasse de la route pour le visionner. Comme j'étais ravie d'avoir fait près d'une heure de route pour tomber sur le joyau qu'était Bajrangi Bhaijaan. Décidément, Salman n'a pas fini de me surprendre... Et de m'amener à l'aimer un peu plus avec chacun de ses films. ▲


c critique

SAALA KHADOOS M O T S PA R FAT I M A Z A H R A

Parmi les nombreux genres dans lesquels les métrages hindi n'osent que très peu s'aventurer se trouvent notamment les films de sport. Il n'existe que très peu de films basés sur le sport en Inde, et dans ceux qui existent, très rares sont ceux qui tiennent la route et parviennent à rester cohérents du début jusqu'à la fin, autant au niveau du scénario, de la cinématographie ou de la direction d'acteurs. Si durant la dernière décennie, nous avons eu droit à des films décents comme Chak De ! India (2007) mais aussi à des métrages beaucoup moins bons comme Dhan Dhana Dhan Goal (2007), l'année 2016 promettait un retour rafraîchissant de ce style avec Saala Khadoos. Le film a-t-il atteint son objectif ? ►

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Tourné en hindi et en tamoul de façon simultanée, le film raconte l'histoire d'Adi Tomar (R. Madhavan), un boxeur déchu qui, malgré son immense talent, se retrouve boudé par la profession. Dix ans plus tard, il devient le coach de boxeuses. Son chemin croise ainsi celui de Madhi (Ritika Singh) pour que leur aventure tumultueuse vers la gloire commence. Au-delà des personnages stéréotypés de ce genre d'oeuvres, avec le coach éternellement en colère et frustré, ainsi que l'élève têtue qui ne garde pas ses opinions pour elle, Sudha Kogara Prasad arrive à nous offrir un film globalement cohérent et intéressant. Bien que l'inspiration du script vienne clairement de l'oeuvre américaine Million Dollar Baby, ne nous voilons pas la face, nous sentons tout de même une certaine différence entre les deux histoires, principalement grâce à la dynamique Madhavan-Ritika. Pour une seconde expérience cinématographique, Ritika interprète correctement ses scènes, même avec de légers faux-pas de temps à autres. Peut-être que le résultat aurait été encore meilleur avec une actrice beaucoup plus expérimentée.

Et là où l'actrice principale du film ne marque pas les esprits, son partenaire rattrape largement le coup. Madhavan délivre avec Saala Khadoos ce qui peut être considéré comme l'une de ses meilleures performances dans un film hindi. Il plonge profondément dans son personnage, aussi bien émotionnellement que physiquement, à tel point que nous arrivons facilement à saisir sa colère, sa frustration et sa rage. Il arrive parfois même à le faire encore mieux que Shahrukh Khan dans Chak De ! India, qui tenait un rôle similaire. Après quelques années d'absence, R. Madhavan revient donc avec un bon rôle, et une très bonne prestation. Bien que le film ait sa part de défaut, il faut bien noter que ce qui fait de Saala Khadoos une expérience plutôt agréable, c'est bien sa vedette masculine.

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Malheureusement, la longueur du film ne joue pas en sa faveur. L'une des raisons pour lesquelles ce genre n'est que très peu apprécié par les cinéphiles quand un sujet similaire est traité à la sauce Bollywood, c'est la longueur. Pour une histoire aussi simple, étaler les événements sur environ deux heures est peu judicieux, surtout que cela laisse encore plus de place aux clichés. A titre d'exemple, les passages où la jeune femme tente de séduire son coach sont parfaitement inutiles et ne rapportent rien de conséquent à la trame. Tout ceci peut cependant être dépassé, si nous accordons plus d'attention aux différents messages sociaux que l'équipe du film essaye de faire passer. Car oui, pour une fois dans un film sportif, savoir qui va gagner et quand il va gagner n'est pas le seul enjeu de l'histoire. Entre autres, le manque terrible d'infrastructures dans les pays du tiers monde quand il s'agit de sport comme la boxe, mais aussi les questions de la corruption, du harcèlement sexuel, du pouvoir... Là où des films comme Mary Kom s'arrêtent, Saala Khadoos franchit le pas sans se stopper. Une preuve ? L'une des répliques les plus marquantes du film : « Pour monter les échelons dans la vie, il faudrait d'abord que tu te mettes à genoux ». Cela étant dit, le point fort de Saala Khadoos reste tout de même sa simplicité. A une époque où tout le monde cherche à jouer dans l'extravagance, Rajkumar Hirani offre dans sa production quelque chose de frais et d'authentique. Mis à part la prévisibilité de l'histoire, un film simple et sans grande complexité peut être agréable à voir de temps à autres. Avec deux personnages principaux qui semblent se situer aux deux côtés opposés d'un pont pour ensuite arriver au milieu ensemble et donc mieux se compléter, Saala Khadoos avait promis à son public une chose et il a réussi à la respecter : un film qualitatif, qui aborde un sport mais, au-delà de ça, qui traite des sentiments que ses protagonistes ont ressenti et des expériences qu'ils ont pu traverser. Au bout du compte, c'est


un film honnête, fait pour tout le monde et à travers lequel n'importe qui peut se retrouver. N'oublions pas qu'après tout, maintenant que tous les films se ressemblent d'une façon ou d'une autre, notre appréciation de tel ou tel métrage dépend principalement de notre capacité à nous y identifier.

De plus, Saala Khadoos arrive même à pointer du doigt certains sujets sensibles, qui vont plus loin que le drame habituel. Nous retenons surtout un dialogue poignant du film : "Sports Main Se Politics Hatake Dekho, Gali Gali Mein Champions Milenge." (Séparez sport et politique et vous trouverez des champions dans toutes les rues).

e n c o n clu sion Saala Khadoos n'est pas un film original quand il s'agit de son histoire, mais c'est une oeuvre riche en contenu dans ce qu'elle souhaite transmettre. Bien que

globalement prévisible, le réel délice du film réside dans la puissance de ces petits moments qui relatent de faits que nous vivons tous et qui nous touchent de façon universelle. ▲

3/5

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c critique

SANAM TERI KASAM M O T S PA R A S M A E

Dans le genre du drame romantique, on a donné aussi bien à Bollywood qu'en Occident. Il faut ainsi beaucoup de souffle, d'originalité ou de talent pour surprendre.Lorsque je suis tombée sur la bande-annonce de Sanam Teri Kasam, j'ai été soufflée ! J'étais complètement passée à côté de toute la démarche promotionnelle de ce métrage, privilégiant les vidéos, interviews et affiches de métrages comme Fitoor et Sanam Re, également sortis en février 2016.

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Pourtant, dès le visionnage du trailer, j'ai été happée par ce petit bout de femme, fagotée comme une bonne sœur et affublée de lunettes absolument hideuses. Son grain de voix, sa présence et son naturel me donnaient envie d'en savoir plus sur ce métrage. Je découvre ensuite qu'il est dirigé par le duo Radhika Rao et Vinay Sapru, auquel on doit le magnifique Lucky – No Time For Love (avec Salman Khan et Sneha Ullal) et le foireux I Love NY (avec Sunny Deol et Kangana Ranaut). De quoi espérer le meilleur mais également risquer le pire... La jolie héroïne au timbre éraillé est une actrice bien connue des fans de Lollywood : il s'agit de l'actrice pakistanaise Mawra Hocane, qui a surtout officié à la télévision. Pour lui donner la réplique, les cinéastes ont missionné Harshvardhan Rane, sorte de John Abraham au rabais qui a tourné plusieurs films télougous. Ce métrage lance leurs carrières respectives à Bollywood. Sanam Teri Kasam, c'est le genre de films que tu veux voir par curiosité, dont tu te dis qu'il te fera patienter jusqu'au prochain projet d'Aditya Chopra sans pour autant te combler totalement sur le plan romanesque. Tu le regardes comme un téléfilm du mercredi après-midi sur M6 sans vraiment savoir ce qu'on va te servir. Je m'installe donc dans mon canapé, avec mon plaid de mémé et mon paquet de chips bien grasses de chez Lidl, prête à passer un moment de romantisme léger et sans prise de tête, avec tout de même le petit espoir que la jeune Mawra Hocane se démarque comme je le pressentais en la voyant dans la bande-annonce... Le film commence et, pendant ses 154 minutes, je suis vissée sur mon canapé. Je ne touche pas à une seule de mes chips et la seule pause que je m'accorde, c'est pour aller chercher des mouchoirs.

Car Sanam Teri Kasam est un métrage bouleversant, saisissant et généreux. C'est un film qui ne fait pas dans la subtilité des sentiments : les héros pleurent beaucoup, souffrent à outrance et sont violemment arrachés l'un à l'autre.

J'ai été emportée par cette histoire d'amour excessive et clichée à bien des égards. Mais avant de vous faire part de mon analyse, reprenons la trame là où elle commence... Saru (Mawra Hocane) est une jeune bibliothécaire issue d'une famille tamoule conservatrice. Elle est mal dans sa peau et peine à rencontrer quelqu'un. Mais la tradition lui impose de se marier la première afin de permettre à sa petite sœur Kaveri (Divyetta Singh) d'épouser son petit-ami. De tentatives en désillusions, elle croit de moins en moins en l'existence d'une âme sœur pour elle. Son voisin Inder (Harshvardhan Rane) vient quant à lui de sortir de prison après une peine de 8 ans suite à un homicide. Ce grand tatoué ne peine en rien avec les filles, de son côté ! Ils n'ont rien de commun, rien qui soit susceptible de les lier l'un à l'autre. Pourtant, Saru et Inder vont vivre la plus improbable des histoires d'amour, aussi pure que violente... Difficile d'en dire davantage sans dévoiler ce qui fait le cœur de Sanam Teri Kasam. C'est un film romantique qui s'assume, qui tire à fond les ficelles du genre, aussi bien pour son histoire que dans sa mise en scène. Il n'y a rien de nouveau, d'inventif ou de surprenant dans Sanam Teri Kasam, si ce n'est sa capacité à nous embarquer entièrement dans cette idylle pourtant peu inspirée. En ce qui me concerne, j'ai été entraînée dans cette romance entre un bad boy sur le repentir et un vilain petit canard devenu cygne. Et même si le schéma est clairement déjà-vu, la proposition de Vinay Sapru et Radhika Rao a pour atout majeur d'être sincère et de ne jamais mentir au public quant à ses intentions. C'est le film lacrymal par excellence, le film qu'on recommandera à ceux et celles qui veulent « voir une histoire triste » comme pour évacuer, à travers son visionnage, leurs propres peines. Je pense que j'ai été quelque peu en projection avec Saru, ce qui n'est pas franchement difficile ! Beaucoup de jeunes femmes se retrouveront en elle, en particulier celles qui souffrent du « syndrome de la bonne copine ». Car en effet, moi comme Saru et sûrement d'autres filles, ►

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c critique

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nous avons la conviction de ne pas avoir le profil adéquat pour une grande et belle histoire d'amour. De ne pas correspondre aux attentes des hommes, de ne pas être suffisamment jolies, séduisantes ou raffinées pour leur plaire.

Saru est une fille normale, comme nous. Elle ne fait pas attention à son look. Elle est timide, maladroite et souvent trop gentille avec des hommes qui ne le méritent pas. Je me suis clairement retrouvée en elle, dans son désarroi et son manque de confiance en elle. Je me suis aussi vue dans le cadre rigide qui lui est posé, dans le conservatisme de son père, la propension de son entourage à colporter de fausses rumeurs et son sentiment de ne pas être entendue. Nous vivons dans une société qui facilite les jugements. Les réseaux sociaux ont d'ailleurs amplifié ce phénomène. Chacun se sent légitime pour juger son prochain, ses moindres gestes, ses actes et ses décisions. On condamne quelqu'un sans le connaître, sans avoir même pris la peine de comprendre et vérifier les faits que l'on dénonce. C'est exactement ce que vit Saru. Les gens s'arrêtent à ce qu'ils perçoivent lointainement d'elle sans creuser. Car le regard que le monde porte sur elle est superficiel, basé uniquement sur l'apparence et l'artifice. Inder est un écorché vif déguisé en bad boy. C'est un criminel de surface mais un prince charmant de fond. Je me suis demandée pendant une bonne partie du film s'il ne prenait pas Saru en pitié, s'il ne l'aidait pas par pure compassion. Mais plus on avance, plus on découvre la pureté des sentiments d'Inder, qui a cerné dès le début le potentiel de la jeune femme. Il l'embellit par son amour et veut offrir tout ce qu'il manque à sa bien-aimée. Il veut être son ami, son soutien, sa famille, son entremetteur, sa bonne fée... à défaut d'être son amant. Inder magnifie Saru, il a su déceler sa vraie valeur au-delà des apparences. Avec son aide, la jeune femme se découvre de nouvelles possibilités et s'autorise à atteindre ses objectifs. Il ne veut pourtant pas la changer. Il veut juste faire éclore aux yeux du monde sa splendeur et ainsi lui

permettre d'aspirer à la vie qu'elle mérite. Inder est un héros romantique dans tous ses aspects, qui rend l'objet de son amour plus beau pour le public. On dit que l'amour est aveugle, mais celui qu'Inder porte à Saru permet au monde d'ouvrir les yeux sur la beauté (intérieure comme extérieure) de la jeune femme. Ce qui est intéressant avec Sanam Teri Kasam, c'est qu'il nous émeut tout en nous stimulant. Il génère en nous des questionnements sur la nature des protagonistes, sur leur passif, leur identité profonde, leur souffrance et leurs espérances. Du début à la fin, je me suis interrogée et j'ai craint d'être laissée sans réponse. C'est en ce sens que le film est particulièrement intelligent : il nous permet de nous attacher aux personnages, de respecter leur rythme tout en nous amenant à nous questionner sur les zones d'ombre de leurs histoires personnelle et commune.

Le film s'appuie très largement sur ses acteurs vedettes et sur leur incroyable alchimie. Il n'y a guère de place pour les personnages secondaires, seuls Inder et Saru comptent. Pour les incarner, il fallait donc des interprètes forts, charismatiques, généreux et sincères afin de porter une telle histoire d'amour. Harshvardhan Rane est impressionnant. Il ne singe nullement John Abraham (auquel je le comparais allègrement au début de cet écrit). L'acteur délivre toute sa sensibilité avec ce rôle puissant de criminel au cœur d'or, prêt à tout pour celle qu'il aime sans rien attendre d'elle en retour. Le jeu du comédien est maîtrisé, comme pour équilibrer la largeur de celui de Mawra, plus en amplitude. Harshvardhan sait ce qu'il fait et y donne du sens. Mais c'est clairement Mawra Hocane qui explose dans ce métrage avec sa prestation magistrale. Comme elle le prouvait déjà dans la bandeannonce, la jolie pakistanaise dégage une aura unique à l'écran. Elle incarne Saru corps et âme, mettant sa voix et son naturel au service de ce personnage aussi complexe qu'attachant. Au même titre que son partenaire, elle mériterait largement tous les prix de Meilleur Espoir lors ► 131


des cérémonies de récompenses à venir. Hélas, je crains que les organisations des événements précités leur préféreront des débutants plus 'bankable' comme Pooja Hegde pour Mohenjo Daro ou Harshvardhan Kapoor dans Mirzya.

Sanam Teri Kasam est, dans son esthétique et son intrigue, niché entre l'univers très doucereux de Nicholas Sparks et celui, plus appliqué, du conte de fée. Assez étrangement, il m'a fait penser en ce sens à l'un des plus beaux films de l'année 2014 : Highway. Pour le coup, rien de commun entre ces deux films sur le plan scénaristique ou stylistique. Mais Sanam Teri Kasam comme Highway dépeignent une rencontre entre deux mondes, entre deux êtres que rien n'auraient pu unir si ce n'est la destinée. La référence à La Belle et la Bête est permanente dans chacun des métrages, de façon différente certes, mais suffisamment prégnante pour émettre un lien de corrélation entre les deux. Inder se qualifie de « bête » dans le métrage et ne se sent pas digne d'être aimé de la princesse en détresse qu'est Saru, tout comme Mahabir n'osait pas envisager d'avenir avec Veera dans Highway. Le parallèle avec la Belle et la Bête est encore plus pertinent dans la mesure où cette histoire d'amour est émancipatrice pour ses héros. Dans le conte de Madame de Villeneuve, il permet à la Bête de recouvrir son apparence de prince. Dans Sanam Teri Kasam, il aide Inder à se défaire de ses démons et permet à Saru de muer en une superbe jeune femme. On doit aussi la réussite de cette œuvre à la réalisation soignée et intimiste de Radhika Rao et Vinay Sapru. La photographie de Chirantan Das est authentique et restitue avec justesse la réalité des quartiers communautaires de Mumbaï. Rien de surfait ou d'excessif dans le visuel, le montage ou les décors. Le romantisme se trouve au cœur d'un théâtre désaffecté, dans une rose entreposée sur un pare-brise, dans un costume d'ours étouffant ou dans les pages d'un bouquin. Sanam Teri Kasam, c'est un romantisme qui parle à tous, un romantisme assez ordinaire qui n'a pas besoin de moyens pour s'exprimer. 132

Après avoir vu Sanam Teri Kasam, je me suis empressée de lire les critiques indiennes afin de voir si elles partageaient mon enthousiasme. C'est alors que je me suis aperçue que le métrage avait reçu un accueil très froid en Inde, malgré des scores corrects au box-office. Considéré comme poussif, fade et répétitif, les médias semblent être passés à côté de l'intention de Sanam Teri Kasam. On peut effectivement souligner des similitudes avec des films, hindi comme occidentaux, tels que Love Story, Mili ou Ankhiyon Ke Jharokhon Se. Mais le fond de Sanam Teri Kasam, ce n'est pas sa trame. Celleci ne sert au final que de théâtre pour mettre en valeur ses protagonistes. Car Sanam Teri Kasam, c'est une façon pour ses réalisateurs de parler d'un amour qui dépasse le passé, les échecs et les classes sociales. C'est une manière de porter un message d'amour unificateur et entier. D'un amour qui transcende les différences et l'apparat.

Sanam Teri Kasam est aussi un véritable film musical. Sa musique sert l'histoire et met en exergue les enjeux et tourments des protagonistes. La bande-originale de Himesh Reshammiya est non seulement réussie, mais surtout en total accord avec l'atmosphère du métrage. Ainsi, difficile de parler de la bande-son sans évoquer les séquences qu'elle illustre. Je vais donc éviter de dévoiler la trame de l'œuvre à travers ses chansons. Ce qu'il faut en tout cas retenir, c'est que les morceaux respectent les variations de tons dans le lien qui se tisse entre Inder et Saru, passant de chansons légères comme « Kheech Meri Photo » et « Ek Number » à des titres plus lancinants tels que « Tera Chehra » et « Bewajah ». L'album nous gratifie des voix singulières d'Arijit Singh, Ankit Tiwari ou encore Neeti Mohan.


en con clu sion Sanam Teri Kasam est l'un des plus beaux films romantiques de cette décennie à Bollywood, et sans nul doute le plus intéressant de 2016 (et ce bien que l'année ne soit pas terminée).

Il prouve ainsi que les bons films ne se trouvent pas forcément chez Dharma ou Yash Raj, ni avec un Shahrukh Khan ou une Kareena Kapoor en tête d'affiche. Je peux aisément classer Sanam Teri Kasam parmi mes films favoris tant il m'a bouleversé. Certaines scènes ne tarderont pas à devenir cultes, je ne peux donc que vous inciter à découvrir cette pépite que personne n'a vu venir. Au milieu des Bajirao Mastani, Kapoor and Sons et autres Dilwale, Sanam Teri Kasam a une saveur particulière, par sa sincérité et son humilité. Si vous souhaitez vivre une expérience cinématographique envoûtante, vous savez ce qu'il vous reste à faire : foncer vous procurer ce bijou dès que possible ! ▲

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c critique

TE3N M O T S PA R A S M A E

Lorsque nous avons décidé, en équipe, que l'un des films sur lesquels porterait la rubrique des critiques était Te3n, j'étais partagée. A la fois enchantée de (faire) découvrir ce film qui semblait atypique, et avec les excellents Amitabh Bachchan, Nawazuddin Siddiqui et Vidya Balan au casting. Un métrage de qualité qui s'annonçait, de quoi être ravie ! De l'autre, je n'ai pas forcément osé dire à mes collègues du magazine que je fuyais comme la peste ce genre de drames policiers et autres thrillers. Sans entrer dans les détails, j'exerce une profession dans le domaine de la protection de l'enfance, et je suis confrontée à l'enfance en danger et aux difficultés sociales à longueur de journée. Mon métier me passionne autant qu'il m'épuise. 134

C'est pourquoi, lorsque je rentre chez moi, la dernière chose dont j'ai besoin, c'est d'un film sombre et, de surcroît, qui porte sur la disparition irrésolue d'une fillette de 8 ans. Je préfère de loin regarder un bon masala, une tendre romance ou une franche comédie qui auront au moins le mérite de me redonner le sourire et de me permettre de prendre de la distance avec mon quotidien. Pour découvrir un film comme Te3n, je dois être dans de bonnes dispositions. Être en vacances ou dans un état d'esprit qui me permette de me préparer à visionner un métrage qui va me troubler et me heurter. Ce qui n'aide pas, c'est que je suis une vraie fontaine ! Je suis à fleur de peau, la souffrance d'un enfant ou les larmes d'une personne âgée me bouleversent. Alors


quand le film démarre et que je découvre le regard de détresse d'un Amitabh fatigué par la vie, je fonds en larmes ! Et ça ne fait que deux minutes que ça a commencé... J'ai peur de la dépression nerveuse d'ici la fin de l'œuvre... John Biswas (Amitabh Bachchan) a perdu sa petite-fille Angela alors qu'elle a été enlevée par un homme qui n'a jamais été retrouvé. Si sa mort remonte à 2007, il n'a jamais perdu l'espoir de retrouver l'homme qui lui a retiré son enfant. Mais aucune piste n'a été concluante. Depuis, l'inspecteur qui menait les investigations de l'affaire, Martin Das (Nawazuddin Siddiqui) a quitté la police et est rentré dans les ordres. La nouvelle enquêtrice, Sarita Sarkar (Vidya Balan), n'a pas d'éléments susceptibles de relancer les recherches. Mais le rapt du petit Ronnie, survenu dans les mêmes circonstances, va changer la donne...

Te3n est un vrai drame policier.

En ce sens, le rythme est lent et il est nécessaire pour le spectateur de rester attentif à chaque scène, chaque plan de caméra et chaque interaction entre les personnages pour suivre l'intrigue et ses multiples rebondissements. On reconnaît bien le style de Sujoy Ghosh (producteur de l'œuvre, qui a précédemment dirigé Kahaani), clairement inspiré du cinéma bengali. L'écriture du métrage est juste, le montage est intelligent. Le résultat est une véritable réussite.

La raison majeure de cette qualité réside dans la prestation éblouissante d'Amitabh Bachchan. Voici là le plus grand acteur de l'industrie hindi, toutes générations et tous genres confondus. A plus de 70 ans, il n'a jamais été aussi intéressant. Chacun de ses projets est unique et lui permet d'explorer de nouvelles facettes de son talent. Il ne se répète jamais et privilégie toujours une histoire stimulante à un blockbuster en perspective. De Shamitabh à Pink, en passant par Wazir et Piku, Big B prouve ainsi que l'âge n'a en rien atteint sa splendeur. Avec Te3n, il bouleverse encore dans

dans la peau de ce grand-père usé par un combat qu'il refuse d'abandonner. Il affiche un jeu subtil, nuancé et ne tombe jamais dans le mélodrame poussif. Sa vulnérabilité nous ébranle tant il est juste et généreux.

Pour lui donner la réplique, il y a l'excellent Nawazuddin Siddiqui. En ancien flic devenu homme d'église, il bénéficie d'un rôle assez classique de justicier mais qui lui permet de s'éloigner de ses prestations d'antagoniste de service. Il tient tête avec brio au géant Amitabh et nous donne surtout l'occasion de le découvrir en héros indirect, qui mène les opérations visant à retrouver l'enfant disparu. Vidya Balan nous gratifie quant à elle d'une apparition spéciale. Elle incarne ici la policière qui mène l'enquête relative à l'enlèvement de Ronnie. Si l'actrice est irréprochable, son rôle demeure hélas très réducteur. Elle est la femme limitée, qui n'analyse pas et qui se contente de constater des évidences. Le personnage de Martin lui rappelle (et nous rappelle surtout !) à quel point elle se trompe. Ce n'est franchement pas le rôle féminin le plus valorisant de la carrière de la brillante actrice. Mais dans la mesure où il s'agit d'une apparition amicale, qu'elle a acceptée pour défendre le film et soutenir son ami Sujoy Ghosh, on peut entendre que l'écriture du personnage de Sarita soit restée assez superficielle, pour laisser ainsi l'espace aux protagonistes que sont John et Martin. A travers la résolution de l'affaire, John recherche un apaisement, une paix intérieure et souhaite enfin s'autoriser à revivre et soulager sa culpabilité. Martin évoque quant à lui les nuits blanches qui ont découlé de ce drame et qui l'ont mené à quitter la police. Avec cette disparition et cette enquête relancée, chacun règle ses comptes avec lui-même. L'un pense y trouver la sérénité, l'autre y recouvrir sa dignité. De nombreux enjeux entourent cette affaire, dépassant largement la question de la justice. L'affaire a remué les maux de chacun et les a exacerbés. En la résolvant, ils aspirent à les solutionner ou, a minima, à trouver la force d'entreprendre un travail sur eux-mêmes pour les résorber. Il faut en tout cas souligner ► 135


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c

l'importance que de tels films existent à Bollywood. La nécessité, même, qu'ils atteignent les spectateurs indiens.

critique

Selon certains fans, le cinéma hindi serait en voie d'abrutissement. Te3n démontre l'exact contraire. Bollywood se diversifie, parfois pour le pire mais, bien heureusement, surtout pour le meilleur. Si des œuvres de l'acabit de Te3n existaient déjà dans les années 1980 et 1990, elles restaient reléguées au rang de « films d'art et d'essai » et donc destinées à une élite. Aujourd'hui, le cinéma dit « social » se popularise et est de plus en plus porté par des têtes d'affiche commerciales. Il suffit de voir que des stars de cinéma acceptent de figurer dans ce genre de films, comme s'il s'agissait d'un passage obligé ou d'un accomplissement artistique. On l'a vu récemment avec Deepika Padukone dans Piku, Anushka Sharma dans NH10 ou encore Alia Bhatt dans Udta Punjab. Les vedettes médiatiques se veulent désormais ambassadrices d'un cinéma fort et intelligible. La frontière entre œuvres divertissantes et films engagés se dissout de façon notable et permet de créer un pont entre les genres pour servir de vrais messages à travers les films. La musique sert de toile de fond à la lutte de John. Composée par Clinton Cerejo, elle accompagne les protagonistes dans leur quête de justice et de vérité. L'album constitué de 5 titres vaut clairement le détour et s'accorde parfaitement à l'atmosphère du métrage. De « Haq Hai » à « Rootha », en passant par « Grahan », tous les morceaux contribuent à instaurer l'ambiance de l'œuvre et à soutenir les tourments de ses héros. Mais la chanson qui m'a personnellement bouleversé reste « Kyun Re », dans sa version interprétée par Amitabh Bachchan lui-même. Ce titre déchirant voit son pouvoir émotionnel décuplé par la voix de son héros qui, à travers son timbre, exprime d'une autre façon la douleur causée par la perte de l'être aimé.

en con clu sion , Te3n est un film à découvrir pour son intensité, sa ferveur et sa sensibilité. Il permet d'apprécier une histoire saisissante, nichée entre le cinéma coréen et la série Cold Case, grâce à une distribution de haute volée. Amitabh Bachchan y est formidable, Nawazuddin Siddiqui impeccable et Vidya Balan tellement juste malgré un personnage assez mineur. Il fait partie de ces œuvres qui contre le sempiternel cliché d'un cinéma indien racoleur, niais à l'excès et peu inspiré.

Te3n illustre la force et la polyvalence du cinéma indien. Il incarne ce que le cinéma indien est également, allant ainsi bien au-delà des masala et des drames romantiques. Car le cinéma indien est truffé de films comme Te3n. Et si cette œuvre peut vous aider à vous ouvrir à ce genre de métrages, voilà la seule raison qui justifie que vous le regardiez.▲ 137


c critique

D I LWA L E

Dilwale constituait l'un des projets les plus attendus de l'année 2015. Réunissant le couple emblématique Shahrukh Khan et Kajol, il sortait le même jour qu'un autre métrage évènement de l'an : Bajirao Mastani. Rohit Shetty nous promettait une romance fidèle à son univers : punchy, rythmée et divertissante. Mais qu'en est-il réellement ? L'équipe rédactionnelle de Bolly & Co' s'est proposée d'analyser Dilwale par trois fois afin de vous restituer de la façon la plus exhaustive possible, ce que vaut l'œuvre qui réunit le 'jodi' le plus populaire du cinéma hindi après 5 ans d'absence...

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M O T S PA R A S M A E

Pour mes acteurs préférés, je peux supporter toutes les daubes possibles et imaginables. Je vais regarder avec une délectation indéniable leurs pires navets, comme des vestiges de leurs piteux débuts de carrière. Je peux supporter les looks improbables, les situations incongrues et le jeu surfait uniquement pour les beaux yeux d'un Shahid Kapoor ou d'une Konkona Sen Sharma (même si trouver des nanars dans la filmographie de cette dernière relève de l'exploit !). J'ai donc cette tendance à minimiser les défauts d'un film dans lequel figure un artiste que j'admire, manquant ainsi clairement d'objectivité lorsque je l'aborde.

C'était donc tout à fait consciente de mon amour aveugle pour le duo que forment Shahrukh Khan et Kajol que je me suis lancée dans le visionnage de Dilwale. C'est d'ailleurs avec eux que j'ai découvert Bollywood, au travers de leur film Kuch Kuch Hota Hai. C'était fait : j'étais tombée amoureuse du cinéma indien et, au passage, de leur incroyable alchimie. Chacune de leurs apparitions communes, aussi bien sur grand écran que dans les médias, opère sur moi un effet inexplicable, mêlant verve et émotion. Car Shahrukh et Kajol incarnent à mes yeux ce que doit être l'amour, ils incarnent la pureté des sentiments tout autant que leur force et leur ténacité. C'est ainsi que je vois Dilwale Dulhania Le Jayenge comme certains lisent

Roméo et Juliette, écoutent « La vie en Rose » de Piaf ou regardent Casablanca. Il s'agit pour moi du film romantique qui répond le mieux à mes valeurs et à ma façon de concevoir le couple. Parce que l'amour dans Dilwale Dulhania Le Jayenge est innocent et sincère. Il est altruiste et désintéressé. Il est vertueux et valeureux. On apprend à aimer avec un film comme DDLJ. J'ai d'ailleurs tiré nombre de leçons de vie des métrages de Shahrukh et Kajol. Avec Kuch Kuch Hota Hai, j'ai appris que le destin peut nous offrir l'opportunité d'aimer de nouveau, même après un échec douloureux ou une perte tragique. Avec Kabhi Khushi Kabhie Gham, j'ai appris le sens de la famille, mais surtout la valeur de nos parents. Avec My Name Is Khan, j'ai d'abord appris à accepter l'autre avec sa différence, pour ensuite intégrer la nécessité de prendre de la distance avec les amalgames et préjugés, portés hélas par certains médias. Je me suis donc demandée quel apprentissage j'allais bien pouvoir tirer de Dilwale, le film qui signe leurs retrouvailles après 5 ans d'attente. Puis j'ai vu la bande-annonce... La bandeannonce... Un carnage pour la romantique que je suis ! Des voitures qui explosent, de l'humour lourd à l'excès, une mise en scène criarde... Rien de propice au romantisme, rien qui puisse sublimer l'osmose que partage mon 'jodi' favori, rien d'authentique, de sincère, d'onirique... Que dalle ! Je sens la soupe commerciale à plein nez, et ça me donne la nausée ! Du coup, je m'inquiète :

Pourquoi diable Shahrukh et Kajol ont-ils choisi Rohit Shetty pour diriger le métrage de leur retour en commun ? Mon analyse est très simple : Shahrukh Khan a manifestement ce besoin pathologique de faire du chiffre et d'engranger d'énormes recettes avec des métrages commerciaux ►

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qui correspondent à ce que plébiscite le public. Depuis 2012 avec Jab Tak Hai Jaan, Shahrukh n'a délivré aucune performance d'acteur notable et a surtout enchaîné les masala bourrins, entre Chennai Express et Happy New Year. Pour autant, ses films ne sont jamais parvenus à égaler les scores au box-office des films de Salman Khan et Aamir Khan, ses concurrents directs. Avec Dilwale et surtout Kajol pour lui donner la réplique, il espérait sans doute fédérer suffisamment pour faire de cette production un succès populaire monumental. Et si Dilwale figure effectivement à la huitième place des films les plus rentables de l'histoire à Bollywood, ces résultats restent à nuancer au vu d'un élément majeur : les coûts de distribution du métrage. D'ailleurs, aucun distributeur n'a pu diffuser Dilwale dans les salles françaises, et pour cause : la boite de production de Shahrukh Khan Red Chillies Entertainment (qui finance le film et le distribue) avançait des prix exorbitants pour permettre au film d'être projeté en salles, une somme qui n'a pu être assumée par les petits distributeurs de notre pays, qui travaillent avec de petits moyens et ne peuvent donc pas se permettre d'acheter les droits d'un film dont la diffusion ne pourra en assurer le remboursement au minimum. Nous présumons donc que le film a dû rapporter gros à ses financeurs rien que dans les droits qui ont été cédés aux différentes salles de cinéma qui le projetaient. Il doit sans doute en être de même pour sa diffusion à la télévision, qui a dû coûter beaucoup à la chaîne de télévision qui en a acquis les droits. Voilà un moyen facile de se faire de l'argent, bien avant de comptabiliser les entrées du métrage et d'évaluer son succès auprès de l'audience.

De plus, si les recettes totales sont effectivement énormes (394 crore de roupies, soit près de 53 millions d'euros), les entrées du métrage déçoivent. Le film reçoit de plus un accueil critique assassin, certains acteurs de l'œuvre s'en désolidarisent, Kajol avouant même qu'elle regrettait de l'avoir signé. De quoi craindre le pire... 140

Et à juste titre ! Car Dilwale constitue l'une de mes plus grosses déceptions/dépressions de 2015, et c'est un euphémisme... Pire que le remake hindi de Kick, que la reformation des Spice Girls ou que la reprise de « Cette année-là » par le chanteur Yannick ! Un cataclysme !! C'est comme si on réunissait Tom Hanks et Meg Ryan pour un film des frères Farrelly !

Bref, pour la fan absolue du couple SRKajol que je suis, ce film sonne comme une insulte, comme un outrage à mon couple tant aimé. Mais il sonne surtout comme un gros foutage de gueule ! Je suis en colère (et ça se sent, je présume...) parce que les producteurs de ce grand n'importe quoi nous ont pris, fans du couple, pour des jambons. Ils pensaient sans doute qu'ils pouvaient se permettre de nous vendre n'importe quelle merde au prétexte que Shahrukh et Kajol avaient accepté un gros chèque pour y figurer. Et bien, non ! Dilwale m'a fait de la peine parce qu'il a en plus le culot de se prendre pour ce qu'il n'est absolument pas : une saga romantique ! Si je devais émettre un comparatif, Dilwale m'a fait beaucoup penser à un des films les plus bâclés de la carrière d'Indra Kumar : Ishq, déjà avec Kajol mais aussi Juhi Chawla, Aamir Khan et Ajay Devgan. Ce film faisait déjà l'expérience d'un casting de qualité littéralement englouti par une histoire ridicule, une mise en scène brouillonne et un montage dépassé. Ishq sortait en 1997. 19 ans plus tard, je suis non seulement triste mais surtout excédée de voir que ce manque de qualité technique et d'inventivité sévit toujours à Bollywood, encore plus lorsqu'il figure parmi les films les plus populaires de l'année 2015. Mais le crime est encore plus grand, puisque Dilwale n'est pas non plus sans rappeler La Famille Indienne par bien des aspects, mais aussi West Side Story, Usual Suspects, Kachche Dhaage... Il va donc sans dire qu'il n'y a guère d'originalité dans ce film, qui enchaine les situations convenues et prévisibles. Rohit Shetty fait du Rohit Shetty, et c'est ce qu'on pouvait


craindre de pire. Il ne se foule pas, mise tout sur les cascades grossières et l'humour lourdingue sans se soucier de la cohérence de son histoire. En parlant de trame, difficile de vous parler de l'intrigue de Dilwale sans vous dévoiler ce qui est susceptible, avec un peu de chance et de tolérance, de vous maintenir en haleine face à ce qui reste l'une des plus grandes arnaques de l'industrie hindi. Mais bon, j'y vais quand même... Veer (Varun Dhawan) aime Ishita (Kriti Sanon). Ishita aime Veer. Mais Veer aime aussi son grand frère Raj (Shahrukh Khan). Et Ishita aime aussi sa grande sœur Meera (Kajol). Sauf que Raj et Meera... STOP ! J'en ai déjà trop dit ! Et parce que le but de cet écrit n'est pas de vous spoiler, je n'en révèlerai donc pas davantage sur cette histoire qui, somme toute, est relativement facile à deviner.

Soyons clairs et objectifs : le film est d'un ennui mortel ! Il manque de souffle, de vérité, d'émotion, de subtilité et de délicatesse... C'est un film de mecs/merde qu'on a voulu emballer dans un papier cadeau rose bonbon à paillettes. On saupoudre/ inonde le métrage de références (pas du tout) subtiles à des anciens films des deux acteurs principaux, on fout des chansons magnifiques comme si une bande-originale de qualité suffisait à construire un long-métrage, et on nous fait avaler le tout comme si c'était le met le plus raffiné qui soit...

Sauf qu'on est surtout au bord de l'indigestion ! ► 141


SHAHRUKH KHAN SE CARICATURE. Il « fait le SRK » comme il semble s'y adonner depuis quelques années (j'avais déjà relevé cette agaçante tendance dans ma critique de Happy New Year, à retrouver dans notre précédente parution avec Aamir Khan en couverture), mais ne se livre jamais. Il sera pourtant nommé pour le Filmfare Award du Meilleur Acteur... Je ne vois pas en quoi il aurait mérité une telle distinction puisqu'ici, Shahrukh ne prouve rien. J'ai le sentiment triste que Shahrukh est devenu un acteur radin, qui ne se risque plus à arpenter des sentiers inconnus mais qui, a contrario, se répète quitte à en devenir fatigant. Lui dont j'ai pourtant toujours aimé la générosité et la grandeur d'âme... KAJOL REVIENT À BOLLYWOOD APRÈS 5 ANS D'ABSENCE AVEC CE FILM. Elle a refusé de nombreux métrages, dont l'ambitieux projet de Sujoy Ghosh (réalisateur de l'exceptionnel Kahaani, sorti en 2012 avec Vidya Balan), afin d'être disponible pour le tournage de Dilwale. L'actrice est fidèle à elle-même : naturelle, généreuse, cabotine à souhait... Autant dire donc qu'elle ne se foule pas ! Elle ne prend aucun risque avec ce rôle, qui constitue un pot-pourri de ses précédentes prestations dans Gupt, Hum Aapke Dil Mein Rehte Hain et Kuch Kuch Hota Hai. L'actrice est plus belle que jamais et est suffisamment pimpante pour faire passer le reste de la distribution pour de vulgaires amateurs. Et puisqu'elle est l'une des seules à réellement marquer les esprits (même si l'expression est ici franchement emphatique, au vu du carnage que constitue Dilwale), Kajol sera également pressentie pour le prix de la Meilleure Actrice lors des Filmfare Awards. Une nomination qui me laisse pantoise, en particulier dans la mesure où deux des meilleures interprétations de l'an 2015 (à savoir Kalki Koechlin pour Margarita... with a Straw et Richa Chadda pour Masaan) ont été injustement boudées par les organisateurs de la prestigieuse cérémonie.

VARUN DHAWAN FAIT LE GUIGNOL, Mais pour sa défense, c'est ce que le rôle lui demande. Il n'a aucun espace pour délivrer la moindre émotion et est ici réduit au statut de 142

bouffon de service. L'acteur est attendrissant de ridicule et suscite surtout la compassion/pitié du spectateur, qui se demande comment il a pu s'empêtrer dans une telle galère. Il vaut pourtant tellement mieux, en témoigne son jeu saisissant dans le thriller Badlapur, aussi sorti en 2015. KRITI SANON EST BELLE ET... C'EST À PEU PRÈS TOUT. Elle ne démontre rien dans ce qui constitue son second projet en hindi. Si elle était un peu plus marquante que Tiger Shroff dans Heropanti, la jeune femme est ici totalement transparente, littéralement avalée par les acteurs qui lui donnent la réplique. Son duo avec Varun est bancal, ce dernier dégageant une présence qui la dépasse.

La mise en scène et le montage restent fidèles au style 'Rohit Shetty'. Le résultat est donc logiquement grossier, clinquant et chargé à l'excès. Le cinéaste est dans la surenchère visuelle mais manque de générosité sur le plan émotionnel. Dilwale ne respire pas, il s'étouffe entre les scènes d'action explosives, l'humour gras et les séquences romantiques mielleuses.

M a is alors, rien n 'est à s a u ver dan s ce n avet ? Vr aimen t rien ?


Bien sûr que si. Tout d'abord, et c'est selon moi le point fort majeur de cette inénarrable bouse :

l'alchimie entre Shahrukh Khan et Kajol, toujours intacte. C'est donc un fait inaltérable : ces deux-là dégagent quelque chose d'unique ! A chaque film, on plonge et on est saisi par leur superbe complicité. Malgré les dialogues clichés, les situations téléphonées et certaines séquences qui auraient frisé le ridicule avec d'autres comédiens, le duo SRKajol est tout bonnement mirifique. Ils n'ont clairement jamais été aussi beaux que lorsqu'ils sont réunis. Et le film tient entièrement sur leurs scènes communes, qui permettent au spectateur de supporter le métrage jusqu'à son épilogue. On savoure chacun de leurs regards, de leurs échanges, chaque pas de danse avec délectation, même s'ils ne sont pas mis en valeur par l'écriture insipide de Sajid-Farhad et Yunus Sajawal. Shahrukh et Kajol n'ont pas besoin de plus. Leur osmose se suffit à elle-même et rend chaque apparition du 'jodi' toujours aussi féerique. En tant que fan absolue des SRKajol, j'étais dans un état de plénitude dès qu'ils étaient ensemble durant le métrage.

L'autre atout de Dilwale réside dans sa bande-originale. La musique de Pritam est tout simplement excellente, grâce à la présence forte de sons romantiques et surannés. La plus belle reste « Gerua », qui illustre les pérégrinations idylliques du duo iconique en Islande. Les voix d'Arijit Singh et Antara Mitra se marient parfaitement sur ce morceau enchanteur. Ils se retrouvent d'ailleurs sur un autre titre consacré à Shahrukh/Raj et Kajol/ Meera : « Janam Janam », qui met en image les retrouvailles de deux amants au lourd passé avec beaucoup de mélancolie.

» (l'original figure dans l'album mais pas dans le métrage), chanté par Arijit Singh, Nakash Aziz, Siddharth Mahadevan, Kanika Kapoor et Neha Kakkar. « Premika » a également été retirée du montage final malgré les voix agréables de Benny Dayal et Kanika Kapoor.

E n con clu sion Dilwale est un film réalisé « à l'arrache » dans le seul souci de ramasser du pécule. La direction d'acteurs est inexistante, le scénario va dans tous les sens et la mise en image manque de soin. Mon amour incommensurable pour SRKajol ne m'a pas empêché de voir les boulettes de ce Dilwale tant elles sont difficiles à occulter. On retiendra surtout la magie toujours aussi palpable entre Shahrukh et Kajol ainsi que la musique de l'œuvre, qui semble avoir été le seul point qui ait mobilisé du temps, du travail et de l'attention au sein de l'équipe.

Si les deux acteurs vedettes ne vous font pas rêver, il est inutile de vous infliger le visionnage de Dilwale. Et même si vous l'êtes, repassez-vous plutôt leurs grands classiques comme Dilwale Dulhania Le Jayenge, Kuch Kuch Hota Hai ou My Name Is Khan : dans ces derniers, il y a un script... ▲

Arijit est très présent sur cette bande-son, notamment sur la sublime « Daayre », qu'il interprète en solo. La sympathique « Manma Emotion Jaage », devenue un tube lors de sa sortie, met en valeur le couple des jeunes Varun et Kriti sur un son vif et moderne. Le film se conclut sur une version plus punchy du titre « Tukur Tukur 143


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D I LWA L E J E N ' A I PA S R É U S S I À F I N I R D I LWA L E . (et je ne m'en excuse même pas. Parce que je vais devoir le revoir, maintenant. Pour vous.)

Arrivée à la moitié de la seconde partie du film, j'ai abandonné. C'était il y a plusieurs mois et l'idée de devoir revoir le film pour écrire cette critique me fatigue par avance. Mais je dois le faire car j'ai oublié une bonne partie du métrage. Vraiment. Je me souviens des chansons, c'est certain, mais en dehors tout est assez flou. Il arrive parfois que revoir un film que nous trouvions mauvais, puisse nous aider à mieux le cerner et donc mieux l'apprécier. Je ne pense pas que cela va m'arriver. En réalité, depuis le lancement du

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projet par le réalisateur Rohit Shetty, je savais que j'allais détester. Je crois n'avoir aimé aucun de ses films. Et l'idée qu'il détruise la formidable image que j'ai du jodi Shahrukh Khan-Kajol m'avait énervé plus qu'autre chose. Avant que je replonge dans ce qui est, à mes yeux, une bonne blague à l'ancienne, je souhaite vous expliquer mon état d'esprit concernant les quatre acteurs principaux du film.

Après avoir vu Happy New Year et Chennai Express, le King Khan me fait peur.


J'ai constamment l'impression qu'il n'est pas à sa place. Kajol est un peu passée inaperçue à mes yeux après My Name is Khan, mais j'espérais que sa présence était la preuve d'un bon rôle. Enfin, Varun Dhawan représentait pour moi le seul élément prometteur dans le trio qu'il formait durant le film de ses débuts Student Of The Year. Je suis donc prête à suivre sa carrière de prêt, quitte à regarder un film simplement pour ses séquences de danses et chansons (cf Main Tera Hero). Ne sachant encore ni l'histoire, ni les rôles, je me doutais que Varun serait lié à Shahrukh Khan et j'imaginais très bien le duo ensemble. Quelque chose de dynamique et attendrissant. L'ajout de Kriti Sanon dans le casting (pour que Varun ait un cœur à conquérir) ne changeait rien. Elle est jolie, mais elle n'est pas forcément convaincante dans le genre. Je me disais que son rôle n'allait pas être très présent ni même d'une grande utilité.

Il arrive parfois que revoir un film que nous trouvions mauvais, puisse nous aider à mieux le cerner et donc mieux l'apprécier. Je ne pense pas que cela va m'arriver.

RETOUR SUR LA BANDE-ANNONCE. (pour me motiver, puisque les bandes-annonces, c'est fait pour nous faire croire n'importe quoi.)

Les 20 premières secondes s'écoulent déjà que je remarque l'effort sur le King Khan pour lui donner dix ans de moins. Encore une fois, il ne va pas être convainquant (cf Jab Tak Hai Jaan) à jouer les jeunots. Mais en même temps, ce n'est peutêtre pas sa faute, mais celle de Rohit Shetty : il pouvait très bien choisir des acteurs plus jeunes pour raconter l'histoire d'amour entre Jeune Kajol et Jeune SRK.

Varun et SRK sont frères dans le film et évidemment, Varun joue les jeunes rebelles adorables. Le genre de petit frère à faire des bêtises et qui a un grand frère pour l'aider à chaque fois. Il y a déjà trop de voitures... Ils font des courses ? Du trafic ? Puis les choses s'accélèrent. Un peu de comédie, une Kajol ravissante. Un méchant ridicule... Le tout devient un peu « too much ».

La voix du King retentit. Un dialogue cliché aux lèvres : « Tout le monde a un cœur, mais tous les cœurs ne sont pas forcément bons. » suivi de séquences en noir et blanc où on comprend que SRK n'est peut-être pas un personnage très gentil. Là, j'adhère. Je trouve ça intéressant. Même si je me doute que les scènes de combat vont être exagérées et complètement démentes. Soudain, Varun apparaît. Kriti aussi.

Et puis, changement de registre. On nous rappelle de nouveau que SRK est un mauvais gars. Et que son histoire d'amour, c'était il y a 15 ans. Il a fait quelque chose il y 15 ans. Quelque chose qui a tout détruit... Et boom. Musique. Tout ce qui est nécessaire pour vous convaincre que le film a du potentiel est là. On nous dit beaucoup, mais ça ne nous aide pas à comprendre l'histoire globale du film. On finit donc sur une note de « Ok, pourquoi il veut la tuer ? Qu'est-ce qui se passe ? » et un sentiment qui pourrait se traduire par : « - Bon, ok, j'irai le voir. Ça ne doit pas être mauvais. » ►

Tiens, double histoire d'amour ?

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A P R È S AV O I R R E V U D I L WA L E . (Sans aucune pause, sans rater aucune seconde, jusqu'à la fin. Je viens de perdre 2h30.)

Encore une fois, je me demande : Pourquoi Kajol a signé ce film ? La collaboration entre Rohit et SRK, ce n'est rien d'étonnant. Kriti et Varun ? Ils ont ce genre de films dans le sang. Mais Kajol... Je pense, à mon avis, et comme souvent quand un film est aussi mal écrit, mal conçu et mal joué, que c'était juste pour le fun. Et parfois, ce genre de film se regarde. Après tout, ma mère a adoré. L'histoire n'est pas originale. Malgré ses twists, ses flashback, ses longues séquences émotion, le tout ensemble ne donne rien de convainquant. On ne s'attache à aucun personnage. On a même du mal à comprendre ce qu'il va se passer et où le film va. Il y a beaucoup d'incohérence, d'improbabilité. Quelque part, rien ne nous permet de nous accrocher ou de vouloir tout regarder et la raison est simple : les personnages de ce film sont stupides. Ils ont des réactions et font des choix qui ne sont ni logiques, ni réalistes. Ou peut-être bien que le seul personnage « normal » est celui interprété par Kriti Sanon, qui fait un travail juste. Varun Dhawan n'arrive pas à nous convaincre et parvient même à nous irriter. Il sait pourtant gérer ses regards et lorsqu'il est seul à l'écran, que Veer prend un air sérieux, pendant quelques secondes, on n'y résiste pas. Mais le pire reste Kajol. Il y a un parfum familier lors de la première partie du film. On dirait un mixte d'anciens personnages. Elle brille quelques secondes, puis disparaît dans un jeu inexistant et recyclé. Et puis soudain, elle n'a plus aucune valeur, aucun intérêt. Rien ne justifie son comportement et cela perturbe. On a même l'impression que Kajol le sait et qu'elle ne fait rien pour arranger ça. Les autres personnages

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secondaires ont le même problème : ils surjouent, sans aucun sérieux, parce qu'après tout, c'est une comédie. Et le problème est là : les moments sérieux ne le sont pas à cause de cet univers de comédie grotesque. L'histoire, qui tourne en rond et qui prend parfois des directions imprévues, est loin de satisfaire. La seule personne qui interprète son personnage, c'est SRK. Et encore, le rôle n'est pas différent de ce qu'il a déjà donné par le passé. Là encore, le parfum familier qui entourait Meera, entoure également Raj/Kaali.

Sauf que SRK arrive à être son personnage sans problème, malgré quelques scènes où lui aussi, semble avoir oublié ce qu'être acteur signifie. La réalisation est aussi un grand problème dans Dilwale. Outre son problème de force surhumaine, les séquences sont mal ajustées et les transitions parfois trop lentes ou trop rapides. Après la première partie du film, la seconde est, évidemment, complètement bâclée et bourrée de défaut. C'est comme si Rohit Shetty avait eu différentes idées, différentes envies et qu'il avait tout amassé dans sa seconde partie. L'histoire de Yunus Sajawal aurait pu mieux être tournée, mais les dialogues de Sajid-Farhad sont parfois beaucoup trop exagérés. La musique est, naturellement, un atout. Mais les répétitions des deux séquences musicales en boucle durant tout le film finissent tout simplement par faire bouillir notre sang. Et dans tout ce mix, il y a les clins d'œil. Ceux des films de Rohit lui-même, ceux de films américains, ceux des films du couple mythique SRK-Kajol et j'en passe. Après 154 minutes, on est finalement bien contents que ça soit fini.


CONCLUSION (Il en faut bien une.)

FUYEZ, PAUVRES FOUS. À moins que les masala mal foutus signés Rohit Shetty vous plaisent. Là, je ne peux rien pour vous. ▲ M O T S PA R E L O D I E

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D I LWA L E Le couple que forment Shahrukh Khan avec Kajol dans les films est incontestablement l'un des couples les plus adorés du cinéma indien. Personnellement, je n'ai jamais ressenti une vraie admiration pour ce jodi, ayant toujours préféré voir Shahrukh avec Rani Mukherjee ou Madhuri Dixit, mais même moi je ne peux nier l'effet que pourrait générer ces deux noms affichés sur le poster d'un film. S'il y a bien une chose que ces deux savent faire ensemble, c'est la romance. Qu'en est-il quand ils portent un film comme Dilwale, où même cette romance n'est pas réussie ? 148


Dilwale est le genre de film tellement promu comme étant LE film de la décennie que, même si vous avez passé les deux dernières années dans une cave, vous devez en avoir entendu parler au moins une fois. Signé Rohit Shetty, ce film représente un cirque Bollywoodien dans toute sa splendeur ! Shahrukh Khan, bientôt 51 ans, continue de jouer le rôle d'un « jeune » homme de la vingtaine. Kajol, bien qu'en tenant le rôle-titre et utilisant des armes à feu de temps à autres, ne sert à rien à part à tenir tête à SRK dans une nouvelle histoire à la "je t'aime, moi non plus". Varun, supposé être un acteur au talent immense, ne fait rien à part l'idiot. Kriti, quant à elle, est là pour servir de décor.

Tous ces valeureux soldats sont dirigés par le seul, l'unique Rohit Shetty, qui fait ce qu'il sait faire de mieux : des films à la Rohit Shetty. Il nous met tous ses ingrédients habituels : des voitures qui explosent dans tous les sens, des blagues qui s'approchent dangereusement de l'homophobie et du sexisme, bang-bang, un éternel homme-enfant qui n'a jamais aimé de sa vie, le coup de foudre au premier regard, l'amour intense après deux jours de relation, une histoire tirée par toutes les ficelles, quelques acteurs secondaires qui sont là pour faire les clowns, et une fin heureuse avec une scène qui regroupe presque l'intégralité du casting... Bref, un film à la Rohit Shetty.

L'histoire du film, dans le fond, est très simple : Raj (Shahrukh Khan) et Meera (Kajol) vivent le grand amour, chose qui ne plait pas forcément au père de notre héroïne, car voyez-vous, Raj est le fils - adoptif - de son pire ennemi. Leur histoire d'amour est donc impossible et suite à certains événements, leurs chemins se séparent pour se retrouver 15 ans plus tard. Afin de compliquer les choses, ajoutez au délire un petit frère au héros et une petite sœur à l'héroïne. Ce nouveau jeune couple s'aime

à la folie - après une rencontre seulement, mais chut, c'est un détail - et décident de s'unir. Arriveront-ils à le faire même si Meera en veut terriblement à Raj ?

Bien que le budget du film était phénoménal, la majorité de cet argent n'a pas été investi dans ce qu'il fallait vraiment : un script. Au lieu de ça, les producteurs ont préféré miser sur des effets spéciaux inutiles, en transformant notamment la chanson Gerua, qui était pourtant tournée dans quelques uns des plus beaux endroits au monde, en un maudit fond d'écran de Windows 98 ! Ce film fait partie d'une liste interminable des « erreurs que les acteurs regrettent avoir fait instantanément après leur sortie », même s'ils ont accepté d'y prendre part de leur plein gré en pensant qu'étant donné leur statut de star, ils pouvaient se permettre de signer tout et n'importe quoi. (Akshay Kumar et ton Joker, I'm looking at you !). Blagues à part, l'histoire du film et son enchaînement général sont d'une idiotie monumentale. On a beau utiliser le tag « divertissement » pour justifier toutes les mauvaises blagues que ce métrage peut contenir, mais tout est basé sur des détails inexpliqués : Comment se peut-il que le petit frère de Raj ne se doute pas une seconde du passé de sa famille, supposée être une des plus grandes mafias ayant jamais existé ? S'il n'a pas appris à ouvrir un journal plus petit, il pouvait facilement rechercher le nom de son père sur Google plus grand, non ? Pourquoi tous les gangs en Bulgarie sont menés par des indiens ? Pourquoi Raj ne s'alarme pas du fait que Meera soit totalement OK avec son métier de gangster ? Parce qu'il faut l'avouer, les gens normaux ne seraient pas réjouis de faire ami-ami avec un criminel sans avoir d'arrière-pensée... ► 149


Toutes ces questions, et bien d'autres, n'auront jamais de réponse. Ne parlons même pas du plan machiavélique de Meera, qui peut être résumé comme suit : prétendre être une artiste et faire son petit commerce quelque part, en espérant que Raj tombera sur elle, la remarquer, tomber amoureux d'elle en seulement deux jours avant de lui dévoiler ses plus terribles secrets. Super plan. Oui, parce que c'est beaucoup plus facile que de laisser ses hommes le surveiller 24h/24, 7j/7, jusqu'à ce qu'ils découvrent ce qu'ils comptent faire. Logique.

e n c o n c l usion La logique est bien un concept que ce film ne comprend pas. Si vous vous attendez à trouver un minimum de cohérence entre les scènes, les différentes parties de l'histoire et les réactions des personnages, passez votre chemin. Dilwale n'est absolument pas fait pour vous ! Pour résumer, Dilwale n'a absolument rien de nouveau à offrir. En fait, il n'a rien du tout à offrir : ni d'humour, ni de divertissement, ni de sentiment, ni rien. Pour ma part, je ne donnerai même pas 1/5 au film : à éviter absolument.

P.S : Rohit Shetty devrait songer à faire Cars 4 en 2020, vu son amour incommensurable pour les voitures.

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EO Y Ent erta inm ent SINCE FEB.13.2016 EOY Entertainment est le premier média à présenter l'avis du public en France pour les films indiens. Nous sommes en partenariat avec tous les distributeurs de films indiens de France et nous soutenons toujours les artistes et musiciens indépendants. Bientôt EOY Entertainment va mettre en place EOY Records pour produire des musiques et courts-métrages en France.

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n news

LES 5 NEWS DRAVIDIENNES À NE PAS MANQUER ! M O T S PA R A S M A E

Allu Arjun fait ses débuts... à Kollywood ! Il s'agira en effet d'un projet bilingue, qui sortira en télougou et en tamoul. Allu Arjun est l'une des vedettes incontestées de Tollywood et plusieurs de ses projets ont été doublés en malayalam, forgeant ainsi sa solide popularité au Kerala. Mais Bunny n'a jamais tourné pour le cinéma tamoul. Pour cette production d'envergure, il donnera la réplique à l'une des révélations de cette année 2016 : la jeune Keerthy Suresh. PHOTO CI-CONTRE : ALLU ARJUN LORS DU LANCEMENT DE SON PROCHAIN FILM : D U V VA D A J A G A N N A D H A M .

Tamannaah ne devait pas jouer dans la suite de Baahubali. Baahubali est devenu un phénomène lors de sa sortie en 2015. Tamannaah en était l'une des héroïnes avec Anushka Shetty et Ramya Krishnan. Pourtant, son personnage ne devait pas être inclus dans la suite du métrage, qui sera disponible en salles dès l'année prochaine. Mais face aux retours positifs dont l'actrice a fait l'objet, le réalisateur S.S. Rajamouli a décidé de réintroduire le personnage d'Avanthika dans cette séquelle des plus attendues. P H O T O C I - C O N T R E : TA M A N N A A H D A N S L E F I L M B A A H U B A L I , P R E M I È R E PA R T I E

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Sai Pallavi dans son premier film tamoul ? La révélation du phénomène malayalam Premam serait en pourparlers avec le réalisateur Selvaraghavan (accessoirement frère de l'acteur Dhanush) afin de figurer dans son prochain métrage. L'acteur Santhanam y serait son partenaire, pourtant plus coutumier des seconds rôles comiques. P H O T O C I - C O N T R E : S A I PA L L AV I D A N S LE FILM PREMAM.

Nivin Pauly face à Aishwarya Rajesh ! Le bellâtre de Mollywood fait son chemin doucement mais sûrement ! Après avoir signé son second film tamoul, il sera à l'affiche de la prochaine réalisation de Sidhartha Siva, dans laquelle il jouera avec Aishwarya Rajesh, révélée à Kollywood dans Kaaka Muttai. L'oeuvre devrait sortir en mars 2017. P H O T O C I - C O N T R E : N I V I N PA U LY D A N S L E F I L M J A C O B I N T E S WA R G A R A J YA M

Pragya Jaiswal signe un nouveau métrage ! La jeune comédienne révélée à Tollywood dans l'encensé Kanche sera l'héroïne de Gunturodu, œuvre en langue télougoue avec Manchu Manoj pour lui donner la réplique. Le métrage constituera un pur divertissement, assez éloigné du caractère engagé de son premier film. P H O T O C I - C O N T R E : P R A G YA J A I S WA L D A N S LE FILM KANCHE.

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l

lumière sur

S A I PA L L AV I une star pas comme les autres... M O T S PA R A S M A E

En un film, elle s'est imposée comme un véritable phénomène dans le souscontinent. A seulement 23 ans, Sai Pallavi est devenue la 'Malar' du Kerala tout entier, qui l'a investi comme le nouvel espoir de l'industrie de Mollywood. Bolly&Co' vous propose de découvrir la jeune femme qui a conquis le sud du sous-continent par son aplomb, son esprit et sa spontanéité... Sai Pallavi est née durant un mois de mai (on ignore si c'était durant l'année 1992 ou 1993) dans la petite ville de Kotagiri, au Tamil Nadu. On en sait peu sur son enfance et sa famille, seulement qu'elle pratique la danse depuis toujours. Ses proches constituent son moteur, et elle n'hésite pas à les remercier lorsque se concrétise l'un de ses projets. En 2008, la jeune fille participait à l'émission de danse Ungalil Yaar Adutha Prabhu Deva, diffusée sur la chaîne tamoule Vijay TV, pour ensuite être également candidate du programme de danse télougou Dhee Ultimate Dance Show pour ETV Telugu. Dans la foulée, elle tient un rôle mineur dans le film de Kollywood Dhaam Dhoom, où elle campe l'amie de l'héroïne Kangana Ranaut.

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Suite à son passage à la télévision, elle reçoit plusieurs offres pour le cinéma, sur lesquelles elle se rue instinctivement. Mais ses parents font barrage, arguant qu'elle doit d'abord poursuivre ses études. « J'ai protesté mais maintenant, je comprends leur raisonnement. J'étais très immature et je n'aurais jamais eu le courage de dire 'non' à qui que ce soit. Maintenant, je sais que quelque que soit le prestige d'un film, j'ai le droit de m'interroger sur la façon dont mon image va être utilisée à l'écran. Aussi, je n'ai pas à me battre pour n'importe quel rôle, dans la mesure où j'ai une autre carrière à côté. » En 2011, elle jouait dans le court-métrage tamoul Kaatchi Pizhai. Elle y porte une histoire aussi romantique que tragique, démontrant qu'elle avait déjà le potentiel des plus grandes à cette époque. Si elle est d'origine tamoule, c'est pourtant à Mollywood que la jolie Pallavi fait ses débuts dans un rôle principal avec le formidable Premam, sorti en 2015. Le réalisateur Alphonse Putharen (auquel on doit l'encensé Neram) la découvre dans un spot publicitaire et lui propose de camper Malar, une jeune professeure qui tombe sous le charme du séduisant Nivin Pauly. En tamoule calme ►



et mesurée, elle excelle et a rendu son personnage très populaire auprès des spectateurs. Pourtant, la jeune femme était persuadée de ne pas avoir été convaincante : « Le jour de la sortie (du film), j'ai appelé Nivin et Alphonse en larmes, certaine que ma prestation dans la peau de Malar serait critiquée négativement. » Au contraire, la jeune femme marque les esprits et reste la révélation de ce métrage. C'est en particulier la séquence durant laquelle elle exécute un dappankuthu très énergique (une danse qui est de coutume plutôt réservée aux hommes) qui en a fait la mascotte de Premam. Dans cette œuvre magnifique, on découvre un petit bout de femme totalement naturel, qui s'assume sans se cacher derrière des couches de fond de teint et qui n'en demeure pas moins superbe. Alphonse Putharen a effectivement demandé à son actrice vedette de ne pas se maquiller, pour « aider les jeunes filles à avoir confiance en elles ». La jeune femme avouera avec émotion : « (Au final), c'est moi qui ai gagné en confiance. » Sa prestation lui vaudra de nombreuses distinctions, notamment le prestigieux South Filmfare Award du Meilleur Espoir Féminin, qu'elle partage avec Pragya Jaiswal (sacrée pour le film de Tollywood Kanche). Dans son discours de remerciements, elle souligne le soutien indéfectible qu'elle a reçu de la part de son réalisateur : « Cette dame noire (effigie du trophée des Filmfare, ndlr) est la meilleure chose qui me soit arrivée. Je suis très émue. Je ne suis pas en mesure de m'exprimer davantage. Cela n'aurait jamais été possible sans Alphonse Putharen. Tout le mérite lui revient. Merci également à Nivin Pauly. » Si elle retourne ensuite en Géorgie pour ses études, Pallavi prend un mois de congés pour tourner son second métrage, face au populaire Dulquer Salmaan.

C'est ainsi qu'on la retrouve en mars 2016 dans le saisissant Kali. Dans la peau de l'épouse généreuse d'un homme au tempérament de feu, Pallavi prouve que son talent s'inscrit dans la durée et n'est pas inhérent à un seul projet. 156

Et bien qu'elle ne parle pas le malayalam couramment, elle a tenu à poser sa voix pour le film, qu'elle a doublé elle-même. Le film composait pour elle une expérience intense et éprouvante. « Certains jours, le tournage commençait à 9h pour se terminer à 3h du matin. » On la découvre plus ample dans son jeu, avec des scènes qui la poussent à se surpasser. « Je n'aurais jamais pensé être en capacité de pleurer devant tant de gens qui me regardent. Je suis touchée par cette expérience. » Plus tard dans l'année, elle était diplômée de médecine et arborait fièrement le titre de Doctoresse, qu'elle a obtenu à Tbilissi, la capitale géorgienne. Lorsqu'elle reçoit le SIIMA Award du Meilleur Espoir Féminin, c'est d'ailleurs l'inscription 'Dr Sai Pallavi' qui figure sur son trophée. Lorsqu'on lui demande pourquoi elle a entrepris des études de médecine, elle répond : « mon but, c'était d'aider les gens à se sentir mieux, à trouver ce qui allait et ce qui n'allait pas. [...] J'ai toujours voulu mener des actions de prévention et expliquer l'importance de respecter son corps et de travailler pour son bien-être. »


Lors d'un photoshoot pour un célèbre magazine, la jeune femme apparaît fardée de maquillage et affiche un look plus sophistiqué. Ses fans se sont alors manifestés en masse afin qu'elle reste fidèle à elle-même : naturelle !

Ses joues roses, ses cheveux ondulés et ses boutons font partie intégrante d'elle ainsi que de l'image de fraîcheur et d'authenticité qu'elle a dégagée dès son premier film.

P H O T O S PA G E D E G A U C H E ET CI-DESSOUS I N S TA G R A M / S A I _ PA L L AV I 9 2

On la retrouvera prochainement dans son premier métrage télougou, Fidha, face au prometteur Varun Tej. Cette comédie romantique sera dirigée par Sekhar Kammula (auquel on doit les succès Anand et Happy Days) et produite par Dil Raju (qui a financé des œuvres populaires comme Parugu, Maro Charitra et Mr. Perfect). Elle a dû refuser de travailler avec Ajith sur son 57ème film car le tournage démarrait en même temps que ses derniers examens. Si elle devait prendre part au prochain film de Mani Ratnam (avec l'acteur Karthi), la belle sera finalement remplacée par Aditi Rao Hydari suite à des changements décisifs dans le scénario.

Elle n'en est qu'aux prémices de sa carrière. Pourtant, on peut d'ores et déjà annoncer à Sai Pallavi un parcours riche en œuvres nouvelles, prestes et attachantes. L'actrice possède en elle une identité forte ainsi qu'une maturité que peuvent lui envier nombre de ses consœurs, trop occupées à enchaîner les blockbusters pour se soucier de la consistance comme de l'impact des rôles qu'elles tiennent au cinéma. Sai Pallavi sera sans nul doute l'un des nouveaux visages d'un cinéma dravidien rationnel et sensible, dans la lignée de la nouvelle génération d'acteurs malayalee que sont Nivin Pauly, Dulquer Salmaan, Nazriya Nazim ou encore Parvathy... ▲ 157


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critique sud

PREMAM M O T S PA R A S M A E

Il y a des films comme ça qui vous bouleversent, qui touchent votre cœur et qui font écho à votre histoire. Il y a des films qui vous donnent des leçons de vie profondes, qui vous font même grandir à certains niveaux. Premam fait partie de ces expériences cinématographiques formatrices et riches en enseignement. Parce que le cinéma malayalam possède ce supplément d'âme qui lui est propre. C'est donc sans surprise mais avec beaucoup d'émotion que Premam m'a touché. Il m'était déjà impossible de passer à côté de Premam pour une seule raison : Nivin Pauly. C'est effectivement mon acteur préféré au Kerala, celui qui m'a permis de littéralement fondre pour cette industrie avec la romance Thattathin Marayathu (oui, je sais, je suis vraiment lourde avec ce film...). Surtout, il a su se réinventer au fil de ses projets tout en assurant des succès commerciaux au boxoffice local. Premam est à ce jour son plus gros plébiscite populaire, en plus de l'accueil dithyrambique qu'il a reçu. Dans Premam, on suit le cheminement sentimental de George (Nivin Pauly) de ses 16 ans jusqu'à la trentaine. En tombant amoureux, il apprend sur lui-même et sur sa capacité à évoluer pour muer en une personne plus responsable et modérée. 158

Les femmes qui ponctueront sa vie vont surtout l'amener à devenir un homme meilleur, pour également muer en un meilleur amant... Difficile de s'étendre sur l'histoire de Premam sans dévoiler ce qui en fait tout l'intérêt. Mais Premam dépasse largement le film romantique classique. Il se regarde comme un road-movie métaphorique. Où le voyage est affectif, existentiel et moral plutôt que géographique. Au contact des femmes qui marqueront son parcours, il mûrit et en apprend davantage sur lui-même. En les aimant, il se découvre et s'autorise à aspirer à la vie qu'il mérite. Et ce même si ces relations résultent en échecs...

Car après tout, il n'y a que dans les films un peu sirupeux que le premier amour est authentique et unique. Dans la vie, on passe par des désillusions, ►



des espoirs déçus et des rejets avant de rencontrer LA personne qui nous aime et nous comprend sincèrement. George a aimé chaque femme comme si elle était la seule, comme si c'était la bonne. Le fait que ces dernières n'aient pas éprouvé la même chose n'a cependant jamais ébranlé sa foi dans le sentiment amoureux, ni son envie d'aimer de nouveau, avec l'entièreté et la générosité qui le caractérisent.

Ce qui fascine dans Premam, c'est la qualité de l'écriture de ses personnages. L'œuvre est un véritable récit de vie fictif. Elle ne cherche jamais à illustrer des personnages extravagants ou excessifs. Rien dans la mise en scène, dans les décors ou les espaces ne semble surfait. On s'identifie à George et ses partenaires avec une facilité déconcertante, et ce sans être malayalee ou même indien. Les portraits que nous dépeint Alphonse Putharen dans son métrage ont en effet le mérite de nous ressembler et de nous parler. Le cinéaste nous offre une palette de personnages humbles et authentiques, loin des héros racoleurs de Bollywood. Même si je vais sans doute radoter par rapport à mes critiques antérieures des films de Nivin Pauly (cf Thattathin Marayathu, Bangalore Days et Ohm Shanthi Oshaana dans les précédentes parutions du magazine), l'acteur est tout bonnement exceptionnel dans Premam. Il s'agit pour moi de son rôle le plus travaillé, bien qu'il ait déjà surpris par le passé dans des registres différents avec Neram et 1983, par exemple. Dans Premam, il prouve que le registre romantique peut regorger de fraîcheur et de sagacité. Bien qu'il soit devenu un véritable ambassadeur du genre à Mollywood, l'acteur ne se répète jamais et campe des personnages aussi différents qu'attachants dans chacun de ses projets. Dans ce film, on le découvre de la même manière que Nazriya Nazim dans Ohm Shanthi Oshaana (leur film commun de 2014) : il grandit effectivement sous les yeux du spectateur, passant de l'amant naïf et spontané à l'homme mature et réfléchi. Nivin est toujours juste et modéré. Il me fait penser à des acteurs hindi tels que Randeep Hooda ou Abhay Deol, qui

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mesurent leur jeu sans jamais manquer de naturel, et qui n'hésitent pas à camper des personnages loin de faire rêver, mais qui procurent au spectateur le sentiment d'être entendu et considéré. Face à lui, trois actrices lui donnent la réplique, chacune représentant l'incarnation de l'amour de George aux différentes étapes de sa vie. Anupama Parameswaran y est Mary, le premier amour de George. En jeune fille ingénue, elle touche dans un rôle pourtant assez limité. On retiendra sa beauté brute, avec ses cheveux frisés et son visage de poupée. Madonna Sebastian est Celine, celle qui côtoie l'avatar mature de George. Son jeu nuancé donne du corps au personnage de Celine, qui n'apparaît pas longuement à l'écran mais marque par sa douceur et sa gentillesse. Mais la révélation de ce long-métrage demeure Sai Pallavi. Elle a 23 ans lorsqu'elle signe Premam, son premier rôle majeur après une apparition anecdotique dans le film de Kollywood Dhaam Dhoom. Elle y incarne Malar, une professeure d'origine tamoule de laquelle s'éprend George durant ses études. La jeune femme est rayonnante dans un rôle tellement pur. L'actrice ne se maquille pas et s'assume telle qu'elle est : éclatante ! En plus de jouer à la perfection, Sai Pallavi danse formidablement et partage avec Nivin Pauly une complicité remarquable.

Les deux comédiens s'accordent à merveille et leur fraîcheur respective se marie impeccablement afin de servir la sincérité de leur histoire d'amour. Au cinéma, l'amour est sacralisé et la souffrance qui en découle est légitimée comme la preuve de son importance. Concrètement, plus on a mal, plus on aime. L'amour doit être désintéressé, en particulier lorsqu'il est à sens unique. On ne peut aimer qu'une fois avec la même force et la même loyauté. Or, Premam prend justement le soin de contrer cette représentation. Dans l'œuvre, l'amour


destructeur est réduit à néant, il est oublié pour envisager et investir un amour positif, duquel on ne tire que le meilleur de l'autre. L'amour qui remue les souffrances, qui génère la jalousie et détruit les projets ne se concrétise pas. Le seul amour de George qui se matérialise, c'est celui qui lui procure une sensation saine et optimiste. Dans le passé, George s'est consumé par amour. C'est finalement face à quelqu'un qui lui donne de la valeur et qui lui permet de fonder un foyer qu'il décide de se livrer et d'ouvrir à nouveau son cœur.

L'amour de Premam est réparateur mais aussi riche en apprentissages. Il permet d'entrevoir les relations amoureuses avec plus d'intelligence et de recul, dans le souci de se préserver et de demeurer la meilleure version de soi-même. George tente de rester fidèle à ce qu'il est, sans laisser l'amour en lui le dévorer de l'intérieur. Musicalement, la bande-originale de Premam est une véritable ode à l'amour et à la vie. Signée par Rajesh Murugesan, elle est truffée de jolies mélodies et dégage une véritable douceur. Si

l'album compte 9 titres, je ne m'étendrai pas sur tout l'album, dont je vous invite à faire l'expérience vous-même tant la musique se ressent, sans aucun besoin de la commenter. Cependant, il convient malgré tout de parler de quelques morceaux qui m'ont personnellement beaucoup plu. Il y a d'abord la surannée « Aluva Puzhayude », interprétée par Vineeth Sreenivasan et qui m'a beaucoup fait penser à un autre morceau du chanteur (qui est également acteur, scénariste et réalisateur... Une sorte de Farhan Akhtar 'made in Kerala', en somme !) : « Anuraagathin Velayil » du métrage Thattathin Marayathu. Mais ma ballade préférée reste l'un des tubes de la bande-son : « Malare », chantée par Vijay Yesudas et qui illustre l'amour naissant entre George et Malar. Ce magnifique morceau sonne comme un rêve et vous emportera par sa délicatesse. Enfin, dans un tout autre registre, j'ai eu un véritable coup de cœur pour « Rockaankuthu », un dappa auquel le tamoul Anirudh Ravichander prête sa voix. Ce titre permet surtout de mettre en avant les talents (hélas rarement exploités) de danseur de sa vedette masculine. ► 161


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en c o nc l us i o n Premam est un poème. J'ai presque envie de terminer là-dessus mais ma nature prolixe risque de m'en empêcher. Parce qu'il y a tant à dire sur Premam. Mais j'essaye (avec beaucoup de mal, j'en conviens) de rédiger des écrits plus succincts et concis, avec juste ce qu'il faut d'argumentaire pour vous convaincre de vous plonger dans cette petite pépite de Mollywood. Si vous n'aviez pas encore été convaincu par mes anciens textes concernant d'autres films de Nivin, Premam peut aisément constituer votre premier film malayalam. Vous serez sûrement surpris, par le rythme posé, la photographie soignée et la musique onirique. On n'a pas l'habitude de voir tant de beauté et de subtilité dans les autres industries. Et franchement, ça fait un bien fou... Premam a reçu sept nominations aux South Filmfare Awards et a remporté deux prix : celui du Meilleur Chanteur pour Vijay Yesudas et celui du Meilleur Espoir Féminin pour Sai Pallavi.

Selon moi, l'œuvre aurait amplement mérité plus de distinctions. Mais elle a surtout souffert de la concurrence d'autres films de qualité sortis la même année : Ennu Ninte Moideen, Charlie, Pathemari ou encore Mili... Comme régulièrement, l'an 2015 a été faste et riche en œuvres intéressantes. Une preuve de plus qu'en cette période de disette à Bollywood, il est bon de faire un petit tour du côté du cinéma du Kerala... 162

Un remake en langue télougoue a été initié en 2016, avec Naga Chaitanya et Shruti Hassan dans les rôles de Nivin et Sai Pallavi respectivement. Comment dire, sans être virulente voire injurieuse ? Je reprends mon souffle. Non. J'inspire... J'expire... Non. Je tente de ne pas m'énerver... Et puis... non. Je suis officiellement hors de moi ! Ce sera sans nul doute un massacre, comme l'a été le remake tamoul de Bangalore Days. Et comme le sera sûrement la version Tollywood de Thani Oruvan. Je sens que la colère monte face à ce qui s'annonce comme une boucherie littérale de l'un des plus beaux films indiens de l'année 2015, toutes industries confondues... Quel est ce besoin maladif pour des producteurs véreux de pomper le travail soigné et méticuleux de bons artisans du cinéma, tout cela dans le but de générer du profit ? Bordel, n'aurait-il pas été suffisant de doubler la version originale au lieu de nous faire chier avec ce qui semble être une mauvaise parodie de l'un des films les plus précis de Nivin Pauly ? Remplacer la naturelle Sai Pallavi par Shruti Haasan, qui enchaîne les rôles plastiques dans le sud depuis quelques années, n'est-ce pas insulter notre intelligence de spectateur ? Sans même avoir vu le film (et je m'en excuse auprès des fans de Chaitu et Shruti... Quoique ce n'est pas de ma faute s'ils ont décidé de participer à ce meurtre artistique !), je peux vous garantir que cette version ne vaudra jamais l'œuvre originelle. Ainsi, même si vous pensez être complètement hermétique au charme du cinéma malayalam (et si de tels gens existent... De quelle planète débarquez-vous, très chers ?!), entreprenez malgré tout le voyage du cœur que constitue Premam.

Vous serez dépaysé, étonné et peut-être un peu déboussolé... Mais vous ne serez pas déçu. ▲


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KALI M O T S PA R A S M A E

Kali, ou la nouvelle incarnation du jeune homme en colère, en la personne de Dulquer Salmaan. Le cinéma malayalam s'attache à aborder des sujets qui surprennent, qui n'ont sur le papier pas le potentiel de rassembler les foules dans les salles de cinéma. Son attachement pour les problématiques sociales et sociétales, comme son approche artistique dans le traitement de ces sujets à l'écran, donnent à l'industrie de Mollywood une solide identité. Avec des acteurs beaux dans le sens vrai et émotionnel du terme, Kali nous assure un moment de cinéma assez déroutant, avec des atmosphères hétérogènes pour maintenir en haleine le spectateur face à cette œuvre au thème atypique...

Siddharth (Dulquer Salmaan) s'énerve pour rien. La moindre contrariété peut l'amener à plonger dans de véritables crises de colère, au grand dam de son épouse Anjali (Sai Pallavi). D'ailleurs, si la jeune femme a longtemps soutenu son mari pour l'aider à tempérer son comportement, elle finit par ne plus supporter les excès de l'homme qu'elle aime... Avec ce film, le réalisateur Sameer Thahir s'intéresse aux questions de la gestion de la colère et de l'intolérance à la frustration. Il évoque ce mal qui règne dans nombre de couples et de ménages : la difficulté pour l'un de mesurer ses émotions négatives. Car celles-ci ont un impact sur les relations intrafamiliales mais, sans aucun filtre, peuvent aussi avoir des répercussions dans le monde du travail, dans la vie sociale...

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Sanguin et impulsif, Siddharth tente de se contrôler pour l'amour de sa femme, qui reste à ses côtés malgré ses réactions souvent immodérées. Dulquer Salmaan, acteur de génie et accessoirement (car c'est bien un détail !) fils de la légende Mammootty, est brillant dans ce rôle à contre-emploi de nerveux pathologique. Il nous a pourtant habitué à camper des personnages plus doux et positifs. Avec Kali, il se dépasse en antihéros aussi dérangeant qu'attachant. Face à lui, la frêle et délicate Sai Pallavi incarne Anjali, sa fidèle et tendre épouse. La jeune femme excellait déjà dans Premam en 2015 et avait séduit le Kerala tout entier par sa grâce et ►



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son naturel. Dans Kali, elle s'illustre dans un rôle qui fait écho à son premier métrage, en amante affectueuse et pondérée. Mais ceux sont les circonstances dans lesquelles évolue son personnage qui font de Kali une opportunité intéressante de la redécouvrir. Elle y est poussée dans ses retranchements, mise à l'épreuve pour extérioriser la profonde sensibilité qu'elle occultait sous une certaine mesure dans Premam.

Le couple formé par Siddharth et Anjali est très équilibré, la verve de l'un égalisant la retenue de l'autre. Ils représentent la réalité des relations de couple dans leur souci de faire des efforts l'un pour l'autre, de parfois taire leurs propres maux pour ne pas blesser ou contrarier leur partenaire. Car dans toutes relations humaines, tout est affaire de compromis.

Chacun doit donner un peu de sa personne à l'autre pour que la relation perdure. Mais quand Anjali doit supporter les esclandres de son mari malgré les sacrifices qu'elle a fait pour être avec lui, la jeune femme craque. Elle s'effondre car elle a le sentiment de faire fonctionner son mariage toute seule, sans que son époux n'ait à clairement faire d'efforts dans la mesure où c'est elle qui s'adapte perpétuellement aux variations de ce dernier.

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Le métrage contient deux parties au sein desquelles règnent deux atmosphères : la première illustre les attitudes inadaptées de Siddharth dans la quotidienneté et face à des situations somme toute relativement banales. La seconde pose quant à elle un cadre exceptionnel, qui amène le héros à calmer sa colère mais aussi à en faire l'usage à juste titre.

On passe ainsi de la comédie dramatique au thriller psychologique en un seul et même métrage. Partant de la vie aseptisée de Siddharth et Anjali, on bascule dans un véritable cauchemar durant cette nuit qui va changer la trajectoire du couple. Tous les deux sont poussés à bout dans une situation extrême, durant laquelle ils seront obligés de se contrôler pour l'un et de se dépasser pour l'autre. Au-delà du contexte en lui-même, on découvre la force qui réside dans chaque être humain et sa capacité, souvent insoupçonnée, à repousser ses propres limites. On relativise également, dans de sérieuses circonstances, la teneur de la conduite de l'autre. On l'apprécie même de façon plus méliorative. Le film met en exergue la faculté de l'être humain de voir ce qu'il y a de meilleur dans les défauts de l'autre. Lorsqu'ils sont séparés, le calme d'Anjali manque à Siddharth. Et la hargne protectrice de Siddharth manque à Anjali.

Musicalement, la bandeoriginale est très minimaliste, avec tout juste deux titres à son actif. Elle sert de toile de fond à cette histoire binaire captivante. Le compositeur Gopi Sunder nous gratifie de deux morceaux enlevés pour la première partie du métrage, plus doucereuse que la seconde. On a ainsi droit à « Chillu Ranthal » et « Vaarthinkalee », deux chansons à la guitare agréables et intimistes.


E n c o n c l usion Kali est un film impressionnant par ses ambiances divergentes. On sombre dans une forme de bipolarité et dans une vive impulsivité, à l'image de l'œuvre elle-même et de son héros. C'est un métrage intense durant lequel il faut s'accrocher, au même titre que Siddharth et Anjali dans leur combat pour de se sortir de leurs difficultés. Kali voit surtout éclore deux comédiens d'exception, dont l'ascension se consolide avec ce projet soutenu et rigoureux... ▲ 167


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INJI I D U P PA Z H A G I M O T S PA R A S M A E

Je ne suis pas forcément fan d'Anushka Shetty.

Pourtant, c'est indéniablement l'une des actrices les plus intéressantes des industries tamoule et télougoue de cette décennie. Elle sait jouer et faire des choix de carrière audacieux et intéressants. Mais je dirais qu'il lui manquait selon moi un projet qui me permette de m'identifier à elle, un rôle frais et dynamique qui s'éloigne de son apanage d'héroïne dramatique. Avec Inji Iduppazhagi, également sorti à Tollywood sous le titre Size Zero, j'espérais de fait la découvrir sous ce jour nouveau. Et je n'ai pas été déçue, d'autant qu'elle y partage l'affiche avec l'un de mes acteurs préférés du Tamil Nadu : le superbe Arya. Mais avant d'en dire davantage sur ce qui fait la qualité de ce métrage romantique des plus agréables, faisons un point rapide sur sa trame...

Sweety (Anushka Shetty) a 27 ans. Elle est belle et rayonnante. Elle adore son travail et porte ses valeurs et sa famille au centre de ses prérogatives. Elle rencontre Abhi (Arya). Il est beau, sympathique et engagé dans des causes humanitaires. Sweety tombe amoureuse. Sauf qu'Abhi lui préfère Simran (Sonal Chauhan), une gravure de mode qui rappelle à Sweety qu'elle a des formes qu'elle n'assume soudainement plus du tout. Le cœur brisé, elle entreprend un régime drastique au sein de la clinique Size Zero, initiée par Satyanand (Prakash Raj)... Inji Iduppazhagi, c'est pour moi l'occasion de découvrir Anushka Shetty dans un registre auquel elle ne nous a pas habitué : la comédie romantique. Loin des personnages de femmes fortes et combatives qu'elle a campés dans des métrages comme

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Arundhati, Baahubali et Rudhramadevi, la comédienne s'illustre dans un univers léger, pétillant et positif. Pour lui donner la réplique a été missionné l'un des acteurs qui portent le genre avec brio à Kollywood : Arya. Avec des productions telles que Madrasapattinam, Chikku Bukku et Raja Rani, le bellâtre aux yeux verts est coutumier des rôles de prince charmant original.

Mais Inji Iduppazhagi dépasse largement la simple comédie sentimentale et porte également un message fort sur le culte de la minceur et l'industrie des régimes-miracle. ►



La preuve qu'Anushka Shetty a toujours ce souci de prendre part à des œuvres aussi intelligibles que divertissantes. A travers Sweety, la comédienne règle aussi ses comptes avec des médias qui ont souvent pris la liberté de critiquer sa silhouette rebondie et ses formes, très éloignée des physiques sylphides d'actrices comme Katrina Kaif ou Amy Jackson.

Le film dénonce également l'influence néfaste des médias sur le rapport des femmes à leur corps. Les publicités, les magazines, les émissions et le cinéma prônent une beauté unique incarnée par la minceur, comme si les rondeurs étaient synonymes de laideur. Sweety est bien dans sa peau et s'assume sans que cela n'affecte sa confiance en elle d'une quelconque manière. Car une femme qui s'aime et connaît sa valeur prend plus facilement de distance avec les discours propagandistes des industries de la mode et de la télévision. Mais lorsqu'elle tombe amoureuse d'Abhi, la jeune femme s'ouvre, se dévoile et se met de fait en position de faiblesse. Le rejet de ce dernier la vulnérabilise et en fait une proie facile pour les charlatans qui veulent profiter de la détresse de femmes complexées pour se faire du fric. Inji Iduppazhagi met ainsi habilement en lumière l'influence du regard des autres sur notre propre perception de nous-mêmes. En quoi l'attention, l'affection et la valorisation qu'ils nous portent nous permettent de nous voir sous un jour différent. A contrario, leur indifférence peut remettre en cause toute l'identité qu'on s'est construite, comme si leur seule appréciation justifiait que l'on change littéralement. C'est ainsi qu'opère Sweety lorsqu'elle s'aperçoit qu'Abhi ne partage pas ses sentiments. Elle pense ne pas être digne d'être aimée telle qu'elle est, et ce du fait de sa silhouette enrobée. C'est ainsi qu'elle se résigne à maigrir, comme pour reconstruire la confiance qu'elle a perdue en elle à travers cet échec amoureux.

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Anushka Shetty est impeccable dans un rôle qui lui va comme un gant. Impliquée comme jamais, il faut souligner l'investissement de la star qui a pris du poids pour incarner Sweety avec justesse. Si ce n'est pas vraiment un rôle de composition dans la mesure où Sweety lui ressemble intimement par bien des aspects, ce film a le mérite de nous présenter Anushka dans un registre plus aérien que les thrillers dramatiques, films fantastiques et autres fresques historiques dans lesquelles elle a excellé par le passé. Elle est en tout cas irrésistible dans ce film qui est susceptible de parler à toutes les femmes qui ont du mal à s'accepter et qui cherchent leur amour propre dans le regard de l'autre. Arya tient ici un rôle plus limité en interprétant Abhi, l'homme dont s'éprend Sweety. Dans un rôle de véritable tête-à-claques, Arya reste charmant malgré un personnage qui ne le met pas franchement en valeur. Il est le beau mec insipide dans toute sa splendeur, qui peut à l'occasion avoir des choses à dire et des causes à défendre mais qui restera attiré par les apparences. Pourtant, on s'attendrit au même titre que Sweety devant sa gentillesse et sa douceur. Car Abhi ressemble à beaucoup d'hommes auxquels les filles s'attachent facilement. Il est bel homme, sportif et a suffisant de contenance pour donner l'impression d'avoir un minimum d'esprit. Ce n'est pas quelqu'un de négatif, de désagréable ou de malsain. Mais il entre dans un archétype qui lui donne au final peu de personnalité. Sweety mérite quelqu'un avec plus de relief et de profondeur, là où Abhi reste un homme bien en surface sans pour autant qu'on sache si l'histoire de Sweety a opéré une réelle remise en question dans sa mentalité. Sonal Chauhan est Simran, une fille belle, grande et mince qui exacerbe le sentiment d'infériorité de Sweety. Mais ce qui est intéressant c'est que, contrairement au cliché du genre qui fait de la « rivale » de l'héroïne un être nécessairement mauvais, Simran est adorable et se révèle un véritable soutien dans son combat contre les


régimes à risque. Si elles sont opposées l'une à l'autre dans l'affection qu'elles portent à Abhi, elles ne laissent jamais cela ombrager leur amitié. Simran comme Sweety sont des femmes pertinentes et sensées, qui savent prendre du recul et faire la part des choses. Simran est quelqu'un de bon et Sweety sait le cerner, bien au-delà du fait qu'elle soit magnifique. Car Simran est, d'une certaine manière, aussi victime de l'opinion des autres sur son physique. Ils s'arrêtent à son allure de mannequin et ne s'intéressent pas à sa vraie nature. Sweety elle-même tombe dans ce travers et juge allègrement Simran sur la base de ce qu'elle renvoie de l'extérieur. Car Simran incarnait ce que Sweety pensait ne jamais pouvoir être : une femme désirable. Sonal Chauhan est irréprochable dans ce rôle secondaire qui lui donne un bien bel espace d'expression. Si sa carrière à Bollywood n'a guère décollé, elle a reçu des opportunités intéressantes dans le sud du pays pour démontrer son potentiel. Prakash Raj campe de son côté Satyanand, l'initiateur de la clinique d'amaigrissement Size Zero contre laquelle se bat Sweety. En antagoniste pour la énième fois, Prakash Raj ne fait aucune fausse note. Le rôle n'est pas franchement difficile pour lui tant l'acteur est un habitué des personnages négatifs. Il est ici particulièrement manipulateur et absolument infect en chef d'entreprise obsédé par le profit, totalement insensible à la détresse et à la mise en danger de ces femmes dont seul l'argent l'intéresse. L'actrice Urvashi prend quant à elle les traits de Rajeshwari, la mère exigeante de Sweety. Cette dernière, inquiète pour l'avenir affectif de sa fille et souhaitant la voir mariée au plus vite, exerce une pression sur elle afin qu'elle perde du poids. Elle renforce chez Sweety le sentiment que sa personnalité n'aura de valeur que lorsqu'elle aura opéré sa transformation physique. Mais Rajeshwari n'est au final qu'une mère bienveillante, préoccupée à la perspective que sa fille ne trouve pas un homme qui soit en capacité de l'aimer. D'apparence très dure et abrupte, elle a en réalité la conviction d'agir dans l'intérêt de Sweety. La relation entre Rajeshwari et Sweety est

conflictuelle, non pas parce qu'elles ne s'aiment pas mais parce qu'elles peinent à communiquer. Il faudra du courage à Sweety et quelques actes de rébellion pour aider Rajeshwari à accepter sa fille dans son entièreté et à la soutenir dans ce sens. Adivi Sesh, acteur télougou qui signe ici une apparition spéciale, incarne le prince charmant qu'attendait Sweety. Il est Sekhar, le chevalier servant qui aide la jeune femme à mener ses actions contre la clinique controversée Size Zero. Le comédien est adorable et permet de mettre en lumière l'existence de personnes qui sont en capacité de voir la beauté d'une femme sans se conformer aux critères restrictifs que nous impose la société contemporaine. Car Sweety est belle. Elle n'a pas un « joli visage » ou de « beaux traits ». Elle est belle. Il n'y a pas de « mais » ou de « malgré ». C'est la mentalité réductrice qui régit notre environnement qui nous amène à penser le contraire. A croire qu'une femme ronde serait plus séduisante si elle perdait du poids. A croire qu'une femme ronde aurait plus de charme si elle passait du 50 au 34. A croire qu'une femme ronde ne peut être belle que si la beauté de son visage vient combler la présence de ses formes.

La société nous a amené à conceptualiser la beauté de telle sorte que si on ne s'y conforme pas, on doit nécessairement être affilié à la notion de mocheté. Pourtant, l'attirance et la beauté sont à l'origine des notions subjectives, viscéralement liées aux émotions et aux sentiments de chacun. Car Kant disait très justement que « le beau s'éprouve mais ne se prouve pas ».

Sweety est belle. Et sa personnalité authentique l'embellit encore plus. ► 171


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Au niveau musical, on doit la bande-originale de l'œuvre à M.M. Keeravaani, compositeur télougou auquel on doit notamment les sons de films comme Magadheera, Eega, Paheli et Baahubali. L'album constitue une agréable surprise avec plusieurs morceaux qui sortent du lot. La romanesque « Kannaalam » bénéficie notamment du timbre cristallin de la prolifique Palak Muchhal. L'accrocheuse « Size Sexy » met en valeur une Sweety qui s'assume et revendique ses formes, avec la voix singulière de NSK Ramya. Enfin, parmi les titres qui restent en mémoire, on retiendra l'engageante « Cycle » qui nous permet de voir de nombreuses stars pour ce titre comme Jiiva, Revathi, Hansika Motwani, Rana Daggubati, Tamannaah, Sri Divya, Kajal Aggarwal et Nagarjuna.

En c o nc l us i o n Inji Iduppazhagi est certes une comédie romantique sympathique, mais son intérêt ne réside pas dans son histoire d'amour.

C'est clairement le message qu'elle porte qui en fait un métrage à découvrir absolument. Le film donne surtout à voir une Anushka plus vive et touchante que jamais, dans un rôle proche de ses spectatrices. Peut-être pas la romance la plus saisissante de l'année, Inji Iduppazhagi se rapproche plutôt du film engagé et fait partie des œuvres les plus intéressantes de l'année 2015 en Inde, toutes industries confondues... ▲

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Bci nem a LE CINÉMA INDIEN COMME VOUS L'AIMEZ ! Fondé en 2013, Bcinema est un groupe de jeunes passionnés du cinéma indien chargé de la promotion des films indiens sortant en France, en partenariat officiel avec l'ensemble des distributeurs, cinémas et divers prestataires. Actif et accueilli massivement au sein des réseaux sociaux, la vocation principale de ce groupe reste avant tout de partager sa passion pour le cinéma indien.

www.bcinema.fr


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RAJA RANI M O T S PA R A S M A E

Raja Rani a valu à quatre de ses acteurs principaux d'être nommés aux South Filmfare Awards. Deux d'entre eux seront finalement sacrés : Nayanthara dans la catégorie de la Meilleure Actrice et Sathyaraj pour le trophée du Meilleur Second Rôle Masculin. Le film est depuis devenu l'une de ces œuvres qu'on recommande aux novices pour s'initier à la magie de Kollywood. Mais en réalité, que vaut Raja Rani ? Bolly&Co se propose d'analyser cette œuvre qui a rencontré un succès colossal à la fois au niveau populaire que critique lors de sa sortie...

Un mariage de rêve, entourés de leurs êtres chers, John (Arya) et Regina (Nayanthara) s'unissent pour le meilleur et surtout pour le pire. Ils sont contre cette union qu'ils subissent bien malgré eux, pour satisfaire leurs familles respectives. On découvre un John alcoolique et indélicat, une Regina dépressive et aigrie. Ils ne se supportent pas et mettent tout en œuvre pour faire de la vie de l'autre un enfer. Pourtant, John a été vif et souriant, Regina audacieuse et positive. C'est l'amour qui a tué tout ce qu'il y avait de bon en eux. Et c'est au contact l'un de l'autre qu'ils vont tenter de redonner vie à cette part de bonheur meurtrie par amour.

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On va la faire courte : Raja Rani est LA comédie romantique tamoule de l'année 2013. C'est un film frais, optimiste et terriblement attachant. C'est surtout la preuve qu'on a toujours droit à une seconde chance en amour. C'est une œuvre qui fait du bien dans la mesure où elle donne aux fans de comédies sentimentales indiennes ce qu'ils peinent à retrouver à Bollywood ces dernières années : des histoires romantiques, sincères et généreuses, avec en prime la pudeur qui va avec. Car il est bon de regarder du côté des industries dravidiennes pour trouver des films qui nous permettent d'éprouver ce qu'on ressentait en regardant Raja Hindustani, Hum Hain Rahi Pyar Ke, Hum Dil De Chuke Sanam et Dil To Pagal Hai. Si j'ai souvent vanté la qualité du cinéma malayalam dans mes écrits, les films de Kollywood valent également le coup d'être mis en avant. Raja Rani démontre d'ailleurs que l'industrie tamoule n'a rien perdu de son inspiration et de son souffle. Le métrage constitue la première réalisation d'Atlee, ancien assistant du grand Shankar sur des films comme Nanban et Enthiran. Raja Rani est également produit par le maitre du masala tamoul A.R. Murugadoss. C'est pourtant un vrai film romantique que nous livre Atlee pour ses débuts de cinéaste.

C'est un film sur l'amour déçu et ses blessures. Sur la capacité de chacun à se relever (ou pas) de ces drames pour se reconstruire affectivement. Sur sa volonté de connaître de nouveau l'amour, avec ce risque d'être de nouveau brisé. John et Regina sont passés par là. Ils ont aimé et ont été détruits. Lorsqu'ils se marient, c'est exclusivement pour satisfaire leur entourage. Pourtant, on ne peut pas parler de mariage forcé, les proches de John et Regina sont aimants et bienveillants. Ils veulent les aider à se remettre de ces tragédies et les encouragent, sans jamais les y obliger, à envisager cette nouvelle union comme l'opportunité de renaître de leurs centres. Ils se marient donc, sans aucune conviction mais avec au moins la satisfaction d'avoir rendu heureux ceux qu'ils aiment. Ils mettent en échec leur relation et ne fournissent aucun effort pour s'apprécier l'un l'autre, persuadés que leur

partenaire ne sera jamais à la hauteur de celui (ou celle) qu'ils ont connu par le passé et qu'ils ont perdu. Ils pensent que leur souffrance leur est propre et ne songent pas au fait que l'autre puisse également la vivre. C'est finalement en découvrant leurs histoires respectives qu'ils apprennent à se connaître avec positivité.

Nayanthara est fabuleuse dans ce qui reste l'un de ses plus beaux rôles. Habituée des personnages de plante verte à l'image de Trisha Krishnan ou d'Ileana D'Cruz, elle a depuis quelques années le souci de se mettre à l'épreuve et de signer des projets qui lui permettent de se dépasser. Elle le prouvera également avec des films comme Naanum Rowdy Dhaan, Thani Oruvan ou encore Krishnam Vande Jagadgurum. Avec Raja Rani, elle découvre toute sa vulnérabilité dans la peau de Regina. Elle est naturelle et vraie, et nous gratifie surtout d'un métrage qui la met en valeur et lui donne un réel espace. Arya lui donne la réplique après leur première collaboration dans la comédie Boss Engira Bhaskaran, en 2010. Ici, il change littéralement de registre et s'illustre en héros romanesque magistral. C'est un genre qui lui va comme un gant, et dans lequel il s'est illustré précédemment avec Madrasapattinam puis plus tard avec Inji Iduppazhagi. Sa prestation en tant que John est irréprochable tant l'acteur est l'aise en prince charmant mutilé. Il possède un regard très expressif et n'hésite jamais à se mettre à nu au service de son personnage, loin des stars abonnées aux rôles de brute épaisse sans faille. Nazriya Nazim, jeune vedette du cinéma malayalam, signait avec Raja Rani son second projet en langue tamoule après Neram. Elle y campe Keerthana, le premier amour de John. Comme à son habitude, l'actrice est impeccable dans un rôle à fleur de peau qui fait ressortir son dévouement comme jamais. Son jeu est large et magnanime, la mansuétude et la fraîcheur de la comédienne transparaissent à travers Keerthana. A seulement 19 ans lors de la sortie de l'œuvre, Nazriya démontre une nouvelle fois d'une ► 175


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maturité remarquable dans son jeu, donnant la réplique à Arya avec une facilité déconcertante. Jai est quant à lui Surya, l'être aimé qu'a perdu Regina. L'acteur s'est illustré dans des films tamouls encensés comme Goa et Engeyum Eppodhum. Dans la peau de Surya, il marque les esprits en amant aussi velléitaire qu'attendrissant. Il se dévoile au même titre qu'Arya dans un rôle difficile de mec qui a peur et qui le montre. Car Surya pleure beaucoup, prend parfois la fuite et manque de confiance en lui. C'est le genre de héros qui fait défaut à un cinéma indien qui tend parfois vers le machisme, qui a en tout cas cette fâcheuse tendance à sacraliser les hommes comme des machines de guerre sans peur ni reproche. Raji Rani s'applique à nous montrer la réalité dans ce sens, en mettant en avant des protagonistes qui nous ressemblent et dont les réactions comme les caractères pourraient être les nôtres.

Sathyaraj incarne de son côté James, l'adorable père de Regina. Leur relation complice et saine fait un bien phénoménal à la spectatrice que je suis. On est loin du patriarche dur et autoritaire que le cinéma hindi nous vend régulièrement, entretenant le mythe d'une figure paternelle qui inspire la crainte et l'appréhension plutôt que la sécurisation et le réconfort. Sathyaraj aime sa fille, la respecte et lui accorde sa confiance. Il est également son confident et son meilleur ami. Le lien qui les unit permet aussi à Regina d'envisager de nouveau le bonheur, là où elle avait abandonné cette perspective après la perte de Surya. Sathyaraj délivre une prestation de haut vol, qui nous donne surtout l'opportunité de le découvrir dans un registre diamétralement opposé à celui de Chennai Express, dans lequel il était le papa inflexible de Deepika Padukone. S'il est l'un des acteurs de genre les plus appréciés du Tamil Nadu, Santhanam tient avec Raja Rani un rôle plus profond d'ami et de soutien pour John. Il est Sarathy, le meilleur ami de John, qui

contribue également à aider ce dernier à restaurer sa relation foireuse avec Regina. L'acteur comique joue un rôle majeur dans l'évolution de leur histoire et peut ainsi démontrer qu'au-delà de son statut d'humoriste, il est comédien avant tout.

Raja Rani puise son inspiration dans deux films majeurs des industries dravidiennes. Il est d'abord grandement inspiré du classique de Mani Ratnam, Mouna Ragam, avec Revathi dans le rôle principal. Il existe également de nombreux points communs avec le métrage kannada Milana, avec Puneeth Rajkumar et la brillante Parvathy en têtes d'affiche. Mais si sa trame est clairement attendue, c'est dans la psychologie de ses personnages que l'œuvre possède sa singularité. Chacun des protagonistes est étayé, son histoire travaillée et sa personnalité soignée pour nous permettre de nous attacher à eux sans difficulté. On s'identifie même du fait de leur véracité, car l'écriture d'Atlee ne nous vend jamais de héros irréprochables et idéalistes. Au contraire, John, Regina, Keerthana, Surya et tous les autres nous ressemblent étrangement. Musicalement, on doit la bande-originale de Raja Rani à l'intéressant G.V. Prakash. Cependant, aucun titre ne marque réellement dans le film, si bien qu'on en retient surtout la force de son intrigue et la sensibilité de ses personnages. On peut toutefois apprécier quelques morceaux, comme la guillerette "Oday Oday", la dynamique "Chillena” et le dappankuthu "Hey Baby".

E n con clu sion Raja Rani est un métrage à découvrir pour la grandeur des sentiments de ses héros, pour son message d'espoir sur les joies d'un amour retrouvé et reconstruit, avec une distribution de rêve qui fait son boulot à merveille. Bref, s'il y a bien un film tamoul que vous devez visionner d'urgence, c'est bien celui-ci ! ▲

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GOVINDUDU A N D A R I VA D E L E M O T S PA R A S M A E

Govindudu Andarivadele est un film qui s'éloigne des sentiers classiques du cinéma télougou populaire sans pour autant complètement en sortir. Il s'agit d'un pur divertissement qui ne s'apparente toutefois pas aux sempiternels masala qui font légion à Tollywood. Le métrage est dirigé par Krishna Vamsi, auquel on doit les œuvres cultes Ninne Pelladata en télougou (avec Nagarjuna et Tabu) et Shakti – The Power en hindi (avec Karisma Kapoor et Shahrukh Khan). Govindudu Andarivadele sera nommé pour 5 trophées lors de la 62ème cérémonie des South Filmfare Awards et fera un tabac au box-office lors de sa sortie en salles. Mais que vaut réellement ce millésime 2014 'made in Andhra' ? 178


Abhiram (Ram Charan Teja) vit à Londres avec son père Chandrasekhar (Rahman), éminent médecin, et sa jeune sœur. Le père de famille a quitté son Inde natale 25 ans plus tôt pour vivre ses ambitions professionnelles, et a rompu tout contact avec sa famille suite à cela. C'est ainsi qu'il est rejeté par son père, Balaraju (Prakash Raj) qui lui en veut de ne pas être resté au pays pour travailler dans l'hôpital du village. Voyant son père blessé par cette situation, Abhi lui promet de partir pour l'Inde et d'y retrouver leur famille...

Le métrage réunit Ram Charan Teja et Kajal Aggarwal pour leur troisième collaboration après les succès de Magadheera (2009) et Naayak (2013). Après la fresque fantastique et le film d'action pur jus, ils nous proposent un drame familial intéressant qui rappelle nombre de métrages de Bollywood des années 2000, entre Dhaai Akshar Hai Prem Ke et Kuch Tum Kaho Kuch Tum Kahe. Par bien des côtés, il rappelle surtout l'incontournable La Famille Indienne. La famille est LE personnage principal de l'œuvre, bien plus que les protagonistes seuls. Govindudu Andarivadele ne laisse pas de place aux individualités, il forge l'idée d'une structure familiale basée sur la co-construction, où la cohésion générale prime sur les besoins individuels. C'est le fonctionnement que le métrage prône : il faut sacrifier son propre bonheur pour préserver l'harmonie collective. Les décisions sont prises au service de la collégialité. Mais derrière ce schéma de « groupe », il y a généralement un élément qui impulse voire dirige le reste de la famille. Dans Govindudu Andarivadele, c'est le grand-père impénétrable qui endosse le rôle de chef de clan. C'est lui qui décide de qui est susceptible d'intégrer la cellule familiale et à quel titre. C'est également lui qui prend la décision d'exclure un membre du clan s'il ne priorise pas le bien-être collectif. Ici, le chef de famille opère un fonctionnement arbitraire sans pondérer ou analyser les raisons pour lesquelles

une personne de la famille a pris une décision qui le concerne et lui profite individuellement. Car tout doit être dirigé vers l'intérêt commun, ne laissant pas de place à l'épanouissement d'une entité unique. Le grand-père de Govindudu Andarivadele applique les règles élémentaires du vivreensemble mais de manière complètement totalitariste. Balaraju exerce une quasi-dictature sur sa structure familiale, au sein de laquelle il n'existe aucune interaction libre. Le discours est unique et unilatéral, allant nécessairement dans le sens de la volonté patriarcale. De plus, les femmes n'y tiennent aucune place et se substituent inévitablement aux hommes, en particulier à la figure masculine de référence incarnée par le toutpuissant Balaraju.

Govindudu Andarivadele n'est ni un film féministe, ni une œuvre émancipatrice. On y vend de façon aussi déplacée qu'outrageuse la valeur famille, comme pour justifier la mentalité absolutiste du chef de clan. Sur la même thématique, j'ai trouvé La Famille Indienne beaucoup plus subtil (et oui, ce n'est pourtant pas le terme qui me vient à l'esprit lorsque je songe à ce gros blockbuster au budget pharamineux et à la mise en scène clinquante...). Mais la différence majeure entre Krishna Vamsi et Karan Johar, c'est le fait que ce dernier demeure bienveillant avec chacun de ses personnages et soucieux de les prendre en compte dans leur entièreté et leur individualité, et ce qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes. Krishna Vamsi nous livre quant à lui une famille brouillonne et génératrice de frustrations de part la sacralisation de son fonctionnement aussi bien inadapté que totalement phallocrate. Si l'intention du cinéaste télougou est louable et s'inscrit dans la lignée du message de La Famille Indienne, sa manière de présenter et d'illustrer ses protagonistes est des plus incohérentes. J'ai personnellement trouvé l'œuvre rétrograde à bien des niveaux, aussi bien pour ce grand-père qui ne peut se remettre en question tant on le conforte dans l'idée que son état d'esprit est le bon, que pour les femmes de la famille auxquelles on n'attribue aucun espace et qui n'ont aucune ► 179


incidence réelle sur l'évolution de l'intrigue. A contrario, si le schéma familiale de La Famille Indienne est similaire, ceux sont clairement les femmes qui changent la donne dans le cheminement du père et les attitudes des fils.

Dans Govindudu Andarivadele, on attribue à Abhi un statut de sauveur omnipotent qui questionne autant qu'il laisse circonspect. Au sein d'une famille au fonctionnement établi depuis des décennies, le jeune homme parvient en quelques semaines à se faire accepter du clan, et en particulier de l'exigeant grand-père. Comment fait-il ? A-t-il exercé de la magie noire sur eux ? La facilité avec laquelle il devient membre de cette famille tout en se présentant comme un illustre inconnu dépasse tout bon sens, et ce bien que l'hospitalité des indiens soit indéniable. Les ficelles scénaristiques sont trop grosses pour laisser indifférent. Un autre personnage m'a interpellé par son manque de clarté et de cohérence : la jeune Satya, cousine de la famille campée par Kajal Aggarwal. On nous présente en introduction une jeune fille délurée et libérée du carcan de la tradition. Krishna Vamsi a d'ailleurs une vision bien réductrice de la femme libre, qui se dandine en boite de nuit en mini-jupe et se bourre suffisamment la gueule pour se retrouver à embrasser le premier inconnu bien foutu qui passe ! Mais si Satya restait au moins fidèle à sa personnalité et à son choix de vie, on aurait pu en tirer un enseignement à travers le conflit qui se jouerait entre elle et Balaraju. Or, une fois arrivée dans sa famille, on retrouve en Satya une caricature ambulante de la petite fille sage de bonne famille qui s'émancipe derrière le dos de ses parents et qui joue littéralement un rôle lorsqu'elle se retrouve face à eux. Cette ambivalence est normalisée et ne fait l'objet d'aucune remise en cause ni d'aucune analyse. Pourtant, il aurait été intéressant de la soulever pour interroger le comportement de ces jeunes 180

filles qui ne s'autorisent pas à être elles-mêmes sous la pression familiale. Il semble que Satya puisse changer d'attitude comme de tenue, passant de la mini-robe sexy au classique sari. La jeune femme personnifie à elle seule la place de la femme dans cette famille. Abhi lui fait effrontément du chantage pour qu'il ne révèle pas la véritable nature de la belle, monnayant cela contre des marques « d'affection ». Qu'est-ce que c'est supposé traduire ? Que c'est ainsi qu'on entend l'amour dans cette famille ? En contraignant les femmes et en taisant leur identité ?

D'autre part, Satya est le symptôme d'un fonctionnement familial excessivement répressif. Car plus on pose de limites sans y mettre de sens et de nuance, plus on amène ceux qui les subissent à les contrer de la façon la plus immodérée qui soit. C'est comme interdire à son adolescent de boire de l'alcool sans toutefois lui expliquer en quoi et pourquoi. Face à l'incompréhension et à la frustration, l'adolescent fera probablement l'expérience de l'alcool de manière irresponsable et ainsi se mettra en danger. En imposant ce cadre sans fondement, Balaraju a lui-même stimulé chez Satya les comportements qu'il cherchait pourtant à éviter.

Le personnage d'Abhi, unificateur en carton au discours laconique, est aussi des plus douteux. Il arrive en Inde en valeureux jeune homme qu'il est, dans le souci de réunir son père et son grand-père. Il n'a, au passage, jamais connu ce dernier. Il ment à tout le monde, sans même mettre dans la confidence l'une des femmes bienveillantes du clan, et pense pouvoir régler les dysfonctionnements d'une famille qu'il ne connaît pas, et ce sur la seule base de son charme naturel (très discutable, au demeurant) et de ses bonnes intentions... Krishna Vamsi nous prend un peu pour des imbéciles !


Abhi est le héros de l'œuvre. C'est pourtant le personnage le plus inconsistant de Govindudu Andarivadele. Sur les presque 2h20 du film, on ne cerne jamais vraiment sa personnalité. J'ai de fait l'impression que le héros se construit sur l'aura hélas bien fébrile de son acteur vedette Ram Charan Teja, qui ne dégage pas grand chose et renforce le sentiment qu'Abhi n'est au final qu'une coquille vide. Kajal Aggarwal tient un rôle aussi incohérent que limité. L'actrice use et abuse de son jeu cabotin pour tenter de donner un semblant de relief à un personnage trop esquissé pour exister concrètement dans l'histoire. La jeune femme n'a guère d'espace pour prouver quoique ce soit. Le reste du casting est composé d'acteurs brillants mais terriblement sous-employés. De Srikanth à Kamalinee Mukherjee, en passant par Rahman et Jayasudha. On retiendra surtout l'excellent Prakash Raj en grand-père inflexible, qui reste tout de même dans un registre qu'on lui connaît ; celui du paternel catégorique.

Cependant, quand j'ai vu Govindudu Andarivadele il y a de cela un an, je suis complètement passée à côté de ces énormités. J'ai même passé un très bon moment, ne manquant pas une occasion de le recommander aux fans qui voulaient découvrir Tollywood tout en évitant les inénarrables masala. C'est un drame familial somme toute des plus classiques, qui tire les ficelles du genre sans les innover. La fabrication est ceci dit honnête et la photographie soignée. On a droit à un métrage techniquement qualitatif et qui sait en tout cas nous faire accepter ses incohérences avec un savoir-faire certain. Pourtant de nature à analyser un film dès que je le vois, j'admets avoir été engloutie par l'efficacité de cette production de Bandla Ganesh, sans avoir pu prendre le moindre recul dessus.

Govindudu Andarivadele est un divertissement pur et dur en ce sens qu'il ne laisse pas de place à la réflexion et à l'élaboration. Je me suis faite bouffer par le rythme soutenu et l'avalanche de bons sentiments de l'œuvre, qui obstruent sans aucun problème ses lacunes. Govindudu Andarivadele peut ainsi légitimement vous plaire et vous émouvoir, pas en tant que divertissement abrutissant mais dans sa nature profonde et assumée de drame familial. La pénurie d'oeuvres du genre depuis le début des années 2010 doit également accentuer son efficacité et son impact. C'est un film qui fait du bien car son genre nous manque. On peut avoir un tempérament tatillon et tout de même adhérer à Govindudu Andarivadele, avec tout son cœur et toute son âme. J'ai marché à fond et ne me suis même pas interrogée a posteriori sur les messages subliminaux que délivre le métrage. C'est seulement un an plus tard, en entreprenant la rédaction de cette critique, que j'ai fait le constat que Govindudu Andarivadele portait un message noble mais par le biais d'énormités qui choquent de par ce qu'elles sous-entendent. Lorsque j'ai choisi de parler de ce film pour Bolly&Co, j'étais partie dans la démarche d'en restituer tous les aspects positifs qui m'ont permis de passer un agréable moment. Mais arrivée face à ma feuille, se sont dégagés des éléments que je ne voulais ni occulter ni vendre de façon méliorative. Ainsi, il est difficile pour moi de me positionner et de savoir si je dois vous encourager à découvrir Govindudu Andarivadele ou plutôt vous conseiller de le fuir ! Je me questionne sérieusement sur ce que Krishna Vamsi a voulu véhiculer à travers son film. Car tout part de la décision de Chandrasekhar de quitter son village pour mener sa propre vie avec sa femme en Angleterre. Son père ne l'accepte pas et donne une explication ubuesque : il ne lui a permis d'être médecin que pour qu'il s'occupe de l'hôpital du village. Jamais Balaraju n'a consulté son fils. Ce dernier devrait donc se soumettre à la volonté paternelle alors qu'il n'a même pas été impliqué dans le projet que son père a établi pour lui. Et ce qui me dérange profondément, c'est que le réalisateur fait passer Chandrasekhar pour un égoïste alors que c'est plutôt son père qui est à blâmer. ► 181


s

critique sud En effet, Balaraju estime que seule son opinion a de la valeur. Il pense qu'en tant que fils, Chandrasekhar doit penser à travers son père et ne pas envisager son avenir tant il est à ses yeux lié au sien. Concrètement, Balaraju voudrait que ça se passe de la sorte dans l'esprit de sa progéniture : « J'ai très envie de travailler à Londres après mes études ! Mais bon, si Papa m'a payé ces études, ce n'est pas pour que je file à l'anglaise ! Ce n'est pas non plus pour que je réussisse ma vie et que je réalise mes rêves ! Il a sans doute l'intention d'utiliser mes compétences pour les mettre au service du village, et tant pis si j'en suis malheureux ! Parce que je ne peux pas vivre pour moi, mais pour lui. Parce que je constitue un investissement à ses yeux, que j'ai étudié uniquement pour servir ses projets à lui ! Non, je n'irai pas travailler à Londres après mes études. » C'est quand même un mode de pensée assez particulier, d'exiger de son fils qu'il sacrifie ses aspirations uniquement sur la base d'un projet, certes noble, mais qu'on a construit dans son coin et sans l'y avoir même associé ! Et cela confirme le fonctionnement illogique de cette cellule familiale qui se base aussi bien sur le pouvoir unique de son chef que sur des non-dits traduits en pseudo-évidences. Si on se questionne sur le plan psychologique sur cet environnement, on ne s'étonne ni du besoin d'extériorisation de Chandrasekhar, ni du comportement ambivalent de Satya. Alors pourquoi Abhi arrive-t-il en Inde pour se faire PARDONNER ? En quoi même la décision de Chandrasekhar justifie-t-elle des excuses ? C'est encore une fois une manière pour Krishna Vamsi de glorifier le discours du grandpère. J'ai une explication très simple à ce parti-pris franchement culotté. En Inde et par le biais de ses industries cinématographiques, les parents sont positionnés au rang de divinités. Des films comme Baghban et Waqt – The Race Against Time 182

mettent en lumière des parents ressource et référence qui savent et agissent de manière adaptée. Surtout, on y illustre des enfants ingrats ou insatisfaits, qui n'écoutent pas leurs parents et donc, par lien de corrélation, ne les aiment pas (en effet, on aime les raccourcis !). C'est ainsi qu'on définit la relation parents-enfants : aimer ses parents, c'est les conforter dans le fait qu'ils aient toujours raison. Les parents sont sacralisés, parfois même déifiés. Leur parole est toujours juste et leur volonté toujours pertinente. Et il est du devoir de leurs enfants de les satisfaire et de leur obéir. C'est en ce sens que Krishna Vamsi accorde tant de légitimité et de crédit au discours de Balaraju : il est l'aîné de la famille. C'est tout. Cela suffit et semble même expliquer ses décisions tout à fait incongrues.

Govindudu Andarivadele schématise ses personnages de façon très superficielle. Balaraju veut que son fils reste pour travailler dans l'hôpital du village. Il est gentil. Chandrasekhar veut partir en Angleterre en laissant sa famille derrière lui. Il est méchant. Le cinéaste ne creuse en rien la psychologie de ses protagonistes et construit son film sur des caricatures vivantes. Le patriarche blessé, le fils arriviste, la jeune fille rebelle, le héros au cœur d'or... Il ne dépasse jamais ces archétypes et donne ainsi lieu à des situations douteuses, aussi bien dans la divinisation du grand-père que dans la relation entre Abhi et Satya. Le sentiment que j'ai, c'est que l'œuvre se contente de reprendre lointainement le schéma narratif des œuvres du genre et qu'il n'a jamais eu vocation à le faire évoluer. On sait que les drames familiaux sont populaires et qu'ils sont surtout rentables en télougou, comme on l'a vu ces dernières années avec les productions locales Seethamma Vakitlo Sirimalle Chettu (sorti en 2012 avec Venkatesh & Mahesh Babu) et Attarintiki Daredi (sorti en 2013 avec Pawan Kalyan & Samantha Ruth Prabhu). Govindudu Andarivadele est donc une énième tentative de générer du profit et ne constitue pas une proposition artistique novatrice du genre. Il s'agit de respecter le schéma original pour fidéliser le spectateur sans le déstabiliser. ►


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Ainsi, Govindudu Andarivadele est un « bon » drame familial dans la mesure où il remplit les cases établies pour respecter ce style. Mais ce n'est pas un film qualitatif dans le sens où la qualité et la précision de ce qu'il met en image n'est pas sa priorité.

Sur le plan musical, la bandeoriginale du tamoul Yuvan Shankar Raja est plutôt sympathique.

J'ai un petit cœur, moi. Oui, je balance ça comme ça. Mais je vais en venir au fait que effectivement, je peux me retrouver à pleurer devant Happy New Year ou Housefull 3 (oui, quand même !). Il me suffit d'une scène avec une musique bien placée et un peu de glycérine dans les yeux de Shahrukh Khan ou Jacqueline Fernandez pour me faire fondre littéralement en larmes, et ce même si le reste du métrage me laisse de marbre. Et bien Govindudu Andarivadele est une addition de séquences bien montées pour les petits cœurs tels que moi. Ma profonde sensibilité a joué contre moi puisqu'elle m'a empêché de voir le film comme il est réellement : bourré de défauts !

Composée de 6 morceaux, on a droit à une construction classique pour un film du genre avec un numéro dansé introductif, des chansons familiales, des ballades romantiques et des complaintes dramatiques. En ce qui me concerne (et c'est mon côté fleur bleue qui parle...), j'ai eu deux coups de cœur qui résident dans les deux titres romantiques de la bande-son. J'ai adoré la dynamique « Gulabi Kallu Rendu Mullu », agrémentée de la voix délicate du talentueux Javed Ali. L'autre morceau qui m'est resté en tête est « Ra Ra Kumara » porté par l'originale Chimayi et qui s'inscrit dans un style plus intense et lancinant.

C'est peut-être finalement ça, la force de l'oeuvre : nous inonder de bons sentiments pour nous faire oublier l'absence totale de fond dans sa trame.

Krishna Vamsi déclarait dans une interview à l'occasion de promotion de son œuvre : « Citez-

« Attends, et pourquoi il doit s'excuser d'avoir

voulu réaliser ses rêves ??!! Et pourquoi... *POUM ! Musique qui ferait chialer une statue de Poutine ou de Chuck Norris, au choix* Le paaaaaaaaaaauvreeeee papyyyyyyyyyyyyyyyyy ! »

moi un film original qui a été écrit depuis le Ramayana ou le Mahabharata. » C'est à mon

avis assez significatif de l'intention du réalisateur, confirmant que son histoire ne constituait pas une priorité. Govindudu Andarivadele est une expérience visuelle, un peu comme une pièce de théâtre ou un 'musical', mais pas un film qui donne véritablement corps à son histoire. Cependant, il peut être découvert et même résulter en un joli moment.

e n con clu sion J'ai plongé. La tête la première. Et j'en suis fière. C'est probablement la preuve que, derrière ma tendance quasiment pathologique à vouloir tout intellectualiser, je reste d'abord et avant tout une grande sentimentale ! Si c'est aussi votre cas, vous apprécierez Govindudu Andarivadele sans aucun problème. En revanche, si vous avez un tempérament plus cérébral et qu'ils vous faut comprendre un film pour ensuite être saisi par ses émotions, mieux vaut l'éviter. ▲

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r remake

Et si on comparait les remakes ? BAAGHI VS VARSHAM M O T S PA R A S M A E

L'inde a pour habitude de miser sur les remakes, qu'ils soient régionaux ou internationaux. En effet, réadapter une œuvre aux coutumes nationales voire régionales fait office de véritable tendance dans les industries indiennes, à Bollywood comme dans les capitales dravidiennes. En 2016, le réalisateur Sabbir Khan (auquel on doit les métrages Kambakkht Ishq et Heropanti) réalise Baaghi, un film d'action haletant qui semble s'inspirer du cinéma coréen. Le film fera un tabac au box-office mais ne parviendra pas à séduire les critiques. Et pour cause : il s'agit d'une relecture non-officielle du masala télougou Varsham, sorti en 2004 avec Prabhas et Trisha Krishnan. Baaghi constitue-t-il une adaptation ratée ? Quels sont les atouts de cette version 'made in Bolly' ?

Baaghi

Varsh am

RÉALISE PAR : Sabbir Khan INDUSTRIE : Bollywood ANNÉE : 2016 DISTRIBUTION : Tiger Shroff, Shraddha Kapoor, Sudheer Babu... MUSIQUE : Meet Bros, Amaal Mallik, Ankit Tiwari et Manj Musik

RÉALISE PAR : Sobhan INDUSTRIE : Tollywood ANNÉE : 2004 DISTRIBUTION : Prabhas, Trisha Krishnan, Gopichand... MUSIQUE : Devi Sri Prasad

Ronnie/Venkat (Tiger Shroff/Prabhas) et Sia/Sailaja (Shraddha Kapoor/Trisha Krishnan) s'aiment. Sauf que Raghav/Bhadranna (Sudheer Babu/Gopichand) aime également la jeune femme. De rebondissements en quiproquos, le chemin vers l'amour est semé d'embûches... ►

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Baaghi 1. UNE CHORÉGRAPHIE MARTIALE IRRÉPROCHABLE :

1. UN SPECTACLE INSPIRÉ DU RAMAYANA :

Baaghi a effectivement l'atout majeur de bénéficier d'un des acteurs les plus souples et dynamiques de l'industrie hindi. Tiger Shroff n'est d'ailleurs réputé que pour ça : sa facilité à exécuter des scènes de combat de haut vol ! C'est visuellement saisissant même si certaines séquences tombent très vite dans le gore avec des effusions de sang et des os qui se brisent, en veux-tu, en voilà !

De nombreuses références au Ramayana figurent dans le film. Surtout, la trame en elle-même est inspirée de la célèbre épopée de la mythologie hindoue. Une des scènes les plus agréables du film réside d'ailleurs dans une représentation théâtrale du Ramayana, totalement absente de son remake...

2. UN CRUEL MANQUE D'INSPIRATION : Si Baaghi n'est pas un remake strictosensu de Varsham, il n'en demeure pas moins que nombre de scènes de la première partie du film aient été directement pompées de son œuvre de référence. Surtout, on a affaire à un masala typique, sans prise de risque ni innovation. 3. UNE DIRECTION D'ACTEURS INEXISTANTE : On a le sentiment que Tiger Shroff et Shraddha Kapoor sont ici en roue libre et qu'ils n'ont bénéficié d'aucun étayage dans la manière dont ils délivrent leurs répliques. Les scènes sont téléphonées et ne donnent pas l'occasion aux vedettes du film de se dépasser.

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Varsh am

2. UN ACTEUR MASCULIN SAISISSANT : Prabhas, surnommé 'Young Rebel Star' à Tollywood, tient ici un rôle qui lui va comme un gant. Jeune, bel homme et bon danseur, il excelle dans la peau du héros de masala qui castagne tout ce qui bouge en quelques bourre-pifs. Généreux et charismatique, il marque les esprits et parvient à exister dans ce qui reste un film d'action à la fabrication classique.

3. UNE PHOTOGRAPHIE DATÉE : Si le film se regarde sans déplaisir, l'image a cependant pris un certain coup de vieux, et ce alors que le film n'est sorti qu'en 2004. C'est sans doute l'un des seuls écueils de ce Varsham : le manque de soin (ou de moyens) dans sa mise en image.


Baaghi s'oublie très vite malgré son budget conséquent et sa musique agréable. Varsham est plus impactant et reste en mémoire de façon plus pérenne, grâce à sa distribution de qualité et au lien avec la mythologie hindoue.

Baaghi est à proscrire là où Varsham possède pour lui l'essentiel : la sincérité.


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playlist A.R. Rahman

AM Y JACKSON DANS LA C H AN SON EN N OD U N EE IR U N D H AAL

P L AY L I S T

A.R. RAHMAN M O T S PA R A S M A E

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« Ennodu Nee Irundhaal »

« Mona Gasolina »

C O M P O S É PA R A . R . R A H M A N , I N T E R P R É T É PA R S I D S R I R A M E T S U N I T H A S A R AT H Y

C O M P O S É PA R A . R . R A H M A N , I N T E R P R É T É PA R M A N O , N E E T I M O H A N E T TA N V I S H A H

Cette complainte intense bénéficie de la composition irréprochable de son directeur musical mais aussi de la voix de Sid Sriram, trouvaille de Rahman qui sublime le morceau. Le chanteur remportera d'ailleurs le South Filmfare Award du Meilleur Chanteur Tamoul.

Ce morceau aux sonorités hispaniques sert le masala Lingaa, avec la Superstar Rajinikanth. On retiendra surtout la voix puissante de Mano, mise en valeur par la composition éclectique de Rahman, qui mêle guitare sèche, guitare électrique, violons et électro' pour cette chanson des plus énergiques.

de I (tamoul) sorti en 2015

« Manasaa »

de Lingaa (tamoul) sorti en 2014

de Ye Maaya Chesave (télougou) sorti en 2010 C O M P O S É PA R A . R . R A H M A N , I N T E R P R É T É PA R C H I N M AY I E T D E VA N EKAMBARAM

Séquence qui signe les retrouvailles des héros, « Manasaa » marque par sa fraîcheur et son dynamisme, porté par le timbre cristallin de la solaire Chinmayi. Titre pourtant marqué par ses influences électroniques, il n'en demeure pas moins des plus surannés.

« Aalapane Mellane »

de Godfather (kannada) sorti en 2012 C O M P O S É PA R A . R . R A H M A N , I N T E R P R É T É PA R A B H AY JODHPURKAR, MARIA ROE VINCENT ET BLAAZE

de Boys (tamoul) sorti en 2003

Le titre s'appuie sur le grain de voix aérien de son chanteur et sur l'alternance entre chant et rap. Chanson légère et positive, « Aalapane Mellane » est l'un des atouts majeurs de la musique de Godfather, qui constitue un remake du succès tamoul Varalaru avec Ajith Kumar.

C O M P O S É PA R A . R . R A H M A N I N T E R P R É T É PA R K A R T H I K E T C H I T R A S I VA R A M A N

« New York »

« Ale Ale »

Si cette sex-comedy a fait un scandale lors de sa sortie, sa musique est pourtant devenue un véritable phénomène auprès des jeunes. Dépassant les frontières du Tamil Nadu, Boys s'est également imposé auprès de l'audience télougoue, qui a aussi bien sollicité le métrage lui-même que sa bande-originale. « Ale Ale » est une ballade romantique moderne, qui colle complètement aux états d'esprit naïfs et optimistes des jeunes Munna et Harini, incarnés respectivement par Siddharth et Genelia D'Souza.

de Sillunu Oru Kaadhal (tamoul) sorti en 2006 C O M P O S É PA R A . R . R A H M A N I N T E R P R É T É PA R A . R . R A H M A N

« New York » donne à voir le couple glamour du cinéma tamoul Surya et Jyothika dans leur dernier film commun. Il illustre le manque d'un homme en l'absence de son épouse. Composition simple mais efficace, c'est la voix de Rahman qui fait tout le travail et met merveilleusement en musique les sentiments des personnages principaux.

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D H AN U SH D AN S LA C H AN SON KAD AL R AASA N AAN M ARYAN

« Kadal Raasa Naan » de Maryan (tamoul) sorti en 2013

C O M P O S É PA R A . R . R A H M A N , I N T E R P R É T É PA R Y U VA N S H A N K A R RAJA

Ce dappankuthu poignant sert surtout à merveille la prestation saisissante de Dhanush, qui signe également les paroles de ce titre captivant. Yuvan Shankar Raja revêt ici son habit de chanteur pour laisser celui de directeur musical au service de cette séquence musicale culminante de Maryan, entre désespoir et nostalgie.

« Kalusukundama »

de Nee Manasu Naku Telusu (télougou) sorti en 2003 C O M P O S É PA R A . R . R A H M A N , I N T E R P R É T É PA R C H I N M AY I E T U N N I MENON

Ce film sur deux âmes sœur à la recherche l'une de l'autre nous propose surtout une bande-son des plus agréables, en particulier « Kalusukundama » qui nous permet d'apprécier la voix si particulière de Chinmayi sur un titre qui sent bon le romantisme 'old school'.

« Ottagathai Kattiko »

de Gentleman (tamoul) sorti en 1993 C O M P O S É PA R A . R . R A H M A N , I N T E R P R É T É PA R S . J A N A K I E T S . P. B A L A S U B R A H M A N YA M

Ce morceau folklorique utilise un instrument de la musique carnatique, traditionnelle de l'Inde du sud. Difficile de passer à côté de ce son tant il est devenu incontournable. Diffusé lors d'un défilé de haute-couture en Angleterre, il sera d'ailleurs repris bien des années plus tard par le groupe de rap français La Caution sous le titre « Pilotes Automatiques ». 190

« Mental Manadhil (Female Version) » de O Kadhal Kanmani (tamoul) sorti en 2015 C O M P O S É PA R A . R . R A H M A N , I N T E R P R É T É PA R J O N I TA G A N D H I

La voix intéressante de Jonita Gandhi est ici synthétisée pour servir ce titre dont l'instrumentalisation semble aller dans tous les sens. Pourtant, « Mental Manadhil » reste en mémoire pour son indéniable efficacité, qui réside surtout la direction musicale de son compositeur de génie.


Ayn gar an fra nce Ayngaran, fondé en 1987 par M. Karunamurthy s'est bien développé en Angleterre. En France, les films distribués par Ayngaran sont restés isolés à Aubervilliers Quatre Chemin, notamment du fait de la barrière de la langue. Depuis 2011, la bannière est gérée par une équipe de jeunes dont le but est d'étendre au mieux le cinéma indien en France. Avec plus de 20 sorties en 2015, Ayngaran est le leader du marché de l'industrie tamoule en France actuellement !

www.ayngaran.fr


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fashion review

GEEK CHIC par Imran Khan M O T S PA R E L O D I E

Après avoir été élu en 2011 'l'homme de l'année', Imran Khan n'a jamais cessé de prouver qu'il était parmi les acteurs les plus stylés du pays. Discret dans la vie, l'acteur n'est pas constamment sous la lumière des projecteurs et c'est tant mieux ! Il embrasse parfaitement son rôle de père, tout en prévoyant tranquillement ses projets futurs. Ses apparitions, il les gère désormais grâce aux réseaux sociaux, mais surtout grâce à deux personnes en particulier : Priyanka et Kazim, ses stylistes.


C'est une chose très courante désormais : les stars ont des stylistes personnels. Si vous croyez que Sonam Kapoor choisit seule ses tenues, vous vous trompez. C'est sa sœur Rhea qui joue souvent le rôle de styliste lors d'événements importants. Imran Khan n'échappe donc pas à la règle et c'est durant la promotion pour le film Katti Batti (sorti en 2015) qu'il a fait appel au couple. Parmi les acteurs qu'ils aident, il y a Emraan Hashmi, Aditya Roy Kapur, Tiger Shroff, Ali Zafar ou encore Jackky Bhagnani. Ce qui est excellent avec eux, c'est le travail formidable qu'il font pour que chaque acteur ait un style qui lui convienne, qui reflète sa personnalité et qui surtout, le mette en valeur.

Pour Imran, ce n'était pas difficile : il est le geek chic par excellence.

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POURQUOI CHIC ?

Imran aime ses chemises, ses cravates et ses chaussettes. Il aime les différentes couches, jouer avec les couleurs et la matière et son style a toujours évolué en ce sens à chaque red-carpet. Il a de plus en plus laissé les looks de jeune nouveau du cinéma de côté, pour aborder des tenues d'homme à la pointe de la mode masculine, mais surtout élégantes. Et lorsqu'il n'a pas besoin d'aborder un costume trois pièces parfaitement ajusté, il dévoile un look micasual, mi-rock, souvent coloré, souvent minimaliste. Et sa femme adore s'accorder avec lui...

PHOTOS DU C O M P T E I N S TA G R A M DES STYLISTES P R I YA N K A & K A S I M @ T H E . VA I N G L O R I O U S

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POURQUOI GEEK ?

Parce qu'il n'a jamais peur de porter un tee-shirt avec un logo Star Wars dessus, le tout avec un jean et des baskets, normal ! Il aime son téléphone, ses jeux vidéo et même construire des avions en lego. Ses chaussettes colorées, il les préfère dépareillées et en forme de pixel. Il n'a pas peur de passer une journée entière à découvrir un nouveau jeu ou encore à tout simplement rester avec sa fille. Et depuis qu'il a Instagram, il se dévoile complètement, plaisantant sans problème sur son addiction à photographier ses plats au restaurant.

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POURQUOI ON ADORE ?

Parce qu'Imran Khan est lui-même. Père attentionné, food addict, amoureux de sa playstation, il se comporte parfois comme un enfant, parfois comme un adulte mature. Il prépare aussi son avenir avec minutie, voulant ne rien manquer dans sa vie privée. Heureux en ménage, sa fille Imara a récemment fêté ses deux ans. En attendant qu'il nous révèle ses futurs projets d'acteur sur Instagram, il profite de ses journées confortablement installé avec son chat Sigmund à préparer des fondants au chocolat. (et nous, on like toutes ses photos). ▲

P H O T O S D U C O M P T E I N S TA G R A M D ' I M R A N K H A N : @ I M R A N K H A N

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Bol ly Nam ast e L A PA G E Q U I P R O P O S E L'ACTU SUR L'INDE DANS LE NORD ET AUX ALENTOURS (BRUXELLES, PA R I S ...) Tous les événements en rapport avec l'Inde : Cinéma, Musique, Spectacles, Restaurants, News et plus encore ! Une page pour les passionnés de la culture indienne et ceux qui souhaitent la découvrir...

facebook.com/bolly.namaste


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inspiration

Pernia Qureshi LA RÉVOLUTIONNAIRE Si ce nom ne vous dit rien, c'est normal. Pernia Qureshi n'est pas une superstar de Bollywood malgré un film en 2015 qui est passé complétement inaperçu (Jaanisaar avec Imran Abbas.). Elle n'est pas non plus la fille de qui que ce soit de célèbre. Véritable inconnue il y a quelques années, elle est à 27 ans une vraie source d'inspiration. M O T S PA R E L O D I E

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PHOTO CI-DESSUS : W W W. L U X P R E S S O . C O M


Avant même de tomber dans la mode, Pernia a grandi dans l'idée de devenir avocate. Elle a fait ses études à l'université de George Washington où elle obtient un master en justice criminelle et en littérature anglaise, ainsi qu'une distinction en danse. Mais à peine diplômée, elle se retrouve à faire un stage de mode à New York avant de travailler pour de grands magazines en Inde. Elle n'a été styliste que pour une actrice : Sonam Kapoor, dans les films Aisha et Thank You. Après cela, elle s'est faite un nom comme véritable révolutionnaire de la mode.

En effet, en 2012, elle lance le premier pop-up store en ligne de vêtements indiens ! Elle n'a que 23 ans et son idée fonctionne ! Sur Pernia's Pop-up shop, elle y met en avant de jeunes créateurs tous domaines confondus, des collections limitées et cela à l'international. Elle utilisera également sa plateforme pour lancer sa propre marque éponyme à des prix plus accessibles.

En effet, si au départ très peu de créateurs lui ont fait confiance, les plus grands noms s'autorisent désormais à vendre temporairement certaines collections exclusives sur son site de vente. Mais Pernia ne se limite pas. Elle est déjà styliste et créatrice, mais aussi danseuse : elle a appris le Kuchipudi par l'extraordinaire duo Raja et Radha Reddy et exécute des performances durant de nombreux événements depuis. C'est d'ailleurs ce talent qui lui a permis de jouer dans le film Jaanisaar. En 2013, elle lance aussi un livre : Soyez Stylée, par Pernia Qureshi. Un guide pour apprendre à trouver son style, selon sa morphologie et sa personnalité. Un succès. La même année, elle décide de créer un magazine virtuel en lien avec son site de vente, faisant parfois appel aux stars du cinéma. Plus rien ne l'arrête. Enfin, en 2015, elle s'essaye au cinéma dans Jaanisaar avec un rôle fait sur mesure. Passionnée et ambitieuse, Pernia ne tourne pas le dos au cinéma : elle attend en effet un projet qui pourrait lui plaire et qui pourrait représenter un vrai défi à ses yeux. Elle travaille H24 sur son site, n'hésitant pas à jouer les mannequins et à mettre en place des idées innovantes de vente et de styles. ▲

Une vraie businesswoman qui n'a pas froid aux yeux et qui s'affiche aujourd'hui comme l'ultime icone mode de la nouvelle génération.

C'est, aujourd'hui, la plus iconique des it-girls indiennes. A suivre absolument ! PHOTO CI-DESSUS : SHOP THE LOOK, W W W. P E R N I A S P O P U P S H O P. C O M

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c créateur à suivre

MASABA PHOTO CI-DESSUS : W W W. M I D - D AY. C O M

Fille de l'actrice Neena Gupta, Masaba commence à se faire un nom à l'âge de 19 ans, quand elle pose sa candidature pour participer à la Lakme Fashion Week avec sa toute première collection : Kattran (petit morceau de tissu). Elle y prendra donc part et son extravagance fera beaucoup parler d'elle. Jeune créatrice qui aime les couleurs pop et les imprimés, la maison Masaba se popularise petit à petit grâce à ses couleurs pimpantes et ses imprimés que la jeune femme dessine et créé elle-même. Son côté décalé et sa compréhension d'une génération à mi-chemin entre une garde-robe moderne, personnelle et peu conventionnelle, lui permettront de devenir l'une des créatrices chouchoutes des stars. Peu importe votre âge, il y a forcément quelque chose fait pour vous dans ses collections, qui chaque année souhaitent mettre en valeur la femme comme une personne indépendante, audacieuse et surtout magnifique. Mais le plus avec Masaba, c'est son prix. Elle veut offrir une accessibilité qui n'est pas toujours possible dans le milieu de la mode et ça plait !

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Sey l Ma ha DANSEUR B O L LY W O O D Pour vos mariages et autres événements, bousculez les codes de Bollywood !

facebook.com/SeylMaha youtube.com/user/ lyessdance12


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tendance

tendance

Ça fait déjà quelques années que les 90's s'invitent partout dans le monde de la mode. Les stars indiennes n'ont pas été épargnées par cette tendance qui grandit de plus en plus. Jeans taille haute, top cropés, colliers ras-decou, bombers taille xxl... Même nos stars favorites craquent pour des pièces revisitées et déjà portées à l'époque par les acteurs de séries TV ou tout simplement par les Spice Girls (oui, oui.)

Avec l'été et la chaleur, une nouvelle vague a vu le jour, surfant sur ce parfum des 90's. Il était temps de libérer nos épaules et de se détendre un peu... Des tops légers, colorés, avec un parfum de "vacances" et de "campagne". Tout le monde a été séduit par cette tendance aussi rapide qu'éphémère. Car les cours ont repris, le travail aussi et nos looks risquent de paraître "hors-contexte" avec ce style de top maintenant que l'hiver approche ! Mais pas de panique, car doucement arrive l'évolution de cette tendance (comme pour les Pokémon !) afin de nous permettre de supporter l'hiver tout en laissant nos épaules en liberté. S O N A K S H I S I N H A , L O R S D U B O L LY W O O D M U S I C P R O J E C T F E S T I VA L , I L L U S T R E PA R FA I T E M E N T L A T E N D A N C E 9 0 ' S .

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SHOW ME

ton épaule

DE DROITE À GAUCHE, DE HAUT EN BAS : SHRUTI HAASAN (GAURI A N D N A I N I K A ) , P R A C H I D E S A I ( S VA B Y S O N A M A N D PA R A S M O D I ) , P O O J A H E D G E ( Z A R A ) , TA M A N N A A H B H AT I A ( M A N I K A N A N D A ) E T P R I YA N K A B O S E ( S H R U T I S A N C H E T I )


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dernière minute mode

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SONAKSHI SINHA (JANI KHOSLA)

DIVYA KHOSLA KUMAR (VIKRAM PHADNIS)

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ADITI RAO HYDARI (SHANTANU AND NIKHIL)

HUMA QURESHI (MICHAEL COSTELLO)

TOP 5 I I FA AWA R D S 2 0 1 6 En juin dernier, l'équipe de Bolly&Co était à la cérémonie des IIFA Awards 2016 ! Présentes sur le green carpet, nous avions pu voir en direct toutes les stars, chacunes avec un look plus soigné que l'autre : voici notre top 5 ! RETROUVEZ TOUTES NOS PHOTOS S U R N O T R E PA G E FA C E B O O K !

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DEEPIKA PADUKONE (SABYASACHI)


COVER WAR Le même mois, la même cover, pas le même acteur ! En effet, Vogue India et MAXIM India ont tous les deux choisis de mettre en avant des acteurs du moment. Que ce soit Sidharth ou Ranbir, chacun est accompagné de deux mannequins ! Une préférence ?

À ÉVITER ! Peu fan de la robe, le pire reste la coiffure et les chaussures ! Dommage quand on sait que Neha était à une soirée très mode..

POURQUOI ? Rien ne va ! Ni la dentelle avec les chaussures lacets, ni les boucles d'oreilles ! Le make-up trop prononcé n'arrange rien...

OH NON... Le visage d'un zombie, le col d'un coq sorti de sa ferme et le reste... c'est le mélange le plus improbable de l'année, et c'est Deepika ! 203


première photo

entre stars

Quand il faut y aller, il faut y aller.

Discussion sérieuse autour de la table qui s'est terminée en sourires et en moues

au boulot

la fan

Quand on commence à 4h du matin...

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C'est l'heure.


hors boulot

mode

Dans le tram de Mumbai pour la première fois, impressionnée...

La fête est finie !

humour

ses projets

Couverture de Vogue, 1973

Voilà la bande-annonce de Mantra !

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the meeting place M O T S PA R A S M A E P H O T O G R A P H I E PA R A B H AY S I N G H

Bolly&Co est certes un magazine d'information sur le cinéma indien et son univers, mais nous avons également une imagination débordante. A la suite d'une conversation groupée durant laquelle nous déplorions de ne pas voir nos acteurs favoris réunis dans un seul et même projet, nous en sommes venues à l'écriture de 'The Meeting Place', thriller d'action avec ce qu'il faut de rebondissements et de drames pour vous divertir. Alors, lorsque l'équipe rédactionnelle de Bolly&Co se la joue scénariste, ça donne ça... VIDYA BALAN ... PARINEETA/PARI SUBRAMANIAM SHAHID KAPOOR ... ARAAV SENGUPTA EMRAAN HASHMI ... RAJA SHARMA AKSHAY KUMAR ... PARESH/PAGLU TIWARI FARHAN AKHTAR ... KISHORE/KISHU TALWAR RANI MUKERJI ... AMALA SENGUPTA IMRAN KHAN ... IMRAN KAPUR SURESH OBEROI ... ANAND SUBRAMANIAM GENELIA DESHMUKH ... KALYANI/KAALI TALWAR

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quatrième chapitre Des sirènes retentissent. Une ambulance arrive. Raja sort du baraquement sur un brancard. Les voisins du quartier, interpellés par le bruit, guettent l'arrivée des secours et de la police. C'est alors qu'Araav et son équipe se dégagent également du lieu, escortant Amala, menottes aux poignets. Cette dernière ne détache pas son mari du regard, comme pour chercher en lui un peu de réconfort, de soutien, d'amour... A vrai dire, elle ne sait pas réellement ce qu'elle espérait de lui, mais elle savait qu'il lui était devenu essentiel. Dévorée entre la culpabilité de s'être jouée de lui et la responsabilité qui lui incombait de protéger sa sœur, Amala ne pouvait retenir ses larmes. Arrivée au véhicule de police, Araav lui ouvre la portière. Lorsqu'elle s'assoie, elle tente de lui parler. « Araav, je voulais te dire... » Mais il l'interrompt. « Ferme-la. Tu vas être mise en garde à vue puis auditionnée. Sache que nous ne ferons preuve d'aucun traitement de faveur au prétexte que tu es ma femme. » Elle profite d'un leger silence pour poursuivre son propos. « Je le sais pertinemment, et je... » Mais Araav ne lui en laisse pas le temps. « A ce propos, je te communiquerai les papiers du divorce dès demain matin. C'en est fini de me prendre pour un con. » La jeune femme semble avoir le souffle coupé. Aucun larme ne sort, ni aucun mot. Araav claque la porte et s'en va. Paglu saisit le poignet de Pari. Ils courent jusqu'à parvenir à la gare de Guindy, à 5km de là. Ils ont réussi à échapper aux autorités. Mais Pari a du mal à réaliser que Paglu lui a menti, qu'il a feint la maladie et le désarroi pour l'atteindre. Elle se souvient de ce jour où elle l'a rencontré, errant dans les rues après sa sortie d'hôpital psychiatrique. Il ne prononçait pas un mot.

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C'est à force de réconfort et de sécurisation qu'il en est venu à intégrer une seule et unique chose : Pari. Tout cela était donc faux ? Paglu s'était joué d'elle, comme tous les autres ? Comment pouvait-elle être sûre de sa fiabilité ? Après tout, Amala ne lui avait jamais parlé de lui. Et s'il était également à ses trousses, au même titre que Raja et Araav ? La jeune femme était aussi perdue que consternée. Elle s'en voulait d'avoir été dupée. Elle s'était pourtant jurée de ne faire confiance à personne et d'être vigilante à tous ceux qui seraient amenés à vouloir la connaître trop intimement. Elle a vu en Paglu un être vulnérable, même inoffensif. Elle s'était trompée. Elle était pourtant là, en train de courir et de le suivre jusqu'à une destination inconnue. Un stylo traîne au sol. Dans sa course, elle le récupère pour le cacher dans son corsage. Arrivée dans la rame, elle l'interroge. « Alors, Paglu, d'où tu sors vraiment ? » Il lui lance un regard assassin, qui glace le sang de la jeune femme, pourtant si intrépide. « M'appelle pas comme ça. Paresh. C'est Paresh. Et je te rappelle qu'on est dans un lieu public, donc ferme-la. » Pari s'approche de lui, comme si elle voulait le troubler. Par dessous son saree, elle se saisit du stylo sans que Paresh ne s'en aperçoive et le plante dans son dos, feignant qu'il s'agisse d'une arme blanche. Elle lui susurre ensuite dans le creux de l'oreille. « Je suis sûre que ma sœur n'a rien à voir avec ta tentative crapuleuse de me berner. Alors je vais m'en aller et suivre mon propre chemin, et tout cela dans le calme car, après tout, nous sommes dans un lieu public. Évitons donc d'attirer l'attention sur nous. N'est-ce pas ? » Paresh éclate de rire.


« Ta sœur est en taule à l'heure où on se parle. Elle m'a avoué que son mari avait des doutes sur ses intentions et qu'il allait sans doute découvrir ce qui vous unit. » Pari laisse tomber le stylo et s'éloigne de Paresh, stupéfaite. « Son mari, c'est... Attends, que je me trompe pas... Araav Sengupta ? Le flic qui te pourchasse et qui a failli t'envoyer au placard à plusieurs reprises, non ? Un conseil, ma jolie, ne joues pas à la plus maline avec moi. Parce que je suis le seul qui peut t'aider. » De mon côté, je me retrouve face à Kaali. D'abord ferme, elle perd son calme lorsqu'elle est confrontée à mon silence. Je ne sais quoi lui dire, quoi faire qui serait susceptible de la rassurer. « Est-ce que c'est vrai ? Putain de merde, estce que c'est vrai ?! » Je ne réponds pas. Que pouvais-lui dire, après tout ? Qu'effectivement, c'était vrai. Que je m'étais servie d'elle pour mener à bien mon enquête ? Je ne pouvais pas me résoudre à lui faire tant de mal. « Imran. Est-ce que ton enquête est concluante ? Estce que le portrait que tu tisses de mon frère est le bon ? Ou est-ce que tu cherches juste à nous détruire ?! » Elle hurlait et pleurait en même temps. Mais j'étais surpris par sa question. « Oui. Je touche au but. J'ai encore besoin de comprendre ce que compte faire cette fille. Mais oui, je suis sûr de ce que j'avance. » Kaali se mit à fixer la table. Plus précisément la photographie centrale, de son frère. Puis dans un élan de rage, elle balança tous les clichés, notes et articles qui s'y trouvaient. Elle murmurait.

« Il doit payer. » Je présume qu'elle parlait de moi. Que je l'avais perdu. Alors qu'elle se dirigeait vers la sortie, je tentais de la rattraper. « Ne t'approches pas de moi, Imran ! Tu t'es servie de moi et tu m'as laissé dans l'ignorance ! Tu me prenais pour qui ? Une gosse de riche insipide ? Une gamine pourrie incapable de comprendre la souffrance des autres ? » Elle reprit son souffle. « Tu vas arrêter ta merde. Je refuse que ces recherches te servent à écrire un de tes torchons sensationnalistes. Si Kishu a vraiment fait du mal à cette fille, il doit payer. Et c'est pas un petit merdeux de journaliste à deux balles qui lui rendra justice ! » Elle se trompait. Je ne voulais pas vendre cette histoire au plus offrant. Mais j'avais trop honte pour la contredire. « Tu me dégoûtes ! Tu utilises la détresse de cette pauvre femme pour servir ta carrière à l'agonie... Tu vas rester en dehors de ça, maintenant. C'est moi qui vais régler cette affaire. » J'étais abasourdi. J'ai toujours perçu Kaali si naïve et fragile. Je ne m'étais jamais rendu compte qu'elle avait une telle verve en elle. Mais je ne doutais en rien de sa capacité à faire tomber Kishore. Elle est donc encore plus perspicace, intelligente et juste que je le croyais. « Kaali, je veux t'aider. J'ai des informations à te... » Mais elle ne voulait pas de mon aide. Elle ne voulait pas de moi, tout court. « Tais-toi. Je n'ai pas certainement pas besoin de toi. Je n'ai besoin de personne. »

C'est alors qu'elle s'en alla, en claquant la porte. ▲

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TENDANCES ET DERNIÈRE MINUTE MODE : Retrouvez les sources dans la liste complète de nos références pour les candids. Les couvertures proviennent des sites Maxim India et Vogue India. Les photographies du top 5 des looks des IIFAs ont été prises par l'équipe de Bolly&Co, sauf celle d'Huma Qureshi (nevanta.com). THE MEETING PLACE : Photographie par Abhay Singh pour le magazine Filmfare de septembre 2016

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