Un escargot un peu trop lent à se déclarer ; des lettres d’amour illisibles qui n’arrivent jamais ; des sorcières s’échangeant des philtres d’amour ratés…
PETITES HISTOIRES D’AMOUR
Quinze histoires d’amour qui tournent court, et nous rappellent qu’aimer c’est parfois compliqué, même dans les contes de fées !
18,90 € ISBN : 978-2-917516-11-9
www.chocolat-jeunesse.com
Les histoires d’amour finissent mal en général. (Les Rita Mitsouko)
à Suzanne, à Suzie
Illustration de couverture : Poly Bernatene ISBN : 978-2-917516-11-9
Arlette l’ablette Justine Lemonnier • Illustration : Renaud Forestié
On raconte que, sous les flots, c’est Arlette l’Ablette la plus belle… Les écailles luisantes, l’œil mutin, la queue badine. Il va sans dire que Riquet le brochet, mâle dominant des étangs l’a bien remarquée et y pense sans arêtes. Un jour, affamé, il part en chasse. Devinez sur qui il tombe, notre brochet ? Arlette… Ses yeux doux n’y feront rien… Il la mange d’une traite. La nature est bien faite. L’amour un peu moins.
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À la foire Guillaume Aldebert • Illustration : Adolie Day
Sur le stand d’une fête foraine était posée une jolie pomme d’amour bien rouge au sourire caramélisé. Juste au-dessus de cette dernière, flottait un céleste ballon d’hélium à tête de clown, retenu par une ficelle. Tous les deux se regardaient amoureusement et se languissaient, nourrissant l’espoir qu’un jour un enfant passant par là, les achetât pour les réunir à tout jamais. Par un bel après-midi de juillet, à l’heure du goûter, un certain Gaspard à taches de rousseur faisait à sa mère, devant l’étalage, un formidable caprice. « Maman j’ai faim ! Maman, tu m’achètes un ballon clown ? » Devant l’insistance du bambin, la mère ne put que céder et fit, sans vraiment le savoir, l’acquisition des deux sujets amoureux. La pomme et le ballon, côte à côte, allaient enfin vivre heureux… Mais Gaspard, dans son exaltation, dévora d’une traite la pomme et lâcha malencontreusement le ballon qui disparut entre les nuages. Le dessert caramélisé s’en voulut d’être aussi bonne pomme, tandis que le ballon regretta sa légèreté…
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Jean-Mou et Mimie-Radis Fabienne Roulié • Illustration : Bérengère Delaporte
Lorsque Mimie-Radis expliqua à Jean-Mou qu'elle allait déménager dans quelques jours, ses moustaches touchèrent terre. Quelle catastrophe ! Les maîtres de sa voisine préférée quitteraient bientôt la région en emportant meubles, enfants, cabane, balançoire et …chat ! Reprenant un peu du poil de la bête, il tenta de se rassurer en racontant à Mimie-Radis qu'il n'était pas rare qu'en pareille circonstance les humains abandonnent leurs animaux. L'effet rassurant recherché ne trouva pas vraiment écho chez Mimie-Radis qui courut chez elle affolée. Le jour du départ arriva. Dans sa caisse, prête à être chargée dans la voiture, Mimie-Radis regarda une dernière fois son Jean-Mou, les yeux brillants de tristesse. « Écris-moi ! » lui miaula t-elle. Jean-Mou dormit quarante-huit heures sur le radiateur afin de se remettre de ses émotions. Puis il entreprit ce qu'il n'avait jusqu'alors jamais entrepris : écrire une lettre. Épuisé, mais fier, il posta sa lettre qui n'arriva jamais à destination : Certains facteurs expliqueront que cela peut se produire lorsque l'on écrit comme un chat !
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Amours de toujours Myriam Baudic • Illustration Clément Lefèvre
Crapaudine, sorcière de son état, depuis des siècles, en tapinois, se meurt d’amour pour Vaillandor, prince loyal, noble et valeureux, a-t-on jamais vu cela ! Alors qu’elle s’acharne à dénicher dans son grimoire une combine pour l’épouser en justes noces, elle doit se rendre à l’évidence : elle, spécialiste des verrues-cornues-tordues-velues n’y connaît absolument rien aux finasseries tendres et sentimentales. Elle se tourne donc vers sa consœur et amie de toujours, Fielina, dont le talent de marieuse est connu à mille lieues à la ronde, et lui ouvre son cœur : ce charmant prince doit coûte que coûte lui succomber. Fielina s’y entend en enchantements de toutes sortes. Elle lui concocte un savant mélange sort-potion-double-effet “un-vrai-conte-de-fées”. N’écoutant que son impatience Crapaudine se jette sur le flacon . « - Hi hi hi, j’ai vidé la bouteille, mariée dans l’année ! glousse-t-elle, déguerpissant vers le lointain château où, au même instant, le prince se sent faiblard, irascible et teigneux. - Oups ! avoue Fielina. Je n’y suis pas allée avec le dos de la cuillère ! Encore une qui m’a crue assez stupide pour risquer de perdre le seul amour de ma vie ! Dès que j’aurai trouvé la composition exacte du parfait élixir, Vaillandor m’appartiendra. S’il doit en aimer une, ce sera MOI ! En attendant, je les ai quand même unis, j’ai bien le droit de m’amuser avec mes amis. Bah, ils vivront peureux et auront beaucoup d’ennuis. »
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Lucien est un vampire Mathieu Sabarly • Illustration : Glen Chapron
Lucien est un vampire. Il dort le jour, vit la nuit et parfois même se transforme en chauve-souris. Bérengère est boulangère, elle est la reine de la brioche légère. Chaque matin aux aurores, quand Lucien rentre chez lui, il passe devant la boulangerie où Bérengère prépare ses viennoiseries. Il la trouve fraîche et délicieuse, elle le trouve fascinant et distingué. Autour d'une pâtisserie, rendez-vous est pris. Le moment venu Bérengère craque comme une biscotte pour ce prétendant si intrigant et dans l'attente d'un baiser se penche vers lui les yeux fermés. Mais Lucien ne peut s'en empêcher : c'est son cou qu'il s'empresse de croquer.
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La chenille et l’escargot Raphaël Baud • Création des personnages : Anne-Valérie Dupont Photos : J. Soufflet • Graphisme : R. Baud
Ce matin le bel escargot est accosté par la chenille. « Que fais-tu dans cette coquille ? » Dit la chenille à l’escargot « Je m’y calfeutre, jeune fille, De crainte de me retrouver Sans ma coquille, l’âme cassée, Et le cœur sur une béquille » « Oh, n’aie pas peur : je suis gentille ! dit la chenille à l’escargot. Sors de ta maison, gros nigaud, Et viens avec moi en Castille ! » Or l’escargot, qui n’osait pas, A réfléchi dans sa coquille. Dehors attendait la chenille Que l’escargot se décidât. Il réfléchit tout le printemps : « C’est entendu, dit-il, partons ! » Quand il sortit, le papillon Était parti depuis longtemps.
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En traversant la rue Pauline Croze • Illustration : Oriol Vidal
Depuis son magasin il voyait toujours cette fille qui traversait la rue et s'arrêtait devant la vitrine de bijoux. Il était très timide et n'osait jamais l'aborder, mais il décida de prendre son courage à deux mains, et de lui parler le prochain matin. Le lendemain, parmi la foule de gens et de voitures, près d’un camion de peinture des ouvriers s'affairaient sur le trottoir. Il attendit et attendit, mais jamais il ne vit la jeune fille : le passage piéton avait été effacé et repeint cent mètres plus loin.
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