Simon Moreau Mathieu Sabarly L’ÉTRANGE DISPARITION DE
PICCOLA BIANCA
Peut-être que dans cette histoire, il y a une jeune fille qui disparaît, des monstres, et le plus gros ours qu’on ait jamais vu. Peut-être.
12,90 C
ISBN : 978-2-917516-21-8
www.chocolat-jeunesse.com
Mathieu Sabarly
Simon Moreau
Mathieu Sabarly
Simon Moreau
Pour Antoine et Tessa. M. S. À mon frère, Mathieu. S. M.
«P
iccola ? Ma petite Bianca ? » Mamma Bianca n’eut que le silence pour réponse. « Piccola ?! » Lorsqu’elle vit que sa fille n’était pas dans son lit et semblait avoir disparu, la première chose qui lui vint à l’esprit fut de faire appeler Théotim, le chasseur des choses perdues.
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«M
’sieur Théotim ! C’est Mamma Bianca qui m’envoie, Piccola Bianca, sa fille, a disparu cette nuit ! S’il vous plait, aidez-nous à la retrouver ! » Théotim aurait bien préféré être réveillé par un bon petit-déjeuner plutôt que par les cris de ce drôle de bonhomme tout excité sous sa fenêtre. Mais il savait combien les gens qui perdent les choses sont toujours pressés de les retrouver. Alors les yeux encore pleins de sommeil, Théotim sauta sur le dos de son grand tamanoir et se mit en route. « Ayu ! »
D
epuis toujours, Théotim avait un don : il trouvait ce que les autres perdaient. Quand son grand-père se demandait une fois de plus : « Mais où ai-je donc encore mis mes lunettes ? » , Théotim les trouvait en moins de temps qu’il n’en faut à une mouche pour s’envoler. Et il en était de même pour le chat de tante Alberta, les billes en terre de son frère, ou la montre chanteuse de l’ancêtre du village. Théotim savait tout retrouver, du plus petit objet aux plus merveilleuses merveilles. Avec le temps, Théotim en avait fait son métier. Il était connu bien au-delà des frontières de son village pour ce grand talent.
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E
n arrivant dans le village voisin, Théotim n’eut pas beaucoup de mal à trouver la maison de Mamma Bianca. Elle était devant sa porte, les pieds dans une flaque qu’avaient formé toutes les larmes de son corps. « Piccolaaaaaaa ! Piccolaaa ! Où es-tu hu huhuhu?! » Chacun de ses cris finissait dans un sanglot qui venait faire grossir la petite mare dans laquelle elle baignait. On aurait dit une chouette qui prenait son bain en hululant. Tout le village, alors rassemblé autour d’elle, se tourna vers Théotim. « Il faut que tu la retrouves ! » lança une voix dans la foule.
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héotim prit un air sûr de lui et s’adressa à l’assemblée : « Est-ce que quelqu’un a vu ou entendu quelque chose ? ». Une femme fripée comme une vieille pomme s’avança. « Un peu avant l’aube, j’ai entendu des bruits. J’ai regardé par ma fenêtre et j’ai vu comme des bêtes sauvages, avec des yeux qui brillaient dans la nuit ! Ils sont partis vers la forêt interdite ! ». On sentit un frisson s’élever de la foule silencieuse. « Ya Ayu ! » Théotim s’élançait déjà vers la forêt. D’aussi loin qu’il se souvenait, on racontait que la forêt qui était derrière la colline était peuplée d’étranges créatures, et de nombreuses histoires rapportaient le sombre destin des imprudents qui osaient s’y aventurer. C’est pourquoi on l’appelait la forêt interdite, et que personne n’osait y aller. Théotim, lui, il s’en moquait un peu.
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nfin, il avait un peu peur, mais le souvenir de Piccola Bianca, qu’il n’avait pourtant croisée qu’une fois à la foire, lui donnait du courage. Il se rappelait surtout de ses yeux, verts comme l’émeraude. Mais déjà les arbres l’entouraient et Théotim vit, à travers les troncs serrés, des ombres inquiétantes. Les bêtes arrivaient sur lui...