Interventions au Lycée Bossuet de Condom
Très impressionné par l’histoire, la mémoire du lieu, je vous propose de les réactiver en retravaillant des éléments symboliques plus ou moins détournés. Il y a l’idée de vie en réclusion, d’adieu à un monde au moment de la vêture, d’adieu à ce monde au moment de la mort et celle, plus douce, mais qui n’en revêt pas moins des blessures, des frustrations, des instants de fraternité, de bonheur ou de douleurs inoubliables, d’internat. L’économie d’un tel lieu, couvent, a à voir aussi avec l’utopie sociale d’une autarcie, d’un bonheur dans l’isolement, dans la rupture, à la marge d’un monde trop matériel et à la morale insatisfaisante. Il y a aussi le moment de l’adolescence avec ses désirs et ses rêves. (Il y aurait de la matière à réflexion en cours de philosophie)
1/J’aimerais travailler à partir de portraits filmés des jeunes filles. Ceci en lien avec l’idée des biographies, du cimetière et de la visite du site, lors de son ouverture au public lors des diverses manifestations prévues, par des anciens élèves qui viennent regarder à travers les fenêtres pour revoir leurs classes d’alors. Les jeunes filles dont on ne verra que le visage et une main qui dit au revoir seront habillées à la manière d’Ursulines en tenue religieuse (coiffe). J’imagine, la coiffe noire et blanche cernant le visage. Il s’agira d’une mise en scène et d’un jeu de regard léger avec un signe de la main signifiant un au revoir, un adieu ou un salut. La vidéo sera légèrement ralentie et traitée pour augmenter l’aspect fantomatique de ces visages. Les vidéos seraient montrées sur des écrans situés dans les salles donnant sur le parc. On ne pourrait les voir qu’à travers les fenêtres.
2/Un deuxième travail se fera en collaboration avec Marielle Agostini. Il s’agira d’une chorégraphie mettant en scène des lits de l’internat et de danseuses en robes de toile blanches (le lever et le coucher), cheveux lâchés, reprenant des gestes rituels inscrits dans le règlement des Ursuline. Une musique, composée en partie en studio sera jouée en public. La composition ainsi que la chorégraphie trouvera sa matière dans des signaux rituels utilisés par les Ursulines. Ce travail pourrait être vu en répétition lors d’une ouverture au public.
3/Un autre travail sera d’impliquer les élèves dans le déchiffrage et la réécriture des biographies des Ursulines pour un travail de lecture enregistrée, peut-être avec le professeur de français.
4/Les élèves musiciens seront invités à travailler sur une musique construite à partir de l’idée du signal et aussi d’une transcription de la partition (image). Ce projet plus précisément se fera avec le professeur de musique et pourrait être la musique de la chorégraphie proposée plus haut.
5/« Le signal », instrument décrit dans le règlement, qu’on imagine de percussion et manipulable d’une main, sera réinventé pour l’occasion. Ce travail sera l’objet d’une recherche sur des objets existants de percussion ou de manipulation. Une recherche sur les premiers objets utilisés par l’homme, l’objet rituel tribal et l’objet prolongement de la main dans l’art moderne et contemporain (objet détourné, design d’objet, objet rituel lors de performances). Cette partie du projet se fera en lien avec le professeur d’arts plastiques. Les élèves auraient à concevoir les objets et à les fabriquer (matières et formes symboliques et suffisamment percussif pour être utilisés).
6/Un autre projet à lier à la fois aux portraits en vidéo d’Ursulines et à la chorégraphie sera la remise en état de la Diane par un groupe de garçon. Il s’agit là encore d’une vidéo montrant les
étapes de la remise en état, mais chorégraphiée et mise en scène. La diane serait lavée puis repeinte en blanc. Elle serait installée en regard des vidéos d’adieu des ursulines au centre du parc et placée peut-être sur socle.
7/Le château d’eau serait habillé de toile blanche accrochée à l’intérieur aux chaines déjà installées. Cette pièce serait sonore. C’est sans doute cette bande son qui aurait pour matière les textes lus par les élèves.
Voici, dans un premier temps, mes propositions. Elles peuvent s’adapter, s’effacer pour d’autres qui viendraient lors de ma présence sur le site et seront dépendantes des collaborations avec les élèves et les professeurs.
Par ailleurs, je n’ai pas encore la forme définitive de mon intervention dans le cimetière.