L'espace de divertissement comme fabrique d'Urbanité - TFE

Page 10

L’ESPACE DE DIVERTISSEMENT COMME FABRIQUE D’URBANITÉ

Travail de fin d’études Pour l’obtention du diplôme d’état en Architecture

Réalisé par Lina BOUMAHDI Encadré par M Aziz DERROUICH Université Internationale de Rabat Juillet

2022

� mes parents, Hadil , Nadir et Nani

Remerciements

Je souhaite remercier en premier lieu mon encadrant de thèse, M.Derrouich Aziz, Architecte et Enseignent à l’Université Internationale de Rabat, pour ses passionnantes discussions, son partage de connaissances et réflexions et au temps conséquent qu’il m’a accordé, c’est à vous que je dois l’élaboration poussée de ce travail. Je vous remercie pour votre patience, votre soutien et votre générosité .

Ce travail de thèse marque la fin d’un chapitre de ce parcours passionnant en Architecture, une expérience particulière que je dois aussi à mes professeurs durant tout ce cursus, à Madame Maria El Glaoui, à Monsieur Johann Petersmann et à Madame Naomie Dahhan et à mon tuteur de stage Monsieur Arnold Delahaye, nos discussions m’ont forgé et font de moi ce que je suis aujourd’hui .

Enfin, je remercie mes parents, mon frère et ma sœur, ainsi que mes amis qui ont toujours été présent pour moi et pour leur soutien inconditionnel durant ces six années .

C’est avec honneur que je vous dédie ce travail avec corps et âme, preuve de reconnaissance envers vous ..

Plan de travail

Introduction

Choix

Méthodologie de travail

Partie 1 : Mise en situation

1. La recomposition de l’urbanité au sein de la ville du 21ème

1.1 L’urbanité : notions flexibles

1.2 La genèse de l’urbanité

L’antiquité

La renaissance

Le siècle des lumières

L’école de Chicago

1.3 L’urbanité contemporaine

Les liens sociaux d’urbanité

Les lieux sociaux d’urbanité

1.4 Synthèse

2. Le microcosme stressé ...........40

2.1 Un univers sous pression

2.2 Classifications

Le stress social

Le stress urbain

2.3 Les « anti-stress » contemporains

Soutien social et altruisme

Qualité de l’environnement bati : MIND the gaps

3. Sythèse

Partie 2 : Mise en théorie

1. Vers de nouvelles pratiques de l’espace public : ..........52

1.1 Rétrospective

1.2 Interprétations

1.3 Un espace de co-présence .

1.4 Un espace d’usages et appropriation :

1.5 Un espace dépoussiéré :

1.6 Synthèse : Un espace de divertissement

...............................................10
du sujet ................................................11 Problématique ................................................12 Questionnements ........................................ ................................................14 Hypothèses ........................................ .................................................15
........................................ .................................................16
...........20
...........48

2. Le Design urbain comme outil d’aménagement des espaces de divertissement ..........76

2.1 Théories : Définition

Acteurs et domaines d’intervention

L’importance du design urbain

2.2 Pratiques : Principes d’intervention

Niveaux d’interventions

Design urbain et espace de divertissement

Intégration et connectivité Diversité et adaptabilité Responsabilité environnementale Lisibilité et identité

2.3 Études de cas :

FAB Civic Center Park - OMA

SUPERKILEN - BIG Houssay Square- RDR Arquitectos

3.3 Synthèse

3. Les 12 approches de restructuration des espaces de divertissement......90

3.1 La Biophile : THE NORTH ZURICH PARKSCAPE - Raderschallpartner

3.2 Connecté + Interactif : URBAN FLOW - Nordkapp and Urbanscale

3.3 Flexible + adaptatif : HARVARD PLAZA - STOSS LandscapeUrbanism

3.4 Social MECA - BIG + FREAKS

3.5 Interdisciplinaire +multifonctionnel PRAHAN SQUARE - ASPECT STUDIO

3.6 Intergénérationnel + Inclusif KING’S CRESCENT - MUFArchitects

3.7 Intuitif + Accessible : ROSE KENNEDY GREENWAY - Carol R. Johnson Associates

3.8 Local + autochtone : Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe - Peter Eisenman

3.9 Ludique The Public Machinery Multiprogram Ship- Lab.Pro.Fab.

3.10 Stimulant économique : Sant AntoniSunday Market - Ravetllat Ribas Architects

3.11 Sécurisé : Dr. Antonio Rendic Plaza - Fundación Mi Parque

3.12 Serein + apaisant : MICROINSTALLATIONS - NO studio

3.13 Synthèse Conclusion ......116 ......118

4.
Partie 2 : Mise en pratique 1. Choix du site
1.1 Choix du site 1.2 Intentions 2. Analyse et Projet
Bibliographie

Introduction.

Les villes et agglomérations urbaines sont des centres de développement économique, de services, de connaissances et de créativité . L’espace public est l’âme de la ville, le lieu où toutes ses caractéristiques se rassemblent, l’importance des espaces publics pour la ville va bien au-delà de ces fonctions logistiques. C’est un espace de chevauchement et d’interconnexion, le lieu où se matérialise le caractère et la culture d’une société, le lieu donnant vie à l’urbanité .

La société contemporaine commence à apporter de nouveaux principes et de nouvelles technologies permettant de repenser le fonctionnement et la structure de cet espace dans l’optique de favoriser l’interaction des individus entre eux même et la ville dans l’optique de catalyser un développement social, urbain et économique durable,faisant place à une résilience et une qualité de vie .

Les espaces publics créent les conditions de la vie sociale au cœur de la ville et permettent aux citadins de s’adapter aux rythmes de la ville. Ces individus attribuent des significations aux lieux et liens sociaux par le biais d’innombrables expériences et actions individuelles et collectives dans les espaces publics. C’est ainsi qu’émerge une société urbaine (Sennett 1974 ) . Se sentir chez soi tout en étant entourés d’étrangers se révèle être la visée d’un espace public de qualité.

Cependant, la ville en tant que domaine public est sous pression. La mobilité croissante et l’essor des technologies et l’émancipation des individus altèrent la fonction initiale de l’espace public en tant que lieu de rencontre, amplifié par des phénomènes sociaux plus complexes tels que la commercialisation et l’individualisation. Des espaces publics connus auparavant pour l’urbanité qu’ils émanent ne correspondent plus à cette idéal d’une culture urbaine ouverte et diversifiée.

Richard Sennett, The Fall of Public Man [1974] (Penguin 1978)
10

Choix du sujet .

L’intérêt que je porte à ce sujet découle de ma pratique quotidienne de la ville d’Agadir, en tant qu’individu d’une part, et de membre d’une communauté d’une autre part .

La réflexion menée a été engendrée par une question assez simple, que chaque citadin, en dépit de l’age, le genre ou l’appartenance politique ou religieuse, se pose à un certain moment donné : Ou vais-je me divertir ? Bien souvent, la réponse tourne autour des espaces de consommation ( malls, cafés, restaurants ) ou espaces naturels (parcs , jardins . ), un déficit d’espaces de divertissement qui ne suivent pas la situation actuelle qui évolue déferlement .

Ces espaces (malls, cafés, restaurants ) sont souvent pratiqués comme espace de rencontre, d’études, des espaces que l’usager s’approprie afin d ‘y pratiquer une activité qui sort du programme conçu pour l’espace, cette appropriation n’est souvent pas à la faveur de l’usager ( manque de wifi, tables, environnement bruyants ) exemple de rabat-agdal comme espace d’études et de divertissement . Des phénomène prouvant encore que la mutation et la vitesse d’adaptation de l’Homme contemporain dépasse celle de la composante spatiale de la ville .

11

Problématique .

Ce mémoire de recherche traite plusieurs problématiques qui s’entremêlent, l’une menant à l’autre. On entamera cette problématique par un constat, étant l’une des forces motrices directrices qui m’a permis d’entamer ce travail . La ville, comme on l’a connait aujourd’hui, souffre d’une urbanité qui se fragilise de plus en plus . Cette dernière étant une qualité propre à la ville et ses habitants(Lussault,2003) s’effrite et perd sa valeur au cœur d’une société qui s’émancipe .

Une mutation traduite par des individus qui s’individualisent encore plus simultanément qu’au rythme de vie qui change promptement. La société, en réponse à cette altération, subit des changements fondamentaux qui conditionneront par la suite la vie citadine, si ce n’est point déjà le cas : entre l’affranchissement et l’effritement de la société, la mondialisation a eu ses répercutions tantôt en termes sociétale, politique et économique avec des individus frustrés en « burnout », résultant ainsi à une perte de sociabilité d’où la fragilité de l’urbanité contemporaine.

Ce contexte de mondialisation, de mutations vers les nouvelles technologies et d’urbanité fragilisée nous renvoie à la ville, plus précisément à ces lieux sociaux : l’espace public. A partir des années 1980-1990, l’espace public reprend sa place et préoccupe ainsi les architectes, urbanistes et décideurs politiques dans une approche de redonner à l’urbanité sa connotation qui s’est estompé, tout en étant conscient de l’importance de la notion du divertissement pour les citadins, il est alors question d’espace public comme espace de divertissement dans la ville .

Cependant, malgré ce début d’efforts et de prise de conscience, l’espace public est à ce jour encore délaissé, victime des mutations de la société. En remontant en amont, on s’apercevra que la raison derrière ce délaissement est que la société est mutante, à contrario de l’espace public qui reste stagnant, ne répondant pas aux besoins et usages des citadins qui évoluent sans cesse. Certes, des espaces publics en ville existent, toute fois, Des espaces mal configurés, peu inclusif, où la sécurité n’est pratiquée qu’en théorie : ces espaces agonisent malgré le potentiel qu’ils détiennent spatialement, socialement, politiquement et même économiquement.

12

Afin de remédier à cela, des tentatives d’intervention, qui généralement se voit être d’ordre architectonique pastiche (quelques plantations, une aire de jeux ainsi que deux ou trois bancs ), se mettent en place, le résultat ? Un espace encore une fois délaissé au mieux pratiqué par une minorité. C’est à ce niveau que doit intervenir l’architecte, en croisant les différentes disciplines allant de l’architecture à la sociologie en passant par l’urbanisme et le paysage urbain qu’on arrivera à cerner cette problématique de l’espace public en tant qu’espace de divertissement ainsi que son apport à l’urbanité .

Parallèlement, les individus, malgré toute cette mondialisation et émancipation, restent des êtres sociables, s’appropriant ainsi des espaces, qui majoritairement se trouvent être des lieux de consommation ( centres commerciaux, gares, cafés..) qui répondent à leurs besoins et usages. Cependant, ce qui diffère de la sociabilité du passé, est qu’aujourd’hui, le citadin a aussi besoin de se retrouver seul, justifiant encore une fois le délaissement de l’espace public traditionnel .

La considération socio-spatiale de l’urbanité à travers l’espace de divertissement s’avère être nécessaire à la ville afin de remédier à cette carence et défaillance dont souffre le marocain aujourd’hui. Cela dit, toujours est il que ces espaces doivent être configurés et optimisés de sorte à répondre aux enjeux de la ville contemporaine et ses habitants .

Tout cela marquera ainsi l’importance des changements qui bousculent la ville d’aujourd’hui, quant à la définition de l’espace de divertissement ainsi que les approches de sa restructuration, ils s’avéreront par la suite comme outil principalement à l’émergence d’une nouvelle urbanité autrefois perdue . D’où le titre de cette thèse : les espaces de divertissement comme fabrique d’urbanité.

13

Qu’en est-il de l’urbanité aujourd’hui ?

Comment se définit l’urbanité contemporaine ?

Qu’est-il derrière le délaissement de l’espace public ?

Comment se définit l’individu contemporain ?

Quel outil pour restructurer l’espace de divertissement ?

Comment se divertit le cosmopolite ?

Comment se pratique l’espace public concrètement?

Quel lien s’établit entre urbanité, individu et espace public ?

COMMENT CONCEVOIR L’ESPACE DE DIVERTISSEMENT DE DEMAIN ?
14 ? .

Hypothèses

Ce travail portera sur l’urbanité de la ville du 21ème siècle ainsi que la mise en rapport entre la matérialité de l’espace public et le citadin. Le constat émit lors de la problématique génère des hypothèses qu’on explorera lors de ce mémoire de recherche :

La première hypothèse traitée lors de ce mémoire de recherche est qu’il existe un lien en amont, entre cette urbanité fragilisée, ce microcosme stressé ainsi que l’espace public délaissé, tenter de donner à la ville une nouvelle urbanité à travers l’espace public. Pour cela, il s’avère nécessaire de développer la notion d’espace public, qui ne semble pas être précise ni universelle. Cela dit, que l’émergence du besoin de se recharger conditionne la qualité de vie de l’individu :

La deuxième hypothèse est que le délaissement de l’espace public est dû au déphassage entre ce dont les citadins ont besoin et ce que l’espace public qu’on conçoit à ce jour offre en termes de programmation

La deuxième hypothèse est que l’espace public en tant qu’espace de divertissement serait le «ressusciteur» de l’urbanité au cœur de la ville. L’espace public, loin d’être qu’un simple vide résultant de masses bâties, est un espace, l’espace public a changé..

En analysant comment intervient le design urbain à l’échelle macro de l’espace public, pour aller plus précisément en détail à l’espace public comme espace de divertissement.

La troisième hypothèse est que dans la mesure d’aboutir à des espaces de divertissement structuré et intégré dans la ville, il se doit d’approcher la conception de l’espace à travers des guidelines ou recommandations issues de projets d’espaces publics réussis à travers le monde, générant ainsi un espace de divertissement structuré, encourageant l’individu à le pratiquer, individuellement ou en groupe, redonnant ainsi une urbanité à la ville .

.
15

Méthodologie de travail .

Dans le but d’appréhender les enjeux liés à la problématique et s’assurer des hypothèses, un travail de compréhension, de mise en contexte et d’analyses concrètes à plusieurs échelles de la situation que conditionne l’individu et la ville contemporaine se voit être nécessaire pour cerner la problématique en amont.

La première partie plutôt de mise en contexte, abordera les enjeux de la ville contemporaine à travers une approche plutôt de sociologie urbaine qui mettra en perspective la situation actuelle, souligner que la société est mutante e et que cela se répercute sur l’individu notamment à travers le stress menant ainsi à un microcosme stressé. Cela tout en justifiant ainsi notre rôle en tant qu’architecte humaniste dans la société.

La deuxième partie vient pour concrétiser notre apport en tant qu’architectes à la société, cela à travers trois séquences :

La première séquence viendra élaborer l’idée que les espaces conçus aujourd’hui sont dépassés, et qu’afin de remédier à cela, de nouvelles approches et restructurations de l’espace public sont élaborés par les architectes .

Toujours dans une démarche prospective, la deuxième séquence permettra d’analyser un des outils de restructuration des espaces de divertissement « en vogue », étant le design urbain et ses principes permettant de structurer un espace cohérent et praticable dans la vraie vie, cette séquence permettra de composer l’image de l’espace de divertissement d’un point de vue urbain et architectural .

La troisième séquence viendra par la suite établir un ensemble d’approches et recommandations dont l’objectif est de concevoir des espaces de divertissement optimaux répondant aux plusieurs enjeux de la société contemporaine, cela à travers l’analyse et études de cas de projets d’espaces de divertissement ayant prouvé leurs succès auprès des cosmopolites.

Cette partie constituera un référentiel pour le projet d’intervention .

16
© https://pxhere.com/en/photo/606167?utm_content=shareClip&utm_medium=referral&utm_source=pxhere
PARTIE I Mise en situation 1. LA RECOMPOSITION DE L’URBANITÉ DU 21EME SIÈCLE 2. LE MICROCOSME STRESSÉ

1 .LA RECOMPOSITION DE L’URBANITÉ DU 21EME SIÈCLE

En considérant le contexte mondial actuel, la ville urbaine et le citadin procréent un phénomène de civilisation, de plus en plus de personnes peuplent les villes et grandes métropoles . D’après l’ONU, en 2010, les citadins s’élèvent à plus de 50% de la population mondiale, et d’ici 2030, ce chiffre pourra atteindre les 60% . D’où l’émergence de l’urbanité ainsi que la généralisation d’un mode de vie caractéristique et distinctif à la vie contemporaine .

1.1 L’urbanité : notions flexibles .

A premier abord, on débutera par une définition épistémologique du terme. La simple recherche à travers les grands dictionnaires de la langue française nous souligne les différentes définitions étymologiques du mot «urbanité» :

Robert historique de la langue française : «Emprunté au dérivé latin urbanitsa «séjour de la ville» et «qualité de ce qui est de la ville», en particulier la politesse de mœurs, le bon ton»

Le nouveau petit robert de la langue française (2013 ) : «Politesse où entre beaucoup d’affabilité naturelle et d’usage du monde» / «Caractère de ce qui a rapport à la ville»

L’usage classique et quotidien de la langue française, l’urbanité est directement liée au caractère de la ville . L’urbanité nous renvoie alors à un certain usage du monde à travers la politesse, l’amabilité et le respect de nombre de règles permettant d’organiser la vie quotidienne du citadin au sein de la société .

Passons alors à une définition plus élaborée et précise selon notre contexte d’étude : Dictionnaire de la ville et l’urbain Pumain D, Paquot T et Kleinshmager R «Du latin urbanitas, désigne tout ce qui est spécifique à l’urbanus, à l’habitant de la ville, et à l’urbs, la Ville par excellence […] L’urbanité correspond à cet état d’esprit, que seule une grande ville riche de sa diversité de populations et de cultures, entretient. » (T. Pumain )

Afin de mieux cerner cette notion qui s’avère assez complexe, on se basera sur les définitions des sociologues urbains . Selon le sociologue français Isaac Joseph, l’urbanité est en relation directe avec les qualités de l’Homme dans la ville, il site dans son essai sur la dispersion de l’espace public « il est significatif que le premier sens du terme, l’urbanité comme gouvernement d’une ville, ait disparu», expliquant ainsi que l’urbanité est surtout le travail de la société urbaine sur elle-même plutôt que résultante d’une législation administrative .

Pumain Denise. Dictionnaire La ville et l’urbain. Paris: Economica Anthropos, 2006. Print.
20

Selon Abdelkader Lakjâa : sociologue et maître de conférence à l’université d’Oran : l’urbanité en émergence et refondation du lien social .

Il considère que l’urbanité peut avoir plusieurs définitions variables, il souligne l’idée derrière le concept de l’urbanité étant la possibilité de saisir le changement social à travers la dimension spatiale sans pour autant omettre la question sociale qui surplombe la question urbaine . Développant ainsi une définition de l’urbanité comme «les différents faisceaux de relations que les citadins tissent entre eux à travers la ville » .( Lakjâa, 2009 )

Du point de vue des spécialistes de l’urbain, la définition de l’urbanité réside dans le respect des règles organisant la vie sociétale , un respect qui accentue le savoir-vivre ensemble, que cela soit au niveau du public ou privé . Résumant alors l’urbanité comme éthique urbaine du respect et du vivre ensemble .

L’urbanité est alors directement liée à la ville et se manifeste au niveau collectif selon différentes échelles telles l’immeuble, le quartier, la rue, l’agglomération, les activités de divertissement etc.. mais aussi au niveau individuel et cela à travers l’aptitude de l’individu à réunir et gérer toutes ces différentes échelles .

L’une des perceptions de l’urbanité qu’on va retenir pour la suite est celle propre à la géographie et au caractère urbain d’un espace .

D’après Jacques Lévy,spécialiste en géographie polititque et professeur à l’EPF de Lausanne, le terme d’urbanité est lié à la ville comme structure matérielle complexe, et non comme espace social . Il considère l’urbanité comme résultante de la densité et la diversité des objets de la société dans l’espace telles les idées, les attitudes, représentations et imaginaires, les comportements individuels et collectifs dans la société qui résultent à une densité dans la vie quotidienne .

L’urbanité est alors liée à la capacité d’évaluer une co-présence de différentes activités et populations à travers les densités et diversités internes de l’entité urbaine . Dans le même

sens, on considère l’urbanité comme caractère propre de la ville comme entité composée d’espaces permettant de simplifier toute forme d’interaction entre individus .

En complément avec Lévy, Michel Lussault, géographe français et ex-président du conseil supérieur des programmes, ont introduit la notion de gradients d’urbanité qu’on retrouve dans «Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés» . Cette notion est liée à la configuration spatiale d’une situation urbaine, ainsi qu’à la densité et diversité sociale de cette dernière . De là, on peut souligner l’impact des espaces publics sur le degré d’urbanité d’un espace urbain donné

Une présence d’espaces publics structurés permet d’accentuer le degré d’urbanité . Il est alors considéré (l’espace public) comme manifestation métaphorique et métonymique du degré de la relation liant interaction et intégration entre la société urbaine comme entité unifiée et ses composantes notamment les individus .

Comme Hannerz définie la ville dans son ouvrage «Explorer la ville» : « rassemblement d’individus qui n’existent comme êtres sociaux qu’au travers de leurs rôles et des rapports qu’ils établissent et entretiennent en jouant leurs rôles » , il s’avère que la ville est étroitement liée à ses pratiquants et qu’elle tente à affirmer son identité métropolitaine à travers l’urbanité de ces pratiquants .( P.George, 1984 )

21

Abdelkader Lakjâa « Les périphéries oranaises : urbanité en émergence et refondation du lien social », Les Cahiers d’EMAM, 18 | 2009, 29-44 Jacques Lévy, « L’urbanité européenne : un patrimoine, un enjeu », Raison présente, no 151, 2004, p. 91-101 Michel Lussault, « Urbanité », in Jacques Lévy et Michel Lussault, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, 2003 [2013] George Pierre. Ulf Hannerz, Explorer la ville. Eléments d’anthropologie urbaine, traduction et présentation par Isaac Joseph . In: Annales de Géographie, t. 93, n°520, 1984. p. 737
L’urbanité n’est pas innée, elle est toujours inventée et réinventée d’où l’évolution de ces différentes connotations . La définition de l’urbanité est assez complexe, en constant métamorphose et liée à plusieurs composantes (humaine, culturelle, spatiale, .. )

1.2 Genèse .

Dans le but d’aborder la question de l’urbanité dans le monde contemporain, il est nécessaire de reprendre la genèse de cette notion dans le temps . Comme on l’a constaté dans la souspartie précédente de ce chapitre, l’urbanité se caractérise par la relativité de sa définition . On considère alors que la diversité des connotations accordées à l’urbanité sont une résultante de la genèse du phénomène en soi dans le temps .

L’ANTIQUITÉ

L’émergence de la notion de l’urbanité est récente, cependant les valeurs qui en découlent puisent d’une histoire plus ancrée dans le passé . L’urbanité comme mode de relations sociales a été perçu dès l’antiquité, ainsi avec le progrès de la civilisation, l’urbanité naquit comme un idéal de politesse et de bon ton. En effet, on retrouve les premières traces de la notion d’urbanité dans le latin antique « urbanitas» , on le remarque notamment chez les romains . Le Romain de nature bien doué que le grec par sa politesses,sa distinction des manières et de l’esprit considérés comme des qualités innées, commença à s’éloigner de tout ce qui est dit «rusticitas» c’est à dire rusticité et ruralité .

DL’urbanité qu’on associe aux Romains puise de la civilisation grecque . Le terme Urabanitas qui marquera la civilisation romaine aura alors pour origine étymologique «l’atticisme grec» (Forme de la langue grecque particulière au dialecte attique) qui se définit en étant la qualité du discours selon l’académie des inscriptions et belles lettre de France ( 1717 ), révélant ainsi que le terme d’urbanité revient en amont aux Grecs notamment avec Aristote qui prit cette urbanité comme élément important structurant l’enseignement rhéteur afin de permettre le succès du discours et c’est dans la même vision que Quintilien, rhéteur et pédagogue romain considéra l’urbanité liée à l’esprit caractérisé par une intelligence et vivacité bien particulière. G.Lafaye (1911)

L’emprunt des notions grecques n’est guère nouveau, il est indéniable que la majorité des réalisations romaines en terme urbain suivent une logique assez proche voire similaire à celle caractérisant les grecques avec quelques notions telles le tracé en Damier de type hippodamien ou les systèmes d’aménagements urbains .

Le but des romains étant de fabriquer une idée de la ville comme représentation de la civilisation romaine urbaine donnant ainsi naissance à une nouvelle urbanité pratique . En reprenant les travaux de Cicéron,( homme d’état romain, avocat, philosophe et rhéteur latin, ), G.Lafaye affirme que «l’urbanité romaine a des racines profondes dans la nation; elle s’est manifestée depuis les origines, bien avant qu’on ne songeât à la désigner par un mot particulier» G.Lafaye (1911)

Concrètement, l’urbanité dans le modèle grec et romain est caractérisée par l’espace public, qui est perçu comme symbole fort de l’urbanité antique avec l’émergence des deux notions d’Agora chez les grecs et le Forum chez les romains et se caractérisent par des principes tels le vivre ensemble, le partage et le respect .

Ces espaces publics se caractérisent notamment par leurs multifonctionnalité en devenant des espaces de rencontre et d’expression politique avec la naissance de la démocratie en Grèce, ou lieux de commerce et échange . La vision de la ville antique est celle d’un lieu de culture, de politique de rencontre et de diversité, l’urbanité va alors de pair avec la notion de la civilisation urbaine .

Parallèlement, il est aussi intéressant de mentionner l’approche stoïcienne qui définit l’urbanité comme vertu en la considérant une forme de sociabilité estimée comme essence de la civilisation . Cette vision d’urbanité comme pratique liée à la composante sociale se reflétera par la suite avec l’école de Chicago et ses paradigmes .

Lafaye Georges. L’urbanité romaine. In: Journal des savants. 9ᵉ année, Décembre 1911. pp. 543-550
22

LE SIÈCLE DES LUMIÈRES

Le siècle des lumières définit l’urbanité comme étant des règles de convenance liée à la sociabilité Dans le même esprit de la renaissance, on définit le siècle des lumières qui apparait au XVIIIe siècle, comme un mouvement qui remets l’individu au centre de la société . L’individu est alors vu comme un être nouveau, loi de tout préjugé . Il se caractérise par sa volonté d e connaitre, savoir et échanger avec l’autre sa culture et ses connaissances . Ce qui explique l’importance donnée aux espaces urbains publics . Le partage et l’échange s’effectuent alors dans un milieu citadin tels les salons, académies savantes ..

La société au siècle des lumières a donné une grande importance aux rapports de classe d’où viennent les différentes règles et codes vestimentaires, verbales, comportemental, ce sont ces règles qui dictent le rapport entre l’individu et l’autrui .

Cependant avec le développement de ces comportements vint celui de la pratique de l’espace public . De nouvelles règles et manières de se comporter s’émergent dans la société à travers la pratique de l’espace commun . Ces règles de convenances ont pu façonner les relations sociales entres les individus de differentes catégories sociales au coeur de l’espace public, l’individu consdère l’autre comme son semblable ayant le droit d’expression d’opinio libre .

Avec l’émergence des livres, de la connaissances et diffusions des idées nouvelles, les villes urbaines européennes deviennent des épicentres d’innovation et avec vient un développement de la vie urbain et l’émergence d’une nouvelle urbanité . Un urbanisme pratique et utilitaire qui porte un intêret à la qualité des espaces en terme de morphologie ayant alors pour but le bien-être des citadins ( installation de l’éclairage public distributeurs d’eau, ramassage d’ordures, .. ) .

Ce qui marquera cette période, c’est aussi l’émergence de nouveaux équipements urbains telles les théâtres, les opéras, les cafés, parcs urbains au coeur des villes, des dispositifs considérés comme espaces stimulant la sociabilité entre habitants . On commence alors à développer des composantes urbaines publiques pour le collectif, la ville se doit alors d’être pratique .

Suite à cela , les villes européennes se retrouvent dans une mutation constante, qui se considèrent en transition continue, ce qui marquera l’urbanité aussi, une urbanité en constante mutation . C’est tout l’ensemble de ces changements générées par cette nouvelle structure sociale que l’urbanité va faire apparaître un nouveau type de d’organisation de l’espace . Durant ce siècle de lumière, de nouveaux espaces urbains naissent, des lieux hiérarchisés, concentrés et denses, ainsi dire qu’on retrouve une similarité entre les formes spatiales et les formes sociales faisant ainsi une prospective de la notion de l’urbanité qu’on définira par la suite .

23

Natacha Coquery , Urbanité, rationalité, fonctionnalité : la ville des Lumières et ses boutiques (Paris, XVIIe siècle)

L’ÉCOLE DE CHICAGO

L’école de Chicago qui définit la ville comme un laboratoire social va nous apporte de nouvelles visions qui permetteront de comprendre les rapports interculturels dans l’espace urbain avec l’émergence de l’individualisme dans la société moderne .

Les sociologues de l’école de Chicago se sont interessé principalements aux nouveaux liens sociaux que crée la ville industrille du 19ème siècle . Il est important à noter que le terme d»urbanité» n’a pas été utilisé en soi par les sociologues de l’école de Chicaogo, néamoins, l’essence de l’urbanité en soi a été traité par ces sociologues.

En effet, les sociologues de l’école de Chicago ont pu anticipé cette notion et cela à travers des travaux et des réflexions autour des mentalités urbaines, des rapports des individus à la ville, relevant ainsi la vision d»être au monde» des individus dans un contexte urbain, cette vision étant principalement marquée par une distanciation sociale qui se déferle dans la société

La nouvelle «urbanité» de l’école de chicago réside dans le fait que les individus se caractérisant par une hétérogénéité de background, ont la capacité à exprimer et affirmer leurs différences, ainsi que de s’intégrer dans la sphère sociale .

Les sociologues de l’Ecole de CHicago ont apporté une nouvelle lecture ainsi qu’une nouvelle compréhension des bases théoriques de l’urbanité . Comme site Sylvie Bulle,maître de conférences à l’Université de Saint-Étienne , « Ils (sociologues de l’école de chicago) privilégient le caractère distributif des relations et l’armature réticulaire et inter-actionnelle de la ville, tels qu’ils engendrent des processus d’hybridation, de rencontre et une irrégularité des cultures urbaines.»

Georg Simmel, philosophe et sociologue allemand ainsi qu’une figure majeure de l’école de Chicago s’est intéressé à la nature des relations sociales entre individus et groupes dans les sociétés industrielles .

Différenciant l’urbanité de la ville du début du XXe siècle des précédentes en se basant sur la nature d’interaction entre les citadins . Ainsi l’urbanité de la ville réside en ce passage d’un mode de vie rural et communautaire à un mode de vie se distinguant par l’anonymat, l’individualisme et des regroupements de masse, en expliquant que la individus composants la ville sont décomposés en sous-identités .

Il notera parallèlement qu’une des caractéristiques marquantes de la ville «moderne» est justement la distance dans les relations sociales, qui résulte des modes de production de cette période .

Ces dernièrs engendrent un mode de vie intrinséquement lié à l’individualisme . Pour Simmel, la ville se définit aussi par le caractère anonyme des interactions . Il site : «[…] la grande ville gagne une valeur tout à fait nouvelle dans l’histoire mondiale des mentalités. Le XVIIIe siècle trouvait l’individu retenu par des liens d’ordre politique et agraire, corporatif et religieux, qui lui faisaient violence et qui avaient perdu tout sens.

«Ces oppressions imposaient à l’homme, pour ainsi dire, une forme « non naturelle » et des inégalités depuis longtemps injustifiées. C’est dans cette situation qu’est né l’appel à la liberté et à l’égalité – la foi dans la pleine liberté de mouvement de l’individu dans les rapports sociaux et intellectuels [...].» (Simmel,1903) .

Selon Simmel, l’interaction des individus entre eux par des relations sociales plus distances permet d’engendrer certaines libertés, autant dire que cette nouvelle urbanité se crée dans une ville qui réunit opportunités et contraintes .

De son coté Ervin Goffman, sociologue interactionniste americain crée une analogie entre les interactions au sein de la ville et le théâtre, en considérant les habitants comme «comédiens et l’espace public comme scène de théâtre .

Richard Sennet, Les Tyrannies de l’intimité, 1979. In: Sociologie du travail, 22ᵉ année n°4, Octobre-décembre 1980
24

En continuité avec la vision de Simmel, Isaac Joseph, sociologue français ayant introduit les notions de l’école de Chiacgo en France, reprendra la figure de «l’étranger» de Simmel afin de mettre en lumière l’impact de la diversité culturelle sur l’interaction sociale dans le milieu urbain .

C’est ce que va développer Richard Sennet, sociologue et historien américan . Pour Sennet, l’urbanité est intrinsèquement liée à la diversité culturelle et que «les êtres peuvent agir ensemble sans avoir l’impression d’être tous identiques» ( Sennet, 1980 ).

Les approches et travaux annonciateurs des sociologues de Chicago feront guise par la suite de bases à la définition de la notion de l’urbanité . Ce qu’on retiendra par la suite, c’est la théorie de Simmel envers l’urbanité et l’individualisme qu’on traitera plus précisément par la suite ...

Richard Sennet, Les Tyrannies de l’intimité, 1979. In: Sociologie du travail, 22ᵉ année n°4, Octobre-décembre 1980 Georg Simmel. Brücke und Tür. Essays des Philosophischen zur Geschichte, Religion, Kunst und Gesellschaft. (1903) [trad. fr. « Pont et Porte », trad. Urbanité, diversité, altérité © Telerama
25

26

1.3 L’urbanité contemporaine .

A travers l’approche historique et sémantique de l’urbanité, on arrive à mieux comprendre l’émergence et le développement de cette notion qu’est l’urbanité, de sorte à ce qu’elle conditionne le citadin en milieu urbain . Avec l’école de Chicago, la notion d’individualisme a commencé à s’instaurer pour arriver à ce qui l’en est aujourd’hui . Pour rappel, on retiendra l’urbanité comme interaction entre les individus dans un espace urbain donné, c’est ainsi la un procédé permettant de caractériser un espace physique donné par le biais des interactions entre individus à travers le lieu urbain .

Ces nouveaux liens qui se tissent à travers l’espace urbain ont pour rôle de redéfinir les identités urbaines des individus sur fond d’un contexte de métropolisation et de mondialisation . Notre monde contemporain se voit réinventer une nouvelle urbanité conditionné notamment par une émancipation de la société se reflétant ainsi par plusieurs phénomènes. Au cours de cette section, on étudiera de plus près deux des caractéristiques de la société contemporaine:

LIENS SOCIAUX D’URBANITÉ

De profondes transformations des structures sociales ont eu lieu au sein des sociétés industrielles menant ainsi à l’individualisation .

Ce qu’on vit aujourd’hui peut être considéré comme séquelles de la ville industrielle du 19ème siècle, de nouveaux liens sociaux émergent, c’est ce que reprend Georges Simmel, sociologue allemand, s’intéressera à ce qu’on qualifia de dynamique des relations sociales dans les sociétés industrielles, il constatera les changements des liens sociaux des grandes villes ainsi qu’au nouveaux modes de vie créent ainsi de nouveaux modes de socialisation à travers «Métropoles et Mentalité», où il expliquera que la ville du 20ème siècle dite «ville moderne» se caractérise par la nature des interactions entres individus qui connaîtront une sorte de distance entre ces relations sociales qui caractériseront la ville et lui donneront une dimension d’anonymat .

Selon Simmel, la rationalisation des mode de fabrication seront derrière ce phénomène de distanciation sociale, et cela à travers le mode de vie qui devient effréné et qui connaîtra l’émergence de l’individualisme . Il est important de noter que pour Simmel, cela ne sera point pour autant considéré comme point négatif car cette distanciation sociale permettra d’établir certaines libertés, il qualifia alors la ville moderne comme lieu non seulement de contraintes mais aussi lieu d’opportunités

Ce qui nous amène à ce qui se passe aujourd’hui, dans notre contexte contemporain où on prétend que les liens sociaux crées sont «superficiels», ces liens considérés par François Ascher, urbaniste et sociologue français contemporain comme «liens faibles teintés d’individualisme» . On est entrain d’assister à une mutation, plus que jamais, marquante, vers la virtualisation des pratiques sociales ayant ainsi un impact direct sur le rapport de l’individu à l’altérité et la coprésence d’autrui .

C’est ce qu’exprime Ascher : « chaque individu entre en relation avec un nombre croissant d’autres individus, chaque jour et tout au long de sa vie» (F.Ascher,2012)

Ascher, F. (2012). Les Nouveaux principes de l’urbanisme : suivi de Lexique de la ville plurielle. Editions de l’Aube. Simmel, G. (1950). The Metropolis and Mental Life. In K. H. Wolff (Ed.), The Sociology of Georg Simmel. New York: The Free Press.

Mutation sociale vers l’individualisme

L’Homme que crée la ville aujourd’hui est différent de son ancêtre . Avec l’évolution à pic caractérisant notre société ainsi que l’affranchissement des modes de vie et de communication entre individus , de nouvelles notions viennent façonner l’urbanité contemporaine, la notion de l’anonymat dans les grandes villes et métropoles prend le dessus . Une propension à l’individualisme marque notre vivre ensemble contemporain .

Commençons par la définition de l’individualisme, selon Marie-Flore Mattei, chercheur au CNRS, l’individualisme est l’ensemble de pratiques sociales et des représentations qui permettent de caractériser la vie urbaine . L’individualisme souvent lié à l’émancipation de notre société, renferme en soi un dilemme opposant une vision de l’individualisme comme revendication d’une autonomie de l’individu ainsi que l’indépendance de chacun à une vision aliénant la vie sociale et faisant place à une désagrégation sociale . Il est pour autant considéré comme «cette capacité d’autonomie et de réflexivité qui amène l’individu contemporain à imaginer un nouveau type de lien social.» (Danièle Peto, individualisme et lien social)

La ville, comme on l’a connait aujourd’hui, est par excellence une production de l’individualisme . Cela se manifeste justement par le changement de la structure des ménages qui va de plus en plus vers une déclinaison en nombre à contrario de ce qui caractérisait la société auparavant.

Aujourd’hui, il est tout à fait récurent de voir des ménages composés de deux jusqu’à trois individus, ce phénomène en soi contribue au développement de l’individualisme au sein de la société contemporaine. L’individu est mutant, résiliant et s’adapte à chaque situation donnée . D’une autre part, la désynchronisation des rythmes de travail, d’études et modes de vie contribuent à la dispersion de la société .

Avec l’émaciation des technologies nouvelles offrant LE choix à chaque individu, ce dernier ressent le pouvoir de décider une autonomie qui mène chaque individu à affronter «son propre sort».

On prendra l’exemple des cours en ligne (apprentissage de langue, cours de sport, cours de cuisine, .. ) étant accessible selon des horaires personnalisés pour chacun . On notera que c’est le même cas pour les salles de sports ouvertes 24h/24, la disponibilité des films en streaming sans pour autant se déplacer au cinéma ou la possibilité de «revoir» un live d’événement culturel, sportif ou politique . Cette facilité d’accessibilité que nous procure «internet» et nouvelles technologies encouragent en amont l’individualisme et génère cet individu contemporain auquel Michel Gauchet, philosophe et historien français fait référence, il précise : « L’individu contemporain, ce serait l’ individu déconnecté symboliquement et cognitivement du point de vue du tout, l’individu pour lequel il n’y a plus de sens à se placer du point de vue de l’ensemble. On conçoit dès lors en quoi ce type de personnalité est de nature à rendre problématique l’exercice de la citoyenneté» ( Gauchet, « Essai de psychologie contemporaine » in Le Débat, n°99, mars-avr. 1998, p. 177

Cette société s’émancipe au cœur d’une ville dite «ville au choix» : l’idée que la ville personnalisée permet à chaque citadin de se confectionner un lieu propre à lui, répondant ainsi à ses propres besoins spécifiques . Cet éventail de possibilités et choix se manifeste par la diversité des activités, des pratiques, des préférences . C’est effectivement ce qu’on vit aujourd’hui dans notre société.

Les larges choix mènent à une dispersion au sein du groupe social ( amis, famille, collègues.. )

Toutes ces différentes alternatives joueront un rôle important dans l’émancipation de l’individu et justement donner plus d’importance à l’individualisme .

Par ailleurs, il se doit de souligner l’impact de cette émancipation sur l’individu et la société en soi . Ce bouleversement de la société ainsi que la prolifération de l’individualisme n’est pas pour autant anodin .

27

Danièle Peto, «individualisme et lien social Individualisme et lien social : paradoxe ou opportunité pour des imaginations nouvelles?» , p 3 ) Gauchet, « Essai de psychologie contemporaine » in Le Débat, n°99, mars-avr. 1998, p. 177

L’hikikomori comme « extrême contemporain de l’individualisme» :

L’Hikikomori , un phénomène social qui voit le jour au Japon au milieu des années 80, est ce qu’on pourrait qualifier d’ermite moderne ou un proxise de l’individualisme . Qualifié d’extrême contemporain»(Le Breton,199) ne s’agissant ni d’anomalie ni de norme dans notre société contemporaine . La première caractéristique du Hikkomiri est la réclusion sociale en vu de s’isoler du regard d’autrui . ,

L’hikikomori est la représentation de la contradiction du rapport à l’autre, car l’individu en soi présente un besoin nécessaire et accru au regard de l’autre tout en ayant une peur et méfiance de ce même regard reflétant ainsi une certaine fragilité que porte chaque individu dans la société .

Il est alors considéré comme expression extrême de la tension de l’individu contemporain par rapport à l’autre . «Un désir de sociabilité fondée sur l’évitement et le contrôle» ( Gariel Dumas, 2015 )

Ce phénomène, qui commence à être observé un peu partout dans le monde, en Arabie Saoudite, Espagne, Italie, France ou Corée du Sud , est en soi le résultat de l’avènement d’une société contemporaine basée sur l’autonomie ayant en amont les changements profonds de la société laissant l’individu abandonné à lui même .

L’individu, pris au piège de l’individualisme, éprouve une difficulté à établir contact avec autrui, le menant à se retirer de la société, devenant ainsi un individu souffrant de conflits intérieurs et d’incapacité à faire face au monde extérieur .

L’individu autonome est un individu réflexif, cela veut dire un individu qui se pose constament des questions sur lui-même et sur le monde qui l’entoure . Bien évidemment, afin de mieux s’orienter, avancer et se construire, l’individu a besoin des autres, pratiquer une altérité lui permettant de protéger sa nature fragile.

Car, en fin de compte, l’être humain, aussi indépendant qu’il soit, aura toujours besoin de son semblable, car il ne pourra jamais tout porter tout seul .

Le Breton David . (1999). L’adieu au corps, Paris, Métaillé . Dumas, Gabriel « L’hikikomori: un extreme contemporain du rapport contradictoire à l’autre» , 2015, Québéc .
28
Cette réflexion nous invite à penser et imaginer la mise en œuvre du lien social dans une société contemporaine qui connait, aujourd’hui plus que jamais, un accroissement d’individualisme .
Il vous suffit d’aller à un espace public pour prendre conscience que la foule urbaine n’est finalement qu’un amas de nomades connectés .
Une société où chaque individu est présent, mais ailleurs, où on se sent seul au milieu de la foule ..

Le rapport à l’altérité

Les liens sociaux et les opportunités d’échange et de rencontre sont considérés aujourd’hui comme le fondement d’une ville soudée et cohérente . Les liens sociaux peuvent alors être considéré comme modalité permettant à l’individu d’être en contact avec le monde qui l’entoure de sorte à créer ces échanges entre soi et autrui . La socialisation est alors unp processus qui se développe sur toute une vie à travers la répétition des interactions entre individu dans l’espace urbain.

Certes malgré la montée de l’individualisme caractérisant la société comme une société d’individus, il se doit de reconnaître que c’est l’existence de l’individu à travers les groupes sociaux qui lui permettra de vivre des expériences sociales et de se construire comme individu réflexif et autonome ainsi que définir son identité individuelle .

Ces groupes sociaux sont des sous-ensembles qui se basent sur des relations multiformes ( compétitives, conflictuelles, associatives .. ) générant ainsi un système menant à une certaine dynamique sociale .

L’individu, même selon le contexte actuel qu’on a pu décortiquer précédemment, est un être social, il manifeste une volonté de vivre-ensemble et plus important affirmer soi-même par le biais à de l’autre . Cette altérité qu’on pourra définir comme reconnaissance d’autrui, comme entité à part entière reflétant une différence tout en ayant une reconnaissance d’une individualité propre à chacun.

Une définition qu’on pourrait retenir étant : «l’altérité est le maintien de relations riches avec les autres requiert, simultanément, l’expérience symétrique d’une identification empathique (on donne et on reçoit ) et l’expérience asymétrique de la différence individuelle, subjective ( MatteBlanco, I , 1975 )

L’anonymat

Il est bien évident que le rapport à l’autre qui s’établit aujourd’hui est loin de celui qu’on connu nos ancêtres . La première distinction est que nous sommes des citadins urbains, pratiquant une ville qui, en parallèle à l’émergence de l’individualisme, se voit donner un degré d’annonymat de plus en plus important à ces pratiquants . Autre fois, dans le monde rural, les habitants se connaissent tous, générant ainsi des liens sociaux entre individus se basant sur des aspects identitaires reliés au passé ou aux appartenance familiales de chaque individu .

Aujourd’hui, grâce à l’urbanité, on s’éloigne de plus en plus des modes de socialisation du monde rural en assistant à l’établissement de nouvelles relations sociales basées sur l’anonymat . Ces relations se caractérisent notamment par l’absence de présuppositions et préjugés . Chaque individu est anonyme, ce qui lui permet de s’identifier comme bon lui semble, créant ainsi une identité libre et personnelle, où chacun a le libre choix de montrer sa personnalité et de se définir comme une entité individuelle à part entière . La relation avec autrui dans le cadre de la ville d’anonymes est alors unique, non seulement on se retrouve à chosir qui on est, mais aussi choisir avec qui on tisse ces liens qu’on décrit comme “ consentement individuel”

La relation avec autrui est minitueusement choisie, on détermine avec qui on veut partager notre quotidien, nos échanges, nos histoires, nos connaissances .. L’anonymat est alors un vrai atout à la société contemporaine que les individus ne sont pas prêts à s’en priver . Ce phénomène a été décrit par Max Weber, économiste sociologue allemand, dans son livre “la ville” où il décrit les liens électifs dans la ville moderne comme “sociation”, expliquant ainsi que l’indivdu choisis proprement et avec une certaine indépendance et autonomie ces liens électifs qui sont justement une conséquence de l’émergence de l’individualisme dans la ville lui permettant de se définir en toute liberté .

29

Matte-Blanco, I , 1975, The Unconscious as Infinite Sets : An Essay in Bi-Logic, London, Duckworth dans Civin 2002, p147 . Colliot-Thélène, Catherine. « Repères bibliographiques », Catherine Colliot-Thélène éd., La sociologie de Max Weber. La Découverte, 2014,

L’identité sociale à travers le collectif

Par définition, le collectif est « un ensemble de personnes participant d’une manière concertée à une entreprise quelconque», au delà de la simple définition du dictionnaire, on définit le collectif en étant la résultante du vivre-ensemble des individus , le collectif est alors synonyme de tout ce qui est partage, permettant à chaque personne de s’exprimer verbalement ou physiquement, avec liberté . C ‘est justement à travers ce collectif que l’individu s’affirme et se construit dans toute sa singularité . Ce mode de vie en collectivité est ce qui permettra le développement de tout individu donnant à chacun une identité à travers les relations sociales .

Toute socialisation se fait au niveau de la collectivité, l’identité de l’individu est alors indissociable à autrui, ce qui peut être interprété comme une dépendance à l’entourage . . C’est ce qu’explique Jean-Marc Stébé, sociologue français , dans son livre “les grandes questions sur la ville et l’urbain” sitant Simmel : “ Quoi qu’il en soit, il faut là encore revenir à Simmel (1999), lequel a effectivement montré combien le régime de vie urbain conjugue processus d’individuation, synonyme de plus grande maîtrise par ‘individu de ses réseaux de relations, et processus de socialisation, renvoyant à l’intégration de l’individu dans la société.” ( Stébé, les grandes questions sur la ville et l’urbain )

Cette recherche du juste milieu est ce que nous constatons aujourd’hui . L’individu, malgré sa spécification et son individualisme, se retrouve naturellement à vouloir faire partie d’un groupe ou collectivité, son identité se voit intrinsèquement nouée, malgré son individuation à la collectivité .

Mon hypothèse est que le besoin d’appartenir à un groupe, de se sentir dans un groupe, est inhérent à la nature humaine sans omettre que parallèlement l’individu est loin de renoncer au goût de liberté qui lui est octroyé .Ce qui nous renvoie encore une fois à cette question de trouver le juste milieu entre les deux .

Ces constats de ce qu’en est les relations sociales entre individus aujourd’hui nous pousse à repenser et restructurer l’espace. En analysant ce qu’on vit aujourd’hui, et pour revenir à notre problématique de base, il nous paraît évident que ces nouveaux liens sociaux qui émergent auront besoin d’un espace urbain allant dans le même principe que le développement de ce type de relations .

Marchal, Hervé, et Jean-Marc Stébé. Les grandes questions sur la ville et l’urbain. Presses Universitaires de France, 2014
30

Plusieurs phénoménes qu’on vit aujourd’hui témoignent de cette pratique sociale bien particulière :

Le café co-working

A première vue, ce café parait normal, comme tout autre café standard, mais au fond, l’idée est que chaque personne puisse y travailler, dans la majorité des cas de manière individuelle. Le principe est simple, chaque personne, munie de son ordinateur ou tablette, plonge dans son monde unique oreilles bouchés et consommation de coté (qui d’ailleurs peut être sur facturé la majorité du temps ce qui invraisemblable-ment ne pose pas de problème au consommateur )*, s’y installe et y travaille des fois pour de longues heures . La première question qui se pose, pourquoi ces personnes, avec un travail individuel, se retrouve à vouloir travailler collectivement avec un groupe d’inconnus dans le même espace, sans pour autant établir n’importe quel contact . D’autres espaces et lieux connaissent aujourd’hui des pratiques similaires, on les développera dans le prochain chapitre concernant les lieux d’urbanité .

The Coffee shop sound

Si le besoin d’être en groupe est intrinsèque à la condition humaine et que notre monde contemporain est entrain de connaitre un accroissement d’individualisme. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, que recherche l’individu en fin de compte ? Des vidéos qui ne font qu’imiter le bruitage de cafés, d’individus qui discutent sans pour autant avoir une visibilité sonore de ce qui ce dit, c’est le genre de vidéos qui atteins des millions de vue . Ironiquement, c’est ce que l’individu recherche en allant aux cafés, food courts, stations de service . On se dit que les bibliothèques ne sont plus fréquentés, or d’autres espaces qui ne sont point sonçu pour une fonction pareil se voit gagner en popularité chez les étudiants, employés, freelancers ou tout autre personne désirant travailler . Tout compte fait, c’est le sentiment que procure la présence d’autrui que recherche chaque individu, sans que cela compromette son rythme de travail, ses choix personnels et sa liberté en général .

31

V.CAFE, Paris © Boumahdi Lina Youtube Screenchot © Boumahdi Lina

LIEUX SOCIAUX D’URBANITÉ

Les architectes ne contrôlent pas tous les aspects d’un lieu : si la forme de l’espace est en grande partie sous leur contrôle, les activités qui s’y déroulent ne suivent point la même logique .

La conception et la perception du lieu est généralement créée par la société et le contexte dans lequel le lieu s’inscrit, ainsi que par les pratiquants de l’espace eux-mêmes : prenons comme analogie le foyer familial, l’architecte peut dessiner et conceptualiser une maison, mais seule la famille qui l’habite peut en faire un foyer.

De ce fait, on se doit alors de distinguer en premier lieu les différentes typologies des espaces qui génèrent une urbanité ainsi que la pratique de chaque lieu par rapport aux individus .

Pour cela, je me baserai sur la différenciation de deux typologies d’espaces, qui, à mon avis, forment la base de la sociabilité et de l’urbanité dans notre société contemporaine . Ces lieux d’urbanité sont alors partagé entre lieu physique typique et lieu virtuel de plus en plus émergent .

Lieu d’urbanité virtuel : les nouvelles technologies comme médiateur d’urbanité

L’urbanité comme vivre ensemble contemporain est une résultante d’émergence de nouveaux modes de communciation entre individus, une nouvelle urbanité virutelle qui fait sujet de débat .

L’émergence des nouvelles technologies de l’information et de communication contribuera largement à la détermination de la notion de l’urbanité dans notre contexte actuel .

On notera que l’impact du développement du numérique se traduit dans l’espace urbain à travers l’apparition de nouvelles formes de rencontre et d’échange entre individus dans la ville . Prenons l’exemple de ce qu’on a vécu les deux dernières années, l’état des pratiques urbaines a connu un chamboulement dû à la pandémie du COVID 19 engendrant ainsi une nouvelle relation entre l’urbanité et la virtualité. En effet, tout échange social et rencontre eût lieu en virtuel . L’un des exemples marquants cette transition est sans doute le «télétravail» donnant lieu d’être à une potentielle nouvelle urbanité .

Le «télé-travail» a fait ses preuves comme nouveau lieu d’échanges et de «co-working» virtuel . Qui dit échange, dit certainement rencontre entre individus, qui résulte à une urbanité «virtuelle» . Dans la même logique, on retrouve toute activité ayant comme résultat une certaine urbanité dans le monde réel , dans ce monde virtuel .

A noter que ce bouleversement de pratiques urbaines et sociales reste sujet à de nombreuses critiques, car au final, les échanges distanciels n’auront jamais la spontaniété des échanges présentiels, le virtuel altèrera toujours la réalité du monde physique réel que nous vivons . Cela dit, on ne peut pas nier l’importance du cyberspace et d’internet en général comme étant une altérnative à l’espace public notamment, plus précisement durant ces durs moments qu’on vit où on est contrait de se distancier et essayer de trouver d’autres moyens et alternatives afin de ne pas se rerouver renfermer dans son propre monde .

Ascher, F. (2012). Les Nouveaux principes de l’urbanisme : suivi de Lexique de la ville plurielle. Editions de l’Aube. Simmel, G. (1950). The Metropolis and Mental Life. In K. H. Wolff (Ed.), The Sociology of Georg Simmel. New York: The Free Press.

32

Internet comme plateforme de sociabilité :

Toute activité sociale et culturelle transcendent la forme de l’espace dans lequel elles sont physiquement situées. Les événements publics sociaux et culturels qui se déroulent sur Internet sont une illustration extrême de cette idée. Durant les dernières années, plus précisément après avoir vécu une pandémie, nous avons pu constaté qu’on a plus besoin d’espace physique pour prendre part d’une activité sociale prenant part à la sphère publique. L’expérience interconnectée émise par internet a permis à notre société de trouver de nouveaux moyens significatifs de former des relations et lien sociaux , cela à travers l’expression des opinions et l’expérimentation d’événements culturels en ligne, ce qui nous permet de considérer Internet comme une nouvelle forme d’espace public menant à l’urbanité . De même que la relation traditionnelle entre la société et la ville est facilitée par l’espace urbain étant ainsi une base permettant d’établir l’urbanité, l’espace public numérique a également trouvé sa place au cœur de la société contemporaine .

Richard Sennett, souligne l’importance de ce changement dans la façon dont l’espace public est conçu lorsqu’il décrit l’espace public numérique. Aujourd’hui, les technologies de la communication ont radicalement modifié la notion de lieu, l’espace public se trouve autant dans le cyberespace que sur le sol physique. Sennett insiste sur cette nouvelle capacité d’interaction sociale sans avoir à être physiquement présent dans la situation impliquant que nous avons trouvé de nouveaux moyens de façonner nos attitudes et nos comportements les uns envers les autres sur l’internet, en élargissant nos idées préconçues sur ce qui définit l’espace public.

Les appareils mobiles et la société envahissante des réseaux sociaux nous ont donné la possibilité de transporter l’espace public dans nos poches, ce qui nous permet de faire l’expérience des rencontres et échanges qu’on vit dans l’espace public et cela sous de nouvelles formes numériques.

Citant ainsi l’exemple des forums publics en ligne accueillent désormais l’arrière-plan de discussions et de débats, les sites de médias sociaux sont devenus les nouveaux lieux de rencontre et d’expression de soi, et les mêmes véhiculent des idées culturellement pertinentes engendrant ainsi un symbolisme visuel cultivant une signification collective.

Dans l’espace public numérique, nous sommes capables de reconstruire nos identités personnelles et l’identité de nos villes grâce à un partage sélectif de l’information, nous avons la possibilité de dire ce que nous pensons et de partager nos passions de manière plus fluide et de partager nos passions de manière plus fluide dans un cadre anonyme. Par ailleurs, il se doit de rappeler les limites de telles pratiques qu’on a pu voir lors du sous-chapitre précédent sur la relation avec autrui .

33

Claire Bidart, réseaux personnels et processus de socialisation, idées économiques et sociales, 2012,p 10 )
L’émergence des technologies est un fait réel qu’on vit, le nier et l’omettre ne s’envisage pas . C’est pour cela qu’il faudrait le cadrer, en prendre l’essence et le mettre en faveur des échanges physiques réels . Accepter une réalité donnée en exploitant ce potentiel que nous procure ces nouvelles technologies afin d’établir l’urbanité comme interaction entre individus caractérisant notre société contemporaine, une manière d’être, de vivre, de rencontre pensées dans ce cadre particulier .

The metaverse : lieu d’urbanité de demain

L’urgence de mettre à niveau les espaces publics nous est éminente plus que jamais, dans un monde qui bouge comme jamais auparavant, il se doit de procurer aux lieux publics, plus précisément de divertissement , une nouvelle vision, cela pour atténuer la ségrégation de ces lieux vers le monde virtuel notamment.

On débutera par définir ce qu’est la metaverse : “Le Metaverse est un espace collectif virtuel partagé, créé par la convergence de la réalité physique virtuellement améliorée et de l’espace virtuel physiquement persistant, y compris la somme de tous les mondes virtuels, la réalité augmentée et l’Internet. Le mot metaverse est un portmanteau du préfixe «méta» et «univers» et est généralement utilisé pour décrire le concept d’une itération future de l’Internet, constituée d’espaces virtuels 3D persistants et partagés liés à un univers virtuel perçu. Le terme a été inventé dans le roman de Nef Stephenson de science fiction de novembre, Snow Crash, où les humains, en tant qu’avatars, interagissent les uns avec les autres et les agents logiciels, dans un espace tridimensionnel qui utilise la métaphore du monde réel.

.Dans l’immédiat, The Metaverse va changer notre façon d’interagir, de socialiser, et de tisser des liens sociaux donnant place à une nouvelle urbanité . Le métavers construit un monde où la vie numérique compte plus que la vie physique, ce qui est révélateur de la façon dont nous allons entretenir le lien avec autrui . Le metaverse pourrait alors changer la façon dont nous interagissons, de la même manière que les appareils mobiles ont changé la société actuelle.

Les plateformes de médias sociaux telles que Facebook et YouTube, ainsi que d’autres applications de communication en ligne, notamment l’utilisation de plates-formes de vidéoconférence telles que Zoom Video Communication et même la navigation sur Internet, ont fait l’objet de controverses et de critiques en raison des risques qu’elles présentent pour la sécurité et la vie privée du public.

Ces plateformes et applications ont été critiquées pour leur caractère trop intrusif, notamment parce qu’elles collectent de nombreuses données auprès de leurs utilisateurs, ce qui crée des risques pour la sécurité et la vie privée. En outre, ces données ont été collectées, vendues et utilisées pour des publicités en ligne intrusives, ainsi que pour des vols d’identité et d’autres cybercrimes.

Il convient également de mentionner que certaines entreprises à l’origine de ces plateformes n’ont pas su répondre aux critiques qui leur ont été adressées. Les plateformes Meta ont fait l’objet d’enquêtes dans le monde entier en raison de leurs supposées pratiques internes qui minimisent voire négligent la façon dont leurs plateformes de réseaux sociaux impactent négativement sur les intérêts de leurs utilisateurs

Ce qui serait alors intéressant, c’est d’anticiper l’utilisation de cet univers . En effet, chaque expérience nécessitera une base physique . C’est sur ce point qu’on va se baser pour justement créer des espaces allant dans le même esprit, des espaces qui accueillerons ce nouveau monde au lieu de le nier et de se retrouver en parallèle .

Ironiquement, c’est ce que l’individu recherche en allant aux cafés, food courts, stations de service . On se dit que les bibliothèques ne sont plus fréquentés, or d’autres espaces qui ne sont point conçu pour une fonction pareil se voit gagner en popularité chez les étudiants, employés, freelancers ou tout autre personne désirant travailler . Tout compte fait, c’est le sentiment que procure la présence d’autrui que recherche chaque individu, sans que cela compromette son rythme de travail, ses choix personnels et sa liberté en général .

Smart, E.J., Cascio, J. and Paffendorf, J., Metaverse Roadmap Overview, 2007.
34

Lieux d’urbanité physiques:

Toute interaction sociale dépend du contexte et lieu où se situent les individus . La nature d’interaction que va mener un groupe d’individus dans une école par exemple est différent de celui que ménera un autre groupe dans un lieu de culte par exemple, c’est pour cela que le lieu comme composante urbaine est important pour atteindre une urbanité . Des lieux spécifiques peuvent encourager les individus à socialiser, à l’opposé, d’autres lieux pourront stimuler le repli envers soi . Celà dit, a nature des lieux de socialisation joueront un rôle important dans la détermination et la caractérisation la relation de l’individu à autrui .

Aujourd’hui, on remarque l’accroitement d’un certain délaissement des lieux publics typiques de la ville, et cela précisément par les classes moyennes et supérieurs, ainsi que par les différentes tranches d’âge , génerant ainsi des espaces de plus en plus dépourvues de mixité sociale. A l’encontre de nouveuax espaces qui se voit hébérger cette même mixité sociale, notant que de base, ces espaces ne sont pas affectés comme espaces de sociabilité et d’urbanité .

Des lieux d’urbanité atypiques

Les centres commerciaux :

Il suffit d’aller à un centre commercial pour être conscient de l’appropriation de ces “nouveaux espaces publics” par un public plutôt hétérogène et mettre ainsi en évidence l’émergence de nouvelles pratiques sociales au sein de ces lieux qui à priori sont conçus pour but commercial. Tels les centres commerciaux, les gares, les boulangeries, les restaurants . Afin de mieux cerner ce phénomène plutôt récent, on s’appuira sur l’analyse faite par T.Harroud, architectegéographe et enseignant-chercheur à l’Institut national d’aménagement et d’urbanisme (INAU) de Rabat sur “L’arrivée des centres commerciauw dans les marges urbaines de Rabat : lieux inédits de sociabilité et de déambulation urbaine” .

35

Tarik Harroud, « L’arrivée des centres commerciaux dans les marges urbaines de Rabat : Des lieux inédits de sociabilité et de déambulation urbaine », L’Année du Maghreb, 12 | 2015, 75-89. La sociabilité virtuelle dans l’espace physique© Boumahdi Lina

Harroud décrit les centres commerciaux comme l’émergence d’un nouveau phénomène social, consitituant “ des lieux révélateurs de l’occidentalisation des modes de vie locaux et de l’ouverture de la population aux nouvelles formes de la société de consommation” ( Barthel et Smida,2002 ) (Nouveaux lieux communs et modernité urbaine dans l’espace résidentiel Nord de Tunis, 2002) .

Il s’agit en premier temps de noter l’hétérogénéité des profiles pratiquants ces nouveaux lieux * ( on notera que l’émergence des malls fut vers la fin des années 1990 notamment avec la création du MarjaneBou Regreg fin années 1980 ). En effet, on y retrouve des individus d’âge, genre et classe sociale confondue. qu’il soit solitaire, en groupe d’amis ou en famille, on remarque une certaine mixité qu’on commence à perdre de plus en plus dans les espaces publics jadis destinés à la socialisation (rues publiques, parc, jardins .. ) faisant ainsi place à de nouvelles formes d’être ensemble .

Ce qui justifie la forte accessibilité et le nombre d’individus ayant recours à ces lieux commerciaux comme lieux de sociabilité est en amont dû à la configuration de base de ces espaces leur donnant une dimension sociale et culturelle .

En effet, l’idée derrière la conception des lieux similaires est de pouvoir créer des espaces de consommation qui vont de part avec des espaces “non marchands” jouant ainsi sur l’agencement des espaces en termes de mise en scène, lumières, mobiliers urbains (bancs, accoudoirs, aire de jeux .. ), les food stands.. Paradoxalement, ces lieux sont souvent une forme d’imitation des espaces publics en ville . Sans omettre les manifestations culturelles et musicales qu’organisent ces centres commerciaux en période de festivités, attirant ainsi des groupes sociaux différents, dans le but de se divertir et “casser la routine” .

La popularité des lieux commerciaux est sans doute une résultante de la diversification de l’usage de ces espaces offrant : “ shopping, approvisionnement, distraction, divertissement, sport, culture, animation” ( T. Harroud, 2015 )

Même si ces centres connaissent un développement d’une forme d’»urbanité», ces derniers font sujet de débat, peut-on vraiment les considérer comme lieu d’urbanité car au final, ces espaces restent sélectifs et limités, cela à travers une certaine logique suivie par les commerçants, étant de cibler, sélectionner une clientèle bien précise quitte à restreindre les populations démunies . Ce qui a pour résultat, l’émergence de liens sociaux dépourvues de liberté et cela en se basant sur le déploie d’une sociabilité établie entre des groupes sociaux homogènes que regroupe le besoin de consommer . Le but ultime de ces centres commerciaux étant d’encourager à consommer, les espaces de consommation devient alors des espaces de rencontre encourageant les échanges en étant mis en valeur à condition d’y consommer justement, tel est le cas des fast foods, cafés, jeux pour enfants, tout a un prix à payer .

Par ailleurs, on remarquera que les espaces censés être de “non consommation” sont moins bien traités, dans le butt justement de les rendre des espaces passagers et de desserte . C’est ce que confirme justement T.Harroud en citant un responsable d’un des grands centres commerciaux au Maroc lors de l’étude menée sur le sujet “ La responsable commerciale du Méga Mall le confirme bien dans ce propos : « Si l’on tolère parfois la présence de pratiques de promenade dans notre mall cela ne doit pas prendre une ampleur importante car à la longue ça va nuire à notre image, ces pratiques sont autorisées mais pour une certaine limite » (d’après l’entretien réalisé avec A. Iraki, 2010, responsable commerciale de l’enseigne) “ ( T. Harroud, 2015 )

Tarik Harroud, « L’arrivée des centres commerciaux dans les marges urbaines de Rabat : Des lieux inédits de sociabilité et de déambulation urbaine », L’Année du Maghreb, 12 | 2015, 75-89. Barthel et Smida, Nouveaux lieux communs et modernité urbaine dans l’espace résidentiel Nord de Tunis, 2002.
36

Les micro-espaces publics :

En examinant l’utilisation de lieux moins typiques appelés «espaces quasi-publics» ou «micro-espaces», tels que les parvis de gare, les cages d’escalier, les coins de rue des lotissements ou même les couloirs des centres commerciaux, on se rend compte que ce qui attire l’usager enfin de compte est la nature du lien social qui s’établira justement. Nombre de ces espaces sont caractérisés comme des «espaces quotidiens» un terme qui traduit bien leur utilisation occasionnelle, quotidienne et fonctionnelle .

On pourra remarquer notamment l’appropriation et l’occupation prolongée (allant des fois à des heures ) des jeunes et adolesents de ces espaces de desserte comme vrai espace de rencontre et d’échange. Les escaliers, les couloirs, l’entrée des malls, voire les alentours des escalators, se sont ces espaces qui connaissent une certaine popularité au près de cette jeune population. Ce phénomène est d’ailleurs expliqué par le fait que cette jeune population a pour but premier de pratiquer des espaces “gratuits”, ce que justement offrent ces centres commerciaux, bien évidemment avec des limites, à cette catégorie d’individus .

La conception, l’organisation et l’aménagement de ces espaces de détente et rencontre facilitent aux jeunes de se rencontrer et de créer des lieux de repère entre eux . Ainsi que leurs donnant une certaine sensation d’appropriation de l’espace quite à être considéré comme une manière de marquer leurs présences au sein de la société .

Arribat center © Arribat Center sur Facebook
37

SYNTHÈSE

Tout ces espaces présentent un réel potentiel et opportunité au citadin de vivre une certaine altérité . Les individus s’y rencontrent afin de créer des moments de partage et d’échange qui des fois peuvent être brefs sans pour autant être insignifiant . Cependant, avec l’émergence des nouvelles technologies, de nouveaux espaces virtuels apparaissent, donnant ainsi aux individus une approche plus “émancipée” de se socialiser . Aujourd’hui, on y assiste avec notamment le développement de la technologie de la réalité virtuelle et plus récemment, “ la métaverse” qu’on développera dans le chapitre suivant . Notant qu’on est conscient de l’importance du lieu d’urbanité physique, on se demandera alors que fait la popularité de ces espaces ? En même temps, on notera que paradoxalement, les espaces conçus pour accueillir un public ( tels les parcs, jardins .. ) sont souvent desertiques, alors que certains espaces qui de base ne sont pas conçu pour une fonction de sociabilité se retrouve à gagner de la popularité .

L’hypothèse que je présente est que l’individu est mutant et libre, on ne peut pas lui imposer un espace et lui interdire un autre . Cela dit, enfin de compte, ce qui importe est la nature de l’interaction menée au sein de cet espace . Le parc, le jardin public ou la plaza qu’on connait aujourd’hui sont des lieux très limités en terme de fonctionnalité .

Le contexte de notre société contemporaine est caractérisée par les choix illimités ainsi que l fragmentation des intérêts de chacun . Le développement des espaces publics n’a pas pu suivre celui de l’humain en soi . L’espace public, plus précisément de loisir et de divertissement présente une exclusion d’une certaine population ou groupes sociaux selon des contextes spécifiques, c’est pour cela qu’on retrouvera d’avantage de jeunes adolescents dans les centres commerciaux au lieu de parc, car leurs besoins comme jeune population n’est point comblé dans un parc ou jardin par exemple ceci d’une part, d’autre part, il se doit de mentionner la pauvreté de ce qu’offre l’espace public aujourd’hui au citadin, un déficit de mobiliers urbains, de plateformes

C’est ce qui fait la popularité de l’espace virtuel, qui, à l’opposé répond facilement aux nouveaux besoins émergents des individus. Le rôle de l’espace public dans les villes d’aujourd’hui est plus important que d’être simplement «un endroit où les gens peuvent s’exprimer spontanément dans une culture urbaine de plus en plus prévisible et privatisée. Avec cette compréhension de l’évolution de la signification de l’espace public ainsi qu’en analysant les différents usages sociaux retrouvés dans différents lieux d’urbanité, on se rend compte qu’on est en train de vivre de vraies mutations sociales et culturelles résultantes d’une certaine occidentalisation des modes de vie .

C’est ce qu’on constate à travers les pratiques et appropriations d’espaces publics “atypiques” qui abritent une sociabilité assez importante faisant preuve encore une fois de l’émancipation de notre société contemporaine.

Ce qui marque et distingue ces espaces c’est la mise en scène et l’entretien minutieux accordé à ces lieux par les promoteurs privés notamment, ce qui malheureusement a pour but premier d’encourager l’essor d’une société consumériste.

Ce qui nous pousse alors à questionner le rapport de l’individu aux fondement de la ville ( plus précisément les espaces publics ) et comprendre ainsi ces besoins qu’il recherche tant bien que mal dans d’autres lieux majoritairement de consommation .

2 . LE MICROCOSME STRESSÉ

2.1 Un Univers sous pression .

Maintenir un équilibre entre obligations et engagements professionnelles, familiales et sociales peuvent s’avérer être une lourde tache pour tout individu .

Vivre en tant que citadin dans une grande ville n’est pas toujours évident et ne génère pas seulement des bienfaits pour l’individu . La ville est un condensé de pouvoir, de culture, d’urbanité et de civilisation, et c’est justement ce qui fait l’attractivité de la ville contemporaine.

Paradoxalement, le citadin subit, de manière continue, une exposition à de nombreuses conditions de répulsions, en effet, cette émancipation de la vie n’est pas tout à fait anodine, c’est ce qu’explique Gabriel MOSER, maître de conférence et directeur du DESS de l’université René Descartes- Paris V : «cette transformation semble accompagner une dégradation des conditions de vie, et loin de retrouver la sécurité, du travail, la distraction et des échanges sociaux.» (G.Moser, 1992 )

Les citadins sont non seulement confrontés à des conditions d’existence souvent décrites comme désas treuses, logement et transports notamment, mais également à l’insécurité et à la peur, à la pollution,au bruit, au surmenage, à la promiscuité, à la solitude et au vide social. Il en résulte que l’environnement urbain représente une source importante de stress “ .2

Ces phénomènes de la ville contemporaine, culbute l’individu à générer une réponse afin de surmonter ces épreuves quotidiennes, se manifestant sous forme de stress ...
40
2 MOSER. G : Les stress urbains. Edition Armin colin ( 1992 )

À première vue, il existe d’énormes différences méthodologiques entre les disciplines de l’urbanisme et des neurosciences. Néanmoins, il est essentiel de considérer l’approche antiscientifique de l’espace logie du cerveau des habitants et pourrait donc influencer le risque de développer des troubles mentaux ( anxiété, dépression ..) . D’un point de vue plus optimiste, des indicateurs reflètent un aspect protecteur des grandes villes en matière de santé mentale. Les villes peuvent donc se prêter à la mise en place de stratégies d’intervention nouvelles et appropriées en matière de santé et cela notamment à travers l’espace public où s’effectuera une grande partie d’échanges et liens sociaux entre individus .

Pour trouver des solutions permettant d’atténuer les facteurs de stress urbains, il faut d’établir une image claire de ce qu’est le stress chez l’individu, et de ce qui le provoque dans l’environne ment. De même que tous les facteurs de stress ne sont pas tous urbains ni spatiaux, des facteurs sociales peuvent aussi rentrer en jeu .

Qu’est-ce qui fait du “stress” un défi que les architectes sont bien placés pour relever ?

Les domaines de la psychologie environnementale et des neurosciences ont commencé à étudier la manière dont l’architecture affecte notre corps e esprit, donnant ainsi des lignes directrices pour les aménagements et conceptions des espaces urbains améliorant la santé mentale .

Cette partie aura alors pour but de révéler le lien fort qui se tient entre urbanisme, architecture et psy chologie / neuroscience

41

Stress and the city: Urban decay© R. MANSI/GETTY

2.2 Classifications .

LE STRESS SOCIAL

En tant qu’individu du 21ème siècle, on se retrouve à subir plusieurs formes de stress de manière quotidienne. Comme décortiqué précédemment, le stress diffère d’un individu à un autre, que cela soit par rapport à son statut social, son âge, sa fonction .. . Cependant, un certain pattern de stress se fait remarqué chez la majorité des individus, peu importe leurs appartenance sociale ou démographique : Le stress social .

Le stress social est un terme qui fait référence à la tension qui se forme en raison des relations qu’entretient une personne avec son environnement social. Il peut s’agir du stress lié aux groupes d’amis, à la compétition scolaire ou aux conflits familiaux .

Ce terme n’est pas reconnu comme un type de stress majeur, mais il n’en reste pas moins l’un des types les plus courants que connait notre société contemporaine .

Dans son article scientifique3, Vors Oliver, chercheur et enseignant à l’Institut nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation décrit les implications psychologiques des facteurs de stress psychosociaux. Il donne deux facteurs de stress principaux et décrit chacun d’eux en détail . Il approfondit les aspects psychanalytiques du stress social et les situations qui incitent le cerveau à libérer certaines substances chimiques pour provoquer une émotion et une réaction chez la personne en soi .

Vors affirme que l’une des deux principales causes du stress social est l’échec, cela entraîne une perte d’estime de soi et de statut social. Il explique que l’échec entraîne un niveau de stress social plus élevé, parce qu’il constitue une part importante de notre identité personnelle en étant la façon dont l’individu caractérise autrui .

Le deuxième facteur de stress psychosocial décrit est le sentiment d’incontrôlabilité. Vors explique que contrôlabilité crée une atmosphère d’échec dans le cerveau car l’individu est incapable de prendre des mesures pour créer le succès, ce qui augmente le niveau de cortisol et diminue l’estime de soi.

Une continuité trouvée dans ces deux facteurs de stress serait que le résultat final est toujours une diminution de l’estime de soi, ce qui apporte une contribution majeure au stress social.

Une plus grande exposition au stress et une plus grande vulnérabilité à ce dernier semblent jouer un rôle crucial à la propagation du stress. Le stress social pourrait être le facteur le plus important du risque accru de troubles mentaux dans les zones urbaines. Il peut être vécu comme une menace sociale ou comme un stress social chronique, qui sont tous deux susceptibles de se produire dû aux fortes densités de population dans les villes.

Quant à l’impact sur la santé mentale, le stress social semble l’emporter sur d’autres facteurs de stress urbains tels que la pollution ou le bruit. Vivre dans des zones surpeuplées est associé à un stress social accru, car l’environnement devient moins contrôlable pour l’individu. Les disparités sociales sont également beaucoup plus marquées dans les villes et peuvent imposer un stress à l’individu telle la perturbation des rythmes chronobiologiques est plus fréquente dans les villes que dans les zones rurales ayant ainsi une influence négative sur la santé mentale

42 Vors O, Marqueste T, Mascret N. The Trier Social Stress Test and the Trier Social Stress Test for groups: Qualitative investigations. PLoS One. 2018;13(4):e0195722. social-stress-the-cause-effects-and-solution © anushkahmehta
3
Published 2018 Apr 11.

LE STRESS URBAIN

Le stress urbain est un phénomène relativement récent qui est apparu dans le cadre de l’explosion démographique que connait notre planète . Selon The European Environnement Agency, le terme stress urbain renvoie à “ un état de tension corporelle ou mentale développé par la vie en ville, ou les facteurs physiques, chimiques ou émotionnels sont à l’origine de cette tension. (EEA)

Il est évident qu’être citadin aujourd’hui est en soi un stress, notre ville déshumanisée et ses menaces engendrent cette réaction physiologique qu’on qualifie de stress . L’urbanité, malgré tout le potentiel et toute l’évolution qu’elle a permise à l’humanité génère des situations de stress . La qualité de vie promise par la ville se dissoue. Malgré le développement des infrastructures, des conditions socio-économiques et des services, on remarque que plus en plus d’habitants fuient la ville pour s’installer à la campagne ou dans une région loin de toute nuisance de la ville . Selon une étude réalisée par l’Université de Heidelberg et l’Université McGill, il a été révélé que la vie métropolitaine est intrinsèquement liée à un degrés de stress assez élevé . La résultante de cette urbanité associée au stress, à l’anxiété et aux troubles mentaux serait alors le point de départ d’une nouvelle discipline, celle du neurourbanisme 5

Selon l’article scientifique“From Urban Stress to Neurourbanis:How we research city well-being ? “publié par T.Osborne Chercheur à la Population Research Center, Faculty of Spatial Sciences, University of Groningen , ce nouveau domaine est ce qui permettra de s’attaquer aux problèmes émergents contemporains en appliquant les méthodes de laboratoire des neurosciences pour résoudre les problèmes urbains mondiaux et promouvoir des villes plus heureuses et plus saines. Des études exploratoires ont testé la mesure psychophysiologique au-delà des laboratoires, en tirant parti de la disponibilité des technologies de bio-détection afin de capturer des marqueurs physiologiques géolocalisés et d’en tirer des réponses émotionnelles aux environnements urbains.

Le milieu urbain regorge de sources de stress, c’est ce qu’on a pu mettre en lumière à travers les différentes définitions du stress précédemment. Pour rappel, ces sources sont innombrables, le stress urbain se manifestera alors tout au long de notre quotidien, que cela soit dû à l’environnement ( insalubrité, nuisances sonores, agressivité verbale et visuelles .. )ou à la nature des liens sociaux (individualisme, séparation familiale, changement de mode de vie.. ) .

L’environnement, dans notre cas de figure est l’ensemble de la ville, génère ainsi le stress urbain. Outre les nuisances et les polluants présent au sein la ville, d’autres facteurs se manifestent : donnant à titre d’exemple les unités d’habitation qui devienne de plus en plus étroites, le déficit en espaces verts ainsi que le plus important en terme de gestion de stress, les espaces de loisirs . Cet écosystème produira alors un individu fragile et oppressé .

Un des déclencheurs de ce stress urbain est l’émergence de ce qu’on qualifia de “culture d’impatience” . L’individu est impatient, car il s’est familiarisé avec la notion de “ instant gratification” ou la satisfaction immédiate, résultante directe de l’émergence des nouvelles technologies dans notre société . La recherche de solutions immédiates, rapides avec des résultats quasi sur le champ, poussent l’individu à être encore une fois stressé .

5 Une discipline la neuroscience, l’urbanisme, l’architecture et la sociologie . Une approche interdisciplinaire neuro-urbanistique qui relira la santé mentale publique à la planification urbaine afin de créer de meilleurs environnements dans la perspective d’améliorer le bien-être mental des individus et des des communautés dans les villes, ainsi que de renforcer la résilience des individus . 7 The European Environnement Agency : une agence de l’Union européenne dont la mission est de fournir des informations fiables et indépendantes sur l’environnement. L’EAA est une source d’information majeure pour les personnes impliquées dans le développement, l’adoption, la mise en œuvre et l’évaluation de la politique environnementale, ainsi que pour le grand public.
‘‘Le stress urbain est un état de tension corporelle ou mentale, développé en milieu urbain où les facteurs physiques, chimiques et émotionnels y sont à l’origine ’’
43
EEA7

44

2.3 Les «Antistress» contemporains .

En définissant ce qu’est le stress ainsi que ses différentes manifestations sur le citadin, il s’est avéré que ce phénomène est intrinsèquement liée à la vie urbaine, cela dit, ils nous est impossible de déserter nos villes pour éviter ce stress. C’est là où rentre en jeu l’importance de l’espace urbain et son rôle permettant d’atténuer l’intensité de ce stress quotidien . Cela en grande partie à travers les échanges et liens qu’occurrent entre individus dans un environnement urbain complexe exposé de manière simultanée au stress . Selon cette hypothèse, on retiendra deux éléments particuliers qui se révéleront efficaces en terme d’atténuation du stress :

. La qualité de l’environnement social

. La qualité de l’environnement physique

L’ENVIRONNEMENT SOCIAL

Le terme «soutien social» renvoie à la disponibilité et l’intimité des relations que les individus entretiennent avec les individus faisant partie de leur cercle social, notamment la famille, les amis et les connaissances .

La définition de Pilisuk et Parks (1983), du soutien social comme « un ensemble d’échanges qui procurent à l’individu une assistance matérielle et physique, un contact social et une relation affective, de même que l’impression qu’il est un objet d’intérêt continu pour les autres » 7 nous confirme que le soutien social est ainsi basé sur les liens sociaux qu’entretient chaque individu, donnant ainsi une ampleur à toute relation nous liant à autrui .

Les individus stressées qui se retirent des autres plutôt que de chercher du soutien auprès de leurs proches et finissent par avoir des difficultés à négocier des relations interpersonnelles harmonieuses avec leur conjoint, leurs enfants, leurs amis et leurs collègues, et finir par être plus isolées, frustrées et stressées qu’au départ. 8

Par ailleurs, l’altruisme, qui est directement lié au soutien social diminue le stress en raison de l’attention portée vers l’extérieur (similaire à ce qui résulte de la socialisation). Le fait de se concentrer sur les autres dans le besoin et de les aider (en particulier aux plus démunis ) permet de prendre conscience de la valeur de l’existence de chacun.

Afin de concrétiser cet altruisme et soutien social, une configuration spatiale adéquate est nécessaire . D’où la nécessité d’une qualité de l’espace pour y exercer ces liens et relations entre individus . L’espace dont on se réfère dans notre cas de figure est notamment l’espace de rencontre et de sociabilité .

8 Voir le cas de l’Hikikomori élaboré sur liens sociaux 7 Lemyre, L., & Tessier, R. (1988). Mesure de Stress Psychologique (MSP): Science / Revue canadienne des sciences du comportement, 1993 https://www.npr.org/sections/health-shots ImageZoo/Corbis
©

L’ENVIRONNEMENT PHYSIQUE

On s’intéressera alors à l’impact de la nature et la qualité de l’espace physique où se créent ces liens sociaux pour une société résiliente et prospère ainsi qu’au potentiel inexploité et passionnant que détient les architectes et urbanistes à travers la configuration d’un aménagement urbain de qualité .

Mind the GAPS est un processus développé par des chercheurs du UD/MH 8 au Royaume Uni qui consiste à conceptualiser les piliers permettant d’avoir un espace urbain qui soutient et améliore la santé mentale des citadins .

L’étude porte sur le développement de quatre grandes lignes directrices afin de conceptualiser un espace urbain de qualité . L’acronyme GAPS renvoie à :

Park in Badalona Peris+toral.arquitectes , Espagne

La réorganisation de l’espace délimité par trois avenues à Badalona, part d’un site municipal inoccupé depuis 2013, avec des plantations bordant les rues. Le projet architectural répond à une double échelle interurbaine et locale. Dans le tissu interurbain, il vise à renforcer la continuité de l’axe vert qui rejoint différents parcs et places près de la rivière Besòs avant de se connecter aux parcs de Montigalà. À l’échelle locale, il s’agit d’articuler les parcours qui y convergent et de créer une zone de jeux pour les enfants de différents âges, étant donné la situation stratégique de l’espace à proximité des écoles et des centres préscolaires du quartier.

45 Source : Centre for Urban Design and Mental health GREEN ACTIVE PROSOCIAL SAFE Green Space in Verdi Street © José Hevia

46

Green Space :

Selon l’étude de Roe, J “ Cities, Green Space, and Mental Well-being 2016 ), l’espace vert aurait un impact positif sur la santé mentale de l’individu, l’aidant ainsi à diminuer le stress, l’anxiété et la dépression qu’engendre le quotidien au sein de la ville contemporaine.

La présence d’espaces verts tels les parcs, jardins, aire de jeux ou corridors verts au cœur de la ville constitueront ainsi des espaces de respiration, de recharger ses batteries et de renouer les liens avec la nature qui éventuellement se voit cesser d’être dans la ville .

Cependant, il se doit de mentionner que ces espaces en soi peuvent être une source d’anxiété et d’angoisse pour l’habitant. L’exemple que l’on donnera est celui d’un parc urbain peu fréquenté, ou fréquenté par des trafiquants de drogue, des SDF, ou des individus malveillants. Ce lieu émettra alors un sentiment de stress et d’anxiété à son pratiquant ainsi causer l’opposé du but premier de cet espace . C’est là où il est indubitable de parvenir à intégrer la notion de sécurité cette composante végétale

Active Space :

Toujours est il que l’expression ”un esprit sain dans un corps sain “ reflète cette accointance entre santé mentale et activités physiques.

L’Homme des temps contemporains se voit de plus en plus se sédentariser, cette inactivité physique aurait alors un impact direct sur la santé physique et mentale des individus . C’est ce qu’affirme le Pr Michel Galinier, chef du service de cardiologie au CHU de Toulouse «La sédentarité, comme facteur de risque collectif, est passée devant le tabagisme car elle touche davantage de monde. Le fait d’être sédentaire augmente les facteurs de risque cardiovasculaires classiques.» ⁹

L’activité physique régulière ne permettra pas seulement d’améliorer l’humeur de l’individu, mais aussi de prolonger sa longévité .

Qu’il s’agisse de faciliter l’accès à des espaces d’activités sécurisés, d’intégrer des installations sportives en plein air ou d’aménager des aires de jeux et de loisirs, des mesures peuvent être prises par les architectes et urbanistes pour aider à intégrer l’activité physique, les interactions sociales, le sens de l’initiative chez les individus ainsi que la sécurité .

9 Article La sédentarité, une menace silencieuse pour notre santé Le figaro, santé 22/01/2018 Green Space in Verdi Street © peris+toral.arquitectes

Prosocial Space :

Tout aménagement urbain se doit d’encourager et faciliter les interactions sociales entre individus, promouvoir le sentiment d’intégration, de communauté et d’appartenance .Penser des espaces stimulant toute interaction sociale entre individus en incluant les groupes potentiellement vulnérables tels les enfants / jeunes, les femmes, les personnes à mobilité réduite ainsi que les personnes âgées, les encourageant ainsi à la participation active dans la société . Des espaces plutôt flexibles, accessibles et inclusifs permettant à chaque individu de s’impliquer au développement et à l’amélioration de sa santé mentale .

La disposition et mise en place d’espaces favorisant cohésion et interactions sociales incluant toutes catégories sociales et démographiques aurait alors un impact catégorique sur la diminution du stress Ces espaces “prosociaux” permettront d’atteindre ce juste milieu et cela à travers l’aménagement et la conception d’espaces permettant à l’individu d’avoir un temps pour soi tout en ayant la possibilité de réguler ses interactions sociales dans cet environnement

Safe Space :

Le sentiment de sécurité que procure un espace se voit de plus en plus être une nécessité en terme de bien être mental de l’individu. L’une des approches et principes retenus dans l’aménagement de ces espaces urbains est d’envisager des espaces favorisant une visibilité claire, cela en créant des passages et allées dégagés, d’éviter les angles morts sans fonction car ces zones seront les plus susceptibles d’attirer tout acte criminel ou délictuel y compris les narcotrafiquants .

Les espaces qui attirent plusieurs catégories sociales et démographiques seront aussi privilégiées, générant ainsi plus d’interactions sociales . En effet le plus on est entouré de monde , le plus on se sentira en sécurité .

Ce sentiment de sécurité, du point de vue de Kevin Lynchurbaniste, architecte et enseignant américain ( 1918-1984), pourrait être aussi atteinte par le biais des points repères . En effet, une présence de point de repère dans la ville, un espace public repère, pourrait aider à atténuer le sentiment d’être perdu dans une ville 11 (K.Lynch, 1960)

47 K.Lynch l’image de la cité, 1960 Green Space in Verdi Street © José Hevia Green Space in Verdi Street © José Hevia
11

SYNTHÈSE

A travers ce chapitre, on a pu constater la corrélation existante entre le domaines de la psychologie, la neuroscience, l’architecture et l’urbanisme . Malgré l’émancipation et le développement que connaît notre société contemporaine, la santé mentale du citadin se dégrade de plus en plus.

L’anxiété et le stress perdurent, l’individu s’étouffe plus que jamais. C’est à ce niveau là qu’intervient l’importance d’un espace public urbain bien structuré impactant la santé mentale des individus.

Le but étant de pouvoir concevoir un espace urbain atténuant tout stress et anxiété que génère la ville contemporaine . Pour cela, l’aménagement de l’espace urbain aura un impact indéniable sur la réduction de cette crise du 21ème siècle, se déclinant en :

. Dimension spatiale : composantes de l’espace : éclairage, mobilier urbain, configurations spatiales, percées visuelles, espaces verts et de loisirs etc..

. Dimension sociale : C’est au niveau de l’espace urbain public que la vie urbaine se met en valeur . Cela en encourageant toute interaction sociale à travers les activités qu’on partage entre citadins, plus précisément toute activité ludique et de divertissement .

Ainsi, le rôle des architectes et planificateurs urbains sera d’élaborer des espaces générant une vie urbaine sans stress, ou du moins, peu stressé !

© Ekphrasis Studio
PARTIE II Mise en théorie 1. VERS DE NOUVELLES PRATIQUES DE L’ESPACE PUBLIC . 2. LE DESIGN URBAIN COMME OUTIL D’AMÉNAGEMENT DES ESPACES PUBLICS DE DIVERTISSEMENT . 3. LES 12 APPROCHES DE RESTRUCTURATION DES ESPACES DE DIVERTISSEMENT

1 . VERS DE NOUVELLES PRATIQUES DE L’ESPACE PUBLIC

1.1 Rétrospective .

GENÈSE DE L’ESPACE PUBLIC :

Tout au long de l’histoire humaine, des espaces publics ont été créés pour répondre aux besoins des communautés. A titre d’exemple les places, lieux de commerce, d’échanges et des premières formes d’initiatives politiques et pratiques religieuses. Bien que certaines formes archaïques de lieux publics puissent être datées des villes mésopotamiennes de 2000 avant J.-C., les principaux précurseurs des espaces publics construits sont les villes de la Grèce antique

À une époque où la communication était orale , les espaces publics de ces villes étaient l’Acropole, des zones fortifiées contenant les temples et les monuments religieux, qui servaient de noyau de transmission de la culture et de la sagesse dans les premières villes grecques

Au fur et à mesure de l’évolution de la civilisation, l’Agora, dont la définition renvoie au «lieu de rassemblement» ou «assemblée», a pris une importance croissante en tant que lieu de commerce et de rencontre pour les assemblées formelles et informelles.

Parallèlement aux Agoras, de nouveaux types d’espaces publics sont apparus à la périphérie de la Polis, des théâtres et des gymnases en plein air où se déroulaient des représentations dramatiques et sportives. Les théâtres étaient de grandes structures en plein air construites sur les pentes des collines. Entourés de paysage naturel, la composante visuelle était un facteur important lors de la conception des théâtres, cependant l’espace était défini pour atteindre la meilleure performance acoustique.

Durant l’Empire romain, les villes étaient centrées autour du forum, qui combinait les fonctions religieuses de l’Acropole et les fonctions socio-politiques de l’Agora. Le forum et ses environs adoptaient un ordre spatial rigoureux qui reflétait la structure politique rigide de l’Empire romain.

Les Romains ont donc adopté une approche plus planifiée de la conception de l’espace public, en l’intégrant dans le tissu de l’environnement bâti. Parallèlement à l’expansion territoriale de l’Empire, les Romains ont également acquis de nouvelles technologies et connaissances. De nouveaux bâtiments publics tels que les thermes, les basiliques et les arènes, comme le Colisée, ont donc été conçus pour répondre aux besoins du public.

Après la mort de l’Empire romain, la vie urbaine a décliné en Europe, tout comme l’espace public

Source : Mumford L. (1961), The City in History, New York: Harcourt, Brace World

52
and

La chute de l’Empire romain et la menace de nouvelles invasions barbares ont poussé à la fortification des villes. Après le déclin de l’empereur, l’église a gagné du pouvoir. Le contrôle des instituts religieuses et de murs fortifiants de plus en plus puissants a apporté la sécurité nécessaire à l’établissement de nouveaux espaces publics dans les villes. Les célébrations religieuses étant devenues le centre autour duquel se déroulait la vie publique, l’espace public a été encadré et organisé dans l’espace, principalement autour des églises ou des bâtiments sacrés, afin d’accueillir les processions et les pèlerinages qui rassemblaient la communauté.

Les espaces publics, civiques et les rues ont marqué le passage de la position défensive et répressive de la société féodale, basée sur les châteaux et les villes fortifiées, aux places et aux rues des villes de la Renaissance. Les espaces communs ont été conçus à travers les rues et les places pour favoriser l’interaction humaine et le débat politique, et sans le contrôle de l’église ou de l’État. C’était l’une des caractéristiques essentielles de la ville de la Renaissance et de la ville moderne

L’espace public était principalement conçu pour célébrer le pouvoir des monarques ou d’autres formes de gouvernement. Ce n’est qu’après les grandes révolutions des XVIIIe et XIXe siècles que ces espaces ont été complètement libérés de leur connotation autoritaire et transformés en espace démocratique et public.

Dans les chapitres suivants, on analysera l’évolution de l’espace public dans le contexte de la société occidentale et la manière dont sa morphologie et sa fonctionnalité ont été modifiées donnant ainsi naissance à de nouvelles pratiques et usages de cet espace

53

Source : Mumford L. (1961), The City in History, New York: Harcourt, Brace and World. Agora, 1990 ©Travelos

54

1.2 Interprétations .

L’espace public est une thématique de recherche intégrant différentes disciplines, ***Ces interprétations de l’espace public seront prises en compte comme pertinentes dans notre cas d’étude :

L’ESPACE PUBLIC POLITIQUE

L’espace public a été politiquement compris comme «l’espace métaphorique du débat public». Il reflète donc la vitalité de la vie politique d’une société donnée. «Un espace public dynamique est une manifestation de la force de la démocratie, plus particulièrement à travers la société civile et la citoyenneté participative»¹ .

Au regard de cette définition, les journaux, les magazines et les médias, tels qu’Internet et, en particulier, les espaces de discussion, comme les blogs,les forums et réseaux sociaux pourront être considérés comme faisant partie de cet espace public «métaphorique» dans lequel les valeurs politiques se manifestent.

L’ESPACE PUBLIC JURIDIQUE

D’un point de vue juridique, l’espace public a été identifié comme «une propriété dédiée à l’usage du public. Il s’agit d’un sous-ensemble de la propriété de l’État. Il s’oppose à la propriété privée, qui appartient à une personne individuelle ou à des entités artificielles qui représentent les intérêts financiers de personnes».2

Cela dit, c’est à travers cet aspect juridique que l’espace public garde sa pérennité en étant protégé de tout appropriation particulière qui pourra rendre son usage privé et personnel . Les garanties juridiques donné à l’espace public lui permet de perdurer dans l’espace et dans le temps .

L’ESPACE PUBLIC SOCIAL

La valeur sociale de l’espace public est très large et réside dans la contribution qu’il apporte à «l’attachement des personnes à leur localité et aux possibilités de se mêler aux autres, et à la mémoire que les gens ont des lieux» 3

Les espaces publics peuvent offrir des possibilités d’interaction sociale, de mixité sociale et d’inclusion sociale, et peuvent faciliter le développement de liens communautaires.

Contrairement à l’idée selon laquelle l’espace public peut être uniquement défini spatialement .

En conséquent, cet espace public n’existe qu’à travers la présence d’interactions des individus dynamiques et changeants. Cela peut conduire à l’association de certains espaces publics avec des groupes sociaux ou activités particulières, y compris l’étiquetage ethnique des espaces publics, en d’autre terme, une identité sociale et culturelle définissant cet espace .

‘‘Au coeur de la ville, les premiers élements sont les rues et les places, les espaces collectifs, puis viennent les bâtiments et les voies.
L’espace public définit la qualité de la ville, car cela indique la qualité de vie et de la citoyenneté de ses habitants.» Jordi Borja, géographe, urbaniste, professeur, membre du Parlement catalan pour Barcelone (1980-1984)
1 Habermas J, The Structural Transformation of the Public Sphere, (1963 )Berlin: Luchterhand . 2Alison C. and Kohler P, (2005). Property law: commentary and materials. Cambridge: University Press. 3 Dines and Cattell, Public spaces, social relations and well being in East London, 2006

L’ESPACE PUBLIC URBAIN ET ARCHITECTURAL

La Charte de l’espace public4 définit les espaces publics comme «tous les lieux de propriété publique ou d’usage public, accessibles et appréciés par tous, gratuitement et sans but lucratif».

La charte distingue en outre quatre typologies d’espaces publics :

Espaces publics ouverts :

Cette typologie d’espace est celle à laquelle on s’intéressera d ‘avantage lors de ce travail de recherche

Les espaces publics ouverts désignent les terrains non aménagés ou dépourvus de bâtiments (ou d’autres structures construites) accessibles au public, qui offrent des espaces de loisirs aux résidents et contri buent à améliorer la qualité environnementale des quartiers.

Les types d’espaces publics ouverts varient d’une ville à l’autre et peuvent inclure, de manière générale, les parcs, les jardins, les terrains de jeux, les plages publiques, les rives et les fronts de mer. Ces espaces sont également accessibles à tous sans frais et sont normalement détenus et entretenus par les pouvoirs publics. Dans de nombreux cas, cependant, ils ne sont accessibles que pendant la journée.

Selon U-N Habitat⁵, la hiérarchisation des espaces publics ouverts peut s’établir en fonction de leur taille et leur zone de couverture .

1. Espaces publics ouverts locaux :

Il s’agit de petits parcs qui répondent aux besoins de loisirs de la population résidentielle immédiate dans un rayon de 400 mètres (5 minutes de marche). Leur superficie moyenne varie de 0,03 à 0,04 hectare et ils sont souvent utilisés à des fins récréatives. Dans certains endroits, ils peuvent inclure de petites zones d’espace naturel.

2. Les espaces ouverts publics de quartier :

Il s’agit d’espaces plus grands qui répondent aux besoins récréatifs et sociaux d’une communauté. Leur superficie varie entre 0,04 et 0,4 ha et sont facilement accessibles à moins de 400 mètres des habitations. Ils peuvent accueillir une variété d’activités de divertissement, telles que les activités sportives, culturelles ..

3. Espaces ouverts de la ville / arrondissement :

Ces espaces sont principalement conçus pour permettre la pratique de sports formels organisés. Ils comprennent d’importantes zones de loisirs et quelques espaces naturels. Ils desservent plusieurs quartiers, les usagers et visiteurs venant des arrondissements environnants.

La taille des espaces varie de 0,4 à 10 ha, et sont conçus pour desservir les populations situées dans un rayon de 800 mètres ou à 10 minutes de marche .

4. Espace ouvert régional/parcs urbains :

Il s’agit d’installations importantes pour les festivités, manifestations sportives et culturelles, en incluant toute activité de divertissements, relaxations et de nature.

Ils desservent une ou plusieurs régions géographiques ou sociales et sont susceptibles d’attirer des individus de l’extérieur d’une zone de gouvernement local. Leur superficie varie entre 10 et 50 hectares.

5. Les espaces publics ouverts nationaux/métropolitains :

Ce sont de grands espaces dont la superficie varie entre 50 et 200 ha. Plus important en termes d’infrastructures,ces espaces contiennent des services tels que des équipements récréatifs, sportifs et parcs verts .

4 La Charte de l’espace public adoptée lors de la Biennale dello Spazio Pubblico de 2013 est composée de 50 principes pour des espaces publics de qualité, elle a été développé en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (UN-HABITAT) comme contribution à la Conférence Habitat III et à la rédaction de son plan d’action, visant à offrir une définition de l’espace public et à proposer des principes clairs et concis pour la création, la gestion et la valorisation des espaces publics dans les villes.

5 U-N Habitat est l’agence des Nations unies pour les établissements humains. Elle est mandatée par l’Assemblée générale des Nations unies pour promouvoir des villes durables sur le plan social et environnemental, dans le but de fournir un logement adéquat à tous.

55

56

Rues :

Définies comme des voies de circulation à l’intérieur des villes et des quartiers ; elles sont généralement bordées de maisons ou de bâtiments et offrent une fonction urbaine essentielle pour les piétons et les véhicules - la mobilité. Ce sont des espaces publics, car ils appartiennent à l’État et sont accessibles et appréciés par tous, le plus souvent gratuitement et à toute heure.

Les rues sont polyvalentes dans la nature des activités qu’elles accueillent, qui vont des usages sociaux et économiques aux usages culturels et politiques.

Les principaux éléments inclus dans l’espace-rue sont les avenues et les boulevards, les places et les squares, les trottoirs, les passages et les galeries, les pistes cyclables, les trottoirs, les îlots de circulation, les tramways et les ronds-points. Les éléments exclus de l’espace-rue sont les parcelles (bâties ou non), les îlots d’espace libre, les voies ferrées, les espaces pavés des parcs de stationnement, les aéroports et les industries individuelles.

Installations publiques :

Les installations publiques comprennent des équipements/lieux à haut niveau d’entretien qui appartiennent à l’État, sont entretenus par ce dernier et sont accessibles gratuitement aux usagers, comme les bibliothèques publiques, les centres civiques/communautaires, les marchés municipaux et les installations sportives publiques.

Dans de nombreux cas, ces installations ne sont accessibles que pendant la journée ou les heures de fonctionnement.

Des études menées dans quatre pays par le Programme mondial pour l’espace public de l’ONU-Habitat ont établi que, bien que la gestion des installations publiques puisse être complexe en termes d’accès gratuit (car certains services sont payants), les parties non construites des installations constituent un espace ouvert important, librement accessible aux citoyens, et qu’elles devraient être incluses dans les espaces publics ouverts d’une ville.

Source : UN-Habitat, Global Public Space Toolkit: From Global Principles to Local Policies and Practice, (2015) Rue parisienne ©Boumahdi Lina Marché de gros - Casablanca ©le360.ma

Espaces commerciaux

Les espaces commerciaux publics sont l’ensemble des infrastructures accueillant toute activités commerciales accessibles à travers des locaux fixes, Des lieux publics et d’autres services (collectifs et non, publics et privés) tels les marchés et dans lesquels la dimension socio-économique de la ville est toujours représentée .

57

Source : UN-Habitat, Global Public Space Toolkit: From Global Principles to Local Policies and Practice, (2015) Métro Parisien ©Boumahdi Lina Souk Bab Elhed, Rabat ©Boumahdi Lina

58

1.3 Un espace de co-présence .

Aujourd’hui, faire partie de l’espace public, ou du moins le pratiquer ne renvoie pas forcément à l’interaction avec l’autre . On devient des être co-présents physiquement, c’est à dire qu’on est présent, sans pour autant établir un lien avec autrui.

C’est ce qu’on remarque de plus en plus dans les parcs, les gares, et les lieux propices à l’urbanité . La co-présence traduirait ainsi le besoin de l’existence et de la présence de l’autre sans pour autant interférer avec ce dernier. Autrement dit, on pratique l’espace public en s’évitant, sans pour autant se rencontrer.

Ces espaces que détermine l’individu se voie ainsi être un espace plutôt psychologique que physique.

Comprendre le besoin et le rapport du pratiquant à la présence de l’autre permettra ainsi de créer des espaces qui respectent cette distanciation sans pour autant exclure toute opportunité d’interactions sociales . C’est ce qu’explique Gilles Verbunt, Docteur en sociologie et ancien chargé de cours à l’université Paris-XII et à l’INALCO, « chaque personne, pour chaque situation de sa vie, se protège de l’intrusion des autres par l’existence imaginaire d’une bulle autour de son corps.» ( G.Verbunt ) L’entrée d’un autre dans cette bulle est ressentie par elle comme un acte agressif. Elle juge l’autre comme envahissant, encombrant, et s’efforce, en reculant, de rétablir la bonne distance avec son interlocuteur. La bonne distance est une notion élastique.

Une co-présence signifiera alors une hétérogénéité de pratiquants et d’usagers, qui se traduira par une hétérogénéité d’espaces conçus en termes de besoins et de dimensions .

La co-présence traduira alors ce besoin de l’existence et de la présence d’autrui sans pour autant s’immiscer.
© https://laquotidienne.ma
© https://laquotidienne.ma

LA PROXÉMIQUE : PRINCIPES

Cette notion de co-présence n’est pas tout à fait nouvelle, plus connu sous le terme de “proxémie” avec anthropologue américain Edward .T.Hall dans son ouvrage “la dimension cachée”.

Selon T.Hall, la proxémie est ce périmetre de sécurité individuel, des dimensions subjectives condnitionnant les distantes physiques de chaque individu dans l’espace .

Le terme proxémie désigne «l’ensemble des observations et théories concernant l’usage que l’homme fait de l’espace en tant que produit culturel spécifique» 7

Ces proximités spatiales, plutôt inconscientes, varient selon la culture de l’individu, le contexte urbain, social ainsi que dans le temps .

La “bonne distance” selon les individus européens n’est point perçu de la même manière que chez les nord-africains par exemple .

Cela va de soi pour le contexte temporel, la distance correcte selon un marocain des années 50 est tout a fait différente que celle d’un marocain des années 2000, cela est dû en grande partie à l’émancipation de la société et l’émergence de ces nouvelles technologies mettant chaque individu dans sa bulle ou sphère

Hall propose quatre catégories principales de distances interindividuelles configurant les relations entre usagers en terme de mouvement ou de sédentarisation ( à noter que ces distances sont approximatives ) :

La sphère intime ( de 15 à 46cm ) : distance qui concerne tout contact corporel ou échange rapproché entre individus socialement proches (amis proches, familles, enfants .. )

La sphère personnelle ( de 45 à 135 cm ) : distance qu’on retrouve lors des conversations entre groupes sociaux rapprochés ( amis, associés, collègues de travail.. )

La sphère sociale ( de 1,30m à 3,70m ) : distance qui concerne les connaissances, les nouvelles relations sociales ..

La sphère publique ( supérieure à 3,70 ) : distance essentiellement opté par les leaders, personnages politiques, “influenceurs” pour s’exprimer devant un public ( discours, conférences .. ) qui implique la vision d’autrui sans échange réciproque .

59

⁷ Edward T. Hall, La Dimension cachée. Paris, Éd. du Seuil, 1971, p 13 .

LA PROXÉMIQUE : MODE D’EMPLOI

Ce principe de proxémique est à utiliser en termes de conception des espaces composant notre espace public : Opter pour ces distances nous permettra d’exploiter le potentiel de l’espace, cela en donnant les surfaces adéquates pour chaque espace selon la nature des rapports entre individus , ainsi optimiser les surfaces des espaces publics qui se voit de plus en plus diminués .

Ces variations de co-présence indique clairement que la conception de l’espace public ne doit pas être monotones. L’usager de l’espace public nous transmet une nouvelle universalité qui justement se caractérise par les propriétés et attributs spécifiques de ce dernier . Le pratiquant du lieu, opte ainsi pour une certaine organisation de l’espace qui diffère d’un individu à un autre en tenant compte de son âge, sexe, culture, besoins et usages recherchés à travers l’espace à travers des activités sportif, des sorties en famille ou simplement du temps pour soi .

Pierre Donadieu⁸, Professeur à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles-Marseille à travers son article sur les nouvelles proxémiques en Europe, confirme que des configurations de l’espace public donnent plus de souplesse à l’usager. Concevoir des espaces semi-fixes⁹ espace public d’être déplacés selon les besoins des usagers et la volonté des gestionnaires de ces espaces donnant ainsi place à des espaces publics moins rigides, respectant la sphère de chacun .

On pourrait ainsi proposer des bancs, assises, tables mobiles qui permettront aux individus de se regrouper ou au contraire à s’isoler . Ce type de configuration au sein de l’espace donnera aussi la possibilité de choisir le lieu au cœur de l’espace, entre espaces ombrés en été ou ensoleillé en hiver .

⁹ T.Hall distingue 3 modèles de l’organisation spatiale : espace à configuration fixe : attribué aux frontières physiques qui conçoit comme un es pace interne enveloppé permettant la dissimulation de l’identité de l’individu par rapport à l’extérieur , cette organisation influence directement sur le comportement de l’individu ; espace à configuration semi-fixe qui s’intéresse à l’organisation d’objets et mobiliers dans l’espace et qui peut être différente de culture à une autre ( ce qui est semi-fixe chez un américain peut être fixe chez un japonais telle une chaise ou un banc ) et les espaces à configurations informels qui comprend les différentes distances avec autrui qu’on a pu énuméré précédemment

Il convient d’être conscient des principes de la proxémique, comprendre comment les individus pratiquent l’espace .
En tant qu’architectes, nous pouvons exploiter ces principes à notre avantage , concevoir des espaces équilibrés, bien pensé, selon les pratiques des usagers en toute optimisation foncière .
Solitude en foule-Gare de Rabat Agdal ©Boumahdi Lina
60

1.4 Un espace d’usages et d’appropriation .

Toujours-est il qu’il est question de constat lors de ce chapitre sur les nouvelles pratiques de l’espace public. Comprendre ce qu’il en est aujourd’hui pour mieux concevoir celui de demain.

A contrario des espaces privés ( logements, plateaux bureaux, commerces ) dont les fonctions et les usages sont bien définis, les espaces publics révèlent très vite une complexité en termes de détermination d’usages, un espace public est avant tout conçu pour un “public”, un espaces ouverts avec de multitudes d’usages et de pratiques qui changent et évoluent constamment. L’espace public aujourd’hui se voit pratiquer de manières différente de celles établies de base par les décideurs et concepteurs de cet espace. Il se doit alors de comprendre et observer les pratiques quotidiennes des individus . Il n’est pas rare que l’appropriation de l’espace public en dehors de sa fonction initiale soulève une incohérence entre l’espace tel conçu et son vécu.

10 Michèle Grosjean et Jean-Paul Thibaud, L’espace urbain en méthodes. Editions Parenthèses, Marseille, 2001
“Au sein des métiers de l’aménagement des espaces publics, les représentations des lieux constituent un sujet de plus en plus évoqué: il s’agit de comprendre ce qui est perçu, ce que le lieu évoque, ce qu’il provoque comme imaginaire’’
Grosjean and Thibaud, 2008
Quartier Al Farah, AGADIR © Lina Boumahdi
61
10

GARE RABAT-AGDAL :

Initialement conçu pour voyager, on remarque que les pratiquants ne sont pas que des voyageurs, les étages consacrés à l’attente et restauration connaissent une popularité et une attractivité auprès des individus désirant travailler et étudier .

PLACE JAMAA EL FENA

Initialement comme place de justice et application de peine de mort 12ème siècle, cette place compte depuis 2008, parmi la liste des “ patrimoines culturel immatériel “par l’UNESCO et celà due aux divers fonctions que lui attribuent ses pratiquants.

© Gare Rabat AGDAL ©Boumahdi Lina Place Jamaa El fena © inconnu - Pinterest
62

QUARTIER SALAM - AGADIR

L’école n’ayant pas de cours de récréation, la rue devient un lieu d’échange et de récréation pour les écoliers . Un parfait exemple de l’appropriation selon l’usage et le besoins des individus.

QUARTIER AL FARAH - AGADIR

Une certaine émergence de la «street food» à la marocaine, cependant cette appropriation fait plus de bine que de mal . En étant mal structuré, cette appropriation de l’espace public génère des espaces insalubres dans un chaos total .

Quartier Al Farah, AGADIR © Lina Boumahdi Quartier Salam, AGADIR © Lina Boumahdi
63

64

L’APPROPRIATION : MODE D’EMPLOI

Le citadin maintient une relation sensible à son environnement physique.

C’est dû à cela que l’espace public arrive à influencer la qualité de vie des individus, une réalité vécue se traduisant en réciprocité entre l’individu, son groupe et l’espace physique .

L’une des approches est à celle de la conception participative par exemple, qui se base sur l’implication du pratiquant dans la conception de l’espace selon ses besoins spécifiques .

Les espaces publics les plus réussis sont des lieux qui encouragent les individus à jouer un rôle au niveau de la réalisation ces lieux.

Les tentatives de recréer des espaces subjectivement «beaux» à la «pinterest» sans prendre en compte les usages des individus s’avère ne donner aucun résultat positif concret et durable .

Une autre approche serait celle de l’observation et l’écoute des usagers afin de saisir le besoin . Une méthodologie qui se base «une complémentarité du percevoir et de l’écouter»10 . Cette approche consiste à observer les usages de l’espace public afin d’inspirer les aménagements et conception des espaces publics futures dans le cadre de la fabrique de la ville . Cependant, cette méthode seule se voit insuffisante voire subjective, d’où l’importance de la coupler avec la méthode d’écoute des usagers, qui consiste à échanger avec les pratiquants de l’espace et comprendre leurs perceptions du lieu . La combinaison de ces deux pratiques permettra alors à l’architecte de comprendre l’expérience urbaine d’appropriation et d’usage que vit l’individu présent dans l’espace public .

Connaître la nature des usages des individus, permettra à l’architecte,concepteur de l’espace, de donner vie à des espaces publics réellement exploitables.
10 Espace public : méthodes pour observer et écouter les usagers, Cerame 2020 11 Mc Catty, J. Formules de concertation dans des zones pavillonnaires , Cerema Centre-Est, 2017.
‘‘Depuis les années 90, l’aménagement des espaces publics se veut plus participatif . L’ambition est de prendre en compte la parole locale dans les projets, d’entendre le vécu, les besoins, les difficultés, les aspirations et les perspectives des habitants afin d’atteindre une connaissance “pratique du lieu”. La participation des habitants au processus d’élaboration d’un projet urbain se trouve également renforcée par l’intermédiaire de débats animés, de réunions, entretiens, d’ateliers collectifs, de diagnostics partagés etc”11
Mc Catty, 2017.

RÉCAPITULATIF

Ce qui est évident est que le citadin, individu ou en groupe, à force de pratiquer l’espace public , finit par l’adapter à ses besoins, faisant ainsi place à une réalité vécu du lieu . Ce sont les pratiques des individus qui induisent à la modification des fonctions en amont des espaces publics .

L’inclusion des habitants lors des phases de conception des espaces permettra ainsi l’intégration d’aspects pratiques, culturels, locaux et responsabiliser les individus qui suite à cela deviennent des “garants des lieux, soucieux de l’état et du bon usage des lieux publics” 10 (Cerame,2020 )

De même, si l’on accorde trop d’importance à la création d’espaces publics esthétiques, mais qui n’offrent ni d’attractions, ni commodités ni connexions adéquates avec les réseaux économiques et sociaux existants, on risquera de créer des lieux stériles que les citadins n’utiliseront pas.

La négligence des besoins de l’usager serait alors derrière le délaissement d’espaces publics ainsi que la sensation de ne pas avoir “assez d’espaces publics” dans la ville qu’éprouve les individus .

Figure : Common Unity / Rozana Montiel | Estudio de Arquitectura. Image © Sandra Pereznieto
65

1.5 Un espace dépoussiéré .

La ségrégation et l’isolement croissants de certaines classes ( sociales, démographiques, .. ) en raison de l’introduction des nouvelles technologies de télécommunication, la privatisation de ce qui était autrefois des espaces communs, la demande croissante de systèmes de sécurité et d’autres questions liées à cette nouvelle cyberculture13

De nos jours, la majorité de la population mondiale est citadine, si la vie urbaine a apporté de nombreux avantages, en termes d’économie et d’aisance , elle a également fragmenté notre société, brisant les liens et relations sociales au coeur de la ville où les réseaux sociaux ont commencé à prendre une grande place.

Dans le contexte chaotique de l’environnement post-moderne / contemporain , l’effet d’une modernisation capitaliste s’est traduit par une économie plus rapide et chaotique. Nos vies sociales ont également été affectées par cette accélération du rythme de vie. Les frontières chronologiques et géographiques ont été brisées par le processus de mondialisation.

Les nouvelles technologies de télécommunication, telles que les téléphones portables, les télévisions, les ordinateurs et l’internet, permettent aux gens de communiquer, d’interagir et d’échanger des informations, dépassant ainsi les frontières temporelles et spatiales. Les individus n’ont plus besoin de se réunir physiquement pour communiquer ou se divertir. Cette émancipation serait-elle alors derrière le délaissement de l’espace public ?

Certes, l’espace public n’est certainement pas encore arrivé à son terme, cependant les villes contemporaines se retrouvent confrontées à une crise générale en termes d’espace public, en raison des conséquences de l’introduction des nouvelles technologies de communication et des répercussions que celles-ci ont sur la vie urbaine; Le maintien de l’espace public comme l’une des caractéristiques constitutionnelles de notre société est menacé par la mutation d’une grande partie des activités sociales du monde physique vers le monde virtuel.

La société contemporaine subit un processus de polarisation, de fragmentation et d’homogénéisation qui la pousse vers un espace virtuel plus accessible et libre de contraintes, Cela dit, considérer l’espace public virtuel comme une menace pour l’espace public réel s’avère être un leurre

Pour faire court, on ne pourrait point remplacer l’espace public physique par l’espace virtuel : l’espace, d’une perspective architecturale, ne peut être dissocié de la dichotomie de l’espacetemps. Cela se traduit par l’apport de l’espace vécu à un moment t précis . La sensibilité à travers la lumière, les matériaux, les effets sonores et visuels, toutes ces composantes que seul un espace physique réel procure . Néanmoins, il se doit de comprendre que l’espace virtuel a amplement influencé l’espace public physique d’aujourd’hui .

13 Cyberculture formant le cyberspace voir chapitre sur les lieux d’urbanité : le cyberspace individus plus besoin de se réunir physiquement pour se serait-elle alors derrière le délaissement de l’espace public ?
66
Les
n’ont
divertir... Cette émancipation

Suite à ce constat, nous, architectes devront mettre en œuvre et intégrer ces technologies du 21ème siècle à la conception d’espaces publics physiques avec l’accès et l’interaction à la sphère virtuelle.

L’objectif ici est de créer des connexions entre les espaces publics urbains et la nouvelle sphère communautaire du cyberespace telle Internet et les nouvelles communautés virtuelles *, par le biais d’éléments de la technologie des télécommunications.

Le processus d’incorporation du virtuel dans l’environnement physique représente l’opportunité de concevoir les espaces publics urbains de l’avenir, ainsi les “dépoussiérer” .

Pour atteindre cet objectif, nous devons faire évoluer notre culture de conception vers une approche plus intégrée entre architecture et technologies de l’information.

Les premiers exemples de cette nouvelle approche de conception font déjà leur apparition dans le monde, comme l’installation d’écrans sur les murs, considérés comme un premier pas vers une conception qui fera de l’interaction entre l’architecture, les individus et la technologie, l’une des caractéristiques essentielles de l’espace public .

En outre, il faut rechercher cette opportunité à travers tout appareils électroniques ainsi que les autres nouvelles technologies de communication et de réalité virtuelle qui doivent être repensés comme des éléments fondamentaux de l’interaction entre le monde virtuel et les espaces publics.

On reprendra ces éléments à travers l’analyse de cinq projets intégrant un chacun :

.Un espace d’échange

Un espace interactif

Un espace d’interaction sociale

Un espace d’auto-organisation

Un espace éphémère

© Boumahdi Lina, un parc vide , Rabat , 2021
67

UN ESPACE D’ÉCHANGE

Les individus sont devenus des usagers “passifs” des espaces publics . L’objectif alors est d’inverser ce phénomène en restaurant le caractère démocratique des espaces publics d’autrefois, et faire des indi vidus un élément actif de cet espace public. Cela se traduira ainsi en donnant l’opportunité à l’usager d’interagir et apporter à son environnements des informations et modifications en analogie à ce que les réseaux sociaux lui permettent ( partage de “story”, posts, de videos, images .. ) .

C’est en cela que consiste le principe d’échange informationnel, bien qu’il s’agisse d’un domaine de recherche relativement nouveau, des exemples d’espaces publics conçus et aménagés comme des plate formes d’échange informationnel sont entrain de voir le jour, parmi un de ces projets emblématiques : Civic Exchange : Beyond the Kiosk - Antenna Design, New York

Les architectes derrière ce projet innovant, Masamichi Udagawa et Sigi Moeslinger, à travers le mobilier urbain, ont imaginé un système d’échange d’informations à travers la conception d’une plateforme publique, organisée autour d’écrans interactifs =attirant les usagers à interagir avec l’objet et à échanger l’information,

L’usager a la possibilité de publier, modifier et annoter des annonces, des publicités et des événements, ce qui ajoute une fonctionnalité de mise en œuvre et d’échange d’informations à l’espace public . L’objectif est la création d’un système favorisant non seulement l’échange d’informations, mais aussi l’interaction sociale.

Conçu comme un système modulaire revêtu de mosaïque de verre et entouré d’une grille en acier

inoxydable qui permet de s’asseoir et d’échanger des informations de différentes manières. La canopée de l’arbre est un panneau solaire qui alimente en électricité les écrans et le système d’information, ajoutant ainsi un aspect écologique à un élément déjà social, ce qui confirme également la qualité de la conception et l’approche futuriste impliquée dans le processus de développement.

L’introduction d’objets physiques dans les espaces publics est souvent insuffisante pour restaurer ce sentiment d’appartenance de ces lieux à la communauté. Cela doit se faire par le biais d’objets hybrides qui reposent sur des systèmes numériques. La conception de ces objets doit permettre aux individus d’interagir avec eux de manière intuitive et doit rétablir le sentiment d’être actif au sein de l’espace public .

68 Source : Udagawa, M. and Moeslinger S. (2005). Antenna, self-published booklet, New York City. © CIVIC Exchange, Antenna Design New York Inc.

UN ESPACE INTERACTIF

Le caractère «statique» de l’espace public dans les villes contemporaines est l’une des principales rai sons qui poussent le citadin à délaisser l’espace public physique au profit du monde virtuel . Par conséquent, la conception de nouveaux environnements dynamiques qui attirent, impliquent et ins pirent les gens est fondamentale pour la réhabilitation de l’espace public.

Les installations artistiques, les installations temporaires et les expositions qui explorent le domaine de la “ Responsive architecture” traduit en «architecture réactive» sont de plus en plus souvent confrontées à la scène publique. Il s’agit d’exemples intéressants d’une architecture dont l’une des qualités est la réactivité, ce qui, selon l’architecte M.Lattazio se voit être est l’une des principales forces motrices qui pourraient permettre d’inverser la tendance actuelle à la baisse de l’espace public.

Des éléments en acier Corten indiquent les contours de l’ancien fort, l’idée est qu’à la tombée de la nuit, cette ligne se marque par des projections lumineuses qui se projettent verticalement dans l’air, créant ainsi l’illusion d’une frontière physique tridimensionnelle .

Le but étant de permettre au pratiquant de l’espace de sentir qu’il traverse une réelle frontière pour rentrer en une zone historique.

Cette technologie permettra ainsi de donner à l’espace public des formes et typologies différentes en sectionnant l’espace en parcours selon des moments précis .

Les matériaux et les couleurs de ton ocre font référence au delta fertile du fleuve et les ruines boisées datant du Moyen Âge. De temps en temps, un message poétique est signalé par la lumière, dans une sorte de code morse romain. La lumière change de couleur, en un jaune léger à l’occasion des festivités catholiques ou en orange pour l’anniversaire de la reine.

Ces dispositifs permettent ainsi de renforcer et d’ancrer l’histoire danns la mémoire collective, rendant ainsi l’espace public animé, ludique et plus sécurisé .

Domplein - OKRA landschapsarchitecten , Utrecht Source : «Dumplei /OKRA landschapsarchitecten» . OKRA.NL © Ben ter Mull, Domplein
69

70

UN ESPACE D’INTERACTION SOCIALE

Les architectes et urbanistes de l’espace public semblent ne pas être conscients du potentiel de l’interaction sociale en tant qu’outil susceptible de créer un sentiment de communauté chez les individus. Cependant, les nouvelles technologies considérée comme une opportunité afin de rétablir le sentiment de participation et d’interactivité au sein de notre propre environnement .

Ces appareils connectés à l’espace virtuel pourraient aussi être un moyen pour les individus d’établir une connexion avec l’espace physique. Si nous voulons concevoir des espaces publics où les technologies seront utilisées pour participer à des activités publiques, nous devrons faire en sorte que les nouveautés en technologie ne soient plus seulement à usage personnel mais des moyens d’interaction avec autrui au sein de l’espace public . Afin d’aboutir à cela, les architectes ont expérimenté différentes modalités d’interaction de manière ludique et artistique à travers les “façades médiatiques” .

Ce dispositif donne la possibilité aux individus de manipuler l’espace public et de le transformer en un lieu significatif dans lequel des débats, des discussions, de nouvelles activités ont lie, une nouvelle façon de concevoir l’espace communautaire.

Les images transmises sur les façades, ne représentent que la partie émergée de l’iceberg d’une connaissance partageable qui, insérée dans l’environnement construit, pourrait pousser les individus à interagir d’avantage entre eux, dans une perspective de réappropriation progressive de l’espace public.

Une expérience visant à mieux comprendre le fonctionnement des façades médiatiques interactives faisant partie des façades architecturales intérieures et extérieures entourant l’espace public . L’idée alors est d’inciter les citadins locaux à expérimenter le potentiel des médias numériques dans la vie urbaine

L’installation sous la forme de façade médiatique interactive à travers laquelle les passants et usagers dee l’espace public peuvent prendre part. Une composition de 180 m2 de panneaux LED

montés à l’intérieur de la façade en verre d’une salle de concert fonctionnent avec des capteurs de suivi de caméra pour capturer les mouvements des passants à travers trois zones d’interactivités situées devant la façade et marquée par des tapis de couleurs différentes.

Les mouvements des usagers se transforment alors en silhouettes numériques colorées sur la façade afin d’éveiller la curiosité des passants et créer des interactions sociales au sein de l’espace public à travers l’architecture .

Aarhus by light - Aarhus, Danemark Source : Biskjaer, Michael & Halskov, Kim. (2013). Decisive constraints as a creative resource in interaction design. Digital Creativity. © https://cavi.au.dk/research/aarhus-by-light

UN ESPACE D’AUTO-ORGANISATION

Les villes s’organisent elles-mêmes à travers les interactions locales des personnes qui y vivent.

Lewis Mumford (1895-1990 ) , urbaniste et historien américain qui a analysé les effets de la technologie et de l’urbanisation sur les sociétés humaines à travers l’histoire et Jane Jacobs,(1916-2006) urbaniste et activiste canado-américaine dont les écrits défendaient une approche nouvelle et communautaire de la construction des villes, ont reconnu que les villes sont des objets vivants qui autorégulation en se regroupant entre voisins sans aucune décision de niveau supérieur.

L’espace public doit être conçu selon un système analogue afin de créer une interaction plus forte entre l’environnement et ses usagers .

Cependant, l’absence de restrictions peut conduire à des environnements chaotiques. L’espace public doit bénéficier d’un degré de liberté qui doit être établi par ses pratiquants en amont et non par des autorités supérieures. L’espace public doit être démocratisé en le rendant à son usager initial le public, cela en encourageant l’interaction et l’intégration sociale. Ainsi, la conception de l’organisation spatiale des espaces publics doit passer des caractéristiques contrôlées et limitées de la post-modernité à une auto-organisation de l’environnement en soi.

BIG en coopération avec AUDI AG, a conçu un projet visionnaire pour la ville du futur, appelé Urban Future. Le système s’est développé à partir de l’idée de rendre à la ville son élément public, en la libérant de tout l types de véhicules motorisés afin de rendre à l’espace sa dimension piétonne

Un système numérique de revêtement des rues établira une communication et interaction entre les piétons et l’espace public, permettant ainsi au trafic de s’écouler spontanément sans qu’il soit nécessaire d’utiliser des feux ou des signaux routiers.

Aucun passage piéton ne sera nécessaire, car les voitures réagiront automatiquement à la présence d’un piéton ou d’un autre véhicule, grâce à un système de capteurs qui détectera l’obstacle et l’évitera automatiquement.

Le système échangera des informations par le biais de caméras 3D et de capteurs installés sur les véhicules qui enregistreront les mouvements des voitures, des piétons afin de stocker l’information reçue ; les véhicules pourront donc communiquer avec l’environnement, créant ainsi un exemple d’espace auto-régulé organisé autour d’un système d’échange d’informations entre les acteurs évoluant dans l’environnement.

© BIG, Urban Future Source : Sebastian Jordana. «BIG’s proposal for the Audi Urban Future Award « 10 Sep 2010. ArchDaily
71

72

UN ESPACE ÉPHÉMÈRE

Cette mutation vers les nouvelles technologies contribue à modifier la perception de l’individu de l’espace et du temps. Les citadins, opprimés par l’architecture lourde et statique des villes contemporaines , se détachent de plus en plus de la matérialité du monde, trouvant un soulagement dans le monde «léger» et «éphémère» du cyberespace. Ceci doit être interprété comme un signal de la recherche croissante des gens du nouvel environnement qui envisage cette faim de notre société pour des espaces publics légers et spacieux

The City Delta - GOA, Shangai

Un ensemble de structures éphemères réalisé en acier voit le jour sur le parvis de la POWER Station of Art ( PSA ), connu pour être un point repère culturel à Shangai, .

S’étalant une superficie de 500 m2, le projet se décline en trois parties, le «théâtre», «l’exposition» et «loisirs» . L’idée est qu’à travers les installations, on arrive à intégrer des activités variées (communautaires, artistiques, ludiques .. ) afin d’attirer des usagers de profiles différents.

X FLASH

L’exposition permet aux jeunes artistes de présenter leurs réalisations artistiques de manière éphémère dans la journée, de sorte qu’après 17h, l’espace se vide et prend d’autres fonctions, capturant ainsi l’intérêt des usagers .

Come & Go Le «Thêatre» est non seulement un espace d’expression artistique, mais aussi un espace de repos et de détente pour les passants. A travers la structure «Come & Go» représentant la manière dont les individus se rassemblent et se séparent, le «théatre» devient un véritable élement de vie dans l’espace et attire le regard des passants, surtout des plus curieux, à vouloir expérimenter l’espace.

Sous les nuages flottants Lees architectes, en constatant que les activités de jour pratiqués dans l’espace était différentes des activités nocturnes . Dans cette mesure, cet espace de loisirs a été conçu comme un espace ouvert unique s’adaptant selon les activités pendant la journée .Des couches de nuages flottants audessus de l’espace, reliant l’exposition et le théâtre

Source : «The City Delta / GOA» 06 Mar 2019. ArchDaily © Tianzhou Yang, The City Delta, Shangai, 2018 Source : «The City Delta / GOA» 06 Mar 2019. ArchDaily © Tianzhou Yang, The City Delta, Shangai, 2018 © Tianzhou Yang, The City Delta, Shangai, 2018
73

1.6 Synthèse : Un espace de divertissement

Jusqu’à présent, l’analyse de la situation actuelle nous a permis de prendre conscience de :

. Les conditions caractérisant l’urbanité du 21ème siècle

. L’état de stress éprouvé par le cosmopolite et les incidences sur son quotidien .

. Les différents aspects et interprétations de l’espace public de point de vue juridique, social et architectural .

. La crise que connaît l’espace public ainsi qu’à la perception de cet espace selon les individus à travers leurs pratiques et usages .

Les tentatives de résurrection de cet espace commencent à faire écho dans le monde, que cela soit en termes de formes ou de fonctions, les architectes tentent d’innover et apporter de nouvelles perspectives et usages à cet espace délaissé .

Cependant, il s’est avéré que le point en commun qui revient fréquemment est celui de l’importance des activités de divertissement et de loisirs prenant partie de la vie des individus au sein de l’espace public .

Il convient alors d’en conclure que l’espace public de divertissement serait la carte « Joker» des architectes et planificateurs urbains afin de ressusciter l’espace public et en conséquent la fabrication d’une nouvelle urbanité .

Les chapitres suivants traiteront l’espace public comme espace ludique, d’activités et de divertissement,

Affaire à suivre ...

2 . LE DESIGN URBAIN COMME OUTIL D’AMÉNAGEMENT DES ESPACES PUBLICS DE DIVERTISSEMENT.

En partant de l’hypothèse que l’espace de divertissement pourrait être le sauveur de l’espace public, ce chapitre vient pour expliquer la nécessité de bien réfléchir cet espace, cela à travers le design urbain, un outil de plus en plus utilisés aujourd’hui au Canada, États-Unis ainsi que les pays nordiques. Avant d’entamer cette réflexion sur comment le design urbain nous mènera à concevoir des espaces de divertissement de qualité, il se doit de décortiquer ce domaine à travers une approche théorique, ensuite la concrétiser à travers des projets emblématiques d’espaces publics de divertissement réussis dans le monde .

2.1 Théories .

DÉFINITION

Afin de définir ce terme de manière claire, «le design urbain fait partie d’un ensemble plus vaste de pratiques touchant la ville et son territoire» ¹⁴ , cette définition est similaire à ce qu’on désigne par l’ur banisme, cependant, il se doit de mentionner que la différence entre ces deux est au niveau de l’échelle et la nature d’intervention( macro, intermédiaire ou micro ) .

L’échelle d’intervention du design urbain peut être humaine ( micro ), comprenant ainsi un domaine d’action et de pratique reliant individu et son environnement immédiat.

L’urbanisme se voit intervenir sur la grande échelle d’aménagement d’un territoire, contrairement au design urbain qui va plus vers la mise en œuvre tridimensionnelle de ces interventions .

Le design urbain se distingue ainsi par trois caractéristiques fondamentales :

. L’acte volontaire de programmation

. L’acte volontaire d’aménagement spatial

. L’acte volontaire de réception de l’aménagement par la population

Ces aspects sont ce qui donne au design urbain sa dimension moderne et démocratique .

Ainsi, différencier l’urbanisme comme pratique globale de la ville du design urbain plutôt comme l’in tervention programmée sur une zone délimitée, à échelle humaine dans un contexte spatial, politique, social précis .

A cela, il se doit de préciser que la notion de design urbain commence à être utilisé de plus en plus en Europe, ce terme réfère à la «composition urbaine», qui à son tour désigne une des pratique de l’amé nagement urbain, plus précisément l’aménagement des espaces publics tout en régulant ses formes, bâtiments et monuments étatiques .

14 Michel Raynaud, Pauline Wolff, Deisgn Montréal
76
urbain : approches théoriques, Université de
Trames, 2009

ACTEURS ET DOMAINES D’INTERVENTION

Conventionnellement, on en distingue trois catégories : les décideurs, les exécutants et les usagers . L’architecte, en tant que producteur d’espace, de dessin et d’image se voit être un des acteurs majeurs du design urbain .

En termes de champs d’intervention, on distingue trois domaines principaux d’intervention du design urbain :

L’espace :

Comme élaboré précédemment, le design urbain tacle l’aménagement de l’espace à l’échelle humaine, à ne pas s confondre avec l’aménagement de la ville en sa totalité.

Cela dit, intervenir en termes de design urbain c’est intervenir sur le paysage, l’architecture et le mobilier urbain, visant ainsi un double rapport reliant échelle et perception de l’individu .

Le social :

Ce domaine désigne la relation de tout pratiquant à l’espace, que cela soit par nécessité ou par choix, reprenant ainsi le domaine de la sociologie urbaine. Ce qu’on a pu voir jusqu’à présent, la nécessité de l’usager et ses besoins, car «L’usager de la ville ne peut être réduit à des fonctions simples ou à des pro grammations arbitraires» 15

L’économie :

Cela comprend les moyens permettant la mise en œuvre du design urbain afin d’attendre les objectifs déterminés en amont .

15 Michel Raynaud, Pauline Wolff, Deisgn urbain : approches théoriques, Université de Montréal Trames, 2009 © PosadMaxwan, Healthy Urbanization Toolbox, 2015
77

L’IMPORTANCE DU DESIGN URBAIN

La situation sanitaire qu’on vit de nos jours a eu des répercussions et des changements considérables sur les modes de vie dans le monde entier, notamment par rapport aux méthodes de travail, l’accès aux biens communs et services locaux, les moyens de transport de courte ou longue distance et l’utilisation des espaces extérieurs publics urbains ou naturels .

Les principes de réalisation d’espaces publics praticables à pied, à usage mixte et sociables à travers le design urbain sont apparus comme un moyen très efficace permettant de créer des lieux répondant aux besoins de santé physique et mentale d’individus de tous âges.

L’aménagement urbain permet à un large éventail de personnes et d’entreprises de participer à la vie urbaine d’une manière qui utilise efficace

L’importance du design urbain consistera alors en sa capacité de valoriser l’aspect spatial, social et économique d’un projet .Créer des lieux où il fait bon vivre, travailler et se divertir. Notamment à travers des options plus variées en matière de mode de vie, de travail, de transport et de loisirs. Des espaces urbains plus efficaces et efficientes qui fonctionnent de manière plus durable et qui favorisent la santé physique et mentale .

78
‘‘Le design urbain apparaît comme l’un des moyens de penser et produire un espace urbain à la fois formellement contemporain et socialement évolutif’’
16 Michel Raynaud, Pauline Wolff, Deisgn urbain : approches théoriques, Université de Montréal Trames, 2009 © Boumahdi Lina, Place de la Bastille , Paris, 2021
¹⁶

2.2 Pratiques .

PRINCIPES D’INTERVENTION

Pour atteindre ces objectifs, le design urbain prend en compte à la fois la structure d’une ville et la conception de lieux spécifiques.

Ces types d’espaces urbains répondent à une variété de besoins et de profiles d’usagers , cela à travers les principes que propose le guide du design urbain de la Nouvelle-Zélande17, en considérant des espaces :

• Incluant tous les membres de la société ;

• Prenant en considération l’environnement naturel ;

• Économiquement performants et adaptés à l’évolution des besoins ;

• Facile et intuitif à comprendre et à parcourir ;

• Présentant une diversité d’activités et de densités ;

• Combinant la circulation avec les piétons, et sont accessibles et bien reliés aux espaces environnantes ;

• Intégrant des bâtiments en relation et en continuité avec les espaces publics adjacents ;

• Possédant des espaces extérieurs attirant et activement utilisés.

Le design urbain n’est pas forcément synonyme d’investissement massif, plus précisément en terme d’aménagement d’espace public .

NIVEAUX D’INTERVENTION

Comme développé précédemment, l’intervention du design urbain peut se faire à plusieurs échelles. Ces niveaux se déclinent en : Macro : L’image de la ville Intermediaire : Bâti et non bâti Micro : l’échelle humaine

Afin de concrétiser ces déclinaisons, on identifiera les éléments caractérisant chacun de ces niveaux d’intervention :

Macro :

. Sauvegarde paysagère

. Infrastructures

. Aménagements de l’agglomération

. Planification urbaine

. Forme urbaines

. Voies d’accès

. Quartiers fonctionnels

. Utilisation du sol et activités économiques

Intermédiaire :

. Composition paysagère

. Design et architecture

. Espaces urbains

. Tracé des rues

. Percées visuelles

. Connectivité et intégration

. Masse et hauteurs du bâti

. Points de repère

. Espaces ouverts et parcs

. Trottoirs et liaisons piétonnes

Micro :

. Environnement immédiat de l’individu

. Échelle humaine

. Mobilier urbain

. Matériaux, couleurs et textures

. Paysage à l’échelle de la rue / quartier

. Publicités et signalisation design guide for urban New Zealand. Wellington, N.Z.: Ministry for the Environment, 2002. gov/2002421898.
L’espace de divertissementse situe au niveau d’intervention intermédiaire et micro du design urbain,ce qui explique l’importance del’implication de cet outil lors de la conception ces espaces
79 17 People + places + spaces: a
Web.. https://lccn.loc.

80

DESIGN URBAIN ET ESPACE DE DIVERTISSEMENT

Suite à cette partie théorique, on se focalisera sur la relation entre l’espace public de divertissement et le design urbain en concrétisant ces principes et cela à travers le guide du design urbain sur le quel on a pu établir les principes d’intervention de cet outil .

Sur la base du même guide, on analysera les recommandations du design urbain en termes d’espaces publics, plus précisément les espaces publics de divertissement . Le guide propose cinq aspects principaux à tacler à travers le design urbain :

. Intégration et connectivité

. Diversité et adaptabilité Lisibilité et identité

. Responsabilité environnementale

En termes d’espaces publics de divertissement, cela se décline en : INTÉGRATION ET CONNECTIVITÉ

. Concevoir des espaces publics s’intégrant au contexte environnant (physique et social ) .

. Veiller à ce que les espaces publics soient surplombés par les aménagements adjacents et soient délimités par des rues afin d’assurer un plus grand degré de sécurité.

. Prévoir un stationnement généreux sur la voie publique pour des raisons d’efficacité et de commodité et comme moyen de maintenir le domaine public actif et sûr.

. Concevoir des itinéraires piétonniers avec de bonnes conditions de surface, d’éclairage, de signalisation et de perspectives visuelles.

.Éviter les bermes de gazon dans les centresvilles.

. Envisager des techniques qui permettent de planter des arbres à proximité des services.

Source : People + places + spaces: a design guide for urban New Zealand. Wellington, N.Z.: Ministry for the Environment, 2002. Web.. https:// lccn.loc.gov/2002421898.

DIVERSITÉ ET ADAPTABILITÉ

. Promouvoir un large éventail d’activités, y compris l’organisation des événements et des marchés ainsi que tout usages informelle par les individus et des petits groupes.

. Tenir en compte des besoins temporaires en matière d’accès et de stationnement. «Promouvoir des bords actifs et bien définis pour tous les espaces publics.

. Fournir des conceptions coordonnées pour le mobilier et les équipements qui peuvent être utilisés de différentes manières.

. Favorisez la souplesse d’utilisation grâce à des aménagements simples et épurés.

. Promouvoir la saison hivernale en disposant de certaines zones avec un bon drainage ainsi que des surfaces adaptées pour les activités ludiques.

. Fournir un éclairage efficace pour permettre une utilisation nocturne plus sécurisée

. Créez des zones d’ombre, ainsi que des abris tout en privilégiant les percées visuelles .

RESPONSABILITÉ ENVIRONNEMENTALE

. Concevoir des espaces publics qui offrent de l’ombre en été, du soleil en hiver et une protection contre le vent et la pluie.

. Promouvoir des espaces compacts à proximité des centres nodaux et plus étendus là où ils sont moins centraux.

. Promouvoir une plus grande diversité d’espèces végétales, en particulier celles qui abritent une grande variété d’oiseaux et d’insectes.

. Privilégier les espèces végétales locales .

. Utiliser les espèces pour différencier un espace d’un autre et pour exprimer les changements saisonniers.

. Permettre la rétention des eaux pluviales et les mesures de traitement des eaux à faible impact.

LISIBILITÉ ET IDENTITÉ

Fournir des connexions visuelles fortes entre les espaces publics et les usages qui les bordent.

..Tenir compte des relations spatiales entre un espace public et les bâtiments qui l’entourent et promouvoir des degrés plus élevés de fermeture spatiale dans des conditions urbaines plus intenses.

. Utiliser des matériaux et des références visuelles qui reflètent le contexte culturel et le paysage local.

. Opter pour une variété de textures, d’effets sonores et sensoriels.

. Fournir une signalisation efficace qui contribue au caractère visuel.

. Promouvoir les œuvres d’art public.

Source design guide for urban New Zealand. Wellington, N.Z.: Ministry for the Environment,
: People + places + spaces: a
2002. Web.. https:// lccn.loc.gov/2002421898. 81

82

2.3 Études de cas .

En architecture, le passage de la théorie à la pratique est souvent très délicat . Lors de ce chapitre, on reprendra des cas d’études contemporains des espaces publics comme espaces de divertissement dans le monde . Chacun de ces projets incorpore une ou plusieurs recommandations élaborées précédemment.

FAB CIVIC CENTER PARK - OMA

Los Angeles, USA

La proposition pour le parc du centre civique First and Broadway (FAB) introduit un nouveau type d’espace public de divertissement, un répit pour le centre-ville de Los Angeles qui célèbre la diversité de la ville comme son plus grand atout et promeut l’engagement civique grâce à des espaces très polyvalents pour découvrir l’art, partager des expériences culinaires et se délecter du cadre urbain unique.

La proposition de parc encadre une place centrale créée par un arrangement iconique et ludique d’auvents sculptés qui fournissent de l’ombre, de la lumière et reflètent les scènes dynamiques du parc.

La composante végétale reprend des plantations de chênes et de sycomores matures qui suivent les environnements naturels de la Californie du Sud.

L’angle de la First et de Broadway offre une nouvelle connexion visuelle et physique entre la 1st Street et les marches de l’hôtel de ville.

Le vaste système de murs de sièges bas créera un ruban ondulant de sièges informels et de zones ombragées qui définissent une série de «salles de parc» pour des échanges sociaux et des espaces pour la programmation artistique et culturelle, tandis que des sièges d’amphithéâtre de plus grande capacité intégrés au restaurant sont disponibles pour assister à des spectacles sur la place principale.

Le design d’OMA pour le restaurant du parc est sculpté pour créer un ensemble diversifié d’espaces extérieurs protégés, un espace de restauration principal avec une vue sur le parc ainsi qu’un jardin sur le toit qui reflète le paysage ludique du parc. Le bâtiment à plusieurs côtés facilite deux niveaux de service distincts : rapide et décontracté au rez-dechaussée, raffiné et élégant à l’étage.

Chaque niveau est conçu de manière à répondre aux points de repère civiques et culturels environnants du quartier, valorisé par une gamme d’expériences en plein pied (café, beer garden, cuisine d’essai, sièges d’amphithéâtre ) .

Source : «FAB Civic Center Park - OMA» https://www.oma.com/projects/fab-civic-center-park
© OMA, fab civic center park https://www.oma.com/projects/fab-civic-center-park

La conception du parc nécessite peu d’entretien et permet d’atteindre une efficacité «nette zéro» en matière d’utilisation de eau et d’énergie grâce à l’incorporation de techniques à l’échelle du parc telles que la collecte de l’énergie solaire, la filtration/infiltration des eaux de pluie sur place ainsi qu’un plan d’aménagement paysager qui maximise le confort tout en respectant la nécessité de conserver l’eau en créant un paysage «Californie dorée».

Le parti prix est l’engagement culturel des individus, la juxtaposition de la composante naturelle à la composante urbaine forgeant un nouveau type de parc qui devient une destination en promouvant inculquant les vertus d’une ville mondaine et diverse.

© OMA, fab civic center park https://www.oma.com/projects/fab-civic-center-park Source
83
: «FAB Civic Center Park - OMA» https://www.oma.com/projects/fab-civic-center-park

84

SUPERKILEN - BIG Copenhagen, DANEMARK

Superkilen , un parc urbain s’étalant sur 1km au centre de Norrebro, se situe dans quartier qui définit comme le plus contesté socialement et le plus diversifié culturellement de Copenhague, au Danemark.

Un lieu destiné aux rencontre des habitants de ce quartier caractérisé par sa multiéthnicité , favorisant ainsi l’integration de ses habitants,attirant un nombre important d’usagers de profiles variés donnant ainsi au parc une attractivité au sein de la ville.

Superkilen par le processus de participation des habitants à travers la conception a été en mesure d’établir un lien fort entre les résidents et l’espace et d’accroître le sentiment de communauté et d’appartenance.

Le projet est le fruit de la collaboration de trois équipes : le bureau d’architectes BIG-Bjarke Ingels Group, le cabinet d’architecture paysagère TOPOTEK1 et le groupe d’artistes SUPERFLEX. Cet arrangement de l’effort a abouti à un espace public dont l’idée est d’offrir un espace de plaisir de divertissement inséré dans le contexte urbain contemporain de Copenhague.

L’espace se divise en trois parties différentes : La Place Rouge, le Marché Noir, et le Parc Vert, chaque partie ayant une couleur dominante selon son nom.

Ainsi, le design a totalement changé l’image du quartier, en fournissant une meilleure connectivité et en privilégiant le sentiment de sécurité dans la zone résidentielle environnante.

La conception du SuperKilen redonne à la nature du site sa valeur afin de permettre une meilleure connexion entre ces deux voies grâce à une circulation fluide des passants et cyclistes.

L’utilisation d’une palette de couleur distincte est l’un des éléments caractérisant du parc.

Le rouge représente le drapeau danois en incluant du mobilier représentant les immigrés danois.

La zone noire, inspirée du film danois d’avantgarde Dogville (2003) écrit et réalisé par Lars von Trier, est composée de tracés au sol blancs invitent les passants à découvrir le mobilier urbain du parc.

Le Marché noir rend ainsi homage à la culture islamique, avec une géométrie et motifs islamiques à travers la calligraphie arabe.

Superkilen est l’un des projets marquants en termes de participation des citoyens à la conception de leur espace public .

En termes d’aménagement du parc, les habitants du quartier ont été incités à proposer un élément représentant leur culture, et cela dans le cadre d’une exposition ouverte. Au niveau de cette exposition, on retrouve des poubelles du Royaume-Uni, des panneaux signalétiques de Russie, une aire de jeux reprenant la pieuvre japonaise, ainsi qu’une fontaine marocaine .

Malgré que les habitants locaux sont majoritairement originaires de pays ismaliques et de moyen-orient, mais le design de Superkilen n’a point été pensé exclusivement pour cette population, le projet a été réalisé en collaborant aussi avec la communauté de la ville.

A ce jour, ces pièces uniques introduit par les résidents permettent l’identification de l’espace en tant que composante culturelle donnant à l’habitant un sentiment de fierté et de propriété.

Source : «Superkilen / Topotek 1 + BIG Architects + Superflex» 25 Oct 2012. ArchDaily
Le projet reprend la notion de participation citoyenne à la configuration de l’espace de divertissement, lui donnant ainsi une dimension d’appartenance .
Source: ©
85
«Superkilen / Topotek 1 + BIG Architects + Superflex» 25 Oct 2012. ArchDaily
Iwan Baan , Superkilen / Topotek 1 + BIG Architects + Superflex© Iwan Baan , Superkilen / Topotek 1 + BIG Architects + Superflex

86

HOUSSAY SQUARE - RDRARQUITECTOOS

Buenos Aires, ARGENTINE

Le projet s’implante sur la friche de l’ancien hôpitlal de Buenos Aires, au niveau d’un des quartiers les plus denses de la ville ( 650hab/ha ) La place a été progressivement défigurée par des appropriations informelles et partielles fragmentant sa condition spatiale et environnementale .

Pour répondre à cette problématique, la municipalité de la ville de Buenos Aires a lancé en 2017 un concours ouvert pour la nouvelle conception du parking du métro situé sous la place, en demandant que les propositions soient accompagnées de projets permettant de reconvertir une partie du parking en services publics et culturels, en complément d’un réaménagement de la place.

Le projet de RDR architects se résume en quatre stratégies principales :

1. Ceinture verte : Combiner et caractériser les espaces verts. Disposé en un grand périmètre vert sans bords abrupts, cet ceinture représente un grand parc urbain intégrant une composante végétale et des espaces de divertissement (terrains de sport et mobilier urbain). Il sert également d’espace tam pon au cœur de la place .

2. Espace sécurisé : Attirer les passants en illuminant la place.

Le nouveau tracé des voies piétonnes, conçu sur la base des accés des facultés voisines, fait en sorte que la traversée diagonale de la place soit dotée d’un confort et d’une facilité d’accès. Donner à l’espace plus de sécurité à travers la présence en incitant les piétons à l’utiliser comme parcours. Le nouvel éclairage encadre ces par cours et fait du centre et de l’église un lieu actif et bien éclairé .

3. Assécher la zone centrale : Revaloriser l’église St. Luke par le biais d’un nouveau centre.

La proposition intègre l’église dans la nouvelle partie centrale de 50 x 50 mètres. Grâce aux ti pas et aux jacarandas existants, cet espace est un espaceidéal pour diverses activités ombragées au centre d’un coeur actif et dynamique.

4. Espace culturel et de services : Un espace à usage mixte intégré à la place.

Proposé sous la forme d’un parvis d’église, l’espace à usage mixte est situé sous la place centrale dégagée. Un des segments composants la place s’incline légèrement vers le centre de l’îlot, créant un amphithéâtre qui guide le périmètre de la place à ces nouveaux usages culturels et de servicees, ainsi qu’à la liaison entre le métro et le parking. Grâce à ses activités nouvelles et différentes, ce secteur permet d’augmenter les horaires d’usage .

© Javier Agustín Rojas , Plaza Houssay / RDRarchitectes, 2018 Source : «Plaza Houssay / RDRarchitectes, » 2018. Archello

Le projet ainsi privilégie de nouveaux liens entre la place, les transports publics et les institutions environnantes, ainsi fait part d’une recherche visant à intervenir sur l’espace public de manière durable, en récupérant et en valorisant l’aménagement paysager existant, combiné à une augmentation considérable des espaces verts.

En termes d’aménagement du paysage, lla proposition du projet consiste en un parc à entretien faible à moyen avec une végétation dont la résistance à l’usage urbain et à la situation climatique existante est prouvée,rajoutant à cela des végétations exotiques indigènes ayant des besoins faibles en eau optant ainsi pour des végétaux arides .

Les espèces végétales sont choisies pour garantir des contrastes de couleurs forts et intéressants entre les massifs tout au long de l’année, en favorisant l’utilisation de grandes plantations de la même espèce.

Le projet tacle plusieurs approches de design des espaces de divertissement.

L’incorporation de la composante végétale, culturelle, la sécurité ainsi que l’environnement immédiat dans le projet lui doit sa réussite .

© Javier Agustín Rojas , Plaza Houssay / RDRarchitectes, 2018 © Javier Agustín Rojas , Plaza Houssay / RDRarchitectes, 2018 Source : «Plaza Houssay / RDRarchitectes, » 2018. Archello
87

2.4 Synthèse

Ce chapitre résume la manière dont le design urbain arrive à génerer des espaces performanats, que cela soit en macro, micro en passant par l’intéermédiaire.

La mondialisation ainsi que l’émergence des nouvelles technologies ont certes permit à la société de s’amnciper et de déceler de nouveux potentiels spatiales, technologiques et économiques. Malgré cela, nous nous retrouvons confrontés à des problèmes réels, tels qu’une forme urbaine qui réduit l’attrait de la marche, du vélo ou des transports publics, et des systèmes de transport inefficaces qui peuvent alourdir les coûts des entreprises, augmenter les émissions dues aux transports et rendre difficile l’accès au travail pour les chômeurs. C’est sur ce point qu’intervient le design urbain et contribue à créer des lieux où il fait bon vivre, de travailler et de se divertir.

Ayant un potentiel qu’on n’a pas encore eu l’occasion d’exploiter dans notre contexte actuel. Le design urbain résulte à des espaces publics urbains plus efficaces et efficientes qui fonctionnent mieux pour ses usagers à travers ces différentes approches qu’on a pu élaborer . Des espaces urbains plus sûres qui favorisent la santé physique et mentale des individus tout en les encourageant à socialiser dans l’optique de recomposer l’urbanité effritée .

A partir de cette étude globale de ce qu’est le design urbain ainsi que ses approches en termes de conception à plusieurs échelles, on a pu établir une base théorique et conceptuelle sur laquelle on développera 12 approches «guidlines» permettant de restructurer l’espace de divertissement ..

3. LES 12 APPROCHES DE RESTRUCTURATION DES

ESPACES DE DIVERTISSEMENT

3.1 La Biophilie

Le design biophilique dépend fondamentalement de l’adoption d’une nouvelle conscience envers la nature, reconnaissant à quel point notre bien-être physique et mental continue de dépendre de la qualité de notre relation avec le monde qui nous dépasse et dont nous faisons et ferons toujours partie..

DÉFINITION ET PRINCIPES :

Le principe du design biophilique consiste en ce lien instinctif entre les êtres humains et les autres organismes vivants.

Le terme « biophilie » signifie littéralement « amour de la nature » et suggère une affinité profondément enracinée entre les humains et la nature. Dans ce sens, le design biophilique se voit comme réponse à ce besoin intrinsèque à l’humain en rétablissant le contact avec la nature dans l’environnement bâti.

La pratique en soi a pour objectif de perpétuer le lien entre l’individu et la nature dans nos espaces de vie au quotidien.

THE NORTH ZURICH PARKSCAPE - Raderschallpartner Zurich, SUISSE

Se situant sur l’ancienne friche industrielle Oerlikon Nord à Zurich, connus pour ses masses de batis industrielles, le projet est une construction légère en treillis recouverte de différentes plantes grimpantes aromatiques qui se compose d’un vaste atrium transparent.

Les architectes ont voulu exprimé ce contraste entre la masse bâtie environnante et le projet en soi. Le projet, en plus d’être un parc, est un espace public polyvalent offrant différente activités et événements à ses usagers .

Le «Parkscape» se compose d’une double paroi à espalier et d’un atrium. A l’intérieur de la treillis se trouve des escaliers, colonnades et logias en saillie permettant aux usagers de se placer librement dans l’espace.

L’atrium, cœur vert du projet, est un espace ouvert à toute usage. Sa dimension assez importante permet aux usagers d’y pratiquer divers activités ludiques, sportives, artistiques ( théâtre faisant analogie à l’époque baroque ) ainsi que des salles à petite échelle se situant aux interstices des treillis donnant sur l’atrium, des espaces calmes pour lire, méditer, se retrouver..

Source : «MFO Park: The North Zurich Parkscape » . UrbanNext
90

L’analyse de ce projet nous mène à cette réflexion autour du vrai sens de la composante végétale dans un projet. Il n’est pas question d’étaler des linéaires d’arbres et de plantations pour d’arriver à une certaine esthétique mais au contraire, redéfinir notre rapport à la végétation en la rendant élément marquant et faisant partie de l’espace .

Il se doit alors de noter la configuration de l’espace permettant d’établir ce lien fort entre l’usager et la nature, en créant un espace de divertissement au coeur d’une composante végétale, un projet à dimension biophilique .

MFO Park © Michael Freisager, 2009 MFO Park © raderschallpartner, 2009 MFO Park © Michael Freisager, 2009
91

92

3.2 Connecté + Interactif

UN ESPACE CONNECTE : LA RÉALITÉ AUGMENTÉE

Suite à la thématique de la réalité virtuelle et augmentée qu’on a pu discuter en théorie précédemment, une sélection de projet viendra concrétiser ses principes . La simple présence des écrans dans nos es paces publics peuvent être interprété comme réalité augmentée, par ailleurs, nous verrons d’autres manières de connectés l’espace public physique au virtuel. L’idée est d’associer les séquences spatiales de l’espace aux ressources numériques omniprésents .

Opposer l’espace réel physique au virtuel est dépassé, aujourd’hui la réalité augmentée est utilisée pour faciliter la vie quotidienne des individus dans l’espace : mettre à dispostion des informations utiles (édu catives, commerciales .. ) tout en permettant à l’usager d’intervenir et d’apporter un plus à l’espace public . Établir ainsi un lien non seulement entre individus, mais aussi entre ces derniers et l’espace de divertissement, d’où l’idée d’un espace connecté.

Un projet intelligent permettant aux citadins d’être connectés à la ville en fournissant des données à leur environnement à travers une plateforme interactive et intuitive.

Fournir ainsi des données environnementales détaillées pour habitants et touristes tout en interagissant avec l’espace public

Le «UrbanFlow» est une composante de l’espace public d’Helskinki permettant aux responsables de la ville d’identifier de manière efficace les problèmes que peuvent rencontrer les habitants liées à l’espace public, au traffic, infrastructures tout en exprimant leurs besoins . La ville devient alors optimisée disponible à tous .

Source: Glenn Dungan «URBAN FLOW - HELSINKI »March 8, 2017. Urban Intelligence . URBAN FLOW - Nordkapp and Urbanscale Helsniki, FINLANDE Urbanflow Helsinki 2011 © Nordkapp and Urbanscale

UN ESPACE INTERACTIF

C’est à travers les installations expérimentales que plusieurs villes contemporaines ont pu donner à l’espace public sa dimension interactive. Ces dispositifs trouvant leurs places dans l’espace public pour se divertir, se former ou développer l’économie de la ville, s’avèrent être un outil améliorant la vie des habitants en renouant la ville à la communauté .

Le but de ces installations interactives : permettre aux usagers d’expérimenter individuellement ou collectivement l’espace, donnant non seulement un espace de divertissement par excellence, mais assi un espace qui attire des usagers en incitant les plus curieux à s’engager au sein de l’espace .

Ces œuvres visent les jeunes populations plutôt familiarisée avec les nouvelles technologies, ainsi qu’aux plus âgés qui souvent ont le temps de découvrir, incitant toute les catégories d’âge à faire part de l’espace public .

Cependant, il est nécessaire de prendre en considération les caractéristiques spécifiques à chaque espace public lors du choix de ces installations, tout en mettant en évidence la spécificité de la ville à travers son histoire, son architecture et sa culture dans le but de rendre l’espace plus significatif aux habitants .

Ces espaces interactifs seront aussi une opportunité aux artistes locaux de s’exprimer à travers ces œuvres d’art contemporain tout en s’adaptant au genius loci du lieu .

Au Canada, plus précisément dans le contexte actuel de pandémie est un exemple concret des villes qui commence à se doter d’espaces publics interactifs à travers ces installations qui connaissent succès auprès des habitants.

93

Source : L’effet Quebec, Installations interactives dans l’espace public, 2021 Spectrum_HUB Studio, Montréal © Chloé Larivière Roseaux, Repentigny © Creos scaled

94

3.3 Flexible + Adaptatif

C’est à travers la flexibilité et l’adaptabilité que l’espace de divertissement arrive à accueillir des événements et activités diverses tout en s’adaptant à différents contextes ( physiques, environnementaux, politiques, programmatiques.. ). Cette approche permet aux habitants de s’approprier plusieurs usages et activités, planifiées soit elles ou spontanées, faisant ainsi appel à la curiosité des usagers ainsi que leurs capacités à découvrir l’espaces et se l’approprier selon le contexte précis en dépit des circonstances .

Pour des espaces de divertissement flexibles et adaptatifs, deux approches doivent être considéré :

Afin d’adapter ces espaces de divertissement à diverses activités ( festivals, marchés, aires de jeux, projection de films et concert, expos d’art, pratiques sportives .. ) pouvant être organisés simultanément tout en favorisant les interactions sociales :

. Des zones d’activités nécessitant l’intervention de toutes les catégories d’âge ;

. Des zones activités dédiées à différentes expériences : tels les loisirs actifs, contemplation et rencontres entre habitants;

. Des installations et équipements à usages multiples (terrains de jeux, de sport pouvant s’adapter à d’autres activités )

. Concevoir les installations en dur de manière à s’adapter aux changements de programme et de démographie .

. L’installation de mobilier urbain mobiles est aussi important pour s’adapter à différentes configurations flexibles, telle qu’on a pu le voir au niveau de la proxémique, afin que l’usager puisse adapter l’espace selon son besoin à tel moment précis .

. Inclure des zones d’événements communautaires informels ( spectacles, vendeurs ambulants, spectacles..)s’organisant de base dans l’espace public marocain sans être cadré.

Ces événements sont une réalité qu’on ne doit pas furie en tant qu’architectes, mais plutôt les prendre en considération lors de la conception .

. Délimiter des espaces ouverts pour des usagers diversifiés en tenant en compte les femmes, personnes âgées et enfants, cela à travers des délimitations en termes de matériaux, (pavés, zones en herbes .. ) ;

. Concevoir des espaces publics adaptables à différents événements tels les festivals ( culture culinaire, de musique, de films .. ) pendant toutes les saisons à travers l’intégration de plantations saisonnières dont le feuillage permet d’avoir des zones ombragées en été et ensoleillé en hiver, ainsi à des infrastructures appropriées à ces événements,manifestations culturelles, sportives et ludiques .

Source : Designing Public Spaces Energized Public Spaces Design Guidelines. Montgomery County Department of Parks, December 2018

HARVARD PLAZA - STOSS LandscapeUrbanism

Cambridge, MA, USA

Se situant au cœur de l’université de Harvard, le projet primé à plusieurs reprises est non seulement conçue pour les étudiants et corps professorale, mais aussi pour la communauté locale . L’idée, agir comme un modèle de conception durable et flexible contemporaine, en redonnant à l’espace une dynamique à travers sa flexibilité :

Un projet conçu de manière à être programmé et reprogrammé selon le besoin des usagers les permettant de découvrir et vivre de nouvelles expériences sensorielles, sociales et physiques .

On retrouve ce principe d’adaptabilité et flexibilité à l’échelle humaine, à partir d’assises en bois adaptables au corps humain donnant ainsi la possibilité aux individus de s’asseoir, s’allonger, y jouer ou s’accroupir .

Le projet est considéré comme une nouvelle manière de concevoir l’espace à travers des infrastructures et programmations adaptatives et flexibles .

95

Source : Chris Reed, Flexible open space hard wired for change. /March 7, 2019. S�oss landscape Urbanism
Un espace public de qualité s’adapteaux changements à travers différentes stratégies, d’où l’importance de laconception et gestion de ces espaces.
Appliquer le même programme etoutils aux projets s’avère ne pas êtrebénéfique ni pour l’espace ni pour l’usager,
Un excès ou manque de programmation est aussiproblématique dans la mesure oùces espaces doivent servir différentsusagers dans le cadre d’activitésprogrammées ou intuitifs .
C’est là où rentre en jeu l’importancede la flexibilité des espaces et leurs adaptabilité selon les besoins etcontextes spécifiques à chaque situation
Harvard Plaza © Barrett Doherty Harvard Plaza © Charles Meyer

3.4 Social

LES URBANS ROOMS

Ce principe des «urbans rooms» ou pièces urbaines renvoie au changement de paradigme des études urbaines contemporaines 18 : La conception classique de l’urbanisme qui considère que les vides et espaces publics accueillent les bâtiments, qui à leur tour sont conçus pour accueillir les activités de tout les jours se voit basculé par l’idée que ces espaces publics définis par le vide des masses architecturales donnent naissance à une vie qui se déroule entre les masses bâties 19 .

Les «urbans rooms» sont alors considérés comme des pièces à la fois privés et publiques, donnant ainsi ce sentiment de convivialité et familiarité de l’espace privé au cœur de l’espace public, dont son rôle à apporter ce côté social à l’espace public et à encourager la communauté à être plus cohésive socialement.

Du à cette ambivalence publique-privée, ces dispositifs favorisent à la fois l’individualisme et l’identité sociale .

Les «urbans rooms» fusionnent à la fois l’urbanisme et l’aménagement intérieur et donner ainsi à l’espace une identité sociale et urbaine . Enrichir l’expérience urbaine des espaces publics se fait alors à travers l’établissement d’une relation entre l’intérieur et l’extérieur à travers différents contextes spatiaux ( l’échelle, la configuration, l’atmosphère de l’espace, les qualités sensorielles et la sensibilité envers les matériaux ) .

Chaque masse construite est considérée comme limite à la continuité spatiale de la ville, permettant ainsi d’avoir différentes typologies d’espaces : à l’intérieur et extérieur des bâtiments . Cela invoque que le fait de transitioner d’un espace intérieur à un espace extérieur implique en soi le passage d’un espace intérieur à un autre espace intrieur : passer d’une pièce du bâtiment à une pièce de la ville Selon Louis I. Kahn, l’un des plus grands architectes du XXᵉ siècle : «Si l’Architecture vient de la fabrication d’une pièce, une place ou une rue est une pièce par accord. Une salle communautaire, dont les murs appartiennent aux donateurs et dont le plafond est le ciel.» 20 :

L’approche des «urbans rooms» est plutôt centrée sur l’individu et les liens sociaux qu’il établit, et afin d’atteindre ce degré de pertinence socioculturel et fonctionnel, ces pièces urbaines à travers l’espace public se doivent d’être conçus comme des pièces domestiques, reflétant ainsi les identités individuelles et collectives de la communauté ..

Introduire des urbans rooms dans l’espace public s’avère alors une nouvelle approche d’interactions sociales à travers les espaces de divertissement, Ces espaces permettront pas seulement d’inclure un nombre important d’usagers, à plusieurs échelles mais aussi de paramétrer ainsi le dégrée de socialisation voulue par le groupe ou l’individu .

18 Montanari, Elena. “Enhancing the Rooms on the City. Insight from Contemporary Urban Interior Design”. Temes de Disseny, 2014 . 19 Gehl, J. Life between Buildings: Using Public Space. 2011 Washington DC: Island Press. 20 Louis I. Kahn «Architecture Comes from the Making of a Room Drawing for City/2» Exhibition. 1971.
96

MECA - BIG + FREAKS

Le projet s’implante sur la friche des anciens abattoirs de la ville, un repère urbain de 18 000 m² conçu par BIG . Le centre culturel sous forme de boucle verticale abrite à l’intérieur un vide décrit comme étant un «urban room», une continuité de la promenade de la ville encourageant toute interaction sociale et favorisant toute activité artistique et culturelle .

Le creux se compose ainsi d’une base au niveau RDC, de «deux pieds» asymétriques surplombé d’une masse formant la liaison de l’ensemble . Ce geste est ainsi accentuée en traitant la topographie de l’espace public à travers des marches et des rampes .

La «urban room» confère à l’ensemble du projet une visibilité et profondeur singulière. Non seulement en termes de composition architecturale et paysagère, mais aussi de composante sociale . En cadrant le quotidien des Bordelais traversant l’espace sur le long de la promenade, cet espace de divertissement devient tantôt une scène urbaine, tantôt une galerie artistique ouverte accueillant nombreuses expositions, des projections et des collections . Bien évidemment, avec sa vocation primaire étant un espace réunissant les habitants, leur permettre de circuler, se socialiser et faire partie de la vie urbaine .

97

Source : MÉCA Cultural Center / BIG» 04 Jul 2019. ArchDaily MÉCA, Bordeaux© Laurian Ghinitoiu MÉCA, Bordeaux© Laurian Ghinitoiu

98

3.5 Interdisciplinaire + multifonctionnel

L’usage multifonctionnel et interdisciplinaire de l’espace de divertissement occure là où une variété d’activités coexistent à proximité, intégrant ainsi la vie quotidienne au travail par exemple. Les es paces à usage mixte exhibent aux individus des choix, commodités et opportunités reprenant ainsi une dimension de bien-être, d’appartenance, de sécurité tout en renforcant l’équité sociale .

PRAHAN SQUARE - ASPECT STUDIO

Melbourne - AUSTRALIE

Un projet fermé et ouvert, parc et place urbaine, stimulant et intrigant, reprenant ainsi une nouvelle forme d’espace public urbain. S’étalant sur une surface de 10 000 m², se voit comme projet innovateur à travers sa diversité de fonctions , rendant ainsi cette zone de Melbourne, auparavant délaissé, une destination culturelle et récréative emblématique, restructurant le paysage urbain au cœur de la ville, faisant ainsi place à un espace convivial pour communauté . Quatre espaces constituent ce projet dynamique en réponse aux besoins spécifiques du site :

. Un espace vert en pente de 1000m² intégrant intelligemment une voie accessible pour les personnes à mobilité réduite de sorte à avoir toute une plantation dense et en hauteur malgré la contrainte du parking.

. Des éléments naturels et minéraux sont utilisés pour afin de concevoir des espaces ludiques au cœur de la forêt. La pente recouverte de pelouse est un espace de détente et de méditation pour les habitants. afin de rendre l’espace plus agréable, des arbres sont plantés de sorte à offrir aux usagers des zones ombragées surtout en période estivale .

. La troisième partie du projet est une place composée d’assises en gradins formant un amphithéâtre à grande échelle

. La quatrième partie comprend un café et une aire de restauration s’étendant jusqu’au marché à proximité du site. L’espace permet aussi d’accueillir pendant toute l’année divers programmes, telles les festivals, les événements culturels, les marchés, jardins sensorielles etc... Ainsi que des zones commerciales et espaces de location axés sur l’activation de la place et l’attraction des gens dans le quartier.

Une communauté diversifiée signifie des besoins variés et des appropriations culturelles et sociales différentes en termes de pratique de l’espace. Une conception favorisant une multitude d’activités,ainsi que des pratiques de l’espace diversifiée que cela soit à travers des formes spatiales, des matériaux.. tout en garantissant diverses expériences sensorielles, dans le but de donner à l’espace sa dimension multifonctionnelle et interdisciplinaire par le biais de la mixité de ses usagers plutôt que de les séparer .

Cette démarche est assez intéressante dans la mesure où elle fournit à l’espace des points de liens sociaux contribuant ainsi à favoriser l’esprit communautaire et participatif . Une multifonctionnalité d’usages permet de promouvoir l’économie locale à travers la création de nouveaux emplois et en dynamisant la croissance résidentielle autour de l’espace public .

Source PRAHRAN SQUARE / ASPECT Studios» Aspect-studios.com
:
PRAHAN Square © Peter Bennetts PRAHAN Square © Peter Bennetts PRAHAN Square © Peter Bennetts
99

100

3.6 Intergénérationnel + Inclusif

Au delà de définir l’inclusion par dichotomie à l’exclusion, l’espace public inclusif permet d’établir un sentiment de citoyenneté et d’appartenance pour les individus, faisant ainsi partie de la vie urbaine au cœur de l’espace public. Si l’habitant se sent le bienvenue, il n’hésitera point à fréquenter cet espace et à se l’approprier . On a constaté précédemment qu’une programmation bien réfléchie permet d’attirer des usagers de profiles différents, cependant si l’espace n’est point bien conçu, la programmation devient stérile . L’espace public aujourd’hui exclut la femme et l’enfant, tout simplement car à partir de certaine périodes temporelles ( jour/nuit, été / hiver ) , ou selon certaines occasions ( jours de travail où moins de monde fréquentent l’espace ), L’espace public peut facilement devenir hostile, à noter que le mobilier, les limitations et aménagements peuvent aussi contribuer à cela. Un espace inclusif serait ainsi un espace de divertissement qui :

. Conçu pour des individus avec des capacités cognitives, sensorielles et physiques différentes en optimisant les caractéristiques de l’espace public au maximum à travers :

. Bandes tactiles au niveau des passages piétons

. WC et places de stationnements accessibles

. Des couleurs contrastées au niveau des poteaux, bornes, marches ..

. Prends en considération les rapports entre individus de genres différents, cela touche plus précisément la notion de sécurité afin de favoriser l’inclusion des femmes dans l’espace public.

La femme au Maroc a longtemps été négligé en tant qu’usager de l’espace public, cela revient à la place de la femme dans la société qui était majoritairement en relation avec les espaces intérieurs ( la maison, le hammam, les marchés .. ) Il n’est plus le cas aujourd’hui, l’émancipation affecte aussi la place de la femme marocaine dans l’espace urbain, cela dit, il se doit de lui donner sa place et rendre l’espace inclus à elle aussi. ll se doit aussi de remarquer que la femme marocaine, afin de normaliser sa pratique de l’espace public, s’accompagne la majorité du temps d’un enfant ou une personne âgée. Une pratique qu’on retrouve presque dans tout les espaces publics marocains, dans une perspective de respect de l’aspect locale et social du Maroc,.

De ce fait l’espace inclusif serait intrinsèquement lié à un espace intergénérationnel, encourager des espaces pour enfants et adultes ne permettra pas seulement d’inclure les jeunes et personnes âgées, mais aussi les femmes ...Résultant ainsi à des membres de la communauté devançant une pratique quotidienne de la variété visuelle et sociale résultant de la coexistence et de l’interaction de ces différents profiles d’usagers .

Source King’s Crescent muf architecture/art
:
,

KING’S CRESCENT - MUFArchitects Londres -Royaume-Uni

Le projet se situe sur la nouvelle rue Murrain ROad à Londres, l’espace est aménagé de sortes à être à la fois un passage et une destination. Le projet se voit alors être une nouvelle ressource partagée par les résidents et passants, entre jeunes et personnes âgées et entre femmes et hommes .

L’idée est d rendre l’espace ludique afin de placer la génération d’enfants locale au centre du projet ; Une multitude de loisirs sont assurés par l’espace à travers des aires de jeux, du mobilier urbains et des éléments minéraux et végétaux.

Des aires de théâtres et jeux sont installés afin d’inciter petits et grands à prendre place dans l’espace. Dues assises sur mesure y sont installées aussi bien pour les personnes âgées que pour les jeunes . C’est des espaces permettant aux enfants par exemple d’apprendre à faire du vélo, à créer de nouveaux jeux, à dessiner sur l’asphalte ..

Le projet inclut aussi des cours communes permettant aux enfants et adultes du quartier d’y cultiver, introduisant ainsi des premières notions de l’agricultuure urbaine .

Introduire des travaux manuels s’avère ainsi être un point fort permettant d’instaurer les liens entre les différentes générations .

Le retour des résidants fut qu’effectivement, les espaces ont connus un exploit chez toute les catégories d’âge .

101

King’s Crescent © muf architecture/art King’s Crescent © muf architecture/art Source : King’s Crescent , muf architecture/art

102

3.7 Intuitif + Accessible

L’espace public se doit d’être un espace intuitif, facilitant à l’usager de s’y repérer , accessible en termes de visibilité car des espaces mis à l’écart induisent à un manque de sécurité .

Points de repère :

Concevoir des points d’accès en tant que repère urbain afin que tous les visiteurs et usagers puissent reconnaître l’espace au cœur de la ville, quitte à que cela se fasse à travers des éléments architectoniques repères .

Les accès :

L’espace se soit être accueillant pour tout usagers, cela en répondant aux besoins des diverses communautés pour promouvoir un accès équitable.

Intégrer un accès dans les normes lors de la conception de l’espace en tenant en compte les enfants, les personnes âgées ainsi que les personnes à mobilité réduite.

Compositions :

Utiliser des éléments éveillant les sens telles des couleurs repères, des matériaux distincts .. permet aussi de rendre l’espace intuitif et accessible aux enfants et personnes âgées .

Activités :

Situer et programmer les zones d’activité dans des espaces centraux par rapport aux percées visuelles d, aux entrées, aux transports en commun et à la trame des rues.

Environnement immédiat : Inclure des escaliers et des paliers extérieurs, des escaliers mécaniques, des ascenseurs, des surfaces au sol antidérapantes, des sièges aux principaux, points de repos, des connexions à travers les seuils des bâtiments en périphérie de l’espace .

Il s’agit d’une série linéaire de parcs et de jardins qui reconnectent de nombreux quartiers de Boston.

Bien relié au réseau routier et aux lignes de transport en commun, le parc est facilement accessible par les transports en commun, à pied et à vélo.

Source : Rose F. Kennedy Greenway Overview © American Society of Landscape Architects ROSE KENNEDY GREENWAY - Carol R. Johnson Associates Boston, MA Rose Kennedy Greenway © Nancy Lane

3.8 Local + autochtone

La notion d’espace public local renvoie plus à un espace qui prend en considération la communauté locale ainsi que son héritage culturel et historique . Les individus peuvent être rattachés à l’espace par divers liens, notamment émotionnels, généalogiques, historiques (y compris les événements traumatisants pour la nation ou la communauté), le lien à travers la religion, la relation spirituelle ou mythologique, ou résultant de la connaissance de l’espace transmise à travers l’histoire.

Ainsi, l’espace public solide dans le temps, arrive à transmettre l’héritage culturel et local de manière plus durable . Permettant ainsi aux usagers, qu’ils soient locaux ou étrangers, de découvri l’histoire derrière cet espace, voire toute la ville, à travers l’expérience spatiale .

Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe - Peter Eisenman Berlin, Allemagne

Plus connu comme «le mémoriall de l’Holocauste, cet espace public est un des mémorials les plus marquants de l’histoire de l’architecture contemporaine, réalisé par l’architecte Peter Eisenman, ce projet rend hommage aux victimes de l’Holocauste.

Sur une superficie de 19000m2, plus de 2700 dalles en béton sont disposés suivant une trame, ces dalles de hauteur et largeurs variées sont conçues de sorte à reprendre un système de trame supposé être ordonné mais qui vite se voit perdre sa dimension humaine . Les piliers, de 95 cm, permettent tout juste à un passage individuel à travers la trame.

Chaque plan est déterminé par les intersections entre les vides de la trame.

Cette approche plutôt radicale de ce qu’est un mémorial a pour but de produire cette atmosphère de malaise et confusion, faisant ainsi référence à ce que les victimes ont pu vivre .

Am inctur res dollut enisi tet lam harciet voluptatio. Et ium rempos earumen ectorep ediatis dis doloruptaque pa dollend eliqui quam nulpa vit plabore pudioritae qui nat voluptis prem volupta tquaepere ipic torero eictiustiae dercilit endae odias eum qui berume recestrum quam, ve

103

Memorial to the Murdered Jews of Europe © Hélène Binet

3.9 Ludique

Les espaces publics ludiques permettant des activités physiques sont propices au renforcement des liens entre les générations, à l’intégration des individus et membres de la communauté, ainsi qu’au transfert de pratiques de génération à génération (des parents aux enfants en matière d’activité physique ) .

Les enfants qui, dès leur plus jeune âge, pratiquent une activité physique avec leurs parents ont beaucoup plus de chances de mener un mode de vie actif dans le futur .

La conception des aires de jeux et des espaces d’activités prend en compte la composante naturelle de l’espace : morphologie du terrain, matériaux de construction et espèces végétales locales.

Ces lieux n’ont pas de limites claires et s’intègrent parfaitement à l’environnement contribuant ainsi à renforcer l’ordre spatial.

Cela peut se réalsiés en dotant l’espace ludiques de petits éléments d’architecture, de sièges, d’installations aquatiques, d’aires de jeu et de sport, ainsi que de lieux de détente et d’activité, ces espaces sont conviviaux tant pour les très jeunes utilisateurs que pour les adultes, y compris pour la pratique d’exercices physiques.

Il est très important de prendre en compte less besoins spécifiques des enfants et jeunes dans ce processus de planification et de conception des espaces ludiques formels tout en permettant aux jeunes de les aménager en fonction de leurs attentes.

Leur participation au processus de conception et de construction devrait être le meilleur moyen de leur assurer qu’ils y sont les bienvenus en tant qu’usagers , et non en tant qu’invités, leur donnant ainsi ce sentiment réel d’avoir un impact sur les lieux qui leur tiennent à cœur.

Ce qui contribue également à construire et à renforcer leur identification avec le lieu, en les encourageant à considérer l’espace de divertissement comme espace communautaire de leur propre territoire.

The Public Machinery Multiprogram ShipLab.Pro.Fab. Caracas- VENEZUELA

Ce projet fait partie d’une série d’interventions sur la restructuration urbaine, axée sur la consolidation d’un réseau d’espaces culturels, sportifs et d’assistance en tant que nouveaux modèles urbains à fonction collective pour les zones populaires de Caracas. Le projet établit une alternative hybride à la gestion publique, basée sur des opérations de micro intervention sur le maillage territorial .

Le projet a été mené par l’organisation communale en collaboration avec des associations culturelles et sportives.

La communauté fonctionne comme des cellules géopolitiques appelées conseils communautaires : cette structure de gestion du pouvoir territorial leur permet de cartographier, discuter, évaluer,

diagnostiquer et hiérarchiser leurs problèmes, besoins à travers la participation citoyenne

. Le dispositif urbain est couplé aux principaux systèmes de mobilité du bidonville, construisant les relations de l’espace public le long de la dimension de l’escalier en trois strates :

. la première plateforme de 85m2 en contact avec la rue ; elle est conçue pour fournir des services médicaux et d’assistance, la deuxième ;

. La deuxième plate-forme de 140m2 conçue pour des programmes polyvalents, des activités de sociabilité, des ateliers et des espaces d’expression culturelle et d’exposition ;

. la troisième plate-forme de 200m2 conçue pour des activités sportives.

L’intervention bénéficie à 600 familles, soit 3 000 habitants, et la régénération est toujours en cours

104 Source : Magorzata Kostrzewska, «Activating Public Space: How to Promote Physical Activity in Urban Environment» 2017 IOP Conf. Ser.: Mater. Source : «The Public Machinery Multiprogram Ship- Lab.Pro.Fab.» . UrbanNext The Public Machinery Multiprogram Ship © _Irina Urriola The Public Machinery Multiprogram Ship © labprofab The Public Machinery Multiprogram Ship © labprofab
105

3.10 Stimulant économique

Les villes doivent considérer les espaces publics comme des moteurs de développement économique. Ces espaces ne font pas seulement partie de la diversité du tissu urbainn mais peuvent ainsi être des générateur d’économie locale .

En investissant dans les espaces publics de qualité , les collectivités locales peuvent générer des biens économiques et fiscaux importants, car ils contribuent à la qualité, à l’attractivité et à la compétitivité des zones urbaines.

Des espaces publics sains et attrayants stimulent l’investissement et la consommation, améliorent la sécurité, offrent des opportunités aux petites et moyennes entreprises. Les villes qui développent des espaces publics espaces publics de qualité ont une grande opportunité de soutenir le développement économique et le commerce en attirant des usagers et des activités dans toute la ville , voire la région.

Cependant, il est essentiel de reconnaître le rôle important joué par le secteur informel dans le dévelop pement économique local, telle qu’il est le cas dans notre société marocaine. Faciliter l’allocation d’espace aux vendeurs de rue, d’une part, et réglementer leur accès aux espaces publics par le biais de politiques locales et en délivrant des licences personnelles, d’autre part, sont d’ex cellents moyens de dynamiser et de réguler le développement local.

L’intégration des activités informelles dans l’économie formelle est une priorité,cependant, cette la tran sition doit être inclusive et ne peut être pas être atteinte en marginalisant ceux qui luttent pour gagner leur vie.

L’espace public est une ressource productive importante pour les travailleurs informels urbains, qui re présentent la majorité des commerçants urbains dans la plupart des pays en développement, n’a pas fait l’objet d’une attention politique suffisante. L’utilisation de l’espace public L’utilisation de l’espace public par les entreprises formelles souvent est associée à la privatisation du terrain par l’État, alors que l’utili sation de l’espace public par les entreprises informelles souvent à la pénalisation .

Inclure ainsi les commerces «informels» en les rendant formels à travers un programme au cœur de l’espace public, envisager alors des locaux pour les commerçants locaux, dans une démarche d’économie équitable .

L’une des approches est de prévoir des installations propres à ces commerces oumarchés qui peuvent être hebdomadaires, de manière à ce que cela donne à l’espace une nouvelle vocation le rendant une destination pour les citadins .

Source : Garau, Pietro. 2014: PUBLIC SPACE Think piece,United Cities and Local Government. Barcelona:UCLG.
106

Sant Antoni Sunday Market - Ravetllat Ribas Architects Barcelona, ESPAGNE

Le projet vient comme réponse au contexte propre de ce marché hebdomadaire, nécessitant alors des solutions réversibles qui n’altéreront pas la pratique de l’espace public pendant le reste de la semaine. La structure reste permanente, cependant le toit a la possibilité d’être partiellement réduit permettant ainsi d’adapter la surface couverte selon les besoins des usagers pendant le reste de la semaine .

Source : Sant Antoni Sunday Market / Ravetllat Ribas Architects» 19 Jun 2012. ArchDaily. Sant Antoni Sunday Market© Adrià Goula Sant Antoni Sunday Market © Ravetllat Ribas Architects Sant Antoni Sunday Market© Adrià Goula
107

3.11 Sécurisé

Afin d’atteindre un degré de sécurité, des caractéristiques telles que des voies d’entrée et de sortie claires, une signalisation visible et des lignes de vue dégagées dans un espace public peuvent permettre à chacun de se sentir plus à l’aise dans l’espace . Intégrer un espace public bien structuré et sécurisé sera aussi un moyen de donner une dimension de sécurité au quartier et à la ville .

Le site proposé est un terrain vacant détérioré devenu une zone dangereuse menaçanat les habitants . Cependant, cette zone se situe à un point stratégique : à l’intersection de deux avenues importantes et à la jonction de différents quartiers permettant ainsi au projet d’’être une opportunité pour améliorer l’espace public.

Le projet est un espace de divertissement de rencontre pour de multiples activités permettant l’éducation environnementale, les sports et les loisirs, et le logement. Une plateforme permettant d’accueillir la population, notamment les personnes âgées, les communautés scolaires, les skateurs, , les groupes de musique, etc

La conception consiste en une esplanade centrale polyvalente, ombragée par une pergola photovoltaïque, capable de fournir de la lumière à toute la place. Étant situé dans le désert, l’ombre devient très nécessaire pour pouvoir habiter la place pendant la journée et pas seulement pendant les levers et couchers du soleil.

Différentes zones sont distribuées autour de ce noyau : un skatepark, une zone ludique pour les enfants, des assises donnant sur des percées visuelles, une zone de des circulations, le tout contenu par des massifs avec de la végétation et des arbres, donnant ainsi au quartier, qui auparavant était dangereux, une dimension de sécurité parle biais de cet espace de divertissement .

108 Source : Dejtiar, Fabian. «Why Public Spaces are the Safest Investment for Secure Cities» [¿Por qué la arquitectura puede ser la mejor inversión para la seguridad en los espacios públicos? ] 02 Dec 2018. ArchDaily. Dr. Antonio Rendic Plaza - Fundación Mi Parque Antofagasta, CHILE Dr. Antonio Rendic Plaza © © Rodrigo Tagle Dr. Antonio Rendic Plaza © Carlos Aubert

3.12 Serein + Apaisant

MOBILIER URBAIN ADAPTÉ .

Un espace de divertissement réussi est avant tout un espace où l’habitant se sentira mieux, loin du stress quotidien que genère la ville. Afin d’aboutir à cela, on doit non seulement penser à la conception de l’espace en grande échelle, mais aussi à la petite échelle et à son impact sur l’usage de l’espace.

Un espace de divertissement réussi est aussi un espace qui accueille l’usager et l’incite à y rester le plus longtemps possible dans des conditions sereines et apaisantes . Cela peut alors être atteint à travers le mobilier urbain par exemple.

MICROINSTALLATIONS - NO studio Wrocław, POLOGNE

Les micro-installations sont une série de petites interventions dans l’espace urbain pour restaurer la ville oubliée, les lieux négligés.

Une revitalisation de l’espace public à travers des «micro-installations» .

Le projet situé près du pont historique de la ville, sur des escaliers en béton inutilisés donnat sur la rivière, de simples mi-chaises,

mi-lits de soleil y sont installés , invitant les gens à s’asseoir, à prendre le soleil et à profiter de la vue.

Ces « microinstallations» présente un design minimaliste et a été réalisé avec peu de ressources financières. Le projet intervient sur toute la ville en se basant sur l’analyse des besoins et l’exploration des failles de a planification urbaine.

Source : Microinstallations / NO studio . Studiono.pl Microinstallations © NO studio Microinstallations © NO studio
109

Synthèse

L’être humain, assez complexe de sa nature, acquiert des facultés de perceptions sophistiquées de son environnement. La majorité des informations nous parvenant de notre environnement se font soit par le biais sensoriel, que cela soit par la vision, l’ouïe, l’odorat le toucher.. ou par le biais psychologique et social, que cela soit en termes de sentiment d’appartenance, de sécurité

L’espace public se voit alors être un stimulus , nous liant ainsi à la vie . Comprendre cette démarche et la décomposer ouvre des possibilités florissantes de conception des espaces de divertissement. Un espace public minutieusement structuré résulte à un espace pratiqué, plus attrayant, faisant ainsi appel aux citadins pour élaborer, à partir de cet espace de divertissement, une expérience citadine vivante et épanouissante .

Ces différentes approches et recommandations de restructuration, qui à mon avis se complémentent l’une à l’autre, viennent clôturer la partie théorique de mon mémoire, faisant ainsi une base théorique et conceptuelle qui me guidera à ma proposition d’intervention et de projet .

Ce qui est aussi intéressant est à noter que ces approches ne sont pas indépendantes, une recommandation est intrinsèquement liée à l’autre ( l’exemple de sécurité et exclusivité ) ce qui marque encore une fois la volonté d’avoir un espace de divertissement cohésif .

Les projets étudiés, vont de la grande échelle (à budget financier important et de programmation composée) jusqu’à la petite échelle humaine ( assises minimaliste à budget réduit ), montrant ainsi que pour avoir un espace de divertissement réussi, l’architecte intervient sur toute les échelles du projet.

4. CONCLUSION .

Ce mémoire de recherche entamé par une mise en situation a permis de mettre au clair le contexte de la ville d’aujourd’hui, assimiler en amont ce que subit l’urbanité contemporaine. En succession à cela, établir le lien entre cette urbanité fragilisée et notre société émancipée.

Suite à ce cheminement est venu la mise en théorie liant ainsi espace public, individus et urbanité. Ainsi, on a pu révélé qu’en amont, la cause du délaissement de l’espace public est le déphasage existant entre les besoins, et mode de vie des citadins en constant mouvement et l’approche conceptuelle / programmatique de l’espace public stagnante, qui malgré les efforts et la prise de conscience des décideurs et concepteurs de cet espace s’avèrent inapte à redonner à l’urbanité sa valeur d’autrefois.

Cela n’a point abstint les individus à s’approprier ces espaces de manière formelle ou informelle qu’on a pu voir à travers des exemples réels augurant les nouvelles pratiques de l’espace public d’aujourd’hui . Cependant, afin d’atténuer la situation de stress que subit les individus ainsi que les répercutions d’une globalisation et affranchissement de la société sur les modes de vie urbains, il s’est avéré que se divertir est un anti-stress qu’on peut pratiquer au sein de l’espace public. C’est alors à partir de ce point qu’on a pu entamer concrètement la notion d’espace public comme espace de divertissement.

112

La mondialisation après tout n’a pas que des connotations négatives, c’est en soi ce qui nous a permis d’élargir la vision sur les nouvelles approches de conception de l’espace public, reliant ainsi architecture et urbanité . En entamant le deuxième chapitre de cette partie de mise en théorie : à mettant ainsi en évidence le potentiel du design urbain comme outil puissant de restructuration et de fabrique de l’espace, plus précisément l’espace public de divertissement. La concrétisation de cette mise en pratique par le biais des cas d’études dans le monde a renforcé l’idée que l’espace de divertissement serait en effet le ressuciteur de l’urbanité .

Dans une vision prospective et pragmatique, 12 recommandations ont été sélectionnés comme des guidelines lors de la phase conceptuelle du projet. Afin de mieux cerner ces approches, chacune de ces dernières a été décortiquée et analysés par des exemples concrets de réalisations d’espaces publics relevant chacun la notion étudiée en soi.

Comprendre qu’être architecte n’est pas synonyme de rêverie utopique ou de projection imagière, mais bien au delà de ça, c’est cet entremêlement de domaines, ‘sociologie, urbanisme, design urbain, paysage urbain.. ) permettant ainsi de remettre l’humain au cœur de notre pensée et vision .

Un travail reprenant théories et pratiques aboutissant ainsi à l’espace de divertissement comme fabrique d’une nouvelle urbanité .

113
PARTIE III Mise en pratique 1. CHOIX DU SITE 2. ANALYSE ET PROJET

1. CHOIX DU SITE ET INTENTIONS .

1.1 Choix du site .

Agadir, métropole en pleine croissance, notamment à travers les programmes de développement urbain est avant tout une ville que j’ai pratiqué et que je pratique toujours, le choiix de la ville s’est fait en raison de mon esprit et mes réflexions ayant amasser les pratiques de ses habitants .

Mon sujet de mémoire de recherche a initialement été déclenché par ce vécu, ces réflexions et ce besoin d’apporter un nouveau regard et de nouvelles propositions afin d’atténuer ce dont souffrent les Agadirois, y compris moi-même, ont été derrière le choix d’Agadir .

Le site du projet, Place Al Amal, est un repère dans la ville et possède plusieurs points avantageux :

.Composante historique et géographique : se situant au cœur du centre ville, à proximité de la plage et des repères historiques et emblématiques de l’architecture brutaliste et moderniste : L’immeuble A, la poste centrale et la municipalité ( l’hôtel de ville) .

.Composante verte : «la vallée des oiseaux» un jardin public d’envergure considérable temporairement fermé ,se situant à proximité de la place est un potentiel à ne pas négliger .

. Composante d’accessibilité et transport : La nouvelle ligne de trame bus desservira en cours desservira la place .

Cette place auparavant à vocation multiple ( festivals, jeux pour enfants .. ) aujourd’hui n’est plus qu’un parking, un espace public délaissé ..

116

1.2 Intentions .

Suite à la partie théorique, mes intentions se découleront en termes d’interventions urbaines, paysagères et architecturales . Intervention urbaine :

- Relier le site à son environnement immédiat y compris la place Mohamed VI et la vallée des oiseaux .

- Assurer une accessibilité fluide au site

- Un masterplan s’étalant sur une superficie de 56.000m2 comprenant la place Al Amal et la vallée des oiseaux Intervention architecturale :

- Créer un espace de divertissement à vocations multiples, reprenant les approches traitées en partie théorique .

- Ce projet comprendra ainsi des espaces couverts et ouverts, bâtis et non bâtis, verts et minéraux ... Intervention paysagère :

- Un repère paysager dans la ville à travers les différents traitements de l’espace

- Requalification des composantes de l’espace déjà existante ( la vallée des oiseaux )

117
2. PROJET 2.1 Choix du site . 118
119

2.2 Parti d’aménagement.

2.3 Programme.

138

Bibliographie .

Abdelkader Lakjâa « Les périphéries oranaises : urbanité en émergence et refondation du lien social », Les Cahiers d’EMAM, 18 | 2009, 29-44

Alison C. and Kohler P, (2005). Property law: commentary and materials. Cambridge: University Press.

Ascher, F. (2012). Les Nouveaux principes de l’urbanisme : suivi de Lexique de la ville plurielle. Editions de l’Aube.

Barthel et Smida, Nouveaux lieux communs et modernité urbaine dans l’espace résidentiel Nord de Tunis, 2002.

Claire Bidart, réseaux personnels et processus de socialisation, idées économiques et sociales, 2012,p 10 )

Cerame Espace public : méthodes pour observer et écouter les usagers, 2020

Colliot-Thélène, Catherine. « Repères bibliographiques », Catherine Colliot-Thélène éd., La sociologie de Max Weber. La Découverte, 2014,

Danièle Peto, «individualisme et lien social Individualisme et lien social : paradoxe ou opportunité pour des imaginations nouvelles?» , p 3 )

Dines and Cattell, Public spaces, social relations and well being in East London, 2006

Dumas, Gabriel « L’hikikomori: un extreme contemporain du rapport contradictoire à l’autre» , 2015, Québéc .

Edward T. Hall, La Dimension cachée. Paris, Éd. du Seuil, 1971, p 13 .

Gauchet, « Essai de psychologie contemporaine » in Le Débat, n°99, mars-avr. 1998, p. 177

Georg Simmel. Brücke und Tür. Essays des Philosophischen zur Geschichte, Religion, Kunst und Gesellschaft. (1903) [trad. fr. « Pont et Porte », trad.

George Pierre. Ulf Hannerz, Explorer la ville. Eléments d’anthropologie urbaine, traduction et présentation par Isaac Joseph . In: Annales de Géographie, t. 93, n°520, 1984. p. 737

Habermas J, The Structural Transformation of the Public Sphere, (1963 )Berlin: Luchterhand .

Jacques Lévy, « L’urbanité européenne : un patrimoine, un enjeu », Raison présente, no 151, 2004, p. 91-101.

K.Lynch l’image de la cité, 1960

Lafaye Georges. L’urbanité romaine. In: Journal des savants. 9ᵉ année, Décembre 1911. pp. 543-550

Le Breton David . (1999). L’adieu au corps, Paris, Métaillé . Lemyre, L., & Tessier, R. (1988). Mesure de Stress Psychologique (MSP): Science / Revue canadienne des sciences du comportement, 1993

Marchal, Hervé, et Jean-Marc Stébé. Les grandes questions sur la ville et l’urbain. Presses Universitaires de France, 2014

Matte-Blanco, I , 1975, The Unconscious as Infinite Sets : An Essay in Bi-Logic, London, Duckworth dans Civin 2002, p147 .

Mc Catty, J. Formules de concertation dans des zones pavillonnaires , Cerema Centre-Est, 2017.

Michel Lussault, « Urbanité », in Jacques Lévy et Michel Lussault, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, 2003 [2013]

Michel Raynaud, Pauline Wolff, Deisgn urbain : approches théoriques, Université de Montréal Trames, 2009

Michèle Grosjean et Jean-Paul Thibaud, L’espace urbain en méthodes. Editions Parenthèses, Marseille, 2001

MOSER. G: Les stress urbains. Edition Armin colin ( 1992 )

Mumford L. (1961), The City in History, New York: Harcourt, Brace and World

Natacha Coquery , Urbanité, rationalité, fonctionnalité : la ville des Lumières et ses boutiques (Paris, XVIIe siècle)

People + places + spaces: a design guide for urban New Zealand. Wellington, N.Z.: Ministry for the Environment, 2002. Web.. https://lccn.loc.gov/2002421898.

Pumain Denise. Dictionnaire La ville et l’urbain. Paris: Economica Anthropos, 2006. Print.

Richard Sennet, Les Tyrannies de l’intimité, 1979. In: Sociologie du travail, 22ᵉ année n°4, Octobre-décembre 1980

Simmel, G. (1950). The Metropolis and Mental Life. In K. H. Wolff (Ed.), The Sociology of Georg Simmel. New York: The Free Press. Smart, E.J., Cascio, J. and Paffendorf, J., Metaverse Roadmap Overview, 2007.

Tarik Harroud, « L’arrivée des centres commerciaux dans les marges urbaines de Rabat : Des lieux inédits de sociabilité et de déambulation urbaine », L’Année du Maghreb, 12 | 2015, 7589.

UN-Habitat, Global Public Space Toolkit: From Global Principles to Local Policies and Practice, (2015)

Vors O, Marqueste T, Mascret N. The Trier Social Stress Test and the Trier Social Stress Test for groups: Qualitative investigations 2018 Apr 11.

139
L’espace de divertissement comme fabrique d’urbanité - Lina BOUMAHDI Université Internationale de Rabat Juillet 2022

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.