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Glossa ordinaria in Evangelivm

secvndvm Lvcam

LA GLOSE ORDINAIRE

L’ÉVANGILE DE SAINT LUC

〈1〉 qvoniam qvidem. Beda. Lucas de omnibus quae fecit Iesus et docuit usque in diem qua assumptus est sermonem facturus, primo eorum qui de eo falsa scripserunt redarguit audaciam. Scribit autem historico stilo. Magis enim in describendis rebus quam exprimendis praeceptis studium habuit, et historico more de narratione sumpsit exordium, et eam historiam plena digestione prosequitur. Beda. Nota ea causa maxime scripsisse euangelium ne pseudoeuangelistis esset facultas praedicandi, qui sub nomine Christi apostolorumque conati sunt sectas perfidiae inducere. ¶ MVLTI. Beda. Non tam numerositate quam haeresum diuersitate. Qui non Spiritus Sancti munere donati, sed uacuo labore conati magis ordinarent narrationem quam historiae texerent ueritatem. ¶ CONATI. Ambrosius. Conatus qui incipit nec perficit, qui suis uiribus non gratiae Dei quae irrigat confidit, qui quod ab aliis dictum uidet abolere intendit. Non conatur qui diuino Spiritu res et dicta ministrante coepta complet. ¶ COMPLETAE. Ambrosius. Redundant per uniuersum mundum, mentes fidelium rigant et confirmant. Ambrosius. Quod redundat in nullo deficit, et de completo nemo dubitat, cum fidem adfectus adstruit, exitus probat.

PROOEMIVM BEATI LVCAE

IN EVANGELIVM SVVM INCIPIT

a ut Basilides et Appelles.

b qui sub nomine Thomae uel Matthiae uel aliorum apostolorum falsa scripserunt.

⟨1〉 Quoniam quidem multia conati suntb ordinare narra-

c Non nos, sed in nobis Deus fecit. d uel redundant. e euangelii. tionem quae in nobisc completae suntd rerume ⟨2〉 sicut

f non solum corporali, sed potius mentis intuitu. tradiderunt nobis qui ab initio ipsi uideruntf, et ministri

g huius uerbi quod caro factum est, et quoniam hoc est, non humana uoluntate, sed Spiritu Sancto intus instigante, cuius gratia geritur, ut id quod bonum est nobis etiam bonum uideatur. fuerunt sermonis, ⟨3〉 uisum estg et mihi, adsecuto a principio omnia, diligenter ex ordine tibi scribere, optime Theophile, ⟨4〉 ut cognoscas eorum uerborum de quibus eruditus es ueritatem.

Euangelium secundum Lucam incipit.

popu lus uidebat uocem, quae non solet uideri sed audiri. Audiuit Petrus uerbum quando dictum est ei : Veni post me faciam te piscatorem hominum. Ministrat quando tollit crucem et sequitur Christum.

〈2〉 NOBIS. Beda. Non solum Marcus et Lucas auditu didicerunt quae scriberent, sed etiam Matthaeus et Iohannes multa de infantia, pueritia, genealogia saluatoris, aliis narrantibus didicerunt. ¶ VIDERVNT ET MINISTRI etc. Ambrosius. Gemina uirtus est in homine perfecto intentio et actio, utramque notat in apostolis fuisse et uisionem, id est, intentionem et ministerium, id est, actionem, ut per id quod uiderint diuinae cognitionis intelligatur intentio, per id quod ministri fuerunt eorum actio declaretur. Ambrosius. Hoc uerbum non prolatiuum, sed substantiuum interiori mente uidetur. Unde Moyses dicit quia

〈3〉 OMNIA . Beda. Non omnia quae assecutus, sed de omnibus quae ad fidem legentium confirmandam credit idonea. Ex consulto enim multa praeterit, quae alii dicunt, ut diuersa in euangelio gratia refulgeret, et propriis quibusdam libri singuli mysteriorum gestorumque miraculis eminerent. Ambrosius. Prolixiorem notat hunc euangelii librum quam aliorum euangelistarum. Unde et a Paulo laudatur, quia omnia adsecutus est, non quod omnia scripserit, quae nec mundus capit. ¶ THEOPHILE. Beda. Theophilus amans Deum, uel amatus a Deo. Qui amat Deum, uel a Deo uult amari, ad se putet euangelium scribi, et ut bonum depositum sibi commandari. Non noua Theophilo promittuntur, sed eadem quibus est eruditus, ut quo quid ordine a Domino gestum dictumue sit agnoscat, quia perfectus non solum in Iesum credere sed et fidem perpetuae diuinitatis et temporaneae dispensationis illius debet ordinem nosse.

1-4

LE PROLOGUE DU BIENHEUREUX LUC À SON ÉVANGILE

a Comme Basilides et Appelles, b et ceux qui sous le nom de Thomas ou de Matthias ou d’autres apôtres, ont écrit des choses fausses. ⟨1〉 Puisque certes beaucoupa ont entreprisb de mettre en e des choses de l’Évangile d sont surabondants ordre le récit des chosese qui ont été réaliséesd parmi

c Ce n’est pas nous [qui avons fait] mais c’est parmi nous que Dieu a fait nousc , ⟨2〉 comme nous ont rapporté ceux qui eux-mêmes f non seulement par le regard corporel, mais davantage par le regard de l’esprit. ont été témoinsf depuis le début et furent les serviteurs g de cette parole qui a été faite chair. Et parce que cela est Non par une volonté humaine, mais par le Souffle Saint stimulant de l’intérieur, par la grâce de qui on est porté, afin que ce qui est bon nous apparaisse également bon. de la parole, ⟨3〉 il m’a semblég bon à moi aussi qui ai cherché à savoir toutes choses depuis le commencement, d’écrire pour toi, excellent Théophile, avec soin, en suivant l’ordre, ⟨4〉 pour que tu apprennes à connaître la vérité issue de ces paroles dont tu as été instruit.

Commencement de l’Évangile selon Luc.

〈1〉 Puisque certes. Bède. Luc sur le point de faire un livre au sujet de toutes les choses que Jésus à faites et enseignées jusqu’au jour où il a été ravi, dénonce d’abord l’audace de ceux qui ont écrit sur Jésus des choses fausses. Or il écrit dans le style historique. Il a eu en effet plus de zèle pour décrire les réalités que pour exposer les préceptes, et, à la narration historique, il a préféré commencer en partant d’un récit et il poursuit cette histoire en une composition. Bède. Remarque qu’il a surtout écrit un Evangile pour cette raison, pour que la capacité de prêcher ne soit pas laissée aux pseudo-évangélistes qui, sous le nom du Christ et des apôtres, se sont efforcés d’introduire des lignes de conduite issues d’une mauvaise foi. ¶ Beaucoup. Bède. Non tant par le nombre que par la diversité des hérésies. Beaucoup qui n’ayant pas été gratifiés du don du Souffle Saint, mais ayant entrepris le travail avec un effort vain, auraient ordonné un récit plutôt que raconté la vérité de l’histoire. ¶ Ont entrepris. Ambroise. Entreprend celui qui commence et n’achève pas, qui se fie à ses forces, non à la grâce de Dieu, laquelle irrigue, qui s’efforce de détruire ce qu’il voit comme ayant été dit par d’autres. Il n’entreprend pas celui qui, tandis que le Souffle Divin servant [comme à table] les réalités et les mots, achève ce qui a été commencé. ¶ Ont été réalisées. Ambroise. Elles sont surabondantes à travers le monde entier, elles imprègnent et affermissent les esprits des fidèles.

Ambroise. Ce qui est surabondant ne manque pour personne et personne ne doute au sujet de ce qui a été réalisé; lorsque l’amour garantit la foi, l’issue l’authentifie.

〈2〉 [Comme] nous [ont rapporté]. Bède. Ce ne sont pas seulement Marc et Luc qui ont appris par l’audition ce qu’ils ont écrit, mais aussi Matthieu et Jean ont appris beaucoup de choses au sujet du bas âge, de l’enfance, de la généalogie du sauveur, alors que d’autres en faisaient le récit. ¶ Ont vu [et furent] les serviteurs, etc. Ambroise. C’est une puissance géminée dans un homme parfait que l’intention et l’action ; il note que l’une et l’autre ont existé chez les apôtres, et la vision, c.à.d. l’intention, et le service, c.à.d. l’action, afin que par le fait qu’ils avaient vu, l’intention de la pensée divine soit comprise, par le fait qu’ils furent les serviteurs, leur action soit exprimée clairement. Ambroise. Cette parole, grâce à une intelligence intérieure, semble non pas une parole qui peut être proférée, mais une parole dotée d’une existence réelle. C’est ainsi que Moïse dit que le peuple voyait la voix, laquelle n’a pas l’habitude d’être vue, mais d’être entendue. Pierre a entendu la parole quand il lui fut dit : « Viens à ma suite, je te ferai pêcheur d’hommes ». Il fait office de serviteur quand il porte la croix et suit le Christ.

〈3〉 Toutes choses. Bède. Non pas toutes choses qu’il a cherché à savoir, mais à propos de toutes choses qu’il croit propices pour affermir la foi des lecteurs. C’est à dessein, en effet, qu’il laisse de côté bien des choses que d’autres disent, pour que dans l’Évangile resplendisse une lumière diverse et que chacun des livres de révélations et d’actes se distinguent par certains miracles propres. Ambroise. Il remarque que ce livre d’Évangile est plus long que ceux des autres évangélistes. Dès lors est-il loué aussi par Paul, parce qu’il a cherché à savoir toutes choses, non pas qu’il aurait écrit toutes choses ; et celles-ci, même le monde ne les retient pas.

〈3〉 Théophile. Bède. Théophile : « aimant Dieu » ou « aimé par Dieu ». Que celui qui aime Dieu ou qui veut être aimé par Dieu, estime que l’Évangile est écrit pour lui et qu’il est confié comme un dépôt de qualité. Ce ne sont pas des choses nouvelles qui sont promises à Théophile, mais ces mêmes choses dont il a été instruit, pour qu’il sache dans quel ordre cela a été fait ou dit par le Seigneur, parce que quelqu’un qui a reçu une initiation complète, ne doit pas seulement croire en Jésus, mais aussi avoir appris à connaître la foi en une divinité éternelle et le déroulement de son action temporelle.

〈5〉 fvit in diebvs. Ambrosius. Vitulus sacerdotalis hostia. Per uitulum ergo hoc euangelium figuratur, in quo a sacerdotibus inchoatur et in uitulo consummatur, id est, in Christo qui pro mundi uita immolatur. ¶ SACERDOS QVIDAM etc. Impleuit ordinem, dixit regem et regionem in qua fuit, sacerdotem et gentem eius et uxorem illius indicat. Beda. Ambrosius. Non solum a parentibus, sed etiam a progenitoribus nobilitas Baptistae monstratur. Non saeculari potestate sublimis, sed religione. Tales enim parentes praenuntius habere debuit, ut quasi iure naturae infusam fidem aduentus Christi praedicaret. Ambrosius. Docet diuina scriptura in his quos commendare uolumus, non solum mores sed etiam parentes oportere laudari, ut quasi hereditario iure puritatem habere uideantur illi quos laudamus. Nobilitatur itaque Iohannes Baptista parentibus, miraculis, moribus, munere, passione, sic Samuel, sic Isaac a parentibus nobilitatem pietatis accepit, quas posteris reliquit. ¶ Zaccharias. Zaccharias, memor Domini. Cui apparet angelus a dextris altaris, quia ei qui memor Domini est demonstratur mysterium. ¶ DE VICE ABIA . Beda. Abia, pater dominus.Et aptum fuit ut in tempore officii patris domini conceptus esset iste qui patrem dominum praedicaret. Cum Dauid cultum domus Domini ampliaret, ministeria sacerdotum in xxiiii sortibus diuisit. In quibus familiam Abia de qua Zaccharias sors octaua contigit, ut praeco noui testamenti in octauae sortis uice nascatur quia per octo nouum, sicut per septem sicut per septem testamentum declaratur uetus. ¶ Elisabeth. Elisabeth Dei mei saturitas. Significat Mariam quae plena Deo fuit.

CAPITVLVM I

a Iam alienigena regnabat.

⟨5〉 Fuit in diebus Herodisa regis Iudaeae sacerdos quidam

nomine Zaccharias de uice Abia, et uxor illi de filiabus

Aaron, et nomen eius Elisabeth. ⟨6〉 Erant autem ambo

b Non coram hominibus, quia omnis sterilis in lege maledicta fuit. c qui non fallitur ut homines.

iusti ante Deumb c, incedentes in omnibus mandatis

d Non quod non peccauerint, sed quia per gratiam Dei abluti peccare desierint. et iustificationibus Domini sine querelad. ⟨7〉 Et non e duae causae non habendi memorantur ut maior appareat uirtus. erat illis filius eo quod esset Elisabeth sterilise et ambo processerant in diebus suis.

¶ IVSTI ANTE DEVM etc. Ambrosius. Non enim omnis qui iustus est ante homines, iustus est ante Deum.Aliter enim uident homines, aliter Deus, homines in facie, Deus in corde. Ideoque fieri potest, ut aliquis adfectata bonitate populari, iustus uidetur mihi, iustus tamen non sit ante Deum, si iustitia non ex mentis simplicitate formetur, sed adulatione simuletur. ¶ MANDATIS ET IVSTIFICATIONIBVS etc. Ambrosius. Beda. Prius mandatum, secunda est iustificatio, cum enim mandatis caelestibus oboedimus in mandatis Dei incedimus. Cum recte et congrue iudicamus, tenere Domini iustificationem uidemur. ¶ SINE QVERELA etc. Ecce temperata iustitia. Plerumque durior iustitia hominum querelam prouocat. Unde apostolus : Prouidentes bona, non tantum coram Deo, sed etiam coram omnibus hominibus. Et Ecclesiastes : Ne sis multum iustus. Vel incedentes in omnes, et ius sine querela, id est, sine conscientia uanae laudis.

〈6〉 ERANT AVTEM AMBO. Beda, Ambrosius. Plena laudatio quae genus in maioribus, mores in aequitate, officium in sacerdotio, factum in mandatis, iudicium in iustificationibus comprehendit.

〈7〉 ET NON ERAT ILLIS. Beda. Diuinitus procuratum fuit ut de prouectis diuque fructu coniugii priuatis Iohannes nasceretur, ut inopinato ortu prolis et ipsos donum Dei gratius adficeret. Et ceteros stupor miraculi pararet auditui futuri prophetae. Unde postea subditur : Posuerunt omnes qui audierant in corde suo dicentes : Quis putas puer iste erit?

CHAPITRE I

a Déjà régnait un étranger.

⟨5〉 Il y eut aux jours d’Hérode a, le roi de Judée, un certain prêtre du nom de Zacharie, de la famille d’Abia, et son épouse était issue des filles d’Aaron, et son nom était Elisabeth. ⟨6〉 Or ils étaient tous les deux justes

b Non face aux hommes, parce que toute femme stérile a été maudite dans la loi. c Qui ne se trompe pas comme les hommes.

d Non parce qu’ils n’auraient pas péché, mais parce que purifiés par la grâce de Dieu ils auraient cessé de pécher. devant Dieub c, s’avançant irréprochablesd dans tous les commandements et les ordonnances du Seigneur.

⟨7〉 Et ils n’avaient pas de fils, parce qu’Elisabeth était e Deux causes pour ne pas avoir [de fils] sont rappelées pour que la puissance apparaisse plus grande. stérile e et que tous deux étaient avancés en leurs jours.

〈5〉 CE FUT AUX JOURS. Ambroise. Le veau est une victime sacerdotale. C’est donc par un veau qu’est représenté cet Évangile dans lequel on commence par des prêtres, et on achève par le veau, c.à.d. le Christ qui est immolé pour la vie du monde. ¶ Un certain prêtre, etc. Il a observé l’enchaînement : il a nommé le roi et la région dans laquelle il a été ; il désigne le prêtre et sa famille et son épouse. Bède. Ambroise. Ce n’est pas seulement par ses parents, mais aussi par ses ancêtres que la noblesse du Baptiste est signifiée. Il est grand non pas grâce à un pouvoir séculier, mais par une vie sainte. Le précurseur a dû, en effet, avoir de tels parents, pour qu’il prêche la foi en la venue du Christ, comme si elle avait été infuse par un droit de la nature. Ambroise. La divine Ecriture enseigne qu’en ceux que nous voulons recommander, ce ne sont pas seulement les bonnes mœurs, mais aussi les parents qui doivent être loués, afin que ceux que nous louons semblent avoir une pureté comme par un droit héréditaire. C’est pourquoi Jean le Baptiste est anobli par les parents, par les miracles, les bonnes mœurs, la fonction de baptiste, le martyre ; ainsi Samuel, ainsi Isaac ont reçu des parents une noblesse issue de la piété qu’ils ont laissée en héritage aux descendants. ¶ Zacharie. Zacharie : qui a le souvenir du Seigneur. Et c’est à lui que l’ange apparaît à la droite de l’autel, parce que c’est à celui qui a le souvenir du Seigneur que le mystère est dévoilé. ¶ De la classe d’ Abia. Bède. Abia : père Seigneur. Et ce fut chose appropriée qu’ait été conçu au temps de la charge du père Seigneur, celui qui prêcherait un père Seigneur. Lorsque David a développé le culte de la maison du Seigneur, il a divisé les fonctions des prêtres en vingt-quatre parts.

Et parmi celles-ci, c’est à la classe sacerdotale dont fit partie Zacharie, que revint la huitième part, afin que le héraut du Nouveau Testament naisse lors du tour de la huitième part, parce que par huit est signifié le Nouveau Testament comme par sept, l’Ancien Testament. ¶ Elisabeth. Elisabeth : le rassasiement de mon Dieu. Ce qui signifie Marie qui fut pleine de Dieu.

〈6〉 Or ils étaient tous les deux. Bède. Ambroise. C’est une louange pleine celle qui comprend la famille dans les ancêtres, les mœurs dans l’équité, la charge dans la fonction sacerdotale, l’action dans les commandements, le jugement dans les ordonnances qui font le juste. ¶ Justes devant Dieu, etc. Ambroise. En effet, tout qui est juste devant les hommes, n’est pas juste devant Dieu. D’une façon, en effet, voient les hommes, d’une autre façon Dieu : les hommes voient en face ; Dieu, dans le cœur. C’est parce qu’il peut se faire que quelqu’un me semble juste, parce qu’il simule une bonté qui touche tout le monde, et ne soit cependant pas juste devant Dieu, si l’état de justice n’est pas façonné à partir de la simplicité d’âme, mais est feint grâce à la flatterie. ¶ Les commandements et les ordonnances qui font le juste, etc. Ambroise. Bède. Le commandement est en premier lieu, la justification qui fait le juste est en second. Quand, en effet, nous obéissons aux commandements célestes, nous marchons au sein des commandements de Dieu. Quand nous jugeons avec droiture et de manière pertinente, nous paraissons garder les ordonnances du Seigneur qui établit le juste. ¶ Sans plainte, etc. Voici une justice tempérée. La plupart de temps, une justice des hommes trop dure provoque la plainte. De là l’Apôtre : « Pourvoyant des choses bonnes non seulement devant Dieu, mais aussi devant tous les hommes ». De même l’Ecclésiaste : « Ne sois pas fort juste ». Ou bien « s’avançant sans plainte dans tous les commandements qui font le juste », c’est-à-dire sans le sentiment vain d’une louange.

〈7〉 ET ILS N’AVAIENT PAS. Bède. Il a été veillé de manière divine à ce que Jean naisse de gens avancés en âge et depuis longtemps privés de fruit de leur union, afin que par la naissance inattendue d’un enfant le don de Dieu les touche eux aussi de manière plus gratuite. Et quant aux autres ce fut afin que le saisissement issu du miracle les prépare à l’écoute du prophète futur. C’est pourquoi il est mis par la suite : « Tous ceux qui avaient entendu ont posé la question disant en leur cœur : “Qui, penses-tu, sera cet enfant” ».

〈8〉 FACTVM EST AVTEM CVM.

Cum ex praecepto Moysi uno sacerdote decedente, unus succedere iubeatur, tempore Dauid statutum est ut uicissim ministrantes per octonos dies a sabbato usque ad sabbatum tempore uicis suae singuli castimoniae studerent, nec interea domum tangerent. ¶ IN ORDINE VICIS. Ambrosius. Zaccharias designatur summus sacerdos, qui uno tamen anni tempore solus intrat templum, cum sanguine quem offert pro populo. Qui tunc forte quaerebatur, cum uerus sacerdo adhuc ignorabatur qui in aeternum permaneret, et tunc uices erant, nunc perpetuitas. Solus intrat, quia illum significat cuius sacrificium non esset commune cum ceteris.

⟨8〉 Factum est autem cum sacerdotio fungeretur in ordine uicis suae ante Deum, ⟨9〉 secundum consuetudinem a hic notatur summus. sacerdotii sorte exiit ut incensum poneret. Ingressusa

templum Domini, ⟨10〉 et omnis multitudo populi erat foris orans hora incensi. ⟨11〉 Apparuit autem illi angelus

Domini stans a dextris altaris incensi. ⟨12〉 Et Zaccharias

turbatus est uidens, et timor irruit super eum. ⟨13〉 Ait

autem ad illum angelus: Ne timeas Zaccharia, quoniam b facta pro populi redemptione non pro sobole quam desperabat se posse habere. c uel oratio. exaudita est deprecatiob c tua. Et uxor tua Elisabeth d Ecce ordo salutis exprimitur, cum illius natiuitas praedicitur qui praeconando redemptori sit iter facturus praedicando paenitentiam et fidem Christi. pariet d tibi filium, et uocabis nomen eius Iohannem.

〈9〉 SORTE. Beda. Non noua tunc sorte electus, quando incensum erat adolendum, sed prisca sorte praeelectus, cum primum ex ordine sui pontificatus in uicem Abia succederet. Haec sollemnitas septimo mense celebrabatur, et dies expiationis siue propitiationis uocabatur quando solus pontifex introibat in secundum tabernaculum cum sanguine. In quo significatur Iesus sacerdos qui impleta dispensatione carnis caeli secreta subiit, ut propitium faceret nobis Patrem et interpellaret pro peccatis eorum qui adhuc pro foribus exspectant orantes, et diligunt aduentum eius. Pulchre igitur ea die descensio eius per angelum nuntiatur, qua eius per legem ascensio figurabatur quia qui descendit ipse est qui ascendit qui quodammodo praedicitur, dum ille promittitur praecursurus. ¶ INGRESSVS etc. Ambrosius. Ingreditur Zaccharias templum, id est, Christus in Mariam, populus orat libertatem de captiuitate. Apparuit, non dixit uenit, quia ante ibi erat. Zaccharias turbatur, id est, iudaei adueniente Christo.

〈11〉 APPARVIT. Ambrosius. Beda. De Deo uel de angelis dicitur apparere qui non possunt praeuideri, sed repentino aspectu uidentur, nec in potestate nostra est illos uidere, sed in potestate illorum est apparere et uideri quando uolunt. Et bene in templo iuxta altare et a dextris apparet, quia ueri sacerdotis aduentum et ministerium sacrificii uniuersalis et caelestis doni gaudium quod per dexteram significatur praedicat.

〈12〉 ET ZACCHARIAS. Ambrosius. Solemus turbari et a nostro adfectu alienari, quando perstringimur superioris potestatis occursu. Sed sicut humani defectus est terreri, ita angelicae benignitatis est pauentem de suo aspectu blandiendo solari. Contra daemones, si quos sua praesentia territos senserint, ampliore horrore concutiunt.

〈13〉 QVONIAM EXAVDITA . Exaudita est magis quam petisti. Rogasti pro liberatione plebis, et donatus est tibi praecursor. Ambrosius. Multa diuina beneficia hic sunt congesta. Primum deprecationis fructus, deinde sterilis partus, tum laetitia plurimorum, et magnitudo uirtutis. Altissimi etiam propheta promittitur. Quin etiam ne quae esset dubitatio, futuri nomen designatur. Tantis igitur super uotum fluentibus, non immerito diffidentia poena plectitur silentii. ¶ Iohannem. Beda. Singularis meriti est indicium quotiens hominibus a Deo uel imponitur nomen, uel mutatur, ut Abram qui pater multarum gentium erat futurus, Abraham est uocatus. Iacob qui Deum uidit, Israel est appellatus. Iacob ergo interpretatur, in quo est gratia, uel Domini gratia. Primo gratia sterilibus parentibus donatur, deinde ipsi Iohanni qui magnus coram Domino futurus, et Spiritu Sancto ex matris replendus. Postremo filiis Israel, quos ad Dominum erat conuersurus.

⟨8〉 Or cela se fit lorsqu’il accomplissait la fonction sacerdotale devant Dieu, au moment de son tour. ⟨9〉 Selon l’usage de la fonction sacerdotale, il sortit pour a Est désigné ici le grand prêtre. déposer l’encens. Il était entré a dans le temple du Seigneur, ⟨10〉 et toute la multitude du peuple était dehors, priant à l’heure de l’encensement. ⟨11〉 Or lui apparut un ange du Seigneur, se tenant à la droite de l’autel de l’encensement. ⟨12〉 Et Zacharie fut troublé en le voyant et la crainte fondit sur lui. ⟨13〉 Mais l’ange lui dit : « Ne b [La prière] faite pour le rachat du peuple, non pour la descendance qu’il désespérait pouvoir avoir.[ c Prière] ou oraison. crains pas, Zacharie, parce que ta prièreb c a été exaucée. d Bède. Voici qu’est exprimé l’ordre du salut tandis qu’est prédite la naissance de celui qui allait tracer un chemin pour le rédempteur dont il serait le héraut en prêchant la pénitence et la foi en Christ. Et ton épouse Elisabeth t’enfanterad un fils et tu appelleras son nom Jean.

〈8〉 Or cela se fit lorsqu’il. Alors qu’à la suite du précepte de Moïse, lorsqu’un prêtre faisait défection, on ordonnait à un autre de prendre la relève, il fut décidé à l’époque de David que, servant à tour de rôle, pendant huit jours, du sabbat jusqu’au sabbat, le prêtre veillerait lors de son tour à la chasteté et n’aborderait pas sa maison pendant ce temps. ¶ Au moment de son tour. Ambroise. Zacharie est désigné comme grand prêtre, lequel entre seul dans le temple à un moment seulement de l’année, avec le sang qu’il offre en faveur du peuple. Et en ce temps il était requis par tirage en sort, alors que le vrai prêtre était encore ignoré, celui qui demeurerait pour l’éternité ; et en ce temps il y avait des tours de rôle, maintenant il y a la continuité. Il entre seul parce qu’il symbolise celui dont le sacrifice ne serait pas commun avec les autres.

〈9〉 Par le tirage au sort. Bède. Il n’avait pas été élu par un récent tirage en sort, au moment où l’encens était sur le point de brûler, mais il avait été choisi auparavant par un tirage au sort ancien, dès qu’il avait succédé dans la fonction en tour de rôle d’Abia, selon l’ordre de sa dignité de grand prêtre. Cette solennité était célébrée le septième mois et était appelée jour d’expiation ou de propitiation, quand le grand prêtre seul entrait avec le sang dans le second tabernacle. Et en cela est symbolisé le prêtre Jésus qui, une fois réalisé le plan de salut selon la chair, a pénétré dans les secrets du ciel, afin qu’il nous rende le Père propice et qu’il intercède pour les péchés de ceux qui, en priant, attendent encore devant les portes et aiment sa venue. C’est donc joliment que ce jour sa descente du ciel est annoncée par l’intermédiaire de l’ange, descente par laquelle était

symbolisée son ascension par la loi, parce que celui qui est descendu est celui-là même qui est monté, c’est celui qui d’une certaine manière est prédit tandis qu’est promis celui qui va être le précurseur. ¶ Après être entré, etc. Ambroise. Zacharie entre dans le temple, c.à.d. le Christ en Marie ; le peuple demande la libération de la captivité. Il est apparu, il n’a pas dit : il est venu, parce qu’il était là auparavant. Zacharie est troublé, c.à.d. les Juifs sont troublés lorsque le Christ arrive.

〈11〉 Apparut. Ambroise Bède. « Apparaître » est dit à propos de Dieu ou des anges qui ne peuvent pas être aperçus d’avance, mais sont vus d’un regard soudain et il n’est pas en notre pouvoir de les voir, mais il est en leur pouvoir d’apparaître et d’être vus quand ils veulent. Et c’est avec raison qu’il apparaît dans le temple, près de l’autel et à sa droite, parce qu’il annonce la venue du vrai prêtre et le ministère du sacrifice universel et la joie du don céleste, lequel don est symbolisé par la droite.

〈12〉 Et Zacharie. Ambroise. Nous avons l’habitude d’être troublés et d’être aliénés par rapport à nousmêmes, quand nous sommes frappés par la rencontre d’une puissance supérieure. Mais comme il appartient à la défaillance humaine d’être effrayé, ainsi il appartient à la bonté angélique d’apaiser celui qui a peur à cause de sa vision en se montrant indulgent. Au contraire, les démons, s’ils ont éprouvé que certains sont terrifiés par leur présence, les frappent d’une horreur plus grande.

〈13〉 Parce que ta prière a été exaucée. Elle a été exaucée plus que tu ne l’as demandé. Tu as prié en faveur de la libération du peuple et un précurseur t’a été accordé. Ambroise. Beaucoup de bienfaits divins ont été rassemblés ici. D’abord, le fruit de la prière ; ensuite, l’enfantement de la part d’une femme stérile ; puis, l’allégresse d’un très grand nombre et la grandeur de la puissance. Même la révélation du Très-Haut est promise. Mieux encore, pour qu’il n’y ait quelque doute, le nom de celui qui est à venir est indiqué. Quand donc tant d’éléments se répandent sur une promesse, ce n’est pas sans qu’on le mérite que l’incrédulité est frappée par la peine du silence. ¶ Jean. Bède. C’est l’indice d’un mérite singulier, chaque fois qu’un nom est imposé aux hommes par Dieu, ou changé, ainsi Abram qui devait être le père de beaucoup de nations, a été appelé Abraham. Jacob qui a vu Dieu, a été appelé Israël. Jean donc est interprété « en qui est la grâce » ou « la grâce du Seigneur ». La grâce est d’abord accordée à des parents stériles, ensuite à Jean lui-même qui sera grand à la face du Seigneur et sera rempli du Souffle Saint dès le ventre de sa mère, enfin aux fils d’Israël que Jean allait convertir au Seigneur.

〈14〉 GAVDIVM. Beda. Merito gaudet pater quod in senectute natum et quod talis gratiae accepit filium gaudent alii quibus regni caelestis euangelizaret ingressum. Nato praecursore multi gaudent, nato Domino gaudium magnum nuntiatur, quod erit omni populo, quia hic salutem multis praedicat, ille uero pmnibus dat. Ambrosius. Gaudium et exsultatio. Monentur parentes non minus gratias agere pro ortu sanctorum filiorum quam pro meritis. Non enim paruum munus Dei est, dare liberos propagatores generis, successionis heredes. Iacob in generatione xii filiorum gaudet, Abrahae filius datur, Zaccharias exauditur. Diuinum igitur munus est fecunditas parentis. Agant igitur patres gratias, quia genuerunt, filii quia generati. Matres quia honorantur praemiis coniugii.

a Quia per eius praedicationem gaudebunt in uitam aeternam.

⟨14〉 Et erit tibi gaudium et exsultatio, et multia in b Ambrosius. Non uirtute corporis, sed animi magnitudine natiuitate eius gaudebunt. ⟨15〉 Erit enim magnusb coram

Domino: uinum et siceram non bibet, et Spiritu Sancto

c Manens in utero.

replebitur adhuc ex uteroc matris suae, ⟨16〉 et multos

filiorum Israel conuertet ad Dominum Deum ipsorum.

d Prius natus prius praedicat, prius moritur praecurrit praeco iudicem e Sancto. f Signorum.

⟨17〉 Et ipsed praecedet ante illum in spiritue et uirtute f g uel incredulos

Eliae, ut conuertat corda patrum in filios, et incredibiles g h praecedet ad prudentiam iustorum, parareh Domino plebem perfectam. ⟨18〉 Et dixit Zaccharias ad angelum: Unde hoc sciam? Ego enim sum senex, et uxor mea processit in

〈15〉 VINVM ET SICERAM. Beda. Magnae coram Deo uirtutis est praedicare in deserto gaudia caelestia, terrenas delicias spernere, ob ludum lasciuientis puellae capite truncari. Cuius ordinem magnitudinis subiungit. Vinum et siceram non bibet. Sicera interpretatur ebrietas, quo nomine signatur omne poculum Dei quacumque materia factum quod inebriare possit. Decet autem uas caelesti gloriae mancipatum a saeculi illecebris abstinere. ¶ ET SPIRITV SANCTO. Beda. Cum intrante beata Maria in utero genetricis exsultauit et per cursionis suae officium quoad potuit impleuit. Necdum erat illi spiritus uitae et iam erat spiritus gratiae.

〈16〉 ET MVLTOS. Beda. Cum Iohannes Christo testimonium perhibens, in fide Christi baptizans, dicatur filios Israel ad Deum conuertisse, patet Christum esse Dominum Deum Israel.

〈17〉 PRAECEDET ANTE. Beda. Sicut Elias praeco iudicis, sic Iohannes praeco redemptoris. Ambo in deserto, ambo uictu parci, uestitu inculti. Ambo regum insaniam tolerant. Ille Iordanem diuisit caelum petiturus, hic ad lauacrum salutare quo caelum

petitur conuertit. Hic cum Domino conuersatur in terris, ille cum eo manifestatur in gloria. ¶ IN SPIRITV ET VIRTVTE. Ambrosius. Bene iunguntur spiritu et uirtute, non enim sine uirtute spiritus, nec sine spiritu uirtus est. Elias uirtutem habuit abstinentiae et patientiae et conuertendi animos populorum a perfidia ad fidem, spiritum autem prophetandi habuit. ¶ CONVERTAT CORDA . Beda. Corda patrum in filios conuertit, dum spiritualem sanctorum antiquorum scientiam populis praedicando infundit. Prudentia uero iustorum est non de legis operibus iustitiam praesumere, sed ex fide salutem quaerere ut quamuis in lege positi legis iussa perficiat : gratia tamen Dei se saluandos per Christum intelligant, iustus enim ex fide uiuit. Qua sententia quia diutius increduli et per Iohannem imbuti, et per Eliam sunt imbuendi, fere eadem uerba quae angelus de Iohanne Malachias praedixit de Elia.

〈18〉 VNDE HOC SCIAM ? Beda. Si homo esset qui promittebat impune liceret quaerere signum, sed cum angelus sit qui promittit non decet dubitare. Beda. Propter altitudinem promissorum dubitat signum

Ch. I, 14-18

⟨14〉 Et il sera pour toi joie et transport de joie, et a Parce que, grâce à sa prédication, ils se réjouiront pour la vie éternelle. beaucoup a se réjouiront à l’occasion de sa naissance. b Ambroise. Non par la force du corps, mais par la grandeur d’âme. ⟨15〉 En effet, il sera grandb à la face du Seigneur : du vin et de la boisson fermentée, il ne boira pas, et il sera en outre rempli du Souffle Saint dès le c Demeurant dans le ventre. ventrec de sa mère, ⟨16〉 et il fera retourner un grand nombre de fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu. d Né le premier, il prêche le premier avec ; il meurt le premier: le héraut précède le juge. ⟨17〉 Et lui-mêmed marchera en tête devant le Seigneur e Souffle Saint. f [Puissance] des signes. avec le souffle e et la puissance f d’Elie, pour faire retourner g Incrédules ou incrédibles. les cœurs des pères vers leurs fils, et les incrédules g vers la h Il précédera. sagacité des justes : il préparerah pour le Seigneur un peuple parfait ». ⟨18〉 Et Zacharie a dit à l’ange : « À partir de quoi saurai-je cela? En effet, moi je suis un vieillard, et

〈14〉 Joie. Bède. A juste titre le père se réjouit parce qu’il a reçu un enfant en sa vieillesse, et un fils d’une telle grâce ; les autres se réjouissent, ceux à qui il pourrait porter la bonne nouvelle du commencement du royaume céleste. Une fois le précurseur né, beaucoup se réjouissent ; une fois le Seigneur né, une grande joie est annoncée qui sera pour tout le peuple, parce que celui-ci proclame le salut pour beaucoup, mais celui-là le donne à tous. Ambroise. Joie et transport de joie. Les parents sont exhortés à ne pas moins rendre grâces pour la naissance de saints fils que pour leurs mérites. Ce n’est pas, en effet, un mince don de Dieu que de donner des enfants propagateurs de la race, héritiers de la succession. Jacob se réjouit dans la naissance de douze fils, un fils est donné à Abraham, Zacharie est exaucé. C’est donc un don divin que la fécondité d’un père. Que les pères rendent donc grâces parce qu’ils ont engendré ; les fils, parce qu’ils ont été engendrés ; les mères, parce qu’elles sont honorées par les récompenses de leur union conjugale.

〈15〉 Ni vin ni boisson fermentée. Bède. C’est l’effet d’une grande vertu face à Dieu que de prêcher les joies célestes dans le désert, de mépriser les jouissances terrestres, d’avoir la tête tranchée à cause de l’amusement d’une jeune fille qui folâtre. Et il ajoute la règle de vie de sa grandeur : « il ne boira ni vin, ni boisson fermentée ». La boisson fermentée [sicera] est interprétée l’ivresse [ebrietas]; et par ce nom est désignée toute coupe de Dieu, de quelque matière qu’elle soit faite, qui

puisse enivrer. Or il convient qu’un vase voué à la gloire céleste s’abstienne des séductions du monde. ¶ Du souffle saint. Bède. En même temps que la bienheureuse Marie entrait, il sauta de joie dans le ventre de sa mère et il remplit autant qu’il put sa fonction de mission de précurseur. Il n’avait pas encore de souffle de vie et déjà il avait le souffle de grâce.

〈16〉 Un grand nombre. Bède. Quand Jean, rendant témoignage du Christ, baptisant dans la foi du Christ, est dit avoir fait retourner les fils d’Israël à Dieu, il est évident que le Christ est le Seigneur Dieu d’Israël.

〈17〉 Marchera en tête devant. Bède. Comme Elie est le héraut du juge, ainsi Jean est le héraut du rédempteur. Tous les deux sont au désert ; tous les deux sont sobres quant à la nourriture, négligés quant au vêtement. Tous les deux supportent la déraison des rois. Celui-là a divisé le Jourdain au moment où il allait regagner le ciel ; celui-ci convertit au bain salutaire par lequel le ciel est gagné. Celui-ci s’entretient avec le Seigneur sur la terre ; celui-là se manifeste avec lui dans la gloire. ¶ Avec le souffle et la puissance, etc. Ambroise. C’est avec raison qu’ils sont unis par le souffle et la puissance : en effet, il n’y a pas de souffle sans puissance, ni de puissance sans souffle. Elie a eu la puissance de l’abstinence et de la patience, et de convertir les dispositions d’esprit des peuples du refus de la foi à la foi ; en outre il a eu le souffle qui fait prophétiser. ¶ Pour retourner les cœurs. Bède. Il retourne les cœurs des pères vers leurs fils, tandis qu’en prêchant il répand sur les peuples la connaissance spirituelle des saints de jadis. Mais la sagacité des justes est de ne pas présumer la justice à partir des œuvres de la loi, mais de chercher à obtenir le salut à partir de la foi, de telle sorte que bien que placés au cœur de la loi ils en accomplissent les commandements, ils comprennent que c’est cependant par la grâce de Dieu qu’ils doivent être sauvés par l’intermédiaire du Christ : le juste en effet vit à partir de la foi. Et de cette connaissance, parce qu’ils ont été trop longtemps incrédules, ils ont été, d’une part, imprégnés par l’intermédiaire de Jean et doivent être, d’autre part, imprégnés par l’intermédiaire d’Elie ; Malachie prédit à propos d’Elie presque les mêmes paroles que l’ange à propos de Jean.

〈18〉 Comment saurai-je cela ? Bède. Si c’était un homme qui faisait une promesse, il serait permis sans commettre de faute de chercher à obtenir un signe, mais lorsque c’est un ange qui fait une promesse, il ne convient pas de douter. Bède. À cause de la sublimité des choses promises, il doute en requérant un signe

inquirens quomodo credere ualeat cui angeli uisio et allocutio pro signo sufficere debuerat. Unde tacendo merito diffidentiae poena luit, cui eadem taciturnitas, et signum fidei quod quaesiuit, et infidelitatis esset poena quam meruit.

diebus suis. ⟨19〉 Et respondens angelus dixit ei: Ego sum a fortitudo Dei b alii adsisto Gabriela qui adstob ante Deum, et missus sum loqui ad te,

c Beda. Dat signum quod rogatur, ut qui discredendo locutus est, iam tacendo credere discat. et haec tibi euangelizare. ⟨20〉 Et ecce eris tacensc et non poteris loqui usque in diem quo haec fiant pro eo quod non

〈19〉 ANTE DEVM. Beda. Cum ad nos ueniunt angeli, sic exterius implent ministerium, ut tamen ante Deum interius per pplationem adsistant. Quia et si angelus est spiritus circumscriptus, summus spiritus qui Deus est, incircumscriptus est, intra quem currit angelus quocumque mouetur uel mittatur. Beda. Allegorice. Per Zacchariam sacerdotem sacerdotium iudaeorum, per Elisabeth lex significatur, quae sacerdotum doctrinis exercitata, quasi uirili auxilio spirituales filios Deo gignere debebat. Sed quasi sterilis erat : quia neminem ad perfectum ducebat, nec ianuam caeli aperiebat. Ambo erant iusti : quia lex bona et mandatum iustum et sanctum, sacerdotium legale secundum dispensationem illius temporis, bonum, sanctum et iustum. Ambo processerunt in diebus suis : quia legalis deuotio tempore Moysi quasi in adolescentia fuit, et effloruit : sed adueniente Christo iam incuruatur ad senium cum et sacerdotii ordo per ambitiones et contentiones pontificum confunditur, et ipsa lex per traditiones pharisaeorum discisa minus habile est ad generandum. Ingreditur Zaccharias templum, quia sacerdotum est intrare in sanctuarium, et intelligere nouissima mysteriorum caelestium. Foris orat multitudo : quia dum mystica penetrare nequit necesse est ut humiliter intendat doctorum monitis. Dum altari thymiama imponit, nasciturum Iohannem agnoscit, quia dum doctores altiori flamma diuinae lectionis arderent, gratiam Dei per Iesum Christum uenturam de interiori litterarum medulla quasi de uulua Elisabeth proditura reperiunt. Et hoc per angelum, quia lex per angelos ordinata in manu mediatoris. Non credens mutus fit, quia mutus est qui spiritualem sensum in littera non intelligit, et talis magister quasi uerbi et rationis expers populum non docet,

credidisti uerbis meis quae implebuntur in tempore suo.

⟨21〉 Et erat plebs exspectans Zacchariam, et mirabantur quod tardaret ipse in templo. ⟨22〉 Egressus autem non d per hoc scilicet

poterat loqui ad illos, et cognouerunt d quod uisionem uidisset in templo. Et ipse erat innuens illis, et permansit

mutus. ⟨23〉 Et factum est ut impleti sunt dies officii eius, abiit in domum suam.

sed quasi tacitis nutibus innuit, quia nec rationem attendit sacrificiorum, nec curat scire icta prophetarum. Muto permanente Zaccharia concipit Elisabeth Iohannem, quia licet pontifices et pharisaei, nec ipsi intrent, nec auditores in interiora legis intrare permittant, interiora tamen legis sacramentis Christi abundant. Conceptum Elisabeth quinque mensibus occultat, siue quia Moyses legifer quinque libris mysteria Christi parabolatim designat, seu quia ipsa lex Christi dispensationem in quinque mundi aetatibus per sanctorum facta uel dicta figurat. Et ideo quia incarnatio Christi uel sexta saeculi aetate futura, uel ad impletionem legis erat profutura, recte sexto mense concepti Iohannis Christi incarnatio nuntiatur.

〈22〉 ET IPSE ERAT. Sine uoce corporales actus indicare moliens nec exprimens uoluntatem. Cui similis populus iudaeorum, actuum suorum impotens reddere rationem.

〈23〉 VT IMPLETI SVNT. Quia uicis suae tempore pontifices templi tantum officiis mancipati, non solum a complexu uxorum, sed etiam a domorum ingressu abstinebant. Nostris autem sacerdotibus quibus non carnalis successio, sed spiritualis perfectio quaeritur, qui quotidie praesto debent esse altari, perpetua castitas indicitur.

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