I.F mag#3

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EDITO _/

Secouez-moi, secouez-moi.

« La plage avait un sable blanc presque aussi fin que la farine, et elle s’étendait sur des kilomètres. Ils firent une longue promenade à la fin de l’après-midi, nageant au large, s’abandonnant à l’eau claire, flottant et jouant, et puis nageant jusqu’au bord pour aller plus loin sur la plage. « C’est encore plus joli que la plage à Bimini, dit la fille. _ Mais l’eau n’est pas aussi belle. Elle n’a pas la qualité des eaux du Gulf Stream. _ Oui, sans doute. Mais après les plages d’Europe, c’est incroyable. » La douceur et la propreté du sable rendaient la marche très sensuelle, qui allait de la poudre sèche et douce à la légère humidité et progressait vers le sable dur et frais découvert par le reflux. « J’aimerais que les garçons soient ici pour repérer des choses et me montrer des choses et m’en parler. _ Je vais repérer des choses. _ Ne te donne pas cette peine. Marche simplement un peu devant et laisse-moi regarder ton dos et tes fesses. _ Toi, tu marches devant. _ Non, toi. » Alors elle s’approcha de lui et dit : « Allez, courons côte à côte. » Ils coururent aisément sur cette partie ferme et agréable que l’écume des vagues venait régulièrement couvrir. Elle courait, presque trop bien pour une fille, et quand Roger accéléra l’allure un petit peu elle suivit sans difficulté. Il garda la même foulée et puis l’allongea un peu de nouveau. Elle resta à sa hauteur mais dit : « Hé, ne me tue pas », et il s’arrêta et l’embrassa. (…) Ils plongèrent dans les rouleaux qui soulevaient du sable en se brisant et nagèrent jusqu’à l’eau claire et verte. Elle se tint debout avec juste la tête et les épaules qui dépassaient. (…) « En voilà une grosse, dit-elle. Une vraiment grosse. Soulève-moi bien et nous irons ensemble au-delà de la vague. » La vague n’en finit pas de les rouler, accrochés l’un à l’autre, ses jambes enroulées autour des siennes. « Mieux que la noyade, dit-elle. Tellement mieux. Refaisons-le encore une fois. » Ils choisirent une vague énorme cette fois et quand elle se dressa avant de se briser, Roger se jeta avec elle sous la ligne de rupture et quand elle s’écrasa elle les fit rouler comme une épave sur le sable. « Allons nous rincer et puis nous coucher sur le sable », dit-elle et ils nagèrent et plongèrent dans l’eau claire et puis se couchèrent côte à côte sur la plage ferme et fraiche, là où l’irruption des vagues venait à peine toucher leurs doigts et leurs chevilles. » Ernest Hemingway / L’étrange contrée.


OURS _/

/ on dit merci à / Direction artistique/graphisme & photographie/ coordination: Nolwenn Durand & Aude Fournié pour A4 / l’Atelier graphique: a4lateliergraphique@gmail.com Ont collaboré à ce numéro: Aurélie Guezengar , Justine Ricaud, Elea Clarac, Kimberley Lassalle, Steven Bruggeman, Sylvain Boyer, Luc Assens, Pierre Manas, Damien Tenenbaum et Guillaume Siaudeau. Couverture & Illustrations: A4 / L’atelier Graphique Illustrateurs: page 22 /Jérémy Vey / www.jeremyvey.net page 11 /Adrien Baudet /adrienbaudet.com Partenaires: Kulte / Rose au Carré / Insight 51 / Broadcast Poster Nous remercions chaleureusement nos collaborateurs et partenaires ainsi que Aurélie Cogne, Henri Fournié, Nicolas Guy, Roux Tabaga & Nina Sarradin.

Abonnez-vous / pour recevoir vos ment dans votre boîte aux lettres, suivante : I.F mag abonnement / 1 ter rue du Accompagner d’un chèque de 15 € à

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3 n° annuels de I.F mag directeenvoyer votre demande à l’adresse Languedoc / 31000 TOULOUSE. l’ordre du collectif brigade A4.



en vitrine Nous avons offert notre vitrine à un jeune graphiste français : Pierre Manas. Le deal, Nous : un espace, une vitrine. Lui : du talent et une proposition. Après l’obtention d’un BTS à Estienne et d’un DSAA créateur concepteur à Toulouse, il multiplie aujourd’hui les expériences professionnelles & vient de se lancer en free-lance. Illuminé, il passe son temps sur le temps qui passe. Ses « paysages lumineux » nous font traverser cet espace solaire, pareils à des cadrans où le jour se pique. Ses facettes triangulaires nous narguent avec leur jeu de clair obscur, forêt épineuse où la lumière rasante semble déjà nous indiquer que l’heure a tourné.

Complètement piqué ou à peine déboussolé ? À force de relever des triangles au scalpel, bien piqué, trop même. Mais, maintenant avec un dé de couturière à chaque doigt, un peu moins. Ça se soigne. Orientation ? Je me risque de plus en plus à la couleur, pour moi c’est une petite révolution. Les différentes facettes de ton travail ? D’un côté le graphisme et surtout l’édition et de l’autre des installations et mises en scènes. Parfois, je me déguise en robot-miroir aussi ... Croix, croix, rose au carré, et triangle ? J’essaye tout de suite sur Tekken ! Whaou, un combo super t-shirt à venir pour IF-Mag! Dernière frivolité ? Mon dernier gros plaisir: un road-trip chez l’oncle Sam, magique! Sinon, quelques vinyls et surtout du camembert au calvados. 2011 l’année de ? J’ai beau chercher, aucune prédiction là. Le truc vraiment bateau c’est que pour moi 2011 c’est le saut dans la vie active. Voilà. Et si tu ressasses un peu tes bords de mer ? Alors là, je me rappelle de mes vacances de Toussaint à visiter l’aquarium de la Rochelle en famille. Tout en apprenant mon latin pour le contrôle de rentrée. Un petit crachin sur le K-way en banane, du sable plein les baskets à scratch, c’était pas grave car le soir c’était plateau de fruits de mer.


© A4 / L’atelier graphique.

sur papier.été 2010.

technique : découpe laser

l’atelier du collectif.

Vitrine de Pierre dans

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©Pierre Manas.

© A4 / L’atelier graphique.

par

Pierre

rose au carré, 30 €.

réalisé

pour

Aurélie porte le tee-shirt

© A4 / L’atelier graphique.

© A4 / L’atelier graphique.


ART CONTEMPORAIN _/

© Gabriela Golder

© Lara Almarcegui

tu es né(e) poussière

Par Aude Fournié

Le ressac, symbolique de la répétition, enchevêtrement de moments à la queue leu leu, la nouvelle vague qui chasse la précédente. Rythme saisonnier, routinier. Cycle naturel des choses de la vie. Cette fameuse histoire d’œuf et de poule, de premiers qui finiront derniers et toutes ces conneries…D’ailleurs le premier, trop content de l’être, s’est fait piquer la place par le second, plus jeune, plus vigoureux, plus agile. Puis tous ces « premiers » mis au banc se sont finalement ligués et sont partis en retraite pour assourdir le retentissement du glas ultime. Afin que la vague grise ne déferle ni trop fort, ni trop vite, ils se sont construits des ghettos sun belt. Dans cet exode vers la décrépitude sénile, le gros BOUM des papys a finalement fait naître des vocations: la famille des professionnels de la recycle voit le jour à l’aube du XX°, aux petits soins pour retarder les effets du vieillissement. Bettencourt en sait quelque chose. On prend les mêmes et on recommence, mais « fort de son vécu », et surtout « riche de ses expériences ». Un peu comme si, entrés dans le

cottage de Miss Celia Teasdale, vous attendiez Lionel Hepplewick en vous demandant: smoking or no smoking? La scène s’est jouée une fois, se rejoue deux, trois fois. Toujours la même au départ, mais à chaque fois différente à l’arrivée. Forcément puisqu’on ne veut pas la revivre deux fois de la même façon. Nous sommes encore jeunes, encore vaillants, nous on veut du neuf, de l’inédit. On veut se lever le dimanche matin pour faire du vélo jusqu’à l’érosion funèbre. A l’heure où le nombre d’espèces en voie d’extinction est grandissant, celle du vieux beau est certainement une des rares promues à un développement accru. (Hommage a(ux) Julio(s) Iglesias). Les premiers cheveux blanc épiés, les premières rides botoxées, on joue du scalpel pour redéfinir le galbé de la silhouette et retrouver de sa superbe, de son panache. La crise de l’obsolescence ou le nouveau besoin de consommer de la jouvence. De la chirurgie plastique aux arts plastiques, la plastique n’est plus la même, le plastique oui. Encore que, les supports eux aussi évoluent. Un jour je serai une icône, baby silicone, s’il faut j’y mettrai le prix, silicone baby, et ce n’est pas ORLAN qui dira le contraire. Cette vieille rengaine qu’elle claironne depuis ses débuts l’a peu à peu transformée en objet de son art. L’atrocité de l’acte se revendique, 8


Et si nous parlions de réinterprétation ? Va-et-vient , passement d’œuvres et dribbles spirituels : qu’advient-il de l’art de la citation? Non, il serait trop facile de parler d’éminent(s) Hemingway et autre PPD’ (encore faudrait-il pour cela qu’il y ait précisément citation du premier par le second). Nous l’avons formulé, la clé de la répétition

©A4 / L’atelier graphique.

la violence faite au corps se marque. Orlan chairs à vif, ou la réinterprétation d’une sitcom sauce australienne faisant du pied à Nip Tuck. Maintes et maintes fois incisé, entaillé, cicatrisé, le corps devient finalement comme infirme de son passé. A moins que ce ne soit l’inverse ? Que reste t-il de ces beaux jours ? Une photo, vieille photo de ma jeunesse. Sauf qu’au photographié elle privilégie le filmé. L’intervention – chirurgicale – devient performée, multipliée. Après le corps physique - premier témoin visible des altérations induites par le cycle naturel - le corps entendant, le corps voyant, le corps pensant parfois, se souviennent et racontent. De suite on imagine anciens combattants, naphtaline, maison de retraite, et laisser sa place dans le bus. Petite pensée d’interlude pour Lavoisier. Puis évocation du travail de Gabriela Golder et de ses vidéos témoins où défilent ces « anciens premiers », interviewés, filmés, et projetés en salles d’expo. Ceux qui content, se rappelle, puis finissent par oublier ce en quoi consistaient leurs occupations devenues « Reocupación » (2010). LIP n’aura pas ma peau, les pompes funèbres non plus! (Hommage à Christian Rouaud).

c’est la distinction, la démarcation, donc la négation du semblant, du pareil, du similaire. Le déni de répétition en somme. Tous différents, et le sériel alors? (Le géant du meuble en kit semble se dissocier du processus). Non loin du drapeau jaune et bleu, l’artiste Lara Almarcegui en propose une de série! Des ruines qu’elle recense dans les villes contemporaines hollandaises. Elle quadrille aussi les terrains vagues qu’elle photographie sous toutes leurs coutures. A l’image d’une urbanisation de la rénovation, elle préfère celle de l’archive spéculative. Ces vieilles pierres ne demeurent plus mais manquent de s’effondrer : Ça me ruine! (Hommage à Léonce Rudelle).



Finalement, en bord de falaise exactement juste au bord, les émotions émoussées quelques peu, on en arrive à ce point ultime où l’esprit s’embrume. Je pourrais être entre le scaphandre et le papillon, mais là, juste face à la mer, je vois le monde selon Garp et enfin je comprends le ressac. (Hommage à tous ceux qui ont cru - un jour, une heure, un seul instant - que le coquillage enfermait le bruit de la mer). Les persistent pyramids d’Anatoly Zenkov en point de mire, la ligne d’horizon se gondole. Je regarde défiler un paysage balnéaire composé de clichés de caravanes version été/automne/hiver/ et de baignades en famille - Philippe Poncet et ses filles de bord de mer. Le sable m’est resté entre deux lanières de méduses. Un reportage photographique avec une précision documentaire comme autant de référence à Bernd et Hilla Becher. Eurêka! Play, stop, consécration: l’hommage comme figure illustre du ressac. Une dernière solennité, puis tantôt, poussière tu retourneras. 11

© Anatoly Zenkov

© Sergio Belichon

Puis il y a ceux qui citent sans peur de représailles : Sergio Belichon 01 / Sergio Léone 00. « The good, the bad and the ugly» se refait une beauté plan par plan, avec la même bande son, les mêmes espaces vides de tout bon, toute brute ou tout truand. Un re-film, qui offre une relecture du tournage, version années 2000. Les cowboys ont rangés leurs flingues. Les usines pétrochimiques ont pris la relève. (Hommage au lonesome cowboy).


On m’a demandé ce que je pense de la «nouvelle vague» : j’aime toutes les vagues. Ça remue ! / Francis Blanche.

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ŠAdrien Baudet.


MULTIMEDIAS _/

Slow Food Par Damien Tenenbaum

À table! Fuyez l’urgence et le tapage fast-foodien, les mets insipides dévorés sans passion, et venez en ligne rassasier votre penchant vidéophage. Avec «The Huber Experiments - Vol 1», les frères Huber nous offrent sur un plateau un produit délicat, frais et léger, bercé par la marée.

Certes, l’intitulé du volume a de quoi effrayer. Pourtant, loin de constituer une compilation indigeste d’obscurs phénomènes de chimie, ce nom occulte cache en fait une expérience bien plus fluidifiante. Immortalisé par Erik et Matthew Huber à l’aide d’une caméra ultra-rapide Phantom HD, capable de capter 960 images par seconde, «The Huber Experiment» s’impose comme un captivant court-métrage en slow motion. Sélectionné dans le cadre du concours Youtube Play de 2010, en collaboration avec le musée Guggenheim de New York, ce projet s’est placé parmi les 25 finalistes, pour un total d’environ 23000 contributions provenant du monde entier. Selon les organisateurs de la biennale, cette distinction en fait une des «vidéos les plus remarquables du Web». Pour sûr, «The Huber Experiment» agite la toile cirée. Grâce à un ingénieux dispositif, comprenant une table catapultable à laquelle sont fixées vaisselle et caméra, l’heure du repas bascule dans une autre dimension. Les frères Huber sèment ainsi un vent capricieux sur différents breuvages... et guettent la tempête. Comme portés par d’invisibles flots, les aliments s’emparent de l’espace et se livrent à d’étonnantes chorégraphies. Les verres se muent en d’improbables fontaines, crachant de vifs torrents dans lesquels viennent brutalement plonger quelques olives vertes. Un bol délivre un épais nuage de lait, emportant dans une marée blanche des céréales multicolores.

Une salade composée s’épend dans les airs en une vague verte et nourricière, épaulée d’une serviette aux allures d’aérodyne. Une pinte ambrée libère une écume fournie comme celle des vives-eaux, tandis qu’un poulet graisseux s’extirpe des bras d’une gelée douteuse. Erik et Matthew Huber ont créé un charmant désordre, où exulte le plaisir enfantin de jouer avec la nourriture. Au coeur de ce tumulte pourtant, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. La musique hypnotique de Brian Slusher se fait aérienne. A l’instar du parasol en papier, le monde est en apesanteur, les secondes sont des heures. La volaille amputée entre en lévitation et entame une pirouette, battant délicatement de l’aile, légère comme ses plumes disparues. Véritable éloge de la lenteur, «The Huber Experiment» dévoile sans hâte la poésie insoupçonnée de notre quotidien. Mais tandis que l’onde perd en amplitude, la gravité reprend ses droits. Les cocktails explosent à la surface en d’admirables feux colorés et protéinés. Le jusant plie sous le poids de la volaille, laquelle s’écrase avec fracas en place même du festin, en partie cisaillée par une vague scélérate. Avec elle s’effondre l’image publicitaire tranquilisante du poulet luisant et doré à point. Après environ deux minutes de tempête gastronomique surréaliste, les magiciens Huber laissent place à l’accalmie.


www.youtube.com/watch?v=xf5QQ3UADRQ © Huber

«La rapidité est sublime, et la lenteur majestueuse.» [Rivarol]


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édition communication illustration photographie

rrrrrrr

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= fort comme un ours

Confiez votre image à l’équipe A4 / l’atelier graphique. On est fort, très fort.

A4 l’atelier _ graphique

16 a4lateliergraphique@gmail.com 09 53 63 13 03


© A4 / L’atelier graphique.

PROMENONS_NOUS / modèleS Kimberley Lassalle / Steven Bruggeman


/ Kimberley porte un tee-shirt rose au carré par Pierre Manas, 30 €. une jupe American Apparel, 42 € et des derbies Pointer, chez South Painters, 129 €.


© A4 / L’atelier graphique.

/ Steven porte un sweat et un caleçon Naco Paris, 195 €, un caleçon Naco Paris, 85 € et des chaussures Opening Ceremony chez Rice and Beans, 189 €.

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/ Steven porte une veste Kulte, 135 €, un short Kulte, 79 €, un tee-shirt American Apparel, 25 € et des bateaux Segabo chez Rice and Beans, 135 €.


© A4 / L’atelier graphique.

/ Kimberley porte un short fenchurch chez South Painters, 57,50 €, un chemisier American retro chez Quentin, 119 € et des mocassins Roberto del Carlo chez Hall 2,

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319 €.


/

Steven porte un panthalon Norse Project chez Rice and Beans, 110

can Apparel, 58

€, un sweat Ameri-

€ et des basquettes Adidas par Jeremy Scott chez Rice and Beans, 180 €.


Une mer aux tempes

Ils marchent droit devant et loin derrière le verso de l’horizon est une plaie humide Une mer minuscule bat à leurs tempes Ils font ce qu’ils peuvent avec tout ça

Quand ils ne peuvent plus marcher ils rampent Ils avancent et le frottement de leurs os s’ajoute au bruit de l’eau dans leur tête avant de se jeter dans la mer Minuscule Ici s’arrêtent les petites rivières de sang qui noient leurs rêves jusqu’au dernier Ils empruntent les chemins des animaux des herbes folles des traces de pneus

© A4 / L’atelier graphique.

Ils courbent le dos Leurs membres s’alourdissent L’afflux de plasma fait des clapotis entre leurs yeux et leurs oreilles Ils ne trouvent rien cherchent tout Des bonheurs et le ciel est un immense papier cadeau Leurs peines sont des perles enfermées dans des carcasses de drames Ils emportent avec eux leurs enfants leurs fidèles les souvenirs de leurs histoires Leurs vies traînent derrière et parfois s’accouplent avec leurs ombres

Ils savent qu’ils finiront par tomber Qu’un jour leurs genoux baiseront la terre sèche leurs bouches goûteront à la poussière Ils seront des cow-boys une balle dans le coeur Ils perdront tout / Kimberley porte une robe Swildens chez Lili-Léon, 219 € et jusqu’à la moëlle des escarpin Avril Gau chez Hall 2, 279 €. qui anime leurs chiens Mais pour l’instant ils continuent d’avancer avec cette mer aux tempes Comme si de rien n’était entourés de sourires en pagaille Ils avancent pour vivre jusqu’au bout Et nous sommes un paquet à les suivre Guillaume Siaudeau


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©Jérémy Vey.


MUSIQUE _/

by MyOwnAssSpeaks.

Cover my cover Comme quelques uns parmi vous (allez moi aussi j’suis timide mais je me dénonce quand même), chers lecteurs, le terme «ressac» ne m’était guère familier, apparemment il ne l’est pas plus pour Wikipédia. Alors vu que cette fois-ci je me suis mis en tête de coller au thème du magazine, j’ai tenté de comprendre «le retour tumultueux des vagues sur elles-mêmes»… Ah ben voilà, c’est tout trouvé !

Vous n’aviez pas écouté ce morceau de musique depuis des mois, voire des années, et voilà que soudainement il vous semble l’entendre partout : c’est une reprise ! Plus compliqué ; vous n’aviez jamais écouté ce morceau de musique, et voilà que soudainement il vous semble l’entendre partout : ben c’est peut-être une reprise … Ou dans les 2 cas, sait-on jamais, une reprise de reprise ? Vous allez comprendre, c’est pas plus compliqué que le «ressac» … Similaire ou différente, l’exercice de la cover est un passage obligé, voire une spécialité, pour les ados lors de leur 1ère fête de la musique (Hé ! Rémi ! Fais-nous un p’tit Nirvana, allez s’teuplé !!!) ou les orchestres de bal (idem). Pas seulement, en boîte (souvent on n’entend que le refrain avec une voix plus aiguë subtilement agrémentée de gros beats bien lourds), en rappel d’un concert lorsque l’on a déjà joué son «hit-single» (si vous en avez un deuxième alors vous n’êtes pas un groupe des années 2000, bien sûr), et même sur de grands disques, les reprises sont partout !

Souvent assumée, prend en de la graine Patrick Poivre ! une reprise peut parfois avoir un sens péjoratif ce qui implique que l’enregistrement original doit être considéré comme définitif ou authentique (le classique : c’était mieux avant !). On évite alors le plus possible de le crier sur tous les toits. Même s’il se peut que l’animateur radio ou autre ait juste la paresse d’énoncer l’auteur de la «vraie» version, la «vraie» raison est souvent que l’on s’en fout. Et oui, morts aux geeks, si vous croyez que dans la bande-annonce de «True Lies» il était précisé qu’il s’agissait d’un remake d’un certain «Claude Zidi», les fans de Schwarzy, voire LA TOTALité des étatsuniens et autres habitants sur terre, s’en contrefoutent ! Et quand l’attribution populaire prend tel ou tel interprète pour le géniteur d’un tube, ce dernier va rarement s’en plaindre et nommer l’illustre inconnu responsable de la version originale (en même temps c’était écrit «Plastic Bertrand» sur le skeud !). De surcroît, si l’illustre inconnu, démoralisé et à court d’argent vu qu’il reste inconnu malgré ses efforts, cède ses droits d’auteurs (en France la législation évite normalement les prêteurs sur gages ainsi que ce genre de bourdes …) à des requins en appétit : c’est le mordage de mains, voire des 2 bras assuré ! En 1957, Richard Berry enregistre une chanson sur un rythme calypso racontant l’histoire d’un marin jamaïcain qui explique à un barman nommé Louie qu’il doit retrouver sa fiancée : «Louie


Louie». Mini-hit local dans la région de San Francisco sans parvenir à entrer dans les charts, il enchaîne ensuite une série de flops, crève la dalle et vend ses droits 2 ans plus tard à son label pour 750 $… En 1963, The Kingsmen la réenregistrent dans un style sauvage et primitif : le garage-rock et culminent à la 2ème place du Top 100 américain. Des Sonics à Black Flag en passant par Motörhead, ils s’en suivirent près de 1500 reprises sur disque à ce jour ! Et nombreux sont encore ceux croyant qu’Iggy Pop est l’interprète original … (si c’est pas du ressac ça, alors j’ai rien compris.)

Les Bluesmen, les Jazzmen et les premiers Rockeurs ne se posaient d’ailleurs même pas la question, la reprise était une pratique habituelle et on parlait de «standard», sur lequel on pouvait se permettre des improvisations (en Jazz). Mais c’est certainement une interprétation de cette idée (et surtout une grosse ambition de fric facile) que certains érudits se sont donnés la libre conscience d’adapter, en camouflant les originaux à leurs compatriotes, des hits (mais pas trop gros quand même sinon on aurait facilement gaulé les malfrats) dans une langue différente, avec des interprètes différents, laissant baigner dans l’ignorance les naïfs auditeurs … Des 50’s jusque dans les 70’s, du Yé-yé à la variétoche, des potiches (hommes ou femmes) se dandinent sur une musique mise en retrait où l’on y préfère les cuivres aux guitares, surtout si elles sont électrifiées, et où leurs vocaux mis en avant chantonnent des textes adaptés au gré des paroliers. En autres exemples citons «Yellow River» (ça ne vous dit rien ?), de ce groupe anglais

©belovedsong.com.

Cependant lorsqu’un morceau est aussi connu et repris que «Louie Louie», normal que l’on s’y perde sur qui a fait quoi en preum’s.


n°1 dans son pays et quelques autres en juin 1970 > Christie (ah là c’est bon, vous l’avez … ?), en plein contexte de la guerre du Vietnam ça parle des pensées d’un jeune soldat impatient de rentrer dans son pays (non, du tout ?)… Normal la version française c’est «L’Amérique» de Joe Dassin, «Je veux l’avoir et je l’aurai … », une apologie de l’American Dream et du self-made man qui contraste un peu avec «Cannon fire lingers in my mind, I’m so glad I am still alive». Et pourtant 10 ans après les glissades dans la boue sous LSD, la « reprise-massacrée » prend un tout autre sens, une toute autre ampleur : l’adaptation anglaise de «Comme d’habitude» (tiens c’est l’inverse pour une fois) prend une drôle de tournure lorsqu’elle est interprétée par Sid Vicious. Un diminuendo abyssal, à la Orange Mécanique, glace le sang, puis il commence par parodier grossièrement les postures et les gimmicks des crooners qui ont rendu «My Way» célèbre à travers le monde (Sinatra, Anka, Elvis période Vegas) et soudainement dynamite le morceau : le tempo s’emballe et reste saccadé, la guitare de Steve Jones est dégainée telle un sabre sortant de son étui et part en roue libre tandis que l’orchestre poursuit tant bien que mal la mesure originale accentuant les envolées de rage du Sex Pistol qui n’a jamais su aligner 3 notes sur une basse. À pleins poumons, il vocifère « à sa façon », un doigt d’honneur sans précédent dans l’histoire de la musique dont même Paul Anka avoua avoir été touché par une certaine sincérité. Malaise et intensité à la fois, voilà ce qui manquera à d’innombrables reprises punk, allant de l’anecdotique au ridicule. De la sorte, The Vibrators tentant de raquer quelques pennies il y a tout juste 2 ans, en reprenant à la hâte le dernier truc à la mode «I Kissed A Girl» de Katy Perry, imaginant que l’accent british et les guitares «à la punk» combleraient le nonsens de leur geste : à savoir reprendre un morceau dont l’unique provocation fut qu’il soit interprété par une fille …

Si les auteurs de «Baby Baby» n’ont pas visé très juste, c’est qu’il auraient peut-être dû laisser faire les « pros » ! En effet certaines formations ont forgé leur célébrité sur leur capacité à exceller dans cette catégorie et peu importe (ou presque) le titre repris, la recette fonctionne à coup sûr. Parfois usant d’un univers simpliste, mais très marqué et à contre courant des productions «à la Timbaland»; les covers de «Toxic» de Britney à la sauce country folk par La Maison Tellier ou de «Crazy In Love» de Beyoncé à la sauce rockhab’ par The Baseballs, révèlent qu’une bonne pop song peut être une bonne song tout court. Et des sauces il en existe pour tous les goûts, la bossa nova easy-listening avec Nouvelle Vague, le punk à roulette avec Me First & the Gimme Gimmes ou le swing potache avec Richard Cheese. Ces stakhanovistes de la cover, confinés dans un ghetto qu’ils ont eux-mêmes construit, rivalisent d’ingéniosité face aux autres caricatures moins talentueuses, face aux chorales d’enfants qui chantent en coeur Coldplay, face aux chinois qui jouent super vite le thème de Mario Bros à la guitare … Et face aux insolents qui d’une allure distraite ont sublimé, par inadvertance, sans efforts ou presque, un morceau, un artiste. Ces grands noms pour qui la cover est un hobby de temps à autre, quelques albums parmi une discographie remplie de leur propres compositions ou au contraire quelques perles semées avec parcimonie lors de leur virée sur terre. Utiliser la notoriété de l’original ne semble en aucun cas être leur préoccupation, eux les standards il s’en foutent et préfère parfois des morceaux obscurs, inattendus ou trop rapidement oubliés. Ils dépouillent les arrangements, éliminent les fioritures, gardent l’ossature et y apportent leur touche personnelle à une oeuvre qui les a touchés justement. On les écoute, on sent tout ça : chez Jeff Buckley, Cat Power, Johnny Cash, Kurt Cobain, Michael Stipe, Joe Cocker, ou Yo La Tengo et l’on a vraiment oublié qui, mais qui bordel a composé «Where Did You Sleep Last Night» ??? Leadbelly !!!! Ah non en fait il s’agirait d’une erreur de Cobain, le bluesman n’en aurait pas plus la paternité qu’un autre, l’identité de l’auteur de cette chanson datant d’au moins 1870 reste inconnue … 27



SUR LE COU _/

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en exclusivité chez Sweet Art.

Zoé porte un pendentif plaqué

Le collectif Brigade A4, qui édite le magazine que vous tenez entre les mains, s’est lancé un nouveau challenge : imaginez un bijou en édition limitée à l’occasion de la sortie de ce numéro. C’est donc sur le thème du Ressac que les premiers croquis ont été élaborés. Une collaboration menée de front avec l’équipe du concept store Sweet-Art, qui s’est occupé de tout l’aspect technique. De nombreuses étapes ont été nécessaires pour assurer le passage de l’état de croquis au prototypage, puis à la réalisation finale. Sachez mesdames, mesdemoiselles, qu’avant d’orner vos jolis cous, cette pièce est passée entre les mains expertes d’un doreur, d’un fondeur et d’un soudeur, s’est essuyée à de nombreuses modifications, ajustements, et fut réalisée dans des délais défiant toute concurrence. Hé oui, tout ça pour vous. Enjoy !

argent sur cordon coton, 45 €.

© Morganours.

© Morganours.

( vague à l’âme )


MODE _/

JE PRENDRAIs BIEN UNE PETITE CAPE

Par Nolwenn Durand

Parfois j’aimerais être un super-héros. Pas pour les pouvoirs, quoique voler c’est cool, mais depuis RYAN Air est-ce rééllement utile ? Pas pour le costume, evidemment pas pour le costume, je ne pense pas avoir besoin de fournir d’explications. Pour les yeux scanner peut-être ? La myopie donnerait du charme, (enfin sur Marylin Monroe) du coup je vais peut être la garder. Non, je veux être un super-héros pour cette superbe assurance, ce charisme puissant et cette sensation du « Just do it » qui leur vient naturellement. Question : comment devenir un super-héros, ou en l’occurence une super-héroïne ? Certains me répondrons que c’est dans l’ADN, je ne retiens pas cette hypothèse, trop hasardeuse. J’ai mené mon enquête et savez-vous quel est le point commun aux super-héros ? Le super accessoire ! Explications : Quand Clark Kent retire ses lunettes,

il devient Superman, quand Bruce Wayne met son masque de lémurien il devient Batman. Il me faut donc l’accessoire qui me rendra surhumaine. Petit inventaire des disponibilités : la cape ? elle est en passe de devenir incontournable mais traîne une fausse réputation, vous avez déjà vu quelqu’un voler, même avec une cape ? les lunettes ? OH miracle, elles ont guéri ma vue, je ne vois plus flou ! Les bottes cuissardes ? « Non Mr je ne suis pas une prostituée !». Après quelques déconvenues, je me tourne vers le grand sage. Karl Lagarfeld s’est penché sur le problème en matérialisant les gants Green Lantern, disponibles dans l’antre du


/ Sinon vous avez remarqué que les supers-héros ne vieillissent jamais, hum, je vais mener l’enquête, le passage à mes 27 ans fut rude : quand je souris, j’ai des rides.

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© D.R

Mabille. / Adidas.

© Adidas

Noeud Papillon

«Joker» / Alexis

Jeremy Scott & les

© Swatch.

© D.R

Tout super-héros se doit d’avoir un assistant / majordome / Batmobile / Robin à ses côtés. Je choisis Alexis Mabille et son noeud pape Joker et Jeremy Scott, créateur de la basquette qui vole pour Adidas. Ainsi le cou étrangement élégant et le pied leste, ( « je vole, Jack je vole !» ) je peux remplir ma mission. Bondir majestueusement sur le bitume, l’allure altière & le super pouvoir conquérant. Bon, c’est fatiguant d’être hors du commun, du coup j’opte pour l’accessoire utilme : le martini de « Bond, James Bond.»

basquettes Conductor

/ Karl Lagarfeld

Mitaines Green Lantern

super-héros, super-riche : Colette, à l’occasion d’une collaboration pour les 75 ans de DC Comics. Des gants tout blanc avec strass, durs à imaginer sur un Karl engoncé dans un costume trois pièces collé-monté. Hum, un costume carcan, peu pratique et voyant ? Karl Lagarfeld serait -il un super-héros ? De la mode sûrement, mais revenons à mon problème.


CUISINE _/

raie aux câpres 2 ailes de raie 1 citron 80 gr de beurre 1/2 verre de vinaigre de vin 3 c. à soupe de câpres sel, poivre. frottez doucement les ailes pour qu’elles ne soient plus visqueuses. Les plonger dans une eau frémissante, vinaigrée et salée pendant 5 minutes. Egouttez la raie et retirer la peau. Pour la sauce, faire dorer le beurre dans une casserole, y ajouter une cuillère à soupe de vinaigre et les câpres. Bon appétit.

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© A4 / L’atelier graphique.


DESIGN _/

Re-(design)

Par Sylvain Bouyer

Attachés au regard que nous portons sur notre environnement, petit truc à nous pour penser notre espace vital, il n’est pas rare de déformer une réalité matérielle pour en modeler les contours, malaxer en creux et en surface les apparences et parfois les usages. Objets détournés du quotidien, certains s’investissent d’une mission nouvelle avec la complicité créative de leurs utilisateurs. Nous devenons tous plus ou moins des re-(designers) de notre vie. Le potentiel de l’improvisation en plus. Car il s’agit bien d’improviser, d’intervenir sur des matières, des produits tous voués à des utilisations bien définies, conditionnées par leur couleur, leur silhouette, jusque sur leurs étiquettes qui précisent et signent ; « Celio jean regular » ! Ah bon, je pensais que c’était un tee-shirt ! C’est sans doute pour ça d’ailleurs que l’on s’aventure dans le détournement, la combinaison ou le bricolage. Marre d’être pris pour des jambons. On a aussi des envies de liberté. Pourquoi laisser aux « designers, merchandisers, ... », à tous ces faiseurs qui se terminent en ‘er’ le monopole du dessein de nos vies. Avis à tous les bricoleurs, les bidouilleurs, les acteurs du ‘re’ et non du ‘er’, du « à modifier », et non du « tout est fait ». Libérez-vous de ce tsunami économique qui sous ses apparentes tendances à la proposition, joue de slogan et de campagnes publicitaires intrusives et avilissantes pour que tout naturellement, selon eux bien sûr, ces choix s’imposent. Au-delà du produit, de l’objet, ce sont des modèles et des façons de penser qui se dressent, inévitables. Au grand dam d’Adam Smith, l’idéal libéral n’est qu’un souvenir lointain et la vague de la globalisation à tout prix emporte sur son passage les singularités, les cultures, les idées, l’originalité, les créateurs. Bien sûr, nous traînons derrière nous les vestiges de volontés désuètes. Mais il faudra en passer par 34

là. Que ce soit dans le domaine de l’art, de la littérature et plus explicitement pour moi dans le domaine de la création design. La biennale du Design 2008 de Saint-Étienne laissait craindre le pire. Amalgamant tous ces re-créateur balisés ‘néo-écolos’ dans un hall immense aux allures de gare où l’on attend désespérément un train qui ne passera pas. Ce sentiment inavoué d’avoir raté le wagon, encore vérifié par l’échec des prises de conscience globales de Copen1 hague ou de Kyoto le 4/12/2010 . 2010 n’est pas tombée dans le piège et a affiché un recul ou une prise de conscience assez judicieuse. Peut-être les deux à la fois, car la biennale ne reniait pas l’existence de mondes encore trop distincts, avec en point d’orgue une étonnante exposition intitulée prédiction. Benjamin Loyauté, commissaire, présentait sans narration scénographique ajoutée, les ‘clivages du design’ où les preuves de « courage et de créativité


designer et acteur de l’association «210x297mm 100x150mm», initiatrice et coordinatrice de « 15 designers, 15 artisans, 1 graphiste, 1 critique, 1 off » un projet re-ssac dans tous ses états ! Ou quand quinze designers rencontrent quinze artisans et vice et versa ! Collaboration, échange, refus, investissement pas toujours rendus, mais volonté à toute épreuve. Les objets ne sont pas totalement aboutis mais le résultat est là. Dans une salle sans plancher, ni isolation, un pupitre en contre-plaqué révèle une dizaine de créations, justes. Suffisantes pour sentir que ce potentiel créatif naît de cette rencontre. Il faut reconnaître à ces interventions la dose de courage nécessaire à la réalisation du produit fini, financé par le bon vouloir de l’artisan, de l’industriel, la débrouillardise du designer. L’objet parvient ou non à s’émanciper de ces crispations économiques et techniques mais quoi qu’il en soit, il est marqué par cette réalité, ancré. Le projet design re-activateur de savoir-faire locaux, l’artisanat remodeleur de processus de création,

© Felipe Ribon

vapeur,2009 par Inga sempÈ

© Piet Hendrikse.

Etienne 2010

‘PrÈdicExposition

tion’ Biennale de Design, Saint-

(designer)

75 litre Q drum, Piet Hendrikse

ne 2010

biennale de Design, Saint-Etien-

graphiste, 1 critique, 1 off ª

´ 15 designers, 15 artisans, 1 © Sylvain Bouyer

supportaient difficilement la confronta2 tion avec les expressions égocentriques. » Ce genre de manifeste sans intentions, trop rare, gardera le mérite de dresser un instantané lucide sur les tendances tout azimut d’une création pleine de ressources singulières mais sans grande conviction collective. Quand le ‘In’ s’épuise passez au ‘Off’, c’est aussi pour cela que cette biennale 2010 est atypique. Les lieux d’exposition ont investi la ville et ses fameux quartiers gris. Sous un léger manteau de neige et les caresses glacées du vent stéphanois, qu’il faisait bon se réfugier de galerie en galerie. Découvrir au musée d’Arts et Métiers autant le talent et la créativité d’un Maurizio Galante que les vestiges industriels d’une époque posés là, prêts à s’arracher de leur socle, machines vivantes d’un monde révolu. Métiers à tisser, rubans et flanelles s’accommodaient avec grâce aux œuvres du créateur d’aujourd’hui ou de demain. Le côté insolite des lieux d’exposition nous renvoyait à nos jeunes études. Comme ce bâtiment, 21 avenue Denfert Rochereau. Des Bureaux en réhabilitation précise notre hôte, Emilie Colin Garros,



VerStÈphanoise

© Julien Benayoun

Manufacture

ney-Carron. Voir le site http://re-act.fr page 84

Benayoun

(dÈveloppement Èlectronique) /

y a un an.

afin de mieux gérer la consommation. 2011 janvier/février depuis l’échec du sommet de Copenhague il

intégrer le consommateur à la conception n°152 Intramuros 2. attendaient des avancées environnementales

bold-Design) / Hubert Buyssens festyle, propose une démarche inédite : leur de douche froide pour tout ceux qui

(designer Julien 3. Le projet RE-act, fashion and lile Protocole de Kyoto après 2012 a eu va-

La décision du Japon de ne pas renouveler

leurs émissions de gaz à effet de serre.

les plus industrialisés au monde, à réduire

Adopté en 1997 il obligeait les 40 pays

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1. Le Protocole de Kyoto vole en éclats.

3

nous sommes en pleine période re-act , ‘vraie-fausse’ crise existentielle. Finies les pensées linéaires du progrès assuré, bienvenue aux produits ré-actifs. Mais à quel prix ? Pas plus tard qu’hier, vendredi 21 janvier de cette année 2011, je relevais sur le désormais célèbre portail d’information Rue89 un article qui attira toute mon attention. ‘Inga Sempé : « En design, la France est un peu frileuse »’. A l’artiste reconnue et reconnaissable, d’expliquer qu’en France, les intérêts économiques sont bien présents mais pas suffisants pour susciter une réelle redéfinition des productions chez les industriels. En agence, il faut s’adapter à la demande immédiate, le designer chercheur est encore un être à part et se fait payer en royalties seulement quand les commandes s’envolent. Pas de prise de risque. Ne nous voilons pas la face, la période actuelle nous offre à voir, à la loupe grossissante de la crise, les ambiguïtés économiques de nos civilisations. Alors que nous amorcions depuis les années 80-90 la singularisation du «produit avec dans les années 2000 le rêve du ‘produit à l’image de nos envies», l’industrie avait programmé l’harmonisation mondiale de ses productions, l’objet passepartout. Reléguant au profit du bénéfice immédiat, les acteurs d’un changement hypothétique au rôle de doux rêveurs, recrachés par le flot avide de la mondialisation. Nous sommes le re-(ssac) de cette époque, ce retour créatif violent, refoulé par les digues menaçantes de l’économie contemporaine. A nous de choisir les plages les plus accueillantes, les plus chaleureuses. De les inventer, de nous re-inventer pour que toutes ces intentions ne soient pas vaines et que naissent de nos envies, notre réalité.


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