Automne 2010
Irresistiblement fourni
# 2
Gratuit
CULTURE TRIMESTRIELLE
Merci / Henri, Jessica, Pauline, Cyril, Elea, Sylvain, ainsi que les commerรงants partenaires.
cyril porte un tee-shirt hixsept chez rice & beans :49€ /pendentif argent bensimon :65€ /pendentif boomerang peit-pois :30€ / pendentif plexi dark-matter :50£ /bagues collection personnelle.
BONJOUR _/
www.ifmag.fr Culture graphique, gratuite et trimestrielle. Direction artistique/graphisme&photographie/coordination: Mesdemoiselles Nolwenn Durand & Aude Fournié Ont collaboré à ce numéro: Luc Assens, Elea Clarac, Sylvain Collongues, Pauline Delages, Cyril Garcia, Jessica Sagou, Chloe Soissons, Damien Tenenbaum, Justine Ricaud, Guillhem Vidal. Illustrateurs: CéGébé - cegebe.fr Slip sylvain.cotte.free.fr Partenaires: Broadcast posters, PDF, Printemps de Septembre, Vademecum Nous remercions chaleureusement nos collaborateurs et partenaires ainsi que Florent Bernard, Sylvain Bouyer, Henri Fournié, Nicolas Guy, Nina Sarradin, le Service Juridique Vivien&Co, et pour finir, le Cholestérol minute de Dany.
Edition limitée à 3000 exemplaires disponibles dans les lieux culturels, concept store et lieux institutionnels, sur Paris, Lyon, Marseille, Bruxelles, Bordeaux, Nantes, Montpellier, La Rochelle, Aix en Provence, Albi, avec Toulouse pour épicentre.
Collectif Brigade A4 1, ter rue du Languedoc 31 000 Toulouse 09 53 63 13 03 brigadea4@yahoo.fr
EDITO _/
// CUANDO LAS RANAS CRIEN PELOS
... les poules pourraient bien avoir des dents ! Sur les cuisses. Sous les bras, sur, ou au creux de la main : le poil à la carte. Oscillant entre virilité et rusticité, le contemporain aime garder le contrôle sur son pileux. Entre la pousse et la repousse, on l’épile vu qu’il horripile. Tonte à blanc sur poitrail bombé pour un revival métrosexuel passé de mode versus demi-jambes douces pour poils arrachés sous la douche.
A la maison Philips, Seb,
Braun sont sous garantie. Sinon, combien le ticket de métro ? Quel que soit son prix, il ne s’agit plus d’avoir du poil au ventre. Objectif : toiser cette toison velue ! Les derniers Poilus – en fussentils détenteurs – ont emporté avec eux le secret d’un poil mystérieusement adulé. Résultat : rangeons la Harley, les moustaches et le veston de cuir. Hopper n’aura qu’à roder plus loin pour raser ses bikers. Les
barbudos
cubains
fidèles
à
Castro l’ont précédé d’une décennie pour (re)trouver leurs (re)belles au pays. Les femmes, AHHHHH les femmes ! Un beau matin tout de même, insatisfaites, elles s’écrièrent la barbe ! Leur idole : la chaste princesse sicilienne sacrée sainte pour avoir prié qu’une barbe lui pousse en une nuit.
Ô
crime originel, ô péché de vanupied : travestissement voire traîtrise. On n’emprunte pas les atours masculins ! Vade retro les noces avec le portugais qui la hérissait. Wilgeforte crucifiée comme un homme tu finiras… mais avec une couronne, comme une Reine. Celle du jour de ta rémission. A son tour, infiniment fournie, l’écharpe épinglée en bandoulière, la rédaction de I.F se la joue miss des ursidés, symbole mystique d’une rédaction libre et moderne, qui s’assume et se pare de sa plus soyeuse robe pour vous brosser … #
dans le sens
#
à rebrousse poil
… vigoureusement.
du poil Aude Fournié
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VITRINE _/
// PAPER DONUTS
Nous avons offert notre vitrine à un jeune collectif français : Paper donuts. La team composée d’Alexis Facca, qui après un passage à l’Ecole Supérieure des Métiers de l’Art, devient le directeur artistique de fabulous box et de Justine Ricaud , accro aux chaussures et accessoirement bloggeuse de mode (whynotjustine.com). Leur travail de design graphique frais et ludique ou la 2D tutoie l’espace, nous a enchanté. Un deal. Nous : une vitrine et une thématique: le gras (thème du IF mag # 01). Eux : du talent et une proposition: Junk food for Grizzly (à voir sur ifmag. fr.). Nous les avons interviewés.
Paper Donut ... des hamburgers volants ... le rêve américain ? Alexis & Justine :
Mais tout a fait ! Ouvrir notre Randy’ Donuts sur la route 66 et ne
servir que des vrais bikers, devenir bien fat au point de ne plus voir mes pieds, faut pas déconner c’est le pied ! Ahaha, non sincèrement ... le rêve américain ce serait plutôt une galerie / concept store à la française dans le Chelsea New Yorkais ou le Fisherman’ Wharf de San Francisco. Quick ou Mac Do ? Alexis & Justine :
Quick ou Mac Do, c’est un peu comme Pepsi ou Coca-Cola, Mac
ou PC, la question ne se pose pas ! Bien évidemment Mac Do, ne serait-ce que pour leur petit Wrap. Etais-tu bon en maths ? Alexis :
Si le fait que ce soit ma seule matière au-dessus de la moyenne lors du BAC, alors : « Oui, je suis bon en maths » Justine : J’ai été bonne, même très bonne. Mais actuellement en pleine préparation d’un Bac Scientifique je peux officiellement dire que je suis médiocre. Trois conseils pour les débutants en pliages ?
Alexis & Justine :
Ne commencez jamais c’est une drogue, ça ronge les nerfs, ça peut faire (très) mal au dos. Et si vous êtes trop nombreux, on ne pourra plus se payer à manger. Votre trousse à outils ?
Alexis & Justine :
Rien de bien exceptionnel, bien évidemment des tonnes de papiers,
puis règle / équerre, crayons, un bon cutter, un scalpel, pinceaux et colle Cléopatre. Comme en moyenne section en fait. Dernière frivolité ? Alexis :
Un Tenori-ON, un instrument / joujou de chez Yamaha, qui permet de créer des sons trop cools tout en ayant un rendu visuel très graphique. Justine :
Du genre très futile, je dirais une paire de chaussures et une montre archi cool by Mr Jones.
©a schonenberger
©fanette g.
Ton poilu préféré ? Alexis :
Je voudrais me la jouer, je vous sortirais un philosophe ou économiste barbu,
mais mon poilu préféré c’est TAZ des Looney Tunes, l’espèce de loup qui tourne à toute vitesse et qui ne sait pas faire une phrase correcte. Je l’ai toujours adoré, et je l’aimerai toujours. Justine:
Pour faire encore plus culcul qu’Alexis; je dirais mon chat.
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MUSIQUE _/
// PAY TO (RE)WATCH
En 1994, lorsque Perry Farrell propose 1 million de dollars pour que Nirvana soit la tête d’affiche de Lollapalooza, Kurt Cobain préfère encore se tirer une balle... Pour l’édition 2010, Soundgarden n’a pas craché sur les biffetons et s’est reformé pour l’occasion. D’ailleurs, il n’y aura pas eu un seul festival cet été sans un groupe 90’s en tête d’affiche : - de l’électro nineties : Prodigy / Massive Attack / Orbital - du métal nineties : Faith No More / Deftones / Infectious Grooves / Biohazard - du rock pourri nineties : Skunk Anansie / Blink 182 / Gun’s & Roses. On a échappé aux Cranberries mais ç’est pour bientôt promis, - et du Grunge, nineties forcément : Soundgarden / Alice In Chains / Stone Temple Pilots / Hole / Smashing Pumpkins / Chokebore ou Pearl Jam; toujours et encore là, même après qu’Eddie Vedder t’ait annoncé par 2 fois ne plus refaire de live, effrayé par le destin tragique de son rival blond en avril 94 ou par la mort de 9 fans à Roskilde en juin 2000... ça fait 10 morts, il en faut un onzième pour qu’il cesse !? Du Japon / Summer Sonic / jusqu’en Scandinavie / Roskilde / Øyafestival, ou encore du toupetitou festoche provençal / 1ère édition du Mistraal Indie Music Festival / aux grosses institutions européennes : Werchter / Dour / Rock en Seine / Hurricane / Hellfest / Pukkelpop / Primavera Sound / Bilbao BBK Live / Leeds / Reading / aucun festival n’y échappe. Il faut ramener un max de monde et apparemment tout le monde est féru ou nostalgique de la décennie précédente. Dans la rue ou en soirée, on avait pourtant pas remarqué de pin’s sur des baseball caps Chicago Bulls, ni de chemises en flanelle attachées à la ceinture par les manches sur des 501 larges et délavés ou bien encore de t-shirt Fido
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Dido. Normal, le revival 90’s n’a toujours pas eu lieu, patience... On continue à écouter du rock sans cris et surtout sans bermuda ! Quasiment personne ne les réclamait ou ne s’attendait pas à les revoir si précipitamment, on n’avait même pas eu le temps de bien les oublier. Ca a commencé doucement. Aux antipodes de l’anti-folk ou de l’electroclash, tout au long des années 2000 certains continuaient gentiment leur noisy-pop so nineties sans déranger quiconque : Sonic Youth / Yo La Tengo / Weezer / Foo Fighters / Lou Barlow / Spoon / Low. D’autres réapparaissent sans que l’on ne s’en aperçoive : The Breeders / Superchunk / Sunny Day Real Estate / Th’ Faith Healers / Polvo / Throwing Muses. D’autres encore sont rentrés de vacances : Portishead a fait ses devoirs, My Bloody Valentine n’a rien branlé du tout. Puis y a évidemment les casse-couilles : Red Hot Chili Peppers / Green Day / Placebo, ceux qui ont arrêté de nous les casser : Oasis, merci ! Mais à l’annonce des reformations de ce que les 90’s avaient de plus cultes nous ne réalisons même pas qu’elles avaient cessé d’exister : Slint / Sebadoh / Pavement / Rage Against The Machine / The Jesus Lizard et les papy du grunge : Pixies et Dinosaur Jr. On en oublierait les absents : Fugazi / Noir Désir, ah ah. Un nouveau groupe New-yorkais ou le prochain album d’Interpol ? On s’en fout total, la question c’est quel spectre des 90’s reforme quoi, avec qui et où ? Fini (du moins on l’espère), les «copy-band» médiocres avec un éphémère single surfant sur un quelconque «revival» ou un énième projet solo pathétique estampillé «ex membre d’un super groupe». Dorénavant le phénomène prolifère, à tel point qu’en décembre ce sont les «godfather du post-rock» Godspeed You! Black Emperor avec Mike Moya
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MUSIQUE _/
de surcroît, qui supervisent l’ATP Nightmare Before Christmas. Depuis 1999, le festival All Tomorrow’s Parties réunit des artistes tels que Mogwai / Belle And Sebastian / Mike Patton / Mudhoney / My Bloody Valentine / Pavement / le cinéaste Jim Jarmush ou bien encore le créateur des Simpsons, Matt Groening qui parrainent le festival en invitant leurs interprètes favoris. Depuis 2005, et on peut dire que le «boom des reformations» commence un peu par là, l’ATP inclue des sessions « Don’t Look Back », tiens l’ironie c’est bien un truc 90’s ça, où les groupes exécutent en live l’intégralité d’un album célèbre. Ainsi les Melvins ont enregistré leur performance de 2005, où ils jouaient «Houdini» (1993), sous le titre : «A Live History of Gluttony and Lust». Comment se fait-il que ces « néo-seniors » ou « recently-has been » se retrouvent à nouveau, ou accèdent enfin, aux devants des principales scènes, face à des milliers de personnes et rafflent le pactole ? La première idée c’est «Est-ce qu’ils assurent encore ?», sous entendu donc : «Ils assuraient grave à l’époque...» surtout lorsque l’on était trop jeune ou trop ignorant pour les voir à la bonne heure. Tous les fantasmes sont permis ! Mais confiant ou méfiant, si l’on y a pris plaisir (on peut avoir du mal à l’assumer), le «Teen Spirit» réchauffé au micro-onde, c’est pas si dégueu ! On en redemande même. Effectivement, je suis allé voir Pavement (x4), Pixies (x3), My Bloody Valentine (x2), Slint (x1, merde qu’est-ce que j’ai foutu !) et chaque fois : grosse claque ! Sets impeccables et tubes en séries joués avec aisance et parfois même avec une pointe d’enthousiasme. Personne n’attend rien d’autre et rien d’autre n’arrive. A une certaine spontanéité ou fraîcheur qu’ils n’ont plus, on se suffit des «classiques» qu’ils ont déjà exécutés 1000 fois (mais putain j’y étais pas les 999 fois précédentes !). Et qu’ils aient du nouveau dans le menu, du bon comme les irréprochables 2 derniers LP de Dinosaur Jr. ou « Third » de Portishead, de l’avarié comme les 10 dernières années de production de Prodigy ou Massive Attack ou des miettes, comme le timide inédit « Bam Twork » des Pixies. On n’est jamais mieux rassasié que par un bon gros hit 90’s chanté à tue-tête : «Glory Box» / «Karma Police». On est vraiment bon public et en cas de déception : on met ça sur le compte de l’âge. Qu’ils aient trahi une certaine éthique ou compromis un parcours sans fautes, on l’accepte, tolérance 10 000. Oubliées les galères des débuts et la traversée du désert : passons à la rédemption avec intérêts ! Les chèques sont gros, les boudins et autres embrouilles lointains, alors après le divorce : on accueille à bras ouvert ... le remariage ! Tous en blanc et cette fois pas de conneries ! Les toxicos : Jimmy Chamberlain / Kim Deal
et autres alcoolos : Chris Cornell / Kim Deal -encore toi ! ont tous fini leur rehab... Et ceux qui n’ont pas survécus ? Layne Staley (Alice In Chains), Shannon Hoon (Blind Melon), Andrew Wood (Malfunkshun) ? On s’en fout ! On prend un vague sosie ou un frangin et on fait comme s’ils étaient encore là. Juste là, dans le coeur des fans les plus crédules et à côté du porte-monnaie des tours managers. C’est au choix: un «backing-band» au jeu plus ou moins honorable privé de leader charismatique ou autre version d’une reformation moisie qui pue l’arnaque; la rock star mégalo qui ne veut (ou ne peut) se reformer qu’avec elle-même mais dont le nom trop souvent associé à la rubrique «vieille diva du rock 90’s arrêté en possession de..., va faire un procès contre..., viré de sa maison de disque pour..., adopte un chiot suite à son divorce avec..., met plus de 10 ans à pondre une merde... ne suffit pas à remplir les stades. Ainsi, Hole et Gun’s & Roses en 2010, c’est simplement Love & Rose. Certains bien habiles nous tendent des pièges comme ce cher Billy Corgan avec une semireformation des Smashing Pumpkins. Tous ces traquenards fonctionnent à merveille... au Japon, le pays où l’on paye pour caresser des chats à l’heure ! N’y a-t-il pas eu un groupe du 21ème siècle, où la presse annonçait fièrement «LE retour du rock», pour sauver les festivals d’été 2010 de la naphtaline ? Oui ! Des «irréductibles» créent l’événement: The Libertines... reformés pour 1 million de £ !!! by MyOwnAssSpeaks.
Monkey see, monkey do - I don’t know why - I’d rather be dead than cool -I don’t know why every line ends in rhyme - I don’t know why - less is more, love is blind - I don’t know why - Stay Stay away (Stay Away / Kurt Cobain)
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Le poil c’est la vie
©CéGéBé.
PARENTHèSE _/
// VIVE LE POIL Par Chloé Soissons
Si la pilosité tient du naturel plus que tout autre élément de la syntaxe corporelle, elle offre de multiples possibilités d’intervention. Tour à tour taillée, nouée, tressée, frisée, colorée, parfumée, dissimulée, supprimée, remplacée, rajout-ée, brossée, rasée, épilée, élaguée, ébarbée ou raccourcie, de la tête aux aisselles en passant par le pubis, le style diffère. A l’américaine, à la brésilienne, ou en free style façon contorsionniste, armée d’une pince et d’un miroir de poche, certaines vont même jusqu’à pratiquer l’extinction intégrale de toute végétale vie sur leurs fertiles terres. Il faut faire mourir le poil à l’âme revêche et la repousse vindicative ! Cruelle, Éparse, Luxuriante, Indomptable Nature kératinisée qui n’a de cesse de nous ramener à notre sombre et épais passif simiesque! Divisé en raie, rejeté en arrière, gélifié, coupé en 4 ou flottant au vent; le dru, le long, le doux, le roux, le ras, le brillant, le strigueux, le propre, l’adipeux, l’angora, le follet, le duveteux, le pubère; poil aux pattes, poil au menton, poil aux joues, aux aisselles et aux orteils, torse et bras velus, mains de velours, ventre et dos laineux, j’en ai même sur l’anus ! Y parait qu’si tu rases ça repousse encore plus. Lorsque tu commences à fleurir, gare aux épines ! Le noir lustré fait aussi dans le lubrique : poil pubien, poil de couille, poil de pine.
L’humour vient tout seul comme les poils au pubis disait Desproges. Je jupile.
Affaire de Mâle dominant, le poil sait mettre en valeur la gent masculine, et chacun s’accordera à dire qu’un homme sans poil n’est qu’un demi homme. J’en veux pour preuve Zeus lui-même qui semblait puiser sa virile force dans l’exhibition magistrale de sa céleste et abondante crinière. Les testicules gonflées à bloc et suintantes de testostérone, l’homo sapiens saura pour vous plaire Mesdames, de sa puissante et asphyxiante étreinte, vous réchauffer les longs soirs d’hiver grâce à son broussailleux torse. Les hommes c’est comme les artichauts, le cœur est sous le poil. Avis aux amatrices. Longue chevelure à la spartiate fleurie et à la barbe bien fournie, ou crâne nu et luisant à la Doc montante et à la lame bien aiguisée made in England; la norme pileuse à n’en point douter, n’a pas valeur que d’esthétique, et répond bien à d’autres critères hautement plus riches de sens : qu’ils soient philosophiques, sociaux, religieux, voire politiques. « C’est PAS l’monde qui va se plier à vos désirs les enfants, c’est pas : 68 ALLEZ LA JEUNESSE! C’est le VRAI monde dehors, et le vrai monde, il va chez le coiffeur... déjà! ». 1
Paraîtrait même que l’imberbe Barack projetterait de panser ses dégâts pétroliers avec le Super Absorbant poilu. Difficile d’être Libre quand on 1
OSS 117 : Rio ne répond plus
est bulbe. L’adage se vérifie d’autant plus chez le poil solitaire pour qui la dérision, l’insulte, la haine, l’exclusion et la mort menacent sans relâche. Éternel souci que celui de l’émergence, de la pousse ou ... la chute. Il est bien loin le temps où nos jeunes premières pousses arboraient fièrement les deuxièmes de couverture de nos albums de naissance. Notre chaleureuse et bien-aimée végétation épidermique désertera demain le crâne pour les oreilles. La faucheuse se fera bientôt les dents sur nos derniers crins blancs. De plus, si l’on en croit la pieuse biologie pileuse, c’est le phénomène de chaleur qui serait la principale cause de l’extinction du touffu, du buissonneux, du feuillu, du broussailleux delta. Et puisque le coït échauffe, il n’est à pas douter que le libidineux soit chauve. Moralité : Laineux amants, Modérez votre raison dans cette aimable guerre, Sachez bien arroser le gazon sans imbiber la terre. Calmez vos ramageuses ardeurs, votre bocage n’en sera que plus beau.
Ainsi, si votre forme physique et votre âge vous le permettent encore, avant que d’hériter des cheveux d’vos darons, formez vos velus bataillons ! Bandes de tout poils, j’en appelle à la virilité divine de nos luisantes toisons ! Fils de Victor Hugo, héritiers d’Abraham Lincoln, cousins de Chabal et frères de Ben Laden : que la force du bulbe brun sophistiqué de chez Dali et l’ébouriffé made by Perec soit avec nous ! Enracinons profondément nos tiges dans les racines épidermiques de nos barbares propriétaires barbus ! Soldats ! Résistons coupe que coupe à leurs incessants assauts épilatoires destructeurs ! Jamais Poilu d’français dans la bataille – fût-il vainqueur, fût-il vaincu –, à l’ennemi sous la mitraille, n’a montré les poils de son cul. Soyez-en convaincus, la vie ne tient qu’à un poil. Et il vaut mieux pour son usage, un cul sans poil, qu’un poil sans cul :
Le poil c’est la vie! Vive le poil!
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pauline porte une robe en soie Dora Abodi / 510€ chausson cuir Anniel Sport chez Brock n’roll / 65€ bague Charlotte Martyr chez Rice & Beans / 67€ bague artisanale chez Backstage / 45€ coiffure : sylvain collongues maquillage : elea clarac
MODE (BRèVE) _/
// STATUT SOCIAL ET POIL «La perruque du XVIII e c’est la cravate du XX e»,
“Pouf au sentiment”. L’expresssion ne fut pas dévelloppée lors d’un épisode d’une extrême tension des feux de l’amour. Elle désigne la réchauffante, la perruque des élégantes de la cour de France sous le bon Louis XVI. Ces extravagances capillaires à l’instar des pochettes surprises regorgent de rubans, breloques, photographie d’un être aimé, version humaine ou canidé et parfois même de petits navires (pour les navires, je laisse à chacun le soin de trouver son explication, les historiens étant sceptiques à ce sujet.) Car au delà de l’aspect purement décoratif et si l’on peut légitimement hésiter entre une perruque en «crinière», «in-folio», en «fontanges», « à deux pointes» ou en «binette», il n’en faut pas moins oublier le rôle de cette dernière dans l’étiquette sociale. Bien avant les cheveux longs rébellion d’un Antoine, le postiche servit d’indicateur de castes, d’appartenance à une confrérie. La communauté religeuse elle-même se dota de fort délicates tonsures artificielles. Aux vues de ces informations et appartenant moimême à la très ancienne tribu des graphistes: lunettes à montures plastiques / déplacement en planche à roulette / aime son ordinateur plus que sa mère / je m’interroge. Etant hélas dénuée de certains de ces caractéristiques, je mise sur le cheveux. Je l’aimerais sérieux, impliqué avec une pointe d’audace. Reflet de ma délicieuse personnalité et du groupe : je photoshop ma vie ! Me voilà donc, en quête DU postiche qui me donnera THe touch.. Il y a les valeurs sûres : Ede & Ravenscroft, tailleur et postichier depuis 1689 et fournisseur officiel du bareau anglais. Le prestige, voilà ce qui me manque, le prestige de la robe & du cheveux, affublée du toupet gris, l’avocat anglais plaide et convainc. Alors partant de ce constat : le faux cheveux, serait-il plus puissant que le vrai ? Est-ce la crinière de lion factice plus courte devant que sur la nuque d’Agassi qui lui fit gagner Roland Garros ?
©charlie-le-mindu DR/SDP.
©charlie-le-mindu DR/SDP.
Mais surtout Lady GAGA, blonde / brune / rousse / violette détrônera t-elle Madonna ? Pour répondre à cette question entêtante, il faut se pencher sur le cas de Charlie le Mindu : dealer capillaire d’une Lady GAGA en mutation , créateur de « haute-coiffure». Pour le commun des mortels les perruques : the GAGA / Vuitton Wig et Florence & the machine sont en vente sur sa boutique en ligne pour la somme négligable de 100£. Du coup, hésitation : la très chic et moutonnée coiffe Vuitton ou le carré glacé GAGA? Finalement, je ne tiens pas à répondre à cette question, car une femme statuant de façon définitive sur son style capillaire se prive à jamais du plaisir de LA question. Dis, tu crois que je dois les couper ? Par Nolwenn Durand
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{CUISINE}
_/
Et le petit Billy devint végétarien !
R u m s t e c k
a
l a
m a n g u e
d u
p e t i t
B i l l y
:
4 pavés de rumsteack / 1 mangue / 20 g de parmesan râpé / 4 c. à soupe de persil frais haché / 1 oignon rouge / 1/2 c. à café de baies roses / 1 c. à soupe de vinaigre balsamique / sel / poivre noir.
Épluchez et coupez la mangue en petits morceaux. hachez finement le persil. émincer l’oignon et Faites griller les 4 pavés de rumsteack sur le gril. Salez et poivrez. Pendant ce temps, mélangez dans un récipient les
morceaux de mangue,
le persil ha-
ché, l’oignon
émincé,
le
poivre,
les baies roses, le parmesan et le vinaigre. Servez
les
pavés de rumsteack
recouverts
de sauce.
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ART CONTEMPORAIN _/
Alors l’hermine aux pieds, en pas chassés, elle a foulé la terre battue, et s’est retrouvée héroïne d’un conte de fées. Les études sociologiques et autres éminents psychologues l’approuvent : il paraîtrait que ça fait rêver les prépubères. En fait, à bien y regarder, son prince à elle était du genre rasé de près, comme celui de ses copines Blanche-Neige, la Belle aux Bois ou encore l’écailleuse Arielle. Ne restent guère que la Bête (d’une autre Belle), Barbe rousse / bleue / noire, Grand Schtroumpf (résolument petit), les Barbapapas, Capitaine Haddock, Merlin, Professeur Globus, Cousin Machin, Père Noël et tout de même six de ces sept valeureux nains que la petite histoire aura voulu poilus. En les dénombrant, le clan des barbus s’élargit, alors nous suggérons: le poil dans le processus narratif du conte, outil pernicieux d’instrumentation pro-radical extrémiste? Toujours est-il, que si le poil n’instrumente pas les cerveaux de nos chérubins, il est l’outil indispensable pour rafler la vedette au Word beard & moustache championships. Ce championnat là, offre aux poilus les plus extravagants LA possibilité de s’exprimer en exhibant leurs soyeuses fourrures coiffées, parées, lustrées, fleuries, tressées, gominées. À la brosse, en bretzel, en arabesque, en araignée, en bâtonnet: une irruption pileuse déferle sur Berlin depuis les
nineties. En témoigne le Beardfolio de Matthew Rainwaters. D’autres encore, créent des clubs de poilus, comme le Paris Moustache Club : le « cloub » des bonnes gens, qui aiment celles qui aiment ceux qui aiment la pilosité du rictus. Du coup, certains s’la joue velue en hommage à leurs idoles – petites pensées pour les footeux des années 80 – ou mieux, ils la mettent en vente sur le net, drôle de binette*. Sachez d’ailleurs que le poil le plus côté n’est pas celui de J-C (1025€) mais celui d’Isabelle la catholique qui atteint les 1158€ contre 320€ pour Staline. Enfin, à quoi bon la vendre puisque le Journal of Labor Research de novembre 2008 publie les résultats d’une étude américaine affirmant que les moustachus sont aussi plus fournis financièrement. Pour preuve, les PDG des plus grands groupes sont des poilus ! Alors dixit Philippe K., « Enlève ta moustache. Remet ta moustache ! ». Les Quatre Barbus quant à eux, revendiquent la leur dés 1954 en entonnant l’ouverture du Barbier de Séville ou encore Poil au menton. Vu que ceux-là n’auront pas marqué la scène musicale autant que les Frères Jacques, à la barbe, préférez donc la moustache. Messieurs les glabres, de grâce, cumulez du « capital social » en vous laissant pousser les bacchantes : « avec
* BINET, perruquier de Louis XIV.
elles, tout devient possible ! » a bien du dire un Cabrel, un Moustaki, ou encore un Brassens. Le poil, un gros calibre donc, à l’aulne de la vie et de la sexualité nous enseignera Gudin, car c’est avec le Chlamydomonas à deux flagelles libres qu’arrivent les premiers échanges sexuels et que s’engendrent les toutes premières cellules. L’homme ne descend donc ni du singe, ni de l’arbre, mais davantage du poil: alors merci le poil ! A lui seul il est la frontière qui nous sépare de l’animalité, pensait Maupassant. Une frontière, qui permet autant la distinction que la réunion, pourrions-nous rajouter, car toute femme sait ô combien cette séparation entre l’homme et l’Animal peut-être mince et fragile… A fortiori, c’est le poil, cet hybride, qui trouve grâce aux yeux de Duchamp: «Faut-il mettre la moelle de l’épée dans le poil de l’aimée?». Hommage à Courbet s’il en est, son origine du monde à lui sera rasée ! Le poil donne même des vapeurs à la belle Mona qui, faut-il le souligner, a carrément chaud au cul: vive la kératine libidineuse! OUT les travelos et autres femmes à barbes, ça fait suinter. IN les maujoints** qui font table
** Au XVI, les maujoints épilaient les « mal joints » - sexe féminin - d’où ils tirent leur nom.
© patrick madigan
Dis, avant minuit, seras-tu de retour au palais ?
N’oublie pas tes petits souliers, tout de vair fourrés, et peut-être sur ton chemin, rencontreras-tu ton moustachu.
© uik prjonsdottir
// CASSE-TOI TU PIQUES!
rase: épilons-les, et expédions ces « fourrures » qui tapissent de pensées impures, le fond des esprits les plus bienveillants. On arrache tout pour être artistiquement au poil., puis finalement, s’en accommoder : on les teint, les coupe, les permanente (les soundsuits de Nick Cave, la chemise en soie et cheveux de Marion Chopineau, la cravate que de cheval de Mimi Parent. On les sculpte dans la masse (Hrafnhildur Arnardottir, Jim Skullgallery). Julian Wolkenstein arrive même à peigner les cheveux des chevaux: croupe à la brosse, crinière brushée, blush et cils maquillés, ça bluff ! C’est la pose du poil. Nagi Noda quant à elle, fait ce qu’elle veut de ses cheveux qu’elle sculpte en animaux. À cran, Sainte Barbe peut toujours se faire couper le crin par Levi Van Velum qui habille de poils les femmes à poil. Non ce n’est pas le refrain d’une chanson paillarde, mais si vous voulez vraiment taper du poing sur la table, « regardez voir » l’érotisme à fleur de peau des lendemains de chouilles post seconde G-M. OMG! Aslan et ses peintures sur pubis : le chat de la chatte, le papillon sur fesses, le grand faucon sur la vulve du Pyla: surfaçage pileux ou art du surfait ? Voilà qui aurait hérissé le poil des suffragettes du Women’s Social and Political Union. Les féministes s’égosillent mais le Mont de Vénus broussailleux habille toujours les femmes, et plus particulièrement les Scratchfoufounes - clubeuses lilloises - qui endossent des costumes pour le moins chatoyants. C’est la ouate qu’elles préfèrent, même si ça peluche. Leurs trucs en plumes se sont convertis en poils crépus. Peut-être sont-
ce « le pubis de la déesse » de Paul Armand-Gette et « la femme et le barbu » d’Annette Messager qui ont inspiré leurs photographies assurément sexuées. Mais Henri Maccheroni reste le recordman du pubis qu’il photographie sous toutes ses coutures. « Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir. Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure, des souvenirs donnant dans cette chevelure, je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir ». Baudelaire a conquis la toison, où peut-être est-ce l’inverse ? Toujours est-il que, si le poil s’exhibe, il peut aussi dissimuler. Sous la couche duveteuse, on trouve de tout : les Beauty de Frank Schumacher, le déjeuner en fourrure d’Oppenheim, la hair lamp d’Anika Engelbrecht, ou encore la touffe géante et donc artificielle de Petros Chrisostomou. Ici s’avancent l’ère du Hair n.y.l.o.n: « now you loosy old nippon » dixit la légende. Fini le bombyx et la route de la soie, on entre dans le nouveau poil: en papier, poil au nez (Lucy Mc Rae), ou en laine, poil à l’aine (les handmade beards d’Erin Dollar, ou la beardcap d’Uik Prjonsdottir…). Suffit ce langage ou tu ressembleras aux enfants loups de Carlos Aires. Allez vas-y, casse-toi tu piques ! Tu peux ranger ton after shave, c’est ta nuque qui intéresse Madigan. Pieds joints face à l’objectif, la face dans le dos, souris : tonton Patrick va figer ton cuir chevelu sur fond de rideau de salle des fêtes! Un. Deux. Trois. Vive la France! Par Aude Fournié. Les poils, histoire et bizarreries des toisons, Martin Monestier Le manifeste de la barbe, La barbe, groupe d’action féministe Une histoire naturelle du poil, Claude Gudin Hair’em, Scare’em, R. Klanten, M. Huebner, S. Ehmann
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jessica porte un plastron en cuir anne holm alexandersen : 315€ / bandeau american apparel : 15€ / manchette dorée cécile pic chez backstage : 75€ / escarpin miu-miu chez backstage : 150€ / maquillage : elea clarac / coiffure : sylvain collongues.
DESIGN _/
«Le beau, c’est le vrai bien habillé.» Honoré de Balzac.
À nous les gros pulls, la laine et la fourrure ! Le froid est de retour chez nous ! Pour conserver toute la chaleur de nos lieux de vie, certains ont trouvé la solution : habiller chaudement nos meubles et nos immeubles. Un mot pour illustrer la tendance automne-hiver de 2010 : sauvage.
Les cheveux au vent / Fort de son expérience en matière de climat, le Royaume-Uni a fait de son pavillon pour l’Exposition universelle 2010 un chaleureux cocon de 20 mètres de hauteur. Situé à Shanghai, ce gros oursin de 6000 mètres carrés est appelé « la Cathédrale des graines », issues de plantes sauvages du monde entier, et contenues dans 60000 tiges transparentes en acrylique. Les tubes, qui se balancent au gré du vent, éclairent l’intérieur de la structure en captant la lumière. La nuit, ils la renvoient vers l’extérieur, et illuminent différemment le bâtiment. La mise sous capsule des graines a été rendue possible par un partenariat entre le Royal Botanic Gardens de Grande-Bretagne et le Kunming Institute of Botany de Chine. Le porte-parole du pavillon présente ce cube illuminé comme un cadeau offert à la Chine, et le parc comme son « papier d’emballage encore froissé ». Pour les architectes de l’Heatherwick Studio, les tiges sont « comme des cils qui oscillent en douceur avec la brise». Une coupe tout en souplesse qui donne à cette œuvre du piquant.
1/3/4/© www.yooko.fr 2/© www.maisonapart.com
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L’étagehair / Quittons la coupe punk à l’anglaise au profit du look italien, où la tendance sait s’afficher fièrement mais élégamment. Avec les frères Campana, le luxe démontre qu’il sait aussi être léger, en se teintant d’un petit côté roots so cool. Mais, au juste, que cache cette longue chevelure préhistorique ? Bien que baptisé « Cabana », il ne s’agit nullement d’un nouveau type d’abri écologique. Pour indice, l’objet a été présenté dernièrement au salon du meuble de Milan, au cours de la nouvelle collection Edra 2010, avec « Barbarians » pour thématique. Rabattez les mèches de rafia derrière les oreilles, et vous découvrirez une colonne centrale en aluminium, munie de cinq étagères. Quoi de plus rock’n’roll qu’un cheveu pendant fièrement jusqu’au sol ? Les porcelaines de grand-mère vont reprendre du poil de la bête. damien tenenbaum.
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POINT DE VUE _/
// TROUVE TON POINT DE FUITE
S’inscrivant à leur manière dans la performance, les collectifs Point de fuite & Pavilion Projects, proposent une alternative ouverte et mouvante au phénomène d’exposition. à l’occasion de la 20e édition du festival du Printemps de Septembre à Toulouse intitulée « une forme pour toute action » (du 24/09 au 17/10/2010), elles mutualisent leurs énergies à travers une plateforme de création évolutive. Des résidences d’artistes, tables rondes, conférences et installations questionnent le résidu, la trace, le témoignage. Dans le cadre du week-end codex dédié à l’édition alternative indépendante, nous sommes leurs invités.
©katie bethume-Leamen
Loin du sens du péché qu’on dit amoral, la nature sauvage de l’homme reprend ses droits. Déballez la came et sous la couche velue, exhibez ce torse que vous ne saurez me cacher plus longtemps. Place aux vices que diable! La vie, la vraie selon Sade, ne laisse qu’une place de premier choix aux choses natures, sans chichis ni simagrées. «Si la Nature détruit (tempêtes, tremblements, éruptions...), si la cruauté, le mal lui sont consubstantiels, pourquoi en irait-il autrement pour la nature humaine ? » suppute R.Blin. Sans foi ni loi, le mal se répand telle une pandémie et le 7e jour, « on n’enchaîne pas les volcans ». Alors entre une nature volcanique destructrice – Eyjafjallajökull – et une éruption théorique sadienne, laquelle est la plus performative ?
Va vers l’horizon et ne te retourne point !
Créée en août 2009, l’association Point
binet d’architectes AR-QUO, dans des
de Fuite / PDF / fédère un groupe de
bâtiments fraîchement rénovés (Fan-
jeunes actifs qui initient de nouvelles zo-
tasmagories, château de Capdeville),
nes d’expérimentation en Midi-Pyrénées,
mais également avec des entreprises
soutiennent et organisent de nombreux
(Voltex) et des particuliers (Permis de
projets artistiques. Structure nomade in-
Construire_Martine Bartholini) qui met-
tervenant dans des lieux patrimoniaux
tent à disposition des lieux inoccupés
en mutation, elle se veut flexible et se
temporairement. Les expositions se
développe à travers ses choix artisti-
déploient dans un espace-temps pré-
ques d’une part, son travail de média-
défini devenant ainsi le lieu des pos-
tion et de mise en valeur du maillage
sibles. Parallèlement, cette association
territorial d’autre part. D’évènements
propose des installations in-situ de
culturels en résidences d’artistes, de
jeunes plasticiens à des particuliers,
l’édition de documents à l’organisation d’échanges interculturels, elle multiplie les missions pédagogiques envers tous les publics. Point de Fuite met en place un protocole d’exposition, en collaboration avec le ca-
en fonction de l’architecture de leur domicile et de leur histoire. Ce travail se veut collaboratif, et donne naissance à une nouvelle forme d’art qui questionne le statut de l’œuvre et de sa réception.
Garantis 100 % bouloches.
sont autant œuvre sculpturale que langage chorégraphique.
ces expériences poétiques, I.F mag vous invite à découvrir ses socles d’adhérence qui
notre attention, nous arrache le poil et nous scotche ? ». Irrésistiblement_Fan de
l’Engagement sont éprouvés: Qu’est-ce qui nous retient aux choses, aux gens, retient
poils et bourres de laine. « Il est ici question d’un moment dans lequel la Tenue et
tant Rémi Uchéda, performeur de l’adhérence. Son matériel : corps, espace, adhésif,
Pour la clôtude du week-end Codex, I.F mag présente « l’engage du poil », en invi-
« Socle d’adhérence » de Rémi Ucheda / école d’Art le Pavillon à Pantin
©céline coyac
IF INTENSéMENT FAN _/
// DE REMI UCHEDA
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NOUVELLE _/
// LE POIL C’EST LA VIE
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vet soyeux qui lui pousse sous le nez ? Un duvet fin, en général d’un noir lâche, c’est-à-dire un noir qui ne dit pas son nom, qui n’absorbe pas la lumière mais la reflète, offrant le ridicule duvet aux yeux facilement moqueurs des congénères du jeune. Le jeune est alors devant des choix cornéliens : doit-il réviser ses verbes irréguliers d’anglais ou défoncer un sous-mafieux lubrique de Liberty City à la batte ? Doit-il se laisser pousser encore et encore ce duvet soyeux ou l’attaquer à la lame ? C’est que s’il fait ça le jeune sait qu’il se lancera alors dans les méandres du rasage à vie, du poil dru et de l’âge adulte. Alors le jeune hésite. Le jeune a l’air con. Il y a le même genre de duvet parfois, force ©SLip.
est de l’avouer, chez certaines jeunes filles. Les affres du choix ratiboisant du garçon font alors pâle figure à côté des dilemmes offerts à ces
Il y a un moment délicat dans la vie où le corps
âmes pures. Pas question de se lancer dans un
du jeune change. C’est en général le moment
rasage qui deviendra chronique et transformera
où des professeurs d’histoire-géographie au
lentement mais irrémédiablement le duvet discret
fond laïco-socialiste hussardien lui déblatèrent
en poil rêche, ce qui est peu confortable pour
des trucs sur les protestants, les catholiques, la
embrasser le jeune, celui qui est mignon avec
Contre-réforme. Entre théorème de Thalès, UNSS
son petit duvet là. Parfois, on recourt donc à la
tchouk-ball si le jeune est dans un établissement
chimie. Un brin d’éther fera blanchir à merveille
novateur, dissection de cœur de canard avant
la toison disgracieuse, laissant un peu d’honneur
de se sustenter de viande morte en sauce au
au visage. Alors en se l’appliquant, peut-être
self, le jeune trouve tout de même le temps de
que des vapeurs abîmeront le cerveau de l’inté-
commencer à s’intéresser aux êtres charmants
ressée. L’éther c’est con.
qui l’entourent. En général pour dire qu’elles sont
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stupides, mais personne n’est dupe. Mais ne se
Il y a parfois des poils de fesses ailleurs que
sent-il pas un peu niaiseux le jeune avec ce du-
dans les fesses. Certes, plus question ici de poé-
Albert Einstein, salon de coiffure de Princeton, 1922.
Y’a parfois des hommes qui travaillent
dans des en-
trepriss modernes.
sie adolescente, certes on aurait tendance à
peut se permettre de se sentir séduisant en s’es-
sombrer dans le gras et le scatologique. Pour-
suyant les mains aux toilettes, en se disant que
tant, certaines personnes pourront en témoigner
sa petite barbe naissante style docteur huma-
(si non c’est qu’elles taisent de toute manière un
niste ou cynique de série américaine pourrait
des derniers tabous de l’espèce humaine qu’est
bien émoustiller la standardiste. C’est con une
le poil de fesses). Quelle perplexité offre le re-
entreprise.
gard de l’homme moderne au cheveux lustré et chimifié par multiples onguents lorsqu’il ramène
Parfois l’homme se sent vieillir à vue d’œil à mesu-
un tel trophée de ses pérégrinations digitales
re que les jours passent dans son entreprise mo-
dans sa crinière. Le Pétrole Hahn c’est con.
derne et que le PIB augmente. Alors il s’examine longuement sous la lumière blafarde de sa salle
Il y a parfois des hommes qui travaillent dans
de bain quand il se rase (mais pas le vendredi
des entreprises modernes. Ce sont des entrepri-
parce que c’est casual). Parfois il trouve que
ses où les ordinateurs ronronnent, où le capita-
l’âge le burine à ravir. Parfois il tombe sur un ac-
lisme financier écrase les cœurs de sa poigne
croc. Il est obligé de s’approcher à quelques mil-
de fer à travers le gant de velours d’un DRH au
limètres du miroir pour en avoir le cœur net mais
poil gélifié et sportif (le DRH pas le poil), tout ça
pas de doute, c’est bien là. Un poil solitaire dé-
pour finir avec un gel des salaires grecs et …
passe de sa narine droite. Des images de vieux
mais je m’égare. Dans les entreprises modernes,
monsieurs aux nez foisonnants, de ceux qui ont
on se rase de près. Propreté, jeunesse, bureaux
de la terre au bout des ongles, la terre de leur
et joues bien rangés, accoutrement engon-
potager. De ceux qui ont le lobe de l’oreille qui
çant des corps soumis à la croissance du PIB.
grossit et qui ont même parfois un poil ou deux
Dans les entreprises modernes cependant, il y
qui émerge de l’esgourde. Ou alors de ceux qui
a le vendredi. Le vendredi, le laquais financier
ont des gros doigts d’ouvriers abîmés et qui s’en
peut se permettre de mettre une chemise sans
servent pour jeter des boules en métal sur du
cravate par exemple. On appelait ça le style
gravier en parlant fort. Pas des hommes moder-
casual autrefois. Seulement, sans l’attribut viril de
nes en bref. C’est con un homme moderne.
sa cravate sobre, l’homo entreprisus se sent nu. Il a peur le pauvre qu’on ne se souvienne plus
Il y a le poil blanc. On le trouve un jour dans sa
qu’il est un mâle dominant en chasse au profit
toison épaisse. Il s’est caché pendant longtemps
capable d’écraser tout sur son passage. Alors,
le vicieux. Alors l’homme moderne est saisi d’un
le vendredi il se laisse pousser le poil. Prouvant
frisson mystique. Il pense réincarnation, eucharis-
ainsi au monde la santé de sa testostérone, il
tie et purgatoire s’il est cultivé. Il pense « merde », dans tous les cas, « moi aussi ». C’est con un poil.
Par Guillhem Vidal.
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PARTENAIRES//
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