ECOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE GRENOBLE Enseignement sous la direction de Théa MANOLA Professeur encadrant Sophie PAVIOL Licence 3 2020
||| UNE ARCHITECTURE RESPECTUEUSE DES PAYSAGES « NATURELS » |||
BRISA EMELINE 1
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a. Arpenter les paysages naturels pour les ressentir et les comprendre b. Analyser avec des relevés à la main et des photographies c. Les identiier comme site naturel de charme
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a. Révéler le caractère du lieu en s’adaptant pour le sublimer b. Une architecture réversible pour le respect de tous c. Des édiices d’interprétation du paysage
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a. Préparation du corps et de l’esprit avant d’apprécier l’architecture b. Révéler des émotions grâce à des atmosphères c. La lumière du paysage à l’intérieur de l’architecture
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Avant de suivre des études d’architecture, beaucoup de questions se heurtaient dans ma tête concernant mon avenir. Je ne savais pas avec certitude ce à quoi je me dédierais corps et âme. Sortie d’un bac S, j’avais une approche plutôt scientiique du quotidien. Je demeurais néanmoins ouverte à d’autres domaines, notamment la photographie qui m’a forcée à observer les détails de lieux, de bâtis, de matérialités, et à capturer des moments de vie, remplis d’émotions ; mais aussi la peinture, avec la représentation de grands paysages naturels que j’ai l’habitude de côtoyer. En efet, je me suis épanouie dans des espaces montagneux, ponctués de lacs et d’étangs, avec beaucoup de verdure, et inalement sans vraiment de reliefs urbains. Je qualiierais ce territoire du pays du Bas-Bugey de l’Ain, d’atypique, puisqu’il est relativement plat, tout en étant cerné d’importants reliefs montagneux. Curieuse de nouvelles sensations, cela m’a amenée à pratiquer le saut en parapente, le vol en hélicoptère ain de survoler des territoires d’exception à couper le soule, tels que le lac d’Annecy et le massif du Mont Blanc.
Figure 1 : Hôtel Oval, Naoshima, Tadao ANDO - Convocation de la nature, sa pluie et sa végétation, pour faire naître des sensations. Source : Photographie modiiée par OCHOA Ricardo, en janvier 2017. URL: https://www.ronenbekerman.com/showcase/tadao-ando-oval-house-by-ricardo/
« La magie du réel est pour moi l’alchimie de la transformation des substances matérielles en sensations humaines. »
Je sentais à l’intérieur de moi le besoin de me lancer dans ces études, pour mettre en application dans l’architecture, la sensibilité et l’imagination dont je fais preuve dans mon approche quotidienne du monde extérieur. Une collaboration avec un paysagiste m’intéressait, car je suis sensible à leur travail de façonnage et de valorisation du territoire. Les friches naturelles ou urbaines ne sont pas à laisser de côté, elles font elles-aussi parties du paysage auquel je suis sensible. Ces espaces abandonnés suscitent en efet tout mon intérêt quant à une réhabilitation, puisqu’elles ne demandent qu’à perdurer dans le temps, grâce à une architecture qui leur apporterait du sens et une raison d’exister.
Peter ZUMTHOR. Grâce à mes trois années d’études à l’ENSAG, et en tant que future architecte, ma voie s’oriente sur un unique souhait, celui d’arriver à transmettre les émotions que j’ai pu vivre à travers une architecture respectueuse du site sur lequel elle s’implante. Ainsi, le paysage n’en serait que plus beau, révélé par des dispositifs légers qui ont un impact limité, pour ne pas le dénaturer.
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Le monde évolue, toujours à la recherche de nouveautés notamment dans le domaine de la technologie. Les architectes bénéicient de cette évolution, mais se perdent à travers ce champ inini de possibilités : l’abus de technologies les éloignent de la vérité constructive en lien avec le territoire. La nécessité de revenir à une réalité sans gadgets naît, en expérimentant réellement le site plutôt que de le « découvrir » à travers une documentation informative. L’Homme doit apprendre à se reconnecter au paysage, en appréciant un espace plus intime et plus subjectif, et en l’arpentant. La nature apporte une part d’étrangeté absolue qui est la possibilité d’habiter l’inini. Elle ofre à chacun l’espace où déployer son imaginaire emprunt à une nostalgie liée à un mode de vie passé ou présent. Elle devrait permettre à chacun d’habiter dehors en relation directe avec les éléments, l’eau, le ciel et une géographie qui la porte. L’architecture est l’outil de médiation entre le corps et la nature, ayant un rôle de membrane mettant en lieu les ambiances, les échelles, le climat…et l’Homme, avide de dehors et de sensations. Il s’agit de ne plus habiter dans la nature, mais d’habiter la nature. Il ne s’agit plus non plus de voir le paysage comme un tableau, mais un lieu de vie. La frustration d’apercevoir visuellement un paysage conduit à privilégier l’expérimentation physique, donc l’action à la simple vue.¹ L’architecture est amenée à élargir ses horizons, en intégrant le territoire qui existe pour lui donner du sens, puisqu’il en fait ressortir la grande histoire. Ce vaste espace naturel comporte des caractères matériels tels que la topographie, les ressources et le bâti, mais aussi des caractères immatériels tels que les traces des civilisations passées et le climat. Cet ensemble d’éléments constituant la valeur du site, me semble nécessaire à comprendre, quant à la conception d’un projet architectural : l’un ne va pas sans l’autre, ils sont complémentaires.² L’architecte ne doit cependant pas dénaturer le paysage sur lequel il s’inscrit. La prise en compte de l’impact du bâti par rapport à l’existant n’est en efet pas à négliger, l’équilibre étant à atteindre avec une architecture respectueuse.
Ces problématiques trouveront leurs réponses dans un premier temps dans la compréhension des paysages naturels avec leurs compositions complexes et l’usage d’outils d’analyse adapté aux besoins des architectes ; dans un second temps, grâce à la valorisation de ces paysages naturels avec une architecture respectueuse et réversible et enin en révélant leur caractère émotionnel issu d’une harmonie entre nature et architecture. Ainsi le souhait de transmettre des sensations à chaque individu, qu’il appartienne ou non au cercle des architectes, sera réalisé.
1. cf « Méthode d’appréhension du paysage », POIRIER Franck. Pensées sur le paysage mises en ligne sur son site. URL : https:// www.franckpoirier.org/ ecrits 2. A partir du RDE de ALFARO Nicolas « Comprendre, révéler, transmettre. Actes d’architectures ». Sous la direction de Sophie PAVIOL, ENSAG, 20182019
Ma volonté architecturale est donc de révéler tout en préservant le paysage naturel, c’est-à-dire un site où l’empreinte humaine est limitée et où la nature est fortement présente, tels que les sites d’exception dans les montagnes et les friches abandonnées où la végétation a repris le dessus. Pour ce faire, une vision sensible, poétique et créative est nécessaire ain de transmettre, provoquer et évoquer des émotions. Comment et pourquoi analyser le contexte représente la base dans le développement d’un projet d’architecture ? Quels outils sont mis à la disposition de l’architecte pour répondre aux besoins d’une société changeante ? Quelle est la place qu’occupe l’émotion dans le processus architectural pensé, en cours, et ini ?
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Les technologies nous déconnectent progressivement d’un réel contact avec l’extérieur. En efet et paradoxalement, les personnes pensent que les informations via internet suisent à « découvrir » les sites d’implantions, or leur vision est biaisée par cet alux constant de données plus ou moins justes et vériiées. Faire la démarche de se rendre sur le territoire pour le comprendre est primordiale ain de ressentir toutes les sensations nécessaires pour « faire du projet » à travers des questionnements, de la curiosité, ain de vivre le paysage qui deviendra le site d’implantation et donc de rélexion pour l’architecture à venir. Tous les sens sont en éveil, rassemblés et stimulés autour d’un inime quelque chose qui perturbe l’appréciation des espaces. Ainsi, le corps se déplace de manière à appréhender les reliefs, la végétation, le bâti existant, les odeurs, le climat, le soleil sur la peau, ce qui permet une justesse émotionnelle dont la technologie est incapable de faire preuve, puisque ses sensations sont avant tout humaines et subjectives. Cette observation de l’existant permet de regrouper les informations nécessaires pour constituer une base de données à exploiter pour la création architecturale. Cette prise de conscience m’est apparue comme une évidence dans le cadre du Studio de Projet, qui avait pour inalité un lieu de dispersion de cendres et de commémoration des morts sur le site du monastère de Chalais à Voreppe. Deux visites, l’une en hiver et l’autre au printemps, m’ont permis de dresser un état des lieux selon les saisons et le climat, variant lors de ces diférentes périodes. En efet, les arbres étaient dénudés, puis habillés de bourgeons et de jeunes feuilles ; le monastère semblait vide, puis habité, les reliefs étaient plus aigus avec le vent hivernal, puis plus doux avec le soleil printanier... L’exercice d’arpentage commença dès l’arrivée dans le quartier de Saint-Nizier à Voreppe, puisqu’il me fallut emprunter la route pentue de Chalais jusqu’au site, en gravier, à travers la végétation, m’éloignant progressivement des bruits de la ville. Cette préparation sensorielle jusqu’à l’arrivée sur les versants du massif de la Chartreuse me permit de mieux apprécier et comprendre toute sa complexité grâce à la convocation du corps et de l’esprit. J’en garde un souvenir de mouvement et de dynamisme quant aux bruits entendus, aux arbres touchés, et à l’herbe sentie. De manière générale, les divers Studios de projet m’ont encouragée à ces visites sensibles et humaines, et ils m’ont permis de comprendre la nécessité de créer une architecture en prenant en compte le contexte, et même plus, en s’appuyant sur le contexte.
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DEBICKI Nicolas et PETIT Antoine, Studio de Projet, S4
Figure 2 : L’Homme qui appréhende les reliefs. Source : Photographies personnelles en mars 2019.
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Pendant les arpentages, des outils sont mis à la disposition des architectes, pour leur permettre de procéder à des relevés : des télémètres et mètres pour les distances, des drones de modélisation topographique, des lasers automatiques avec mires pour les reliefs… Retranscrire ces analyses permet de les transmettre en base de données pour une utilisation future dans la conception d’un projet. Ces retranscriptions peuvent aussi passer par le dessin au crayon à papier, la photographie, l’herbier des espaces ouverts (leures, prairies…) et fermés (arbustes, arbres…), la carte de repérage, ain de mieux comprendre la puissance du paysage s’ofrant à nous. Dans les analyses de site que j’ai pu mener au cours de mes trois années d’études, le dessin et la photographie ont été privilégiés : Selon moi, le dessin évoque avec sensibilité les émotions ressenties. Il se veut juste en terme de dimension et de valeurs, cependant le ressenti face au paysage peut être modiié puisque que l’œil voit, et la main retranscrit pour décrypter, en hiérarchisant et triant les informations essentielles. Ces croquis apportent une subjectivité certaine, puisque chaque individu possède une interprétation personnelle de ce qui est à voir, à ressentir et à apprécier par rapport au paysage. De plus, je pense que la photographie est une technique complémentaire de celle du dessin, puisque l’objectif apporte la justesse dont la main manque volontairement ou involontairement. La machine ige les territoires et permet d’enregistrer ce que l’on a pensé visuellement après ou pendant un stimulus visuel face à un espace, un relief, un arbre, une pierre... Ces techniques d’analyses ont été expérimentées aux côtés de Magali PARIS, sur le site du Monastère de Chalais. Des croquis montrant les reliefs et des photographies igeant les arbres malgré le vent puissant des hauteurs, m’ont permis d’appréhender le site sur lequel mon semestre allait se dérouler. Ce paysage m’a fasciné et me fascinera encore pendant longtemps, grâce aux souvenirs de la nature puissante que je garde. Le travail d’analyse du site turinois proposé par Stéphanie DAVID contribua à une autre compréhension du territoire. Un récit, nocturne ou diurne, basé sur la synthétisation de nos souvenirs et dans un style graphique propre à chacun était attendu. Je me suis orientée sur la nostalgie de la lumière. En efet, Turin regorge de divers traitements de lumière, qu’elle soit artiicielle ou naturelle, iltrée à travers l’architecture italienne. Ainsi, les détails, comme des éléments primordiaux dans la composition du paysage, sont capturés dans l’instant présent pour être conservés dans le futur. Ces relevés à la main ou photographiques sont essentiels pour la phase suivante qui n’est autre que la conception, puisque celle-ci tire ces premières inspirations du site sur lequel le projet est destiné. Ils permettent inalement de retranscrire l’expérience vécue lors de l’arpentage, elle est dynamique et on peut la déinir comme un art temporel autant que visuel, puisque la durée et le rythme sont maitrisés. Le paysage est donc une rythmique spatiale qu’il est nécessaire de relever pour en comprendre toute sa complexité.
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Figure 3 : Reliefs intrigants, montagnes éblouissantes et végétations verdoyantes. Source : Croquis personnels à la mine noire 0.3mm, en mars 2019.
PARIS Magali, Environnement Géographie et Paysage, S4
DAVID Stéphanie, Studio de Projet, S5
Figure 4 : Récit nocturne de Turin et ses lumières. Source : Photographies retouchées sur Photoshop et Illustrator. Travail personnel en octobre 2019.
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Mon architecture serait développée et pensée premièrement à l’échelle du territoire, pour en adapter la logique d’implantation et pour s’y ancrer à travers toutes les caractéristiques vues, appréciées et analysées. Cette grande échelle permet d’en révéler toutes les potentialités. Néanmoins, il ne faut pas négliger l’échelle du bâti, puisqu’il est important d’en saisir son fonctionnement, ses liaisons complexes avec l’environnement ; de manière à ce que l’architecture conserve tout son sens une fois implantée. L’articulation de plusieurs échelles amène à une rélexion globale dans la conception du projet : la connexion sensible entre l’architecture et le paysage, établie avec beaucoup de précautions, pour ne dénaturer ni l’un ni l’autre. Pour identiier le territoire grâce aux arpentages et analyses précédentes, il me semble important de connaître la composition même du paysage, laissant interrogatifs de nombreux spécialistes. Selon Augustin BERQUE, à la tête de plusieurs travaux de représentations linguistiques, littéraires (poésies, écritures), picturales, et jardinières (mettre en forme la Nature) ; les termes de rural, sauvage et urbain, représentent l’ensemble des milieux présents sur Terre et ne prennent sens que lorsqu’ils sont réunis, car en soi ils sont dénués de sens propre. En efet, un introduisant un objet plus rural que les autres, cela fera apparaître les autres plus urbains, et inversement. Ces termes ont donc nécessairement un rapport avec les autres, en jouant de contrastes signiicatifs. Sensible à la Nature, que le philosophe et géographe qualiie d’espace qui ne suppose pas l’existence humaine, mes envies se dirigent plutôt vers ses termes « rural », espace ouvert qui forme un monde ; et « sauvage », espace nommé émère (terres non utilisées et à l’écart), en dehors de l’écoumène (terres utilisées pour habiter). L’un n’existe pas sans l’autre, des questions se posent encore sur lequel engendre lequel dans les travaux de Augustin BERQUE. L’espace rural revient à un espace sauvage, du fait de l’inclusion de l’espace urbain. C’est à partir de ce dernier, synonyme de beau monde et de bonnes manières, que les autres vont devenir pêle-mêle sauvage et rural.¹ Finalement, le paysage inluence ma manière de penser et d’appréhender un projet d’architecture, il en est en réalité son point de départ. Dans un projet, il est déterminant de connaître et d’apprécier la valeur territoriale que l’environnement prend avant d’imaginer quoi que ce soit de bâti. Je me dirige donc vers des espaces naturels, non communs et spéciaux, dégageant un charme - subjectif - quant aux choix d’implantation pour mon œuvre architecturale. Ces espaces sont considérés comme sites naturels, très peu fréquentés par l’Homme et dont le paysage est à couper le soule et où la qualité des lieux subjugue.
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1. cf. «Le rural, le sauvage et l’urbain». Séminaire scientiique mené par BERQUE Augustin dans le cadre de la Chaire «Développement des territoires et innovation». Enregistré en 2013 à l’Université de Corse Captation LFX Centaure Production, et publié en 2019 sur Youtube. URL : https:// w w w. y o u t u b e . c o m / watch?v=jqQ90ATU5ZI
Figure 5 : Rizières. Un des paysages les plus humanisés qui soient, repris plusieurs fois comme exemple par Augustin Berque. Source : Photographie mise en ligne sur Wikipédia, par Jialiang Gao, en Mars 2003. URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89coum%C3%A8ne_(essai)
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L’architecture est au service des paysages, et inversement les paysages est au service de l’architecture. Les deux éléments sont complémentaires et se magniient ensemble. Un certain équilibre est à atteindre ain que l’un ne desserve pas l’autre, et que l’harmonie règne. « Le paysage en tant que tel devait bien prêter son concours à notre réflexion sur notre projet, sans préjuger que projet architectural et projet paysager fusse la même chose, ni a contrario, qu’ils n’aient rien à voir ensemble.»¹
Le paysage voit ses caractères révélés grâce au travail de l’architecte soigneux et attentionné envers lui. Certains préfèrent masquer des éléments polluants sa puissance, quand d’autres le dévoilent au maximum. Les reliefs apparaissent, grâce aux solutions dynamiques des constructeurs. Ils apparaissent en efet, visuellement mais aussi sensitivement, lorsque l’Homme doit les gravir par le biais d’installations respectueuses. La végétation est appréciée, grâce à sa iltration des rayons du soleil, son odeur, sa couleur et sa fugacité. La vue environnante prend aussi une part importante dans la composition d’un lieu, puisqu’elle contribue à notre bien-être physique et mental. Elle apporte une sensation agréable lorsqu’elle réduit le stress, répond à l’envie de se ressourcer et favorise le dynamisme du visuel. La vue entretient tout simplement un rapport émotionnel avec les personnes, et pour cela, elle doit être facilement accessible, notamment grâce à des architectures vues comme des points de repère.² Quant à l’architecture, elle est en capacité d’inluencer les aspects sensationnels du territoire, tel que son aspect climatique, en jouant sur la protection ou au contraire l’exposition de l’Homme. De vastes espaces ouverts accueillent le vent, la pluie et la neige, alors que des espaces intimes et fermés forment une enveloppe protectrice humaine. De plus, le bâti né de la main de l’architecte se fond dans le paysage de la Nature, en en reprenant les qualités texturales, topographiques, de couleurs…
1. BOUDON Philippe « Des paysages », dans Les Annales de la Recherche Urbaine n°18, 1983, p.143. 2. cf. «Le paysage, un bienfait pour la santé », Article mis en ligne par l’oice fédérale de l’environnement OFEV en octobre 2018. URL: https://www.bafu.admin. ch/bafu/fr/home/themes/ paysage/info-specialistes/ prestations-fournies-parle-paysage/le-paysage-un-bienfait-pour-la-sante. html
Figure 6 : Le Chalet Åkrafjorden de Snohetta caché dans la verdure. Source : Site du cabinet d’architecture Snohetta. URL : https:// snohetta.com/projects/180-bjellandsbu-akrafjorden-cabin
Ces intégrations architecturales transcendent les lieux en les sublimant. Ainsi, le paysage naturel mérite de s’orienter vers une architecture dont l’implantation demeure en harmonie avec lui.
Figure 7 : Tverrfjellhytta, Pavillon norvégien des rennes sauvages, miroir du paysage. Source : Site du cabinet d’architecture Snohetta. URL : https://snohetta. c o m / p r o j e c t s / 2 - t v e r r f j e l l h y t t a - n o r w e g i a n - w i l d - r e i n d e e r- p a v i l i o n
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Le monde d’aujourd’hui s’épuise et ses ressources commencent à manquer. L’Homme doit être réceptif en stoppant toutes activités nocives envers l’environnement. Par exemple, la Mer d’Aral d’Asie centrale, alimentée par des leuves était la quatrième plus grande du monde. Elle permettait la pêche et la prospérité de plusieurs villages à proximité. Or, les Soviétiques voulurent en 1960 transformer les steppes désertiques en champs de coton et de blé, irrigués par une partie des leuves alimentant la Mer d’Aral. Suite à ces travaux, son taux de salinité a grimpé puis la mer s’est asséchée et des millions de poissons sont morts.¹ Derrière toute architecture se cache un architecte, un Homme avec une voix impactante, capable d’innover avec de nouveaux concepts et de nouveaux matériaux pour permettre une évolution humaine sans détruire notre planète. L’architecture réversible s’inscrit dans le temps, en ayant plusieurs vies, selon les conjonctures, les besoins, et l’évolution de la société. Elle est synonyme d’éphémère. Cette notion se retrouve au sein d’un bâtiment démontable, ou qui possède les capacités de modiier ses fonctions et usages avec le temps. L’orientation vers cette manière de concevoir respecte et prend en compte les contraintes de sites exceptionnels et naturels, pas toujours constructibles. Ainsi avec une construction légère et respectueuse, l’impact paysager est moindre. Des fondations légères sont attendues pour ce genre d’architecture respectueuse. Elles esquissent une construction déposée délicatement sur le sol, sans d’imposants moyens dans le but de ne pas le détériorer. Par rapport à la structure, grâce aux nouvelles technologies, les architectes ont dorénavant les moyens de la concevoir la plus lexible possible pour pouvoir changer les usages du bâtiment dans le temps. Les murs porteurs intérieurs, murs de refend, sont évités pour obtenir de vastes espaces facilement modulables.² Ensuite, il existe des matériaux respectueux promouvant l’harmonie avec le paysage et la réversibilité. Cette architecture prend donc forme avec des matériaux caractérisés par des propriétés identiiables et mesurables : l’élasticité (déformation élastique et de manière réversible), la résistance à la rupture, la ductabilité (déformation plastique de manière irréversible) et la résilience (force de résistance à un choc), comme par exemple le béton cellulaire, le bois, le métal, le verre cellulaire, le cuivre… Dans le cadre du Studio de projet de Benoit ADELINE, un travail sur la résilience me permit de faire le lien entre l’architecture réversible face à son site d’implantation et cette notion, introduite par Boris CYRULNIK neuropsychiatre, qui développe la manière dont un individu fait face à un traumatisme, une situation diicile ou génératrice de stress, en faisant preuve de résilience lorsqu’il afronte l’événement.
1. cf. « Disparition de la mer d’Aral : les causes d’un désastre écologique », Article mis en ligne par DIAS ALVES Marie, en novembre 2017, sur National Geographic. URL : https://www. nationalgeographic.fr/ environnement/2014/10/ disparition-de-la-merdaral-les-causes-dundesastre-ecologique 2. cf. « Construire réversible : pas si facile ». Article mis en ligne par Nicolas, sur DM Design Mat. URL : https:// www.design-mat.com/ ressources/construirereversible-pas-si-facile/
3. RUBIN Patrick dans l’article « Construire réversible, réponse à l’absurdité immobilière ? » par Léa MULLER, en mai 2017 sur Chroniques d’architecture. URL: https://chroniquesarchitecture.com/ construire-reversiblereponse-a-labsurditeimmobiliere/
Figure 8 : Mer d’Aral dans toute sa splendeur en 1989 (à gauche) et quasiment éteinte en 2008 (à droite). Source : Photographies satellites de la NASA publiées sur Wikipédia en 2008. URL : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Aral_Sea_1989-2008.jpg
ADELINE Benoît, Studio de Projet, S6
Finalement, le bâti reste un des supports de la société et de la vie, une société aujourd’hui modulable et évolutive et nécessitant toute notre attention et nos connaissances architecturales pour faire face à l’épuisement des ressources. Protéger le contexte existant, réduire l’émission de carbone, économiser au maximum la matière grise et contribuer à une construction durable, sont les missions qui nous sont attribuées, à nous, architectes. «La réversibilité ne peut se concevoir que comme une anticipation recréatrice de l’architecture, repensée à l’aune de nos manières d’habiter en complète transformation. Habiter, c’est-à-dire à la fois se loger, travailler, étudier, se divertir, aimer et vieillir, en constatant que toutes nos activités publiques et intimes sont devenues de plus en plus imbriquées et mobiles» 3
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Figure 9 : La ville et ses infrastructures vertes doivent « absorber » les eaux de pluie et, plutôt que de les éliminer, les valoriser. Parc YANWEIZHOU. Source : Photographie mise en ligne en janvier 2020, dans l’article « La “Ville Éponge”, modèle de résilience » URL : https://www.demainlaville.com/la-ville-eponge-modele-de-resilience/
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Les édiices d’interprétation consistent à exposer et mettre en valeur une entité. En efet, ce type d’espace muséal sublime un site naturel, culturel (paysage, monument, site archéologique…), ou un territoire. Ces installations guident le corps et l’esprit de l’Homme à travers la végétation, les reliefs et le vent du paysage en perpétuel mouvement. Elles apportent un rythme à cette entité déjà complexe à comprendre, en la ponctuant de manière plus ou moins appuyée. Ces irruptions fascinent et suscitent la curiosité de chacun, ce qui les pousse à aller les expérimenter pour ressentir l’intensité des sites naturels. De plus, ils apportent une aide conséquente aux visiteurs puisqu’ils orientent leurs yeux sur le dépaysement et le calme, recherchés lors de sa venue sur les lieux. L’individu a donc accès plus facilement à la vue environnante et aux composantes du site sur lequel il se trouve grâce à ces petites architectures du paysage, apportant une certaine humanisation dans cette nature qui a retrouvé toute sa suprématie. Des techniques d’interprétation sont mises à disposition des architectes : des équipements de plein air tels que des panneaux, tables et sentiers balisés (accompagnés de textes, de poèmes et d’illustrations, dispersés sur les points de passage des promeneurs ain de leur donner une vision globale du paysage pour qu’ils comprennent les principales caractéristiques du site). Petits comme grands s’épanouissent à travers le végétal et le minéral en observant, jouant, manipulant et réalisant des expériences chacune uniques et intenses planiiés par les architectes et paysagistes en charge de ces projets d’aménagement.
Figure 10 : Abri vélo Grunnfør de 70 ° N arkitektur perdu en Norvège. Source : Photographie mise en ligne sur le site du cabinet d’architecture 70 ° N arkitektur. URL : https://www.70n.no/Grunnfor-bicycle-shelter-encountering-the-environment
Lors de mes repérages et premières analyses de site, des sensations m’envahissent, m’étant en éveil ma curiosité quant à la découverte de nouveaux espaces. L’envie de dessiner ce qui se dressait devant moi m’obligeait à sortir mon crayon à papier et mon carnet de croquis. Je souhaite donc, grâce à mon architecture, retranscrire mes émotions vécues et dessinées, pour que chacun puisse comprendre la fascination que j’ai eue face à ce site d’exception.
Figure 11 : Sentier des perspectives - «Perspektivenweg» suspendu de Snohetta. Source : Photographie mise en ligne sur le site du cabinet de Snohetta. URL : https://snohetta.com/projects/454-path-of-perspectives-perspektivenweg
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Pour qu’une personne puisse apprécier l’harmonie d’une architecture avec le paysage, il faut la mettre dans des conditions propices à un travail sur elle-même. Son corps et son esprit se préparent ain de comprendre l’ampleur et les sensations émanant des espaces conçus. Ainsi, dès les premières minutes, ses émotions sont accompagnées d’un parcours à travers le site pour atteindre une sorte de pré-conscience architecturale. Ce cheminement de sensation éloigne l’Homme du stress constant et le bruit continu de la ville et de ses transports. Il oublie les sensations de son quotidien, qui n’est autre qu’une course incessante au progrès. Toute sa sensibilité et son imagination sont anéanties par le brouhaha qui le persécute. Grâce à cette préparation avant d’apprécier l’architecture, il lui est permis de se plonger dans ce qui l’émeut, le rend joyeux ou alors triste. Cette notion m’est apparue lors de mon projet de création d’un musée au sommet de la Bastille, avec Pierre BELLIRIZ (12). Le site d’implantation, en haut du Musée Dauphinois, était très pentu, et diicile d’accès. Mais cela ne m’empêcha pas d’inventer un cheminement dans ses reliefs, pour apprécier le paysage montagneux, composé d’une passerelle cachant puis découvrant la vue. Un jeu de cache-cache entre les murs s’instaura pour que le visiteur puisse apprécier les alentours. Mon projet de dispersion de cendre a renforcé ensuite cette volonté de préparation physique et mentale, dans le cadre du Studio de Projet PNG (13). Mon architecture s’orientait en efet vers une préparation à travers un chemin de terre dans la végétation du site débouchant sur un bassin d’eau longeant un mur ain que le bruit des clapotis résonne. Cela créait un espace intime et particulier, idéal pour commencer la rélexion du deuil. Le paysage était par la suite dévoilé au fur et à mesure de l’avancée des visiteurs le long d’un mur angle droit de béton, déployé tel un ruban à travers les reliefs. La promenade autour de l’Acropole d’Athènes de Dimitris PIKIONIS témoigne de cette expérimentation émotionnelle. Le parcours de marbre permet à la fois des vues dégagées et des temps d’arrêt sur le paysage grecque, ain de susciter la curiosité des visiteurs. Ces impressions visuelles annoncent les prémisses d’un dialogue sentimental entre le paysage et l’architecture.¹
BELLIRIZ Pierre, Semaine intensive, S2
Figure 12 : Plan du projet Dispersion de cendre – Cheminement de l’esprit et du corps. Source : Travail personnel en avril 2019.
DEBICKI Nicolas et PETIT Antoine, Studio de Projet, S4
1. cf. « Dimitris Pikionis et le paysage grec » Exposé de Vassiliki Petridou durant le séminaire du jeudi 27 février 2014, ENSP Versailles. URL : http://www. ecole-paysage.fr/media/ seminaire_larep_fr/
Un lien avec l’architecture et le paysage s’établit d’autant plus fortement que quand des aménagements les connectent, ain que l’un serve l’autre, et inversement. L’expérience que l’Homme fait du lieu doit être forte, presque fusionnelle, pour l’émouvoir.
Figure 13 : D.Pikionis, Promenade sensationnelle sur le marbre de la colline Philopappou d’Athènes. Source : Photographie de V. PETRIDOU URL : http:// www.ecole-paysage.fr/media/seminaire_larep_fr
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L’architecture se forge à travers notre vécu. Celui-ci inluence notre perception, et c’est pour cette raison que chacun a sa propre vision d’une atmosphère. Ce phénomène prend forme dès l’enfance, où se forge les premiers souvenirs d’émotions. C’est lors des cours de Cécile BONNICO que j’ai pu le découvrir. En efet, en une respiration, je pus identiier le lieu dans lequel je m’épanouissais et où j’étais à l’aise. Enfant, je me réfugiais des heures entières sous une cabane fabriquée avec des assemblages de draps et de tissus. La lumière traversait le textile pour me bercer dans une ambiance douce et colorée. Le parfum léger et frais de la lessive m’enveloppait délicatement tout comme les frêles parois que mes doigts eleuraient. Les construire, les apprécier, et les détruire m’ont permis de m’initier au bricolage, à l’assemblage de couleur, et à la création de confort. Aujourd’hui, j’arrive encore à identiier et décrire cette magie ressentie, et je peux même établir des dimensions d’espaces, puisque mon corps et celui de mon père tenaient assis en tailleurs. Cette cabane m’apparaît comme un refuge où règne en maître la rêverie. Chaque sensation ressentie nous inluence, d’une manière positive ou non, comme l’airme Charles W. MOORE :
BONNICO Cécile, Sciences humaines et sociales, S3
Figure 14 : Nuances de textures dans l’espace cubique. Source : Collage. Travail personnel en novembre 2018.
« On peut, dans une certaine mesure, se rappeler de chaque lieu, en partie parce qu’il est unique, mais en partie parce qu’il a affecté nos corps et engendre suffisamment d’associations pour être retenu dans nos mondes personnels »¹
De plus, le rapport du corps au sein du paysage (s’il surplombe, se fonde, s’enterre) implique un positionnement particulier qui inluence la manière dont on vit et conçoit l’architecture. L’Homme et son corps arpentent les espaces, lieu de naissance d’atmosphère et de modelage de dimensions. Dans le cadre de mes cours d’Arts Plastiques, un travail sur de modélisation de cubes en axonométrie, recouverts de textures à l’encre de Chine, m’apprit à quel point les perceptions d’espace variaient selon l’intensité de nuances qu’on leur attribuait. Ensuite, les atmosphères varient aussi grâce à l’emploi de couleurs, de matériaux, de lumières et de températures. Par exemple, Luis BARRAGAN, un grand architecte que j’admire, propose dans ces projets une démarche comparable à celle d’un peintre, en composant petit à petit, tel un tableau, son architecture. Un désir profond d’arriver à une harmonie entre espace et couleur l’anime. La Maison Francesco GILARDI témoigne de cette expérimentation de la couleur pour produire des ambiances solaires et sensorielles. Sa composition spatiale et chromatique permet de percevoir directement l’espace en créant une approche sensorielle qui émeut les individus.² Finalement, l’invocation de la Nature grâce à des éléments naturels tels que l’eau, la pierre, la végétation au sein de l’architecture est créatrice d’atmosphères à sensations. La Nature suscite nécessairement des émotions, et si elle est conviée au sein du bâti, l’impact sur l’Homme n’en sera que plus grand.
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KAROLAK Agniezska, Arts Plastiques, S3
1. BLOOMER Kent C. et MOORE Charles W. « Body, Memory and Architecture » Yale University Press, New Haven, 1977, p.46. 2. A partir de «LUIS BARRAGAN, Entre émotion et esthétisme » Article personnel, réalisé en décembre 2019 dans le cadre du cours de Cécile LEONARDI, Méthodologie de l’écriture, S5 Figure 15 : Spectacle transcendant où lumière, couleur et eau ne forment plus qu’un. – Maison GILARDI, de Luis BARRAGAN. Source : Photographie mise en ligne par YelmelNoBrainer. URL : https:// search.creativecommons.org/photos/7ed9a086-9c57-4d4e-84fd-8e5c8fde8105
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La lumière, révélatrice d’espace, ruisselle sur la hauteur des murs, qui deviennent sous ses rayons naturels, gorgés en sensation et en mouvement. C’est un outil de métamorphose, avec une forte valeur émotionnelle qui exprime avec habilité la profondeur de la spiritualité et de l’âme de chaque être. Selon moi, et en accord avec Le Corbusier, un des objectifs à atteindre par l’architecture est : « Faire surgir d’une oeuvre construite des présences provocatrices d’émotion, facteurs essentiels du phénomène poétique »
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Ainsi, la curiosité égaye l’Homme quant au renouvèlement et au changement des teintes et des lumières dans chaque espace, faisant naître une atmosphère inédite et éphémère selon les saisons, le climat et les heures. La Maison Atelier de Luis BARRAGAN témoigne de la grandeur du caractère unique de la lumière : c’est un organisme en constante évolution, qui ne peut avoir de point inal. Le paysage prend une place à part entière dans la pièce de vie. Aucune menuiserie, ce qui assure une continuité entre le dedans et le dehors, en permettant aux yeux de se balader sans rencontrer d’obstacles. La dimension à la fois intime et universelle octroie à l’œuvre de L. BARRAGAN un pouvoir fascinant auprès des individus en quête de bien-être. Ils sont envoûtés et cherchent à observer et à comprendre chaque efet lumineux sur chaque feuille du paysage.² Leurs sens sont en éveil quant à la découverte de l’environnement à travers le verre. Le paysage s’épanouit à travers la lumière naturelle, qui l’inluence selon son intensité et sa couleur. Cette dimension lumineuse est étroitement liée au caractère éphémère du temps. En efet, chaque jour est une découverte, puisque la perception de l’environnement évolue au il des secondes. De plus, la Nature convoque la faune et la lore de manière à générer des sensations inédites. Lorsqu’elle est perçue d’un espace plus ou moins exigu, ou encore plus ou moins géométrique, des émotions émanent forcément de ce cadre de liberté jaillissant. Ainsi, l’atmosphère interne est créée en symbiose avec le paysage, ou par le paysage lui-même. Une continuité est donc assurée entre le bâti et le naturel.
1. « Conférence internationale des artistes », Le Corbusier, UNESCO, Venise, 1952. 2. A partir de «LUIS BARRAGAN, Entre émotion et esthétisme » Article personnel, réalisé en décembre 2019 dans le cadre du cours de Cécile LEONARDI, Méthodologie de l’écriture, S5
Figure 16 : Maison Atelier - Songe dans la lumière vêtue de vert. Source : Photographie mise en ligne par Tuic Makhlouf Akl en 2011. URL: https://www.houzz.es/fotos/the-barragan-house-phvw-vp~6016743
3. BOUDON Philippe « Des paysages », dans Les Annales de la Recherche Urbaine n°18, 1983, p.142.
« Le paysage n’est-il pas culturellement, peu ou prou, pour chacun de nous, quelque part, une fenêtre ouverte sur la nature ? »
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Finalement, le paysage prend une part entière quant à la formation d’émotions dans un dispositif architectural, universellement sensationnel. La lumière, la Nature, et l’architecture forment un tout plaçant l’Homme et ses émotions au centre du dispositif.
Figure 17 : Crematorium Siesegem, KAANArchitecten - Ouverture spirituelle et visuelle sur le paysage. Source : Photographie mise en ligne sur Architonic. URL : https://www. architonic.com/fr/project/kaan-architecten-crematorium-siesegem/20007161
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Suite à mes trois années de licence d’architecture à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, la discipline d’architecture m’apparait vaste de par le nombre de réponse possible face à sa pratique. Ce parcours traversé m’a apporté une richesse de connaissances, un épanouissement dans l’imagination et l’organisation d’espaces, une logique dans les phases de conception d’un projet. De plus, il m’a forgé une importante culture architecturale fondée sur de solides références, l’une des clés transmises durant les cours. La rédaction de ce rapport d’étude m’a permis de me positionner à travers cette ininité de solutions architecturales. Ma vision de l’architecture n’était inalement pas si loue que je le pensais à première vue, puisque grâce à ce travail, elle m’apparait plus clairement. Je demeure cependant une éternelle insatisfaite, en quête de perfection dans ce domaine qui me fascine et me passionne. Cela me pousse à donner le meilleur de moi-même chaque jour. Aujourd’hui, je recherche une architecture répondant aux enjeux de demain, dans la rélexion d’une société durable et conservatrice de ressources. Je souhaite sensibiliser l’Homme à l’environnement dans lequel il évolue, sur ce qu’il a de plus précieux mais menacé, la nature. Cette puissante entité, régénératrice et merveilleuse, porte en elle l’idée d’habiter l’extérieur. En efet, l’habitat ne doit plus servir à se protéger du dehors, mais doit apparaître comme une membrane à travers laquelle transite ce qui vient du corps et ce qui vient au corps, en l’harmonisant avec la nature et ses réseaux, à savoir les climats, les ambiances, les échelles… Il doit donc être ouverture et répondre à la quête inachevée du dehors. Je souhaite donc développer une architecture qui paraisse comme un élément qui a toujours été présent dans le paysage, ain de ne pas dénaturer cet existant vital et créateur d’émotions. A ce jour, la société en constante mutation nécessite des architectes agissant d’une manière bienveillante, de la conception à la réalisation et à la durabilité du projet. Ce besoin de trouver un équilibre et une osmose entre architecture et paysage me tient à cœur tout comme la sensibilisation des individus à ce qui les entoure. À l’avenir, je souhaiterais en parallèle de mes études, élargir ma vision du monde en le découvrant par le biais de voyages, ain de développer davantage mon ouverture d’esprit, mes connaissances architecturales, culturelles et sociales. J’aimerais avoir la chance d’apprécier l’Espagne notamment les villes de Barcelone ou Madrid, Amsterdam et son architecture communiant avec l’eau, la Corse avec ses forêts denses et ses montagnes escarpées, ou encore la Grèce et ses maisons blanches inscrites dans les reliefs… Je reste curieuse d’acquérir de nouveaux savoir et savoir-faire dans les prochaines années grâce au Master Architecture. Les Masters de Grenoble « Aediication, Grands Territoires, Villes » ou encore « Architecture, Ville, Ressources » touchent tous deux l’architecture à laquelle je suis sensible. Mon questionnement quant à ma vision de l’architecture va encore mûrir et évoluer au contact de nouvelles expériences et de nouveaux enseignements, car le métier d’architecte est l’un des rares à se remettre en question et à reconsidérer ses idées. 26
« Le paysage est le médiateur entre l’Homme et la Nature. » Michel ZERAFFA.
Figure 18 : Belvédère du Revart, Aix-Les-Bains Découverte du vaste paysage montagneux. Source : Photographies personnelles, octobre 2019.
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•« Méthode d’appréhension du paysage », POIRIER Franck. Pensées sur le paysage mises en ligne sur son site. URL : https://www.franckpoirier.org/ecrits
•BIAGI Marco « Rintala Eggertsson, Fordypningsrommet Fleinvaer, Gildeskal, Norvegia », dans Casabella n° 877, septembre 2017
•Agence LATZ+PARTNER, Rubrique Projets (URL : https://www.latzundpartner.de/ fr/projekte/postindustrielle-landschaften/)
•BLOOMER Kent C. et MOORE Charles W. « Body, Memory and Architecture » Yale University Press, New Haven, 1977, p.46.
•Snohetta, Rubrique Projects (URL : https://snohetta.com/projects)
•BOUDON Philippe « Des paysages », dans Les Annales de la Recherche Urbaine n°18, 1983, p.142. •LEFORT Marie « Norvège, routes et détours », dans Architecture, Design, and Art, archiSTORM n°62, 2013
•ALFARO Nicolas « Comprendre, révéler, transmettre. Actes d’architectures ». Rapport d’étude d’architecture, sous la direction de Sophie PAVIOL, ENSAG, 20182019 •BRISA Emeline « LUIS BARRAGAN, Entre émotion et esthétisme » Article personnel, réalisé en décembre 2019 dans le cadre du cours de Cécile LEONARDI, Méthodologie de l’écriture, S5
•Agence TER, Rubrique Projets (URL : https://agenceter.com/)
•« Conférence internationale des artistes », LE CORBUSIER, UNESCO, Venise, 1952. •« Le rural, le sauvage et l’urbain ». Séminaire scientiique mené par BERQUE Augustin dans le cadre de la Chaire «Développement des territoires et innovation». Enregistré en 2013 à l’Université de Corse - Captation LFX Centaure Production, et publié en 2019 sur Youtube. URL : https://www.youtube.com/watch?v=jqQ90ATU5ZI
•« Suggérer le paysage naturel », Montage Photoshop et Illustrator. Travail personnel en mars 2020.
•« Construire réversible : pas si facile ». Article mis en ligne par Nicolas, sur DM Design Mat. URL : https://www.design-mat.com/ressources/construire-reversiblepas-si-facile/ •« Construire réversible, réponse à l’absurdité immobilière ? » RUBIN Patrick dans l’article de Léa MULLER, en mai 2017 sur Chroniques d’architecture. URL: https:// chroniques-architecture.com/construire-reversible-reponse-a-labsurdite-immobiliere/ •« Disparition de la mer d’Aral : les causes d’un désastre écologique », Article mis en ligne par DIAS ALVES Marie, en novembre 2017, sur National Geographic. URL : https://www.nationalgeographic.fr/environnement/2014/10/disparition-de-la-merdaral-les-causes-dun-desastre-ecologique •« Dimitris Pikionis et le paysage grec » Exposé de Vassiliki Petridou durant le séminaire du jeudi 27 février 2014, ENSP Versailles. URL : http://www.ecole-paysage. fr/media/seminaire_larep_fr/ •« Le paysage, un bienfait pour la santé », Article mis en ligne par l’oice fédérale de l’environnement OFEV en octobre 2018. URL: https://www.bafu.admin.ch/bafu/ fr/home/themes/paysage/info-specialistes/prestations-fournies-par-le-paysage/lepaysage--un-bienfait-pour-la-sante.html 28
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Merci de votre attention.
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