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Chemins d’éternité


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Chemins d’éternité



Chemins d’éternité Chaque rencontre avec les formes sereines mâtinées d’ironie de ses sculptures conduit au seuil d’une incontournable question : « Qu’est-ce qui fait humanité ? » Interrogation évidente lorsque la Méditerranée est proche. L’Antique Rome y existe encore dans le village par la tuile des toits pesants, dans la campagne par le pavement de la voie rectiligne, dans le vallon par l’aqueduc herculéen, dans la ville par le monument imposant. Les chocs des religions s’y érigent en ruines ensorcelantes de forteresses vertigineuses. Le païen et le philosophique s’y imbriquent à la faveur de pierres dressées. Le rivage y maintient la présence d’un ailleurs qu’expriment les accents, les tenues et le port des êtres. En adoptant la posture du guerrier constructeur, les civilisations ont dompté l’aridité lumineuse à force d’un labeur surhumain : pour cela elles se sont faites architectes, ingénieurs, philosophes et artistes… Sensible à cette intensité millénaire, comment, entre Mont Gerbier des Joncs et Canigou, être autrement qu’un homme multiple : ancestral et contemporain, rêveur et concret, spontané et réfléchi, calme et actif, réservé et ouvert ? Comment créer, entre Catalogne, Languedoc et Ardèche, sans exprimer cette âpreté initiale déjouée par les échanges de savoirs en dépit des frontières et de la mer ? Posté à ce carrefour, Pierre Ribà poursuit méticuleusement son travail de sculpteur s’adressant à notre esprit autant qu’à nos sens. Son œuvre nous arrime à cette part universelle et permanente d’humanité qui affleure dans les territoires de sa vie : « Nous », un instant délivrés du brouillard du quotidien, regardant nos fondements et nos invariants, notre façon de déjouer le mirage de nos peurs à force d’anticipations réalisées. « Nous », tentant de cristalliser la représentation d’un futur à peine entr’aperçu au moyen de signes. « Nous », contraints de mêler humour, ailleurs, dérision et sexualité dans le grand bain d’une vie pour parfumer d’un zest d’espoir celle qui s’enfuit sans cesse. L’éternité L’un de ses thèmes favori est celui des « objets » comme polis à force d’âge, gros galets noirs, laves rognées par un zest d’éternité. Posée sur le sol, « Graine de Nuit » est une sculpture de Pierre Ribà. Dressée sur l’une ou l’autre de ses extrémités, elle semblerait une future statue-menhir, disposée par le destin sur le chemin d’un façonneur de stèles, qui n’aurait qu’à s’en emparer, à y figurer taille et bras, à y inciser yeux et nez, à y signifier seins et pendeloque avant de la ficher en terre pour une éternité non encore nommée. Les statues-menhirs réunies au musée Fenaille de Rodez comme celles du musée des stèles de Pontremoli leur font écho : ces stèles gravées, figées dans l’indiscernable des expressions primitives, suggèrent ces « moments d’origine » que, trop soumis aux distractions du temps qui passe, nous omettons de cerner avec toute l’attention qu’ils méritent. Parfois, Pierre Ribà, les dresse lui-même, brunes, zébrées, tailladées, écartelées ou écussonnées mais toujours altières, petite communauté érigée Nuit et Jour entre l’espace et le temps, bornes comme rayées par les griffures des vents et des pluies, lézardées par

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le gel, ou bien, soldats aux aguets, comme immobilisés à jamais et pourtant prêts à se mettre en marche. Entre figuration et abstraction, cette statuaire se remémore les figures de l’Île de Pâques, les combattants cathares, le Pince Bec de Jean Dubuffet ; les Ombres gravées de Pierre Dmitrienko ou les Pleureuses d’Eugène Dodeigne. Plus mystérieuses encore sont ses propres Stèles couronnées, solidement campées sur leur fût pour mieux nous toiser de toute leur hauteur et de leur sphère sommitale. L’ailleurs Également silencieuse, une cohorte d’œuvres compose ses « Impressions d’Afrique » personnelles : souvent triangulaires, hermétiques et impavides, elles peuvent aussi être mafflues, se draper de parures obliques, déployer une bouche gourmande, ou, inversement, évoquer une suite de caricatures affectueuses à force d’attributs ou sembler traduire une quête quasi anthropométrique des variations des traits des membres d’une même famille… Idoles ? Divinités ? Figures guerrières ? Masques de cérémonie ? Armes ? Pochades ? Totems ? Que sont exactement ces représentations qui se suspendent au mur ou se dressent à même le sol ? Ces formes nettes, ces compositions en volume, aux contours rigoureusement géométriques, matinées d’anneaux surréels ou de pendeloques joyeuses ? Pierre Ribà joue avec l’imaginaire que nous avons développé sur les peuples d’Afrique. Il semble s’amuser de notre attraction ambivalente pour les beautés africaines qui de « nègres » sont devenues « noires », avant de muer en « Black » puis en représentantes des « Arts premiers »… en passant de vie à musée. À moins qu’il ne nous tende - malicieusement - un leurre illustrant notre empressement à vouloir désigner, identifier, répertorier, classifier, quitte à penser « Afrique » quand il se réfère aux 900 moaï en basalte de l’île de Pâques ou aux « Idoles » de marbre des Cyclades grecques, dont les formes stylisées et géométriques influencèrent notamment Pablo Picasso, Constantin Brancusi, Henri Laurens, Alberto Giacometti et Jean Arp, comme l’a rappelé une exposition du musée Zervos à Vézelay. La forme abstraite Entre sculptures et ex-voto, carapaces et boucliers, un troisième groupe décline en autant de « rondos » à fixer au mur des arrangements géométriques jouant simultanément sur l’orientation du fil de la matière, sur les variations des surélévations ou des enfoncements par rapport au plan de référence courbe, sur les fractures, césures, déchirures, écartements, distanciations, enserrements qui ménagent des vides participant à la composition d’ensemble. Souvent, de telles pièces intègrent un élément qui, sans aller jusqu’à enchâsser une Rupture ou contenir une Pulsion, prend la forme d’un gros cabochon, sorte de « bouton-nombril ». Cette déclinaison des formes potentielles, ce chemin de création explorant aussi patiemment que systématiquement toutes les combinatoires, tous les assemblages, toutes les relations internes se libère parfois du mur et, gagnant le sol, épanouit ses volumes et dit la sexualité latente, les prémices de la relation amoureuse (Love Affair, Gros Calin) et la maternité advenue (Black Maternity).

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El Rey, 115 x 40 x 15 cm


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Le pli Plus récemment, des biais, des plis, des zébrures se déploient par bonds successifs dans l’espace: ils se font éclairs. D’autant plus lumineux qu’ils sont noirs, ils absorbent la lumière qu’ils seraient censés diffuser et évoquent, figés et silencieux, les souvenirs des grondements infernaux qui explosent au cœur des nuits d’été. Réduits à une épure, les plissements de l’origami se glissent contre le mur ou se dressent du sol vers le ciel comme pour rendre perceptible l’invisible partie de ce que nous nommons éclair. Signe révélateur, Pierre Ribà déplie ses origamis alors que les architectes plient les structures porteuses des immeubles, froissent la peau des façades et déroulent de savants escaliers. Sa relation à l’architecture est constante : c’est sous son égide qu’il fait surgir une « ville-mère ». En effet, sa White Planet est l’archétype de l’amande devenue fruit urbain, réalisant ainsi l’intégralité du cycle que les architectes rêvaient de voir se matérialiser lorsque, dans les années 1970, ils plantaient dans la campagne anglaise ou à la lisère de la Normandie des « germes » de ville. Bien sûr, Pierre Ribà nous arrime simultanément à la figure picturale de la mythique Babel des peintres flamands, à la savoureuse évocation littéraire des « Villes invisibles » d’Italo Calvino et au cycle anticipateur d’Isaac Asimov autour de la Fondation où se compose la figure de la ville planète, thème abondamment exploité depuis par le cinéma. Pierre Ribà a signé là, dans une blancheur immaculée, l’une des séries les plus captivantes de la sculpture contemporaine. L’alter Armé de ses thèmes, de ses formes et son matériau, Pierre Ribà intègre à son travail un regard attentif aux artistes de son temps. Comme pour le signifier, son atelier languedocien se présente tel un workshop animé par Christo : chaque œuvre achevée est méticuleusement emballée sous un film plastique opaque… Choix frustrant pour le visiteur qui tente de deviner quelle forme précise se cache derrière le voile de hauteur et de volume variables, et stockage étonnant pour l’artiste qui semble ainsi tenir à distance l’éventuelle prégnance visuelle du déjà accompli pour préserver sa liberté de création… Ses sculptures en forme de lettres sont autant de clins d’œil au titre du tableau de Picabia, LHOOQ, aux œuvres du Pop Art américain… Sa proximité la plus forte est établie avec les Nouveaux Réalistes, dont il a dépassé le culte des restes et des rebus en donnant une inattendue noblesse à un matériau basique, associé au transport des marchandises et produits de la société de consommation : le carton cannelé. Recueilli, découpé selon l’intention précise affirmée dans une esquisse, assemblé, puis laissé naturel ou teinté de blanc ou de noir, imprégné, il prend une valeur expressive que seul Pierre Ribà a su déceler et porter à son point d’accomplissement. Il se l’est approprié comme d’autre la pierre, le marbre, le métal, le bois, le textile… justifiant l’observation d’Henry Moore : « Chaque matériau a ses qualités propres. C’est seulement lorsque le sculpteur travaille de manière directe, quand il existe entre lui et son matériau une relation active, que ce matériau peut jouer son rôle dans la mise en forme d’une idée. »

Ciudad blanca, 90 x 80 x 12 cm

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Les sens et le silence L’œuvre de Pierre Ribà vaut rappel et presque même appel : être du côté de la permanence des êtres taillant la matière pour titiller l’Éternité, façonnant l’inerte pour dialoguer avec le Cosmos, composant des épures pour s’arracher au simple mystère de cette vie qui s’enfuit de soi pour perdurer dans l’autre… Avec ce zest d’humour qui tient à distance l’inexpugnable terreur, Pierre Ribà repousse le noir final par le travail, le réalisé, le puisé à l’inattendu de soi, la mise à jour de l’entraperçu… Que laisserons-nous ? Ce geste là, justement, hommage implicite à tous ceux qui en le précédant lui ont permis d’être ! Le paradoxe est que pour nous conduire au cœur de notre condition, Pierre Ribà transmute un matériau de rebus en pièces précieuses, une matière fragile en sculptures pérennes, des couches simplement superposées en pièces complexes, un produit banal en matière polysensorielle, ses sculptures en carton cannelé prenant, selon l’incidence de la lumière et le degré d’éclairement ambiant, l’apparence fugitive et terriblement troublante du bois, de la pierre, de l’ardoise, du métal ou du tissu… De ce fragile et temporaire auxiliaire de la société consommation, il fait son médium artistique à part entière. Il le rend aussi solide que le plus dur des granits bien qu’il ait la légèreté initiale de la lave basaltique d’un volcan éteint depuis des millénaires ! Le révélateur Ceci constitue l’un des paradoxe physique de notre rapport à son travail : le souvenir que notre cerveau conserve de la légèreté de la feuille de carton, annule la masse de l’œuvre jusqu’à ce que nous tentions de nous en emparer pour la déplacer… Alors, surgit une autre dimension des œuvres de Pierre Riba : en approcher notre oreille révèle un silence absolu ! Ultime don que ce passage imprévisible du regard à l’ouï, étonnement qui confine à la magie d’un instant féérique que seule – pensions-nous – l’enfance pouvait contenir. Pierre Ribà est bien ce généreux révélateur d’un mystère entr’aperçu : « Nous ».

Dominique Amouroux

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Les gerbiers, 195 x 70 x 45 cm, 150 x 50 x 45 cm



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Nautile, 80 x 76 x 12 cm


Récréation, 150 x 50 x 10 cm

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Ce qui compte dans la sculpture, c’est l’idée qui la génère, pas son volume.

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Le départ d’Ulysse, Ø 85 cm, ép 12 cm


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Les triplĂŠs, 180 x 40 x 15 cm


Y’a pas d’printemps, 72 x 51 x 12 cm

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Muse archaïque, 140 x 90 x 36 cm De nuits en nuits, Ø 125 cm, ép 12 cm

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Mini tondo, Ø 40 cm, ép 8 cm Tondo attrape rêves, Ø 80 cm, ép 12 cm Dessin préparatoire pour Tondo de la primavera


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Découpés, recoupés en mille petits morceaux de sentiments éparpillés ; puzzle ramassé et assemblé pour créer une forme unique. Gilles Naudin

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Tondo de la primavera, Ø 80 cm, ép 12 cm Royal tondo, 100 x 90 x 12 cm



Ce sera le blanc qui envahit la palette, prenant démesure, maculant tout, neiges sales, mordorées ou azurées. Ce sera le blanc que l’homme explorera du bout des brosses et des couteaux, dont il tirera l’éclat. Au blanc neutre, l’homme substituera les blancs qui parlent, éclipses de visions éblouies, des blancs hors tout, travaillés de déserts, d’immobilité, et d’absences, de nudité. Georges Chich

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Planète foudroyée, 90 x 80 x 40 cm



Masques aux quattre points d’ou souffle l’Esprit. Je vous salue dans le silence ! L. S. Senghor 26

Dessin préparatoire pour Les inséparables


Poppy, 58 x 25 x 10 cm


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La diva, 145 x 32 x 12 cm


Joli-cœur, 50 x 18 x 9 cm

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Daphné, 65 x 22 x 10 cm


Monseigneur, 137 x 46 x 15 cm


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Dessin prĂŠparatoire Chut et chouette, 44 x 27 x 8 cm Paloma, 49 x 18 x 9 cm


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Le masque brisĂŠ, 130 x 30 x 10 cm


Les anonymes, 3 de 195 x 40 x 15 cm

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Tant de simplicité et tant de complexité mêlées. Des formes énigmatiques, des figures étranges, qui intriguent, interrogent, séduisent aussi. Souvenirs peut-être, d’objets ancestraux. Un totem ici, la un masque. Et toujours, cette retenue, cette fluidité. Et ce silence quasi religieux qui émane de l’univers monochrome. « Ses sculptures nous sont si proches que lorsqu’on les a vues une fois, on a l’impression de les avoir toujours connues, comme des amies revenues de loin, comme des souvenirs ou des colombes, des chants mélodieux familiers, tant l’harmonie les dressent face à nous, humbles et humaines » note George Chich. Et c’est indéniable, ces œuvres ont l’étrange pouvoir de s’imposer d’emblée au regard, comme une évidence plastique, une espèce de loi physique, un refrain obsédant qui vous trotte dans la tête toute la journée. Cette sculpture sans fioritures, sans effets de manche, est un hommage à l’objet immémorial, à cet art primitif auquel nous devons tant et que Pierre Ribà se réapproprie et réinvente au gré de sa fantasie. « Il donne par le filtre de la création un nouveau pouvoir à un objet jugé initialement quelconque. Assure une fonction sacrée qui se loge, en un nouveau temple, dans un rituel voulu par les anciens, que certains nomment aujourd’hui design » note Grégory Tuban. Incroyable pouvoir de séduction de cette sculpture tout à la fois de notre temps et d’un temps que les moins de mille ans ne peuvent pas connaître... Pierre Ribà est un magicien qui cherche l’essentiel en utilisant le superflu, qui transforme du carton en or. Signe des temps, sa sculpture sobre, presque surnaturelle, aux noms enchanteurs (Cabeza, Black Idol, Feuille de Nuit, ou Origami) invente des mondes parallèles qui ouvrent à l’imagination des perspectives illimitées. Du carton surgit la ligne pure de sculptures libérées de toute anecdote, érigées comme des signes cabalistiques, des totems modernes, qui affirment, entre imaginaire et réalité, une esthétique teintée de primitivisme qui oscille entre sérénité absolue – harmonie des figures, monochromie – et trouble inquiétude – déchirures, aspérités, cassures – entre-deux silencieux et ô combien fascinant

Ludovic Duhamel Miroir de l’Art, janvier, 2014

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Origami du renouveau, 155 x 100 x 25 cm



Origami romantique, 38

135 x 65 x 8 cm



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Totem du juste, 140 x 34 x 12 cm


Jamais sans mon ombre, 140 x 85 x 16 cm

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New deal, 85 x 80 x 8 cm


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Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, picoté par les blés, fouler l’herbre menue : Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien

Arthur Rimbaud

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Migrant historique, 160 x 90 x 15 cm Les migrateurs, h 185, 165, 155 cm



Là ils sont là ils occupent l’espace impatients ils viennent de l’envers du pays intérieur ils sont là trophées ou miroirs d’une guerre d’une carte muette où s’étoile la nuit

ils ont longtemps hanté les murs de la grand’ville ils sont devenus seigneurs et peuples du désert Michaël Glück

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Nautilus, 119 x 48 x 12 cm

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Il serait faux de soupçonner Ribà de nous montrer la beauté immaculée. Il sait très bien que la blessure, la lésion et la déchirure manifestent, depuis Rodin, une catégorie esthétique qui nous a préparés à regarder avec une certaine distance ou même nonchalance la destruction des monuments de notre culture. Ribà est un artiste radicalement moderne. Mais il prend la liberté de se souvenir d’une beauté depuis longtemps disparue...

Hans-Léo Wimmer

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El emigrante, 90 x 61 x 13 cm


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Mégalithe foudroyée, 145 x 40 x 25 cm Mégalithe jeune pousse, 190 x 45 x 25 cm



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Le caprice de Pénélope, 83 x 102 x 12 cm


La dĂŠchirure, 62 x 41 x 10 cm

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Cascade du Ray-Pic, Ardèche


La cascade, 185 x 50 x 65 cm

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Vagues à l’âme, 95 x 75 x 12 cm


MaĂąana serĂĄ mejor, 90 x 110 x 12 cm

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Derrière l’incessante transformation des formes... L’essentiel demeure

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Les ic么nes blanches, 3 de180 x 28 x 40 cm

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Dessins prĂŠparatoires


Ancestral group, 175 x 62 x 40 cm, 150 x 82 x 40 cm, 52 x 110 x 40 cm

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Ping et Pong, 76 x 37 x 10 cm


Kalou, 86 x 19 x 10 cm


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Gueule cassée, bronze, fonderie Barthélemy, 36 x 23 x 6 cm


Le médiéval, 57 x 30 x 10 cm

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Masque I, feutre sur Canson


El conquistador, 145 x 32 x 12 cm

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La divine, 128 x 34 x 13 cm


Il y a dans cet univers un côté ancestral où souffle un vent chaud porteur de magie

Simone Dibo-Cohen

Balthazar I, 61 x 42 x 24 cm


Pourquoi te torturer? La beautĂŠ ne dira rien. Pas un mot ne sortira de ce vissage ancien. Son secret, fais-le tien. Vis-le.

M. Dunand

Masque II, feutre sur Canson


Le tĂŠmoin, 124 x 32 x 13 cm

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Hamlet, bronze, fonderie BarthĂŠlemy, 29 x 25 x 16 cm


Pathways of Eternity Encountering one of Ribà’s sculptures, with their irony-tinged serenity, leads us to an overwhelming question: “What constitutes humanity?” - a question all the more relevant for the Mediterranean’s presence nearby. Ancient Rome can still be found here: in the tiles on the village’s sturdy roofs, in the paving of the straight roads that cross the countryside, in the valley’s herculean aqueduct, in the town’s imposing monument. Haunted ruins and towering fortresses bear witness to the clash of religions. In the studied arrangement of these stones the pagan and the philosopher have become one. The nearby shore brings to mind some far-off land, a place that lingers in the accent, the appearance and the bearing of these people. In assuming the role of the warrior-builder, civilisations, through toil and struggle, have tamed the shining aridity: it is for this that they became architects, engineers, philosophers and artists... If he is sensitive to this age-old intensity how else can a man, between Mount Gerbier des Joncs and the Canigou, be other than a mass of contradictions: rooted in the deep past yet contemporary, a dreamer yet down-to-earth, spontaneous yet thoughtful, calm yet active, reserved yet open? Between Catalonia, Languedoc and Ardèche, can one be creative without giving voice to this primitive harshness that only the exchange of knowledge across frontiers and the sea has been able to temper? Stood at these cross-roads, Pierre Ribà meticulously pursues his work as a sculptor, addressing himself to our minds as much as to our senses. His work connects us to that permanent and universal part of humanity which emerges in the territories of his life: “We”, for an instant are relieved of the fog of life’s deadening routine, reflecting on those things that make us who we are, and the way our ability to imagine our dreams coming true thwarts the spectre of our worst fears. “We”, attempting to glean through signs some vision of a barely-discernible future. “We”, obliged as we are to spice-up our lives with Humour, Derision, Sex and the Exotic so as to give ourselves some spark of hope in the face of our fast-approaching mortality. Eternity One of his favourite themes is that of the time-worn object, large black pebbles, blocks of lava eaten away by time. When laid flat on the ground “Graine de Nuit” (the Seed of Night) is a sculpture by Pierre Ribà. But when propped up on one of its ends it takes on the appearance of a menhir waiting to become statue - something happened upon by chance by a maker of steles, who had only to take it, chisel out a waist and two arms, cut into it a nose and two eyes, suggest two breasts with some pendant between them, before disposing it in the ground for all eternity. The collection of statue-menhirs at the Fenaille museum at Rodez, like those at the stele museum at Pontremoli, are reminiscent of these: ancient, inscrutable, frozen, these engraved steles suggest those “moments of origin” which, too distracted by the day-to-day, rarely receive from us the attention they deserve. Sometimes Pierre Ribà himself stands them upright: brown, striped, escutcheoned, split apart, gouged, yet always dignified and aloof, Nuit et Jour (Night and Day) - a small gathering

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of standing stones - between space and time in the likeness of boundary-stones scored by the talons of wind and rain, split by frosts, or like soldiers on look-out, frozen in time yet somehow ever alert, ever on the verge of action. Between representation and abstraction, these statues remind us of Easter Island heads, the Cathar warriors, the Pince Bec of Jean Dubuffet; the engravings Ombres by Pierre Dmitrienko or the Pleureuses (the Weeping Women) by Eugène Dodeigne. More mysterious still are his own Stèles couronnées (Steles with crowns), firmly set atop shafts so that they may disdainfully survey us from their lofty heights above. Elsewhere Silent too is the cohort of works that make up his personal “Impressions of Africa”: often triangular, abstruse and impassive, sometimes rotund, wrapped about in fine fabric, endowed with full, sensual mouths, or, on the other hand, evoking for us a parade of caricatures, their features rendered with affection, or seeming to be part of a quasi-anthropometric investigation into the variations in the features of the members of a single family... Idols? Gods? Figurines of Warriors? Ceremonial masks? Weapons? Thumbnail sketches? Totems? What exactly are these figures hanging from walls or laid out on the ground? these clean-edged forms, these three-dimensional compositions, with their rigorously geometric contours, combined with surreal coils or joyful pendants? Pierre Ribà is playing with our illusions concerning the African peoples. He seems to be mocking our ambivalent attraction towards African beauties which have passed from being labeled as “negro” to “black”, then “coloured” before finally becoming representatives of “primitive arts” as they have made their way from real life into the museum. Unless he - mischievously is trying to lure us into a trap, a trap which reveals our eagerness to label, identify, itemise, classify, even if it leads us to think “Africa” when it’s a question of the 900 basalt moaïs from Easter Island or the marble ‘idols’ of the Cyclades, whose stylised and geometric forms most notably influenced Pablo Picasso, Constantin Brancusi, Henri Laurens, Alberto Giacometti and Jean Arp, as an exhibition at the Zervos museum in Vézaly has reminded us. The abstract form Between sculptures and ex-vota, carapaces and shields, a third wall-based group sets out, in as many “tondos”, geometric arrangements that simultaneously explore and exploit the direction of the material’s grain, bumps and dips and dents within the material’s overall curvature, faults, fractures, tears, gaps, splits, and envelopings, all of which delineate the spaces that form an essential part of the composition as a whole. Often, such works incorporate an element which, whilst not quite stanching a breach or bottling up an urge, takes the form of a large stopper or plug, a kind of “belly-button”. This declension of possible forms, this creative system - patiently and methodically exploring all possible combinations, assemblages and internal relationships - sometimes frees itself from the wall and, spreading to the ground, opens out and speaks to us of latent sexuality, the first pangs of love (Love Affair, Gros Calin) and the prospect of motherhood (Black Maternity).

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The Fold More recently folds, pleats and welts, either straight or oblique, leap their way through space, flashing like lightning. All the more luminous for being black, they absorb the very light they should emit, and evoke, frozen and silent, the memory of those infernal rumblings which trouble us in the depths of summer nights. These primitive, sketchy origami-folds slide up against walls, or reach up from the ground to the sky as if making visible some unseen part of what we know to be lightning. It is telling that Pierre Ribà unfolds his origamis as the architect corrugates a building’s load-bearing structures, stipples his facades and skillfully unfurls his stairways. He has always been close to architecture: it was under its aegis that he erected a “mother-city”. Effectively, his White Planet is the archetype of the almond that bears fruit in the city, thus completing the cycle that architects dreamed of when, in the 1970s, they planted the ‘germs’ of towns in the English countryside and the Norman border-lands. Of course, Pierre Ribà makes us simultaneously think of the pictorial representation of biblical Babel by flemish painters, of Italo Calvino’s ribald literary evocation of “Invisible Cities”, and of the cycle of sci-fi novels, Foundation, in which Isaac Asimov develops the idea of the city-planet, a trope that would be frequently revisited in cinema. Upon the immaculate whiteness of these works Pierre Ribà has put his name to one of the most captivating series in contemporary sculpture. The Other Armed with his themes, his forms and materials, Pierre Ribà integrates into his work an awareness of his fellow artists. His studio in the Languedoc bears witness to this: it has something of the air of a workshop run by Christo: each finished work is carefully wrapped in a sheet of black plastic... A frustrating experience for any visitor wishing to know what forms are concealed within these sheets of various shapes and sizes, and an astonishing storage system for the artist, who, in order to maintain his creative freedom, seems to be holding at arm’s length the potential ‘gravitational pull’ of having in plain view that which has already been accomplished... His sculptures in the shape of letters make knowing reference to the title of Picabia’s painting LHOOQ, and the work of American Pop Art... His most obvious link is with the New Realists, though he has transcended their cult of scrap materials in giving an unexpected nobility to corrugated cardboard - that commonplace material associated with the transportation of merchandise and the products of the consumer society. Collated and cut out according to precise templates as set out in a preparatory sketch, assembled and then either left untouched or painted black or white, they take on an expressive weight which no-one else but Pierre Ribà would have been capable of revealing and bringing to perfection. As other artists have done, he has made a variety of materials - stone, marble, metal, wood, textiles - his own... justifying Henry Moore’s belief that each material has its peculiar qualities; that it is only when a sculptor works directly on his materials, only when there is an active engagement between him and his material, that the material itself can play its proper role in the shaping of an idea.

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The senses and silence Pierre Ribà’s work is worth holding in mind, maybe even of being turned to in need: it stands for the survival of those who, by carving their materials, titillate Eternity, giving a form to lifeless matter in order to dialogue with the Cosmos, he creates sketches and plans in order to escape the essential mystery of this life which abandons one only to continue in another... By his black humour, his work and his achievements Pierre Riba keeps the unassailable horror, the ultimate blackness, at arm’s length; he draws freely on his own unpredictability and reveals that which is normally only half-seen... What will one leave behind? Precisely this gesture - a tacit homage to all those who by preceding him have allowed him to be! The paradox is that in order to lead us to the heart of our condition, Pierre Ribà transforms a scrap material into precious objects, a fragile material into durable sculptures, an accumulation of layers into complex works, a banal product into a multi-sensory material, his corrugated cardboard sculptures take on, according to the quality and the angle of light, the fleeting appearance of wood, of stone, or slate, of metal, of fabric... leaving us disorientated and puzzled. He has made this fragile and throw-away accessory to the consumer society entirely his own. He makes it as tough as the hardest granite, whilst it maintains its original weightlessness - that of pumice from a long-extinct volcano ! The one who reveals This constitutes one of the physical paradoxes we experience in relationship to his work: our experience of the lightness of a sheet of cardboard nullifies the mass of the work to such an extent that we have the urge to take it up and carry it away... And so, another aspect of Ribà’s work becomes clear: bring your ear closer and you will hear within it the profoundest silence ! A final gift - this unforeseen transition of our sight into a preternaturally acute sense of hearing, something as astonishing as those moments of fairy-tale magic which only - or so we thought - occur in childhood. Pierre Ribà is one whose generosity has revealed to us that dimly-perceived mystery which is our very self.

Dominique Amouroux Translated by Julian Flynn

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Black whell, Ø 60 cm, ép 23 cm


In the middle, Ø 100 cm, ép 12 cm

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Pierre Ribagnac dit Ribà est né en Ardéche en 1934. Il vit et travaille à Gallargues dans le Gard et à Begur en Espagne. Il expose régulierement ses œuvres (sculptures, reliefs muraux et œuvres graphiques) dans les galeries : Castangalerie, Perpignan GNG, Gilles Naudin Galerie, Paris Galerie 22, Cabriéres d’Avignon Collection de la Praye-Villefranche Saone, Fareins Dansleciel, Mougins, Cannes Dx, Bordeaux Mmb, Avignon Art Gallery 7 in Luxembourg Artesol, Solothurn, Bàle Galerie Patrick Bartoli, Marseille et dans les Salons d’Art Contemporain : Art Paris Art Elysées Art Karlsruhe, Allemagne Art Saint-Germain-des-Près Lille Art fair Art Gent, Belgique St’Art, Strasbourg ses œuvres sont présentes dans les centres d’Art et fondations : De la Praye, Fareins, Villefranche, S. Saone Valréas Musée, Vaucluse Les Landes Blanches, Les Soriniéres, Nantes Villa Datris, fondation pour la sculpture contemporaine L’Isle sur la Sorgue, Vaucluse Fondation Renaud, Lyon Honoré 91, Paris Orangerie du Sénat, Paris Région Languedoc-Roussillon, Montpellier Département de l’Aveyron, Rodez Centre d’Art de Conques, Aveyron Colección de Arte de la Pera, Girona, Espagne Parc-Arts contemporànies, Cassà de la Selva, Espagne et dans des collections publiques et privées en Allemagne, Angleterre, Belgique, Espagne, Portugal, Suisse, USA...

Arte a réalisé un film de 26 minutes sur le travail de Pierre Ribà pour l’émission L’Art et la manière. Film de Stéphane Sinde avec des commentaires de la conservatrice du Musée de Cagnes sur Mer et de Christian Noorbergen, critique d’Art, musique originale de Marie Moor.

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Le Chevelu, 165 x 27 x 25 cm


Les œuvres d’Art naissent toujours de qui a affronté le danger, de qui est allé jus qu’au bout d’une expérience, plus loin on pousse, et plus propre, plus personnelle, plus unique devient une vie. Rilke

Installation de Icare et Vénus aux colliers, bois et fils d’acier, h 185 et 235 cm et Piéges à Rêveries, fonte de fer de 70 x 60 x 20 cm et 55 x 50 x 15 cm

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Chemins d’éternité Texte de Dominique Amouroux écrivain, critique d’Art et d’ Architecture contemporaine p.p. 5, 6, 9, 10

Textes Gilles Naudin, p. 22 Georges Chich, p. 24 Ludovic Duhamel, p. 36 Ribà, p. 42 Arthur Rimbaud, p. 44 Michel Dunand, p. 70 Michaël Glück, p. 46 Hans-Leo Wimmer, p. 48 Simone Dibo-Cohen, p. 69 Rilke, p. 79 Traduction anglaise Julian Flynn Photographies Fréderic Jaulmes, p.p. 7, 8, 11, 17 20, 25, 28, 29, 30, 31, 34, 35, 37, 38 43, 45, 47, 55, 59, 67, 68, 71, 80 Fonderie Barthèlèmy, p. 72 Stéphane Grangier, p. 4 Emmanuel Breton, p.p. 18, 19, 40, 64

Pierre Ribà, pour les photos des œuvres non mentionnées ci-dessus Maquette, Pierre Ribà Réalisation, Bruno Cigoi Mx Achevé d’imprimer sur les presses de Stella Arti Grafiche en mars 2014 ©2014 Pierre Ribà

Publié avec : GNG, Gilles Naudin Galerie, Paris Galerie 22, Cabriéres d’Avignon Art Gallery 7 in Luxembourg CastanGalerie, Perpignan Collection de la Praye, Fareins-Villefranche S. Saone

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Navette, 150 x 32 x 10 cm


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